1 bilan plan cancer: 2003-2006 - Santé
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1 bilan plan cancer: 2003-2006 - Santé
BilanPlanCancer-Introduction BILAN PLAN CANCER 1 27/04/06 10:12 Page 8 2003-2006 CE QUI A CHANGÉ BILAN PLAN CANCER: 2003-2006 1-1 Trois ans de mobilisation nationale, des résultats déjà tangibles 09 1-2 Historique: les grandes dates de la lutte contre le cancer depuis 1998 11 1-3 Rappel des principaux objectifs du Plan Cancer 15 1-4 Calendrier de mise en œuvre du Plan Cancer 18 1-5 Les chiffres du cancer 8 21 BilanPlanCancer-Introduction 27/04/06 10:12 Page 9 CE QUI A CHANGÉ 1-1 Trois ans de mobilisation nationale, des résultats déjà tangibles Souvenons-nous : avant les premiers états généraux de la Ligue, en 1998, le cancer était un mot tabou, une maladie que l’on ne nommait pas, une affaire qui ne concernait que les familles directement touchées. Et une prise de conscience collective s’est manifestée. D’abord venue des malades euxmêmes, elle a été relayée par les médecins, qui ont progressivement convaincu les responsables politiques des enjeux énormes liés à la lutte contre le cancer. Enjeu de santé publique bien sûr, mais aussi enjeux humains, sociétaux, scientifiques et médicaux. C es enjeux ont été rappelés par le Président de la République lorsqu’il a présenté le plan de mobilisation nationale contre le cancer le 24 mars 2003. Ce jour-là, une nouvelle page de la lutte contre le cancer a été ouverte : le cancer a été présenté à la nation tout entière comme une affaire qui nous concerne tous, et l’ensemble des acteurs professionnels et associatifs ont décidé d’unir leurs forces dans un programme volontariste d’actions contre la maladie. Depuis trois ans, que s’est-il passé ? Le Plan Cancer a-t-il déjà réellement contribué à améliorer le dispositif de lutte contre le cancer en France ? On ne peut répondre que modestement devant la souffrance des familles qui sont toujours touchées, en aussi grand nombre, par la maladie. Et pourtant, beaucoup de choses ont changé, en particulier pour réduire les risques de cancer, pour assurer une équité d’accès à des soins de qualité et aux innovations, et pour impulser une recherche plus dynamique. RÉDUIRE LES RISQUES DE CANCER Renforcer la prévention et réduire le risque de maladie était l’objectif prioritaire du plan, traduit ensuite dans la loi de santé publique de 2004. Dès 2003, l’action rapide et très volontariste des pouvoirs publics s’est concentrée sur le tabac, avec une série de mesures visant à réduire la consommation, notamment chez les jeunes. Le résultat, mesuré par l’INPES, est sans précédent dans le monde, avec une baisse durable d’environ 1,5 million de fumeurs. C’est près de 100 000 vies sauvées ! La prévention contre les risques liés au soleil, ainsi que ceux liés à une mauvaise hygiène de vie (nutrition, absence d’exercice physique) a également été renforcée, le risque de cancer étant pour la première fois directement cité auprès du public. ASSURER UNE ÉQUITÉ D’ACCÈS À DES SOINS DE QUALITÉ Si la qualité globale du système de santé français est reconnue, il restait néanmoins vrai que l’on n’était pas soigné de la même façon dans tous les hôpitaux ou cliniques. Tous les patients n’avaient pas accès aux traitements les plus innovants. Réduire cette inégalité constituait la seconde priorité du Plan Cancer, car chaque malade doit pouvoir bénéficier de toutes les chances de guérir, de façon équitable : c’est l’engagement républicain du Plan Cancer. Une première inégalité a complètement disparu: l’accès non systématique au programme de dépistage organisé du cancer du sein, pour les femmes de 50 à 74 ans. La généralisation de ce Une première inégalité a disparu : chaque femme de 50 à 74 ans a accès au dépistage organisé du cancer du sein 9 BilanPlanCancer-Introduction BILAN PLAN CANCER 27/04/06 10:12 2003-2006 dépistage qui doit permettre une réduction de la mortalité de 20 %, a été réalisée en 10 mois. A ce jour, toutes les femmes françaises y ont accès. La deuxième inégalité concernait l’accès aux médicaments innovants. Dès 2004, la modification du système de remboursement de ces médicaments les a rendus plus accessibles à tous, et aujourd’hui la France est l’un des pays les plus avancés dans le monde pour l’accès de tous aux nouveaux traitements. La troisième inégalité enfin était celle de la qualité des soins reçus par les patients. Bien entendu, il est impossible de garantir des soins strictement identiques partout, mais il est nécessaire d’assurer au patient, dont la confiance en son médecin est essentielle, que les soins qui lui sont donnés, où qu’il soit, sont conformes à un niveau de qualité défini et contrôlé. C’est l’objet de nombreuses mesures définies depuis 2003, et en cours de généralisation actuellement : dispositif d’annonce de la maladie, réseaux régionaux de cancérologie, dossier communicant de cancérologie, réunions de concertation pluridisciplinaires, et critères qualité d’autorisation en cancérologie. Les résultats de ces travaux intenses ne sont pas encore clairement perceptibles par les patients ; ils touchent les organisations et les professionnels, mais leur impact sur la qua- 10 Page 10 lité de vie, la guérison des patients, et sur l’humanisation des soins sera très important. Cette transformation du système de soins autour d’une pathologie, appuyée sur l’expérience réussie du sida en termes de mobilisation des malades et organisation globale de la maladie, est sans précédent. IMPULSER À LA RECHERCHE UNE NOUVELLE DYNAMIQUE Dans ses différentes dimensions, la recherche médicale sur le cancer constitue, de loin, le premier thème de recherche dans le domaine des sciences du vivant. Les enjeux attachés à la recherche en cancérologie sont immenses : les patients attendent parfois désespérément le traitement qui leur permettrait de vivre plus longtemps, et la science n’a sans doute jamais été aussi proche de découvrir de nouvelles générations de traitements du cancer, qui pourraient complètement bouleverser le pronostic encore trop souvent sombre de cette maladie. La recherche française doit être aux rendez-vous internationaux des découvertes permettant de guérir les cancers. Ici aussi, le bilan du Plan Cancer est significatif au bout de seulement trois ans : sept cancéropôles ont été constitués et permettent de coordonner des équipes jusque-là dispersées et de concentrer des moyens beaucoup plus importants dans un cadre mutualisé. Un effort particulier a été porté sur la recherche en sciences humaines et socia- les, pour accompagner le malade dans sa vie quotidienne. Aujourd’hui, plusieurs grands programmes de recherche sont lancés au travers de cette nouvelle organisation, et l’attractivité de la France devient d’autant plus visible. Bien entendu, beaucoup de chemin reste à parcourir pour atteindre l’ensemble des objectifs du Plan Cancer : en particulier, la prise en compte des difficultés sociales et familiales des patients et de leurs proches reste insuffisante ; la prévention des risques environnementaux et liés au travail doit être renforcée ; les difficultés de démographie médicale et soignante ne sont pas encore résolues ; enfin, l’image sociale du cancer, si elle a évolué, n’a pas encore perdu le caractère de fatalité attaché à une maladie que l’on guérit mieux et plus, mais qui reste une maladie terrible et douloureuse. Les résultats du Plan Cancer devront sur un plus long terme, pouvoir être mesurés en termes de diminution des taux d’incidence du cancer, d’amélioration de la survie et de la qualité de vie et, enfin, de perception qu’en auront en définitive les patients, leurs proches et la population tout entière. C’est la tâche particulière du nouvel Institut National du Cancer, dont la création effective en 2005 dote la France d’un outil de pilotage pour impulser sur le long terme la politique de lutte contre le cancer. BilanPlanCancer-Introduction 27/04/06 10:12 Page 11 1 1-2 CE QUI A CHANGÉ Historique: les grandes dates de la lutte contre le cancer depuis 1998 Depuis les premiers états généraux organisés pour les patients atteints de cancer en 1998, un chemin sans précédent en faveur de la lutte contre le cancer a été parcouru. DÉCEMBRE 1998 24 MARS 2003 La Ligue nationale contre le cancer organise les premiers états généraux de patients atteints de cancer. Présentation du Plan Cancer par le Président de la République à l’Élysée. 6 MAI 2003 ER 1 FÉVRIER 2000 Présentation par Dominique Gillot, Secrétaire d’état, d’un programme national, poursuivi en 2001 par Bernard Kouchner, Ministre chargé de la Santé. Conférence de presse du ministre de la Santé, de la Famille et des Personnes handicapées sur le thème du dépistage généralisé du cancer du sein, début de la campagne « Rendez-vous santé + ». 4 FÉVRIER 2000 7 MAI 2003 Signature par Jacques Chirac de la Charte de Paris contre le cancer, texte fondateur de la lutte contre le cancer au niveau international. Décret du Premier Ministre portant création de la Mission interministérielle pour la lutte contre le cancer. 14 JUILLET 2002 Discours du Président de la République faisant de la lutte contre le cancer une priorité nationale. ER 1 SEPTEMBRE 2002 Mise en place de la Commission d’orientation sur le cancer chargée de préciser les axes prioritaires du Plan Cancer 2003-2007. 31 JUILLET 2003 DU 12 JUIN 2003 AU 21 AVRIL 2004 Mise en place par le Préfet dans chaque région, en présence de Pascale Briand, d’un comité de coordination régional pour la mise en œuvre du Plan Cancer. 1ER JUILLET 2003 Forum organisé par la Ligue nationale contre le cancer sur le dispositif d’annonce. 16 JANVIER 2003 Remise du rapport de la Commission d’orientation aux ministres de la Santé et de la Recherche. tation, sur les résultats de l’appel d’offres « Émergence des cancéropôles ». Sept sites ont été retenus : I GRAND EST (Alsace, Bourgogne, Champagne-Ardenne, FrancheComté, Lorraine) I GRAND OUEST (Bretagne, Centre, Pays de la Loire, Poitou-Charentes) I GRAND SUD-OUEST (Aquitaine, LanguedocRoussillon, Limousin, MidiPyrénées) I ILE-DE-FRANCE I NORD-OUEST (BasseNormandie, Haute-Normandie, Nord - Pas-de-Calais, Picardie) I PACA (Provence-Alpes-Côte d’Azur) I RHÔNE-ALPES (Rhône-Alpes avec rattachement Auvergne) 8 JUILLET 2003 Point presse, en présence des membres du Comité permanent d’orien- Loi du 31 juillet 2003 visant à réduire la consommation de tabac chez les jeunes; interdiction de la vente de tabac aux moins de 16 ans. 21 OCTOBRE 2003 Colloque de l’Institut de veille sanitaire sur la « surveillance épidémiologique des cancers : état des lieux, enjeux et perspectives ». 8 DÉCEMBRE 2003 Signature, à Lyon, d’une convention entre le ministre chargé de la Santé et le Centre international de la recherche sur le cancer, prévoyant une sub- 11 BilanPlanCancer-Introduction BILAN PLAN CANCER 27/04/06 10:12 Page 12 2003-2006 vention d’un million d’euros pour financer des recherches sur les cancers liés au tabac. Plan Cancer 2003 – 2007 : un chantier présidentiel 1ER JANVIER 2004 Le dépistage organisé du cancer du sein est généralisé à tout le territoire. 2 FÉVRIER 2004 Bilan à 10 mois du Plan Cancer par Jacques Chirac à Marseille. Signature par le Président de la République, de la charte de Paris contre le cancer 13 FÉVRIER 2004 Signature du contrat-cadre sur la prévention des cancers en milieu professionnel entre le ministère de la Santé et le ministère du Travail. 14 FÉVRIER 2004 Prise en charge par l’assurance maladie du test de détection du papillomavirus pour le dépistage du cancer du col de l’utérus, après frottis suspect. Président réélu, Jacques Chirac confirme lors de la traditionnelle intervention télévisée du 14 juillet 2002 que la mobilisation contre le cancer sera l’un des trois chantiers « nationaux » du quinquennat. Il affirme sa détermination pour agir contre ce fléau qui constitue « un véritable drame national exigeant un effort considérable de recherche, de prévention et de dépistage », sans négliger « le traitement psychologique des malades », mais aussi de leur famille et de leurs proches, des soignants… Et d’insister: « Il faut donner une nouvelle impulsion à la France » car, dans notre pays, la mortalité par cancer chez les hommes est la plus élevée d’Europe. C’est la première cause de mortalité chez les hommes et la deuxième chez les femmes après les maladies cardiovasculaires. Les cancers du sein, de la prostate, du poumon et les cancers colorectaux sont responsables de près de la moitié des décès par cancer et représentent aussi près de la moitié des nouveaux cas détectés chaque année, alors qu’ils pourraient être évités ou dépistés précocement. 9 MARS 2004 Lancement par la Ligue et la DHOS de l’expérimentation du dispositif d’annonce du cancer en présence des coordonnateurs des 37 projets retenus, des ARH et des URCAM des régions concernées, des directeurs d’établissements ou de réseaux. 22 MARS 2004 Ouverture du numéro d’appel « Cancer info service » mis en place par la Ligue nationale contre le cancer. 29 MARS 2004 Circulaire DHOS relative à l’organisation des soins en cancérologie pédiatrique. 22 AVRIL 2004 A l’occasion de sa visite au service d’onco-pédiatrie de l’hôpital Trousseau à Paris, Philippe Douste-Blazy, ministre de la Santé et de la protection sociale, a présenté l’équipe char- 12 gée de préfigurer le GIP de l’Institut National du Cancer. jets 2004 cancéropôles, à l’occasion de la visite du Président de la République au Centre de protonthérapie d’Orsay. 17 MAI 2004 Colloque MILC : « La dynamique du Plan Cancer. Un an d’actions et de résultats », sous le haut patronage du Président de la République. 28 OCTOBRE 2004 États généraux des malades du cancer et de leurs proches organisés par la Ligue nationale contre le cancer au Parc floral de Paris. 7 JUILLET 2004 Constitution par arrêté du Groupement d’intérêt public de préfiguration de l’Institut National du Cancer. Ouverture au public du serveur vocal interactif (0 821 221 021) d’information sur les dispositions de la convention Belorgey qui facilite l’accès au crédit des personnes ayant des problèmes de santé. 4-5 MARS 2005 1re réunion du conseil scientifique de l’Institut National du Cancer. 11 AVRIL 2005 Bilan à 2 ans du Plan Cancer par la MILC à Nice et passage de relais à l’Institut National du Cancer. 24 MAI 2005 22 JUILLET 2004 Annonce des 32 projets de recherche retenus dans le cadre de l’appel à pro- Lancement officiel de l’Institut National du Cancer par les ministres chargés de la Santé et de la Recherche, en BilanPlanCancer-Introduction 27/04/06 10:12 Page 13 Historique: les grandes dates de la lutte contre le cancer depuis 1998 présence de David Khayat, président, et Christine Welty, directrice générale de l’Institut. 18 SEPTEMBRE 2005 e 1 CE QUI A CHANGÉ 9 NOVEMBRE 2005 2 conférence internationale sur le contrôle du tabac organisée par la Ligue nationale contre le cancer. L’Institut informe les Français sur l’intérêt du dépistage et lance une campagne nationale d’information. 28 SEPTEMBRE 2005 13 DÉCEMBRE 2005 Le Ministre de la Santé, Xavier Bertrand, confie à l’Institut le pilotage national, régional et départemental de l’ensemble du dépistage des cancers. Première réunion de travail de l’Alliance européenne contre le cancer, lancée à l’initiative du Ministre de la Santé en avril 2005 suite à la réunion des 25 ministres européens. L’Alliance européenne dont l’INCa assure le secrétariat vise à unir toutes les forces pour lutter contre la maladie. 22 JUIN 2005 Arrêté portant approbation de la convention constitutive du GIP « Institut National du Cancer » 23 JUIN 2005 Lancement d’une campagne nationale de sensibilisation contre les risques de mélanome liés à l’exposition solaire pendant l’enfance 28 AU 29 JUIN 2005 5 OCTOBRE 2005 3e rencontre parlementaire sur le cancer, présidée par Jean-Michel Dubernard et David Khayat. 29 AU 30 JANVIER 2006 2e réunion du conseil scientifique de l’Institut National du Cancer 10 OCTOBRE 2005 3e réunion du Conseil Scientifique de l’Institut National du Cancer. 16 SEPTEMBRE 2005 Journée scientifique sur le thème « Cancer et environnement ». 31 JANVIER 2006 L’Institut lance une campagne nationale d’information pour optimiser la participation des femmes au dépistage organisé du cancer du sein et lance une campagne nationale d’information. 17 OCTOBRE 2005 L’Institut et l’AFSSAPS diffusent le premier protocole temporaire de traitement concernant l’Herceptin®. Présentation des premiers résultats des travaux retenus et soutenus à la suite de l’appel d’offres « Cancéropôles en émergence 2004 » à l’occasion de l’International Congress on AntiCancer Treatment (Paris). 13 BilanPlanCancer-Introduction 27/04/06 10:12 Page 14 BilanPlanCancer-Introduction 27/04/06 BILAN PLAN CANCER 1-3 10:12 Page 15 2003-2006 1 CE QUI A CHANGÉ Rappel des principaux objectifs du Plan Cancer Tous les patients, les professionnels de santé et les chercheurs ont partagé le constat d’une insuffisance de notre système de santé en cancérologie. En France, les cancers représentent la première cause de mortalité chez les hommes et la deuxième chez les femmes, après les maladies cardiovasculaires. En dix ans, il aura tué plus que la première Guerre mondiale. P our que davantage de cancers puissent être évités et mieux soignés, le Président de la République, M. Jacques Chirac, a fait du cancer l’un des chantiers de son quinquennat. Le Plan Cancer a été annoncé le 24 mars 2003, mobilisant plus de 1,6 milliard d’euros sur cinq ans pour la prévention et le dépistage, la qualité des soins, la formation, l’accompagnement humain ainsi que la recherche. RATTRAPER NOTRE RETARD EN MATIÈRE DE PRÉVENTION ET DE DÉPISTAGE Le premier volet de ce plan consiste à renforcer les mesures de prévention: lutter contre le tabac et l’alcoolisme, informer des dangers du soleil pour la peau et veiller à une alimentation équilibrée. Cet effort s’inscrit dans une volonté d’accorder davantage d’importance à la prévention des risques en France. Cette démarche s’accompagne d’un intérêt accru pour le dépistage. Un diagnostic précoce permet d’augmenter les chances de guérison et de suivre des traitements moins pénibles. Le Plan Cancer vise donc à développer le dépistage des cancers pour lesquels cette démarche se traduit par une amélioration du pronostic, en incitant le plus grand nombre à ce type d’examen. OFFRIR À TOUS DES SOINS DE QUALITÉ Jacques Chirac a rappelé que « soigner le cancer, ce n’est pas seulement traiter l’organe touché, c’est prendre en charge une situation humaine, aider le malade et ses proches dans un combat qui peut durer plusieurs années ». Le Plan se fixe pour objectif de donner au patient toutes les chances de guérison en repensant l’organisation des soins. Pour rééquilibrer la relation entre le médecin et le malade, l’une des priorités concerne l’annonce du diagnostic, afin que les patients puissent bénéficier des meilleures conditions d’annonce de leur maladie. La formation psychologique des professionnels de santé doit être renforcée pour rendre cette annonce plus humaine. Par ailleurs, l’ensemble des professionnels de santé (médecins généralistes, radiologues, psycho-oncologues…) doivent être mieux formés et leurs effectifs renforcés. Le Plan s’attache à coordonner les soins autour du patient, entre la médecine de ville et la médecine hospitalière. Tous les nouveaux patients atteints de cancer doivent pouvoir bénéficier d’une concertation pluridisciplinaire et d’un programme personnalisé de soins. CE QUI A En quoi consiste le Plan Cancer ? CHANGÉ Annoncé le 24 mars 2003, le Plan de mobilisation nationale contre le cancer invite tous les acteurs – les patients, les professionnels de santé, les chercheurs – à unir leurs forces et à s’engager dans un combat, le même combat pour tous. Il définit la politique de santé publique du cancer pour les 5 ans à venir et se compose de 70 mesures essentielles, déclinées en 200 actions et réparties au sein de 6 chapitres opérationnels et prioritaires: prévenir, dépister, soigner, accompagner, enseigner, comprendre et découvrir. Doté d’un financement pluriannuel, le Plan Cancer représente une politique publique innovante. Il ne s’est pas traduit par un projet de loi supplémentaire, mais s’est appuyé sur des outils de gestion de projets et des outils de coordination contractuelle. 15 BilanPlanCancer-Introduction BILAN PLAN CANCER 27/04/06 10:12 2003-2006 Page 16 Rappel des principaux objectifs du Plan Cancer CE QUI A Le Plan Cancer, une politique CHANGÉ de santé publique innovante Un plan conçu en concertation avec les acteurs G Un plan structuré interministériel (santé, recherche, affaires sociales, environnement, travail, emploi…) G Un plan doté d’objectifs clairs et précis G Un plan décliné dans un programme opérationnel : 70 mesures, 200 actions concrètes G Un plan pluriannuel : planifié sur 5 ans G Un plan doté d’un financement pluriannuel G Un plan doté d’un système d’évaluation G Un plan doté d’une structure de coordination : l’Institut National du Cancer G Une politique de nature transversale qui mobilise tous les acteurs G Une politique du « comment » plutôt que du « combien » G Une politique qui ne s’est pas traduite par un projet de loi supplémentaire mais qui s’appuie sur des outils de gestion de projets et des outils de coordination contractuelle G Par ailleurs, le Plan prévoit une augmentation considérable et une rénovation du parc d’appareils de diagnostic et de suivi. Enfin, l’accompagnement du malade 16 et de ses proches pendant et après le traitement constitue un objectif fondamental. Le lien social et le droit des patients doivent être préservés, notamment grâce au développement des 1 CE QUI A CHANGÉ soins à domicile, des dispositifs pour le retour à l’emploi, à l’augmentation des structures de soutien psychologique ou à l’accès facilité aux prêts et aux assurances. PROMOUVOIR UNE RECHERCHE PORTEUSE D’ESPOIR La recherche représente un véritable espoir pour les malades. Cette nouvelle impulsion dans le domaine de la recherche contre le cancer est axée sur trois priorités: la recherche épidémiologique et en sciences sociales, la recherche biologique et la recherche clinique. Cette politique est orientée par des programmes, définis par des stratégies nationales de recherche et de financement d’appui. Les cancéropôles ont vocation à développer des structures de transfert, depuis la paillasse du chercheur jusqu’à l’innovation thérapeutique mise à disposition du malade. Cela se traduit, d’une part, par la collaboration entre les acteurs publics et privés et, d’autre part, par de nombreuses coopérations européennes et internationales. BilanPlanCancer-Introduction 27/04/06 10:12 Page 17 BilanPlanCancer-Introduction BILAN PLAN CANCER 1-4 27/04/06 10:12 Page 18 2003-2006 Calendrier de mise en œuvre du 2003 PRÉVENTION 2004 Amélioration du système épidémiologique national et Observatoire des cancers Mesures tabac Mesures d’éducation à la santé Campagnes annuelles de prévention tabac - alcool - soleil - nutrition Programmes de prévention des risques (environnement, travail, nutrition…) DÉPISTAGE Généralisation du dépistage organisé du cancer du sein ORGANISATION DES SOINS Égalité d’accès aux médicaments Réseau de cancérologie/3C/Programme Renforcement IRM, scanner, TEP, radiothérapie… Organisation de la cancérologie pédiatrique Expérimentation du ACCOMPAGNEMENT SOCIAL ET HUMAIN Cancer Info Service Mesures sociales et aides à l’emploi Développement des soins à domicile, RECHERCHE ET FORMATION Structuration des cancéropôles Évolution de la formation médicale et INSTITUT NATIONAL DU CANCER 18 Création du GIP de préfiguration de l’Institut National du Cancer d ue u BilanPlanCancer-Introduction 27/04/06 10:12 Page 19 1 CE QUI A CHANGÉ Plan Cancer 2005 2006 2007 Convention cadre OMS de lutte contre le tabac Dépistage organisé du cancer colorectal Recherches sur la possibilité d’étendre le dépistage à d’autres types de cancers innovants et coûteux, T2A Pôles régionaux personnalisé de soins Autorisation des établissements de santé dispositif d’annonce Généralisation du dispositif d’annonce 9 unités pilotes de coordination onco-gériatrique Premier protocole temporaire Radiothérapie Innovante de traitement (Herceptin®) Site Internet www.e-cancer.fr HAD et soins de support Nouveaux moyens octroyés à la recherche (appels d’offres, coordination des équipes…) soignante en cancérologie Création de l’Institut National du Cancer 19 BilanPlanCancer-Introduction 27/04/06 10:12 Page 20 BilanPlanCancer-Introduction 27/04/06 BILAN PLAN CANCER 1-5 10:12 Page 21 2003-2006 1 Les chiffres du cancer Responsable d’un tiers des décès masculins et d’un quart des décès féminins, le cancer reste un problème de santé publique majeur. Il est chaque année à l’origine de 44 000 décès prématurés. LA MORTALITÉ PAR CANCER EN FRANCE: TENDANCES ET ÉVOLUTIONS RÉCENTES LES DÉCÈS PAR CANCER EN 2002 Les cancers sont à l’origine de près de 154 000 décès en France en 2002. Ces décès concernent plus fréquemment les hommes (60 %) que les femmes. Ces décès constituent une part importante de la mortalité générale : 1/3 des décès masculins sont imputables aux cancers et près d’1/4 des décès féminins. Ils surviennent, pour les hommes, avant 65 ans dans 30 % des cas et pour les femmes dans 25 % des cas, ce qui représente près de 44 000 décès survenus prématurément à cause du cancer. Les cancers sont en particulier responsables d’une mortalité importante entre 45 et 64 ans, plus de la moitié des décès à ces âges étant dus à la pathologie cancéreuse. Les écarts entre les hommes et les femmes sont très importants, tant dans le type de localisation cancéreuse que dans les niveaux de mortalité constatés. Pour les hommes, 5 principales localisations cancéreuses représentent plus de la moitié des cancers : sur 100 décès CE QUI A CHANGÉ Méthodologie Les tableaux et cartes présentés dans ce rapport sont issus d’une analyse statistique et cartographique des fichiers du CépiDc de l’Inserm, enregistrant de façon exhaustive les décès survenus en France, indiquant pour chaque décès, le sexe, l’âge, le lieu de résidence au moment du décès et la cause de celui-ci. Les causes sont classées selon la Classification internationale des maladies 9e révision pour 1990 et 10e révision pour 2002. Ce changement de classification entre les deux dates peut être à l’origine d’une surestimation de l’augmentation de certaines localisations cancéreuses (ex: cancers du foie). Les données de 2002 sont actuellement les données les plus récentes pouvant être exploitées. Les effectifs de population permettant de calculer les taux de mortalité sont ceux issus du recensement de la population de 1990 et d’une estimation fournie par l’INSEE pour 2002. La population de référence retenue pour la standardisation des taux correspond à la distribution par âge de la population française en 1999. EFFECTIFS DE DÉCÈS PAR CANCER ET PART DES CANCERS DANS LA MORTALITÉ GÉNÉRALE EN FRANCE EN 1990 ET 2002 France métropolitaine moins de 15 ans 15 - 24 ans 25 - 44 ans 45 - 64 ans 65 - 84 ans plus de 85 ans Total Effectifs de décès Poids dans la mortalité par cancer générale (en %) 1990* 2002 1990* 2002 Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes 251 200 197 154 5,3 6,0 7,4 7,5 265 173 232 157 5,6 11,2 7,3 13,9 3 126 2 298 2 327 2 265 16,3 30,7 16,2 34,8 26 540 11 830 24 819 12 580 45,3 49,4 45,2 52,4 46 892 29 201 52 374 32 258 34,7 26,5 37,5 30,9 8 860 11 857 10 553 13 769 18,3 11,3 18,5 11,1 85 934 55 559 90 502 61 183 31,7 22,1 33,3 23,4 France entière (métropole + DOM) Effectifs de décès par cancer 2002 Hommes Femmes 201 161 238 162 2 387 2 328 25 261 12 813 53 072 32 671 10 706 13 935 91 865 62 070 *effectifs moyens annuels sur la période 1988-1992/Source : CépiDc INSERM/Traitement et infographie : INCa, Dpt Observatoire des cancers, 2006 21 BilanPlanCancer-Introduction 27/04/06 BILAN PLAN CANCER 10:12 Page 22 2003-2006 EFFECTIFS DES DÉCÈS SELON LE TYPE DE CANCER EN 1990 ET EN 2002 EN FRANCE MÉTROPOLITAINE Localisation des Cancers VADS 1990* 2002 Effectifs Pourcentages Effectifs Pourcentages Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes 7 701 828 9,0 1,5 5 193 910 5,7 1,5 Lèvre, cavité buccale, pharynx Larynx 4 851 2 849 659 169 5,6 3,3 1,2 0,3 3 745 1 448 783 127 4,1 1,6 1,3 0,2 4 256 3 955 8 029 653 2 773 7 604 5,0 4,6 9,3 1,2 5,0 13,7 3 421 3 131 8 547 738 1 973 7 550 3,8 3,5 9,4 1,2 3,2 12,3 5 767 2 262 5 775 1 829 6,7 2,6 10,4 3,3 6 205 2 342 5 774 1 776 6,9 2,6 9,4 2,9 Foie et voies biliaires intrahépatiques 4 184 Pancréas 3 162 Trachée, bronches et poumon 18 902 Mésothéliome de la plèvre 591 Tumeurs de la peau 686 1 315 2 720 2 891 253 663 4,9 3,7 22,0 0,7 0,8 2,4 4,9 5,2 0,5 1,2 5 164 3 802 20 827 643 1 016 1 753 3 603 4 906 230 897 5,7 4,2 23,0 0,7 1,1 2,9 5,9 8,0 0,4 1,5 488 198 478 186 0,6 0,2 0,9 0,3 722 294 656 241 0,8 0,3 1,1 0,4 126 10 172 3 182 0,1 18,3 5,7 185 11 133 2 845 0,2 18,2 4,6 Œsophage Estomac Colon, Rectum, Anus Colon Rectum, anus Mélanome malin de la peau Autres tumeurs de la peau Sein Utérus Col de l’utérus Corps de l’utérus Tumeur maligne de l’utérus, partie non précisée Ovaire Prostate Testicule Organes urinaires 9 080 135 5 002 1 754 3 116 132 Système nerveux central 1 376 Thyroïde 165 Tissus lymphatiques hématopoïétiques 5 281 1,4 0,8 3,4 690 531 1 624 1,1 0,9 2,7 3 126 5,6 3 296 5,4 2 189 10,6 0,2 5,8 1 059 1 066 64 2,0 3,6 0,2 1 071 345 4 812 1 723 201 877 2 480 783 905 793 5 493 7 821 85 942 Rein Vessie Autres Lymphomes malins non hodgkiniens Maladies de hodgkin Myélomes mult. et mal immunoprolif. Leucémies Leucémies lymphoïde Leucémies myéloïdes Autres leucémies Site indéfini ou non précisé Autres cancers Total des cancers 802 471 1 909 3,9 9 262 103 5 535 2 287 10,2 0,1 6,1 1,9 1,9 0,1 1 912 3 272 351 3,7 1 134 1 000 153 2,1 3,6 0,4 1,9 1,6 0,3 1,6 0,2 6,1 1,9 0,6 8,7 1 644 142 6 556 1 273 254 5 922 1,8 0,2 7,2 2,1 0,4 9,7 1 567 130 983 2 133 636 788 709 2,0 0,2 1,0 2,9 0,9 1,1 0,9 2,8 0,2 1,8 3,8 1,1 1,4 1,3 2 206 158 1 328 2 864 839 1 140 885 2 068 113 1 308 2 433 648 959 826 2,4 0,2 1,5 3,2 0,9 1,3 1,0 3,4 0,2 2,1 4,0 1,1 1,6 1,4 4 791 6 179 55 567 6,4 9,1 100,0 8,6 11,1 100,0 7 273 8 058 90 502 4 492 7 121 61 183 8,0 8,9 100,0 7,3 11,6 100,0 * effectifs moyens annuels sur la période 1988-1992/Source : CépiDc INSERM/Traitement et infographie : INCa, Dpt Observatoire des cancers, 2006 par cancer, 23 sont des cancers bronchopulmonaires, 10 des cancers de la prostate, 9 des cancers colorectaux, 7 des cancers des tissus lymphatiques hématopoïétiques et 6 des cancers des voies aérodigestives supérieures. Les cancers bronchopulmonaires sont ainsi à l’origine de près de 21 000 décès masculins en 2002, tandis que les cancers 22 de la prostate entraînent un peu plus de 9 000 décès. Pour les femmes, les principales localisations cancéreuses mortelles sont dans l’ordre : les cancers du sein (18 %), les cancers colorectaux (12 %), les cancers des tissus lymphatiques hématopoïétiques (10 %), les cancers bronchopulmonaires (8 %) et les cancers du pancréas (6 %). Ainsi surviennent plus de 11 000 décès par cancer du sein annuellement et 7 000 décès par cancer colorectal. A âge égal, le niveau de mortalité par cancer est beaucoup plus élevé pour les hommes que pour les femmes. Le taux de décès par cancer est 2,1 fois plus fort pour les hommes que pour les femmes BilanPlanCancer-Introduction 27/04/06 10:12 Page 23 Les chiffres du cancer 1 CE QUI A CHANGÉ MORTALITÉ PAR CANCER EN 2002 : EFFECTIFS, TAUX STANDARDISÉS* ET RATIO RÉGION/FRANCE Localisation VADS (voies aérodigestives sup.) Œsophage Estomac Colon, rectum, anus Foie et voies biliaires intrahépatiques Pancréas Trachée, bronches et poumon Mésothéliome de la plèvre Tumeurs de la peau Sein Utérus Col de l’utérus Corps de l’utérus Utérus non précisé Ovaire Prostate Testicule Rein Vessie Système nerveux central Thyroïde Tissus lymphatiques hématopoïétiques Site indéfini ou non précisé Tous cancers Taux standardisés 1988-1992 Taux standardisés 2002 (pour 100 000 habitants) (pour 100 000 habitants) Hommes Femmes Hommes Femmes 32,91 2,82 19,38 2,73 18,72 2,11 13,15 2,13 19,91 8,72 13,29 5,55 40,54 24,12 37,02 21,22 19,03 4,26 20,68 5,05 14,96 8,68 15,42 10,28 84,87 9,63 80,99 14,69 2,73 0,82 3,62 0,87 3,35 2,21 4,40 2,56 0,61 34,48 0,76 33,04 10,63 8,36 2,80 2,14 1,55 1,54 6,28 4,68 10,44 9,74 51,17 46,19 0,55 , 39 8,25 3,44 7,92 3,27 16,03 3,32 14,59 2,78 5,75 3,65 6,09 3,92 0,76 1,10 0,58 0,73 25,51 15,50 28,24 16,80 26,46 15,39 29,47 12,72 410,41 182,30 377,80 176,73 Taux de variation 1990-2002 en % Hommes Femmes - 41,1 - 3,1 - 29,7 0,8 - 33,2 - 36,4 - 8,7 - 12,0 8,7 18,5 3,1 18,4 -4,6 52,5 32,6 5,5 31,5 15,7 24,2 - 4,2 - 21,4 - 23,6 - 0,3 - 25,5 - 6,7 - 9,7 - 28,5 - 4,1 - 5,0 - 9,0 - 16,3 5,9 7,3 - 23,3 - 33,5 10,7 8,4 11,4 - 17,3 - 7,9 - 3,1 *taux standardisé : taux observé si la structure par âge de la région était la même que celle de la population moyenne estimée de la France métropolitaine en 2002. Source : CépiDc INSERM/Traitement et infographie : INCa, Dpt Observatoire des cancers, 2006 (respectivement 377,8 pour 100 000 et 176,7 pour 100 000). Cet écart entre les hommes et les femmes est particulièrement accentué pour les cancers des voies aérodigestives supérieures ou de l’œsophage (ratios hommes/femmes supérieurs à 6) ou les cancers de l’appareil respiratoire ou les cancers de la vessie (ratios de l’ordre de 5). Il est en revanche plus faible pour les cancers colorectaux, les cancers du pancréas ou les cancers du système nerveux central (ratios de l’ordre de 1,5). Les cancers caractérisés par des écarts élevés entre les hommes et les femmes sont des cancers pour lesquels les comportements alcoolo-tabagiques et les expositions professionnelles constituent d’importants facteurs de risque. UN NOMBRE DE DÉCÈS DE PLUS EN PLUS IMPORTANT MAIS UN NIVEAU DE MORTALITÉ EN BAISSE Entre 1990 et 2002 le nombre de décès par cancer a augmenté de 7,2 %, soit 10 000 décès supplémentaires en 12 ans. Le cancer prend ainsi une place croissante dans la mortalité générale : la part des décès dus aux cancers passe de 31,7 % à 33,3 % pour les hommes et de 22,1 % à 23,4 % pour les femmes entre 1990 et 2002. Ce phénomène est particulièrement marqué pour les classes d’âge les plus jeunes, avant 65 ans. Ces accroissements traduisent avant tout l’augmentation continue de la population française et l’allongement de la durée de la vie, entraînant « méca- niquement » une augmentation du nombre de décès par cancer. D’une part, les décès sont plus tardifs au-delà de 65 ans, notamment pour les hommes. On passe de 35 % des décès masculins par cancer survenant avant l’âge de 65 ans en 1990 à 30 % en 2002 et de 26 % des décès féminins en 1990 à 25 % en 2002. D’autre part, à âge égal, le risque de décéder d’un cancer est en constante diminution entre 1990 et 2002. Le taux de mortalité standardisé sur l’âge de la population diminue de près de 8 % pour les hommes et de 3 % pour les femmes. Ces chiffres soulignent à la fois des 23 BilanPlanCancer-Introduction BILAN PLAN CANCER 27/04/06 10:12 Page 24 2003-2006 RATIOS STANDARDISÉS DE MORTALITÉ PAR CANCER SELON LE SEXE ET LA CLASSE D’ÂGE À L’ÉCHELLE RÉGIONALE SUR LA PÉRIODE 1988-1992 Hommes Ratios Ratios France entière = 1 (Taux moyen = 414,3 pour 100 000) France entière = 1 (Taux moyen = 182 pour 100 000) 1,21 1,12 1,10 1,10 1,05 1,05 1,00 1,00 0,95 0,95 0,90 0,90 0,88 0,87 Femmes Discrétisation : classes rondes Discrétisation : classes rondes Hommes Moins de 65 ans Ratios Ratios France entière = 1 France entière = 1 (Taux moyen = 133,7 pour 100 000) (Taux moyen = 61,2 pour 100 000) 1,43 1,17 1,10 1,10 1,05 1,05 1,00 1,00 0,95 0,95 0,90 0,90 0,87 0,87 Discrétisation : classes rondes Femmes Discrétisation : classes rondes Hommes Ratios Plus de 65 ans Ratios France entière = 1 France entière = 1 (Taux moyen = 1817,1 pour 100 000) (Taux moyen = 786,3 pour 100 000) 1,13 1,11 1,10 1,10 1,05 1,05 1,00 1,00 0,95 0,95 0,90 0,90 0,84 0,87 Discrétisation : classes rondes Source : CépiDc INSERM / INSEE Traitement et infographie : INCa, Dpt Obsevatoire des cancers, 2006 24 Toutes tranches d’âge confondues Discrétisation : classes rondes Femmes BilanPlanCancer-Introduction 27/04/06 10:12 Page 25 Les chiffres du cancer 1 CE QUI A CHANGÉ RATIOS STANDARDISÉS DE MORTALITÉ PAR CANCER SELON LE SEXE ET LA CLASSE D’ÂGE À L’ÉCHELLE RÉGIONALE SUR LA PÉRIODE 1997-2001 Toutes tranches d’âge confondues Hommes Ratios Femmes Ratios France entière = 1 (Taux moyen = 368,49 pour 100 000) France entière = 1 (Taux moyen = 170,53 pour 100 000) 1,10 - 1,24 1,10 - 1,13 1,05 - 1,10 1,05 - 1,10 1,00 - 1,05 1,00 - 1,05 0,95 - 1,00 0,95 - 1,00 0,90 - 0,95 0,93 - 0,95 0,86 - 0,90 Hommes Ratios Moins de 65 ans Femmes Ratios France entière = 1 (Taux moyen = 116,26 pour 100 000) France entière = 1 (Taux moyen = 59,53 pour 100 000) 1,10 - 1,43 1,10 - 1,17 1,05 - 1,10 1,05 - 1,10 1,00 - 1,05 1,00 - 1,05 0,95 - 1,00 0,95 - 1,00 0,90 - 0,95 0,91 - 0,95 0,80 - 0,90 Hommes Ratios France entière = 1 (Taux moyen = 1505,95 pour 100 000) 1,10 - 1,20 1,05 - 1,10 1,00 - 1,05 0,95 - 1,00 0,90 - 0,95 0,88 - 0,90 Plus de 65 ans Femmes Ratios France entière = 1 (Taux moyen = 661,12 pour 100 000) 1,10 - 1,13 1,05 - 1,10 1,00 - 1,05 0,95 - 1,00 0,93 - 0,95 Source : CépiDc INSERM / INSEE Traitement et infographie : INCa, Dpt Obsevatoire des cancers, 2006 25 BilanPlanCancer-Introduction BILAN PLAN CANCER 27/04/06 10:12 Page 26 2003-2006 améliorations dans la prévention des cancers et une meilleure prise en charge de ceux-ci permettant un allongement de la durée de vie des personnes atteintes. Ces améliorations sont accompagnées d’une redistribution des localisations cancéreuses. Le poumon, la prostate et les cancers colorectaux restent aux deux dates les 3 principales localisations pour les hommes. En revanche les cancers des voies aérodigestives et plus largement des cancers de l’appareil digestif diminuent nettement, tandis que les cancers des tissus lymphatiques et hématopoïétiques, les tumeurs de la peau, du système nerveux central, du foie ou du pancréas augmentent entre 1990 et 2002. Il reste difficile pour le moment de faire la part entre l’augmentation réelle de l’incidence ou l’amélioration des qualités diagnostiques dans la progression de ces cancers. Pour les femmes, Les chiffres du cancer la baisse plus faible du niveau de mortalité par cancer est en partie due à une très forte augmentation de la mortalité par cancer bronchopulmonaires qui progresse de 50 % en 12 ans. On peut lire dans ces chiffres la progression importante du tabagisme féminin à partir des années 1970. En revanche on note, comme pour les hommes, une nette régression de la mortalité par cancer de l’estomac, pouvant être mise en lien avec des changements dans les modes de conservation des aliments mais aussi dans les traitements médicaux des ulcères gastriques. On note également une diminution importante de la mortalité par cancer du col de l’utérus, de la vessie ou de la thyroïde. DES ÉCARTS RÉGIONAUX IMPORTANTS ET PERSISTANTS D’importants écarts de mortalité par cancer sont à noter entre les régions RÉPARTITION DES SÉJOURS CANCERS EN FONCTION DE LA LOCALISATION ANATOMIQUE DES TUMEURS - TOTAL FRANCE + DOM Localisation anatomique des tumeurs Nombre de séjours(1) Appareil digestif 241 300 Hématologie 128 327 Appareil respiratoire et autres thorax 119 668 Sein 100 618 Voies urinaires 77 416 Organes génitaux masculins 76 235 Voies aérodigestives supérieures 63 990 Organes génitaux féminins 47 470 Système nerveux central 30 183 Os 24 388 Peau 22 769 Thyroïde et autres glandes endocrines 17 977 Tissus mous 8 283 Œil 1 540 Sièges mal définis et autres localisations (2) 103 483 Total toutes localisations 1 063 647 % 22,69 12,06 11,25 9,46 7,28 7,17 6,02 4,46 2,84 2,29 2,14 1,69 0,78 0,14 9,73 100 Source : Algorithme cancer INCa (3) sur les bases PMSI MCO nationales 2004 (1) Séjours de plus de 48 heures (hors CM24 et CMD90). (2) Les tumeurs secondaires sont reventilées dans l’organe correspondant. (3) Algorithme réalisé dans le cadre d’un groupe d’experts PMSI conduit par le Département des Soins de l’INCa. Le groupe est représentatif des différents types d’établissement (CH, CHU, CLCC et Cliniques privées). L’Algorithme est en cours de validation et sa diffusion est prévue en 2006. 26 1 CE QUI A CHANGÉ françaises. Les taux varient à l’échelle régionale dans un rapport de 1 à 1,4 pour les hommes et de 1 à 1,3 pour les femmes. Ces écarts sont dans l’ensemble plus élevés pour les hommes que pour les femmes, quelles que soient les tranches d’âge. Ceux-ci sont particulièrement accentués pour la mortalité masculine prématurée (avant 65 ans) avec des écarts dans un rapport de 1 à 1,7 entre les régions de plus forte mortalité et les régions de plus faible mortalité. Ces écarts de mortalité ne se distribuent pas aléatoirement et permettent de mettre en évidence une opposition ancienne entre un croissant Nord de surmortalité (de la Bretagne à l’Alsace) et des régions méridionales en situation de sous-mortalité (de l’Aquitaine à la Provence-Alpes-Côte d’Azur). Ces oppositions caractérisent la mortalité à tous les âges et pour les deux sexes, même si la situation est plus favorable pour les femmes en Bretagne au regard de la situation masculine. Ces écarts se sont maintenus depuis 1990 et peu de changements sont intervenus dans la distribution des taux entre 1990 et 2002. On note cependant que la surmortalité se prolonge aujourd’hui selon une diagonale centrale allant de la Champagne-Ardenne à l’Auvergne, correspondant à une diagonale de souspeuplement, en proie à des difficultés sociales et économiques croissantes. Cette surmortalité ne concerne pas le seul cancer mais la plupart des autres causes de décès. A l’inverse, l’Alsace enregistre une amélioration relativement nette de sa situation, en particulier pour la mortalité prématurée. BilanPlanCancer-Introduction 27/04/06 10:12 Page 27