librairie Ombres Blanches
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ombres blanches Photographie : Minkkinen (se reporter p. 18). 107 programme sept./oct. 2014 www.ombres-blanches.fr librairie en ligne à toulouse – librairie en ville chrétiens des origines l e s r e n c o n t r e s d’ombres blanches p. 32-33 mercredi 10 septembre/18 h Frédérique Martin Sauf quand on les aime p. 4-5 jeudi 11 septembre/18 h Biz’art pop : Dominique Roux La photographie est un jeu d’enfant p. 18 vendredi 12 septembre/18 h Armand Gatti, J.-J. Hocquard Armand Gatti p. 31 samedi 13 septembre/16 h Antigone Trogadis Grecques p. 28-29 samedi 13 septembre/18 h Claude Spielmann Vos yeux d’absence p. 26-27 lundi 15 septembre/17 h 30 Yves le Pestipon Classiques au détail p. 32-33 lundi 15 septembre/18 h H. Kodmani La Syrie promise p. 29 mardi 16 septembre/18 h Lydie Salvayre Pas pleurer p. 4 mercredi 17 septembre/18 h Médiathèque Cabanis Robert Goolrick La chute des princes p. 15 mercredi 17 septembre/18 h Bertrand Tavernier, L’Ouest, le vrai p. 22 jeudi 18 septembre/18 h Hommage à Felix Guattari Stéphane Nadaud p. 26-27 jeudi 18 septembre/18 h Yanick Lahens Bain de lune p. 5 p. 34-35 p. 23 vendredi 3 octobre/17 h 30 Médiathèque Cabanis Frédéric Beigbeder Oona & Salinger p. 8 vendredi 3 octobre/18 h 30 Olivier Truc Le détroit du loup p. 12 samedi 4 octobre/16 h 30 Au Théâtre Garonne Robert Darnton, De la censure, L’affaire des Quatorze p. 21 lundi 22 septembre/18 h Valérie Igounet Le Front National p. 27 mardi 23 septembre/18 h I. Desesquelles, Les hommes meurent, les femmes vieillissent p. 8-9 mercredi 24 septembre/18 h Emmanuel Carrère Le Royaume p. 3 jeudi 25 septembre/18 h Leonardo Padura Hérétiques p. 16 vendredi 26 septembre/18 h Au Théâtre Garonne Élisabeth Roudinesco Sigmun Freud p. 20 vendredi 26 septembre/18 h John King, White Trash p. 14 lundi 6 octobre/18 h Jean-Benoît Meybeck album Centre de Rétention administrative p. 30 mardi 7 octobre/17 h 30 Polars du Sud Deon Meyer p. 11 mercredi 8 octobre/16 h Suzanne Varga, 12 banquets qui ont changé l’Histoire p. 24-25 mercredi 8 octobre/18 h Adam Zamoyski 1812 : Napoléon en Russie p. 24 jeudi 9 octobre/18 h Éric Maravélias La faux soyeuse p. 10 samedi 27 septembre/14 h Atelier Créatif avec N. Lacombe Séance de dédicaces p. 34-35 samedi 27 septembre/17 h 30 Kristina Tóth, Code-barres p. 17 vendredi 10 octobre/17 h Éric Reinhardt L’amour et les fôrets p. 9 vendredi 10 octobre/19 h M. Traversier, Lina Prosa Lecture Lampedusa Beach p. 30-31 samedi 11 octobre/17 h Luba Jurgenson Au lieu du péril p. 28 Les rencontres se tiennent dans la salle des débats de la librairie à l’exception de : à l’extérieur Le Royaume EMMANUEL CARRÈRE p. 7 vendredi 19 septembre/18 h Éric Vuillard Tristesse de la Terre p. 6 samedi 20 septembre/14 h Atelier créatif avec Magali Bardos p. 34-35 samedi 20 septembre/16 h 30 Festival Manifesto, F. Huguier Au doigt et à l’œil p. 19 samedi 20 septembre/19 h Lecture de Nathalie Vinot L’extricable, Raymond Borde mardi 30 septembre/18 h Aro Sáinz De La Maza Le bourreau de Gaudí p. 13 mercredi 1er octobre/18 h Georges Vigarello Le sentiment de soi p. 25 jeudi 2 octobre/18 h Jean-Marie Blas de Roblès L’île du point Némo rayon jeunesse café littéraire mercredi 24 septembre à 18 h Rencontre avec Emmanuel Carrère autour de la parution de son roman Le Royaume (éditions P.O.L). EMMANUEL CARRÈRE est diplômé de l’Institut d’Études Politique de Paris et auteur de nombreux romans, récemment Limonov (2011). Il débute comme critique pour Positif et Télérama avant d’écrire son premier roman L’Amie du Jaguar en 1983. Depuis son deuxième roman, Bravoure (1984), fidèle à son éditeur P.O.L, Emmanuel Carrère enchaîne succès publics et critiques, tout en menant de front une carrière de scénariste et de réalisateur. Une fresque Le Royaume raconte l’histoire des débuts de la chrétienté, vers la fin du 1er siècle après Jésus Christ. Il raconte comment deux hommes, essentiellement, Paul et Luc, ont transformé une petite secte juive refermée autour de son prédicateur crucifié sous l’empereur Tibère et qu’elle affirmait être le messie, en une religion qui en trois siècles a miné l’Empire romain puis conquis le monde et Duccio di Buoninsegna, Les adieux (détail). p. 36 samedi 6 septembre/11 h Guy Mothe Le bestiaire loufoque p. 34-35 lundi 8 septembre/17 h 30 H. Prade, Les irréguliers de la littérature francophone du XXe jeudi 18 septembre/20 h A. Lesternin et le CNES Atlas plus du ciel et de l’espace Mensuel de la Librairie Ombres Blanches 50, rue Gambetta, 31000 Toulouse Tél. : 05 34 45 53 33. E-mail : [email protected] Internet : http://www.ombres-blanches.fr Mise en pages : Petits Papiers,Toulouse Impression : Groupe reprint – Parchemins du midi jeudi 4 septembre/18 h Biz’art pop Photographie Chema Madoz et A.-R. Minkkinen p. 18 vendredi 5 septembre/18 h Teresa Berganza, O. Bellamy Un monde habité par le chant 3 concerne aujourd’hui encore le quart de l’humanité. Cette histoire, portée par Emmanuel Carrère, devient une fresque où se recrée le monde méditerranéen d’alors, agité de soubresauts politiques et religieux intenses sous le couvercle trompeur de la pax romana. C’est une évocation tumultueuse, pleine de rebondissement et de péripéties, de personnages hauts en couleur. Mais le royaume c’est aussi, habilement tissée dans la trame historique, une méditation sur ce que c’est que le christianisme, en quoi il nous interroge encore aujourd’hui, en quoi il nous concerne, croyants ou incroyants, comment l’invraisemblable renversement des valeurs qu’il propose (les premiers seront les derniers, etc.) a pu connaître ce succès puis cette postérité. Comme toujours dans chacun de ses livres, depuis l’Adversaire (2000), l’engagement de l’auteur dans ce qu’il raconte est total. Pen- dant trois ans, il y a vingt-cinq ans, Emmanuel Carrère a été un chrétien fervent, catholique pratiquant, on pourrait presque dire avec excès. Il raconte aussi, en arrière plan de la grande Histoire, son histoire à lui, les tourments qu’il traversait alors et comment la religion fut un temps un havre ou une fuite. Et si, aujourd’hui il n’est plus croyant, il garde la volonté d’interroger cette croyance, d’enquêter sur ce qu’il fut, ne s’épargnant pas, ne cachant rien de qui il est, avec cette brutale franchise, cette totale absence d’autocensure qu’on lui connaît. Il faut aussi évoquer la manière si particulière qu’à Emmanuel Carrère d’écrire cette histoire. D’abord l’abondance et la qualité de la documentation qui en font un livre où on apprend beaucoup de choses. Ensuite, cette tonalité si particulière qui passe dans un même mouvement de la familiarité à la gravité. Le royaume est un livre total, drôle et grave, mouvementé. ■ 4 pour bernanos 5 caraïbes Pas Pleurer Bain de Lune LYDIE SALVAYRE YANICK LAHENS Rencontre avec Lydie Salvayre autour de la parution de son roman Pas Pleurer (Éditions du Seuil). Rencontre avec Yanick Lahens autour de la parution de son roman Bain de Lune (Éditions Sabine Wespieser). mardi 16 septembre à 18 h Deux voix entrelacées. Celle, révoltée, de Georges Bernanos, témoin direct de la guerre civile espagnole, qui dénonce la terreur exercée par les nationaux avec la bénédiction de l’Église catholique contre les « mauvais pauvres ». Son pamphlet, Les Grands Cimetières sous la lune, fera bientôt scandale. Celle, roborative, de Montse, mère de la narratrice et « mauvaise pauvre », qui, soixante-quinze ans après les événements, a tout gommé de sa mémoire, hormis les jours radieux de l’insurrection libertaire par laquelle s’ouvrit la guerre de 36 dans certaines régions d’Espagne, jours que l’adolescente qu’elle était vécut avec candeur et allégresse dans son village de haute Catalogne. Deux paroles, deux visions qui résonnent étrangement avec notre présent, comme enchantées par l’art romanesque de Lydie Salvayre, entre violence et légèreté, entre brutalité et finesse, portées par une prose tantôt impeccable, tantôt joyeusement malmenée. ■ YANICK LAHENS vit en Haïti et a notamment publié chez Sabine Wespieser La Couleur de l’aube (2008) et Guillaume et Nathalie (2013). Dans ses romans, comme dans ses nouvelles et ses essais, elle brosse sans complaisance le tableau de la réalité caribéenne. Sauf quand on les aime Elle occupe sur la scène littéraire haïtienne une position très singulière par son indépendance d’esprit et l’autorité que lui confèrent ses actions de terrain. Longtemps professeur de littérature, Yanick Lahens consacre aujourd’hui une grande partie de son temps à une fondation destinée à former les jeunes générations aux stratégies de développement durable. FRÉDÉRIQUE MARTIN mercredi 10 septembre à 18 h Puissances souterraines Rencontre avec Frédérique Martin autour de la parution de son roman Sauf quand on les aime (Belfond). FRÉDÉRIQUE MARTIN vit près de Toulouse, récompensée pour sa nouvelle L’écharde du silence (Le Rocher, 2004), elle a également publié un roman pour la jeunesse Zéro le monde (Thierry Magnier, 2005), un recueil de poésie : Papier du sang (N & B, 2006), et, chez Belfond : Le vase où meurt cette verveine (2012). « LA TRENTAINE basanée, l’homme hurle sur la jeune fille noire à côté de laquelle il s’affale. Plusieurs voyageurs sont à proximité : une femme blonde d’un certain âge, mince dans son cuir sombre, plongée dans un livre ; deux amis en pleine conversation et qui se sont tus aussi sec ; un solitaire avachi au milieu de ses sacs ; le regard focalisé sur ses chaussures éraflées ; une jeune fille livide, manifestement terrorisée, et une italienne qui marmonne avec un accent prononcé, dos à la scène. Le train franchit une zone boisée. Dans la prison des vitres, les visages blafards tranchent sur la masse sombre des arbres. La voix de la fille noire monte dans les tours, trahissant la peur qui s’est emparée d’elle depuis que ce type inconnu s’est mis à l’injurier, à lui bloquer le passage parce qu’elle refuse de lui donner son numéro de portable. » Claire, Juliette, Kader et Tisha : ils n’ont pas beaucoup plus de vingt ans, et la vie les a déjà malmenés. Dans un monde peu accueillant ils se sont rencontrés, adoptés, et ont fabriqué ensemble une nouvelle famille. Ils s’aiment d’amour ou d’amitié, se frôlent et se heurtent. Tisha bouscule tout ; Claire aime Tisha ; Juliette n’aime pas Kader. Mais la petite bande tente à tout prix de préserver humour, tendresse et solidarité. Jusqu’au jour où la violence du dehors leur impose la mesure du réel. Sauf quand on les aime ébauche le portrait d’une jeunesse silencieuse qui peine à se mettre au monde. Une jeunesse en quête d’amour et de liberté, confrontée au défi de rêver son avenir. ■ Après trois jours de tempête, un pêcheur découvre, échouée sur la grève, une jeune fille qui semble avoir réchappé à une grande violence. La voix de la naufragée s’élève, qui en appelle à tous les dieux du vaudou et à ses ancêtres, pour tenter de comprendre comment et pourquoi elle s’est retrouvée là. Cette voix expirante viendra scander l’ample roman familial que déploie Yanick Lahens, convoquant les trois générations qui ont précédé la jeune femme afin d’élucider le double mystère de son agression et de son identité. Les Lafleur ont toujours vécu à Anse John Constable, Orage sur la mer, 1824. Deux visions Helios Gómez, La révolution graphique. LYDIE SALVAYRE est née en 1948 à Autainville. Elle est la fille d’exilés espagnols qui ont fuit le franquisme et tenté de faire le deuil de leur pays natal. Auteur d’une douzaine de romans, parmi lesquels La Déclaration (Julliard, 1990), La Compagnie des spectres (Seuil, 1999) et BW (Seuil, 2009), ses livres sont traduits dans une vingtaine de langues. Au cœur de ses ouvrages, on retrouve la figure autoritaire du père, les thème du travail et les inégalités sociales. Certains de ses livres ont été adaptés au théâtre. En 2013, elle participe à la rédaction de certaines notices du dictionnaire Les Femmes mystiques (Flammarion) tout en publiant le portrait de Sept femmes aux éditions Perrin. jeudi 18 septembre à 18 h Bleue, un village d’Haïti où la terre et les eaux se confondent. Entre eux et les Mésidor, devenus les seigneurs des lieux, les liens sont anciens, et le ressentiment aussi. Il date du temps où les Mésidor ont fait main basse sur toutes les bonnes terres de la région. Quand, au marché, Tertulien Mésidor s’arrête comme foudroyé devant l’étal d’Olmène (une Lafleur), l’attirance est réciproque. L’histoire de ces deux-là va s’écrire à rebours des idées reçues sur les femmes soumises et les hommes prédateurs. Mais, dans cette île également balayée par les ouragans politiques, des rumeurs de terreur et de mort ne tardent pas à s’élever. Un voile sombre s’abat pour longtemps sur Anse Bleue. Pour dire le monde nouveau, celui des fratries déchirées, des déprédations, de l’opportunisme politique, Yanick Lahens s’en remet au chœur immémorial des paysans : eux ne sont pas dupes, qui se fient aux seules puissances souterraines. Leurs mots puissants, magiques, donnent à ce roman magistral une violente beauté. ■ en amérique romanesque 7 Tristesse de la terre L’île du Point Némo ÉRIC VUILLARD JEAN-MARIE BLAS DE ROBLÈS Rencontre avec Éric Vuillard autour de son roman Tristesse de la terre paru aux éditions Gallimard. Rencontre organisée dans le cadre du Colloque « Images malgré tout ? Revoir 14 » (Université Toulouse Jean-Jaurès – laboratoires « Cultures anglo-saxonnes » et « Patrimoines, littérature, histoire »). Débat animé par Sylvie Vignes et Jean-Yves Laurichesse. Rencontre avec Jean-Marie Blas de Roblès autour de son roman L’île du Point Némo paru aux éditions Zulma. vendredi 19 septembre à 18 h ÉRIC VUILLARD né en 1968 à Lyon, est écrivain et cinéaste. Il est l’auteur des livres, Le Chasseur (Michalon, 2000), et aux éditions Léo Scheer : Bois vert (2002), Tohu (2005) et Conquistadors (2009). Il a également réalisé deux films : L’homme qui marche (2007) et Mateo Falcone (2009) et publie en 2012 deux récits chez Actes Sud, La bataille d’Occident et Congo. Ce simulacre Alors, le rêve reprend. Des centaines de cavaliers galopent, soulevant des nuages de poussières. On a bien arrosé la piste avec de l’eau mais on n’y peut rien, le soleil cogne. L’étonnement grandit, les cavaliers sont innombrables, on se demande combien peuvent tenir dans l’arène. C’est qu’elle fait cent mètre de long et cinquante de large ! Les spectateurs applaudissent et hurlent. La foule regarde passer ce simulacre d’un régiment américain, les yeux sortis du crâne. Les enfants poussent pour mieux voir. Le cœur bat. On va enfin connaître la vérité. On pense que le reality show est l’ultime avatar du spectacle de masse. Qu’on se détrompe. Il en est à l’origine. Son créateur Buffalo Bill, le metteur en scène du fameux Wild West Show. Tristesse de la terre, d’une écriture acérée et rigoureusement inventive, raconte cette histoire. ■ jeudi 2 octobre à 18 h J.-MARIE BLAS DE ROBLÈS est un philosophe et écrivain français.Après plusieurs année d’enseignement au Brésil, en Chine et à Taïwan, il se consacre à l’écriture et publie aux éditions du Seuil La mémoire du riz (1982), L’impudeur des choses (1987), Là où les tigres sont chez eux (Zulma, 2008), La montagne de minuit (Zulma, 2010). Mise en abyme Martial Canterel, richissime opiomane, se laisse interrompre dans sa reconstitution de la fameuse bataille de Gaugamèles par son vieil ami Holmes (John Shylock…). Un fabuleux diamant, l’Anankè, a été dérobé à Lady MacRae, tandis que trois pieds droits chaussés de baskets de marque Anankè échouaient sur les côtes écossaises, tout près de son château… Voilà donc Holmes, son majordome et l’aristocratique dandy, bientôt flanqués de Lady MacRae et de sa fille Verity, emportés, pour commencer, dans le Transsibérien à la poursuite de l’insaisissable Enjambeur Nô. Par une mise en abyme jubilatoire, cette intrigue rebondissante vient s’inscrire dans les aléas d’une fabrique de cigares du Périgord noir où, comme aux Caraïbes, se perpétue la tradition de la lecture, à voix haute, des aventures de Jean Valjean ou de Monte-Cristo. Bientôt reprise par Monsieur Wang, voyeur high-tech, et fondateur d’une usine de montage de liseuses électroniques… Avec une ironie abrasive, ce roman-tsunami emporte toutes les constructions réalistes habituelles et ouvre d’extraordinaires horizons de fiction. Cette folle équipée romanesque est aussi la plus piquante réflexion sur l’art littéraire, doublée d’une critique radicale des idéologies et de la gouvernance anonyme, tentaculaire, qui nous aliène jusque dans notre intimité. ■ Vos yeux d’absence CLAUDE SPIELMANN samedi 13 septembre à 18 h Rencontre avec Claude Spielmann autour de son ouvrage Vos yeux d’absence (La tête à l’envers). CLAUDE SPIELMANN est psychanalyste, membre du Cercle Freudien. Il a publié de nombreux textes dans différentes revues et livres collectifs en France et au Québec. Il a dirigé un numéro spécial de la revue Panoramique : Cent an de Divan. Il a dirigé également le livre Jacques Hassoun… de mémoire, actualité de la transmission (éditions érès) et co-dirigé : Jacques Hassoun, Extraits d’une œuvre (L’Hamattan). UN HOMME se souvient. Dans le désordre de sa mémoire, l’image obsédante du regard de trois femmes qui ont marqué sa vie. Trois regards qui s’entrecroisent, se chevauchent et s’entremêlent. Comment pourrait-il se repérer dans le dédale de ces regards qui le fascinent, qu’il ne cesse d’interroger et auxquels il ne peut se soustraire, tant il est prisonnier de cette passion du regard ? C’est dans l’anarchie de ses souvenirs qu’il tente de trouver des réponses, celles qui lui permettraient de s’approprier les moments marquants de son existence pour en retrouver le goût et le plaisir. ■ Affiche socialiste révolutionnaire de Lev Brodaty, 1917 (détail). 6 8 un couple impossible quelques lecteurs 9 Oona & Salinger L’amour et les forêts FRÉDÉRIC BEIGBEDER ÉRIC REINHARDT À la Médiathèque José Cabanis Rencontre avec Frédéric Beigbeder autour de la parution de son roman Oona & Salinger paru aux éditions Grasset. Rencontre avec Éric Reinhardt autour de son roman L’amour et les forêts paru aux éditions Gallimard. vendredi 3 octobre à 17 h 30 FRÉDÉRIC BEIGBEDER est né en 1965. Écrivain, critique littéraire au Figaro Magazine, animateur du Cercle sur Canal + et directeur de la rédaction du magazine Lui, il est également l’auteur de 99 francs (2000) porté à l’écran par Jan Kounen et de L’amour dure trois ans (1997) qu’il a lui-même adapté au cinéma en 2012. Aux éditions Grasset il a récemment publié Windows on the word (2003), L’égoïste romantique (2005), Au secours pardon (2007) et Un roman français (2009). Prodigieuse fiction « Il arrive toujours un moment où les hommes semblent attendre la catastrophe qui réglera leurs problèmes. Ces périodes sont généra- lement nommées : avant-guerres. Elles sont assez mal choisies pour tomber amoureux. En 1940, à New York, un écrivain débutant nommé Jerry Salinger, 21 ans, rencontre Oona O’Neill, 15 ans, la fille du plus grand dramaturge américain. Leur idylle ne commencera vraiment que l’été suivant… quelques mois avant Pearl Harbor. Début 1942, Salinger est appelé pour combattre en Europe et Oona part tenter sa chance à Hollywood. Ils ne se marièrent jamais et n’eurent aucun enfant.» L’auteur imagine, pour expliquer les causes de la disparition de J. D. Salinger en 1953, une histoire d’amour impossible avec Oona, la fille du dramaturge américain Eugene O’Neill. Un roman de l’amour, de l’insou- vendredi 10 octobre à 17 h ÉRIC REINHARDT est né à Nancy en 1965. Romancier et éditeur d’art, il vit et travaille à Paris. Il est l’auteur de cinq romans, citons entre autres chez Stock Le moral des ménages (2002), Existence (2004), Cendrillon (2007) et Le système Victoria (2011) Élisabeth ou l’Équité, créée au théâtre du RondPoint en novembre 2013, est sa première pièce de théâtre. Récit poignant Début 2008, le narrateur reçoit la lettre d’une lectrice, Bénédicte Ombredanne, qui souhaite le voir pour lui expliquer comment son dernier roman a changé sa vie. ciance des avants-guerres, Oona est une prodigieuse fiction bâtie sur une hypothèse biographique factuelle : une « faction », selon le néologisme inventé par Frédérique Beigbeder. ■ Les hommes meurent, les femmes vieillissent ISABELLE DESESQUELLES mardi 23 septembre à 18 h ISABELLE DESESQUELLES a été libraire à Toulouse puis a fondé une résidence d’écrivains, la maison De Pure Fiction. Les hommes meurent, les femmes vieillissent est son huitième roman après Je me souviens de tout et La vie magicienne (Julliard), La mer l’emportera et Quelques heures de fièvre (Flammarion), Un homme perdu (Naïve). Elle est aussi l’auteur d’un livre de contes pour enfants Le chameau le plus rapide du désert aux éditions Le Chêne Jeunesse et d’un récit aux éditions Stock Fahrenheit 2010. DIX PORTRAITS de femmes. Quatre générations. Une famille. Naître, grandir, aimer, donner la vie ou mourir, elles sont toutes à la veille de ces heures qui marquent une existence. Elles sont dix. Mères, sœurs, cousines, petites et arrière-petites-filles, elles vont chercher un oubli à L’Éden, l’institut de beauté d’Alice. Certaines sont au bout de leur existence, d’autres au début. Tour à tour, elles dévoilent leurs secrets, leur fragilité aussi. Sans rien dissimuler, elles disent la jouissance et la défaite, l’allégresse à aimer et les renoncements. Les rides et les bonheurs. Toutes sont terriblement attachantes et font face à un silence qu’elles apprivoisent. Celui d’Ève, l’absente, sans laquelle elles ont appris à vivre. Autour de son souvenir, elles réapprendront à être une famille. « La bouche la plus scellée n’empêchera pas un corps de révéler ce qu’on a fait de lui. » ■ Egon Schiele, Portrait de Valerie Neuzil, 1912. Rencontre avec Isabelle Desesquelles autour de son roman Les hommes meurent, les femmes vieillissent (Belfond). Habituellement, l’auteur évite de rencontrer des lecteurs trop enthousiastes afin de protéger sa vie privée. Cette fois, les arguments avancés par la lectrice sont si forts qu’ils décident de la rencontrer. Il découvre une femme de 35 ans, plutôt jolie, frêle et gracieuse. Après avoir parlé de littérature, la conversation s’oriente sur la vie de Bénédicte. Elle lui raconte les tourments de sa vie conjugale : son mari est un pervers narcissique. Le harcèlement qu’elle subit l’amène à développer un cancer. Quand le narrateur rencontre la jeune femme, il est déjà trop tard, elle se sait condamnée… On retrouve ici tous les éléments qui ont fait le succès des deux précédents romans d’Éric Reinhardt, Cendrillon et Le système victoria : modernité technique, profondeur des personnages et densité de l’intrigue. Bénédicte Ombredanne se hisse au niveau d’une Emma Bovary, et le roman saisit de manière remarquable un fait de société pour imposer une grande figure romanesque. Récit poignant d’une émancipation féminine, L’amour et les forêts est un texte fascinant, où la volonté d’être libre se dresse contre l’avilissement. ■ 10 banlieue noire polar d’afrique 11 La faux soyeuse 7 jours ÉRIC MARAVÉLIAS DEON MEYER Rencontre avec Éric Maravélias autour de son roman La faux soyeuse (Série noire Gallimard). Rencontre organisée en collaboration avec Polars du Sud Jean-Marc Laherrère. Rencontre avec Deon Meyer autour de l’ensemble de ses romans et plus particulièrement de 7 jours (Seuil, 2013). Rencontre organisée dans le cadre du 6e festival international de Toulouse Polars du Sud qui se tient du 10 au 12 octobre. Rencontre animée par Jean-Marc Laherrère. jeudi 9 octobre à 18 h Lent glissement DEON MEYER est né en 1958 à Paarl, en Afrique du Sud, et a grandi dans une ville minière de la Province du Nord-Ouest. Ancien journaliste, puis rédacteur publicitaire et stratège en positionnement Internet, il est aujourd’hui l’auteur unanimement reconnu de best-sellers traduits dans une quinzaine de pays, citons entre autres aux éditions du Seuil ; Les soldats de l’aube et Jusqu’au dernier (2003), L’âme du chasseur (2005), Le pic du diable (2007), Lemmer, l’invisible (2008), Treize heures (2010) et À la trace (2012). « En partie autobiographique, cet impressionnant premier roman met en scène un jeune homme, Franck, dans les années 80 et 90. Dans la banlieue sud de Paris, entre Bagneux et Cachan, c’est l’histoire d’un lent glissement dans la déchéance. Dealer, puis toxico, Franck se raconte, au présent, fin 1999, et au passé, depuis le début des années 80, pour tenter d’expliquer comment il a pu en arriver là. À la fois document, récit, fiction, La faux soyeuse immerge le lecteur dans une expérience infernale, sans issue, épuisante et accablante.» TÉLÉRAMA Resque foisonnante Ballet macabre « Je suis couvert de sang mais je suis bien. Rien à foutre. Dans l’univers cotonneux et chaud de la défonce opiacée, le sang n’est rien. La mort n’est rien. Et moi-même je ne suis rien. Joies et chagrins se succèdent dans une espèce de brouillard confus, un ballet macabre, et rien ne subsiste de tout cela, sinon parfois, au détour du chemin, un sentiment de gâchis irréversible qui me prend à la gorge. Nos vies de parias sont comme de frêles esquifs privés de gouvernail. Sans plus personne à bord. Elles sont ballottées au creux de flots tourmentés, secouées par des vents inconnus et changeants qui les mènent à leur gré vers des côtes plus ou moins hospitalières, incapables que nous sommes de changer ne serait-ce que la moindre virgule au récit chaotique de nos existences.» ■ mardi 7 octobre à 17 h 30 Le 6e Festival international des littératures policières de Toulouse aura lieu les 10, 11 et 12 octobre 2014 au Forum de la Renaissance, Métro Terminus Basso-Combo Créée en octobre 2008, l’association Toulouse Polars du Sud a pour but de promouvoir et de propager les littératures policières et étrangères dans leurs diversités. Pour ce faire, Toulouse Polars du Sud organise chaque année un festival dans le quartier populaire du Mirail à Toulouse, lieu d’échanges et de croisement des cultures notamment des peuples du Sud en proposant au public des rencontres et des animations avec des écrivains. Toutes les informations sur le festival sont à retrouver sur www.toulouse-polars-dusud.com. « Lui, chef de file du polar sud-africain ? L’idée fait sourire ce romancier peu loquace. Ce n’est pas à moi de le dire, botte-t-il en touche. En tout cas, pionnier du genre dans son pays. Ce fait-là, au moins, est incontestable. Meyer n’a pas seulement révolutionné la littérature afrikaans, résume, sur son blog, l’écrivain Mike Nicol, son compatriote. Il l’a aussi fait découvrir aux anglophones, et ses livres ont ouvert le genre à de nouvelles voix. Encore Deon Meyer aura-t-il attendu la fin de l’apartheid pour apparaître sur la scène littéraire. Le 2 février 1990, lorsqu’il entend à la télévision le président De Klerk annoncer la libération des prisonniers politiques, l’émotion le submerge. Quelques semaines plus tard, je me suis rendu compte que désormais j’étais libre d’écrire les histoires que j’avais en tête. Son expérience de journaliste l’avait, en effet, vacciné. Embauché, après ses études, comme reporter poly- valent dans un quotidien afrikaner, il n’avait pas tardé à abandonner le métier, las de la censure qui s’exerçait à tous les échelons de la hiérarchie. Sa démission l’obligea à cumuler trois boulots : écrivain à l’aube, il était publicitaire dans la journée et maquettiste la nuit. En 1994, l’année qui voit le triomphe de l’ANC aux élections générales, Deon Meyer fait donc paraître, à trente-six ans, son premier roman, un thriller non traduit en anglais. Le deuxième, publié en 1999, Jusqu’au dernier, est aussitôt adapté en série télévisée en Afrique du Sud, et les sept suivants connaîtront un destin international. Le roman policier avait toujours été très populaire chez les Sud-Africains, habitués à dévorer les auteurs américains. Mais personne n’en écrivait. D’abord parce qu’ils auraient été censurés sous l’apartheid et, ensuite, il n’était pas possible d’écrire une histoire où les personnages principaux étaient des policiers tant qu’ils étaient au service d’un État représentant le mal absolu. […] Pour écrire ses polars, Deon Meyer conserve ses réflexes de journaliste. Il s’entretient avec une foule de spécialistes et repère les lieux de ses intrigues. De l’Afrique du Sud post-apartheid, des fractures raciales et sociales qui s’exprimaient au cours de sa période de transition démocratique, des difficultés à faire coexister des anciens du parti boer et des vétérans de l’ANC, des différences culturelles qui continuent, de moins en moins, à la diviser, Deon Meyer aura brossé, de livre en livre, et maintenant au cinéma, une fresque foisonnante, richement détaillée : guerres des gangs, attaque terroriste, corruption policière et politique, trafics de drogue, d’armes, d’organes, d’animaux sauvages, rapts d’enfants… » ■ 12 polar sur blanc 13 polar plein sud Le détroit du loup Le bourreau de Gaudí OLIVIER TRUC ARO SÁINZ DE LA MAZA Rencontre avec Olivier Truc autour de la parution du livre Le détroit du loup paru aux éditions Metailié. Rencontre organisée en collaboration avec l’association Polars sur Garonne. Débat animé par Ida Mesplede. Rencontre avec Aro Sáinz de la Maza à l’occasion de la parution de son roman Le bourreau de Gaudí paru aux éditions Actes Sud. Roman traduit de l’espagnol par Serge Mestre. vendredi 3 octobre à 18 h 30 mardi 30 septembre à 18 h ARO SÁINZ DE LA MAZA est OLIVIER TRUC est journaliste, il vit à Stockholm depuis 1994 où il est le correspondant du Monde et du Point. Spécialiste des pays nordiques et baltes, il est aussi documentariste. Il est l’auteur de L’Imposteur (Calmann-Lévy), et du Dernier Lapon (Métailié, 2012). Police des rennes Hammerfest, petite ville de l’extrême nord de la Laponie.Les bords de la mer de Barents, le futur Dubai de l’Arctique… Tout serait parfait s’il n’y avait pas quelques éleveurs de rennes… L’histoire se déroule au printemps, quand la lumière ne vous lâche plus, obsédante. Autour du détroit du Loup qui sépare l’île où se trouve Hammerfest de la terre ferme, des drames se nouent. Alors que des rennes traversent le détroit à la nage, un incident provoque la mort d’un jeune éleveur. Peu après, le maire de Hammerfest est retrouvé mort près d’un rocher sacré qui doit être déplacé pour permettre la construction d’une route longeant le détroit. Et les morts étranges se succèdent encore. À Hammerfest, les représentants des compagnies pétrolières norvégiennes et américaines ont tout pouvoir sur la ville, le terrain constructible est très convoité, ce qui provoque des conflits avec les éleveurs de rennes qui y font paître leurs animaux l’été. Les héros de ce grand centre arctique de la prospection gazière sont les plongeurs, trompela-mort et flambeurs, en particulier le jeune Nils Sormi, un plongeur d’origine sami. Klemet et Nina mènent l’enquête pour la police des rennes. Mais pour Nina, troublée par les plongeurs, une autre histoire se joue, plus intime, plus dramatique. Les jeunes plongeurs qu’elle découvre lui rappellent ce père scaphandrier qui a disparu depuis son enfance. Subissant cette lumière qui l’épuise, elle va partir à la recherche de ce père mystère, abandonnant Klemet à sa mauvaise humeur, à ses relations ambiguës avec son ombre. Et c’est une police des rennes en petite forme qui va faire émerger une histoire sombre venue des années 1970, dévoilant les contours d’une patiente vengeance tissée au nom d’un code d’honneur venu d’un autre monde, montrant à quel prix a été bâtie la prospérité de la région. Deuxième roman d’Olivier Truc, Le détroit du Loup confirme les talents de l’auteur et sa capacité à nous emmener sur des terrains insoupçonnés. ■ né à Barcelone en 1959. Il est éditeur et traducteur. Le Bourreau de Gaudi est sa première incursion dans le genre policier. Polar de Barcelone « Il y a la Sagrada Familia, les Ramblas, le parc Güell, le marché de la Boqueria, le musée Dali, la plage, les tapas. Et il y a les petites ruelles sombres du Barrio Gótico, ou du Raval où s’agglutinent les vendeurs de drogue et les prostituées, les immeubles délabrés où s’entassent des familles, poussées là par la misère dans leur pays ou par la crise qui sévit en Espagne. Bienvenue à Barcelone, ville aux deux visages, aux deux langues et aux deux cultures. Loin du tourisme de masse, la cité que donnent jeudi 25 septembre à 18h30 à l’Institut Cervantes (31, rue des Chalets-Toulouse) Rencontre avec les auteurs Eduardo Berti et Ricardo Sumalavia EDUARDO BERTI né à Buenos Aires en 1964, est écrivain, traducteur, critique littéraire, scénariste et aussi éditeur. Très jeune, il collabore dans les journaux les plus importants d’Argentine. Héritier le plus fidèle de la tradition du fantastique et du texte bref, issue de Borges, Bioy Casares et Cortázar, Eduardo Berti a publié son premier roman en français chez Grasset en 1999 : Le désordre électrique. Souvent traduit par Jean-Marie Saint-Lu, il est publié ensuite par Actes Sud. Citons entre autres : Tous les Funès (2005), L’ombre du boxeur (2009), L’Inoubliable (2011), Le Pays imaginé (2013). RICARDO SUMALAVIA est né Lima en 1964 et vit à Bordeaux depuis 2005. Il est l’auteur d’un premier roman, Que la tierra te sea leve en 2006 et a publié les recueils de nouvelles : Retratos familiares (2001), Enciclopedia mínima (2004) et Plèces (Cataplume, 2010). Ses nouvelles font partie de certaines anthologies éditées au Pérou, au Mexique, en Espagne et en Argentine. Il est également directeur de la Collection Underwood éditée à Lima et codirecteur de la revue Nudos à Bordeaux. à voir bon nombre d’écrivains prend des airs plutôt sombres. Barcelone est aussi la capitale espagnole du polar. Elle est la ville du roman noir par excellence, affirme Paco Camarasa, l’un des plus fins connaisseurs de cette littérature, fondateur de la librairie Negra y Criminal, unique en son genre en Espagne, et directeur du festival du roman policier BCNegra. Elle regroupe en son sein tout ce qu’il faut : les faits divers les plus tordus, les personnages les plus intrigants et les maisons d’édition les plus importantes. L’Histoire a imprimé des marques profondes sur le polar de Barcelone, indique Alex Martn Escrib. Universitaire, professeur de littérature, il dirige Crims.cat, une collection de polars en catalan. Avec les Jeux, Barcelone entre en effet dans une nouvelle ère ; les auteurs de polar vont se faire l’écho du désenchantement que ceux-ci ont provoqué au sein de la population. Leur ville est certes sous les feux de la rampe, mais à quel prix ? Celui d’une perte d’iden- tité et d’une course effrénée à la construction, à la destruction, selon eux, de ce qui faisait tout le charme de Barcelone.» M. FERNANDEZ, LE MONDE DES LIVRES Envers du décor Aro Sáinz de la Maza nous livre ici une enquête palpitante sur la piste de Gaudi, du symbolisme maçonnique et des expropriations subies par de nombreux habitants de Barcelone sacrifiés sur l’autel de la modernité et du tourisme. Remarquable roman policier où se manifestent aussi bien les pressions politiques, les rivalités entre les différents corps de polices, que les mœurs discutables de nombreux membres de la haute bourgeoisie catalane, Le bourreau de Gaudí plante l’envers du décor d’une cité unanimement saluée pour sa beauté et son intelligence architecturales. Difficile, pourtant, de continuer à n’y voir que la « ville des prodiges » d’Eduardo Mendoza. ■ 14 bitume anglais sur la route 15 White Trash La chute des princes JOHN KING ROBERT GOOLRICK Rencontre avec John King à l’occasion de la parution de son roman White Trash aux éditions Au diable vauvert. À la Médiathèque José Cabanis Rencontre avec Robert Goolrick autour de son roman La chute des princes (éditions Anne Carrère). Débat animé par Brice Terrecillas. vendredi 26 septembre à 18 h JOHN KING né en 1960 en Angleterre, a connu un succès immédiat avec son roman Football Factory (1998), adapté au cinéma par Nick Love en 2004 et premier tome d’une trilogie composée de La Meute et Aux Couleurs de l’Angleterre (L’Olivier, 2000, 2005), une fresque remarquable de la culture prolétaire britannique aujourd’hui. Dans ses trois autres romans Human Punk (L’Olivier, 2003), White Trash (2014) et The Prison House (à paraître), il continue, dans le style naturaliste qui lui est propre, à s’inspirer et à explorer le peuple anglais, sa culture et les racines sociales de la violence : punks, hooligans et autres joyeux damnés. White trash, littéralement déchet blanc, est un terme d’argot américain très péjoratif, désignant à l’origine la population blanche pauvre. Le terme date du milieu du XIXe siècle. Il était alors tout particulièrement utilisé pour désigner des Blancs dont on jugeait, par dérision ou non, qu’ils se situaient encore plus bas que les Noirs américains de l’époque sur l’échelle sociale : travailleurs non qualifiés ou agriculteurs pauvres. Le terme est proche de redneck, qui désigne de manière plus spécifique les habitants des campagnes, mais il est nettement plus insultant. Le White Trash Fast Food est aussi un bar rock très couru de Berlin. White trash est également un titre musical interprété par le groupe de rock Skid Row et une musique de Marilyn Manson apparue sur l’album Smells Like Children. Le groupe Blood for Blood en fait aussi référence dans leurs chansons. À travers la confrontation entre Ruby, une infirmière passionnée par son métier, et M. Jeffries, consultant en milieu hospitalier responsable des dépenses et des ressources, ce roman noir met en scène le démantèlement des services sociaux britanniques et la fracture sociale. Loin de ces caricatures, l’écrivain évoque des gens ordinaires, héritiers des cultures populaires anglaises imprégnées de foot, de musiques et de modes vestimentaires. « La société anglaise a toujours été traversée par des mouvements symboliques qui imbibent les manières de vivre », résume l’auteur installé à Londres. Encore une fois, John King, venu à l’écriture en lisant George Orwell, décrit son Angleterre. Celle de quartiers ravagés par les années Thatcher, rongés par le chômage et l’alcoolisme. Une Angleterre qui attend le week-end pour évacuer son mal-être dans les pintes de bière, les chants et les coups de poing. L’Angleterre du « white trash » britannique moderne, aux antipodes des cortèges du jubilé de la Reine et des robes de Kate Middleton.» ■ FRANCK BERTEAU, LE MONDE ROBERT GOOLRICK est un écrivain américain, auteur aux éditions Anne Carrère des romans ; Une femme simple et honnête (2009), Féroces (2010) et Arrive un vagabond (2012). Son roman Une femme simple et honnête, fera prochainement l’objet d’une adaptation cinématographique confiée au réalisateur David Yates. hommes vont vendre leur âme au dollar et se consumer dans une ronde effrénée, sublime et macabre. Ils ont signé pour le frisson, une place sur le manège le plus enivrant que la vie ait à leur offrir. Et ces princes vont jouer toute la partie : les fêtes, les drogues, l’alcool, les corps parfaits des deux sexes, les pique-niques dans la vaisselle de luxe, les costumes sur mesure taillés par des Anglais dans des tissus italiens, les Cadillac, le sexe encore et toujours, les suites à Las Vegas, des morts que l’on laisse en che- Vite, toujours plus vite « New York, années 1980. Robert Goolrick nous invite au bal des vanités, où une bande de jeunes 12e exposition photographique Biz’art Pop du 5 septembre au 25 octobre sur les murs du jardin Raymond VI (métro Saint Cyprien) L’association Biz’art pop expose Arno Rafael Minkkinen, Chema Madoz, Michel Birot et Vladimir Vasilev autour du thème « JEU ». Pour ces quatre grands photographes, ce thème, parfois représenté comme une rupture avec le réel, est initiateur d’expérimentations, de transformations, d’assemblages et d’images en mouvements. Pour les boxeurs de Vladimir Vasilev, le jeu n’est pas une activité secondaire, et si on exerce la boxe pour contenir sa démesure, tout est affaire de rythmes, d’estimation et d’assauts. Michel Birot, surnommé L’œil du rugby, a suivi ce sport au plus près des joueurs pendant vingt ans, immortalisant les collisions, les entremêlements dans la boue, la force physique et sensuelle des corps à l’effort et en sueur. Tel un photographe prestidigitateur, Chema Madoz dérègle et métamorphose n’importe quel objet du quotidien, et, dans ses réinventions joueuses, se côtoient le surréalisme, l’ambiguïté et parfois l’absurde. Entre les paysages naturels et le corps d’Arno Minkkinen qu’il engage comme une déclaration de présence ou un acte de coexistence, il y a une osmose, ludique et parfaite. Les photographies d’Arno Minkkinen accordent humour et poésie, et si le jeu est un point de départ factuel, il est surtout, chez cet immense artiste, une manière d’être. Toutes les informations sont à retrouver sur le site internet www.bizartpop.com Jean-Honoré Fragonard, La fête à Saint-Cloud (détail). Loin des caricatures mercredi 17 septembre à 18 h min mais pour lesquels il n’est pas besoin de s’attarder parce qu’on va les retrouver vite.Vite, toujours plus vite, c’est la seule règle de ce jeu. Aller suffisamment vite pour ne pas se laisser rattraper. Parce que les princes sont poursuivis par de terrifiants monstres : le sida, les overdoses, le regard chargé de honte de leurs parents, le dégoût croissant de soi-même, un amour s’excusant de n’avoir sauvé personne.Avec La Chute des princes, Robert Goolrick a écrit l’un des plus grands romans sur l’Amérique et l’argent depuis Gatsby le Magnifique.» ■ 16 vers la havane 17 depuis budapest Hérétiques Code-barres LEONARDO PADURA KRISZTINA TÓTH Rencontre avec Leonardo Padura autour de la parution de son dernier roman, récemment traduit en français chez Metailié: Hérétiques. Rencontre avec Krisztina Tóth autour de son roman Code-barres paru aux édition Gallimard. En partenariat avec l’Association Franco-Hongroise Midi-Pyrénées et l’Institut Hongrois de Paris. jeudi 25 septembre à 18 h LEONARDO PADURA est né à La Havane en 1955. Diplômé de littérature hispano-américaine, il est romancier, essayiste, journaliste et auteur de scénario pour le cinéma. Aux éditions Métailié, il est entre autres l’auteur des livres : Electre à La Havane (1998), l’Automne à Cuba (2000), Passé Parfait (2001) et Les brumes du passé (2006). Liberté de création « L’auteur de L’Homme qui aimait les chiens (Métailié, 2011) vient de publier un nouveau roman, Herejes (Tusquets, Barcelone, 2013). C’est un plaidoyer pour la liberté de création et un vibrant hommage aux hérétiques et aux déviants. Aussi bien ceux qui s’insurgeaient jadis contre les dogmes religieux, que les dissidents des pouvoirs temporels, nos contemporains. Avec Herejes, Leonardo Padura s’aventure beaucoup plus loin, puisque la recherche des origines d’un portrait peint par Rembrandt l’amène au XVIIe siècle. Presque un tiers de son long récit est situé à Amsterdam, tandis qu’un épilogue nous transporte vers les persécutions antisémites de la même époque en Pologne. Le roman commence à La Havane, en 1939, alors que le Saint-Louis, un navire chargé de réfugiés juifs fuyant le nazisme, tente vainement d’obtenir l’autorisation de débarquer ses passagers, refusée par les autorités de Cuba, puis celles des États-Unis et du Canada. Revenus en Europe, beaucoup d’entre eux ont été victimes de la Shoah. Un tableau de Rembrandt, qui devait servir de monnaie d’échange à une famille du paquebot, disparaît à ce moment, pour ressurgir presque soixante ans plus tard dans une vente aux enchères à Londres. Un descendant de cette malheureuse famille cherche alors à percer le mystère et surtout à comprendre l’attitude de son père, balloté entre la fidélité à la tradition religieuse et l’assimilation à la société cubaine, avant de choisir l’exil en Floride. La première partie du roman explore donc La Havane des années pré-révolutionnaires et met en lumière les mésaventures, les exaltations et les dilemmes de sa communauté juive, presque entièrement émigrée après l’arrivée au pouvoir de Fidel Castro. La deuxième partie, sans doute la plus dense et la plus surprenante sous la plume d’un écrivain cubain, décrit l’apprentissage d’un jeune séfarade dans l’atelier de Rembrandt, malgré l’interdit qui pèse sur la production et la détention d’images chez les dévots de la Loi de Moïse. La troisième partie, enfin, ramène au premier plan le détective Mario Conde, personnage récurrent des polars de Padura, déjà sollicité dans la partie contemporaine du début. Cette fois, l’enquêteur désenchanté découvre les tribus urbaines de la jeunesse cubaine en rupture de ban, les frikis, punks, emos, vampires et autres déviants, pour essayer d’élucider la disparition d’une jeune fille.» ■ PAULO A. PARANAGUA, JOURNALISTE AU MONDE samedi 27 septembre à 17 h 30 KRISZTINA TÓTH est née en 1967. Après la publication de nombreux volumes de poésie à Budapest, elle est considérée comme l’une des meilleurs poètesse de sa génération. Code-barres, sa première œuvre en prose, a reçu un accueil très enthousiaste en Hongrie. Faisceau de preuves « Krisztina Tóth, se présente en quinze chapitres comme autant de nouvelles. Les intitulés sont chaque fois assortis d’une expression contenant le mot « ligne ». En français, ce n’est pas tout à fait raccord avec le titre général, puisqu’un code-barres est constitué de traits, non de lignes, mais peu importe. L’ensemble est le faisceau de preuves d’une existence : quinze stations dans la vie et le corps d’une jeune femme. Est-ce toujours la même ? Ce n’est pas certain, cela se pourrait. Festival Manifesto Toulouse du 19 septembre au 4 octobre 2014 ManifestO est l’invitation toulousaine aux nouveaux talents de la photographie contemporaine internationale. En onze ans, le festival ManifestO a permis à plus de 250 photographes d’exposer à Toulouse, devenant rapidement une véritable porte d’entrée dans le circuit national d’exposition et de professionnalisation. Chaque édition se place sous le parrainage d’un photographe de renom. Cet invité d’honneur préside le jury de sélection et un grand espace d’exposition lui est consacré aux côtés des lauréats : David Hamilton, le collectif Tendance Floue, Les Krims, Joan Fontcuberta, Jane Evelyn Atwood, JeanChristian Bourcart, Denis Dailleux ou encore Alain Fleischer sont ainsi venus à la rencontre des Toulousains. Pour l’édition 2014, Michel Vanden Eeckhoudt sera l’invité d’honneur avec son exposition Doux-Amer. Les expositions sont libres d’accès et encadrées par des conférences, des tables-rondes, des ateliers. Toutes les informations sont à retrouver sur le programme et le site www.festival-manifesto.org Adulte, la narratrice est la mère d’un petit garçon, et une épouse qui se découvre trompée. Elle a 20 ans puis 35 dans « Homme inhabité (ligne de démarcation) » en ouverture du livre. Elle vient voir le Vieux, qui aurait pu être son grand-père, pense-t-elle, et dont le lecteur ne parvient pas à démêler s’il est son père, mais alors il ne ressemble pas au père couturé de cicatrices dans « La clôture (ligne de sang) », ou le dernier mari de sa grand-mère. Il va mourir. Dans la maison, tout est pareil et pourtant quelque chose a changé, la crasse gagnait les couverts dans leur étui de métal, une odeur bizarre les pièces. La visiteuse perçoit la décomposition à l’œuvre, et s’apprête à vomir une fois à table devant son assiette de soupe. Krisztina Tóth décrit froidement les petits vers qui gigotent à la surface. Le ravage patient toujours me fascine, a-t-elle écrit dans un poème du seul recueil disponible en français, le Rêve du Minotaure, traduit par ses soins avec une relecture de Lionel Ray (Caractères, 2001). Le pourrissement est une obsession, il se faufile dans les peaux les plus tendres. L’enfance est frappée de septicémie, de gale. « Carte de fourmilière (ligne de crête) » est le séjour cauchemardesque d’une petite fille chez une sorcière méchamment dégoûtante. La vieille est une sorte d’artiste, du moins elle passe son temps à dessiner, ainsi Tóth enrichit-elle toujours les situations. Dans « Miserere (dernière ligne) », par quoi Code-barres se termine, la narratrice revoit un ami de ses parents, un vieillard à présent, dont l’intestin reflue dans la gorge. Ce texte, qui raconte d’abord des vacances d’été, sandales et rosée, grenouilles et garnements, commence par une phrase qui vaut pour Codebarres tout entier : Même lorsqu’il se décompose, le monde n’en demeure pas moins un tissu de lois, un réseau de connexions tantôt impénétrables, tantôt scintillantes dans la lumière de l’aube, le bout de chaque fil noué à un autre recoin du temps.» ■ Claire Devarrieux, Libération. 18 Pour la 12e édition du festival photographique Biz’art populaire, les photographes Arno Rafael Minkkinen, Chema Madoz, Michel Birot et Vladimir Vasilev exposent autour du thème « JEU » au jardin Raymond VI à Toulouse du 5 septembre au 25 octobre 2014. Nous accueillons à cette occasion deux rencontres à la librairie. Débat entre Chema Madoz et Arno Rafael Minkkinen, suivi d’une signature de leurs livres. Le débat sera animé par Muriel Adrien, maître de conférences à l’Université Jean Jaurès, campus du Mirail, et la traduction sera assurée par Eve Ollier. > CHEMA MADOZ, né à Madrid en 1958, découvre la prise de vue et le tirage photographique en autodidacte au début des années 1980, dans l’effervescence créative de la Movida. Reprenant des études d’histoire de l’art et de photographe professionnel en cours du soir, il réalise sa première exposition et remporte son premier prix en 1984. Travaillant d’abord en extérieur, en explorant les rapports singuliers qu’il créé entre ses personnages et leur environnement, il se consacre ensuite de façon exclusive à photographier des objets et construit au fil du temps une œuvre reflet de son monde intérieur. Chema Madoz travaille à partir d’un vocabulaire d’objets qu’il combine, retravaille, assemble, oppose jusqu’à obtenir des rencontres inattendues, où le surréalisme et l’absurde ne sont jamais loin. Extrait de la notice de Florence Pillet (Galerie Esther Woerdehoff). > ARNO RAFAEL MINKKINEN, né en 1945 en Finlande, émigre aux États-Unis en 1951 où il apprend la photographie et développe sa sensibilité au fur et à mesure de ses rencontres avec des artistes comme Ralph Gibson, Harry Callahan, Minor White, Lisette Model. Exposé dans le monde entier, ses œuvres figurent également dans de nombreuses collections. « Depuis vingt-cinq ans que je fais des images, j’ai appris que les différentes parties de mon corps peuvent se distordre au-delà des limites physiques et anatomiques, souvent au-delà même du seuil de la douleur. C’est pour cela que je photographie rarement d’autres personnes. Les paysages, qu’ils soient grandioses ou insignifiants, m’attirent d’égale façon. Je me demande comment je peux utiliser mon corps pour exprimer la stupéfiante majesté ou la profonde simplicité de ce qui existe déjà. Comment trouver une autre idée capable d’exprimer la relation entre notre corps et la terre qu’il habite.» 19 Au doigt et à l’œil FRANÇOISE HUGUIER samedi 20 septembre à 16 h 30 Rencontre avec Françoise Huguier à l’occasion de la parution de son autobiographie Au doigt et à l’œil paru aux éditions Sabine Wespieser. Rencontre organisée dans le cadre du Festival Manifesto. Le Festival accueillera F. Huguier ce même jour samedi 20 sept. à 15 h dans le jardin du Grand Rond. jeudi 11 septembre à 18 h Conférence de Dominique Roux autour du thème « La photographie est un jeu d’enfant ». > DOMINIQUE ROUX est responsable du Centre de documentation photographique de la Galerie du Château d’Eau à Toulouse et professeur d’Histoire de la photographie à l’Université de Toulouse Le Mirail et à l’ETPA. « En écho à l’exposition « Jeu » présentée sur les murs du Jardin Raymond VI par l’Association Biz’art pop, cette conférence propose un parcours dans l’œuvre d’artistes qui, mêlant vérité et fiction se jouent de la prétendue objectivité de l’image photographique pour l’interroger avec humour dans son rapport à la représentation. À l’instar de Magritte écrivant sous la peinture de sa pipe qu’elle n’en est justement pas une, ils s’appuient sur les évidences pour mieux les dénoncer et entre « l’art et le cochon » brouiller les pistes en nous faisant passer des vessies pour des lanternes ». À découvrir également le catalogue de l’exposition dont la couverture a été réalisée par Jean-Pierre Schneider. Jean-Pierre Schneider est un peintre français né en 1946. Il vit et travaille à Paris. Diplômé de l’École des Beaux-Arts de Lille, il expose régulièrement en France depuis 1969. Il est actuellement représenté par la Galerie Berthet-Aittouarès. Deux publications sont disponibles autour de son travail Jean-Pierre Schneider, le vif du sujet (Éditions Le temps qu’il fait, 2011) avec les textes de Bernard Chambaz et Michel Dieuzaide et Jean-Pierre Schneider (Éditions Galerie BerthetAittouarès, 2008). Françoise Huguier, Les trois lavabos, appartement communautaire, Russie. jeudi 4 septembre à 18 h sur l’objectif Héros de l’ordinaire Depuis bientôt quarante ans, Françoise Huguier arpente le monde, les podiums et les coulisses à la recherche de la bonne lumière et du cadrage parfait. Dans sa préface au « Photo poche » consacré au travail de cette grande dame de la photographie, Gérard Lefort évoque ainsi son style, reconnaissable entre tous : «Au moment de refermer les livres de Françoise Huguier, juste après s’être baigné dans une centaine de ses photographies, que reste-t-il ? Un prolétaire russe qui boit à même le bec d’une bouilloire dans une fonderie de nickel de Norilsk. Une jeune fille bozo en soutien-gorge incongru à Mopti au Mali. Une évanescence de bleu outremer à la fin d’un défilé Thierry Mugler en jan- vier 1997. Un beau jeune homme fier et triste, manœuvre dans une plantation cambodgienne. Tous sont comme les personnages d’une fiction internationaliste. Tous sont héros de l’ordinaire.» Celle dont l’enfance a été marquée par un épisode déterminant, elle fut enlevée, à huit ans, par des Viêtminhs au Cambodge et resta otage huit mois dans la « jungle maudite », a décidé aujourd’hui de poser des mots, et uniquement des mots, sur son étonnant parcours. Son autobiographie revient au plus intime de ses choix photographiques, à commencer par celui d’apprendre le métier comme employée en laboratoire, où elle passait ses journées dans le noir à développer des plan-films. C’est aussi le portrait d’une femme libre et déterminée qui jamais ne se laisse rien imposer et très tôt, après avoir publié ses premiers reportages dans 100 idées, Rock & Folk ou Libération, s’est lancée dans des projets personnels d’envergure, sujets d’autant de livres : Sur les traces de l’Afrique fantôme (Maeght, 1990), En route pour Behring (Maeght, 1993), Sublimes (sur le monde de la mode, Actes Sud, 1999) Kommounalki (sur les appartements communautaires de Saint-Pétersbourg, Actes Sud, 2008) ou Les Nonnes (en Colombie, Filigranes, 2013). Françoise Huguier apparaît ici comme une exploratrice qui n’a rien à envier aux pionnières du siècle passé : Au doigt et à l’œil se lit aussi comme un formidable roman d’aventures. ■ 20 f r e u d – l e f e u e n e u r o p e censure – livres en feu Biographie de Sigmund Freud De la censure ÉLISABETH ROUDINESCO ROBERT DARNTON Au Théâtre Garonne / dans le cadre de House on Fire Rencontre avec Elisabeth Roudinesco autour de la parution de sa biographie consacrée à Sigmund Freud (Seuil). Au Théâtre Garonne / dans le cadre de House on Fire Rencontre avec Robert Darnton à l’occasion de la parution des ouvrages : De la censure et L’affaire des Quartorze aux éditions Gallimard, collection NRF essai. ÉLISABETH samedi 4 octobre à 16 h 30 ROUDINESCO est historienne, docteur en lettres modernes et sciences humaines. Intéressée par la psychanalyse, elle devient membre de l’École de la Cause Freudienne de Paris fondée par Jacques Lacan en 1964. Élisabeth Roudinesco a surtout écrit sur la psychanalyse, notamment sur les théories freudiennes et lacaniennes, citons entre autres : Histoire de la psychanalyse en France (Seuil, 1986), Jacques Lacan, esquisse d’une vie, Histoire d’un système de pensée (Fayard, 1993) et Lacan envers et contre tout (Seuil, 2011). ROBERT DARNTON est président des Bibliothèques de l’Université d’Harvad et ancien professeur de l’Université de Princeton. On lui doit des travaux majeurs sur l’histoire du livre, de la lecture et de la Bohême littéraire au siècle des lumières. Il est notamment l’auteur, aux éditions Gallimard des livres : Édition et sédition, l’univers de la littérature clandestine au XVIIIe siècle (1991), Le Diable dans un bénitier, l’art de la calomnie en France 1650-1800 (2010) et Apologie du livre (2011). Nouvelles archives L’auteur se livre à une comparaison de l’usage de la censure dans trois pays à des périodes différentes : la France des Bourbons, l’Inde coloniale et la république démocratique d’Allemagne. Il prend en compte deux aspects de ce phénomène : la répression, qui Des centaines d’ouvrages ont été écrits de par le monde sur le médecin viennois, fondateur de la psychanalyse (1856-1939), et quelques dizaines de biographies lui ont été consacrées. Pourquoi proposer aujourd’hui une nouvelle lecture de sa vie et de son œuvre ? D’abord parce que, depuis la dernière en date de ses biographies, celle de Peter Gay (Hachette, 1991), de nouvelles archives ont été ouvertes aux chercheurs (sur ses patients, notamment) et l’essentiel de sa correspondance est désormais accessible. Mais aussi, surtout, parce qu’il restait beaucoup à dire sur l’homme et son œuvre. Et d’abord ceci : l’invention de la psychanalyse est profondément liée à la critique de la famille traditionnelle, que Freud aura éprouvé dans sa propre enfance, lui, l’aîné des huit enfants d’Amalia et de Jacob Freud, né à Freiberg, en Moravie. Et encore ceci : le fondateur de la De la censure psychanalyse est d’abord un Viennois de la Belle-Époque, sujet de l’Empire austro-hongrois, héritier des Lumières allemandes et juives. Quant à la psychanalyse elle-même, elle est le fruit d’une entreprise collective, d’un cénacle romantique au sein des sciences occultes, la part obscure de nous même, transformant volontiers ses amis en ennemis, à la fois Faust et Mephisto en quelque sorte. Toujours au nom de la raison et des Lumières. Que Freud encore, penseur de la modernité, mais conservateur éclairé en politique, n’aura cessé d’agir en contradiction avec son œuvre. Le voici en son temps, dans sa famille, en son cénacle, entouré de ses collections, de ses femmes, de ses enfants, de ses chiens, le voici enfin en proie au pessimisme face à la montée des extrêmes, pris d’hésitations à l’heure de l’exil londonien ou il finira sa vie. Le voici dans notre temps aussi, nourrissant nos interrogations de ses propres doutes, de ses échecs, de ses passions. ■ ne se traduisait pas de la même façon dans les trois systèmes évoqués, et la collaboration entre auteurs et censeurs sur le sens des textes. La répression est la première dimension : Mlle Bonafon, treize ans d’internement dans un couvent pour un avoir écrit un conte de fées politique (Tanastès) ; Mukunda Lal Das, trois ans « d’emprisonnement rigoureux » pour avoir chanté des chants suggestifs ; Walter Janka, cinq ans d’isolement carcéral pour avoir publié Lukács, un auteur tombé en disgrâce. Mais la deuxième dimension comparative est herméneutique : la censure était une lutte sur le sens. Elle impliquait le décodage de référence dans un roman à clé ou des querelles sur la grammaire sanskrite, elle supposait toujours des débats interprétatifs qui conduisaient à une collaboration entre censeurs et auteurs. House on Fire au Théâtre Garonne avec Ombres Blanches House on Fire est un réseau fondé en 2012 par dix théâtres et festivals européens, dont Garonne, qui accompagne et produit spectacles, événements et publications dont le point commun est de s’attaquer à des thèmes brûlants – politiques, économiques, sociaux, environnementaux. Les questions, évoquées par des spectacles comme par des installations, des concerts, font aussi l’objet de conférences, de débats, de journées de réflexion. Ces derniers font l’objet d’une coopération fréquente entre Garonne et Ombres blanches, depuis le début de saison précédente. Sur ce début de nouvelle saison, les deux rencontres ici décrites seront suivies par deux soirées déjà programmées : SAMEDI 18 OCTOBRE DE 15 H À 19 H Laurent Mauvignier, romancier, et Ivan Jablonka, historien, dialogueront autour du thème : L’histoire est une littérature contemporaine/La littérature est une histoire contemporaine. Le titre de cette journée est repris du livre que publie Ivan Jablonka en septembre, dans la Librairie du XXIe siècle, au Seuil. Laurent Mauvignier publie pour sa part aux Éditions de Minuit l’un des romans événements de la rentrée : Autour du monde. MARDI 4 NOVEMBRE À PARTIR DE 17 H Sandra Laugier et Albert Ogien présenteront Le Principe Démocratie/Enquêtes sur les nouvelles expérimentations politiques (Éditions La Découverte). Ex-libris pour le révérend >illiam Thomas Bree. vendredi 26 septembre à 18 h 21 Les deux parties comprenaient la façon du donnant-donnant : la complicité, la collaboration et la négociation caractérisaient la façon dont auteurs et censeurs opéraient, au moins dans les trois systèmes étudiés ici. L’affaire des Quatorze Poésie, police et réseaux de communication à Paris au XVIIIe siècle. L’auteur a retrouvé dans les archives de la Bastille le dossier de quatorze personnes emprisonnées en 1749 à Paris à cause d’une chanson qui se moquait du roi Louis XV et de sa maîtresse. De cette anecdote, qui n’avait jusqu’alors retenue l’attention de personne, Robert Darnton tire les mailles d’un étonnant filet : celui de la communication politique dans le Paris populaire du XVIIIe siècle où, des siècles après Gutenberg, la plupart des hommes et des femmes ne maîtrisaient pas la lecture. Constamment, ils échangeaient de vive voix des informations, qui n’ont pour l’essentiel pas laissé de traces. Or voici une occasion exceptionnelle d’écrire une histoire de la communication à partir de son élément majeur, l’oralité. ■ 22 éternel western contre, tout contre 23 L’Ouest, le Vrai L’extricable BERTRAND TAVERNIER RAYMOND BORDE LU PAR NATHALIE VINOT Rencontre avec Bertrand Tavernier : Apologie du Western, autour de la collection L’Ouest, le Vrai (Collection dirigée par Bertrand Tavernier, Éditions Actes-Sud). Rencontre suivie d’une séance de dédicaces, Bertrand Tavernier est l’invité de la Cinémathèque de Toulouse, pour une journée d’hommage au wertern : où il présentera à 16 h 30 La Chevauchée des bannis d’André De Toth et à 21 h : L’Appât de Anthony Mann. Lecture du livre de Raymond Borde : L’extricable paru aux éditions Joëlle Losfeld. La lecture par la comédienne Nathalie Vinot sera celle de la deuxième partie du livre. Elle suivra celle de la première partie, lue par Jacques Bonaffé à la Cinémathèque de Toulouse vendredi 19 septembre à 19 h 30. tager ses coups de cœur ? En devenant directeur de la collection « L’Ouest, le Vrai », chez Actes Sud. Les deux premières publications à son actif, Des clairons dans l’aprèsmidi de Ernest Haycox, et Terreur apache de W. R Burnett, sont de grandes fresques épiques, pleines de lyrisme, de mélancolie, et étonnamment modernes. Un genre qui parle de la loi, de l’écologie… « J’ai choisi ces romans pour leur originalité, pour leur fidélité aux événements historiques, pour leurs personnages attachants, le suspense qu’ils créent, – mais aussi pour leur art d’évoquer des paysages si divers dont leurs auteurs sont amoureux : Oregon, Dakota, Texas, Arizona, Wyoming… L’Ouest, le vrai : quel irrésistible dépaysement ! » BERTRAND TAVERNIER « Sa passion dévorante pour le western a poussé le réalisateur Bertrand Tavernier à aller voir, par-delà les metteurs en scène et les scénaristes, les livres qui avaient inspiré ses films préférés. Il a découvert un genre littéraire méconnu en dehors des États-Unis. Comment faire par- John Ford, Howard Hawks, Delmer Daves, Anthony Mann, Robert Aldrich se battent en duel au panthéon des grands réalisateurs. En littérature, James Fenimore Cooper, auteur du Dernier des Mohicans est pratiquement le seul qui vient instantanément à l’esprit. « Les gens pensaient que c’était une littérature enfantine. Le film noir a entraîné l’émergence d’une littérature noire. Le western n’a pas eu cette chance », explique Bertrand Tavernier. C’est à l’âge de 18 ans qu’il a, pour la première fois, plongé dans un livre sur l’Ouest américain. « De temps en temps, on me disait que les romans étaient formidables. J’ai franchi le pas avec The Ox-Bow incident (adapté au cinéma par William Wellman, en 1943, et sorti en France sous le titre L’étrange incident). « C’est un genre qui devient actuel. Il nous parle de l’écologie, de la loi, de l’ordre, de la nature, de la manière de détruire, de spolier une race… Autant de sujets qui ont gardé une actualité ! », énumère-t-il. Custer jugé sévèrement Illustration avec Des clairons dans l’après-midi, dont l’adaptation cinématographique Les clairons sonnent la charge est peu convaincante. Le roman de Ernest Haycox (1899-1950) est pourtant superbe, […] Ernest Haycox, qui s’était énormément documenté, livre un jugement certes sévère sur Custer, soulignant son côté infantile, sûr de lui, mais éloigné de la posture de diva mégalomane qu’en donna Arthur Penn dans Little Big Man. Passionnant. Des hommes à nu Le deuxième ouvrage présenté est Terreur apache de W.R. Burnett, plus connu comme auteur de romans noirs (Quand la ville dort) ou comme scénariste (Scarface). Ce livre, qui a inspiré le superbe Fureur apache de Robert Aldrich, avec Burt Lancaster, nous plonge dans une poursuite haletante entre des soldats, guidés par un éclaireur tenace et une bande d’Apaches véloces qui se sont enfuis d’une réserve et sèment la terreur parmi les colons. Les événements et l’écriture sèche, dépouillée de Burnett mettent les hommes à nu… Et l’insatiable Bertrand Tavernier promet déjà cinq autres ouvrages à paraître, parmi lesquels Le passage du canyon, ou L’aventurier du Rio Grande, à n’en pas douter essentiels pour les fans de western.» ■ THIERRY CHARPENTIER, LE TÉLÉGRAMME samedi 20 septembre à 19 h à la librairie Ombres Blanches Pamphlet Vous est rassurés Pour marquer les Cinquante ans de la Cinémathèque de Toulouse, il nous a semblé important de mettre en lumière le travail d’écrivain et d’intellectuel de son fondateur Raymond Borde. Outre ses écrits sur le cinéma, sur le travail des Cinémathèques, ses livres sur le burlesque, sur le Film noir, sur le Cinéma Réaliste allemand, Raymond Borde est l’auteur d’écrits sur le surréalisme. Il est aussi l’auteur d’un roman écrit à vingt ans et publié tardivement en 1995 par les éditions Joëlle Losfeld, Le 24 Août 1939. En 1963, le livre L’extricable, publié par l’éditeur surréaliste Éric Losfeld, provoqua des réactions enthousiastes parmi la jeunesse des années de l’aprèsguerre et du gaullisme. Dans ce pamphlet, Raymond Borde exprimait à l’égard du monde contemporain un rejet qui devait exploser en mai 68.André Breton a aimé ce texte qui allait dans le sens des exigences surréalistes et qui reste, malgré sa date de publication, d’une actualité surprenante. L’Extricable reste un livre-culte. La Cinémathèque et la librairie en proposent une lecture intégrale en deux parties d’environ une heure. Et à deux voix. Dans l’alternance Masculin/Féminin s’exprimera au mieux la colère et les interrogations encore vivaces de Raymond Borde. Jacques Bonaffé sera l’invité de la rue du Taur le 19, avant qu’à Ombres blanches nous entendions la deuxième partie du texte par la comédienne Nathalie Vinot. «Avec Tergal vous ferez jeune et Simca a pensé dans les 200 modèles de capotes anglaises, à votre style de conduite. La speakerine de la TV vous regarde dans le blanc des yeux et la technique de base à la radio consiste à bafouiller et à improviser, pour vous rendre copain de l’émission merdeuse que vous avalez comme un bœuf en daube ? Vous êtes rassurés. Les amis vous entourent des millions d’êtres chers et de chers inconnus. Le monde est fraternel. On s’occupe de vous.» ■ R. BORDE Clovis Trouille, Sous le culte des sorcières en flirt (détail). mercredi 17 septembre à 18 h Cinquante ans de Cinéma à Toulouse Fondée le 12 février 1964 par Raymond Borde et l’équipe de cinéphiles qui s’est rassemblée autour de lui, la Cinémathèque de Toulouse, célèbre tout au long de 2014 ses 50 ans. Tout au long de l’année 2014, à Toulouse et ailleurs, la Cinémathèque va fêter son demi-siècle en mettant son identité, son histoire et ses collections au service du futur. Puisqu’un anniversaire n’est pas tant l’occasion de se réjouir de ce qui est passé que de célébrer la vie, l’énergie du présent et l’espoir du lendemain. Douze mois de festivités, qui permettront de mettre en lumière « l’autre » cinémathèque, à travers des thématiques mensuelles, des événements spécifiques, et un rendez-vous qui ne durera que le temps de 2014 : « 50 ans, 50 moments de cinéma ». 24 dans la glace dans le miroir 25 1812, La campagne tragique de Napoléon… Le sentiment de soi ADAM ZAMOYSKI GEORGES VIGARELLO Rencontre avec Adam Zamoyski autour de la parution de son livre 1812, La campagne tragique de Napoléon en Russie (Éditions Piranha). Rencontre avec Georges Vigarello autour de la parution de son livre Le sentiment de soi. Histoire d’une découverte paru aux éditions du Seuil. Organisée en collaboration avec Sciences Po Toulouse et le lycée Saint Sernin. Débat animé par Olivier Loubes et Isabelle Lacoue-Labarthe. mercredi 8 octobre à 18 h York en 1949, est un historien indépendant qui a passé la majorité de sa vie en Angleterre. Ses parents, originaires de Pologne, ont fui le pays lors de l’invasion germano-soviétique en 1939.Adam Zamoyski commence à s’intéresser dès la fin des années 1960 à son histoire familiale et à son pays d’origine ce qui l’a amené à étudier plus largement le contexte historique et culturel européen. Après des études au Queen’s College à Oxford, il a entrepris de parcourir de nombreux pays européens. Tragédie humaine L’invasion de la Russie par Napoléon et la terrible retraite depuis Moscou en flammes furent une épopée militaire et une tragédie humaine d’envergure : le premier exemple historique de la guerre totale. 1812 est le récit magistral de ce tournant décisif de l’histoire, moment fondateur de l’Europe moderne. Il retrace le destin poignant des dizaines de milliers de soldats venus de toute l’Europe et détaille les événements de cette période tumultueuse. En puisant dans une abondante documentation de témoignages contemporains (en français, en russe, en allemand, en polonais et en italien, pour la plupart inédits), Adam Zamoyski réussit à reconstituer d’une main de maître une fresque brillante et poignante et fait revivre au lecteur le quotidien dramatique des soldats jetés sur les routes gelées et la tragédie vécue par les civils fuyant l’avance des armées. Le résultat est une œuvre exceptionnelle : un livre d’histoire remarquable, qui fera référence pendant longtemps. ■ GEORGES VIGARELLO est Le moi est aujourd’hui solidement ancré dans un corps auquel est portée la plus grande attention. Cette perception « physique » intérieure n’a pas toujours existé. Elle est née de lentes transformations engageant la manière même dont le sujet se perçoit. Les discours médicaux, la littérature, comme des expériences concrètes, pratiques sportives ou de loisir, les révèlent. Jusqu’au XVIIIe siècle, la sensibilité traditionnelle privilégiait les cinq sens, la vue, l’odorat, le goût, l’ouïe, le toucher, tenus pour de simples messagers de l’âme, des vigies tournées vers l’extérieur. Le moi était circonscrit à la pensée et à l’esprit : « je pense, donc je suis ». C’est dans la seconde moitié du XVIIIe siècle qu’apparaît, dans les textes de Diderot ou de l’Ency- directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales. Il a publié au Seuil de nombreux ouvrages et dirigé avec Alain Corbin et Jean-Jacques Courtine une Histoire de la virilité (2011), et plus récemment La silhouette du XVIIIe siècle à nos jours (2012). Prise de conscience 12 banquets qui ont changé l’histoire SUZANNE VARGA mercredi 8 octobre à 16 h Rencontre avec Suzanne Varga autour de son ouvrage 12 banquets qui ont changé l’histoire aux éditions Pygmalion. SUZANNE VARGA est agrégée docteur d’État et professeur des Universités. Elle se consacre, depuis plus de trente ans, à la littérature et à l’histoire des XVIe et XVIIe siècles, plus spécialement aux siècles d’Or espagnols. Elle a notamment publié Lope de Vega (Fayard 2002) et Philippe V, roi d’Espagne, petit-fils de Louis XIV (Pygmalion, 2013). LES TOURBILLONS de l’histoire cèdent parfois la place à des pauses festives dont on ne doit pas mésestimer l’importance. La table, au même titre que les champs de bataille, a toujours été un formidable lieu de pouvoir et de stratégie politique ; l’issue d’un festin n’est jamais sûre, tant les enjeux de puissance y sont réversibles. Voici 12 agapes mémorables aux mises en scène éblouissantes et aux enchantements culinaires ; tel le Banquet du Bal des Ardents organisé par le roi Charles VI, qui vit cinq grands seigneurs de ses amis mourir par le feu, transformés en torches vives, et qui en fut affecté jusqu’à la folie ; ou le Banquet du Faisan célébrant la suprématie du duc de Bourgogne Philippe le Bon et dont le clou fut un pâté d’où jaillirent vingt-huit musiciens donnant sur-le-champ un concert. Ou encore celui de Vauxle-Vicomte dont les splendeurs firent de l’ombre au Roi-Soleil : Fouquet le paya d’un emprisonnement à vie. Ou, enfin, ces immenses mouvements de commensalité fraternelle qui, sous la IIIe République, réunirent en 1900 plus de vingt mille maires dans le jardin des Tuileries. Ces festins devenus pages d’Histoire, Suzanne Varga les a mitonnés avec un art consommé ! ■ Nicolas Régnier, Femme à sa toilette, vers 1626 (détail). ADAM ZAMOYSKI né à New mercredi 1er octobre à 18 h clopédie, l’idée d’un sixième sens pour désigner les perceptions internes du corps. Cette conscience inédite du corps s’exprime dans les notions nouvelles comme celle du sentiment de l’existence. Le corps coïncide avec le moi : véritable révolution de la perception de soi, qui s’exprimera bientôt abondamment dans les journaux intimes. Le XIXe siècle approfondit ces réflexions en s’interrogeant sur le rêve, la folie, l’effet des drogues, le somnambulisme. Le début du XXe siècle introduit plus qu’on ne le croit à la culture d’aujourd’hui : de la relaxation aux exercices de prise de conscience, de la détente au vertige, la conscience corporelle devient un lieu de vertige autant que d’approfondissement de l’intime. ■ 26 sur l’anti-œdipe La psychologie positive, ça vous parle ? « Les émotions positives ne sont pas un luxe mais une nécessité. Elles participent à notre bienêtre, notre bonne adaptation à l’environnement, et le cas échéant à nos performances. On peut apprendre à les faciliter et à les développer.» Christophe André Le Front National VALÉRIE IGOUNET lundi 22 septembre à 18 h Rencontre avec Valérie Igounet autour de son essai Le Front National (Seuil). son, portrait d’un négationniste (Denoël, 2012). La Maif vous propose d’assister à une conférence sur ce sujet d’actualité Histoire vivante et complète MERCREDI 8 OCTOBRE À 20 H CENTRE DE CONGRÈS DIAGORA 150 RUE PIERRE-GILLES DE GENNES TOULOUSE-LABÈGE Christophe ANDRÉ (psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne à Paris) et William SERVAT (entraîneur du Stade Toulousain, ancien joueur international de rugby), échangeront sur l’ensemble des efforts, des techniques et des exercices destinés à rester à l’équilibre, à continuer d’aller bien pour mieux faire face aux difficultés. Ils partageront et confronteront leurs expériences, tant dans la vie quotidienne que dans le domaine sportif. Réservation obligatoire à compter du 22 septembre et dans la limite des places disponibles sur : www.maif.fr/equilibreinterieur-toulouse ou www.maif.fr/actionsmutualistes (placement libre) Hommage à Felix Guattari S. NADAUD, S.MAGLIONI, G.THOMSON jeudi 18 septembre à 18 h (sous réserves) Hommage à Felix Guattari autour de l’ensemble de son œuvre et en présence de Stéphane Nadaud, de S. Maglioni et G. Thomson. Soirée organisée en lien avec Le Musée des Abattoirs et suivie d’une projection à l’auditorium des Abattoirs à 20 h du film In Surch of UIQ de Silvia Maglioni et Graeme Thomson. En présence des réalisateurs. STÉPHANE NADAUD est spécialiste du Japon hors des sentiers battus. Docteur en philosophie (Paris-VIII), il est ancien rédacteur en chef de la revue Chimères, fondée par Félix Guattari. Il est aussi l’auteur de : Homoparentalité, une nouvelle chance pour la famille (Fayard, 2002), Homoparentalité hors-la-loi (Lignes, 2006). Il a établi en 2013 pour les Éditions Lignes l’édition des écrits de Félix Guattari : Qu’est-ce que l’écosophie ? et Écrits pour l’Anti-Œdipe. FELIX GUATTARI (1930-1992), philosophe et psychanalyste proche du courant de la psychiatrie insti- tutionnelle de Jean Oury, est l’auteur de plusieurs ouvrages coécrits avec Gilles Deleuze. Dans Les Trois Écologies (Galilée, 1989), il a présenté les grands principes de l’écosophie. Les Éditions des Prairies Ordinaires ont réédité en 2009 le dernier recueil paru de son vivant, Les Années d’hiver (première publication en 1985), dont celui-ci constitue la « suite » chronologique, ainsi qu’en 2012 La Révolution moléculaire. QU’EST-CE QUE L’ÉCOSOPHIE ? réunit les textes rares ou inédits que Félix Guattari rédige entre 1985 et 1992. Proche des partis écologistes, qui lui paraissent alors pouvoir exprimer un « nouveau type de militantisme » (il déchantera rapidement), il entreprend de formaliser une théorie écologiste dont l’ambition ne se limite nullement à la sauvegarde de l’environnement. Les textes qui composent ce volume exceptionnel constituent un témoignage précieux sur une période dont l’histoire politique reste en grande partie à écrire ; ils anticipent également les errements partisans du mouvement écologiste actuel. ■ 27 populisme VALÉRIE IGOUNET est historienne, chercheuse associée à l’Institut d’histoire du temps présent (CNRS). Spécialiste de l’ex- trême droite et du négationnisme, elle est notamment l’auteure d’Histoire du négationnisme (Seuil, 2000) et de Robert Fauris- Au début des années 70, à la faveur de luttes intestines et d’opportunités politiques, Jean-Marie Le Pen s’impose peu à peu à l’extrême droite et mène sur le devant de la scène un agrégat de groupuscules, le Front national. Valérie Igounet retrace la longue et chaotique gestation du parti, décrypte le travail des idéologues, ceux qui lui ont donné son identité et une certaine unité. Mais l’histoire du Front national, c’est d’abord celle d’un homme politique qui reste à la tête de sa formation pendant près de quarante ans, d’un provocateur bruyant qui ne supporte pas ses numéros deux, rivaux potentiels, jusqu’à l’arrivée de sa fille Marine. Dans les années 2000 il lègue à cette dernière un parti toujours aussi extrémiste sur le fond, mais plus présentable, qui recueille près de 18 % de voix à l’élection présidentielle de 2012 et gagne onze mairies aux municipales de 2014. Avec patience et détermination l’historienne a réussi à pénétrer l’organisation jusqu’à obtenir de longs entretiens avec nombre de militants, de dirigeants anciens et nouveaux, et avec Jean-Marie Le Pen lui-même. Plusieurs d’entre eux lui ont confié archives et papiers personnels. S’appuyant sur cette masse de documents inédits, elle raconte, pour la première fois, l’histoire vivante et complète des quarante années qui ont fait du Front national un acteur majeur de la vie politique française. ■ 28 cyrillique 29 syrie Au lieu du péril La Syrie promise LUBA JURGENSON HALA KODMANI Rencontre avec Luba Jurgenson autour de son livre Au lieu du péril (éditions Verdier). Rencontre avec Hala Kodmani autour de son ouvrage La Syrie promise (Actes Sud). Rencontre organisée en lien avec l’association Averroès. samedi 11 octobre à 17 h vain, traductrice et universitaire. Parmi ses derniers livres parus : L’expérience concentrationnaire est-elle indicible ? (essai, Le Rocher 2003) ; Boutique de vie (roman, Actes Sud 2001) ; Tolstoï (essai, Pygmalion 1998) ; Éducation nocturne (roman, Albin Michel 1994) ; Soljenitsyne (essai, Albin Michel, 1991). Tracé palpable Le bilinguisme attend son chroniqueur, un chroniqueur terre à terre, qui suivra pas à pas les indices corporels du décentrement. C’est la tâche que je me donne ici : traquer les signes physiques, le tracé palpable de cet hébergement réciproque. Il s’agit donc d’un reportage. Mais la matière que je cherche à décrire est également celle dont je me sers pour la décrire. C’est comme raconter un incendie avec du feu. Le musicien vous parlera de son instrument, le tailleur, l’ébéniste, le cordonnier, le jardinier, le marin – tous auront des choses à raconter en rapport avec leurs outils et la matière qu’ils travaillent. Pour l’écrivain, l’outil et la matière sont une seule et même chose. La matière de la langue est travaillée avec l’outil de la langue. L’écrivain façonne lui-même son instrument, chevillé à son corps. En parler, c’est mettre en scène ce corps qui écrit. Le bilingue écrivant – catégorie à laquelle j’appartiens – utilise des outils à double tranchant. Le but de ce livre, c’est de les voir à l’œuvre. Il arrive que l’on éprouve le besoin de raconter son métier. Pour moi : l’expérience très concrète d’habiter le lan- gage – d’être habitée par lui – en double. J’ai dit « outil ». Il s’agit bien sûr d’une illusion d’optique. On croit « se servir » de la langue comme on croit que le soleil tourne autour de la terre. En réalité, elle se sert de nous pour vivre et évoluer. Nous sommes son instrument et elle nous façonne en se laissant façonner par nous. Nous sommes sa matière qu’elle travaille tout en se laissant travailler. Dans une vie vouée à questionner le langage, il arrive un moment où il devient urgent de faire place à ce qui constitue le corps du langage : la langue.» ■ HALA KODMANI née à Damas, Affiche conçue par Iossi Guerasimovitch, 1928 (détail). LUBA JURGENSON est écri- Lundi 15 septembre à 18 h est journaliste indépendante et collabore notamment à Libération et à L’Express. Elle a été rédactrice en chef à France 24 après avoir travaillé au bureau de la Ligue des États arabes à Paris, puis à l’Organisation internationale de la francophonie. Elle anime des ateliers de formation de jeunes journalistes syriens. La Syrie promise Sous la forme d’un échange de courriels entre elle et son père récemment décédé, Hala Kod- Grecques ANTIGONE TROGADIS samedi 16 septembre à 16 h Rencontre avec Antigone Trogadis autour de son roman Grecques paru aux éditions Noir & Blanc. ANTIGONE TROGADIS est née en 1969 à Montréal de parents grecs. Elle a grandi en Grèce, puis s’est installée en France, d’abord à Paris. Ses études de Lettres Modernes, ainsi qu’une vocation précoce, la conduisent à passer avec succès le CAPES et depuis 2005 elle est professeur au Lycée Lapeyrouse à Albi, tout en se consacrant de plus en plus à l’écriture. Grecques est son premier roman. CE ROMAN nous emporte dans la tourmente de la Grèce de 1968 où, sous la botte fasciste des colonels et la complicité des popes rétrogrades, la dictature s’efforce d’écraser tout autant la culture millénaire fondatrice de l’idéal démocratique, que les aspirations à la liberté. C’est le regard aiguisé d’Ismène qui, du haut de ses neuf ans, traverse tout le roman et entraîne le lecteur dans l’Histoire et les événements où s’entremêlent les trajectoires et les figures de femmes qui constituent la chair et l’ossature du récit. À Stamena, village du Péloponnèse maudit des dieux et des hommes, le fantastique rôde, pour le pire ou le meilleur. L’été 68, sous la dictature des colonels, réunit Ismène, venue d’Athènes près de sa grand-mère pour fuir les turbulences politiques qui affectent sa famille, et une jeune femme, Anna, arrivée de Paris pour enterrer son père. Ismène découvre les traditions ancestrales et religieuses qui s’im- posent aux femmes de Stamena, mais elle peut s’en évader grâce à la nature, ses livres et sa proximité avec l’Antiquité, ravivée par la découverte d’une statue. Malgré les circonstances, Anna est sensible à la douceur de la vie grecque, mais elle fait l’expérience du peu d’estime pour la condition féminine notamment au travers de ses relations avec un inquiétant policier, un pope fanatique ou même avec le falot instituteur du village. Mais cet été 68, avec toutes ses vicissitudes, sème chez Ismène les germes d’une prise de conscience qui lui permettra d’affronter l’existence avec une résolution adulte et autonome. ■ mani raconte comment le pays qui n’était que celui de ses « origines », la Syrie, l’a rattrapée après cinquante ans d’oubli. Issue d’une famille damascène aisée qui avait choisi de s’installer en France, puis de porter la nationalité française, elle entendait initialement expliquer son rapport à son pays d’adoption alors que le débat empoisonné sur l’identité nationale battait son plein et qu’elle se sentait gagnée par la morosité ambiante. Mais voici que les Tunisiens se révoltent, suivis par les Égyptiens et les Libyens, avant que d’autres pays arabes, dont la Syrie, se soulèvent à leur tour. Dès lors, la correspondance de Hala avec son père s’enflamme, elle lui narrant les principaux événements en cours, lui se rappelant les vicissitudes de l’histoire contemporaine de la Syrie qu’il a vécues en militant nationaliste arabe convaincu. L’ensemble, écrit d’une plume élégante, se lit comme le parcours personnel d’une Syrienne qui se découvre elle-même en découvrant son pays au moment où il renaît à la vie, et où il risque de mourir. ■ 30 histoire de migrants histoire d’un émigré 31 CRA, Centre de Rétention Administrative Armand Gatti dans le maquis des mots ASSOCIATION DE DÉFENSE DES DROITS DES MIGRANTS A. GATTI, J.-J. HOCQUARD, P. TANON Rencontre signature débat autour de la bande dessinée CRA, Centre de Rétention Administrative (éditions Des ronds dans l’O) en présence de membres d’association de défense des droits des migrants. Rencontre avec Armand Gatti, Jean-Jacques Hocquard et Pauline Tanon autour du livre Armand Gatti dans le maquis des mots paru aux éditions Actes Sud. La rencontre sera suivie d’une projection à la Cinémathèque de Toulouse du film El otro Cristobal (1962). lundi 6 octobre à 18 h vendredi 12 septembre à 18 h EN 2012, à Toulouse-CornebarJEAN-JACQUES HOCQUARD rieu, l’auteur participe à la campagne Ouvrez les portes, visant à obtenir l’accès des journalistes et de la société civile aux centres de rétention pour lesquels il existe peu d’informations. L’opération s’est tenue durant douze jours devant la quasi-totalité des centres de rétention européens et africains ; en ce qui nous concerne devant celui de Cornebarrieu. La bande dessinée Centre de Rétention Administrative est donc née de cette manifestation. accompagne Armand Gatti depuis la tournée de V comme Viêtnam en 1966. Cofondateur et directeur des associations et sociétés porteuses des projets d’Armand Gatti (théâtre, cinéma, édition, ateliers, etc.), il est un témoin privilégié de cette aventure hors des sentiers battus. PAULINE TANON est comédienne et directrice de compagnie théâtrale, découvre Armand Gatti par la lecture. Elle adapte, en 2011, deux de ses textes qu’elle met en scène sous le titre Aux arbres, Prendre conscience « Le jour de la dernière manifestation, le 6 avril, nous nous demandions comment donner un fort impact à cette campagne, comment témoigner du sort de ces migrants injustement enfermés et faire prendre conscience à la population des actes qui sont perpétrés en son nom. Il y avait des journalistes, qui ont fait des reportages et documentaires, des associations qui ont recueilli des témoignages, plus tous les témoignages des « visites » au parloir. J’ai alors proposé de réaliser une bande dessinée à partir de tout ce matériel, sans vraiment me rendre compte de l’ampleur de la tâche. Ces pages sont donc le fruit de deux ans de travail, avec des périodes d’interruptions, d’interrogation, de découragement et de re-motivation.» ■ JEAN-BENOÎT MEYBECK Lampedusa beach MÉLANIE TRAVERSIER, LINA PROSA vendredi 10 octobre à 19 h Rencontre autour de la lecture de Lampedusa beach avec Mélanie Traversier, lectrice et Lina Prosa, auteure. Rencontre organisée dans le cadre de la Novela. MÉLANIE TRAVERSIER née en 1975, est historienne et comédienne. Ancienne élève de l’ENS, elle est actuellement maître de conférences en histoire moderne à l’université Lille 3. Ses travaux portent sur l’histoire sociale de la musique et sur l’histoire du genre et des femmes dans la société d’Ancien Régime. Elle a notamment publié Gouverner l’opéra. Une histoire politique de la musique à Naples, 1767-1815 (2009) et édité Ma Vie. Mémoires de Vittorio Alfieri (Gallimard, 2012). En tant que comédienne, Mélanie Traversier s’est produite sur scène en français et en italien, notamment dans le cadre des Petites fêtes de Dionysos (Arbois 2010) et du Banquet du Livre (Lagrasse, 2009-2014). LINA PROSA est auteure, dramaturge et dirige à Palerme le Teatro Studio Attrice/Non, un espace de recherche et de création théâtrale engagé dans le Progetto Amazzone (Mythe-Science-Théâtre) qu’elle mène depuis 1996 avec Anna Barbera. Première auteure italienne invitée à la Comédie Française, elle a mis en scène au mois de février 2014 au théâtre du VieuxColombier son Triptyque du Naufrage composé des trois textes Lampedusa Beach-Lampesua Snow-Lampedusa Way traduits par Jean-Paul Manganaro. DES SINISTRES faits divers que la presse nous rapporte des plages de Lampedusa, Lina Prosa tire une pièce bouleversante sur le parcours d’une femme, Shauba. Migrante comme tant d’autres, naufragée comme beaucoup, avalée par la mer, elle s’accroche à quelques centaines de mètres de la plage à sa paire de lunettes de soleil, dernière bouée avant la descente dans les flots. À travers ce monologue traversé d’une fulgurance poétique, l’auteure italienne nous entraîne dans le naufrage de ceux qui rêvent d’accoster une terre d’espérance. ■ citoyens, préambule à la rédaction de cet ouvrage. Idéal libertaire « Ce que nous voudrions faire valoir à travers le théâtre, c’est le système du don total d’un homme envers les responsabilités de son époque. […] Fatalement, s’il pousse jusqu’au bout, il entre en conflit avec la morale traditionnelle.» ARMAND GATTI Combattant de la vie «Armand Gatti, anarchiste jusqu’au bout de sa crinière, aussi rebelle que lui, a un sacré pedigree : maquisard à quinze ans sur le plateau de Millevaches, arrêté, condamné à mort, évadé, de nouveau arrêté, il sera déporté… Ce n’est pas un survivant qui revient de la mort mais un combattant de la vie, un témoin qui se jette à corps et à cœur dans l’écriture. D’abord journaliste, Il obtient le prix AlbertLondres en 1954, puis il se tourne vers le théâtre après que Vilar a monté une de ses pièces. Car il a le théâtre dans la peau depuis qu’un soir, dans les camps, il a assisté à une représentation jouée par des rabbins. Dans la confusion du siècle et des sentiments, ce souvenir restera à jamais ancré, brillera comme une luciole dans la nuit, dans toutes les nuits où il sera toujours du côté des opprimés, ses frères de combat, en Irlande du Nord, en Amérique du Sud ou aux côtés des loulous de banlieues. Loin des lieux traditionnels du théâtre, il s’installe dans des no man’s land, à la ville, à la campagne, travaille avec les exclus, ceux qui sont condamnés par la société. […] Gatti confie qu’il a trois mentors : Vilar, Piscator (le fondateur du théâtre prolétarien) et Mao Tsétoung. Mais aussi et surtout Michaux, Rimbaud, Gramsci, dont il avait les livres dans sa besace le jour où il a rejoint le maquis. Des poètes, comme lui ; des hommes libres, comme lui ; des insoumis, comme lui.» ■ EXTRAITS M.-J. SIRACH, L’HUMANITÉ 32 /café littéraire café littéraire/ 33 > vendredi 22 août à 17 h 30 Promenade musicale dans la librairie > du 1er au 31 octobre Exposition des œuvres de Nelly Bonnefis Promenade musicale dans la librairie par les élèves flûtistes, clarinettistes et violoncellistes du cours d’été SoRubato et leurs professeurs Sandrine Tilly, David Minetti et Philippe Tribot, solistes de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse. Avec la participation de Marie Condamin, piano. Haydn, Vivaldi, Mozart… ainsi que d’autres compositeurs seront au programme. « Les œuvres de Nelly Bonnefis semblent investir un rare silence qui, pénétrant librement dans la pensée, devient réflexion, illumination, exercice d’humilité. Elle effleure la matière pour l’arracher à son mutisme, pour la transfigurer selon la loi propre à son art, la transmuer en tentative de parole, en verbe liminaire. […] Ces estampes sont anamnèse, voyage dans les profondeurs de la mémoire, une sorte d’apnée dans les abysses qui nous fondent. (…) Œuvre de sérénité, de convergence, de reconquête du vivant par sa sensibilité intensément aiguisée, telle est sa participation, modeste, importante et influente tout à la fois, comme celle de chacun de nous, au grand œuvre de ce monde où la part invisible et la part visible s’entremêlent indéfiniment. > du 1er au 30 septembre Exposition « Titans » présente le travail de Didier Desplats accompagné des textes de Joëlle Caujolle. Rencontre-signature avec le photographe autour de son livre Titans (Éditions de l’œil) le mardi 9 septembre à 18 h Vous pouvez également voir ses œuvres en exposition à l’espace des diversités durant tout le mois de septembre. « Les hommes enceintes, alliance de mots en soi impossible, qui transgresse et transcende masculin et féminin. C’est un travail sur le désir. Le désir de s’exposer et d’exposer mon désir. Désir du corps, incontournable. Pour moi une rencontre avec d’autres hommes, grands, corpulents. Je les vois montagnes, puissants et infranchissables. Dignes, ce sont des vainqueurs parce qu’abandonnés. En un sens, ils se donnent à voir. Ils se sont mis à nu et nous révèlent une beauté hors normes. Sculptures improbables, « Les Titans » questionnent les modèles grecs classiques, ainsi que la norme de la taille mannequin, comme étalon de la beauté contemporaine. » Nul art sans l’énoncé d’une vision. La sienne est aboutie et soutenue, par une discrétion qui lui donne son sceau d’authenticité. Venant à notre rencontre sa pensée n’affiche pas de certitudes qui tôt nous encombreraient, mais se limite à l’essentiel, qui est constant questionnement devant les portes du réel. » JEAN-DAMIEN ROUMIEU, POÈTE. > samedi 27 septembre de 12 h 30 à 14 h Scènes ouvertes slam ! C’est la rentrée des scènes ouvertes slam ! Rendez-vous les 4e samedi du mois, la recette reste la même : un auteur des éditions Universlam invité, une scène ouverte. Pour ce premier rendez-vous, Camille Case présentera son ouvrage La peau lisse des frontières (Universlam). Reprise des séances autour des Irréguliers de la littérature francophone au XXe siècle. Présentation par Henri Prade. Lectures par Amélie Chataur, Philippe Dupeyron, Catherine Gadon. lundi le 8 septembre 2014, 17 h 30 à 19 h autour de Figures féminines de la littérature prolétarienne de l’entre-deux guerres : Rose Combe, Neel Doff, et G. Existence D’extractions humbles, elles ont été modèles, ou garde barrière. Porteuses d’une révolte authentique, animées d’un rare désir de vivre, elles sont venues tard à l’écriture. Avec une volonté farouche, elles disent sans fard la misère vécue, ou cotoyée, dans des écrits qui non seulement portent témoignage du fait social, mais aussi le transcende littérairement. Les évoquer, les lire, sera aussi une occasion de parler plus largement de la littérature prolétarienne. lundi 6 octobre 2014, 17 h 30 à 19 h autour de Quelques figures singulières d’écrivains français tués à la guerre de 14 : Jean de La Ville de Mirmont, Louis Codet, Marc de Larreguy de Civrieux Cette année de centenaire est une bonne occasion d’évoquer la mémoire des quelques 750 écrivains français tués à la guerre de 14, au travers de quelques figures singulières : Jean de La Ville de Mirmont, Louis Codet, Marc de Larreguy de Civrieux, et quelques autres tels Emile Despax ou Georges Pancol. Écrivains authentiques, quelquefois poussés par les circonstances, leur voix ironique, incisive, tendre s’est tue avant l’heure, les précipitant un peu plus dans l’oubli. 34 jeunesse samedi 6 septembre à 11 h Calendrier à venir Rencontre-dédicace avec Guy Mothe autour de son album Le bestiaire loufoque Ateliers de lecture théâtralisée avec la Compagnie Les Anachroniques Comme l’an dernier, nous proposerons des ateliers de lectures théâtralisées avec la Compagnie Les Anachroniques. La Compagnie initie à des lectures théâtralisées d’albums ou de textes de littérature de jeunesse, avec enthousiasme et bonne humeur garantie ! Durée : 1 h 30 à 2 h Nombre de participants : 12 Âge : de 9 à 14 ans Inscription obligatoire auprès du rayon jeunesse 05 34 45 53 37 ou [email protected] Participation financière : 5 € L’auteur jongle avec les mots, dans cette jungle d’animaux… avec des expressions populaires et proverbiales françaises, ce qui est très amusant… Mais ses histoires avec de drôles de bêtes ont de quoi intriguer ! Et si les animaux n’étaient pas aussi bêtes que ça ? Nous demande l’auteur, dont vous lirez les pages illustrées d’aquarelles appropriées et inédites de la peintre Michelle Legathe qui a réussi à les apprivoiser à sa façon, par des aquarelles appropriées, illustrant quelques-unes des 54 fables et 30 pensées qui vous réjouiront le cœur et l’esprit. Ce livre est l’aboutissement de quarante années d’écriture humoristique où la fine dérision, l’emporte sur la fable. mardi 7 octobre à 14 h Présentation des nouveautés en partenariat avec l’association Lire et faire lire 31 et animée par Françoise Guiseppin ou Pauline Costa. jeudi 18 septembre à 20 h À l’occasion de la parution du livre L’Atlas Plus du ciel et de l’espace (Milan), rencontre avec Anne Lesterlin, auteure, Dominique Auzel, directeur littéraire des documentaires Milan, Claire EderyGuirado et Philippe Gaudon, ingénieurs au CNES. Le débat sera animé par le journaliste Pascal Alquier ANNE LESTERLIN est née en 1980 et vit à Toulouse. Journaliste scientifique, elle travaille régulièrement avec les magazines Wapiti et Wakou, et a écrit plusieurs ouvrages pour les éditions Milan. QUI N’A JAMAIS LEVÉ les yeux au ciel en se demandant ce qu’il y a au-dessus de sa tête ? Les enfants, si jeunes soient-ils, s’interrogent sur le ciel, la Lune, les étoiles… Ils entendent parler des exploits des astronautes, et rêvent souvent d’explorer l’espace… Ce documentaire reflète notre connaissance actuelle de l’Univers grâce à des informations précises et à des photos exceptionnelle qui proviennent le plus souvent de la Nasa et du Cnes. Construit en quatre étapes, le voyage commence par ce qui nous est proche (le climat, les satellites) pour aller vers le plus loin (les nébuleuses, les étoiles), en faisant une incursion dans le système solaire à bord de l’ISS ou d’Ariane 5. samedi 20 septembre à 14h30 Atelier d’illustration avec Magali Bardos Quatre ateliers créatifs au fil des saisons Thème : travailler à une réalisation en utilisant les techniques mises en œuvre dans un album de Magali (publiés chez Actes Sud Junior ou Pastel) Nombre de participants : 10 Âge : à partir de 6 ans Inscription obligatoire auprès du rayon jeunesse 05 34 45 53 37 ou [email protected] Participation financière : 3 € samedi 27 septembre à 14 h Atelier créatif avec Nicolas Lacombe suivi d’une séance de dédicace Nicolas Lacombe est plasticien, illustrateur. Il développe une nouvelle approche tactile en 2D au travers de l’utilisation du scotch, il tente de modifier notre rapport à l’image. Violence douce, le scotch traduit un graphisme contenu, prenant le papier en otage, le vidant progressivement de sa substance… impressions graphiques riches et vivantes assurées ! Deux groupes : 15 h et 16 h Durée : 45 minutes Âge : à partir de 7 ans Inscription obligatoire auprès du rayon jeunesse 05 34 45 53 37 ou [email protected] Participation financière : 3 € à régler pour confirmer la réservation 35 jeunesse Nous reconduisons un programme de réunions, ouvertes à toute personne intéressée par la littérature pour la jeunesse, et tout particulièrement par les albums : dans la masse des parutions, et en parallèle du travail mené sur le rayon pour faire émerger ce que nous pensons le meilleur, nous nous proposons de mettre en lumière un certain nombre de nouveautés. Durée : 1 h Nombre de participants : dans la limite des places disponibles Inscription obligatoire auprès du rayon jeunesse 05 34 45 53 37 ou [email protected] Gratuit Le club de lecteurs jeunes ados Il reprend en septembre, animé par Marlène Davezac, libraire du secteur Jeunesse. Ces réunions invitent les lectrices et lecteurs à échanger autour des livres qu’ils aiment, (ou pas !), à en découvrir de nouveaux, ou à les faire découvrir aux autres. Durée : 1 h Nombre de participants : 10 à 12 Âge : de 9 à 14 ans Inscription obligatoire auprès du rayon jeunesse 05 34 45 53 37 ou [email protected] Gratuit/Un calendrier annuel sera fixé dès la rentrée samedi 18 et dimanche 19 octobre La librairie Ombres Blanches proposera un large choix de livres pour adultes et pour les jeunes lors de la 14e édition du Festival Scientilivre au Centre de congrès Diagora Deux jours à la découverte des sciences et des livres : des dizaines d’atelier pour petits et grands, conférences, rencontres auteurs… ! Qu’elle soit négative, numérique, virtuelle, symbolique, augmentée, l’image nous laisse rêveurs… Cette année à travers la photographie, le cinéma ou les jeux vidéo, elle sera au cœur de ce rendez-vous unique en Midi-Pyrénées depuis 14 ans : l’occasion de découvrir les instruments, comprendre la symbolique, de répondre et d’échanger sur les applications de l’image scientifique. 36 la grande voix Un monde habité par le chant TERESA BERGANZA, OLIVIER BELLAMY vendredi 5 septembre à 18 h Rencontre avec Teresa Berganza et Olivier Bellamy autour du livre Un monde habité par le chant (Buchet Chastel). Organisée à l’occasion du Concours de Chant-Théâtre du Capitole/Toulouse. Remerciements à Frédéric Chambert. TERESA BERGANZA est l’une des cantatrices les plus universellement aimées et respectées. Baptisée « la Carmen du siècle » par Herbert von Karajan, idéale dans Mozart et Rossini, la mezzo-soprano espagnole a bâti une carrière exemplaire dans les plus grands opéras du monde. OLIVIER BELLAMY est l’auteur d’une biographie de la pianiste Martha Argerich, traduite en plusieurs langues, ainsi que d’autres livres sur la musique. Il anime la fameuse émission « Passion Classique » sur Radio Classique et il est également journaliste à Classica et éditorialiste à l’Huffington Post. La vie d’une femme À l’occasion de ses quatre-vingts ans,Teresa Berganza livre sa vérité avec un humour décapant et beau- coup de sensibilité : son enfance dans l’Espagne franquiste, ses rencontres avec Otto Klemperer, Carlo Maria Giulini ou Claudio Abbado, sa relation forte avec Maria Callas, ses partenaires favoris comme Alfredo Kraus, Luigi Alva ou Plácido Domingo, mais aussi tout ce qui fait l’amour et la vie d’une femme. « Elle s’amuse aujourd’hui, et s’agace aussi un peu, de l’équation simplificatrice qui consiste à accoler son nom au seul rôle de Carmen. Pourtant, mes premiers maîtres furent Mozart et Rossini, le premier pour le style et l’émotion, le second pour la technique et la vélocité. Et tous les deux pour le génie du théâtre ! En France, c’est en 1957 que Gabriel Dussurget, fondateur du Festival d’Aix-enProvence, fit découvrir au public médusé cette jeune artiste espagnole, brunette piquante et déliée, si expressive. Il lui confia le rôle de Dorabella dans Cosi fan tutte, caractère un peu futile, un peu volage, mais si attachant. Chez Mozart, Teresa Berganza fut aussi le palpitant Chérubin des Noces de Figaro, adolescent affolé par toutes les femmes, et Zerline, séduite par Don Giovanni. Lorsque Joseph Losey adapta à l’écran le chef-d’œuvre de Mozart, c’est à elle qu’il fit appel pour incarner la paysanne fascinée par les promesses de l’aristocrate séducteur. J’ai eu la chance de participer à de magnifiques aventures musicales et théâtrales, reconnaît-elle, fustigeant au passage les mises en scène décalées qui n’hésitent pas à transposer Le Barbier de Séville dans un squat déglingué ou Carmen dans une maison close avec cigarières en bikini. […] Au fil des engagements, elle se confronte à divers chefs d’orchestre, se fâche avec Karajan qu’elle retrouvera ensuite de manière beaucoup plus apaisée, est conquise par la classe et la noblesse de Carlo Maria Giulini, se lie d’amitié avec Claudio Abbado. Sous sa direction, elle grave notamment un Barbier de Séville irrésistible, cinq ans avant sa première et légendaire Carmen. J’ai chanté avec d’excellents chefs d’orchestre et, dans l’ensemble, j’étais une interprète plutôt soumise… jusqu’à un certain point. Comme dirait Rosine, « Io sono docile… ma’» (je suis docile… mais) : tout est dans le « mais » !, s’amuse-t-elle.» ■ EXTRAITS, E. GUILANI, LA CROIX