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- DOSSIER ENSEIGNANT CONÇU ET RÉALISÉ PAR CHRISTEL VIEILLE EN COLLABORATION AVEC TARA HIQUILY 1 2 SOMMAIRE L ’ E XPOSITION .................................................................... 4 LE PARCOURS ........................................................................................... 5 LE DOSSIER PÉDAGOGIQUE ................................................................... 6 PARCOURS – ÉTAPE 1 ............................................................................. 7 Et les hommes peuplèrent le Pacifique PARCOURS – ÉTAPE 2 ............................................................................. 9 Linguistique, ce que disent les mots PARCOURS – ÉTAPE 3 ...........................................................................11 Archéologie, ce que dit la culture Lapita PARCOURS – ÉTAPE 4 ...........................................................................13 Botanique, ce que disent les plantes PARCOURS – ÉTAPE 5 ...........................................................................15 Génétique, ce que dit l'ADN PARCOURS – ÉTAPE 6 ...........................................................................18 Diaspora polynésienne PARCOURS – ÉTAPE 7 ...........................................................................19 Les tribus aborigènes de Taiwan ÉPILOGUE.................................................................................................21 REPÈRES CHRONOLOGIQUES ..............................................................23 LA FAMILLE DES LANGUES AUSTRONÉSIENNES ..............................24 Schéma et termes austronésiens LES SOURCES DE L'EXPOSITION.........................................................25 3 L’EXPOSITION Actuellement, un large mouvement de renouveau culturel anime les populations du pacifique. Cet élan s'est déjà concrétisé par de nombreuses manifestations qui, pour certaines, font pleinement partie de notre paysage culturel : le FIFO ; le film néo-zélandais « Made in Taiwan » ; les échanges d’artistes entre la NouvelleZélande, le Centre J. M. Tjibaou et le Kaohsiung Museum of Fine Arts (KMFA) ; les pirogues tahitiennes parties pour l’Asie en 2010 ; l'invitation de délégations maorie, hawaiienne, et samoane au grand rassemblement annuel des tribus taiwanaises du Taoyuan… ; et dernièrement le déplacement à Taiwan de la formation de danse tahitienne Manahau. Née d'une rencontre avec le photographe Danee Hazama, l'exposition s'inscrit résolument dans ce mouvement "identitaire". L'artiste, passionné par cette petite île située à quelques 160 km des côtes chinoises, a séjourné à plusieurs reprises au cœur des tribus aborigènes. Il nous livre ici un travail aussi bien artistique qu'ethnographique. Ses photographies sont le témoignage de la volonté de ces populations de garder vivaces leurs traditions. Par sa démarche, Danee Hazama nous plonge dans leur quotidien et nous questionne. Tapa, tatouage, culte des ancêtres, pirogues sont autant de similitudes qui nous interpellent sur la possible parenté qui unit les tribus aborigènes de Taiwan aux Polynésiens. Aussi, la mise en exposition de ce témoignage ne pouvait se concevoir sans s'interroger sur le rôle de Taiwan dans le peuplement du Pacifique. La question de l’origine des hommes qui peuplèrent les îles du vaste triangle polynésien a toujours constitué un problème majeur pour l’anthropologie. Aujourd’hui, l’archéologie, la linguistique, la botanique et la biologie moléculaire attestent que l’origine des ancêtres des Polynésiens se situe dans le Sud-Est asiatique insulaire. Le développement des études génétiques des dernières années a permis d'affiner les hypothèses. Le séquençage de l'ADN des populations polynésiennes actuelles, mais également de l'ADN des animaux et des plantes transportés lors des migrations et retrouvés sur les sites archéologiques viennent étayer de nouvelles théories. Actuellement un solide faisceau de preuves scientifiques permet d’affirmer qu'il y a environ 4000 ans, Taiwan fut très probablement le ou l’un des foyers majeurs de diffusion de la culture et des langues austronésiennes. Cette diffusion s'est étendue jusqu'à Madagascar à l'ouest et l’île de Pâques à l'est, couvrant ainsi une grande partie du sud-est de l'Asie insulaire et l'Océanie. Mais, les récentes études génétiques remettent en question les modèles de peuplement élaborés jusqu'ici, rendant caduques les hypothèses d'une origine biologique taiwanaise et d'un peuplement unique Lapita pour les Polynésiens. Toutefois, il est possible d'affirmer que les peuples aborigènes de Taiwan, bien qu’on ne puisse leur attribuer d’apports génétiques significatifs aux Polynésiens, entretiennent avec eux des liens culturels indéniables. Si "Nos ancêtres de… Taiwan ?" fait la synthèse de ces découvertes qui animent aujourd'hui la communauté scientifique, elle reste avant tout une exposition "culturelle" et "identitaire" par sa démarche de reconnexion des Polynésiens entre eux et avec leurs lointains "cousins" de Taiwan. En effet, ces populations vivent éloignées les unes des autres et n'ont pas toujours conscience de leur appartenance à une grande communauté culturelle : la "famille" austronésienne. En donnant la parole aux différentes disciplines scientifiques qui se sont penchées sur le berceau des Polynésiens, elle les invite à suivre leurs ancêtres dans la longue histoire de leur migration et à découvrir d'autres visages d'elles-mêmes. 4 LE PARCOURS L'exposition s'organise en 2 temps. Une première partie documentaire propose la synthèse des recherches des différentes disciplines scientifiques qui s'interrogent sur l'origine des Polynésiens, et les possibles liens qui les unissent aux tribus aborigènes de Taiwan. nous plonge dans le monde immatériel des tribus aborigènes. Les croyances, le chamanisme, le culte des ancêtres, les statues, la tradition orale, le système de transmission évoquent le lien particulier que les populations entretiennent avec la terre. Ici, l'anthropologie, l'archéologie, la linguistique, la botanique, la génétique apportent leur éclairage sur le peuplement du Pacifique et retissent la trame de cette longue histoire. En résonnance aux discours scientifiques, la seconde partie est consacrée aux tribus aborigènes de Taiwan, par la mise en exposition du témoignage photographique de Danee Hazama. Cette partie s'organise en trois thématiques. Lima, signifiant "la main" ou le chiffre "5", fait référence aux activités quotidiennes telles que la pêche, la fabrication des pirogues, la confection du tapa, la cuisson au four enterré. Puis, Mata, "l'œil", "le visage", nous fait découvrir, à travers une galerie de portraits, les particularités vestimentaires et les spécificités des tatouages. Et enfin, Mana 5 LE DOSSIER PÉDAGOGIQUE Le discours scientifique de la première partie de l'exposition permet de mobiliser des compétences et des connaissances acquises en classe, du primaire au lycée. En effet, il est question de suivre la migration des lointains ancêtres des Polynésiens, de leur arrivée voici environ 40 000 ans aux portes du Pacifique jusqu'au peuplement de la Nouvelle Zélande, et de découvrir comment les différentes disciplines participent, chacune dans leur champ de recherches, à l'élaboration du scénario de ce long périple. La seconde partie fait écho aux arguments scientifiques et s'ouvre sur les photographies de Danee Hazama. Elles amènent le visiteur à la découverte du témoignage visuel de traits culturels communs aux tribus aborigènes de Taiwan et aux populations polynésiennes. Ce dossier pédagogique met à la disposition des enseignants une compilation des textes présentés dans l’exposition, des cartes, une chronologie, une bibliographie. Il s'organise autour d'un parcours en 7 « ÉTAPES ». Pour chacune, il liste les « MOTS-CLÉS » utiles aux élèves pour leur compréhension du discours, et il propose des "pistes" « POUR ENTRER DANS LE SUJET » visant à formuler un questionnement mettant en lien une thématique de l'exposition avec les disciplines scolaires. Ces "pistes" permettront aux enseignants de s'approprier le contenu de l'exposition et pourront servir de point de départ à une recherche personnelle des élèves en bibliothèque, au CDI, sur internet, et dans les bases de données en ligne. Dans cette perspective, les rubriques « POUR ALLER PLUS LOIN » recensent quelques adresses de sites internet, des références de périodiques et de monographies, pour se documenter sur les thématiques de l'exposition et sur les différentes disciplines scientifiques interrogées. Le parcours se termine par un « ÉPILOGUE ». Sous forme de questionnement, il vise à confronter les résultats des recherches menées sur le peuplement du Pacifique et à amener les élèves à répondre à la question que pose l'exposition à savoir… NOS ANCÊTRES DE… TAIWAN ? 6 PARCOURS ÉTAPE ET LES HOMMES PEUPLÈRENT… LE PACIFIQUE Les premiers mouvements humains en Océanie débutent pendant la dernière période du pléistocène, il y a environ 40 000 ans, et ils conduiront à une grande diversité culturelle, linguistique et génétique dans cette région. comme des radeaux de bambou ou des pirogues d’écorces. A la fin du pléistocène et durant la majeure partie de l'holocène, les hommes, confinés en Océanie proche, ne s'aventurent pas plus loin que l'extrémité orientale des îles Salomon. Au cours de cette époque de glaciations, les eaux sont retenues au niveau des pôles avec pour conséquences une baisse du niveau de l'océan d'environ 130 mètres et donc un accroissement de la masse continentale. La Nouvelle-Guinée, l'Australie et la Tasmanie forment un seul et unique continent appelé Sahul. A l'ouest, la péninsule malaise est reliée à l’arc indonésien insulaire, formant une vaste région appelée Sunda. Entre Sunda et Sahul s’étend la région de la Wallacea où, en revanche, les étendues d'eau sont continuellement présentes, faisant de cette zone un obstacle naturel majeur à la dispersion des animaux et des plantes. Le déclin de la biodiversité terrestre, observable plus on s'éloigne vers l'est, a sans doute contribué à stopper leur progression. La colonisation humaine de Sahul a donc nécessité l’emploi d’embarcations simples, ►M OTS-CLÉS Océanie, Australie, NouvelleGuinée, Tasmanie, îles Salomon, pléistocène, holocène, Sahul, Sunda, Océanie proche 7 1 ÉTAPE ►P 1 PARCOURS OUR ENTRER DANS LE SUJET L'arrivée de l'homme dans le Pacifique s'inscrit dans le large mouvement de peuplement du monde qui prend naissance il y a environ 2 millions d'années en Afrique. Berceau de l'humanité, elle est le point de départ d'une longue migration en direction de l'Asie et de l'Europe. L'Homo Erectus est le premier hominidé à se disperser à travers le monde. Puis, l'Homo Sapiens atteint l'Australie et la Nouvelle-Guinée. Les conditions climatiques vont participer à sa progression. Le peuplement du Pacifique peut commencer… ers ▪ Replacer l'arrivée des 1 hommes dans le Pacifique dans le processus de peuplement de la Terre. ▪ Replacer les évènements dans leurs contextes géographique et géologique pour déterminer ce qui a favorisé leur avancée aux limites de l'Océanie proche. → PLUS LARGEMENT, ON POURRA ers ▪ S'interroger sur l'origine anthropologique des 1 hommes dans le Pacifique (Homo Erectus ?, Homo Sapiens ?). ►Q UEL ÉCHO DANS LES PROGRAMMES ▪ Cycle 3 ème ▪6 de ▪2 le ▪T ►P ème Histoire • Des origines de l'homme jusqu'à la fin du XVIII siècle. G é o g r a p h i e • Localiser les grands ensembles géographiques océaniens. Histoire • Le peuplement progressif du Pacifique. Histoire • Principaux caractères du peuplement du Pacifique. SVT • Origine des hommes modernes (Homo Sapiens). OUR ALLER PLUS LOIN ▪Sites Internet • http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Ressources-multimedias/Dossiers-multimedias/ Chronologie/p-1499-Chronologie-interactive-800-000-ans-eclaires-par-l-archeologie.htm • http://www.hominides.com/html/ancetres/ancetres.php • http://www.hominides.com/html/dossiers/expansion.php • http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/Origine/methodologie/climat.htm • http://www.cnrs.fr/cnrs-images/sciencesdelaterreaulycee/index.htm • http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosevol/imgArt/dioram/introDiora.html • http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosevol/accueil.html ▪Monographies / Périodiques • Lambin, Jean-Michel. La préhistoire cycle 3. Paris : Hachette éducation, 2010. • Palmer, Douglas. L'atlas des origines de l'homme : une histoire illustrée. Paris : Delachaux et Niestlé SA, 2007. • Depaepe, Pascal. Et les hommes peuplèrent la Terre... Les grands dossiers des sciences humaines. 09/2011, n°24, p. 10-13. • Demoule, Jean-Paul. Le néolithique est un phénomène mondial. Les grands dossiers des sciences humaines. 09/2011, n°24, p. 14-15. • Science et vie. Hors-série. n°235. 06/2006 8 PARCOURS ÉTAPE 2 LINGUISTIQUE… CE QUE DISENT LES MOTS La famille élargie des langues austronésiennes1, groupe Océanien qui lui s’est développé anciennement appelées malayo-polynésiennes, depuis l’Océanie proche jusqu’aux confins de comprend environ 1200 langues modernes l’Océanie lointaine. réparties de Madagascar à l'île de Pâques. Toutes les langues polynésiennes existantes Parmi ces langues austronésiennes, un sous- appartiennent à ce même sous-groupe groupe Océanien a été défini : les langues Océanien de la famille austronésienne. Océaniennes. La transition vers le proto-Polynésien, qui Les différentes ramifications de ces langues s’est développé dans la région des Tonga et Océaniennes comprennent la plupart des des Samoa au cours du premier millénaire langues parlées dans les îles de Mélanésie av. J.-C., a conduit à deux branches (hors Nouvelle-Guinée), de Micronésie et de distinctes : le Tongien et le Proto-Polynésien Polynésie. Il est désormais admis que le Nucléaire. Proto-Océanien fut la langue des premières populations Lapita en Océanie proche. Les langues polynésiennes orientales sont toutes issues de ce dernier sous-groupe. L'image de la linguistique du Pacifique présente d'un côté une extraordinaire diversité en Océanie proche avec les langues papoues _____________________________________ (environ 950 recensées), et de l'autre le sous- 1 Voir schéma et tableau p. 24. ►M OTS-CLÉS Linguistique, langue austronésienne, langue océanienne, Madagascar, île de Pâques, Mélanésie, NouvelleGuinée, Micronésie, Polynésie, protoocéanien, Lapita, Océanie proche, langues papoues, Océanie lointaine, Tonga, Samoa, Polynésie orientale, tongien, proto-polynésien nucléaire. 9 ÉTAPE ►P 2 PARCOURS OUR ENTRER DANS LE SUJET Regroupées en familles et déclinées en sous-groupes, les langues s'organisent autour de points communs faisant apparaître leur parenté. Aujourd'hui, on en compte plus de 6000 à travers le monde. Leur histoire se confond avec celle des hommes. Elles délimitent et caractérisent un territoire, une aire culturelle. Transmises d'une génération à l'autre, les langues traversent le temps, subissent des mutations liées aux évolutions des sociétés humaines et à leurs déplacements, et s'enrichissent par les échanges entre communautés. Les mots migrent d'une langue à l'autre et les traces qu'ils y laissent racontent à leur manière l'histoire des hommes. Ainsi, les linguistes ont longtemps pensé que les peuples aborigènes de Taiwan étaient les ancêtres des Polynésiens. Pourquoi ? ▪ Définir les langues austronésiennes (principaux sous-groupes). ▪ Situer l'origine géographique de la famille des langues austronésiennes. ▪ En situer l'aire de diffusion. → PLUS LARGEMENT, ON POURRA ▪ Repérer les apports d'autres langues dans le tahitien et rechercher les origines et les circonstances de ses apports. ▪ S'interroger sur l'origine des langues et du langage. ►Q UEL ÉCHO DANS LES PROGRAMMES ▪ Cycle 3 ème ▪6 ème ▪5 ème ▪4 de ▪2 ▪ Tous Niv. ►P L a n g u e c u l t u r e • La diversité linguistique et culturelle du monde polynésien. p o l y n é s i e n n e s • Reconnaître les termes empruntés aux autres langues. Histoire Histoire Géographie Histoire • Situer sur une carte les aires linguistiques polynésiennes. • Les civilisations austronésiennes. • Les civilisations océaniennes. • La mondialisation et la diversité culturelle. • Principaux caractères du peuplement du Pacifique. Tahitien OUR ALLER PLUS LOIN ▪ Sites Internet • http://www.cnrs.fr/paris-michel-ange/design-doc/Expo/Expo%20CNRS/www.cnrs.fr/CMA/dyna/ IMG_expo/linguistique/carte.pdf • http://www.sorosoro.org/ • http://www.farevanaa.pf/ • http://www.hominides.com/html/dossiers/langage.php ▪ Monographies / Périodiques • Baussier, Sylvie. Petite histoire des langues. Paris : Éditions Syros, 2002. • Hombert, Jean-Marie ; Bergounioux, Gabriel ; Bocquet-Appel, Jean-Pierre ; Coupé, Christophe. Aux origines des langues et du langage. Paris : Fayard, 2005. • Bickerton, Derek. La langue d’Adam. Paris : Dunod, 2010 • Palmer, Douglas. L'atlas des origines de l'homme : une histoire illustrée. Paris : Delachaux et Niestlé SA, 2007. • Picq, Pascal ; Sagart, Laurent ; Dehaene, Ghislaine ; Lestienne, Cécile. La plus belle histoire du langage. Paris : Seuil, 2008. • Ruhlen, Merritt. L'origine des langues : sur les traces de la langue mère. Paris : Gallimard, 2007. • Sand, Christophe ; Bedford, Stuart. Lapita : ancêtres océaniens, oceanic ancestors. Paris : Musée du quay Branly, 2010. • Aufray, Michel. Les langues océaniennes. Historiens et géographes. 04/2004, n°386, p. 221- 227. • Manière de voir. La bataille des langues. 02/2008.n°97. • Science et vie. Découvertes : du langage aux langues. 06/2004, Hors-série n°227. • Science et vie. Une seule langue est-elle à l'origine de toutes ?. 10/2006, n°1069. 10 PARCOURS ÉTAPE 3 ARCHÉOLOGIE… CE QUE DIT LA CULTURE LAPITA ▪ ORIGINES LAPITA L’arrivée de locuteurs pré-Océaniens, depuis l’Asie du sud-est insulaire, il y a 3500 ans est considérée comme un élément clé dans la naissance du complexe culturel Lapita. En effet, les nouveaux arrivants ont non seulement interagi avec les communautés papoues déjà présentes dans l’archipel Bismarck, mais se sont également unies à elles. Dans cette configuration géographique, l’expansion du complexe culturel Lapita en dehors de l'Océanie proche vers le sud-ouest de l'Océanie lointaine dura 300 ans, entre 1200 et 900 av. J.-C. Il s’est étendu jusqu'aux archipels des Tonga et des Samoa, région communément appelée Outre leur évidente identité linguistique, ces locuteurs disposaient de 2 éléments techniques marquants : la céramique et la navigation sur pirogue à balancier. Ainsi, des céramiques aux décors caractéristiques en pointillés apparaissent assez rapidement dans l'archipel Bismarck, peut-être dès 1.500 av. J.-C. Puis, cette tradition céramique appelée Lapita1, se déplacera avec ses producteurs et agira comme un véritable marqueur. Ce phénomène très complexe ne peut s’expliquer que par des échanges culturels, linguistiques et génétiques. ▪ EXPANSION LAPITA Les archipels Bismarck et Salomon comprennent une chaîne presque continuelle d’îles inter-visibles, qui aurait facilité leur découverte et les voyages entre-elles. Cependant, au-delà de l'île de Santa-Ana, on rencontre une première distance significative de 380 km d'océan avant d’atteindre le groupe de Santa Cruz. Au-delà de ces îles, les distances deviennent encore plus redoutables avec quelques 800 km entre le nord du Vanuatu et les Fidji par exemple. Polynésie occidentale. Puis, la progression vers l’est semble s’interrompre. Elle reprendra au cours du 1er millénaire ap. J.-C. avec les dernières migrations polynésiennes. ▪ LA MICRONÉSIE La Micronésie s’étend sur 5000 kilomètres et a connu de nombreuses vagues de peuplement. La première commence vers 1 500 av. J.-C. avec l'arrivée de locuteurs austronésiens originaires du sud-est asiatique insulaire. Puis, ce sont des communautés Lapita qui colonisent le reste des îles. _____________________________________ 1 nom du 1er site en Nouvelle-Calédonie où des poteries ont été mises au jour ►M OTS-CLÉS Lapita, pré-Océanien, Océanie proche, Océanie lointaine, Mélanésie, Micronésie, archipel Bismarck, îles Salomon, îles Santa Cruz, Vanuatu, îles Fidji, îles Tonga, îles Samoa, Asie du sud-est insulaire, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Polynésie occidentale. 11 ÉTAPE ►P 3 PARCOURS OUR ENTRER DANS LE SUJET L'étude et la connaissance du passé nous renvoient aux différentes sources historiques. L'archéologie est l'une d'entre-elles. Elle mène l'enquête sur nos origines et grâce à elle les vestiges de nos lointains ancêtres (fossiles, outils, débris de poteries…) retrouvent la parole. Témoins de la présence humaine, ils renseignent sur l'organisation, les pratiques sociales et sur l'évolution de ceux qui nous ont précédés. Ainsi, l'archéologie participe à l'écriture de notre histoire. Elle trace les chemins empruntés par l'homme et, par ses techniques de datation, elle en écrit la chronologie. Aussi, les archéologues ont longtemps pensé que les peuples de la culture Lapita étaient les ancêtres des Polynésiens. Pourquoi ? ▪ ▪ ▪ ▪ Définir le complexe culturel Lapita. En situer l'aire de diffusion (espace / temps). Rapprocher l'aire de diffusion des langues austronésiennes avec celle du complexe Lapita. Complexe culturel Lapita : naissance d'un art et permanence d'une influence aujourd'hui ? → PLUS LARGEMENT, ON POURRA ▪ Proposer une mise en perspective du complexe culturel Lapita avec les civilisations de l'Antiquité. ▪ Découvrir les différentes sciences au service de l'archéologie. ▪ Connaître les différentes techniques de mesure du temps en archéologie. ►Q UEL ÉCHO DANS LES PROGRAMMES ▪ Cycle 3 ème ▪6 ème ▪5 ème ▪6 5 de ▪2 le ▪T ème ères Histoire • La préhistoire : 1 traces de vie humaine, apparition de l'art. • L'antiquité. Géographie • Localiser les grands ensembles géographiques océaniens. H i s t . d e s a r t s • Préhistoire, Antiquité, Moyen-âge. Histoire • Le peuplement progressif du Pacifique. • Les civilisations de l'Antiquité (Grèce, Athènes, Rome). • Découverte des sources historiques simples. Histoire • Les civilisations océaniennes. • Se familiariser avec différentes sources historiques. H i s t . d e s a r t s • Arts, créations, cultures. Arts, ruptures, continuité. Histoire • Principaux caractères du peuplement du Pacifique. SVT • La mesure du temps dans l'histoire de la terre et de la vie (datation des événements, datation relative, absolue). ►P OUR ALLER PLUS LOIN ▪ Sites Internet • http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Ressources-multimedias/Dossiers-multimedias/Chronologie/p-1499Chronologie-interactive-800-000-ans-eclaires-par-l-archeologie.htm • http://www.universalis.fr/encyclopedie/ceramique-lapita/ • http://www.iancp.nc/ (Institut d'archéologie de Nouvelle-Calédonie et du Pacifique) • http://www.images-archeologie.fr/Accueil/Recherche/p-4-Liste-deresultats.htm?&action= search&idx[type_video][main]=1&idx[type_video][6]=1 (vidéos : les experts de archéologie) • http://www.images-archeologie.fr/Accueil/Recherche/p-11-lg0-notice-VIDEO-L-archeologie-en-12.htm?¬ice_id=2593&pos=12 (vidéo : l'archéologie en 12 mn) • http://www.images-archeologie.fr/Accueil/Recherche/p-4-Liste-de resultats.htm?&action=search&idx [type_video][main]=1&idx[type_video][7]=1 (vidéos : les sciences de l'archéologie) • http://fr.wikipedia.org/wiki/Datation_par_le_carbone_14 • http://www.quaibranly.fr/cc/pod/recherche.aspx?b=1&t=1 • http://blog.bishopmuseum.org/anthro/?page_id=185 • http://www.metmuseum.org/collections (Métropolitan Museum) ▪ Monographies / Périodiques • Galipeaud, Jean-Christophe. Les Lapita, nomades du Pacifique. Montpellier : IRD Éditions,2011. • Palmer, Douglas. L'atlas des origines de l'homme : une histoire illustrée. Paris : Delachaux et Niestlé SA, 2007. • Sand, Christophe ; Bedford, Stuart. Lapita : ancêtres océaniens, oceanic ancestors. Paris : Musée du quay Branly, 2010. • Demuet, Didier. Qu'est-ce que l'archéologie ?. BTJ. 03/2006, n°515, p. 2-21. • TDC. L'archéologie. 02/2007, n°929. • Dossiers d'archéologie. Le carbone 14 et ses apports à l'archéologie. 09/2005, n°306. • Arkéo Junior. Lapita, ancêtres océaniens. 12/2010, n°180, p. 6. • Guiot, Hélène. Pacifique : l'océan-monde. Les grands dossiers des sciences humaines. 09/2011, n°24, p. 30-33. • Galipaud, Jean-Christophe. Le peuplement du Pacifique. Historiens et Géographes. 04/2004, n°386, p. 187- 194. 12 PARCOURS ÉTAPE 4 BOTANIQUE… CE QUE DISENT LES PLANTES L'origine des Polynésiens a souvent été débattue au regard de celle de leurs plantes, et il est aujourd'hui acquis qu'ils proviennent de l'Ouest du Pacifique. Leur arrivée en Polynésie orientale a eu pour conséquence la transformation radicale d'une grande partie de la végétation indigène. Parallèlement, la flore a été enrichie par près de 80 espèces, qualifiées alors d'introductions polynésiennes. Ce sont essentiellement des plantes d'origines très diverses, utiles notamment pour l'alimentation ou la médecine. Ainsi, le mûrier à papier Broussonetia papyrifera est originaire de Chine, du Japon et de Taiwan, les ignames Dioscorea spp. et l'hibiscus rouge Hibiscus rosa-sinensis proviennent d'Asie du Sud-Est, le bancoulier Aleurites moluccana et le châtaignier d'Océanie Inocarpus fagifer de Malaisie, l'arbre à pain Artocarpus altilis, le Taro Colocasia esculenta et le plantain de montagne Musa troglodytarum de Nouvelle-Guinée, le Kava Piper methysticum du Vanuatu, et le tiare tahiti Gardenia taitensis de Polynésie occidentale. Enfin la présence de plantes comme la patate douce Ipomoea batatas et la gourde Lagenaria siceraria témoignent de relations ponctuelles entre Polynésie et Amérique. Ainsi, la totalité de ces espèces se retrouve dans l'archipel de la Société et, dans une moindre mesure, dans ceux des Cook et des Australes. Aux Marquises, un quart de ces espèces sont absentes et aucune autre introduction polynésienne n'y a été recensée. De semblables décroissances du nombre d'introductions sont également observées entre les Australes et l'île de Pâques via les Gambier et Pitcairn, entre la Société et l'archipel hawaiien via les Marquises, entre les Par ailleurs, en examinant plus en détail le îles Cook et la Nouvelle-Zélande via les îles cortège d'introductions polynésiennes dans les Kermadec. différents archipels du triangle polynésien, il apparaît des directions évidentes dans le Cela tend à établir un schéma de peuplement centrifuge à partir d'un noyau central composé peuplement humain. des archipels proches de la Société, des Cook et des Australes. ►M OTS-CLÉS Polynésie orientale, végétation indigène, mûrier à papier, igname, bancoulier, châtaignier d'Océanie, Chine, Japon, Taiwan, Asie du Sud-Est, Malaisie, Nouvelle-Guinée, Kava, Vanuatu, Polynésie occidentale, gourde, Amérique, triangle polynésien, archipel de la Société, îles Cook, archipel des Australes, île de Pâques, archipel des Gambier, Pitcairn, Hawaï, archipel des Marquises, NouvelleZélande, îles Kermadec. 13 ÉTAPE ►P 4 PARCOURS OUR ENTRER DANS LE SUJET Pour assurer sa sécurité alimentaire et améliorer ses conditions de vie, l'homme aménage le paysage. Ainsi, lors des ses migrations, de ses déplacements, il transporte avec lui les espèces nécessaires à sa survie, à ses besoins matériels, et à l'embellissement de son cadre de vie. Parfois, certaines jouent les passagers clandestins. Par ses introductions, intentionnelles ou accidentelles, tant végétales qu'animales, l'homme bouscule la biodiversité locale. Les traces qu'elles laissent dans le paysage, racontent à leur manière l'histoire des hommes. Ainsi, la botanique rejoint l'hypothèse d'une colonisation des îles polynésiennes par l'ouest du Pacifique. Pourquoi ? ▪ Situer les origines géographiques des plantes introduites en Polynésie Orientale. ▪ En combinant botanique et linguistique, mettre en relation l'origine des introductions polynésiennes et l'aire de diffusion des langues austronésiennes. → PLUS LARGEMENT, ON POURRA ▪ Mettre en évidence l'influence de l'homme sur la biodiversité en s'interrogeant sur une problématique locale (introduction d'une plante invasive comme le miconia : contexte d'introduction et état des lieux). ►Q UEL ÉCHO DANS LES PROGRAMMES ▪ Cycle 3 ère Sciences • 1 approche des notions d’espèce, de biodiversité, de e xp é r i m e n t a l e s développement durable. ème SVT ème SVT ▪6 ▪3 de ▪2 SVT • Rôle et place des êtres vivants dans leur environnement. • Nécessité de respecter la biodiversité. • L'homme par ses choix d'aménagement influe sur le peuplement des milieux. (exemples locaux). • Responsabilité humaine en matière d'environnement. • La biodiversité, résultat et étape de l'évolution (influence de l'homme sur la biodiversité). ►P OUR ALLER PLUS LOIN ▪Sites Internet • http://www.developpement-durable.gouv.fr/-La-biodiversite,4247-.html • http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosbiodiv/index.php?pid=decouv_chapA • http://www.iucn.org/fr/ • http://www.ledeveloppementdurable.fr/biodiversite/ • http://www.tiaredex.pf/ • http://www.herbier-tahiti.pf/ ▪ Monographies / Périodiques • Pardon, Daniel. Guide des fruits de Tahiti et des îles. Tahiti : Au vent des îles, 2005. • Butaud, Jean-François ; Gérard, Jean ; Guibal, Daniel. Guide des arbres de Polynésie, bois et utilisations. Tahiti : Au vent des îles, 2008. • Gouni, Anne ; Zysman, Thierry. Oiseaux du Fenua, Tahiti et ses îles. Tahiti : Téthys Éditions, 2007. • TDC. La biodiversité. 10/2010, n°1001. • Philosophie magazine. La bombe écologique : changer le rapport de l'homme à la nature. 10/2007, n°13. • Testot, Laurent. Ce que l'homme a fait de l'Australie. Les grands dossiers des sciences humaines. 09/2011, n°24, p. 34-35. • Sciences humaines. Quel impact le néolithique a-t-il eu sur l'environnement. 06/2011, n°227. 14 PARCOURS ÉTAPE 5 GÉNÉTIQUE… CE QUE DIT L'ADN La génétique des populations étudie en particulier le séquençage de l’ADN mitochondrial (ADN-mt) transmis par la mère et celui de l’ADN-Y transmis par le père. De plus, l’analyse génétique d'une bactérie humaine, Helicobacter pylori, a montré l'existence de deux souches distinctes. La plus ancienne (hp sahul) est confinée à l'Océanie proche depuis plus de 20 000 ans, Les études ont démontré que les lignages tandis que l'autre (hp maori) pourrait avoir maternels des Polynésiens ont pour origine comme origine Taiwan, et ce il y a environ l’Asie du Sud-Est insulaire. Cependant, les 5 000 ans. lignages paternels dominants chez les Polynésiens sont plutôt d’origine mélanésienne. Par ailleurs, des recherches plus récentes Cette apparente contradiction trouve son montrent que le motif polynésien serait apparu explication dans le fonctionnement matriarcal dans l’Océanie proche, probablement dans des communautés de l'Asie de Sud-Est l’archipel Bismarck, il y a 6 000 à 8 000 ans, insulaire par lequel elles recrutaient des lors de l’implantation de populations originaires de l’Asie du Sud-Est insulaire. hommes mélanésiens. Les recherches ont également permis d'identifier une séquence particulière de l'ADNmt propre aux populations polynésiennes, appelée motif polynésien. Ces populations possèdent également un gène qui leur confère une meilleure résistance à la malaria, pourtant absente en Polynésie. Ce gène leur aurait été transmis en Océanie proche, avant leur dispersion en Océanie lointaine. 15 Ces nouvelles données remettent donc en question les modèles de peuplement élaborés jusqu’ici par l'archéologie, la linguistique, et par les précédentes recherches génétiques, rendant caduque l’hypothèse d’une origine biologique taiwanaise et d'un peuplement unique Lapita pour les Polynésiens. ÉTAPE 5 PARCOURS GÉNÉTIQUE… CE QUE DIT L'ADN (la suite) D'autres récentes recherches sur les origines génétiques des animaux et des plantes connus pour être associés à l’occupation humaine dans le Pacifique corroborent ce nouveau modèle. En effet, les scientifiques peuvent déterminer les déplacements humains en étudiant ceux des animaux commensaux. Ainsi, les études de l’ADN-mt des rats, des chiens, des cochons et des poulets montrent toutes une seconde introduction post-Lapita. S’appuyant sur des datations radiocarbones, ces résultats proposent, eux aussi, une nouvelle théorie sur les origines polynésiennes, qui suggère une seconde migration de population partant de l’Asie du sud-est insulaire il y a 2 000 ans. Puis, vers 500 ap. J.-C., cette population arrive en Polynésie de l'Ouest avec des caractéristiques nouvelles et typiques des lignées d’ADN-mt asiatiques. Dans le même temps, ces nouveaux peuples introduisent de nouvelles lignées de rats, de chiens et de poulets porteurs d'un ADN-mt différent de celui retrouvé sur les anciens sites Lapita. Enfin, les interactions intenses et complexes avec les populations existantes descendantes des Lapita et implantées dans la Polynésie de l’Ouest, conduiront à l'émergence de la culture Polynésienne ancestrale, précédant la colonisation de l’Est, du Nord, et du reste de la Polynésie. ▪ DISPERSION DES LANGUES AUSTRONÉSIENNES DANS CE NOUVEAU MODÈLE Ce nouveau modèle de peuplement n'exclut pas une dispersion des langues austronésiennes depuis Taiwan entre 2000 et 1000 av. J.-C. par intégration aux réseaux maritimes centrés plus au sud. Puis, elles auraient été transmises aux anciennes colonies d'Asie du sud-est ►M implantées dans l'archipel Bismarck porteuses du motif polynésien. Ces petites communautés matriarcales de locuteurs austronésiens, socialement dominantes, pourraient être à l’origine de l’expansion plus tardive en Polynésie. OTS-CLÉS Génétique, ADN, ADN mitochondrial, ADN-Y, bactérie, Asie du Sud-Est insulaire, Mélanésie, matriarcal, Océanie proche, Océanie lointaine, Taiwan, Archipel Bismarck, linguistique, Lapita, animal commensal, datation radiocarbone. 16 et PARCOURS ►P ÉTAPE 5 OUR ENTRER DANS LE SUJET Support de l'information génétique, la molécule d'ADN nous définit dans nos moindres détails. Héritée de nos parents, elle nous rend unique au milieu de nos semblables et se transmet de génération en génération. De mutations en recombinaisons génétiques, l'information portée par l'ADN se modifie dans le temps. Son étude permet de définir la diversité génétique des populations, les mouvements migratoires, les mélanges, et permet de déterminer les origines géographiques. Ainsi, la génétique des populations trace les chemins empruntés par l'homme et permet d'en écrire la chronologie. Aujourd'hui, ses résultats remettent en cause les théories sur l'origine des Polynésiens admises jusqu'ici. Comment ? ▪ Définir ce qu'est l'ADN. ▪ Définir ce qu'est le motif polynésien et en situer l'origine géographique. ▪ Mettre en évidence le rôle central de l'étude de l'ADN-mt des rats et autres animaux commensaux dans l'élaboration du nouveau scénario de peuplement du Pacifique. ►Q UEL ÉCHO DANS LES PROGRAMMES ▪ Cycle 3 ème ▪6 ème ▪5 ème ▪3 de ▪2 Sciences • L'unité et la diversité du monde vivant. e xp é r i m e n t a l e s SVT • Diversité, parenté et unité des êtres vivants (cellule, noyau, membrane, cytoplasme). Histoire • Le peuplement progressif du Pacifique. Histoire SVT SVT Histoire ère ▪1 le ▪T ►P SVT SVT • Les civilisations océaniennes. • Diversité, parenté et unité des êtres vivants (ADN). • Transgénèse – Rôle de l'ADN. • Principaux caractères du peuplement du Pacifique. • Expression, stabilité et variation du patrimoine génétique. • Phylogénèse (origine de l'homme, évolution). • ADN, Diversité et unité des êtres vivants. OUR ALLER PLUS LOIN ▪ Sites Internet • http://www.cnrs.fr/cnrs-images/sciencesdelavieaulycee/index.htm • http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosevol/accueil.html • http://www.cea.fr/jeunes/mediatheque/animations_flash/a_la_loupe/l_adn • http://www.docsciences.fr/ • http://www.cite-sciences.fr/lexique/ • http://gene-abc.ch/fr.html ▪ Monographies / Périodiques • Sykes, Bryan. Les sept filles d'Ève : génétique et histoire de nos origines. Paris : Albin Michel, 2001. • Palmer, Douglas. L'atlas des origines de l'homme : une histoire illustrée. Paris : Delachaux et Niestlé SA, 2007. • Sand, Christophe ; Bedford, Stuart. Lapita : ancêtres océaniens, oceanic ancestors. Paris : Musée du quay Branly, 2010. • Science et vie. Dossier spécial ADN : la révolution génétique à 50 ans. 03/2003, n°1026. • Science et vie. Ce que Darwin ne savait pas : la théorie de l'évolution aujourd'hui. 06/2009, n°1101. 17 ÉTAPE 6 PARCOURS DIASPORA POLYNÉSIENNE L’homogénéité génétique des Polynésiens suggère que la population fondatrice qui pénétra dans la région occidentale de la Polynésie passa par un « étroit goulot démographique ». Après cette vague de colonisation, il est évident que les voyages interinsulaires se poursuivirent permettant de relier les communautés entre elles par de vastes réseaux d'échanges. En opposition avec les théories anciennes d’un peuplement accidentel de la Polynésie orientale, il est désormais certain que ces îles furent découvertes suite à des voyages intentionnels d'exploration, rendus possibles grâce à la maîtrise des techniques de construction navale et de navigation. Le développement d'embarcations performantes, d'une autonomie accrue et capables de transporter des vivres et les plantes indispensables à de nouvelles installations, favorisa certainement le peuplement de cette région. ▪ CONTACTS AVEC LES AMÉRIQUES Cependant, il fallut attendre une pause d’au moins 1000 ans entre le premier peuplement Lapita des Tonga et des Samoa et une nouvelle expansion des ancêtres des Polynésiens vers l'est. Une datation plus précise des sites a permis d’établir une chronologie beaucoup plus tardive des peuplements initiaux de la Polynésie orientale soit entre 800 et 1000 ap. J.-C. Avec un peuplement estimé entre 1250 et 1300 ap. J.-C., la Nouvelle-Zélande fut sans aucun doute la dernière grande île polynésienne à être découverte. ►Q La théorie selon laquelle la Polynésie orientale aurait été peuplée depuis l'Amérique fut proposée à plusieurs reprises, mais l'archéologie, la linguistique et la biologie n'ont apporté aucune preuve pour valider cette hypothèse. Toutefois, il est probable que les Polynésiens aient navigué jusqu'aux côtes de l'Amérique. La preuve la plus évidente est l'introduction de la patate douce (Ipomoea batatas). Cette plante d’origine américaine était largement cultivée en Polynésie orientale. Son nom, kumara, est très certainement un emprunt au dialecte sud-américain, kumar. Il est également possible qu’une seconde introduction de plante en Polynésie ait eu lieu, avec la gourde (Lagenaria siceraria). ►M OTS-CLÉS Diaspora, îles Tonga, Lapita, Polynésie orientale, îles Samoa, Nouvelle-Zélande, gourde (plante), kumara. UEL ÉCHO DANS LES PROGRAMMES ▪ Cycle 3 ème ▪6 Histoire ème Histoire ▪5 de ▪2 Histoire Histoire • La Polynésie orientale et la France. • Des mondes anciens au début du Moyen-Âge. • Le peuplement progressif du Pacifique. • Les civilisations océaniennes. • Principaux caractères du peuplement du Pacifique. 18 PARCOURS ÉTAPE 7 LES TRIBUS ABORIGÈNES DE… TAIWAN Petite île située à 160 km des côtes chinoises, Taiwan (ancienne Formose) fut le carrefour de plusieurs vagues migratoires. Si les premières traces d'occupation humaine remontent à 30 000 ans, il faut attendre 4000 av. J.-C. pour voir s'installer les ancêtres des populations austronésiennes actuelles. L'île va ensuite restée dans un relatif isolement ème jusqu'au 17 siècle. Puis, les Hollandais, les Espagnols, les Chinois et les Japonais vont tour à tour l'occuper au cours des siècles suivants. Aujourd'hui, elle est le principal territoire de la République de Chine. Ces vagues successives de nouveaux arrivants ne furent pas sans conséquence pour les tribus aborigènes. En effet, celles installées dans les plaines de la côte ouest, et de fait plus exposées, furent rapidement acculturées. Les "aborigènes des montagnes" (Gaoshan) trouvèrent eux refuge sur les hauteurs inhospitalières de l'île, s'y ème maintenant jusqu'au milieu du 20 siècle. Les groupes vivants sur la côte est résistèrent également plus longtemps à l'érosion culturelle. Ces petites sociétés ainsi préservées ont perpétué leurs traditions qui ne sont pas sans rappeler d'autres cultures d'Asie du Sud-Est et d'Océanie, aire de diffusion des langues austronésiennes. Aujourd'hui, elles se répartissent entre 14 tribus vivant principalement dans les régions montagneuses, sur la côte ouest et dans l'île de Lanyu (île des Orchidées). ►M OTS-CLÉS Taiwan, Formose, République de Chine, aborigène, Asie du Sud-Est, Océanie. 19 Ainsi, les Amis, les Atayal, les Bunun, les Kavalan, les Paiwan, les Puyuma, les Rukai, les Saisiat (Saisiyat), les Sakizaya, les Da'o (Yami, Dawu), les Thao, les Truku, les Tsou et les Seedeq (sediq) sont la survivance de traditions millénaires. ÉTAPE ►P 7 PARCOURS OUR ENTRER DANS LE SUJET Si la génétique ne permet pas d'attribuer d'origine biologique taiwanaise aux Polynésiens, il n'en demeure pas moins que bien des traits culturels propres aux tribus aborigènes de Taiwan se retrouvent à travers l'Océanie, et ce jusqu'en Polynésie Orientale. Ainsi, le détail d'un tatouage, le motif d'un pétroglyphe ou d'une sculpture, l'arrangement d'une coiffe, un geste, un objet sont autant d'indices qui les relient aux populations polynésiennes. Art et ethnologie se rejoignent ici pour témoigner des liens qui les unissent les unes aux autres. Propice à l'observation, cette partie de l'exposition permet la mise en perspective des arguments scientifiques de la première partie avec le témoignage visuel que nous propose le photographe Danee Hazama. ▪ Retrouver dans les scènes représentées les détails qui permettent de relier les tribus aborigènes aux Polynésiens dans les domaines suivants : • La vie quotidienne, • Les croyances et culte des ancêtres, • Les arts et l'artisanat (tatouage, tressage, sculpture, tapa…), • La tradition orale. → PLUS LARGEMENT, ON POURRA ▪ Pour enrichir l'exercice autour des objets et mener une comparaison avec les arts océaniens, s'appuyer sur les collections numérisées des musées. (voir ci-dessous) ►P OUR ALLER PLUS LOIN ▪Sites Internet • http://en.nmp.gov.tw/per01.html • http://www.museum.org.tw/symm_en/08.htm • http://www.tacp.gov.tw/tacpeng/home02_3.aspx?ID=$3001&IDK=2&EXEC=L • http://taiwanauj.nat.gov.tw/ct.asp?xItem=34884&CtNode=1605 • http://taiwanauj.nat.gov.tw/ct.asp?xItem=37171&CtNode=1605 • http://www.quaibranly.fr/cc/pod/recherche.aspx?b=1&t=1 • http://data.bishopmuseum.org/ethnologydb/index.php • http://blog.bishopmuseum.org/anthro/?page_id=185 • http://www.metmuseum.org/collections (Métropolitan Museum) • http://www.tepapa.govt.nz/pages/default.aspx • http://www.pem.org/collections/6-oceanic_art (Peabody Essex Museum) • http://www.culture.gouv.fr/documentation/joconde/fr/pres.htm ▪ Monographies / Périodiques • Chaigne, Christine ; Paix, Catherine ; Zheng, Chantal. Taïwan : enquête sur une identité. 2000 • Hsiao-Feng, Lee. Histoire de Taïwan. 2004 • Imbault-Huart, Camille. L'Ile Formose : histoire et description. 1893 • Zheng, Chantal. Les austronésiens de Taïwan à travers les sources chinoises. 1995 • Tianlong, Jiao. The neolithic of southeast China: cultural transformation and regional interaction on the coast. 2007 • Américan philosophical society. Prehistoric settlement of the Pacific. 1996 20 ÉPILOGUE A bord de leurs pirogues doubles, les Polynésiens ont visité et colonisé la plupart des îles de l'Océanie lointaine. Au fil de leurs installations, ils ont diffusé une langue et une culture. Par les résultats de leurs recherches, la linguistique, l'archéologie, la botanique et la génétique des populations s'attachent à retracer les chemins qu'ils ont empruntés. Récemment cette dernière est venue bousculer les théories de peuplement du Pacifique admises jusqu'ici. En confrontant les hypothèses est-il possible de répondre à la question… NOS ANCÊTRES DE… TAIWAN ? 21 ÉPILOGUE 1 - Quelles déductions sur l'origine des Polynésiens peut-on tirer des recherches en linguistique ? ............................................................................................................................................................. 2 - L'appartenance des langues polynésiennes à la famille austronésienne prouve-t-elle que les aborigènes de Taiwan sont les ancêtres des Polynésiens ? ............................................................................................................................................................. 3 - Que peut-on déduire de la diversité d'origine des plantes introduites par les Polynésiens ? ............................................................................................................................................................. 4 - Quels renseignements la botanique apporte-t-elle sur leur l'origine ? ............................................................................................................................................................. 5 - L'aire de diffusion du complexe culturel Lapita corrobore-t-il les hypothèses de la botanique ? ............................................................................................................................................................. 6 - Qu'en est-il pour la linguistique ? ............................................................................................................................................................. 7 - Pourquoi, les données de l'archéologie ne sont-elles pas suffisantes pour déterminer l'origine des Polynésiens ? ............................................................................................................................................................. 8 - Que suggère la génétique des populations quant à l’origine des Polynésiens ? ............................................................................................................................................................. 9 - Confirme-t-elle les hypothèses de l’archéologie et de la linguistique ? ............................................................................................................................................................. 10 - Quelle autre étude génétique permet de préciser l’origine des Polynésiens ? ............................................................................................................................................................. 11 - Cela remet-il en cause les théories qui proposaient Taiwan ou les peuples de culture Lapita implantés dans la région de Tonga et Samoa comme origine pour les Polynésiens ? ............................................................................................................................................................. 12 - Que peut-on conclure de ces données génétiques ? ............................................................................................................................................................. 13 - Les hypothèses des différentes disciplines sont-elles compatibles ? ............................................................................................................................................................. 14 - Aujourd’hui, à la lumière des résultats des différentes disciplines, que peut-on avancer concernant l’origine des Polynésiens ? ............................................................................................................................................................. 15 - Au final, les ancêtres des Polynésiens sont-ils originaires de Taiwan ? ............................................................................................................................................................. 22 REPÈRES CHRONOLOGIQUES ► 130 000 – 9 000 av. J.-C. - DERNIÈRE PÉRIODE G LACIAIRE – PLÉISTOCÈNE T ARDIF ▪ 60 000 - 40 000 av. J.-C. ▪ 33 000 av. J.-C. début du peuplement du supercontinent Sahul et de l’Océanie proche par les premiers hommes peuplement de l’archipel Bismarck (Nouvelle-Bretagne, Nouvelle-Irlande) ► 9 000 av. J.-C. – R É CH A UF F E M E NT C L IM AT IQ UE - H O L O C È NE ▪ 2 500 av. J.-C. ▪ 1 900 - 1 600 av. J.-C. ▪ 1 900 av. J.-C. ► 1 5 0 0 - 8 0 0 a v. J .- C . ▪ 1 500 - 1 300 av. J.-C. ▪ 1 150 av. J. -C. ▪ 1 100 - 800 av. J. -C. ► 600 - 1 250 ap. J.-C. Austronésiens à Taïwan début de la néolithisation de l’Asie du Sud-Est insulaire peuplement de la Micronésie occidentale Com pl ex e c u lt ur e l L ap it a émergence du complexe Lapita dans l’archipel Bismarck expansion en dehors de l'Océanie proche peuplement des îles Salomon de l'Est et Vanuatu peuplement de la Nouvelle Calédonie et îles Loyauté peuplement de Fidji, Wallis et Futuna fin de l’expansion vers l’Est avec le peuplement des îles Tonga et des îles Samoa Peuplement de la Polynésie centrale et orientale ▪ 600 ap. J.-C. peuplement des îles de la Société ▪ 800 ap. J.-C. peuplement des Marquises ▪ 800 - 900 ap. J.-C. peuplement des Gambier ▪ 1000 ap. J.-C. peuplement de Hawai’i ▪ 1000 ap. J.-C. peuplement de Rapa Nui ▪ 1 000 - 1 200 ap. J.-C. contact avec l’Amérique du Sud ▪ 1 200 - 1 300 ap. J.-C. peuplement de Rapa Iti ▪ 1 250 ap. J.-C. peuplement de la Nouvelle-Zélande, dernière étape des migrations polynésiennes 23 LANGUES AUSTRONÉSIENNES ► 24 SOURCES DE L'EXPOSITION ▪ Bellwood, P. First Farmers : The Origins of Agricultural Societies. 2005 ▪ Patrick V. Kirch. Peopling of the Pacific: A Holistic Anthropological Perspective ▪ Sand, Christophe ; Bedford, Stuart. Lapita ancêtres océaniens. Musée du Quai Branly, 2011 ▪ Blust, R. Austronesian culture history: The windows of language. In Prehistoric Settlement of the Pacific, 1996 ▪ Greenhill, S.J. ; Gray, RD. Testing population dispersal hypotheses: Pacific settlement, phylogenetic trees and Austronesian languages. In The Evolution of Cultural Diversity: A Phylogenetic Approach, 2005 ▪ Gray, R.D. ; Drummond, AJ ; Greenhill, JS. Language phylogenies reveal expansion pulses and pauses in Pacific settlement. 2009 ▪ Melton, T.; Clifford, S. ; Martinson, J.J. ; Batzer M,Stoneking, M. Genetic evidence for the ProtoAustronesian homeland in Asia : mtDNA and nuclearDNA variation in Taiwanese Aboriginal tribes. 1998 ▪ Addison, D. J. ; Matisoo-Smith, E. Rethinking Polynesians origins: a West-Polynesia Triple-I Model. Archaeology in Oceania. 2010 ▪ Matisoo-Smith, E. ; Robins, J. H. Origins and dispersals of Pacific peoples : Evidence from mtDNA phylogenies of the Pacific rat. 2004 ▪ Moodley ; et al. The Peopling of the Pacific from a Bacterial Perspective. Science ; Soares et al., Ancient Voyaging and Polynesian Origins. The American Journal of Human Genetics. 2011 ▪ Martinson, J.J. Molecular perspectives on the colonization of the Pacific. In Molecular Biology and Human Diversity, 1996 ▪ Kayser, M. ; Brauer, S. ; Cordaux, R. ; Casto, A. ; Lao, O. ; et al. Melanesian and Asian origins of Polynesians mtDNA and Y chromosome gradients across the Pacific. 2006 ▪ Hill, A.V.S. ; Bowden, D.K. ; Trent, R.J. ; Higgs, D.R. ; Oppenheimer, S.J. ; et al. Melanesians and Polynesians share a unique α-thalassemia mutation. 1985 ▪ Weisler MI. Hard evidence for prehistoric interaction in Polynesia. 1998 ▪ Chaigne, Christine ; Paix, Catherine ; Zheng, Chantal. Taïwan : enquête sur une identité. 2000 ▪ Imbault-Huart, Camille. L'Ile Formose : histoire et description. 1893 ▪ Hsiao-Feng, Lee. Histoire de Taïwan. 2004 ▪ Zheng, Chantal. Les austronésiens de Taïwan à travers les sources chinoises. 1995 ▪ Américan philosophical society. Prehistoric settlement of the Pacific. 1996 ▪ Tianlong, Jiao. The neolithic of southeast China: cultural transformation and regional interaction on the coast. 2007 ► LES AUTEURS ET SCIENTIFIQUES CONTRIBUTEURS DE L'EXPOSITION Yuh-Yao Wan, Ph.D, Head & Director Department of Arts Creative Industries National Dong Hwa University Taiwan Patrick Kirch, professor of Anthropology and integrative biology, university of Berkeley Lisa Matisoo-Smith, Professor of Biological Anthropology at the University of Otago David Addison Professor of Biological Anthropology Jean François Buteaud, consultant en botanique Eric Conte, Président de l’UPF, Ethno-archéologue Tara Hiquily Danee Hazama Christel Vieille 25 COMMISSARIAT DE L’EXPOSITION __________________________________________________________________ Tara Hiquily Danee Hazama DOSSIER PÉDAGOGIQUE _________________________________________________ Christel V ieille Médiateur culturel Tara Hiqu ily Musée de Tahiti et des Iles Te Fare Manaha Pointe des pêcheur, pk 15 BP 380384 Tamanu Tahiti – Polynésie française Tel. : 54 84 35 Ouvert du mardi au samedi de 9h30 à 17h30 26
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