Forum du parcours n°1 - Acteurs Bretons de la Coopération

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Forum du parcours n°1 - Acteurs Bretons de la Coopération
Odile Ambry
Nous avons choisi trois thèmes qui nous ont paru vous convenir. Le format est participatif, ça n'est pas
juste écrit sur les papiers. Ma mission est d'une part de vous parler de communication, de faire parler
nos trois intervenants de leur façon de communiquer mais aussi de vous écouter : écouter vos besoins,
entendre les difficultés que vous rencontrez, et essayer d'élaborer avec vous des pistes de solutions.
Deux ou trois mots d'introduction d’abord. Nous sommes à la fois sur un format de discussion, un
format où chacun apporte au pot son expérience pour que ça puisse bénéficier à tous, mais aussi sur
un format de formation.
En premier lieu, je voudrais qu'on se mette d'accord sur le schéma de base de la communication. C'est
assez simple en fait : il y a un émetteur, il y a un récepteur, et au milieu il y a un message. Derrière ça il
y a la question primordiale : qui fait le message ?
Les gens qui pensent que c'est l'émetteur, merci de lever la main. Les gens qui pensent que c'est le
récepteur ? C'est ceux-là qui gagnent !
C'est souvent très technique. Par exemple, on pense que je suis en train d'émettre un message parce
que j'ai un micro, et on pense que vous êtes les nombreux récepteurs. En réalité, si on faisait un
sondage à 18h, quand vous serez bien fatigué, on se rendra compte qu'une partie non négligeable
d'entre vous aura retenu des choses extrêmement différentes. C'est-à-dire aura retenu les choses qui le
ou la touche le plus, lui sont le plus utile ou l'ont choqué.
« Donc si on part de ce schéma de base, on réfléchit à l'émetteur – c’est-à-dire vous -, aux messages
que vous souhaitez envoyer, et au récepteur, c'est-à-dire l'autre.
Il y a une phrase importante en communication : « Communiquer, c'est aller vers l'autre. » Une phrase
évidente a priori. Mais bien souvent, quand on est pris par le quotidien ou par ses difficultés, ou face à
l'ampleur de la tâche, ou si vous êtes dans l'urgence, vous oubliez l'autre. Vous oubliez à qui vous vous
adressez, et qui est l'autre dans sa diversité. Vous êtes beaucoup chez vous, beaucoup pris par vos
messages, vos valeurs, votre éthique, votre projet, en oubliant que dans un certain nombre de cas vous
avez envie, ou besoin même, de convaincre, et que l'autre – dans sa diversité – n'entendra pas le
message de la même manière que vous l’envoyer.
Donc « communiquer, c'est aller vers l'autre », ce sera notre fil rouge aujourd'hui pour vous aider à
surmonter les difficultés auxquelles vous faites face ou à faire mieux que ce que vous faites déjà
aujourd'hui.
Dans le jargon de la communication, on en reparlera demain matin, il y a effectivement l'autre. On
l’appelle « la cible » ou « les cibles ». On va essayer de regarder ces cibles, en évitant de parler « des
gens » – « les gens pensent que », « les gens attendent », etc. Certes, on ne va pas regarder ces
« gens » avec le regard des marketeurs de téléphones portables ou des vendeurs de chewing-gum gum
qui segmentent au plus près les publics qu'ils souhaitent toucher. Mais tout de même, on va en essayer
de définir qui sont les cibles prioritaires de votre communication. Les cibles, c'est se demander qui je
veux toucher en priorité.
On regardera le message, avec le premier intervenant dans quelques minutes notamment.
La deuxième partie sera sur ce qu’on appelle « un plan de communication » : ce sont les outils ou les
vecteurs. On les divise en quatre parties.
On détermine donc les gens que l’on veut atteindre, le message que l’on souhaite leur transmettre, et le
canal par lequel on va passer pour leur transmettre ce message. Quel est le canal le plus approprié,
celui avec lequel ma cible sera à l’aise ? Et quels sont les mots que j'utiliserais ?
Il est important de vous poser ces trois ou quatre questions de base et de faire ensuite appel à votre
bon sens.
On dit souvent que la communication c'est beaucoup de bon sens. Et quand tout va mal, on dit que
c’est la faute de la com ! Je l'ai beaucoup entendu et j'ai tendance à le croire aussi beaucoup. On dit «
la com ça n’est pas bien », « la com ça manipule », « la com ça fait faire aux gens des choses qu'ils ne
veulent pas faire »... Non, la com c'est d’abord donner envie. C'est donner envie aux gens de vous
rejoindre, de vous donner de l’argent, de venir à l'événement que vous avez mis des mois à organiser.
Donc il faut que ce soit joli. Parce que si ça n'est pas joli, si ça n'est pas fait avec envie et avec plaisir,
l'autre en face reçoit un message négatif et il ne va pas avoir envie de venir. Cela fait partie des défauts
qu'on rencontre parfois dans la communication associative. C’est ce que j’appelle « le vin blanc tiède ».
C'est-à-dire qu'on fait venir les gens à un événement, on a mis beaucoup de temps à l'organiser, on a
fait plein de choses pour que ça marche, et quand les gens arrivent, ils ont du vin blanc tiède, de l'eau
tiède ou du jus d'orange tiède, et trois affreuses cacahouètes parce que comme on est une association
on ne va pas leur donner des choses mirobolantes !
Pour le même investissement, on peut pourtant leur proposer un accueil sympa qui fait qu’ils on envie
de rester, de discuter avec vous et qu’ils auront peut-être envie d'atteindre avec vous l'objectif que vous
vous étiez fixé en les faisant venir.
La question des objectifs sera un des thèmes de cet après-midi également. Parce que dans la
construction de ce petit plan de com’, de ce moment où l’on se demande ce que l’on va faire, quand et
comment on va procéder pour atteindre les gens, on oublie souvent l'objectif que l'on s'est fixé.
La communication n'est pas immanente : elle vient au service des objectifs de développement. Et tant
qu'une structure, quelle qu'elle soit – une PME, un parti politique, une association nationale ou une
petite association –, tant qu'elle n'a pas réussi à élaborer clairement ses objectifs, c’est-à-dire ce qu'elle
souhaite obtenir dans les années ou les mois à venir, elle ne pourra pas demander à la communication
d'exister.
Il faut formuler des objectifs à atteindre : par exemple recruter 50 bénévoles cette année, réunir 10 000
euros, obtenir telle subvention, construire un événement localement, etc. Une fois l’objectif formulé, la
communication peut se déployer avec les moyens que vous avez à disposition (humains, financiers,
etc.) parce qu'elle sait pourquoi elle est là, elle sait à quoi elle va servir.
Je reviens à mon bon sens et à mon envie : les choses découlent beaucoup plus facilement lorsqu'on
sait ce qu'on est en train de faire et pourquoi on est en train de le faire.
Voilà quelques bases pour qu'on se comprenne et qu'on parte à peu près du même endroit.
On va commencer avec Thierry Burlot. Je suppose que vous êtes un certain nombre à le connaître. On
ne lui a pas donné la tâche la plus facile – parmi les trois thèmes « les mots de la communication », «
les objectifs de la communication » et « les outils de la communication » — on lui a donné la partie sur
les mots.
Lorsqu’on s'est parlé au téléphone, j'ai noté des choses intéressantes et notamment un mini paradoxe
sur lequel vous aviez envie d’intervenir autour des notions de « proximité », de « territoire », de
« solidarité » et « d’international ». Comment est-ce que ces mots arrivent à cohabiter – autour de votre
action autour de l’eau – pour donner envie, regrouper et fédérer du public autour d’elle ?
Thierry Burlot
Bonjour à toutes et à tous. D'abord, j'ai le plaisir de m'exprimer au nom de la communauté de
communes que je préside, mais comme c'est un travail collectif, je ne vais pas manquer de penser à
mes collègues, notamment à Daniel Barré, qui est élu, et à Isabelle Quéré qui est responsable dans
notre équipe du montage de ces dossiers. Donc l'histoire de la coopération décentralisée à la
communauté de communes est une longue histoire, initiée à l'époque par Jean Le Floc’h et par un tissu
associatif important autour de ces questions, notamment l'AFDI. On a donc mis en place des actions de
coopération, et très vite on s'est rendu compte que ça n'était pas simple d'expliquer la coopération
comme un acte politique. On a donc cherché à donner à tout cela du sens.
La première question tournait autour du financement : comment on explique à nos concitoyens, dans un
moment de crise, qu'on va donner de l'argent pour nos amis du Sud ? Comment on fait passer ce
message ?
Le deuxième sujet concerne l’explication de notre action. Quelles thématiques aborde-t-on ? Comment
explique-t-on – pour nous pays riche –, que cela a un intérêt pour la compréhension de nos propres
problèmes ? L'eau par exemple, c'est un bien commun, planétaire. Si nous avons beaucoup d'eau,
nous n’avons pas d'eau de qualité. Et les pays du sud n’ont souvent pas d'eau du tout. Et nous, on ne
sait même plus d'où vient notre eau, on a perdu toute notion de sens. A ce niveau, la coopération, c’està-dire le fait de travailler sur un sujet partagé, peut redonner du sens à ces choses très simples.
Sur la question du financement, on s'est dit qu'il ne fallait pas que ça coûte. L'idée c'était de dire qu’on
allait mener l'opération sur les économies qu'on allait faire. Et que ces économies d'eau, on les mettrait
au service de la coopération. Donc on n’augmente pas le prix de l'eau. Cet effort de sensibilisation et de
protection, on essaie de faire comprendre qu’on va le mettre au service de la coopération.
On a donc travaillé sur des choses très simples : un bien commun, la proximité, redonner du sens, et
travailler sur la nécessité de protéger nos ressources en eau. Et en Bretagne, cela signifie quelque
chose.
Les économies que l'on fait – parce que c’est la communauté de communes qui gère l'eau, de façon à
garder du sens entre le développement économique, l’aménagement du territoire et la production et
protection de l'eau –, comment les met-on au service d’un projet de coopération ? Comment, avec nos
amis du sud et notamment avec Madagascar, met-on ces dotations au service d'un projet territorial ?
À Madagascar par exemple, comment aménage-t-on des bornes fontaines ? Comment capte-t-on l'eau
?
On est ici sur des notions de sens, de partage, de solidarité, autour de la valeur commune qu’est l'eau.
Et franchement, nous n’avons eu aucun souci budgétaire. Ce sont les économies faites sur le budget de
l’eau que l'on met au service de la coopération.
On construit donc notre engagement de cette manière, tout simplement.
On vient d'organiser les Journées belle nature sur notre territoire et nous avons invité les trois pays
avec lesquels nous avons des coopérations. Ce sont des jeunes qui sont venus de Pologne, de
Roumanie, de Madagascar. Pour nous, cette venue est aussi l’occasion de faire prendre conscience
aux Bretons que l'eau est un bien, un patrimoine commun, et que si on ne la protège pas, on ne la
préserve pas, cela généra aussi des problèmes, des tensions, dans notre propre développement.
Là je prends plus ma casquette de vice-président du Conseil régional chargé des problèmes de l'eau.
Le 1 % de l'eau – qu'on appelle loi Oudin-Santini – que l'on peut mettre au service de politiques de
coopération, est un vrai outil territorial pour engager les collectivités vers de la coopération. Pour la
Bretagne, c'est un vrai enjeu de faire comprendre aux bretons que c'est bien le développement
économique et l'aménagement du territoire qui fera la qualité de l'eau de la Bretagne. C'est un vrai
enjeu de dire cela, de redonner du sens à l'action publique. Et la coopération dans ce domaine peut
nous y aider.
Odile Ambry
Sur la terminologie, les mots que l'on emploie, vous scandez beaucoup des mots comme « bien
commun », « sens », « partage ». Vous m'aviez aussi beaucoup parlé de « démocratie participative ».
Est-ce que pour vous ce sont des mots valises que l'on utilise tout le temps, ou est-ce que vous avez eu
le sentiment, lorsque vous travailliez les mots de votre communication, que vous essayer de leur
redonner du sens ?
Thierry Burlot
Oui c'est du sens. Chez nous, « démocratie participative », c'est un conseil de citoyens, des
associations engagées dans la coopération décentralisée, un budget participatif autour de la
coopération... C'est la réalité, c'est ce que l’on vit. Ça n'est pas un projet avec quelques élus, ce sont
des acteurs de la coopération qui se rencontrent régulièrement, qui partagent autour de différents
projets et sur différents territoires, et c'est vraiment un budget de coopération décentralisée financé par
le 1% de l'eau.
Et quand on parle de « partenaires », il s’agit des régions partenaires, des territoires partenaires, avec
un projet.
On a dit qu’à Sakay il n'y avait plus rien, plus d'eau. Alors qu'il y a eu de l'eau au robinet. En 1972, il y
avait de l'eau, il y avait des canalisations, il n'y avait plus rien. Donc on a commencé à dire qu’il fallait
aménager des bornes-fontaines parce que ça devenait des lieux de pollution et de dégradation de la
qualité des eaux et des points d'insalubrité, etc. On a donc dit qu'il fallait aménager ça. Ensuite, on a dit
qu’il fallait distribuer l'eau. En face, il faut des recettes, donc il faut un budget de manière à ce qu’on
puisse aménager un projet de développement territorial.
Pour nous, ça paraît évident. Mais pour eux, ça a beaucoup de sens. Maintenant la machine est lancée,
c'est-à-dire que les gens commencent à payer, ils se rendent compte qu'il y a un service, que c'est
important qu'on le respecte, etc. Ce sont des choses très simples, mais qui fonctionnent. Et aujourd'hui,
quand on pense aux nombres de personnes qui n'ont pas accès à l'eau, on se rend compte que c'est un
vrai enjeu.
Odile Ambry
Dans le cadre de notre parcours sur la communication, vous êtes un vecteur prioritaire de
l'enthousiasme autour de ce projet.
Sur ces terminologies, sur ces mots qu'on emploie beaucoup dans la communication autour des
questions de solidarité, est-ce que vous avez le sentiment que ces mots sont récurrents, qu'ils
commencent à perdre de leur sens ? Notamment quand vous allez à l'extérieur, quand vous sortez de
votre cercle de gens convaincus et que vous essayez de faire passer cette conviction ?
Est-ce que vous avez vous, dans la salle, des expériences sur des mots qui ont fait mouche, qui ont
permis de faire passer le message ? Ou avez-vous eu l'impression qu'il ne passait pas au contraire ?
Marie-Jeanne Yvinec
Je suis Marie-Jeanne Yvinec, je suis élue municipale à Cesson-Sévigné. C'est le mot « solidarité » que
je prendrais comme exemple. J'ai trouvé que votre discours était particulièrement convaincant, en ce
sens que vous montrez que la solidarité, c'est quelque chose qui concerne ceux que l'on aide et ceux
qui aident. Alors que dans ma commune, nous avons des problèmes. On nous dit « vous donnez
beaucoup d'argent pour la coopération décentralisée, mais cet argent pourrait servir pour les plus en
difficulté dans la commune. »
Odile Ambry
Donc ce terme de solidarité est à la fois un terme positif et c'est un mot qui peut aussi apparaître
comme moins positif à l'extérieur ?
Pierre-Yves Lechat
Pierre-Yves Lechat au Conseil régional. Vous avez dit que l'eau est une compétence de la communauté
de communes, mais elle a aussi d'autres compétences. Et comme on est dans la rubrique « les mots de
la communication », quels arguments utilisez-vous dans les arbitrages budgétaires entre les actions en
direction de la population ici et la solidarité internationale, pour plaider pour Madagascar ?
Thierry Burlot
On travaille sur nos économies d'eau, nos économies de traitement, nos économies de protection, tout
simplement. Nous avons une centaine d'agents sur notre communauté de communes, 15 000 habitants,
15 communes. Nous faisons beaucoup de choses en régie, et notamment nous avons pris la régie de
l'eau. Donc les citoyens paient leur eau à la communauté de communes, et non plus à une société
privée. Ça nous l'assumons pour les raisons que j’ai évoqué tout à l'heure : cohérence entre
développement économique, aménagement du territoire et qualité de l'eau du territoire. Nous voulons
être responsable de la qualité de l'eau parce que c'est un indicateur du développement durable de la
collectivité. Et lorsque nous faisons de la coopération décentralisée, nous disons que nous prenons sur
le budget de l'eau. Le budget de la communauté de communes, c'est 10 millions d’euros par an. Sur
ces 10 millions, il y a 5 millions d’euros consacré à l'eau, l'assainissement et les ordures ménagères.
Regardez ce que ça fait 1% de coopération décentralisée sur cette somme. En plus, on ne met même
pas 1% tous les ans. 1% de 5 millions c'est énorme. Si vous ajoutez l’assainissement, c'est 1% de 4
millions.
Ces moyens sont intéressants parce que vous avez le droit d'utiliser votre budget de l'eau pour
développer une politique de coopération. En plus, ces actions sont soutenues par le Conseil général
des Côtes d'Armor et par l'Agence de l'eau. Aujourd'hui on a même des sociétés privées – Suez et
Veolia par exemple – qui disent dans certains cas, je peux aussi apporter l'équivalent de ce que la
collectivité met. Donc voyez, si vous partez sur 50 000 euros, ça vous fait tout de suite un levier de
100 000 euros qui peut quasiment doubler, et là ça commence à devenir intéressant.
Nous on a travaillé avec Suez qui a dit qu'il ne nous donnerait pas d'argent mais qu’il nous paierait un
jeune retraité qui irait faire des forages, des sondages, et qui suivrait des travaux, mettrait des
installations aux normes,etc. C'est aussi un engagement de leur part. On a donc des moyens de le faire
sans trop de difficulté.
Et pour répondre à la question de Pierre-Yves, ça ne pose aucun souci parce qu'on dit que ce sont des
économies – il ne s’agit pas d’augmenter le prix de l'eau – qui permettent cette action. Et on l'explique
par la solidarité et par l'effort que l'on fait sur la prévention et la protection.
Isabelle Nicolas
Isabelle Nicolas, vice-présidente du Conseil général des Côtes d'Armor. Je crois que ce que disait
Thierry est intéressant parce que la question qui revient toujours, c’est comment est-ce qu'on fait passer
le message ?
Et « coopération décentralisée », je ne suis pas sûre que ça veuille dire grand chose pour l'ensemble de
nos citoyens.
Donc comment leur explique-t-on ce que l'on fait, cette solidarité que l'on met en place, cette
coopération, ce que cela veut dire ?
Nous, ce que l'on essaie de mettre en avant, c'est cette sorte de réciprocité. C’est-à-dire mettre en
avant le fait que ce projet territorial sur Madagascar est aussi un projet territorial dans nos territoires. Et
d’une certaine manière, il fait aussi vivre nos territoires. Je crois que ça on peut arriver à l'expliquer, à le
faire comprendre. Montrer que cette coopération est aussi vecteur d'animation de nos territoires.
Nous sommes est entre gens qui nous comprenons. Mais ensuite, comment est-ce qu'on dépasse le
milieu représenté aujourd'hui et comment va-t-on plus loin pour expliquer que cette solidarité est aussi
de la solidarité pour nous. Je crois que la difficulté est là : trouver les mots, le message qui va permettre
de faire comprendre à tout un chacun que cette solidarité est bien aussi une action politique sur nos
territoires. Je crois que c'est difficile, on emploie des mots techniques. Donc comment est-ce qu'on
dépasse ces messages un peu techniques ?
Odile Ambry
Je crois effectivement qu’il faut beaucoup de conviction dans l'explication.
Auguste Nkounkou
Bonjour, Auguste Nkounkou du collectif Breizhafrica. Vous avez parlé tout à l'heure de la crise ici. Au
Sud, la crise est encore plus sévère.
En parlant de communication, comment vous communiquez là-bas ? Vous avez parlé des bornesfontaines et de budget, donc qu'il faut faire payer les gens là-bas. Comment vous arrivez à
communiquer là-bas, pour faire comprendre à la population qu'il faut payer l'eau parce qu'on a remis les
bornes-fontaines en place ?
D'autre part, quel problème pouvez-vous rencontrer au niveau de la coopération décentralisée, au
niveau du territoire et au niveau de l'état ? Comment arrivez-vous à faire passer la communication entre
ces deux entités ?
Thierry Burlot
Je crois d'abord que ça se construit dans le temps. Nous cela fait 10 à 15 ans que l'on y est. Il faut
beaucoup d'échanges. Nous avons un vice-président qui s'occupe de ça, de la coopération
décentralisée. Donc il y a un suivi. Avec Madagascar, c'est plus facile parce qu'il y a des facilités de
compréhension. Il y a eu des échanges : des échanges paysans, des échanges entre élus, entre
enfants, pour porter un projet, dire ce qu'on veut. Et avant d'arriver à ce résultat, nous avons dû
batailler, convaincre de l'intérêt du suivi. Et nous avons a dit qu’on ne financerait pas ces projets s'il n'y
avait pas une évaluation et un bilan. Nous passerons à la deuxième étape après le bilan et après
l'évaluation.
Et par rapport à la population là-bas, nous avons dit « si vous voulez que cela fonctionne, il faut à un
moment donné que ça coûte, que ça soit respecté. C'est un service que l'on apporte à la population ».
Évidemment, c'est sans commune mesure avec les budgets dont nous disposons ici pour faire
fonctionner nos propres services d'eau. Mais c'est dans le principe. On apporte un service à la
population, il nécessite un investissement – des tuyaux, des bornes-fontaines, de la protection –, cela
nécessite aussi pour la commune, de réfléchir à son urbanisation, ne pas aller urbaniser au-dessus des
captages pour protéger les nappes, etc. C'est un bien commun qu'ils vont réutiliser. C'est intéressant
pour nous aussi.
On ne sait même plus d'où vient l'eau qui arrive chez vous. On sait que ça vient du tuyau, du robinet,
mais on ne sait plus d'où ça vient. Et c'est là que le projet est intéressant : lorsqu’au conseil
communautaire nous parlons des bornes-fontaines, on montre des diapositives, on voit le travail, etc. Et
cela provoque des questionnements chez les élus : et chez nous, d'où vient l'eau ? On a oublié le
fonctionnement, même le principe de la redevance et à quoi cela sert, pourquoi on paie un impôt, etc.
On est tellement rassasié qu'on a oublié des choses simples.
Les relations avec l'état, elles sont simplifiées avec la loi Oudin-Santini. Avant, on nous cherchait des
poux dans la tête quand on finançait de la coopération décentralisée et que l'on n’avait pas la
compétence. Qui a aussi cette compétence ? Est-ce une compétence unique, communale,
intercommunale, et qui doit financer ? Si vous tombez sur quelqu'un qui est un peu pinailleur, cela peut
très vite être incompréhensible. Aujourd'hui, on a un outil qui est autorisé au service de cette politique.
Bernard Jouan
Je suis Bernard Jouan, président de la CASI. Pour la petite histoire, je suis de Plouha, et vous avez
employé pendant un certain temps une stagiaire qui avait fait son mémoire sur l'eau et l'application de la
loi Oudin-Santini.
Je voulais vous interroger sur le terme de « solidarité ». Dans le public souvent, et même auprès des
décideurs, des élus, on a presque toujours l'impression que quand on parle de solidarité, c'est encore
pour aider. Et moi qui parcours les champs africains depuis près d'un demi-siècle, je ne sais pas bien
ce que j'ai apporté. Mais ce que je sais c’est que j'ai appris beaucoup de choses, et beaucoup plus sans
doute que je n'ai apportées.
On a l'impression que le terme « solidarité » est tronqué. Il faudrait plutôt utiliser le terme « échanges
solidaires » dans la communication. Il est évident qu'on reçoit plus qu'on apporte. Même si on apporte
un petit peu de moyens, c'est dérisoire par rapport aux besoins. Et en retour, on apprend énormément
de choses qui nous permettent de nous remettre en cause, ou qui permettent de remettre en cause la
propre gestion de nos territoires. Cela fait 40 ans que je m'occupe d'environnement en Bretagne par
exemple, et heureusement que maintenant vous commencez à prendre de bonnes décisions ce qui n'a
pas été le cas pendant 30 ans.
Comment transformer cette notion de solidarité pour qu'on ne considère pas que ce soit une
démarche à sens unique mais vraiment un partage et un enrichissement mutuel ?
Odile Ambry
Je me souviens que lors de ce rendez-vous avec vous autour des questions d'Internet, on avait même
un peu challenger ce terme de solidarité internationale, non pas dans ce qu'il représente mais dans la
manière dont il était perçu à l'externe. C’est-à-dire si on veut toucher des gens nouveaux, les recruter,
les sensibiliser ou les faire bouger, etc., est-ce que ce terme parle ?
On aura tout à l'heure un représentant du public qui nous dira qu'est ce que ce terme recouvre
aujourd'hui pour de jeunes étudiants. Peut-être un peu plus de choses que pour de jeunes travailleurs ?
Est-ce que ça veut dire la même chose que pour les générations précédentes ? J'en doute. Est-ce que
c'est un terme utile en communication externe ? Est-ce que c'est une forme d'identité qui vous
rassemble ? C'est une vraie question.
Alain Diulein
Je suis Alain Diulein, président de Saint-Gilles solidarité en Ille-et-Vilaine, et je suis membre de la CASI.
Je rebondis sur ce que Bernard vient de dire. Au niveau de la communication, Monsieur Burlot, vous
nous avez parlé de la communication. Je trouve que l'idée d'économiser l'eau pour donner cet argent à
vos partenaires est très bonne, mais ce que je ne vois pas, c'est ce que ces partenaires là vous
apporte. Au niveau de la communication, je n'ai pas compris le retour que peuvent vous donner ces
malgaches.
Thierry Burlot
Le sens. Réapprendre le sens : l'eau est bien commun, un bien planétaire. Si on salit l'eau au nord, les
répercussions sont au nord aussi. L'eau, c'est ce qu'on partage tous sur cette planète. Et l'eau,
notamment en Bretagne, c'est un vrai indicateur de notre développement. Si aujourd'hui la Bretagne
souffre sur cette question, c'est parce que son développement, notamment économique, s'est emballé.
Sans doute a-t-on pensé que la technique, le traitement par exemple, pouvait finalement résoudre tous
nos problèmes. On pensé que l'eau n'était pas un problème de ressources naturelles, mais que c'était
quelque chose qu'on pouvait sans fin continuer à modifier.
Je sais que ça n'est pas facile, mais coopérer c'est réapprendre que ces pays du sud, à Sakay par
exemple, ont eu à un moment donné un développement et que tout s’est arrêté ensuite. On se
demande ce qui s'est passé, comme si tout c'était arrêté. Il n'y a plus rien aujourd'hui. On réinvente
donc tout aujourd'hui, on se demande où est l'eau, d'où elle vient. Moi ça me parle beaucoup, quand on
dit ces choses très simples au conseil communautaire. On se dit que si on n'y prend pas garde, il peut
nous arriver quelque chose de semblable.
Indirectement, ça nous sensibilise à des choses très simples, à ce patrimoine naturel dont on dispose,
notamment en Bretagne.
On en parle au conseil communautaire, on fait des présentations, on montre des photos, ce qui est fait.
On a également notre lettre communautaire dans laquelle on explique ce que l'on fait. On participe
aussi avec le département et avec nos partenaires à des réunions de travail. Là, il y a quelque chose
qui est bien avec l'AFDI, c'est que l'on est trois communautés de communes en Bretagne : nous,
Questembert et le bas Léon. Par l'intermédiaire de l’AFDI, nous avons des partenariats à Madagascar
dans le même secteur. Aujourd'hui, Paimpol qui nous a regardé – le président est allé à Madagascar –
va développer également un partenariat. Guingamp communauté de communes va aussi développer,
avec le Niger, une coopération, appuyée par le Conseil général. Ce sont des expériences que l'on peut
passer d'une communauté à l'autre.
Odile Ambry
On va terminer sur ce volet autour du message, et ouvrir la porte au deuxième thème.
Gilbert Samson
Gilbert Samson, président de Cesson solidarité, groupe local de Peuples solidaires et aussi, dans le
cadre des assises, représentant de Burkina-Bretagne.
Je vois bien la dynamique très intéressante entre élus-conseillers territoriaux et associations, il y a une
conscientisation et une dynamique passionnante. Mais comment la population de vos communes
perçoivent-elles cela ? Y a-t-il eu des retours sur cette communication ?
Dans les outils de communication, faut-il penser – plus qu'aux mots – à la forme de la communication ?
Il faut peut-être penser, par exemple, à des choses festives, comme des rencontres, des échanges, qui
peuvent avoir autant de poids qu'un beau texte sur un papier glacé avec des photos.
Thierry Burlot
Nous avons fait les journées « belle nature ». L'idée était d'inaugurer une station de pompage et surtout
un périmètre de protection c'est-à-dire ce qui protège le captage. Cet événement était aussi l'occasion
de dire que la communauté de communes se réappropriait la question de l'eau. On voulait savoir d'où
venait notre eau et l'expliquer à nos concitoyens, leur montrer ce qu'était le périmètre de protection.
Nous avons fait deux jours de fête. On a réalisé des villages : le village des marchés, le commisse
agricole, le village des déchets, le village de l'artisanat et le village de la coopération décentralisée, qui
était partie prenante du dispositif.
C'est le premier ministre de l'eau de la Palestine, qui a inauguré cette première station. Pourquoi aller le
chercher ? Parce ce que cela a du sens. Ce jour là, ce monsieur nous a expliqué les problèmes d'eau
en Palestine. Qui mieux que lui pouvait le dire à l'occasion de cette inauguration ? C'était merveilleux de
sens.
Evidemment, on ne pouvait pas mobiliser tout le monde, mais les familles qui accueillent les malgaches,
les polonais, les roumains, les familles qui sont allées là-bas, quand elles reviennent, elles ont compris
qu'il y a des choses qui méritent beaucoup plus d'attention de notre part. Je suis d'accord avec le fait
qu'il ne faut pas considérer qu'il n'y a que nous qui apportons quelque chose, il faut voir ce que l'on
reçoit, et qui est peut-être beaucoup plus gros que ce que l'on apporte. Ça nous remet les idées en
place.
Odile Ambry
Je voudrais vraiment qu'on passe au deuxième sujet. Donc j'appelle notre deuxième intervenante
Yaiguéré Tembely surnomée par tous « fifi ».
Yaiguéré Tembely
Ensemble, nous parvenons à développer des idées. Je vais prendre l'exemple d’un centre nutritionnel.
Avec des stagiaires français, nous avons eu l’idée de créer une unité de récupération nutritionnelle pour
les enfants souffrant de mal nutrition. Une telle structure n’existait nulle part au Mali, même en
collaboration avec nos autorités et l'administration. Même les Nations Unies et l’Unicef sont venus voir.
Aujourd'hui, de nombreux partenaires s'intéressent à cette activité.
Odile Ambry
Notre sujet pour le moment ce sont les objectifs qu'on peut se fixer et les objectifs de communication
qui vont avec. Donc ceux de Fifi sont assez clairs, c'est d'arriver à maintenir un discours et des moyens
de communication qui touchent autant les paysans maliens, ou la paysanne, femme au village, que les
autorités locales. Ce n’est pas le même langage, ce ne sont pas les mêmes outils, et pourtant c'est la
même association qui arrive jusqu'ici pour vous convaincre vous aussi de travailler avec elle. Cela
donne une idée à la fois complication et à la fois une espèce de simplicité. Vous avez le titre de femme
d'excellence, ce sont les Américains qui vous l'ont donné.
Yaiguéré Tembely
Les Américains m'ont décoré le 30 mars 2011. Est-ce que sur cette question d'objectifs et de moyens à
mettre en oeuvre, d'éléments de langage, il y a des questions, des contributions ou des remarques ?
Public
Au niveau de la circulation de l'information de village en village, quels sont les outils qui ont été utilisés
? Avec le dépliant ? Parce que tout le monde n'est pas alphabétisé.
Yaiguéré Tembely
Les dépliants ne servent pas directement dans les villages mais plutôt dans les grandes rencontres,
pour nous faire connaître. Nous organisons aussi des journées portes ouvertes au niveau des bureaux
pour faire connaître la structure. On informe beaucoup de personnes pour parler de notre activité. Au
niveau des villages, nous utilisons des boîtes à images, uniquement des images qui parlent. Et des
illustrations, des sketchs, de la musique ...
Avec des partenaires, nous utilisons des rapports d'activité et des dépliants pour maintenir des
partenariats existants depuis 15 ou 10 ans.
Public
Où en êtes-vous actuellement par rapport à la scolarité dans les différents villages, surtout vis à vis des
petites filles qu'on a tendance à retirer de l'école assez rapidement pour diverses raisons ? Et où en
êtes-vous au niveau sanitaire, autour de l'école, les toilettes, etc...? C'est un gros problème dans
beaucoup de pays d'Afrique.
Yaiguéré Tembely
En ce qui concerne la scolarisation des enfants, et des filles de plus de quinze ans, c’est tout le Mali qui
est engagé dans cette lutte. Aujourd'hui, dans les villages, il arrive même que le nombre de filles
scolarisées dépasse les garçons. Nous arrivons à ce résultat grâce à la sensibilisation mais aussi grâce
au programme alimentaire mondial qui fait des prix pour que filles aillent à l'école. On peut leur donner
de l'huile d'arachide, des sacs de riz, etc. Donc cela motive les mamans à la maison pour libérer les
enfants pour qu'elles partent à l'école.
Le niveau de scolarisation des filles aujourd'hui a vraiment augmenté. Dans des écoles, les filles sont
plus nombreuses que les garçons. Mais en ce qui concerne le niveau sanitaire, c'est toujours la
catastrophe. Il n'y a pas de latrines dans les villages. Les gens font leurs besoins derrière le village.
Cette année il y a eu des cas de choléra au Mali, on a eu plus de 300 décès de choléra pendant
l'hivernage. Nous luttons donc aussi pour l'utilisation des latrines, car même quand elles existent, elles
ne sont pas toujours utilisées ; ce n’est pas dans les habitudes. Nous sensibilisons donc pour changer
ces comportements. Un petit exemple concret à partir d’un verre d’eau : nous mettons dans un verre
d’eau un peu d’excrément d’un enfant ; l’eau change alors de couleur. Nous proposons à l’assistance
de boire dans ce verre d’eau, et bien sûr personne n’accepte parce que ce n'est pas propre. Nous
expliquons alors que c’est pourtant ce qui se passe quand nous faisons nos besoins dans la nature : les
mouches qui se posent sur les excréments sont les mêmes que celles qui viennent dans la crème sur le
riz, et c’est ainsi que se diffusent les maladies.
Et il y aussi l'habitude, les gens refusent de balayer parce que c’est source de compost. On laisse les
ordures, les gens marchent dessus et en début d'hivernage il faut ramasser. C'est ce qui appelle les
moustiques et qui fait qu'il y a beaucoup de cas de paludisme. On est train de lutter là-dessus
également.
Public
L'objectif est d'avoir des partenaires, de les fidéliser et d'en avoir d'autres. Vous avez dit : par les
rapports d'activité. Première question : est-ce qu'il y a des façons de présenter son rapport d'activité
pour accrocher ? On sait que les décideurs n'ont pas le temps, etc… Deuxièmement, est-ce que malgré
toute la qualité de votre production, n'est-il pas nécessaire que les gens viennent, constatent avec les
bénéficiaires, avec vous, avec d'autres ? Est-ce que voir et toucher n’est pas important ? Est ce que ce
n'est pas cela le moyen de communication le plus important ? L'immersion ?
Yaiguéré Tembely
En général, on a des canevas pour les rapports d'activités en fonction des partenaires, que ce soit
financier ou narratif. Le partenaire a son canevas. Ensemble on travaille le canevas en fonction du
partenaire et on l'applique. En ce qui concerne les visites, c'est obligatoire. Un partenaire ne peut pas
rester ici, en France, laisser l'activité qui se fait au Mali, sans venir une fois par an. C'est inadmissible.
Ce que l'externe peut déceler, l'interne ne le peut pas. Toi, tu penses que tout ce que tu fais est parfait,
mais l'externe en en clin d'oeil décèle des erreurs ou bien des choses à renforcer ou à améliorer. C'est
pour cela que nous demandons toujours à nos partenaires de venir voir, pour qu'ensemble nous
puissions corriger les faiblesses. On ne peut pas tout savoir, on apprend ensemble.
Je prends l'exemple du centre nutritionnel. On était dans l'a nutrition depuis 1998. Mais ce n'est qu'en
2005, avec les stagiaires français qu'on a découvert qu’un centre nutritionnel dans un village peut être
positif.
Public
Actuellement les Français ne sont pas autorisés théoriquement à venir au Mali alors comment faire
venir les partenaires ?
Yaiguéré Tembely
Nous sommes étonnés au Mali que les Français ne puissent pas venir, parce qu'on ne voit rien comme
insécurité. Il n'y a pas eu de cas d'attaques ou de tentatives au Mali, jamais. Le fait de dire que les
Français ne doivent pas venir nous a beaucoup choqués parce qu'on avait pris l'habitude de voir nos
partenaires chaque année. On nous a coupé cela, alors qu'au Mali il n'y a pas d'insécurité.
A cause de cela, en plus des partenaires, les touristes, ne viennent plus. Il y a des hôtels qui ont fermé,
beaucoup de personnes sont parties en exode. C’est un énorme gâchis.
Public
On a reçu l'autre jour au Conseil général des Côtes d'Armor 70 élus du Niger, et ils nous ont fait passer
le même message. Faites-nous confiance, aujourd'hui vous pouvez venir au Niger, vous pouvez venir
au Mali. Donc, il faut peut-être aussi faire du lobbying. Nous avons demandé solennellement que l'Etat
français permette à nos partenaires et à nous d'aller là-bas. C’est une prise de position politique de dire
que nous et nos partenaires prenons nos responsabilités et qu'aujourd'hui on nous empêche de
travailler et de coopérer pour telle et telle raisons. Ce n'est pas normal.
On a même un élu du Niger qui nous a dit : « mais on vous laisse aller aux Etats-Unis avec ce qui s'est
passé il y a 10 ans là-bas, et on ne vous laisse pas aller dans certains pays d'Afrique. »
La deuxième chose sur les objectifs de la communication. Qu’est ce que c’est, au fond ? C'est savoir
faire connaître et partager ce qu'on fait. Et c'est comment on fait partager. J'étais très intéressé par ce
que vous avez dit sur votre façon de faire partager. Et nous comment fait-on partager ici, et comment
fait-on savoir comment vous faites ? Alors nous, dans le département des Côtes d’Armor, on essaie de
faire venir aussi nos pays partenaires sous des formes festives. Par exemple, dans un mois, on a «
Fenêtre sur l'Inde ». Pendant une semaine, la collectivité et tous les partenaires du département qui
sont engagés en partenariat avec l'Inde et qui souhaitent nous accompagner, se rassemblent pour des
concerts, des petites conférences, des expos photos, pour montrer ce qui se fait là-bas. Pour que nos
concitoyens aussi se sentent interrogés, interpellés, aient envie d'aller plus loin et de découvrir
comment vous faites.
Public
Au fond, c'est cela l'objectif de la communication, c'est faire partager ce que l'on fait là. Une collectivité
a peut-être plus de facilité, mais en tout cas nous associons toujours les partenaires, et notamment les
associations pour un partenariat plus citoyen.
Yaiguéré Tembely
Dans le domaine du développement, la communication occupe une très grande place. Aujourd'hui, si
des partenaires potentiels se présentent dans un village où nous ne sommes pas basé, nos femmes
relais peuvent parler de toutes nos activités sur les dix dernières années. Elles maîtrisent parce qu'on a
communiqué et qu'on a eu une stratégie participative. On ne fait rien seul, on fait tout avec les
communautés, et elles sont ensuite en mesure de retracer l'itinéraire parcouru en dix ans à un
partenaire. C'est la raison pour laquelle de nouveaux partenaires viennent vers nous. Ils ont été dans
les villages, ils ont vu l'impact de nos activités, et ils disent « nous on veut intervenir dans ce village, et
nous voulons que votre structure soit l'intermédiaire. » Il faut donc mettre l'accent sur la communication.
Odile Ambry
Transition parfaite avec le sujet suivant qui est autour des outils ou vecteurs de la communication.
Antoine Mathieu de l'association ESPOIR. J'entends souvent « donnez nous les outils, on n'a pas
d'outils, on a besoin d'outils, etc... », comme si l'outil allait tout régler, allait faire que si même si on n'a
pas de stratégie, même si on n'a pas défini un peu les messages, ce n’est pas grave, on va trouver un
outil avec lequel on va communiquer. L'outil c'est la dernière roue du fameux carrosse, c'est la roue qui
arrive après le sens, après la réflexion sur le projet, après avoir regardé l'autre en face, se demander ce
qu'on voulait de lui. Après toutes ces étapes, et seulement après toutes ces étapes, se pose la
question des outils. Je vous les balaie :
Il y a les RP, c'est-à-dire les Relations Presse ou les Relations Publiques. Les Relations Publiques,
c'est ce que vous êtes en train de faire par exemple ; le fait d'être là, le fait de vous exprimer dans une
assemblée comme celle-là, le fait d'être sur scène, le fait de vous rendre dans une autre réunion, de
rencontrer des gens, de leur donner un dossier, etc… Les relations presse, ce n'est pas mon outil
préféré parce que pour qu'elles soient bonnes, c'est très compliqué. Cela demande beaucoup de temps
et d'instaurer une vraie confiance pour que ce soit fait dans un cadre de partenaires plutôt que comme
cette phrase que j'adore « on a fait passer un article » venant de gens qui par ailleurs pensent qu'il faut
qu'il y ait une presse indépendante, libre, qui enquête, etc… , mais dès qu'il s'agit du monde associatif,
il est bien qu'elle produise textuellement ce qui s'est dit. Donc, les relations presse c'est un truc un peu
compliqué.
Les relations publiques, ce sont les moments où l’on tisse son réseau, où on le renforce, où on parle
avec des gens, où on arrive à les convaincre.
Deuxième outil : le « print » avec les affiches – petite mise en garde car parfois certaines sont de
véritables textes. Une affiche a un impact visuel, il y a très peu de chose dessus : la date, le lieu, un
slogan, et pas tous les détails sur l'association. Le but de l'affiche est d'amener les gens quelque part.
Et le flyer qui se distribue. Entre les deux, on trouve la plaquette. Si on essaie de travailler par cibles,
par vecteurs, par objectifs, alors la plaquette c'est le document le moins communicant du monde
puisqu'il est distribué à tout le monde, donc à personne. Il doit tout dire donc il ne dit rien. Et puis la
plaquette c'est un grand moment dans le milieu associatif. Cela prend en moyenne six mois à la rédiger,
à se fâcher, à relire à la virgule près parce qu'il y a des fanatiques d'orthographe, à la refaire parce que
le CA a changé entre temps et qu'un des membres n'aime pas la terminologie employée, à dépenser
pas mal d'argent. Et puis dans les six mois, une activité change, quelqu'un de l'équipe change, le
numéro de téléphone change, et la plaquette va dans les poubelles jaunes. Et encore, c'est une chance
car avant elles restaient dans le placard ; ou alors il y avait le phénomène de la gommette posée sur la
plaquette, pour remettre un truc, un autre numéro de téléphone. Vous le savez vous, que ce que vous
allez lire, c'est là où il y a la gommette ! Donc cette fameuse plaquette, elle regroupe ce que je vous ai
dit tout à l'heure, c'est très difficile de faire un document qui convient à tout le monde, ce n’est même
pas possible. Ce n'est pas très communicant, parce que dans tous les salons du monde les gens vous
donnent des plaquettes et dans votre immense honnêteté vous ne les lisez pas. Vous les gardez un peu
pour les jours où vous les lirez, puis vous les jetez ou vous les empilez, les archivez. Souvent on me
répond « oui mais les gens ils veulent un truc », et je réponds « donne leur une carte de visite, comme
ça ils pourront te rappeler, et ils auront un petit document qui tient dans la poche ».
Troisième vecteur de communication, Internet : la solution à tout ! cela ne coûte rien, on peut toucher
tout le monde, le modifier... Un jour, une dame m'a dit : « vous savez notre site, il est endormi ». Un site
qui n'est pas mis à jour est un site mort, un site qui ne fait pas envie. On se dit que les gens ne font rien
même si en réalité, ils bossent. On voit que la dernière mise à jour date d’il y a trois mois, il y a un an...
Et le fameux cousin gentil qui nous avait aidés à faire le site Internet, entre temps il est parti voguer
ailleurs.
Deuxième élément d'Internet : les courriers électroniques, en nombre. C'est comme la plaquette, on les
envoie à tout le monde, donc on ne les envoie à personne. On a en général assez peu de retours et on
multiplie les courriers électroniques, les lettres d'infos. On a du mal à savoir s’ils ont été reçus, ont été
lus. On essaie de faire des enquête, quand on a le temps… On à l'impression que ces outils partent et
sont jetés en pâture, un peu à tout le monde donc un peu à n'importe qui : la même chose aux
adhérents, la même chose aux collectivités, la même chose aux partenaires. Et advienne que pourra.
Et dernier point, les réseaux sociaux. Je trouve que le monde associatif est extrêmement en retard,
même en retrait par rapport au monde de l'entreprise parce qu'il en a peur alors que c'est un monde qui
est par essence en réseau, et fonctionne avec une information qui circule et qui se dissémine. Et ces
modes de communication qui sont en train de s'installer dans la jeunesse. Ce sont des modes de
communication qui sont faits pour le monde associatif, qui sont faits pour sensibiliser les gens à ce qui
se passent dans le monde, pour regrouper des gens, pour faire bouger du monde. Et votre monde n'y
va pas, a peur d'y aller. Il n'a pas tort, cela ne va pas être simple mais c'est en cours.
Or si Monsieur Obama a été en partie élu par ce biais là, cela veut bien dire qu'on n’est pas en train de
parler d'un autre monde mais bien d'un nouveau mode de communication qui se met en place. On
pourrait avoir ici cinq personnes qui twittent, envoient sur les réseaux tout ce qui se dit. Si Antoine était
venu avec toute sa bande, on aurait monté cela et on vous l’aurait montré demain. Vous auriez été un
peu étonnés, et moi j'aurais été un peu bousculée parce qu'ils n’auraient pas toujours été très positifs
sur ce que je dis ou sur ce que disent les intervenants.
Je laisse la parole à Antoine sur la façon dont une jeune association de jeunes essaie de communiquer
avec son public, et essaie de diversifier ses moyens de communication vers d'autres publics aussi.
Antoine Mathieu
Je suis coprésident de l'association ESPOIR, association de solidarité internationale qui a été créée en
2008. Je vais vous présenter l'association à travers ses projets et les différents modes de
communications qu'on développe. En aucun cas je n'ai une formation en communication donc je ne
peux pas vous donner la vérité, mais peut être vous donner un témoignage sur la façon dont on arrive à
amener le public vers des événements.
ESPOIR a une partie « agir là-bas » et une partie « agir ici ». Agir ici, organise différents projets et
événements qu'on met en place depuis trois ans. Par exemple le forum jeunesse solidarité
internationale, organisé par la Maison Internationale de Rennes mais que ESPOIR coordonne depuis
maintenant deux ans. C’est un événement destiné au public jeune, pour favoriser l'engagement des
jeunes. Donc la communication va se faire pour les jeunes et à travers eux en partie. Pour annoncer un
tel événement, par exemple, on installe en amont une exposition photo sur un projet de micro finances
au Bénin, dans un restaurant universitaire. C'est un lieu de passage ; les jeunes se demandent ce qui
se passe, ça leur donne envie de participer à un tel événement. Lors du forum, on utilise des outils
conventionnels comme un plateau de radio avec plusieurs émissions.
Nous avons aussi des événements qui regroupent un public plus général, par exemple un festival de
musique et d'arts du spectacle que l’on organise avec l'association Quartiers jeunes. Là, on vise le
grand public. On choisit donc une communication de masse, c'est-à-dire distribution de flyers,
campagne d’affichage dans toute la ville de Rennes (panneaux associatifs, affichage publicitaire…)
pour promouvoir cet événement dans le simple esprit de donner envie aux gens de venir. Le message
ne sera donc ni précis, ni technique.
Il est indispensable d’adapter sont message au public – par exemple si on veut lever des fonds on ne va
pas envoyer un flyer à la Ville de Rennes – dans un autre sens, on ne va pas afficher un dossier de
subvention sur les panneaux publicitaires. Donc à chaque événement ses outils.
Nous travaillons aussi sur des événements un peu plus spécialisés. Ainsi nous avons co-organiser le
mois contre la Françafrique. C’est un sujet plus spécialisé mais aussi beaucoup plus sensible, il y a
donc un travail spécifique à faire au niveau de la communication. Comment faire venir les gens sur un
tel sujet, pas forcément compris par tout le monde ? Pour y parvenir, le message qui doit être mis en
avant ne doit pas être trop technique mais déjà donner envie de venir. Pour ce on peut utiliser des flyers
mais aussi travailler sur la diffusion de l’information dans ses réseaux. Beaucoup de personnes et
d'associations appartiennent à différents réseaux, l’idée est donc de faire passer le message de
réseaux en réseaux.
On organise aussi des activités beaucoup plus abordables qui font se poser des questions aux gens,
parce qu’en aucun cas la communication n’est là pour être moralisatrice, surtout sur des sujets aussi
sensibles.
On peut aborder aussi la question de la visibilité sur le long terme, notamment dans le réseau étudiant
où il y a 13 000 associations étudiantes, donc on est très vite noyé dans la masse. Comment
développer un message qui pourra être diffusé facilement ? L’association ESPOIR utilise les grosses
organisations au niveau local et national. Elles ont souvent une politique de communication plus
développée et plus visible Par exemple il est possible de passer une annonce par le réseau « étudiants
et développement ». L'annonce est mise sur le site Internet du réseau et ce sera ainsi visible au niveau
national. Appartenir à des réseaux peut aussi être un point négatif parce qu'on peut aussi vite se perdre
dedans.
A ESPOIR, on a clairement un problème par rapport à notre site Internet. C'est un bon outil mais
personne ne sait l'utiliser, donc forcément c'est difficile de le mettre à jour. Maintenant il existe plein de
sites Internet qui sont vraiment plus facile à utiliser.
On parlait tout à l'heure des réseaux sociaux, ce qui est intéressant c'est que les émetteurs sont les
récepteurs et vice versa. C'est-à-dire que quand on envoie un message, on reçoit le message, on peut
se permettre de le rediffuser derrière. Je pense que cela chamboule tout sur la communication.
Pour conclure, je pense qu'il faut toujours adapter le message qu'on veut donner au public qui sera visé
et aux différents projets.
Odile Ambry
Justement sur ces questions d'outils ?
Association Saint-Gilles Solidarité
On organise au mois de mars un événement qui a pour but de rajeunir l'image de Saint-Gilles Solidarité
et de communiquer notamment sur trois commissions qu'on a mis en place : le Mali, la Roumanie et la
solidarité locale. A cette occasion, on souhaitait réfléchir sur nos axes de communications et sur notre
logo, et en profiter pour le rajeunir, puisqu'il ressemble actuellement un peu à un signe radioactif. Est-ce
que vous pourriez nous aider et nous donner de grand principe de logos en ce qui concerne la solidarité
internationale. Comment à travers un logo réussir à porter ses valeurs ? Y-a-t-il des fautes à ne pas
commettre ?
Odile Ambry
La question du logo est importante parce que dans les modes de communication aujourd'hui, l'identité
passe par le logo, c’est est un signe distinctif. Souvent le logo, on le fait faire par le même petit cousin
qui a fait le site Internet, ou on demande à l'imprimeur, ou on va prendre un logo gratuit, en oubliant qu'il
y a des graphistes dont c'est le métier. Il faut arrêter de penser toujours en terme de gratuit parce qu'un
jour ça se paie c'est-à-dire que c'est moche, c'est vu partout. Donc, pour les associations qui n'ont pas
les moyens, je préfère qu'il n'y ait pas de logo plutôt que ces logos vus et revus qui finissent par devenir
effrayants.
Faire bricoler un logo en interne, de grosses associations le font ; et au contraire, de petites se
débrouillent avec un graphiste ou une école de graphistes du coin qui travaille sur le sujet, qui vous
explique leur démarche et leur résultat. Un logo n'est ni beau, ni moche, il représente quelque chose
d'important. Et sur les nouveaux modes de communication, ce logo devient d'autant plus important qu'il
représente partout l'association dans une nébuleuse incroyable. Donc mon conseil : changer un logo
oui, en donnant un « brief », pour dire à un graphiste qui l’on est. Par exemple, quand je dis au studio
« c'est une association comme cela, ils sont plutôt dans ce domaine, mais ils ont aussi ceci... » , ils font
émerger des choses. C'est un métier. Et si on ne peut pas, pour x raisons, alors ne le faisons pas.
Deuxième question : le vecteur événementiel. Ne montez pas d'événement si vous n'avez pas les
moyens humains ou financiers de bien les monter. Associer vous avec des gens, faites un événement
commun. Mais monter un événement pour monter un événement, pour communiquer, est en général
contre-productif. On va mettre énormément de temps et d'énergie pour le faire et in fine on ne va pas
avoir les résultats. Donc faisons petit, convivial, simple et donnons nous les moyens.
Et deuxième chose importante, c'est le vin blanc tiède de tout à l'heure. On monte un événement, on
met beaucoup d'énergie, les gens viennent et on est crevé. On se dit que c'est fait et on n'accueille pas
les gens, on ne se présente pas ou on ne les écoute pas.
Dernière remarque plus personnelle. Quand vous me parlez de « commission Mali », je ne sais pas de
quoi vous parlez. C'est votre langage, vous savez ce que cela recouvre, mais surtout n'en parlez pas à
l'extérieur parce que vous ne ferez pas venir des gens à une commission Mali. Vous ferez venir des
gens sur une envie de travailler avec un partenaire malien sur des sujets qui les motivent eux, qui vont
motiver une institutrice, ou une retraitée, ou un jeune homme tout juste sorti d'école.
Antoine Mathieu
Pour rebondir sur l'événementiel, nous choisissons de notre côté de travailler en partenariat, c'est
vraiment une bonne solution. « Les quartiers jeunes » est une association événementielle, ils ont des
compétences pour organiser des événements. Donc, c'est complémentaire, eux ils s'occupent de
l'organisation et nous on se fatigue pas là-dessus et on est présent quand le public arrive.
Public
Au sujet des vecteurs, le site Internet est un bon outil mais encore faut-il être visible sur la toile. Quand
on est une petite association, si on ne choisit pas un gros hébergeur ce n'est pas évident d'être visible.
Deuxième point, les réseaux sociaux. C'est la mode, j'y suis, seulement il faudrait parler des limites des
réseaux sociaux. Par exemple, il y a plein de jeux mais je ne suis pas joueur donc je ne réponds pas.
Donc est-ce que les gens regardent les autres messages qui sont sur le mur ou alors ils attendent qu'on
réponde aux jeux ?
Public
Yvon Dissez, De Peuples solidaires. Une question pratique. Je suis un peu fatigué de la stratégie du
colibri qui éteint le feu de forêt, qui va à la mare et qui dépose la goutte sur le feu de forêt en se disant
je fais ce que je peux, et les incendiaires rigolent derrière. Il va y avoir le G20, imaginons que le Conseil
régional de Bretagne vote une motion en direction de Monsieur Sarkozy pour exiger que le G20 prenne
des mesures concrètes et contraignantes sur par exemple : soutenir l'agriculture paysanne, renforcer ou
établir des réserves de nourriture, mettre un terme au accaparement de terres, arrêter de financer les
agro carburants, etc.. J'ai bien ma cible : le Conseil régional de Bretagne, j'ai bien mon objectif, mais
après il y a le problème des moyens.
Sachant qu'il y a eu en juin un sommet du G20 à Paris des ministres de l'agriculture, qui n'a pris aucune
décision pratique à part de recommander aux petits paysans de prendre des assurances privées contre
les risques climatiques.
Odile Ambry
C'est ce que vous appelez le plaidoyer dans votre jargon.
Erwan Lethuillier
Erwan Lethuillier, Conseil général des Côtes d’Armor. Je voulais faire le lien par rapport au thème de la
solidarité internationale. Ce qui est important, c'est de réaliser qu'on manie des concepts relativement
complexes. Or on est aujourd'hui dans une société de la communication immédiate, c'est-à-dire que l'on
n'a pas deux heures comme cette après-midi pour expliquer ce qu'on fait et ce qu'on a envie de faire. Il
faut tout de suite percuter, parler aux gens. C'est ce qui est complexe, on doit avoir une communication
quasi immédiate sur des réflexions complexes. C'est un gros effort pour accepter dans un premier
temps de simplifier au maximum notre message pour donner envie de venir, et ensuite, une fois que les
gens sont là on peut commencer à discuter de la complexité.
Le problème, c'est qu'on a toujours envie de tout expliquer tout de suite et on perd tout le monde parce
qu'on fatigue les gens. On est passionnés, mais je ne suis pas sûr d'être passionné si quelqu'un me
parle de la complexité des marchés. C'est là-dessus qu'on a tous – associations comme collectivités –
de gros progrès à faire.
Odile Ambry
Première chose, sur Internet : je suis pas sûre que toutes les associations aient besoin d'un site
Internet. Dans de nombreux cas, il vaut mieux être vu dans son cercle local, plutôt que de perdre
beaucoup de temps à faire un site. Là, on a parlé d'un blog, c'est un autre format qui prend beaucoup
moins de temps et qui donne les informations froides, comme une grande carte de visite où l'on dit qui
on est et comment nous contacter. Et pour les réseaux sociaux, c'est difficile de répondre rapidement.
Les gens qui jouent sur Facebook, c'est parce que ça rapporte de l'argent ! Il y a même des
associations de solidarité internationale qui recherchent des fonds et qui réfléchissent à des « add
games » parce que cela rapporte de l'argent et de la notoriété. Mais à part ça, les gens qui jouent on ne
pourra pas les empêcher de continuer et de le faire savoir.
Sur la question de la mobilisation, c'est vrai que ce sont des choses complexes. J'ai travaillé avec
Peuples solidaires à une époque sur la notion d'appel urgent. C'est complexe parce que la
communication ne résout rien, c'est juste le moment où on va déclencher chez quelqu'un quelque
chose. Vous me parlez de plaidoyer, de lobbying, de pétition, de la mobilisation : regardez les anti G20,
les indignés de Wall Street, etc... Ils communiquent extrêmement bien ! Ils sont en train de faire mieux
contre toutes les machines financières que nombre d'associations qui expliquent depuis des années les
mécanismes financiers. Comprendre tous ces enjeux oui, mais la communication sert à un moment
donné à ce que cet appel soit relayé au maximum, par la presse, par les réseaux sociaux, et qu'à un
moment donné les dirigeants soient obligés de l'entendre et d'en tenir compte.
Aujourd'hui le lobbying passe pas les médias. En ce moment, ceux qui occupent Wall Street visiblement
ont réussi à toucher, avec des relais médias non négligeables, la présidence des Etats-Unis puisque
Barak Obama a fait des déclarations sur les indignés de Wall Street. Alors que c'est combien de
personnes ? Quelques centaines. Il faut que la mayonnaise prenne.
J'ai beaucoup travaillé avec un des chargés de communication de l'époque à Peuples Solidaires, et on
a travaillé sur cette notion d'appel urgent. Leurs documents de communication étaient très denses. Je
disais « l'affaire est complexe oui ; que vous ayez envie de l'expliquer oui ; mais par ailleurs ce ne peut
pas être un document de quatre pages, où on n'a pas même pas un titre ou une illustration pour respirer
un peu. » Peut-être que cela avait un sens il y a 20 ans. Aujourd'hui si on veut toucher la jeunesse, je
ne suis pas sûre qu'un appel urgent parle en terme de sémantique. Ca fait penser au téléphone : « j'ai
un appel urgent ».
Public
Quelques fois, pour communiquer on veut utiliser des choses très spéciales au risque de tuer la
communication. Pourquoi ne pas utiliser, par exemple, le bouche à oreille. Pourquoi ne pas cibler cinq
ou dix personnes qui peuvent véhiculer le message. Par exemple, à Vitré, là où je suis le président de
Madagascar-Bretagne, on va faire un petit événement. J’ai choisi d'envoyer des lettres personnelles à
dix maires ruraux. C'est eux qui feront le boulot à ma place. J'invite le député-maire de Vitré, c'est lui qui
fait le boulot et les gens arrivent, et on gagne. On ne dépense rien : pas d'Internet, pas de logos, pas de
flyers, pas d'affiches. C'est simple.
Isabelle Quéré
Isabelle Quéré, Communauté de communes de Lanvollon-Plouha. Je rebondis parce qu'à l'échelle
d'une communauté de communes rurale, effectivement, il n'y a rien de plus efficace que le bouche à
oreille. Si on utilise ce mode de communication de manière positive, c'est d'une efficacité remarquable.
Au niveau d'une intercommunalité, on peut développer des relais à travers des associations citoyennes
où on va trouver des prescripteurs qui vont reprendre la bonne parole. Il n'y a rien de plus efficace à ce
titre que d'associer des membres du comité du conseil citoyen au sein de nos commissions qui sont
déjà ouvertes aux citoyens et aux associations. D'ailleurs, Monsieur Jouan a eu effectivement l'occasion
de participer à une des commissions de la communauté de communes pour expliquer son action dans
le domaine des semences de pommes de terre. Rien de plus efficace que cela à mon sens.
Je ne voudrais pas non plus oublier le fait que, pour que notre action internationale ne soit pas prise
pour de l'humanitaire, il faut que nos élus soient militants et qu'on ait vraiment un discours pédagogique.
On a la chance d'avoir sur la communauté de communes des élus qui sont vraiment convaincus. Ca
aussi c'est du bouche à oreille. Les élus, quand il s'agit de voter quelque chose qui a été expliqué sur
l'écran, motivé par un travail en commun et par des déplacements avec des citoyens et des élus, on
s'aperçoit que c'est d'une simplicité et d'une efficacité redoutable. En fait on a beaucoup de mal à
expliquer cela. Ce qu'il y a de plus efficace c'est d'être convaincu de ce dont on parle, de rester simple
dans son vocabulaire et d'aimer les autres, d'aller le leur dire.
Antoine Mathieu
Par rapport aux jeux sur Facebook je n'ai jamais eu de problème. Après on est maître de sa page
Facebook et on peut supprimer certaines choses. Pour le bouche à oreille, oui, c'est le plus efficace. Le
seul souci pour nous, c'est que cela marche très bien sur la communication ponctuelle mais pas sur la
communication à long terme. Le bouche à oreille ne peut pas tout faire, il faut un support disponible aux
personnes qui souhaitent se renseigner un peu plus. Et par rapport aux élus, ils ne sont pas tous
militants. Dans notre association, c'est aussi de notre responsabilité de communiquer sur des sujets
très techniques, parfois difficiles, mais on a parfois des problèmes avec les élus qui ne sont pas
militants et qui ne connaissent pas les aspects techniques, et c'est aussi du travail de communiquer
pour ça.
Christian Evan
Christian Evan, Bretagne Afrique solidaire. Sur les réseaux sociaux, Facebook n'a pas vraiment de cible
particulière. Alors que sur Viadeo par exemple, vous pouvez cibler un certain nombre de cibles, par
rapport aux mots clefs.
Odile Ambry
Non, c'est exactement le même phénomène. Sur tous les réseaux sociaux, vous envoyez vos
messages à votre communauté. Que ce soit Twitter où les gens sont abandonnés à votre fil, que ce soit
Facebook où le message posté sera vu uniquement par vos amis.
Christian Evan
Mais vous ne pouvez pas diffuser un message par mots clés. Vous avez répertorié un certain nombre
d'amis mais vous ne pouvez pas trouvez ces gens par l'intermédiaire de mots clés comme vous le faites
sur Viadeo.
Odile Ambry
Oui d'accord.
Antoine Mathieu
Sur Facebook, il ne faut pas faire une page personnelle et communiquer sur l'association. Il faut
vraiment faire une page associative, sinon cela risque de se perdre et de d'être confondu
Odile Ambry
On peut maintenant proposer des pistes de conclusion sur ces questions de communication dans la
solidarité internationale. Peut-être sur la question des moyens ? Et des idées de pistes d'amélioration ?
Luc Morvan
Luc Morvan de l'association Solidarité internationale de la baie à Saint-Brieuc. Sur les moyens, à la
suite d'un voyage au Burkina Faso chez notre partenaire, nous avons réalisé une vidéo amateur pour
essayer de faire un support de communication qui puisse être vu, et qui puisse alimenter un débat. Cela
a relativement bien marché, mais c'est vrai que c'est très amateur. Je ne pense pas qu'on puisse faire
appel à une agence de communication, mais peut être faudrait-il former les associations ? Comment et
avec qui organiser cette formation, apprendre aux bénévoles à utiliser un caméscope, à faire un
scénario, un montage et bâtir un message qui puisse être entendu par nos adhérents, les élus, le grand
public ? Est-ce une piste ?
Odile Ambry
Oui, la formation. Je disais que pour les logos, on ne pense pas souvent à monter des partenariats avec
des lycées ou des écoles spécialisée. De la même manière pour les vidéos, on se professionnalise
beaucoup. Pour le scénario, ça peut se faire en interne, il n'y a pas besoin d'agence de communication.
Donc essayer de faire un scénario tourné vers l'autre, et se faire un peu aider pour le montage, il y a
des outils gratuits dans les logiciels libres qui fonctionnent bien. J'ai tendance à dire « l'imagination au
pouvoir », mais il faut toujours penser aux gens à qui on va le montrer, il faut penser à eux et pas
seulement à soi. Avoir un but d'efficacité du message.
Antoine Mathieu
Il est possible de former des bénévoles, mais aussi de recruter des bénévoles compétents. Je prends le
cas d'ESPOIR, la communication est un grand chantier cette année, on a recruté des étudiants qui sont
en master « Info com », donc compétentes sur ce champ.
Public
Je pense que souvent dans nos projets, nous n’incluons pas à la base la phase de communication, ni la
phase de restitution et de valorisation. Comme si nos projets étaient tronqués au début et à la fin, ils ne
sont pas complets. On ne prévoit pas par exemple un volet « financement des études préalables ». On
aurait besoin d'avoir un canevas plus complet dans notre communication.
Public
Une autre réflexion. On a souligné tout à l'heure l'aberration et la difficulté pour aller dans les pays du
Sud et en particulier en Afrique de l'Ouest, pour des raisons politiques. On n'a pas abordé l'aspect
inverse, on aimerait bien que les échanges puissent avoir lieu dans les différents sens : Nord-Sud, SudNord et Sud-Sud. Il y a des difficultés pour faire venir un partenaire du Sud. Parfois, on doit annuler au
dernier moment des événements parce qu'on n’a pas pu obtenir les visas. Il y a une pétition sur ce sujet
lancée par la CASI Bretagne.
Public
Je rebondis sur ce qui a été dit précédemment sur les outils : on en a énuméré un certain nombre. Ils
vont dépendre du contexte, du sujet, de la cible, et auquel cas vous avez une panoplie de moyens qui
correspondent parfaitement. Le problème reste de savoir ce que l'on va dire, ce que l'on veut exprimer.
Il y a aussi sensibiliser, conscientiser les gens. Je n'aime pas trop cette approche. Parce que dans
l'information, il y a une première information pour dire « nous, association on va faire », mais les
explications ne viennent pas tout de suite.
Cela peut venir après, dans des productions plus élaborées peut-être, des plaquettes. Je serais comme
vous contre la plaquette, si la plaquette consistait à tout raconter, tout expliquer. Je dis très clairement :
vous voulez être lu, entendu, écouté ? N'en faites pas de trop. Faites des textes courts, vous prenez le
risque d'être lu ! C'est une vérité, je n'ai pas trouvé de contre exemple.
Odile Ambry
C'est vrai que les règles de la communication sont parfois effrayantes. Je les donne pour qu'on s'en
libère un peu : trois idées au maximum, des communiqués de 1 500 signes maximum. Je considère
l'écriture de communication, comme une courtoisie. C'est-à-dire que je pense que quand on demande à
quelqu'un qui ne nous connaît pas de lire quatre pages pour avoir accès au fait de parler avec nous, ce
n'est pas courtois. Pour qu'il parle avec nous, on lui donne des choses « impactantes ».
Cette position de toujours vouloir expliquer est une posture un peu dangereuse, surtout dans le monde
d'aujourd'hui. Les gens qui sont vraiment dans l'explication, ils passent de moins en moins bien par
rapport à des gens qui sont dans l'écoute et dans la discussion. « Qu'est ce que tu as me dire ? » , « toi
tu penses ça, ok, mais moi je pense ça ». Quand on suscite la discussion avec l'autre, on est dans un
axe de communication formidable, et là on avance ensemble, plutôt que quand on vient faire un speech
d'explication aux gens. Je veux bien entendre des conclusions maintenant.
Public
Si vous voulez, une réflexion sur ce qui s'est passé cet après-midi, je trouve qu'on a parlé beaucoup de
nous, c'est-à-dire du Nord. Fifi a exprimé ce qu'elle avait à dire, mais nous avons posé nos
préoccupations et on n'a pas tellement parlé de nos partenaires. Au niveau de la communication,
comment communiquer avec eux ? Quand Fifi dit « Il faut au moins qu'on se voit une fois par an, ça ne
fait quand même pas beaucoup ». Alors comment communiquer ? On peut dire que depuis une dizaine
d'années, la communication orale a été facilitée par les téléphones portables, que ce soit en l'Afrique et
en Amérique du Sud, avec Internet, en particulier avec Skype. Mais on n'a pas de techniques, on en est
resté au parlé en face à face. Au niveau de la communication, on pourrait travailler sur une formation,
une éducation, une réflexion avec nos partenaires.
Odile Ambry
Je n'ai qu'un regret c'est que vous en parliez maintenant parce que je trouve que c'est un sujet tout à
fait passionnant, mais on n'a plus temps d'aller plus avant. Jean-Yves Lechaille va-t-il m'aider à aller
vers la conclusion ?
Jean-Yves Lechaille
Moi j'ai une interrogation. J'entends deux choses : « communiquer pour informer » et « communiquer
pour le plaidoyer ». Quels outils pour aller vers le plaidoyer, la conscientisation ? Comment vous
ESPOIR faites-vous?
Antoine Mathieu
Par exemple, sur le Forum Jeunesse, par rapport à l'information, je pense qu'il faut peut-être séparer
« information » et « plaidoyer ». « Plaidoyer » je l'entends comme des actions vers les élus ou vers les
personnes responsables, les décideurs. Par rapport à l'information, je pense que ça se passe une fois
qu'on a donné envie au public de venir. Ensuite, il y a toute une information qui se fait à travers des
expos, des jeux, des animations qui permettent aux gens de poser des questions. Mais en aucun cas,
on ne peut se permettre d'être les informateurs d'une vérité. Il n'existe pas une seule vérité, mais ces
questions vont permettre aux gens d'aller plus loin eux-mêmes, de leur donner envie d'aller plus loin.
D'une part, il faut faire attention aux sujets techniques, et d’autre part permettre aux gens de se
conscientiser par eux mêmes, ce n'est pas que notre travail. Et pour les activités de plaidoyer, on a par
exemple sur le Forum jeunesse un travail de rédaction d'un manifeste, et elle va se faire à l'issue d'une
rencontre internationale qui se passera entre une vingtaine de jeunes venus de six pays : Bénin, Togo,
Burkina Faso, Maroc, Tunisie, Espagne... qui travaillent sur les différents thèmes et qui rédigeront
ensemble un manifeste avec une trame prédéfinie, et qui sera diffusée au niveau local ou national.
Ce sont deux exemples de ce qu'on peut faire en terme d'information et de plaidoyer.
Public
Je suis de l'association Amani, c'est une association franco-palestinienne d'aide et de formation
médicale. Je ne sais pas si c'est une conclusion. On a parlé beaucoup de communication en France,
moi je suis plus comme Fifi, c'est-à-dire d'un pays du Sud. Nous communiquons beaucoup plus
facilement oralement. Malheureusement, on est en France, où il y a énormément de bureaucratie, et
quand on va vers les personnes pour demander quelque chose, on a l'objectif, on a le but, on a la
formation, et la personne nous dit tout de suite « écris-moi ». L'écrit en France est important. Il y a
beaucoup de formulations que certains pays du Sud nous ne connaissons pas. Donc le message ne
passe pas. Et c'est un peu dur de trouver des partenaires à qui on peut expliquer, avec qui on prendre
rendez-vous pour dire ce dont on a besoin, et qui prennent cela en considération. C'est-à-dire qu'on est
toujours obligé de passer par l'écrit, et c'est quand même assez dur pour certains pays.
Odile Ambry
Noté et entendu ! On arrive à la conclusion.
Public
Est-ce que vous pourriez nous rappeler, notamment pour les jeunes adhérents, quelles sont les
ressources dont on dispose pour nous aider à mieux communiquer ? Est-ce qu'il y a des associations
qui aident les associations à communiquer ? Qui sont-elles localement ?
Antoine Mathieu
Il existe des associations qui font de l'audiovisuel par exemple, et avec qui on peut faire des
partenariats, pour capter un événement par exemple, ou monter une vidéo sur un projet. Encore une
fois, c'est la notion de partenariat avec des associations qui travaillent sur différentes thématiques qui
est importante. Par exemple, nous, à ESPOIR, on travaille avec Onirique vision, qui est spécialisé dans
l'audiovisuel et qui capte des événements et qui monte. Cela leur permet de faire la promotion de leur
activité et cela nous permet d'avoir des supports vidéos. Il doit exister plein d'autres solutions.
Odile Ambry
Je connais des exemples de mutualisation. Il se trouve que pendant plusieurs années, dans mon
agence j'ai formé beaucoup de gens du milieu associatif qui ont voulu aller plus loin et qui ont fondé une
association qui s'appelait « Les bancs de la com », avec l'envie de chargés de communication
d'association de se dire « comment on peut faire ? mutualiser, etc… » Ces idées de gratuité m'ont
toujours dérangée parce que, autant le bénévolat est une chose – par exemple quelqu’un qui est dans
la communication décide d'aider bénévolement, une sorte de mécénat de compétences – le reste du
temps, on paie au supermarché, on paie son loyer. Je n'aime pas beaucoup quand on pique des
photos, des logos, quand on fait travailler gratuitement des gens dont c'est le métier ou on leur
demande de faire des efforts importants. Quand il y a des renvois d'ascenseurs ok, mais à un moment
ça ne peut plus fonctionner.
Il existe des centres de ressources – dans le Val de Marne par exemple – avec des formations de
toutes sortes dispensées, des gens qui donnent des coups de main, qui trouvent des infographistes,
des webmasters, ou des petits ateliers pour monter son site. Il y a peu de personnes qui font des
formations associatives.
Antoine Mathieu
Dans le monde étudiant, il y a Animafac qui propose des formations sur la communication. C'est un
réseau d’associations étudiantes en France, qui regroupe plus de 12 000 associations. Ils font des
formations itinérantes dans plusieurs villes, pour les étudiants associatifs.
Public
Vous dites que rien n'est gratuit. Il faut convaincre les adhérents que rien n'est gratuit parce qu'ils
veulent que ce le soit. Puisqu'ils sont bénévoles, ils veulent que d'autres personnes les aident
bénévolement. Certains, qui font partie de la jeune génération d'associations, ont déjà cette culture. Moi
je commence à être convaincu, mais beaucoup de gens qui ont mon âge ne sont pas du tout
convaincus. Il faudrait communiquer là-dessus parce qu’il ne suffit pas d’organiser des évènements et
de dire ensuite que c’est raté parce que les gens ne sont pas sympas. Il faut se donner les moyens d’y
arriver !
Odile Ambry
On se retrouve demain avec un objet qui s'appelle un plan de communication dont on va se servir pour
vous aider individuellement et aussi pour construire la restitution de ce qu'on s'est dit aujourd'hui sur la
communication interne, sur le pouvoir de conviction, et tous les autres points qu'on a évoqués
ensemble. J’ai pris plaisir à vous entendre, je suis contente qu'il y ait eu un peu de débat, qu'on n'ait
pas été toujours d'accord sur tout, c'est une excellente chose. On n'a pas eu le temps de parler de tout.
Je suis encore là demain, donc si des gens ont des questions un peu plus individuelles, je me prête au
jeu parce qu'effectivement je n'ai pas parlé de budget à mettre en face, je n'ai pas rebondi sur la
remarque de Bernard qui est de prévoir à l'avance un budget ou des moyens humains. Il n'y a pas de
communication sans une ligne budgétaire. Cela prouve qu'on a envie, qu'on l'a pris en considération et
qu'on va le faire.
Je voudrais terminer sur le fait que j'espère vous retrouver nombreux demain matin, ça va être peu tôt,
on va travailler un peu dur. Merci à tous et bonne soirée.