Mesure et gestion des risques d`assurance
Transcription
Mesure et gestion des risques d`assurance
Mesure et gestion des risques d’assurance d’ Analyse critique des futurs référentiels prudentiel et d’information d information financière Congrès annuel de l’Institut des Actuaires 26 juin 2008 Pierre THEROND [email protected] th d@ i t i f http://www.pierretherond.fr C t t Contexte L’environnement de l’assurance en Europe p se transforme radicalement. Les nouveaux standards prudentiels et d d’information information financière ont pour objectif de conduire les assureurs à mieux identifier, analyser et gérer les risques auxquels ils sont soumis. Le travail effectué a pour objectif d’analyser ces changements, d’identifier leurs limites et d’anticiper leurs conséquences sur la gestion effective d’une société d’assurance. 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 2 O Organisation i ti de d la l thèse thè Partie 1 : Nouvelles approches pp comptable, p prudentielle p et financière des risques en assurance Chapitre 1 : Traitement spécifique du risque : aspects théoriques Chapitre 2 : Traitement spécifique du risque : aspects pratiques Chapitre 3 : Incidence sur la gestion technique d’un assureur Partie 2 : Modélisations avancées en assurance Chapitre 4 : Limites opérationnelles : la prise en compte des extrêmes Chapitre 5 : Prise en compte de la dépendance Chapitre 6 : Techniques de simulation 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 3 S Sommaire i 1. Nouveaux référentiels prudentiel et d’information d information financière 2. Incidence sur la gestion technique 3. Limites conceptuelles 4. Limites opérationnelles du modèle interne 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 4 1 Nouveaux 1. N référentiels éfé ti l 1. Présentation MCEV Valorisation économique (transactions) Information financière Valeur de la compagnie Information Rentabilité des affaires fournie en portefeuille (et des affaires nouvelles) Objectifs Niveau d'application Valorisation des engagements d'assurance Valorisation des risques Actualisation 26 juin 2008 Social puis consolidé Solvabilité 2 IFRS phase 2 Contrôle prudentiel Information financière Provisions techniques Exigence de fonds propres Provisions techniques, techniques Capitaux propres (variation des éléments d'actifs et de passifs) Social puis consolidé Consolidé Current Exit Value : montant qui serait exigé Espérance complétée de en contrepartie du la valeur de l'ensemble Espérance + marge pour transfert de des options et des risque l'engagement sur un marché (espérance + garanties financières marge pour risque + marge pour service) marge pour risque explicite (CoC ou VaR) au marge pour risque, au Risques valorisés à niveau du portefeuille niveau du portefeuille, travers les cash-flows + qui correspond à une futurs et les options & capital de solvabilité prime de risque garanties (SCR) qui doit contrôler normalement disponible le risque global de la sur les marchés compagnie Taux sans risque Taux sans risque Congrès de l’Institut des Actuaires Taux sans risque Page 5 1 Nouveaux 1. N référentiels éfé ti l 2. Traitement du risque q Traitement différencié par nature du risque : Risques financiers : valeur de marché ou du portefeuille de couverture. Risques non-financiers : Best Estimate + marge pour risque explicite. li it Divergences ? Notion de marge pour risque Hypothèses entity entity-specific specific Primes futures 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 6 S Sommaire i 1. Nouveaux référentiels prudentiel et d’information d information financière 2. Incidence sur la gestion technique 3. Limites conceptuelles 4. Limites opérationnelles du modèle interne 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 7 2 IIncidence 2. id sur la l gestion ti technique t h i 1. Modélisation de la société d’assurance Assureur non-vie à 2 branches (sinistralité log-normale et dépendance modélisée par une copule de Franck) Portefeuille financier à composer parmi un actif sans risque et un actif dont le cours suit le modèle de Merton (1976) : L0 le niveau des provisions pour sinistres en 0 ; E0 le niveau des fonds propres en 0. 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 8 2 IIncidence 2. id sur la l gestion ti technique t h i 2. Critère d’allocation optimale p d’actif Provision « économique » : Fonds propres « économiques » : Maximisation du rendement des fonds propres investis : Sous ll’hypothèse hypothèse d d’indépendance indépendance entre rendements financiers et sinistralité : 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 9 2 IIncidence 2. id sur la l gestion ti technique t h i 3. Cadre p prudentiel Solvabilité 1 L’exigence minimale de fonds propres (EMS) est indépendante de la composition du portefeuille d’actifs. Le critère devient : Existence d d’une une unique solution non-triviale non triviale si et seulement si : 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 10 2 IIncidence 2. id sur la l gestion ti technique t h i 3. Cadre p prudentiel Solvabilité 1 Probabilité de ruine en fonction de ω Provision « économique » en fonction de ω 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 11 2 IIncidence 2. id sur la l gestion ti technique t h i 4. Cadre p prudentiel Solvabilité 2 L’exigence minimale de fonds propres (SCR) dépend de la composition du portefeuille d’actifs : ⎡ S1 + S2 ⎤ ⎪⎧ ⎪⎫ inf ⎨ E0 ≥ 0 Pr ⎢ ω1 A1 + (1 − ω1 ) A2 ≤ ⎥ ≤ 0, 5% ⎬ E0 + L0 ⎦ ⎪⎩ ⎪⎭ ⎣ 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 12 2 IIncidence 2. id sur la l gestion ti technique t h i 4. Cadre p prudentiel Solvabilité 2 L’allocation optimale maximise : 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 13 S Sommaire i 1. Nouveaux référentiels prudentiel et d’information d information financière 2. Incidence sur la gestion technique 3. Limites conceptuelles 4. Limites opérationnelles du modèle interne 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 14 3 Li 3. Limites it conceptuelles t ll Les p principales p limites conceptuelles p des nouveaux référentiels prudentiels et d’informations financières proviennent de l’utilisation des méthodes de valorisation issues de la finance de marché aux contrats d’assurance : d’ absence de prix observables ; comportement des assurés (rachat, primes futures, conversion en rente, etc.) ; comportement t t de d l’assureur l’ (dé i i (décisions d gestion) de ti ) ; valorisation vs gestion du risque. 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 15 3 Li 3. Limites it conceptuelles t ll 1. Futures décisions de gestion g La valorisation de contrats à long terme nécessite de modéliser les futures décisions de gestion de l’assureur. Notamment : gestion des actifs financiers (allocations stratégiques, réalisations des plus-ou-moins values latentes), gestion de la PB (dotation et incorporation). En pratique, deux sociétés identiques mais qui anticipent une gestion différente vont donner deux valeurs différentes à leurs engagements. 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 16 3 Li 3. Limites it conceptuelles t ll 1. Futures décisions de gestion g Exemple : gestion d’actifs d’un contrat d’épargne en euros Distribution empirique de la revalorisation l'épargne au terme 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 17 3 Li 3. Limites it conceptuelles t ll 2. Valorisation vs gestion g Exemple : contrat d’épargne en euros Densité empirique de la valeur actuelle des prestations futures Sans couverture 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Avec couverture Page 18 S Sommaire i 1. Nouveaux référentiels prudentiel et d’information d information financière 2. Incidence sur la gestion technique 3. Limites conceptuelles 4. Limites opérationnelles du modèle interne 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 19 4 Li 4. Limites it opérationnelles é ti ll du d modèle dèl interne i t La calcul du capital p de solvabilité ((SCR)) n’est p pas simple p : l’assureur n’observe pas directement la variable d’intérêt (le résultat), le quantile à estimer est d’un ordre très élevé (99,5 %). En pratique, le SCR pourra être déterminé à partir : d d’une une formule standard (cf. (cf QIS 3), 3) ou d’un modèle interne. 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 20 4 Li 4. Limites it opérationnelles é ti ll du d modèle dèl interne i t La modélisation directe du résultat de la compagnie p g n’est p pas p possible: nombre de données disponibles restreint, absence d’observations dans la queue de distribution, observations pas nécessairement homogènes. Il ss’avère avère donc nécessaire de bâtir un modèle interne sur : la modélisation des variables de base qui induisent un risque sur la solvabilité de l’assureur : sinistralité,, rendement financier,, etc. la modélisation de leurs interactions ; les techniques de Monte Carlo qui permette de simuler des réalisations. 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 21 4 Li 4. Limites it opérationnelles é ti ll du d modèle dèl interne i t 1. Typologie yp g des risques q opérationnels p La mise en place d’un modèle interne expose l’assureur aux risques : de modèle des variables de base et de leurs interactions. Les modèles usuels (d’actif comme de passif) tendent à sous-estimer les queues de distribution ; d’estimation d’ ti ti des d paramètres èt d variables des i bl de d base b ; de simulation. Par ailleurs, que l’on travaille sur des données réellement observées ou simulées, l’estimation d’un quantile extrême fait apparaître un nouveau risque d’estimation. 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 22 4 Li 4. Limites it opérationnelles é ti ll du d modèle dèl interne i t 1. Typologie yp g des risques q opérationnels p 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 23 4 Li 4. Limites it opérationnelles é ti ll du d modèle dèl interne i t 2. Estimation d’un q quantile élevé Plusieurs approches sont envisageables : estimation empirique naturelle : Xk,n estimateur naturel du quantile d’ordre 1 – (k – 1) / n ; méthodes bootstrap p ((classique, q ,p percentile,, BCa,, etc.)) ; théorie des valeurs extrêmes. La dernière approche donne les meilleurs résultats. 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 24 4 Li 4. Limites it opérationnelles é ti ll du d modèle dèl interne i t 2. Estimation d’un q quantile élevé La théorie des valeurs extrêmes propose principalement deux approches : méthodes semi-paramétrique : estimateurs de Pickands (1975) et de Hill (1975) (théorème taubérien) ajustement Pareto Généralisé (théorème de Pickands-Balkemade Haari). 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 25 4 Li 4. Limites it opérationnelles é ti ll du d modèle dèl interne i t 2. Estimation d’un q quantile élevé 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 26 4 Li 4. Limites it opérationnelles é ti ll du d modèle dèl interne i t 3. Robustesse du SCR Considérons un modèle interne simplifié (inspiré de Deelstra et Janssen (1998)) dans lequel : les prestations sont distribués selon une loi log-normale et sont payées en fin d’année ; le rendement financier des actifs est gaussien. prestations et rendement financier sont supposés indépendants. Notons a0 le montant de l’actif l actif initial dont doit disposer l’assureur l assureur pour être solvable en fin d’année avec une probabilité de 1 – α. 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 27 4 Li 4. Limites it opérationnelles é ti ll du d modèle dèl interne i t 3. Robustesse du SCR On peut déterminer la sensibilité du SCR aux paramètres des modèles d base de b : Une erreur de 1% sur s conduit à une erreur de sur a0. Avec une VaR à 99,5 %, lorsque l’erreur sur le paramètre est amplifié d’un facteur 1,82. 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 28 4 Li 4. Limites it opérationnelles é ti ll du d modèle dèl interne i t 3. Robustesse du SCR Le recours aux techniques de simulation peut engendrer des erreurs du fait (cf. Planchet et T. (2005c)) : des fluctuations d’échantillonnage liées au nombre limité de tirages ; d’éventuels d’é t l biais bi i de d discrétisation di éti ti ; des approximations utilisées pour inverser les fonctions de répartition ; d’éventuels biais induits par un choix mal approprié du générateur de nombres aléatoires (qualité intrinsèque, dépendance terme à terme, etc.) 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 29 4 Li 4. Limites it opérationnelles é ti ll du d modèle dèl interne i t 3. Robustesse du SCR ⇒ L’adéquation L’ dé i d des modèles dèl d base de b aux observations b i d i être doit ê testée sur les queues de distribution 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 30 4 Li 4. Limites it opérationnelles é ti ll du d modèle dèl interne i t 3. Robustesse du SCR Ajustement normal du rendement journalier du titre TOTAL Les tests (Jarque-Béra (Jarque Béra, Lilliefors) ne rejettent pas l’ajustement global. Le modèle gaussien sousestime de 7,5 % le quantile d’ordre 0,5 %. 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 31 4 Li 4. Limites it opérationnelles é ti ll du d modèle dèl interne i t 3. Robustesse du SCR Le modèle de base doit mieux représenter les queues de distribution : approche non-paramétrique difficilement intelligible ; nécessité de trouver un modèle paramétrique qui, sur la base du même matériel statistique, q , représente p mieux les observations. Dans notre exemple, une version mono-périodique du modèle de Merton (1976) remplit cet objectif. 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 32 4 Li 4. Limites it opérationnelles é ti ll du d modèle dèl interne i t 3. Robustesse du SCR 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 33 4 Li 4. Limites it opérationnelles é ti ll du d modèle dèl interne i t Conclusion Le critère retenu (VaR à 99,5 % à horizon 1 an) est peu robuste. Nombreux risques inhérents à la construction et ll’utilisation utilisation d d’un un modèle interne. Nécessité de mettre en p place un p processus de validation des modèles internes rigoureux qui, pour autant, ne décourage pas les assureurs. 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 34 C Conclusion l i générale é é l Perspectives p de recherche : Queues de distributions de variables de base ; Dépendance des phénomènes extrêmes ; Comportement des assurés ; Futures F t dé i i décisions d gestion de ti ; Quantification des risques opérationnels. 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 35 P bli ti Publications lié liées à lla thèse thè Planchet F., Thérond P.E. (2005c) « Simulation de trajectoires de processus continus », Belgian Actuarial Bulletin 5, 1-13. Planchet F., Thérond P.E. (2006) Pilotage technique d’un régime de rentes viagères, g Paris : Economica. Planchet F., Thérond P.E. (2007b) « Allocation d’actifs selon le critère de maximisation des fonds propres économiques en assurance non-vie : présentation et mise en oeuvre dans la réglementation p g française ç et dans un référentiel de type Solvabilité 2 », Bulletin Français d’Actuariat 7 (13), 10-38. Planchet F., F Thérond P.E., P E Jacquemin J. J (2005) Modèles financiers en assurance. Analyses de risque dynamiques, Paris : Economica. Thérond P.E., Planchet F. (2007) « Provisions techniques et capital de solvabilité d d'une une compagnie d d'assurance assurance : méthodologie d d'utilisation utilisation de Value-at-Risk », Assurances et gestion des risques 74 (4), 533-63. 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 36 Bibli Bibliographie hi principale i i l Black F., Scholes M. (1973) « The pricing of options and corporate liabilities », Journal of Political Economy 81 (3), 637-54. Deelstra G., Janssen J. (1998) « Interaction between asset liability management and risk theory », Applied Stochastic Models and Data Analysis 14, 295-307. Embrechts P., Klüppelberg C., Mikosch T. (1997) Modelling Extremal Events for Insurance and Finance, Finance Springer Verlag, Verlag Berlin. Berlin Frantz C., Chenut X., Walhin J.F. (2003) « Pricing and capital allocation for unit-linked life insurance contracts with minimum death guarantee », Proceedings of the 13th AFIR Colloquium, Maastricht. Merton R.C. ((1976)) « Option p pricing p g when underlying y g stock returns are discontinuous », Journal of Financial Economics 3, 125-44. 26 juin 2008 Congrès de l’Institut des Actuaires Page 37