La joie des planètes - Rassemblement des Astrologues Occidentaux
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La joie des planètes - Rassemblement des Astrologues Occidentaux
La joie des planètes Par Pepita Sanchis La joie des planètes est une des “dignités” que nous a légué la tradition. Ibn Ezra ou Ali Ibn Ragel, par exemple, la citent souvent. Nous savons que le Soleil a sa “joie” en IX, la Lune en III, Mercure en I, Vénus en V, Mars en VI, Júpiter en XI et Saturne en XII. La “tristesse” des planètes est par opposition leur positionnement dans la maison opposée. Selon la définition, la planète dans ces maisons transmet plus fortement ses caractéristiques, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Le Soleil est plus “Soleil” en IX, Saturne est plus “Saturne” en XII (pour le meilleur et pour le pire). Mais comment expliquer l’attribution de telle ou telle maison à telle ou telle planète? Est-ce que c’est parce que la planète se sent plus “à l’aise” dans cette maison? C’est peu probable. L’astrologie classique n’utilise jamais de critères subjectifs, mais toujours des critères objectifs. Par exemple : une planète n’est pas domiciliée dans un signe parce qu’elle “marche mieux” dans ce signe. Ce genre d’explication est caratéristique de l’astrologie actuelle, mais les planètes ne sont pas des êtres susceptibles de se sentir bien ou mal, à l’aise ou mal à l’aise. Pour comprendre ce qu’est la joie des planètes, il nous faut donc considérer tout le système, pour chercher la cohérence. Tout d’abord, nous devons partir de la prémisse que l’astrologie est un système symbolique abstrait basé sur le cycle solilunaire, mais surtout sur le cycle solaire. L’année solaire a 365 jours, 5 heures 48 minutes et 45,57 secondes. Le mois synodique a 29 jours 12 heures 44 minutes 2.8 secondes. Dans une année solaire, nous avons donc 12 mois synodiques entiers de 30 jours plus ou moins (30º en arrondissant) ce qui revient à 360º. La division en 12 va être dorénavant la division basique et fondamentale de tout le système astrologique. Nous pouvons diviser l’espace en 12 et le résultat sera les 12 signes du zodiaque. Et si nous divisons le temps en 12, nous obtiendrons les maisons. Mais ces 12 “tranches” sont toutes semblables et pour les “colorer” et différencier il va falloir les “teinter”. Pour faire cela, nous allons utiliser les planètes et nous allons les distribuer en partant du domicile du Soleil (signes) ou du lever du Soleil (Ascendant). Mais, attention, puisque les signes sont la division de l’espace et que les maisons sont la division du temps, nous ne pouvons pas utiliser le même ordre: Pour les divisions de l’espace nous allons utiliser un ordre “spatial”, selon la distance des planètes du Soleil: Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne. Chaque signe sera ainsi “teinté” par la planète qui en deviendra la maitresse. .Pour les divisions du temps, l’ordre sera différent et il se basera sur la vitesse des planètes. C’est à dire, l’ordre chaldéen (de la plus lente à la plus rapide): Saturne, Jupiter, Mars, Soleil, Vénus, Mercure, Lune. Chaque maison aura donc les caractéristiques de cette planète (en fait le système est plus compliqué, car il faut y ajouter encore d’autres données). Si nous en restions là, il n’y aurait pas de différence entre le Gémeaux et la Vierge, ou entre la maison I et la VIII. Il fallait introduire d’autres classifications. Les signes vont donc être distribués en signes masculins (chauds) et féminins (froids), cardinauds etc. Toutes ces classifications sont basées sur des diviseurs du 12: -2: 6 signes masculins et 6 signes féminins. Ou 6 signes diurnes et 6 signes nocturnes. -4: 3 signes d’un même élément (4 éléments). -3: 4 signes cardinaux, fixes ou mutables (3 qualités). La diurnité et nocturnité est une des classifications peu connues de nos jours et encore moins utilisées (et pourtant elle est une des plus importante). Ptolomée nous dit que les planètes chaudes son diurnes et les planètes humides sont nocturnes, mais que Mars est nocturne parce que sa chaleur est plus tempérée durant la nuit. Par contre, Saturne serait diurne, parce durant le jour son froid est plus modéré. C’est une explication naturaliste, mais irrecevable. Car cette définition s’appuie sur un critère subjectif et anthropocentrique. Les planètes ne s’inquiètent guère des êtres humains; ni de savoir si leur chaleur ou leur froid sont plus ou moins nuisibles, que ce soit le jour ou la nuit. L’explication est beaucoup plus simple et plus cohérente. Apparement, l’astrologie occidentale est un système solilunaire : Soleil (chaud) et Lune (humide). Mais ce n’est qu’apparent. En réalité, c’est un système binaire. Les signes masculins sont les signes chauds et les signes féminins ne sont pas les signes humides, mais les “non-chauds”. Il s’agit d’un système binaire: +/-. La diurnité versus nocturnité est elle aussi un système binaire: + (côté Soleil), - (côté non-Soleil). Pour choisir leur côté, les planètes vont tout simplement choisir le côté du domicile le plus en accord avec elles : si la planète est chaude, elle choisira le côté où elle a un domicile chaud. Si elle est froide, elle se situera du côté de son domicile foid: J’ai signalé les signes chauds et les planètes chaudes. On peut observer que Mars (chaud) a son domicile chaud du côté “non-Soleil”. Vénus (froide) a son domicile froid du même côté. Jupiter (chaud) et Saturne (froid) ont leurs domiciles compatibles du côté Soleil. Si nous appliquons cela à l’horizon, nous avons un côté Soleil (le jour-diurne) et un côté non-Soleil (la nuit-nocturne). Cette classification diurne-nocturne est applicable aux maisons: les maisons diurnes sont au-dessus de l’horizon et les maisons nocturnes se situent au-dessous. Nous pouvons d’emblée supposer que les planètes diurnes auront leur joie dans les maisons au-dessus de l’horizon, et les planètes nocturnes l’auront au-dessous. Maintenant, il nous faut chercher un autre critère objectif pour savoir dans quelle maison exactement. Et là il nous faut utiliser les aspects. Le système des aspects découle directement du système des domiciles: À partir du domicile du Soleil: -Le sextile (60º) correspond au domicile de Vénus (aspect bénéfique mineur). -Le carré (90º) à celui de Mars (aspect maléfique mineur). -Le trigone (120º) à celui de Jupiter (aspect bénéfique majeur). -L’opposition (180º) à celui de Saturne (aspect maléfique majeur). Les astrologues classiques ne tenaient pas en compte le semi-sextile, parce qu’il était de la nature de Mercure (neutre), ni le quinconce parce qu’il ne revient pas à son point de départ (150 + 150 = 300, 150 + 150 + 150 = 450. Cela dépasse les 360º de la sphère). Avec toutes ces donnés, nous pouvons maintenant comprendre la joie des planètes: Puisque le système est solaire: -Le Soleil sera placé en premier. Il le fera au dessus de l’horizon et dans la maison bénéfique qui a un aspect majeur à l’ascendant (la IX). -Jupiter (diurne) se situera lui aussi au dessus de l’horizon et dans l’autre maison bénéfique qui aspecte l’ascendant (la XI). -Saturne (diurne) sera au dessus de l’horizon, mais dans une maison maléfique qui n’aspecte pas l’ascendant (la XII). Les planètes nocturnes vont se situer symétriquement vis à vis des planès diurnes: -la Lune en III en face du Soleil. -Vénus en V en face de Jupiter. -Mars en VI en face de Saturne. Quant à Mercure, il se situe en I. Puisque Mercure est neutre, il contient toutes les possibilités, de même que la I. La question serait maintenant si une planète bénéfique est plus bénéfique dans sa joie et si une planète maléfique y est moins maléfique. Si nous nous basons sur le dessin ci-dessus, il est évident que la joie est une dignité positive pour les planètes bénéfiques, mais que, par contre les maléfiques y sont plus maléfiques, car le choix de telle ou telle maison est construit grâce aux aspects. Les maisons XII et VI n’aspectent pas l’ascendant/Maison I. Pour l’astrologie classique, s’il n’y a pas d’aspect entre elle et la maison I, c’est comme si la planète refusait de donner sa lumière à l’ascendant. Et refuser de donner la lumière, c’est refuser de donner la vie. Le plus surprenant de tout cela, c’est que le système est basé sur des données objectives et non subjectives, et pourtant le résultat décrit parfaitement la vie et l’esprit humain : -Le Soleil est toujours associé aux qualités plus nobles (loyauté, sincérité etc.) et il est un symbole universel de la divinité. Où pourrait-il être mieux situé que dans la IX, maison de l’intelligence supérieure et de la religion? -La Lune illumine la III, notre esprit. N’est-ce pas l’intelligence (III) émotionnelle (Lune)? -Vénus (le plaisir) est une planète prolifique et artistique. Elle nous entoure donc d’enfants (la V) –fruits de notre amour-, et elle stimule notre créativité (V). -Jupiter (la générosité) est elle aussi une planète prolifique, mais elle nous entoure d’amis (la XI), car la base de l’amitié n’est pas le plaisir, mais ce qu’il y a de plus noble en nous, de plus généreux. -Mars et Saturne s’obstinent à nous enlever la lumière vitale. Ils le font grace à leur position dans deux maisons “sombres” et en provoquant en nous des maladies plus ou moins graves (VI, Mars) ou même très graves et chroniques (XII, Saturne) au point que nous nous voyons souvent obligés d’entrer à l’hôpital (la XII). L’astrologie est un système symbolique. Il est souvent très difficile de comprendre le symbole et son abstraction, beaucoup se perdent dans les méandres d’une imagination stérile. Par contre, la meilleure preuve de l’autenticité d’un symbole est la correspondance parfaite entre une logique quasi mathématique, une pure abstraction, et la réalité. La joie des planètes en est un exemple. En partant de données objectives symboliques, abstraites et qui n’ont apparament rien de psychologique, nous pouvons expliquer la vie et la psychologie de l’être humain. Et si nous appliquons la joie des planètes aux maisons (en plus de l’ordre chaldéen déjà vu et du symbolisme des aspects) nous auront sous nos yeux toute l’étendue de l’existence humaine. Symbole et réalité ne feront qu’un. L’éthymologie du mot “symbole” vient du grec “sin-ballo”. Quant un grec recevait un hôte, il lui donner à son départ la moitié d’une pierre qu’il avait cassée en deux. L’hôte gardait sa moitié qu’il emportait (ballo) avec lui (sin). Nombre d’années plus tard, si quelqu’un frappait à sa porte en portant l’autre moitié, cela lui servait de système d’identification. Le symbole à donc deux faces comme une pierre cassée en deux. Nous devons réunir en nous l’abstraction et le réel pour comprendre la totalité. Pépita Sanchis Cet article est paru dans la revue Trois Sept Onze n°46 de juin 2007