Thème : la corruption, la concussion et la fraude dans le secteur du
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Thème : la corruption, la concussion et la fraude dans le secteur du
PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE ----------------------CABINET -------------COMMISSION NATIONALE DE LUTTE CONTRE LA CORRUPTION, LA CONCUSSION ET LA FRAUDE ------------------- REPUBLIQUE DU CONGO Unité* Travail* Progrès ------------------ Campagne de sensibilisation sur la corruption, la concussion et la fraude Thème : la corruption, la concussion et la fraude dans le secteur du commerce I. PROBLEMATIQUE DE LA LUTTE CONTRE CORRUPTION, CONCUSSION ET FRAUDE 1. Définition des concepts Aux termes de la loi n° 5-2009 du 22 septembre 2009 sur la corruption, la concussion, la fraude et les infractions assimilées, Corruption : sont des actes de corruption, les commissions indues données ou perçues par des personnes investies de fonctions publiques ou privées ainsi que les agissements de celles-ci lorsqu’elles ont eu pour conséquence, soit la violation des devoirs découlant de leur qualité d’agent public, d’employé du privé, d’agent indépendant, soit l’obtention des avantages illicites de quelque nature que ce soit, pour eux-mêmes ou pour autrui. Concussion : est acte de concussion, le fait de tout fonctionnaire ou officier public, tout percepteur de droits contributions ou derniers publics, leurs commis ou préposés de recevoir de recevoir, exiger ou ordonner de percevoir pour droits, taxes, contributions ou denier ou pour salaires ou traitements ce qu’ils s’avaient n’être pas dû ou excéder qui était dû. Fraude : Est considéré comme une fraude le fait de toute personne, qui pour se procurer un avantage matériel ou moral indu, - Soit par l’usage de tromperie, d’artifices ou moyens déloyaux, modifie les circonstances de fait d’un produit, denrée ou marchandises pour surprendre le consentement du consommateur ; - Soit par quelque ruse, élude le paiement des droits imposés sur un produit, marchandise ou denrée en vue d’échapper à la loi ou aux règlements sur la fiscalité. 2. Problématique de la lutte contre la corruption, la concussion et la fraude D’aucuns s’interrogent pourquoi une si remarquable détermination de freiner l’enrichissement de certains citoyens, ambition tout à fait légitime et partagée, si ceux-ci osent profiter de leur statut social et/ou du pouvoir dont ils sont investis. Questions Subséquentes • Au plan macroéconomique : Comment un Etat en proie à des difficultés de mobilisation de ses ressources du fait de Certains comportements inciviques peut-il développer et assurer un bien être à tous sinon auplus grandnombre ? 2 • Au plan socioculturel Comment une population manquant de soins et formation adéquats du fait de l’amenuisement de ressources publiques induites par les antivaleurs décriées ici, peut-elle relever ses nombreux défis de survie ? Représentons-nous un seul instant les conséquences d’un système de santé ou d’un système éducatif gangrénés par la corruption, respectivement sur la vie des populations et sur l’avenir de toute une nation. Loin d’être un effet de mode, la lutte contre la corruption, la concussion et la fraude demeure une exigence de bonne gouvernance dont dépend le progrès général de l’humanité et donc de notre pays. La corruption, la concussion et la fraude induisent indubitablement de la violence par rapport à la régulation sociale et prédisposent à l’anarchie et l’inhumain. II. ORIENTATIONS STRATEGIQUES POUR UNE LUTTE CONTRE LA CORRUPTION, LA CONCUSSION ET LA FRAUDE 1. Grandes caractéristiques de l’économie congolaise • Base productive moins compétitive et peu diversifiée, confrontée à diverses contraintes dont les coûts élevés des facteurs, les problèmes d’offre d’énergie, d’eau, de services de transport et de communication, etc. ; • Initiatives nationales orientées essentiellement vers le commerce ; • Investissements directs étrangers concentrés dans le secteur pétrolier ; • Croissance économique tirée par le secteur pétrolier suivi de très loin par le secteur forestier ; • Déficit chronique de la balance commerciale hors-pétrole. 2. Principaux problèmes de la population L’enquête sur la Gouvernance en République du Congo réalisée en 2011 a révélé que : • Pour les ménages, les fonctionnaires et les chefs d’entreprises, le chômage et le coût élevé de la vie sont les problèmes les plus graves auxquels le pays doit faire face. • La corruption dans le secteur public figure tout de même parmi les problèmes ressentis par la population (51,4% des ménages, 62,1% des chefs d’entreprise et 72,5% des fonctionnaires). 3 Tableau : les problèmes les plus sérieux d’après les catégories de cibles Unité : 100% Problèmes Chômage Problème d’électricité Coût élevé de la vie Corruption dans le secteur public 2009 89 51 87 66 Ménage 2011 73,9 50,0 55,9 51,4 Fonctionnaire 2009 2011 91 78,2 92 69,1 92 74,7 83 72,5 2009 76 94 61 66 Entreprise 2011 69,0 69,5 64,5 62,1 Source : Enquête 2011 FTHM International & Agence Capsule • La perception par la population des différents problèmes selon leurs départements est plus ou moins disparate. On constate tout de même que les deux principaux problèmes que sont le chômage et le coût élevé de la vie sont plus ressentis par la population de neuf (09) départements : Kouilou, Niari, Lékoumou, Bouenza, Pool, Cuvette, Sangha, Brazzaville, Pointe-Noire. Ces deux problèmes sont un peu moins décriés dans les départements de la Cuvette-Ouest et de la Likouala. La population de la Cuvette-Ouest cite surtout le coût du transport et le problème d’électricité comme étant les deux problèmes les plus importants. • Pour plus de 60% de ménages, de fonctionnaires et de chefs d’entreprises interrogés, parmi les services les plus gangrénés par la corruption au Congo actuellement, figurent : - la police nationale ; les douanes. 3. Orientations stratégiques pour une lutte contre la corruption, la concussion et la fraude au Congo Si le chômage et le coût élevé de la vie restent les deux plus grands problèmes de la population, toute tentative de résolution peut voir son efficacité mise à rude épreuve par les effets combien néfastes de la corruption. Au regard des caractéristiques de notre économie et des principaux problèmes mis en relief par cette enquête, il est opportun que la lutte contre la corruption, la concussion et la fraude soit menée sans merci à court terme particulièrement en vue de garantir : • l’amélioration de l’efficacité des opérations de porte (cordon douanier) ; • une bonne régulation du marché. 4 III. LUTTE CONTRE LA CORRUPTION, LA CONCUSSION ET LA FRAUDE DANS LE SECTEUR DU COMMERCE 1. Aperçu du cadre juridique concernant la corruption et l’amélioration de la gouvernance ordonnance n°45 du 08 février 1945 portant code pénal et son décret d’application n° 56 du 1er mars 1945 ; loi n°021-89 du 14 novembre 1989 portant refonte du statut général de la fonction publique ; loi n°9-2001 du 10 décembre 2001 portant code électoral ; loi n°1-2000 du 1er février 2000 relative au régime financier de l’Etat ; Décret n° 2003-327 du 19 décembre 2003, portant code de conduite des agents publics ; loi n°5-2009 du 22 septembre 2009 sur la corruption, la concussion, la fraude et les infractions assimilées. 2. Cadre juridique sectoriel Le cadre juridique qui régit le secteur du commerce est essentiellement constitué par trois textes de base : loi n°6-94 du 1er juin 1994 portant réglementation des prix, des normes commerciales, constatation et répression des fraudes ; loi n°19 du 24 novembre 2005 réglementant l’exercice de la profession de commerçant en République du Congo ; loi n°3-2007 du 24 janvier 2007 réglementant les importations, les exportations et les réexportations. La constatation et la répression des fraudes dans le secteur du commerce sont principalement basée sur la loi n°6-94 du 1er juin 1994. Cette loi aborde les pratiques anticoncurrentielles sans vraiment traiter de la question cruciale de la concurrence. 3. Commerce intérieur Dans le contexte d’une économie libérale, une bonne réglementation de la concurrence contribue à une bonne régulation du marché. Les limites du dispositif actuel favorisent des comportements répréhensibles. Il s’agit essentiellement de l’absence des dispositions traitant des prohibitions suivantes : 5 ententes illicites (susceptibles de restreindre ou fausser le libre jeu de la concurrence) ; abus de position dominante ; fusions acquisitions dans des cas pouvant se solder par des concentrations économiques qui créent des monopoles ou des positions dominantes, limitent les choix des consommateurs, limitent l’accès aux marchés (approvisionnement ou écoulement), empêchent l’arrivée des nouveaux concurrents ; pratiques restrictives de la concurrence (exemple : prix imposés) pratiques non équitables d’aide publique au développement. 4. Commerce transfrontalier D’après le rapport Doing Business 2013, en ce qui concerne le commerce transfrontalier. Congo (181ème sur 185) : • Import : 10 documents nécessaires, de 62 jours, 3.854.500 FCFA/ conteneur ; • Export : 11 documents nécessaires, délai 50 jours 1.909.000 FCFA/ conteneur. Île Maurice (15ème sur 185) • Import : 5 documents nécessaires, délai de 10 jours, 330.000 FCFA/ conteneur ; • Export : 6 documents nécessaires délai 10 jours, 347.500 FCFA/ conteneur. Pays de la CEMAC Cameroun Centrafriqu e Congo Gabon Guinée Equatoriale Tchad Classement Documents Délai à necessaries l’exportation à (jours) l’exportation Cout à l’exportation (F CFA/conteneur) Documents necessaries à l’exportation Délai à l’import ation (jours) Cout à l’importat ion (F CFA/cont eneur) 151 182 11 9 23 54 689.500 2.745.500 12 17 25 62 1.083.500 2.777.000 181 135 136 11 7 7 50 20 29 1.909.000 972.500 695.000 10 8 7 62 22 44 3.854.500 977.500 800.000 180 8 75 2.951.000 11 101 4.262.500 6 En définitive, il est nécessaire d’engager des réformes pour réduire le risque de recourir à la corruption et la fraude. 5. Incidences de la lutte contre la corruption dans le secteur du commerce La lutte contre la corruption, la concussion et fraude est un impératif pour une bonne régulation du marché, dont les principales incidences sont : • Amélioration de l’éventail de choix du l’augmentation et la diversification de l’offre ; consommateur par • Baisse des prix (loi de l’offre et de la demande) donc baisse du coût de la vie. IV. PERSPECTIVES La diversification de l’économie nationale engagée par le Gouvernement, les réformes envisagées dans le cadre de l’amélioration du climat des affaires et l’intensification de l’action des organes de lutte contre la corruption permettent d’espérer une situation meilleure les jours à venir. La lutte contre la grande corruption dont la capacité d’infléchir des décisions en faveur de certains intérêts économiques et subséquemment de saper certaines initiatives est indéniable, doit bénéficier des marques d’un engagement fort. En conclusion, comme pour paraphraser Son Excellence Monsieur le Président de la République, dans un tel contexte, la lutte contre la corruption devient une question de salubrité publique qu’il faut vite traiter au moyen d’une thérapeutique appropriée, sauf si nous voulons cesser d’exister en tant que peuple et dépérir en tant que Nation. 7