INF`EAU N° 7 - Le Retour de l`Autruche
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INF`EAU N° 7 - Le Retour de l`Autruche
(Elus, Associations, Usagers) Pour une gestion publique de l’eau potable [email protected] Varages le 10/11/2010 INF’EAU N° 7 « Les Olympides » Humour et eau fraîche Drôle sans naïveté, sarcastique sans cynisme, Les Olympides, de et par la compagnie Art.27, traite de la gestion de l’eau et de la protection de cette ressource. Un théâtre vivant, alerte, plein d’humour, servi par une écriture aux petits oignons qui vulgarise des enjeux capitaux. Certes, le lecteur pourra légitimement douter : pourquoi diable aller voir un spectacle mettant en scène un débat sur la gestion de l’eau potable ? Et pourquoi pas Les Monologues du Conseil d’Etat, sous-titré Rapport public 2010-L’eau et son droit1 ?! Ou un happening inspiré de la dernière somme de la Cour des comptes ?! On comprend ces réticences car on les a éprouvées. Mais c’était avant d’avoir lu le texte des Olympides puis d’avoir assisté à une répétition générale de la pièce, le 3 novembre au théâtre des Carmes, à Avignon. Et c’est là, sur les planches, que la compagnie Art.272 a donné la mesure de son talent. Un des grands mérites de la troupe avignonnaise est en effet de s’être saisi d’un sujet a priori ardu et pas forcément théâtral et, après un long travail de cogitation et d’écriture, d’être parvenu à se l’approprier et à en tirer une pièce de théâtre, drôle qui plus est, sans la réduire à un débat mis en scène. C’est pourtant bien d’un débat dont il est question ici, qui regroupe un élu, une associative naïve, une écolo acharnée et un industriel. Et à la pièce succédera un autre débat, bien réel celui-là (lire l’encadré « Côté régie »). S’inspirant de l’univers tordu des Deschamps-Makeïeff, des Nuls ou même de l’émission Groland, Art.27 a fait de la confrontation une succession de scènes où les répliques fusent, claquent et font mouche, sans oublier le fond du sujet : qui doit gérer l’eau potable, pourquoi la confier à un grand groupe privé, quel est le statut du « bien eau », comment et pour qui l’élu local peut-il trancher, tiraillé qu’il est entre les sirènes des multinationales et les attentes des citoyens ? Mais aussi : comment préserver les ressources en eau alors que les milieux aquatiques sont menacés par la pollution et qu’inondations et sécheresses se succèdent ? Comment la protéger, l’économiser et la partager ? Toutes questions posées avec verve et humour, débattues finement et servies par une écriture maîtrisée et savoureuse. Qu’on en juge, au travers d’un extrait : « Votre argument est gratuit et ça, ça me coûte, l’eau n’est pas gratuite puisqu’elle coûte. Pour que l’eau soit gratuite, faut pas qu’elle coûte, du coup puisque l’eau coûte, elle coûte. Bien qu’elle soit gratuite. L’eau a un coût et même si elle est gratuite ça coûte. » On est loin d’un rapport du Conseil d’Etat… La difficulté, expliquent les comédiens, se posait en ces termes : « Comment faire du théâtre avec de l’info ? » La matière première en effet ne s’y prêtait pas forcément (lire également le « Verbatim »). Pour y répondre, la troupe a donc opté pour la verve, l’humour, une écriture enlevée, on l’a dit, mais aussi pour une mise en scène alerte où les comédiens, disposés dans des cases (deux sur les planches, deux surélevées), sont éclairés à tour de rôle pendant que les autres restent dans l’obscurité. Excepté lorsque la discussion s’emballe, que le débat déraille et vire à l’engueulade généralisée, ce qui arrive régulièrement pour le bonheur du public, mais au grand dam de l’élu qui sent la situation lui échapper. Le dispositif, recouvert d’un voile sombre, permet également de projeter des séquences vidéo où un reporter catastrophique, sorte de Michael Kael (ex-journaliste grotesque de l’émission Groland) mâtiné de Nicolas Hulot haletant, fait étalage de son incompétence. D’autres vidéos vachardes épinglent les travers de nos concitoyens qui, entre autres perles, s’adonnent au plaisir dominical d’arroser longuement leur 4x4 rutilant (en réclamant une aide financière à la consommation) ou de renouveler à l’envi l’eau de leur piscine (« pas de problème : l’eau, elle vient du forage… »). On y croise également un savant fou tenant d’un scientisme forcené, une « grenouille phosphaté » ou « un bipède monomaniaque à tendances ménagères », selon le personnage de l’écologiste, à savoir un agent chargé de karchériser et de récurer la rivière et ses cailloux, en guise d’illustration aux propos de l’industriel qui rêve d’aseptiser une bonne fois pour toute les cours d’eau. Outre leur drôlerie, les sketchs permettent aussi d’aménager des pauses dans le débat, pour mieux le relancer après ces petites relâches neuronales – les arguments avancés par les différents protagonistes étant parfois complexes (il s’agit de gestion de l’eau et de préoccupations environnementales, quand même), il faut les ingérer et les digérer. Ainsi de l’industriel, particulièrement habile, qui multiplie ses interventions pour mieux paraître incontournable : posé, calme, il sait se placer, faire valoir ses compétences, le savoir-faire dont il serait le seul détenteur, il astique son vernis écolo et propose ses services sur toute la chaîne, de la production de l’eau à l’assainissement. Assailli par ses sollicitations, le maire hésite mais commence à prendre conscience, sous l’influence des autres personnages, qu’il pourrait s’en passer et reprendre en main le cycle de l’eau. Pour clore le tout, le spectacle s’achève, en guise de générique, par la projection de statistiques à faire froid dans le dos, soulignées par la bande-son : le Sweet Dreams du groupe Eurythmics revu par le démoniaque Marilyn Manson. Idéal pour pimenter le débat à suivre. Antoine Pateffoz 1/ Rapport public 2010 - L’eau et son droit, Conseil d’Etat, La Documentation française. A priori inadaptable au théâtre, mais une mine d’informations. 2/ « Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent. » (Article 27 de la Déclaration universelle des droits de l’homme) Côté régie Les Olympides est une pièce écrite par la compagnie avignonnaise Art.27, en collaboration avec l’association EAU et la Maison régionale de l’eau de Barjols (MRE-Var). Une première mouture de la pièce avait tourné en 2007, suivie d’une seconde. Il s’agissait alors de provoquer le débat, à l’initiative déjà de la MRE, autour de la Directive cadre européenne de 2005. Les éléments scientifiques avaient été fournis par la MRE, l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse avait subventionné en grande partie l’écriture et la tournée de la pièce. Tout en conservant pour une large part la thématique de la protection de l’environnement, cette nouvelle formule, à la demande de l’association EAU, aborde désormais les notions d’eau bien commun, d’accès a l’eau potable pour tous, ainsi que la problématique de la responsabilité de l’élu dans le choix de gestion. Le travail de réécriture a été financé par les membres de EAU avec le soutien l’Agence de l’eau RhôneMéditerranée-Corse, la région Paca et les départements des Pyrénées-Orientales et du Var. Une trentaine de représentations des Olympides nouvelle version seront données en France en 2011 et 2012. Elles seront suivies d’un débat avec la salle en présence, notamment, de Michel Partage, président de EAU, puis, lorsqu’elles auront lieu en milieu scolaire, d’un concert de Papet’J.com, du célébrissime gang Massilia Sound System. Si vous souhaitez accueillir une (ou plusieurs !) représentation(s) des Olympides, merci de contacter Sylvie Romangin (chargé de mission EAU). Tél : 06 07 53 51 22. Mail : [email protected] Verbatim Art.27 à confesse : « A la source, une commande sur le thème de l’eau... Au départ, cale sèche, rien ne se jetait sous notre encre et le sujet lui-même ne déclenchait ni cascades de rires ni flots d’idées... Et puis au fil de l’eau et de notre curiosité, nous avons vogué vers un projet qui nous a tous embarqué : une conférence loufoque avec tambours et tempêtes, vidéos et chansons, grenouilles et daurades, palmes et robinets... Nous sommes arrivés à bon port avec un objet théâtral où nous avons pris un pied marin partagé visiblement avec un public rafraîchi qui sortait du voyage le sourire aux yeux, la tête pleine de remous et le cœur à sauver les eaux ... » (…) « Notre démarche de compagnie étant d’être au plus près de ce qui nous bouleverse ou nous affecte, il nous semblait évident de nous emparer de cet enjeu écologique majeur que représente l’eau et de le questionner, aidés, informés, épaulés par la Maison Régionale de l’Eau (83). Rendre limpides les problématiques, les espoirs, les directions sans céder à une simplification. Aussi notre démarche première est-elle de rendre accessible la complexité de la situation, de donner à voir la multitude des usages et leurs antagonismes. À venir… « Les écrans d’Averroès » Dans le cadre des Rencontres d’Averroès (4 novembre-19 décembre, en Paca), l’Institut national de l’audiovisuel, le Centre méditerranéen de la communication audiovisuelle et l’Espace culture proposent « Les écrans d’Averroès », les 12, 13 et 14 novembre, à la Maison de la région, à Marseille. Il s’agit concrètement de projections de documentaires, éclairés d’images d’archive, avec en ouverture, le 12 novembre à 19h, Ecologie : ces catastrophes qui changèrent le monde, un film de Virginie Linhart et Alice Le Roy. S’ensuivra un débat animé par le journaliste Yves Gerbault avec Alice Le Roy, Michel Partage, président de EAU, et Daniel Vuillon, initiateur de la première Amap (Association pour le maintien de l’agriculture paysanne en France). Par ailleurs, samedi 13 novembre : - à 16h : Les Damnés de la mer, de Jawad Rhalib ; - à 18h : J’ai vu changer la terre – Espagne, un désert annoncé, de Gilles Capelle ; - à 20h : Marseille, la décharge maudite, d’Eric Biegala. Et dimanche 14 novembre à 11h : - L’Or bleu, de Damien de Pierpont ; - Retour aux sources : l’eau des villes méditerranéennes, d’Olivier Roncin et Frédéric Tyrode Saint-Louis, réalisé par Stéphane Bégoin. Maison de la région – 61, La Canebière, 13001 Marseille. www.rencontresaverroes.net www.ina.fr www.cmca-med.org Débat à Dole Consacré à la gestion publique de la distribution de l’eau et de l’assainissement, le débat regroupera notamment, le 24 novembre dans la salle de La Commanderie, Gabriel Amard, président de la communauté de communes des Lacs de l'Essonne, Christophe Lime, adjoint au maire de la ville de Besançon en charge de l’eau et de l’assainissement, et Michel Partage, président de EAU. Soutenu par Danielle Mitterrand et la fondation France-Libertés, le débat est organisé par le PCF et le Parti de gauche, associés à Attac, aux Verts, au NPA et au PS. À noter qu’à Dole (Jura) le contrat de délégation de service public pour l’eau s’achève en 2014. Retours sur… Water Makes Money à Avignon : le 8 novembre, au cinéma Utopia, le Collectif des usagers de l’eau d’Avignon, CREAvignon et la Maison alternative et solidaire invitaient Michel Partage, président de EAU, à participer à un débat après la projection de Water Makes Money. Le documentaire des Allemands Leslie Franke et Herdolor Lorenz met en avant la mainmise de Veolia et de Suez sur la distribution de l’eau en France, en Allemagne et ailleurs dans le monde. « EAUrope - L’eau, bien commun en danger - Pour une gestion citoyenne de l’eau en Europe ». Le débat a eu lieu le 5 novembre au Pavillon de l’eau, à Paris, à l’initiative des « Amis de Beppe Grillo à Paris ». « Showman » italien engagé, Beppe Grillo, qui a participé à la campagne pour un référendum sur l’eau en Italie, porté par le Forum italien des Mouvements pour l’eau, est intervenu en vidéoconférence. A Paris, le débat regroupait également Anne Le Strate, adjointe au maire de Paris chargée de l’eau, Emmanuel Poilâne, directeur de la Fondation France-Libertés, Jean-Luc Touly, responsable eau à la Fondation France-Libertés, Riccardo Petrella, président de l’Institut européen de recherche sur la politique de l’eau (IERPE), Claudio Jampaglia, journaliste, et, dans le rôle du modérateur, l’universitaire Alberto Lucarelli (Naples et Panthéon-Sorbonne). Christian Bourquin élu président de la région Languedoc-Roussillon Président du conseil général des Pyrénées-Orientales depuis mars 1998, membre fondateur et membre du conseil d’administration de EAU, Christian Bourquin (DVG) a été élu aujourd’hui, 10 novembre, président de la région Languedoc-Roussillon. Il a rassemblé au premier tour 44 voix sur 67. Le poste était vacant suite au décès de Georges Frêche le 24 octobre. Christian Bourquin a démissionné le 9 novembre de la présidence du conseil général des PyrénéesOrientales. D’après l’AFP, Hermeline Malherbe-Lauren, conseillère générale du 8e canton de Perpignan et vice-présidente du conseil régional, devrait prendre la tête du département le 21 novembre. Elle fait par ailleurs partie du conseil d’administration de EAU et du conseil d’administration du comité de bassin Rhône-Méditerranée. : 04.94.86.84.58 12, Rue Victor Hugo 83670 - VARAGES :04.94.86.19.68
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