Religion et Révolution Française

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Religion et Révolution Française
Titre : La déchristianisation, catalyseur du renouveau religieux français à partir de 1794. La Révolution Française est, sur plusieurs points de vue, l’un des événements les plus importants et bouleversant du monde occidentale et surtout pour les Français. Du point de vue religieux, la Révolution à complètement transformé la pratique du culte, l’organisation de l’Église, et à fait de la religion catholique non plus la religion de l’état mais la religion de la majorité des français 1 . Ainsi, l’Église catholique perd sa place prédominante au sein du nouvel État républicain et n’a plus vraiment de pouvoir politique. La question de l’impact de la Révolution Française sur l’Église catholique étant une question qui n’est pas aisément abordable du fait l’Église a été touché sur plusieurs niveaux et sur chaque niveaux à divers degré, il sera question ici de voir son impact sur la population plus que sur l’institution ecclésiastique. Toutefois, que l’on place la Révolution comme événement ayant apporté la laïcité des états ou comme événement ayant transformé la pratique religieuse, on ne peut nier le bouleversement qui en a résulté. Me plaçant davantage dans un courant historiographique qui propose de voir la Révolution comme initiatrice d’une transformation dans la pratique religieuse plutôt qu’initiatrice d’une domination de l’État sur elle, il sera question dans cette recherche de montrer le renouveau religieux qui est ressortie de cette expérience républicaine et ce dès le début 2 . D’entré de jeu, il sera donc utile de faire une courte mise en contexte des actions entreprises par les révolutionnaires à l’encontre de l’Église catholique de France. Ensuite, nous aborderons le mouvement de déchristianisation et ses effets et ses conséquences sur la population française telle la résistance des Vendéens en 1793 3 , et finalement nous pourrons voir comment les tentatives de remplacement du culte par des cultes révolutionnaires et la déchristianisation ont pu aider à faire grandir le renouveau catholique dans la population de France après la Révolution Française. 1
Concordat de 1801, extrait tirés du document fournie dans le cours HST 485 de l’Université de Sherbrooke, Automne 2009. 2
Jacques Bernet. Les limites de la déchristianisation de l'an II éclairées par le retour au culte de l'an III : l'exemple du district de Compiègne. In: Annales historiques de la Révolution française. N°312, 1998. p. 298. 3
Petitfrère Claude. La Vendée en l'an II : défaite et répression. In: Annales historiques de la Révolution française. N°300, 1995. L'an II. pp. 173‐185. Dès le lendemain de la Révolution, les parlementaires ayant écarté du pouvoir la monarchie absolutiste de Louis XVI et d’avoir abolie les privilèges de la noblesse, ils se doivent également d’écarter l’autre groupe de privilégiés qui sont en grande majorité mécontent de la tournure des événements. C’est ainsi que le parlement nouvellement constitué fera adopter la Constitution Civile du Clergé le 12 juillet 1790. L’objectif que les révolutionnaires tentaient d’atteindre avec cette constitution était de placer l’État au‐
dessus de l’Église et ainsi de pouvoir la contrôler car les prêtres devaient prêter allégeance non plus au Pape mais à l’État Français 4 . Cependant, dans les faits cette constitution sera très peu acceptée par les prêtres car seulement le tiers d’entre eux accepteront de se plier aux demandes du parlement. Voici une description de l’essentielle de se que représentait cette constitution : «Pourtant, les constituants n'entendaient pas rompre avec un système dans lequel Église et pouvoirs séculiers étaient étroitement dépendants. L'innovation consistait à vouloir soumettre l'Église à l'État, à en faire un service public. Le décret du 2 novembre 1789 décidait la nationalisation des biens du clergé ; en contrepartie, l'État s'engageait à pourvoir aux frais du culte et à l'entretien de ses ministres. La Constitution civile du clergé, acte unilatéral de l'État, réglait le statut des ministres du culte et l'organisation de l'exercice de la religion catholique. Pie VI la condamna (10 mars 1791, bref Quod Aliquantum)» 5 . Autant, le nouvel État voulait contrôler l’Église, autant il voulait sans servir comme outils de promotion du nouveau régime. On se doutait bien que l'adoption de la Constitution Civile du Clergé allait faire naître des réfractaires chez les évêques qui sont d'origine aristocratique et donc peu révolutionnaire. Mais on allait justement les obliger à soit se retirer ou à se mettre du côté de la Révolution, ainsi seulement les évêques qui seront fidèles à l’État resterons en postes. On ira même jusqu’à leur offrir même une pension s’ils se désistent 6 . Cependant, un problème survient et c’est un problème auquel le 4
Jacques‐Olivier Boudon, Religion et politique en France depuis 1789 (coll. Cursus), Paris, Armand Colin, 2004, p. 11. 5
Brigitte Basdevant‐Gaudemet. Droit et religions en France. In: Revue internationale de droit comparé. Vol. 50 N°2. Avril‐juin. Etude de droit contemporain. p. 338. 6
Bernard Cousin et al. La Pique et la croix. Histoire religieuse de la révolution française, Paris, Centurion 1989, p. 135. parlement n’avait pas pensé : Que faire si les membres du clergé gardent leurs postes et refusent de porter allégeance à l’État? C’est effectivement ce qui se passa, les évêques sans laisser leurs postes ne voulurent pas adopter cette constitution (il n'y aura que 7 évêques constitutionnel) 7 . À partir de ce moment, on peut remarquer de grandes différences au point de vue des régions qui vont être considéré comme jureur et celles qui vont être réfractaires. Le centre de la France sera majoritairement jureur et se sont surtout les périphéries qui vont être réfractaire (de 70% à 99%) 8 . Bien entendu, le pape refusera d'accorder sa ''bénédiction'' à tous les évêques constitutionnels puisque pour lui, ces prêtres constitutionnels ne sont que des schismatiques et même des hérétiques 9 . Ainsi, plutôt que de créer une église au service de l'état, le parlement a, au contraire, créé une église qui est perçut comme illégitime et qui draine toute l'énergie de l'État, en plus d’être contesté de toute part par les autorités catholiques autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la France. La situation des prêtres réfractaires changera très rapidement, et le 29 novembre 1791, les prêtres réfractaires deviennent des ''suspects de séditions'' et s'ils ne se rétractent pas, ils perdront leur pension et pourront même être exilés 10 . Ils sont considérés ainsi car Les partisans de l'ordre traditionnel furent considérés comme des défenseurs inconditionnels des forces cléricales ; à l'opposé, on présenta les partisans d'un ordre nouveau comme des opposants irréductibles à l'égard de l'Église catholique et de son clergé. Cette vision fut très largement celle véhiculée par des voies les plus diverses (journaux par exemple) 11 mais fort influentes. Le statut juridique des cultes devint dès lors un enjeu politique de premier ordre, et c’est ce qui expliquera les actions contre les réfractaires qui débute dès le début de Bernard Cousin et al. La Pique et la croix. Histoire religieuse de la révolution française, Paris, Centurion 1989, p. 136. 7
8
Ibid, p. 137. Ibid, p. 141. 10
Ibid, p. 156. 11
La page 124 de l’article d’Isabelle Laboulais Le Flambeau du républicanisme: un journal a Rouen pendant la Terreur montre bien comment les religieux sont perçu comme des êtres cupides, avares, hypocrites et fabulateurs. Pour ce journal, il faut se débarrasser du fanatisme et de la superstition par la déprètrisation et la transformation des gestes quotidiens jugé trop religieux. Il faut donc éduquer les jeunes selon les principes de la république, soit la Raison. 9
l’Année 1791 12 . Par la force des choses, les réfractaires se retrouvent donc du côté des contre‐révolutionnaires par défaut. En avril 1791, le gouvernement constitutionnel interdit l’usage des chapelles au public, interne des prêtres réfractaires et démontent les confessionnaux. À partir de se moment, le phénomène de la déchristianisation révolutionnaire se met en marche, une marche qui sera très rapide et bouleversera le paysage religieux français. La constitution civile du clergé est donc le précurseur de se mouvement de laïcisation radicale du clergé et du monde religieux de la France au lendemain de la Révolution. Le premier acte qui marque le point de départ de la déchristianisation, c'est lorsque l'on prescrit aux communes de dépouiller les églises des signes de despotisme, de féodalité et de superstitions afin de les rendre conforment au nouvel État républicain 13 . Passons maintenant un phénomène principal, la déchristianisation. Nous aborderons la déchristianisation par l’étude de deux cas bien précis afin d’avoir une bonne idée, au niveau de la population en général, de l’effet de cette déchristianisation radical. Nous commencerons par voir les conséquences et les méthodes employé pour arriver à la déchristianisation révolutionnaire. Par la suite, nous verrons l’un des éléments les plus antagonistes à ce qui se passe dans le centre de la France. Effectivement, il sera question de montrer que cette déchristianisation sera farouchement critiqué et que l’ancienne religion restera pour certains une question tellement importante qu’ils seront prêt à mettre leur vie en danger; cet exemple est celui de la région bretonne de Vendée. Les deux cas sont, comme vous le remarquerez, sont en parfaite opposition puisqu’ils représentent pratiquement les extrêmes du mouvement de déchristianisation, soit un mouvement initié par le gouvernement et l’un initié par le peuple. Cependant, puisque chaque région a, dépendant de son adhérence au mouvement révolutionnaire, réagit de façon différente, il 12
Brigitte Basdevant‐Gaudemet. Droit et religions en France. In: Revue internationale de droit comparé. Vol. 50 N°2. Avril‐juin. Etude de droit contemporain. p. 339. 13
Bernard Cousin et al. La Pique et la croix. Histoire religieuse de la révolution française, Paris, Centurion 1989, p. 173. faudrait faire une étude de cas par cas. Concentrons nous tout de même sur ce qui englobe le plus le phénomène, soit les conséquences directs de l’effort de déchristianisation. La déchristianisation, tel qu’annoncé plus tôt, débute en avril 1791 avec les premières actions anticléricales. Au début de l’année 1792, le gouvernement interdira le port du costume ecclésiastique et des processions. Le 23 avril 1793, le gouvernement annonce la peine de mort pour les prêtres réfractaires, on ferme ensuite les églises au culte afin d’annihiler pour de bons tous signes d’appartenance à l’ancien régime. Les années 1792 et 1793 seront pour l’Église catholique de France les années qui auront été les plus menaçantes pour sa survie 14 . Toutefois, il faut remarquer que la déchristianisation ne se manifeste pas par l'élimination physique des prêtres mais plutôt par leurs abdications; il y aura deux milles à trois milles prêtres guillotinés ou qui abdiquerons 15 . L'éradication du culte ne passera pas uniquement par la transformation des noms mais aussi par la fermeture et la destruction d'églises, et la livraison de leur l’argenterie, ainsi que la descente des cloches dans le but de les fondre et ainsi fabriquer des canons et de la monnaie 16 . En Vendée, la réponse à tous ces bouleversements sera immédiate. En Vendée, dans les villages, les paysans chassent les curées constitutionnelles pour les remplacer par l'ancien desservant du culte. De 1792‐
1793, le recrutement de la Garde National fait qu'il y a plusieurs révoltes et émeutes. Le mouvement se transforme rapidement en insurrection armée (création de ''l'Armée catholique et royale''). Cette armée aura du succès seulement au début de son existence avec la prise d’Ansers et de Saumur mais les Anglais ne fourniront pas l'aide promise et la répression sera terrible 17 . La raison de ce soulèvement reste cependant matière à débat car certains croit qu’il est d’origine catholique et d’autre y voit plutôt le fait que la révolution est associé aux huguenots et donc que pour eux, puisque les conditions de métayage 14
Mayeur, Jean‐Marie et al., dir., Histoire du christianisme des origines à nos jours. Paris, Desclée, «Les défis de la modernité, 1750‐1840», 1997, 1002 p. 15
Boudon, Jacques‐Olivier. Religion et politique en France depuis 1789 (coll. Cursus), Paris, Armand Colin, 2004, p. 15. 16
Claude Langlois, L'inqualifiable et l'inévitable. La déchristianisation révolutionnaire in Révolution et religion en mémoire, Archive des sciences sociales des religions, 1988, vol. 66, no 1, p. 32. 17
Timothy J. A. Le Goff, «L'ouest se bat‐il pour la foi?», 2000 ans de christianisme, Société d'histoire chrétienne, Paris, 1975, p. 132. restent les mêmes, mieux vaut travailler pour des catholiques 18 . Devant cette révolte, e procureur de la République annonce que la victoire de la révolution sur ses ennemis de l’extérieur et de l’intérieur passe par la destruction de la résistance en Vendée. L’armée de La Rochelle se voit confié le mandat de mettre fin à la résistance avant le 20 octobre (il gagne le 18 octobre). À partir de nivôse an II, la répression prend le pas sur les opérations militaires, et il est certain que dès l’année 1793, il y a répression sur les civils vendéens par les soldats de la république mais maintenant la différence est qu’il n’y a plus de conflit entre deux armées mais une guérilla. Le 21 octobre, le rapport à la République de son armée est « La Convention nationale a voulu que la guerre de Vendée fût terminée avant la fin d'octobre, et nous pouvons lui dire aujourd'hui qu'il n'existe plus de Vendée. [...] ». Un homme présent pour réprimer la Vendée nous donne ici un témoignage percutant sur comment les loyalistes furent traité : « Jy fus tesmoing de toutes les horreurs, que peut présenter une ville prise d'assaut. Les soldats s'étant répandus dans les maisons, et en ayant retirés les femmes et les filles des brigands qui n'avaient pas eu le temps d'en sortir et de prendre la fuitte, les emmenaient dans les places ou dans les rues, où elles étaient entassées et égorgées sur le champ ; à coups de fusils, à coups de bayonnettes ; ou à coups de sabre. » II affirme que la population civile des environs du Mans participa à la tuerie : « Les paysants de la contrée avaient fait une battue généralle dans les bois, et dans les fermes et en avaient plus massacré, que nous n'en avions tué nous‐mêmes. J'en aperçus sur le bord du chemin à quatre ou cinq lieues du Mans, une centaine, qui étaient tous nuds et entassés les uns sur les autres à peu près comme des cochons qu'on aurait voulu saler. » 19 Il n’y a pas uniquement au niveau physique que la déchristianisation tente d’atteindre le peuple. Pour y arriver, Robespierre décidera de remplacer le culte catholique par un culte 18
Ibid, p. 137. Petitfrère Claude. La Vendée en l'an II : défaite et répression. In: Annales historiques de la Révolution française. N°300, 1995. L'an II. p. 179. 19
révolutionnaire. Cependant, il sait qu’il doit être très prudent car «l'effacer c'est démoraliser le people» 20 . Les premières manifestations d’un culte révolutionnaire se font sentir depuis 1790 avec la Fête de la Fédération. Le culte de la Raison qui découlera de cet événement, prendra son essor grâce à la déchristianisation et sera fonder « sur les débris des superstitions détrônées la seule religion universelle, qui n'a ni secrets ni mystères, dont le seul dogme est l'égalité, dont nos lois sont les orateurs, dont les magistrats sont les pontifes » 21 . Toutefois, ce culte ne prendra jamais une grande importance car la Convention aura peur de s’aliéner la population catholique en continuant ce culte. Robespierre eu alors l’idée de créer le Culte de L’Être Suprême où « le peuple français reconnaît l'existence de l'Être suprême et de l'immortalité de l'âme » 22 . On peut reconnaitre dans cette phrase la proximité avec le dogme catholique que Robespierre tentait de mettre pour faire entrer les catholiques dans la révolution. Cependant, les cultes révolutionnaires n’auront le succès attendu et les excès sanguinaires et spirituel de la déchristianisation étant beaucoup trop important, il est normal que le mouvement finisse par rencontrer de la résistance de la part de la population. Cette résistance se fait sentir à partir de l’année 1794 et s’accompagne d’un brusque retour au culte « qui se présente, à maints égards, comme le miroir inverse de la tentative hardie – hasardeuse? – de l’an II » 23 . La principale caractéristique que l’on peut attribuer à se mouvement est qu’il est démarrer par les régions rural et qu’il engloutira les villes. Il est donc tout le contraire du mouvement de déchristianisation et c’est de là que tient probablement son succès car il attire un plus grand nombre de partisans. Pour mieux voir ce mouvement de retour au culte, nous allons prendre pour exemple le district de Compiègne qui aura été réceptif au culte révolutionnaire mais n’aura su résister à la vague 20
Claude Langlois, L'inqualifiable et l'inévitable. La déchristianisation révolutionnaire in Révolution et religion en mémoire, Archive des sciences sociales des religions, 1988, vol. 66, no 1, p. 28. 21
Jean Dérens, culte de la raison, Encyclopedia Universalis [en ligne] (page consulté le 22 octobre) 22
Jean Dérens, culte de l’Être Suprême, Encyclopedia Universalis [en ligne] (page consulté le 22 octobre) 23
Jacques Bernet, Les limites de la déchristianisation de l'an II éclairées par le retour au culte de l'an III : l'exemple du district de Compiègne. In: Annales historiques de la Révolution française. N°312, 1998, p. 286. catholique. Effectivement, dès 1794, selon l’agent national Bertrand posté dans le district : « le flambeau de la raison s’obscurcie » 24 . À partir du 29 juin 1794, le non respect du calendrier à l’échelle du district montre bien qu’ « avec l’été 1794, l’échec des déchristianisateurs était patent […] le phénomène sera vraiment irréversible à partir de l’an III ». Il ne faut pas oublier que même si le culte à effectivement été suspendue pendant plusieurs mois, des messes privées était toujours célébré et ce dans l’ensemble de la France 25 . La déchristianisation étant supposée effacer les manifestations de la foi, le projet de remplacement par un autre culte est en complète opposition avec les fondements du phénomène et peut en partie expliquer le retour au culte catholique. Le corps religieux de la France ne sera pas le seul à profiter du retour au catholicisme, les loyalistes y verront une occasion unique de mettre la population de leur côté sans avoir besoin de tractations politiques car ils n’auront qu’à utiliser l’instabilité actuel 26 . Dans le district de Compiègne, l’année 1795 est également l’année de la plus grande crise de subsistance de la décennie révolutionnaire et en période de crise, la religion est une alternative que l’Europe embrasse depuis plusieurs siècles, le phénomène sera donc bénéfique pour la religion catholique. La continuité de la pratique religieuse en France peut se manifester de plusieurs façons. Par exemple, la population reste fortement religieuse car on remarque que 70% à 95% des baptêmes se font dans les 2 jours après la naissance des nouveaux nés 27 . Finalement, la Convention à du se résoudre à remettre la liberté de culte. Toutefois, le décret du 3 ventôse an III (21 février 1795) amenait la séparation de l’État et de l’Église et les anciens édifices restait propriété de l’État (se qui ne manquera pas de rendre furieux les catholique qui se demande pourquoi les bâtiments catholique ne revienne pas aux catholiques). Les églises 24
Ibid, p. 287. Jacques Bernet, Les limites de la déchristianisation de l'an II éclairées par le retour au culte de l'an III : l'exemple du district de Compiègne. In: Annales historiques de la Révolution française. N°312, 1998, p. 288. 26
Ibid, 290. 27
Raymond Dartevelle, «Révolution et religion: nouvelles enquêtes et orientations méthodologiques». Recherches sur la Révolution : un bilan des travaux scientifiques du Bicentaire / sous la direction de Michel Vovelle ; textes rassemblés par Antoine de Baecque. Paris : Société des études robespierristes, [1991], p. 183. 25
seront alors réoccupées par les fidèles malgré l’interdiction de l’état. Les catholiques vivant dans les villes tentèrent de louer leurs églises pour y pratiquer le culte mais rien à faire. La campagne est donc le lieu par excellence de la rechristianisation amorcé à l’an III et montre bien sont côté populiste. Ainsi, même si on peut parler d'une «religiosité» populaire pendant la Révolution, peut‐on affirmer qu'il y a permanence des dévotions de l'Ancien Régime? Difficile à dire puisque certaine dévotion disparaissent avec l’ancien Régime (pèlerinage royale à Notre‐Dame de Liesse par exemple). On peut toutefois dire que la lutte à la superstition et au fanatisme est un échec des révolutionnaires car les croyances populaires vont perdurer sous de multiple forme et même faire muter les formes de ''Sociabilité religieuse'' (comme les confréries) 28 . La société chrétienne, suite à tous ces bouleversements veut maintenant une foi informée par les sacrements. Le clergé encore présent sur le territoire français le comprend rapidement et reprend activement par une « réflexion doctrianl d'ensemble», cependant, les querelles entres les réfractaires et les constitutionnels en rapport avec l’annulation de baptêmes, de mariages, etc fait que le peuple se demande s'il y a «plusieurs vérité selon les options de ses ministres» 29 . Pour conclure, après la défaite des montagnards, la Convention instaure « une véritable liberté religieuse » le 30 mai 1795. Les curés constitutionnels (particulièrement ceux qui se sont marié) auront des difficultés à recouvrer leurs anciens postes auprès de la population. Certains divorcerons et tenterons des « actes expiatoires » devant leurs confrères. Le renouveau catholique est donc complet à partir de l’an III et même le Directoire ne réussira pas è faire tomber le culte catholique. On peut même se demander si les persécutions ne sont pas l’élément clef du ravivement de la foi catholique et la piété populaire 30 . La déchristianisation mène à la destruction d'un ''type'' de catholicisme qui serait plus clérical. Le catholicisme ''culturel'' n,est lui pas modifié par la révolution car le 28
Vovelle, Michel et Baecque, Antoine de. Recherches sur la Révolution : un bilan des travaux scientifiques du Bicentaire / sous la direction de Michel Vovelle ; textes rassemblés par Antoine de Baecque. Paris : Société des études robespierristes, [1991], 441 p. 29
Bernard Plongeron, «La déchristianisation révolutionnaire, 1792‐1800», 2000 ans de christianisme, Société d'histoire chrétienne, Paris, 1975, p. 131. 30
Ibid, p. 298. catholicisme est beaucoup lié au monde rural. On peut dire qu'il y a effectivement rupture à l'intérieur du champ religieux, mais dans sa longévité, le phénomène n'a pas le résultat que ses instigateurs avaient prévu ou même imaginé. La question reste épineuse et complexe, mais si l'on décide de ne pas prendre que les effets immédiats, on peut voir plus loin et avoir une meilleure vision des phénomènes 31 . Même si l’Église est durement touchée par le mouvement révolutionnaire, la pratique religieuse populaire elle, au contraire, s’en sort avec un enracinement plus profond dans la vie quotidienne du peuple français. Cette place privilégié dans le cœur des français, encore perceptible aujourd’hui, est, comme nous l’avons vue, la conséquence de tous les sacrifices et les efforts mis en œuvre par la population française. Ces racines, Napoléon contribuera à les solidifier dans sa quête perpétuelle de légitimité par sont rapprochement avec Rome et le Pape 32 , mais surtout par l’adoption du Concordat de 1801 qui fait que «Le Gouvernement de la République française reconnaît que la religion catholique, apostolique et romaine, est la religion de la grande majorité des citoyens français» 33 . 31
Claude Langlois, L'inqualifiable et l'inévitable. La déchristianisation révolutionnaire in Révolution et religion en mémoire, Archive des sciences sociales des religions, 1988, vol. 66, no 1, p. 39. 32
Ibid. 37. 33
Concordat de 1801, extrait tirés du document fournie dans le cours HST 485 de l’Université de Sherbrooke, Automne 2009.