Forum du parcours n°1 - Acteurs Bretons de la Coopération
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Forum du parcours n°1 - Acteurs Bretons de la Coopération
Odile Ambry Nous avons choisi trois thèmes qui nous ont paru vous convenir. Le format est participatif, ça n'est pas juste écrit sur les papiers. Ma mission est d'une part de vous parler de communication, de faire parler nos trois intervenants de leur façon de communiquer mais aussi de vous écouter : écouter vos besoins, entendre les difficultés que vous rencontrez, et essayer d'élaborer avec vous des pistes de solutions. Deux ou trois mots d'introduction d’abord. Nous sommes à la fois sur un format de discussion, un format où chacun apporte au pot son expérience pour que ça puisse bénéficier à tous, mais aussi sur un format de formation. En premier lieu, je voudrais qu'on se mette d'accord sur le schéma de base de la communication. C'est assez simple en fait : il y a un émetteur, il y a un récepteur, et au milieu il y a un message. Derrière ça il y a la question primordiale : qui fait le message ? Les gens qui pensent que c'est l'émetteur, merci de lever la main. Les gens qui pensent que c'est le récepteur ? C'est ceux-là qui gagnent ! C'est souvent très technique. Par exemple, on pense que je suis en train d'émettre un message parce que j'ai un micro, et on pense que vous êtes les nombreux récepteurs. En réalité, si on faisait un sondage à 18h, quand vous serez bien fatigué, on se rendra compte qu'une partie non négligeable d'entre vous aura retenu des choses extrêmement différentes. C'est-à-dire aura retenu les choses qui le ou la touche le plus, lui sont le plus utile ou l'ont choqué. « Donc si on part de ce schéma de base, on réfléchit à l'émetteur – c’est-à-dire vous -, aux messages que vous souhaitez envoyer, et au récepteur, c'est-à-dire l'autre. Il y a une phrase importante en communication : « Communiquer, c'est aller vers l'autre. » Une phrase évidente a priori. Mais bien souvent, quand on est pris par le quotidien ou par ses difficultés, ou face à l'ampleur de la tâche, ou si vous êtes dans l'urgence, vous oubliez l'autre. Vous oubliez à qui vous vous adressez, et qui est l'autre dans sa diversité. Vous êtes beaucoup chez vous, beaucoup pris par vos messages, vos valeurs, votre éthique, votre projet, en oubliant que dans un certain nombre de cas vous avez envie, ou besoin même, de convaincre, et que l'autre – dans sa diversité – n'entendra pas le message de la même manière que vous l’envoyer. Donc « communiquer, c'est aller vers l'autre », ce sera notre fil rouge aujourd'hui pour vous aider à surmonter les difficultés auxquelles vous faites face ou à faire mieux que ce que vous faites déjà aujourd'hui. Dans le jargon de la communication, on en reparlera demain matin, il y a effectivement l'autre. On l’appelle « la cible » ou « les cibles ». On va essayer de regarder ces cibles, en évitant de parler « des gens » – « les gens pensent que », « les gens attendent », etc. Certes, on ne va pas regarder ces « gens » avec le regard des marketeurs de téléphones portables ou des vendeurs de chewing-gum gum qui segmentent au plus près les publics qu'ils souhaitent toucher. Mais tout de même, on va en essayer de définir qui sont les cibles prioritaires de votre communication. Les cibles, c'est se demander qui je veux toucher en priorité. On regardera le message, avec le premier intervenant dans quelques minutes notamment. La deuxième partie sera sur ce qu’on appelle « un plan de communication » : ce sont les outils ou les vecteurs. On les divise en quatre parties. On détermine donc les gens que l’on veut atteindre, le message que l’on souhaite leur transmettre, et le canal par lequel on va passer pour leur transmettre ce message. Quel est le canal le plus approprié, celui avec lequel ma cible sera à l’aise ? Et quels sont les mots que j'utiliserais ? Il est important de vous poser ces trois ou quatre questions de base et de faire ensuite appel à votre bon sens. On dit souvent que la communication c'est beaucoup de bon sens. Et quand tout va mal, on dit que c’est la faute de la com ! Je l'ai beaucoup entendu et j'ai tendance à le croire aussi beaucoup. On dit « la com ça n’est pas bien », « la com ça manipule », « la com ça fait faire aux gens des choses qu'ils ne veulent pas faire »... Non, la com c'est d’abord donner envie. C'est donner envie aux gens de vous rejoindre, de vous donner de l’argent, de venir à l'événement que vous avez mis des mois à organiser. Donc il faut que ce soit joli. Parce que si ça n'est pas joli, si ça n'est pas fait avec envie et avec plaisir, l'autre en face reçoit un message négatif et il ne va pas avoir envie de venir. Cela fait partie des défauts qu'on rencontre parfois dans la communication associative. C’est ce que j’appelle « le vin blanc tiède ». C'est-à-dire qu'on fait venir les gens à un événement, on a mis beaucoup de temps à l'organiser, on a fait plein de choses pour que ça marche, et quand les gens arrivent, ils ont du vin blanc tiède, de l'eau tiède ou du jus d'orange tiède, et trois affreuses cacahouètes parce que comme on est une association on ne va pas leur donner des choses mirobolantes ! Pour le même investissement, on peut pourtant leur proposer un accueil sympa qui fait qu’ils on envie de rester, de discuter avec vous et qu’ils auront peut-être envie d'atteindre avec vous l'objectif que vous vous étiez fixé en les faisant venir. La question des objectifs sera un des thèmes de cet après-midi également. Parce que dans la construction de ce petit plan de com’, de ce moment où l’on se demande ce que l’on va faire, quand et comment on va procéder pour atteindre les gens, on oublie souvent l'objectif que l'on s'est fixé. La communication n'est pas immanente : elle vient au service des objectifs de développement. Et tant qu'une structure, quelle qu'elle soit – une PME, un parti politique, une association nationale ou une petite association –, tant qu'elle n'a pas réussi à élaborer clairement ses objectifs, c’est-à-dire ce qu'elle souhaite obtenir dans les années ou les mois à venir, elle ne pourra pas demander à la communication d'exister. Il faut formuler des objectifs à atteindre : par exemple recruter 50 bénévoles cette année, réunir 10 000 euros, obtenir telle subvention, construire un événement localement, etc. Une fois l’objectif formulé, la communication peut se déployer avec les moyens que vous avez à disposition (humains, financiers, etc.) parce qu'elle sait pourquoi elle est là, elle sait à quoi elle va servir. Je reviens à mon bon sens et à mon envie : les choses découlent beaucoup plus facilement lorsqu'on sait ce qu'on est en train de faire et pourquoi on est en train de le faire. Voilà quelques bases pour qu'on se comprenne et qu'on parte à peu près du même endroit. On va commencer avec Thierry Burlot. Je suppose que vous êtes un certain nombre à le connaître. On ne lui a pas donné la tâche la plus facile – parmi les trois thèmes « les mots de la communication », « les objectifs de la communication » et « les outils de la communication » — on lui a donné la partie sur les mots. Lorsqu’on s'est parlé au téléphone, j'ai noté des choses intéressantes et notamment un mini paradoxe sur lequel vous aviez envie d’intervenir autour des notions de « proximité », de « territoire », de « solidarité » et « d’international ». Comment est-ce que ces mots arrivent à cohabiter – autour de votre action autour de l’eau – pour donner envie, regrouper et fédérer du public autour d’elle ? Thierry Burlot Bonjour à toutes et à tous. D'abord, j'ai le plaisir de m'exprimer au nom de la communauté de communes que je préside, mais comme c'est un travail collectif, je ne vais pas manquer de penser à mes collègues, notamment à Daniel Barré, qui est élu, et à Isabelle Quéré qui est responsable dans notre équipe du montage de ces dossiers. Donc l'histoire de la coopération décentralisée à la communauté de communes est une longue histoire, initiée à l'époque par Jean Le Floc’h et par un tissu associatif important autour de ces questions, notamment l'AFDI. On a donc mis en place des actions de coopération, et très vite on s'est rendu compte que ça n'était pas simple d'expliquer la coopération comme un acte politique. On a donc cherché à donner à tout cela du sens. La première question tournait autour du financement : comment on explique à nos concitoyens, dans un moment de crise, qu'on va donner de l'argent pour nos amis du Sud ? Comment on fait passer ce message ? Le deuxième sujet concerne l’explication de notre action. Quelles thématiques aborde-t-on ? Comment explique-t-on – pour nous pays riche –, que cela a un intérêt pour la compréhension de nos propres problèmes ? L'eau par exemple, c'est un bien commun, planétaire. Si nous avons beaucoup d'eau, nous n’avons pas d'eau de qualité. Et les pays du sud n’ont souvent pas d'eau du tout. Et nous, on ne sait même plus d'où vient notre eau, on a perdu toute notion de sens. A ce niveau, la coopération, c’està-dire le fait de travailler sur un sujet partagé, peut redonner du sens à ces choses très simples. Sur la question du financement, on s'est dit qu'il ne fallait pas que ça coûte. L'idée c'était de dire qu’on allait mener l'opération sur les économies qu'on allait faire. Et que ces économies d'eau, on les mettrait au service de la coopération. Donc on n’augmente pas le prix de l'eau. Cet effort de sensibilisation et de protection, on essaie de faire comprendre qu’on va le mettre au service de la coopération. On a donc travaillé sur des choses très simples : un bien commun, la proximité, redonner du sens, et travailler sur la nécessité de protéger nos ressources en eau. Et en Bretagne, cela signifie quelque chose. Les économies que l'on fait – parce que c’est la communauté de communes qui gère l'eau, de façon à garder du sens entre le développement économique, l’aménagement du territoire et la production et protection de l'eau –, comment les met-on au service d’un projet de coopération ? Comment, avec nos amis du sud et notamment avec Madagascar, met-on ces dotations au service d'un projet territorial ? À Madagascar par exemple, comment aménage-t-on des bornes fontaines ? Comment capte-t-on l'eau ? On est ici sur des notions de sens, de partage, de solidarité, autour de la valeur commune qu’est l'eau. Et franchement, nous n’avons eu aucun souci budgétaire. Ce sont les économies faites sur le budget de l’eau que l'on met au service de la coopération. On construit donc notre engagement de cette manière, tout simplement. On vient d'organiser les Journées belle nature sur notre territoire et nous avons invité les trois pays avec lesquels nous avons des coopérations. Ce sont des jeunes qui sont venus de Pologne, de Roumanie, de Madagascar. Pour nous, cette venue est aussi l’occasion de faire prendre conscience aux Bretons que l'eau est un bien, un patrimoine commun, et que si on ne la protège pas, on ne la préserve pas, cela généra aussi des problèmes, des tensions, dans notre propre développement. Là je prends plus ma casquette de vice-président du Conseil régional chargé des problèmes de l'eau. Le 1 % de l'eau – qu'on appelle loi Oudin-Santini – que l'on peut mettre au service de politiques de coopération, est un vrai outil territorial pour engager les collectivités vers de la coopération. Pour la Bretagne, c'est un vrai enjeu de faire comprendre aux bretons que c'est bien le développement économique et l'aménagement du territoire qui fera la qualité de l'eau de la Bretagne. C'est un vrai enjeu de dire cela, de redonner du sens à l'action publique. Et la coopération dans ce domaine peut nous y aider. Odile Ambry Sur la terminologie, les mots que l'on emploie, vous scandez beaucoup des mots comme « bien commun », « sens », « partage ». Vous m'aviez aussi beaucoup parlé de « démocratie participative ». Est-ce que pour vous ce sont des mots valises que l'on utilise tout le temps, ou est-ce que vous avez eu le sentiment, lorsque vous travailliez les mots de votre communication, que vous essayer de leur redonner du sens ? Thierry Burlot Oui c'est du sens. Chez nous, « démocratie participative », c'est un conseil de citoyens, des associations engagées dans la coopération décentralisée, un budget participatif autour de la coopération... C'est la réalité, c'est ce que l’on vit. Ça n'est pas un projet avec quelques élus, ce sont des acteurs de la coopération qui se rencontrent régulièrement, qui partagent autour de différents projets et sur différents territoires, et c'est vraiment un budget de coopération décentralisée financé par le 1% de l'eau. Et quand on parle de « partenaires », il s’agit des régions partenaires, des territoires partenaires, avec un projet. On a dit qu’à Sakay il n'y avait plus rien, plus d'eau. Alors qu'il y a eu de l'eau au robinet. En 1972, il y avait de l'eau, il y avait des canalisations, il n'y avait plus rien. Donc on a commencé à dire qu’il fallait aménager des bornes-fontaines parce que ça devenait des lieux de pollution et de dégradation de la qualité des eaux et des points d'insalubrité, etc. On a donc dit qu'il fallait aménager ça. Ensuite, on a dit qu’il fallait distribuer l'eau. En face, il faut des recettes, donc il faut un budget de manière à ce qu’on puisse aménager un projet de développement territorial. Pour nous, ça paraît évident. Mais pour eux, ça a beaucoup de sens. Maintenant la machine est lancée, c'est-à-dire que les gens commencent à payer, ils se rendent compte qu'il y a un service, que c'est important qu'on le respecte, etc. Ce sont des choses très simples, mais qui fonctionnent. Et aujourd'hui, quand on pense aux nombres de personnes qui n'ont pas accès à l'eau, on se rend compte que c'est un vrai enjeu. Odile Ambry Dans le cadre de notre parcours sur la communication, vous êtes un vecteur prioritaire de l'enthousiasme autour de ce projet. Sur ces terminologies, sur ces mots qu'on emploie beaucoup dans la communication autour des questions de solidarité, est-ce que vous avez le sentiment que ces mots sont récurrents, qu'ils commencent à perdre de leur sens ? Notamment quand vous allez à l'extérieur, quand vous sortez de votre cercle de gens convaincus et que vous essayez de faire passer cette conviction ? Est-ce que vous avez vous, dans la salle, des expériences sur des mots qui ont fait mouche, qui ont permis de faire passer le message ? Ou avez-vous eu l'impression qu'il ne passait pas au contraire ? Marie-Jeanne Yvinec Je suis Marie-Jeanne Yvinec, je suis élue municipale à Cesson-Sévigné. C'est le mot « solidarité » que je prendrais comme exemple. J'ai trouvé que votre discours était particulièrement convaincant, en ce sens que vous montrez que la solidarité, c'est quelque chose qui concerne ceux que l'on aide et ceux qui aident. Alors que dans ma commune, nous avons des problèmes. On nous dit « vous donnez beaucoup d'argent pour la coopération décentralisée, mais cet argent pourrait servir pour les plus en difficulté dans la commune. » Odile Ambry Donc ce terme de solidarité est à la fois un terme positif et c'est un mot qui peut aussi apparaître comme moins positif à l'extérieur ? Pierre-Yves Lechat Pierre-Yves Lechat au Conseil régional. Vous avez dit que l'eau est une compétence de la communauté de communes, mais elle a aussi d'autres compétences. Et comme on est dans la rubrique « les mots de la communication », quels arguments utilisez-vous dans les arbitrages budgétaires entre les actions en direction de la population ici et la solidarité internationale, pour plaider pour Madagascar ? Thierry Burlot On travaille sur nos économies d'eau, nos économies de traitement, nos économies de protection, tout simplement. Nous avons une centaine d'agents sur notre communauté de communes, 15 000 habitants, 15 communes. Nous faisons beaucoup de choses en régie, et notamment nous avons pris la régie de l'eau. Donc les citoyens paient leur eau à la communauté de communes, et non plus à une société privée. Ça nous l'assumons pour les raisons que j’ai évoqué tout à l'heure : cohérence entre développement économique, aménagement du territoire et qualité de l'eau du territoire. Nous voulons être responsable de la qualité de l'eau parce que c'est un indicateur du développement durable de la collectivité. Et lorsque nous faisons de la coopération décentralisée, nous disons que nous prenons sur le budget de l'eau. Le budget de la communauté de communes, c'est 10 millions d’euros par an. Sur ces 10 millions, il y a 5 millions d’euros consacré à l'eau, l'assainissement et les ordures ménagères. Regardez ce que ça fait 1% de coopération décentralisée sur cette somme. En plus, on ne met même pas 1% tous les ans. 1% de 5 millions c'est énorme. Si vous ajoutez l’assainissement, c'est 1% de 4 millions. Ces moyens sont intéressants parce que vous avez le droit d'utiliser votre budget de l'eau pour développer une politique de coopération. En plus, ces actions sont soutenues par le Conseil général des Côtes d'Armor et par l'Agence de l'eau. Aujourd'hui on a même des sociétés privées – Suez et Veolia par exemple – qui disent dans certains cas, je peux aussi apporter l'équivalent de ce que la collectivité met. Donc voyez, si vous partez sur 50 000 euros, ça vous fait tout de suite un levier de 100 000 euros qui peut quasiment doubler, et là ça commence à devenir intéressant. Nous on a travaillé avec Suez qui a dit qu'il ne nous donnerait pas d'argent mais qu’il nous paierait un jeune retraité qui irait faire des forages, des sondages, et qui suivrait des travaux, mettrait des installations aux normes,etc. C'est aussi un engagement de leur part. On a donc des moyens de le faire sans trop de difficulté. Et pour répondre à la question de Pierre-Yves, ça ne pose aucun souci parce qu'on dit que ce sont des économies – il ne s’agit pas d’augmenter le prix de l'eau – qui permettent cette action. Et on l'explique par la solidarité et par l'effort que l'on fait sur la prévention et la protection. Isabelle Nicolas Isabelle Nicolas, vice-présidente du Conseil général des Côtes d'Armor. Je crois que ce que disait Thierry est intéressant parce que la question qui revient toujours, c’est comment est-ce qu'on fait passer le message ? Et « coopération décentralisée », je ne suis pas sûre que ça veuille dire grand chose pour l'ensemble de nos citoyens. Donc comment leur explique-t-on ce que l'on fait, cette solidarité que l'on met en place, cette coopération, ce que cela veut dire ? Nous, ce que l'on essaie de mettre en avant, c'est cette sorte de réciprocité. C’est-à-dire mettre en avant le fait que ce projet territorial sur Madagascar est aussi un projet territorial dans nos territoires. Et d’une certaine manière, il fait aussi vivre nos territoires. Je crois que ça on peut arriver à l'expliquer, à le faire comprendre. Montrer que cette coopération est aussi vecteur d'animation de nos territoires. Nous sommes est entre gens qui nous comprenons. Mais ensuite, comment est-ce qu'on dépasse le milieu représenté aujourd'hui et comment va-t-on plus loin pour expliquer que cette solidarité est aussi de la solidarité pour nous. Je crois que la difficulté est là : trouver les mots, le message qui va permettre de faire comprendre à tout un chacun que cette solidarité est bien aussi une action politique sur nos territoires. Je crois que c'est difficile, on emploie des mots techniques. Donc comment est-ce qu'on dépasse ces messages un peu techniques ? Odile Ambry Je crois effectivement qu’il faut beaucoup de conviction dans l'explication. Auguste Nkounkou Bonjour, Auguste Nkounkou du collectif Breizhafrica. Vous avez parlé tout à l'heure de la crise ici. Au Sud, la crise est encore plus sévère. En parlant de communication, comment vous communiquez là-bas ? Vous avez parlé des bornesfontaines et de budget, donc qu'il faut faire payer les gens là-bas. Comment vous arrivez à communiquer là-bas, pour faire comprendre à la population qu'il faut payer l'eau parce qu'on a remis les bornes-fontaines en place ? D'autre part, quel problème pouvez-vous rencontrer au niveau de la coopération décentralisée, au niveau du territoire et au niveau de l'état ? Comment arrivez-vous à faire passer la communication entre ces deux entités ? Thierry Burlot Je crois d'abord que ça se construit dans le temps. Nous cela fait 10 à 15 ans que l'on y est. Il faut beaucoup d'échanges. Nous avons un vice-président qui s'occupe de ça, de la coopération décentralisée. Donc il y a un suivi. Avec Madagascar, c'est plus facile parce qu'il y a des facilités de compréhension. Il y a eu des échanges : des échanges paysans, des échanges entre élus, entre enfants, pour porter un projet, dire ce qu'on veut. Et avant d'arriver à ce résultat, nous avons dû batailler, convaincre de l'intérêt du suivi. Et nous avons a dit qu’on ne financerait pas ces projets s'il n'y avait pas une évaluation et un bilan. Nous passerons à la deuxième étape après le bilan et après l'évaluation. Et par rapport à la population là-bas, nous avons dit « si vous voulez que cela fonctionne, il faut à un moment donné que ça coûte, que ça soit respecté. C'est un service que l'on apporte à la population ». Évidemment, c'est sans commune mesure avec les budgets dont nous disposons ici pour faire fonctionner nos propres services d'eau. Mais c'est dans le principe. On apporte un service à la population, il nécessite un investissement – des tuyaux, des bornes-fontaines, de la protection –, cela nécessite aussi pour la commune, de réfléchir à son urbanisation, ne pas aller urbaniser au-dessus des captages pour protéger les nappes, etc. C'est un bien commun qu'ils vont réutiliser. C'est intéressant pour nous aussi. On ne sait même plus d'où vient l'eau qui arrive chez vous. On sait que ça vient du tuyau, du robinet, mais on ne sait plus d'où ça vient. Et c'est là que le projet est intéressant : lorsqu’au conseil communautaire nous parlons des bornes-fontaines, on montre des diapositives, on voit le travail, etc. Et cela provoque des questionnements chez les élus : et chez nous, d'où vient l'eau ? On a oublié le fonctionnement, même le principe de la redevance et à quoi cela sert, pourquoi on paie un impôt, etc. On est tellement rassasié qu'on a oublié des choses simples. Les relations avec l'état, elles sont simplifiées avec la loi Oudin-Santini. Avant, on nous cherchait des poux dans la tête quand on finançait de la coopération décentralisée et que l'on n’avait pas la compétence. Qui a aussi cette compétence ? Est-ce une compétence unique, communale, intercommunale, et qui doit financer ? Si vous tombez sur quelqu'un qui est un peu pinailleur, cela peut très vite être incompréhensible. Aujourd'hui, on a un outil qui est autorisé au service de cette politique. Bernard Jouan Je suis Bernard Jouan, président de la CASI. Pour la petite histoire, je suis de Plouha, et vous avez employé pendant un certain temps une stagiaire qui avait fait son mémoire sur l'eau et l'application de la loi Oudin-Santini. Je voulais vous interroger sur le terme de « solidarité ». Dans le public souvent, et même auprès des décideurs, des élus, on a presque toujours l'impression que quand on parle de solidarité, c'est encore pour aider. Et moi qui parcours les champs africains depuis près d'un demi-siècle, je ne sais pas bien ce que j'ai apporté. Mais ce que je sais c’est que j'ai appris beaucoup de choses, et beaucoup plus sans doute que je n'ai apportées. On a l'impression que le terme « solidarité » est tronqué. Il faudrait plutôt utiliser le terme « échanges solidaires » dans la communication. Il est évident qu'on reçoit plus qu'on apporte. Même si on apporte un petit peu de moyens, c'est dérisoire par rapport aux besoins. Et en retour, on apprend énormément de choses qui nous permettent de nous remettre en cause, ou qui permettent de remettre en cause la propre gestion de nos territoires. Cela fait 40 ans que je m'occupe d'environnement en Bretagne par exemple, et heureusement que maintenant vous commencez à prendre de bonnes décisions ce qui n'a pas été le cas pendant 30 ans. Comment transformer cette notion de solidarité pour qu'on ne considère pas que ce soit une démarche à sens unique mais vraiment un partage et un enrichissement mutuel ? Odile Ambry Je me souviens que lors de ce rendez-vous avec vous autour des questions d'Internet, on avait même un peu challenger ce terme de solidarité internationale, non pas dans ce qu'il représente mais dans la manière dont il était perçu à l'externe. C’est-à-dire si on veut toucher des gens nouveaux, les recruter, les sensibiliser ou les faire bouger, etc., est-ce que ce terme parle ? On aura tout à l'heure un représentant du public qui nous dira qu'est ce que ce terme recouvre aujourd'hui pour de jeunes étudiants. Peut-être un peu plus de choses que pour de jeunes travailleurs ? Est-ce que ça veut dire la même chose que pour les générations précédentes ? J'en doute. Est-ce que c'est un terme utile en communication externe ? Est-ce que c'est une forme d'identité qui vous rassemble ? C'est une vraie question. Alain Diulein Je suis Alain Diulein, président de Saint-Gilles solidarité en Ille-et-Vilaine, et je suis membre de la CASI. Je rebondis sur ce que Bernard vient de dire. Au niveau de la communication, Monsieur Burlot, vous nous avez parlé de la communication. Je trouve que l'idée d'économiser l'eau pour donner cet argent à vos partenaires est très bonne, mais ce que je ne vois pas, c'est ce que ces partenaires là vous apporte. Au niveau de la communication, je n'ai pas compris le retour que peuvent vous donner ces malgaches. Thierry Burlot Le sens. Réapprendre le sens : l'eau est bien commun, un bien planétaire. Si on salit l'eau au nord, les répercussions sont au nord aussi. L'eau, c'est ce qu'on partage tous sur cette planète. Et l'eau, notamment en Bretagne, c'est un vrai indicateur de notre développement. Si aujourd'hui la Bretagne souffre sur cette question, c'est parce que son développement, notamment économique, s'est emballé. Sans doute a-t-on pensé que la technique, le traitement par exemple, pouvait finalement résoudre tous nos problèmes. On pensé que l'eau n'était pas un problème de ressources naturelles, mais que c'était quelque chose qu'on pouvait sans fin continuer à modifier. Je sais que ça n'est pas facile, mais coopérer c'est réapprendre que ces pays du sud, à Sakay par exemple, ont eu à un moment donné un développement et que tout s’est arrêté ensuite. On se demande ce qui s'est passé, comme si tout c'était arrêté. Il n'y a plus rien aujourd'hui. On réinvente donc tout aujourd'hui, on se demande où est l'eau, d'où elle vient. Moi ça me parle beaucoup, quand on dit ces choses très simples au conseil communautaire. On se dit que si on n'y prend pas garde, il peut nous arriver quelque chose de semblable. Indirectement, ça nous sensibilise à des choses très simples, à ce patrimoine naturel dont on dispose, notamment en Bretagne. On en parle au conseil communautaire, on fait des présentations, on montre des photos, ce qui est fait. On a également notre lettre communautaire dans laquelle on explique ce que l'on fait. On participe aussi avec le département et avec nos partenaires à des réunions de travail. Là, il y a quelque chose qui est bien avec l'AFDI, c'est que l'on est trois communautés de communes en Bretagne : nous, Questembert et le bas Léon. Par l'intermédiaire de l’AFDI, nous avons des partenariats à Madagascar dans le même secteur. Aujourd'hui, Paimpol qui nous a regardé – le président est allé à Madagascar – va développer également un partenariat. Guingamp communauté de communes va aussi développer, avec le Niger, une coopération, appuyée par le Conseil général. Ce sont des expériences que l'on peut passer d'une communauté à l'autre. Odile Ambry On va terminer sur ce volet autour du message, et ouvrir la porte au deuxième thème. Gilbert Samson Gilbert Samson, président de Cesson solidarité, groupe local de Peuples solidaires et aussi, dans le cadre des assises, représentant de Burkina-Bretagne. Je vois bien la dynamique très intéressante entre élus-conseillers territoriaux et associations, il y a une conscientisation et une dynamique passionnante. Mais comment la population de vos communes perçoivent-elles cela ? Y a-t-il eu des retours sur cette communication ? Dans les outils de communication, faut-il penser – plus qu'aux mots – à la forme de la communication ? Il faut peut-être penser, par exemple, à des choses festives, comme des rencontres, des échanges, qui peuvent avoir autant de poids qu'un beau texte sur un papier glacé avec des photos. Thierry Burlot Nous avons fait les journées « belle nature ». L'idée était d'inaugurer une station de pompage et surtout un périmètre de protection c'est-à-dire ce qui protège le captage. Cet événement était aussi l'occasion de dire que la communauté de communes se réappropriait la question de l'eau. On voulait savoir d'où venait notre eau et l'expliquer à nos concitoyens, leur montrer ce qu'était le périmètre de protection. Nous avons fait deux jours de fête. On a réalisé des villages : le village des marchés, le commisse agricole, le village des déchets, le village de l'artisanat et le village de la coopération décentralisée, qui était partie prenante du dispositif. C'est le premier ministre de l'eau de la Palestine, qui a inauguré cette première station. Pourquoi aller le chercher ? Parce ce que cela a du sens. Ce jour là, ce monsieur nous a expliqué les problèmes d'eau en Palestine. Qui mieux que lui pouvait le dire à l'occasion de cette inauguration ? C'était merveilleux de sens. Evidemment, on ne pouvait pas mobiliser tout le monde, mais les familles qui accueillent les malgaches, les polonais, les roumains, les familles qui sont allées là-bas, quand elles reviennent, elles ont compris qu'il y a des choses qui méritent beaucoup plus d'attention de notre part. Je suis d'accord avec le fait qu'il ne faut pas considérer qu'il n'y a que nous qui apportons quelque chose, il faut voir ce que l'on reçoit, et qui est peut-être beaucoup plus gros que ce que l'on apporte. Ça nous remet les idées en place. Odile Ambry Je voudrais vraiment qu'on passe au deuxième sujet. Donc j'appelle notre deuxième intervenante Yaiguéré Tembely surnomée par tous « fifi ». Yaiguéré Tembely Ensemble, nous parvenons à développer des idées. Je vais prendre l'exemple d’un centre nutritionnel. Avec des stagiaires français, nous avons eu l’idée de créer une unité de récupération nutritionnelle pour les enfants souffrant de mal nutrition. Une telle structure n’existait nulle part au Mali, même en collaboration avec nos autorités et l'administration. Même les Nations Unies et l’Unicef sont venus voir. Aujourd'hui, de nombreux partenaires s'intéressent à cette activité. Odile Ambry Notre sujet pour le moment ce sont les objectifs qu'on peut se fixer et les objectifs de communication qui vont avec. Donc ceux de Fifi sont assez clairs, c'est d'arriver à maintenir un discours et des moyens de communication qui touchent autant les paysans maliens, ou la paysanne, femme au village, que les autorités locales. Ce n’est pas le même langage, ce ne sont pas les mêmes outils, et pourtant c'est la même association qui arrive jusqu'ici pour vous convaincre vous aussi de travailler avec elle. Cela donne une idée à la fois complication et à la fois une espèce de simplicité. Vous avez le titre de femme d'excellence, ce sont les Américains qui vous l'ont donné. Yaiguéré Tembely Les Américains m'ont décoré le 30 mars 2011. Est-ce que sur cette question d'objectifs et de moyens à mettre en oeuvre, d'éléments de langage, il y a des questions, des contributions ou des remarques ? Public Au niveau de la circulation de l'information de village en village, quels sont les outils qui ont été utilisés ? Avec le dépliant ? Parce que tout le monde n'est pas alphabétisé. Yaiguéré Tembely Les dépliants ne servent pas directement dans les villages mais plutôt dans les grandes rencontres, pour nous faire connaître. Nous organisons aussi des journées portes ouvertes au niveau des bureaux pour faire connaître la structure. On informe beaucoup de personnes pour parler de notre activité. Au niveau des villages, nous utilisons des boîtes à images, uniquement des images qui parlent. Et des illustrations, des sketchs, de la musique ... Avec des partenaires, nous utilisons des rapports d'activité et des dépliants pour maintenir des partenariats existants depuis 15 ou 10 ans. Public Où en êtes-vous actuellement par rapport à la scolarité dans les différents villages, surtout vis à vis des petites filles qu'on a tendance à retirer de l'école assez rapidement pour diverses raisons ? Et où en êtes-vous au niveau sanitaire, autour de l'école, les toilettes, etc...? C'est un gros problème dans beaucoup de pays d'Afrique. Yaiguéré Tembely En ce qui concerne la scolarisation des enfants, et des filles de plus de quinze ans, c’est tout le Mali qui est engagé dans cette lutte. Aujourd'hui, dans les villages, il arrive même que le nombre de filles scolarisées dépasse les garçons. Nous arrivons à ce résultat grâce à la sensibilisation mais aussi grâce au programme alimentaire mondial qui fait des prix pour que filles aillent à l'école. On peut leur donner de l'huile d'arachide, des sacs de riz, etc. Donc cela motive les mamans à la maison pour libérer les enfants pour qu'elles partent à l'école. Le niveau de scolarisation des filles aujourd'hui a vraiment augmenté. Dans des écoles, les filles sont plus nombreuses que les garçons. Mais en ce qui concerne le niveau sanitaire, c'est toujours la catastrophe. Il n'y a pas de latrines dans les villages. Les gens font leurs besoins derrière le village. Cette année il y a eu des cas de choléra au Mali, on a eu plus de 300 décès de choléra pendant l'hivernage. Nous luttons donc aussi pour l'utilisation des latrines, car même quand elles existent, elles ne sont pas toujours utilisées ; ce n’est pas dans les habitudes. Nous sensibilisons donc pour changer ces comportements. Un petit exemple concret à partir d’un verre d’eau : nous mettons dans un verre d’eau un peu d’excrément d’un enfant ; l’eau change alors de couleur. Nous proposons à l’assistance de boire dans ce verre d’eau, et bien sûr personne n’accepte parce que ce n'est pas propre. Nous expliquons alors que c’est pourtant ce qui se passe quand nous faisons nos besoins dans la nature : les mouches qui se posent sur les excréments sont les mêmes que celles qui viennent dans la crème sur le riz, et c’est ainsi que se diffusent les maladies. Et il y aussi l'habitude, les gens refusent de balayer parce que c’est source de compost. On laisse les ordures, les gens marchent dessus et en début d'hivernage il faut ramasser. C'est ce qui appelle les moustiques et qui fait qu'il y a beaucoup de cas de paludisme. On est train de lutter là-dessus également. Public L'objectif est d'avoir des partenaires, de les fidéliser et d'en avoir d'autres. Vous avez dit : par les rapports d'activité. Première question : est-ce qu'il y a des façons de présenter son rapport d'activité pour accrocher ? On sait que les décideurs n'ont pas le temps, etc… Deuxièmement, est-ce que malgré toute la qualité de votre production, n'est-il pas nécessaire que les gens viennent, constatent avec les bénéficiaires, avec vous, avec d'autres ? Est-ce que voir et toucher n’est pas important ? Est ce que ce n'est pas cela le moyen de communication le plus important ? L'immersion ? Yaiguéré Tembely En général, on a des canevas pour les rapports d'activités en fonction des partenaires, que ce soit financier ou narratif. Le partenaire a son canevas. Ensemble on travaille le canevas en fonction du partenaire et on l'applique. En ce qui concerne les visites, c'est obligatoire. Un partenaire ne peut pas rester ici, en France, laisser l'activité qui se fait au Mali, sans venir une fois par an. C'est inadmissible. Ce que l'externe peut déceler, l'interne ne le peut pas. Toi, tu penses que tout ce que tu fais est parfait, mais l'externe en en clin d'oeil décèle des erreurs ou bien des choses à renforcer ou à améliorer. C'est pour cela que nous demandons toujours à nos partenaires de venir voir, pour qu'ensemble nous puissions corriger les faiblesses. On ne peut pas tout savoir, on apprend ensemble. Je prends l'exemple du centre nutritionnel. On était dans l'a nutrition depuis 1998. Mais ce n'est qu'en 2005, avec les stagiaires français qu'on a découvert qu’un centre nutritionnel dans un village peut être positif. Public Actuellement les Français ne sont pas autorisés théoriquement à venir au Mali alors comment faire venir les partenaires ? Yaiguéré Tembely Nous sommes étonnés au Mali que les Français ne puissent pas venir, parce qu'on ne voit rien comme insécurité. Il n'y a pas eu de cas d'attaques ou de tentatives au Mali, jamais. Le fait de dire que les Français ne doivent pas venir nous a beaucoup choqués parce qu'on avait pris l'habitude de voir nos partenaires chaque année. On nous a coupé cela, alors qu'au Mali il n'y a pas d'insécurité. A cause de cela, en plus des partenaires, les touristes, ne viennent plus. Il y a des hôtels qui ont fermé, beaucoup de personnes sont parties en exode. C’est un énorme gâchis. Public On a reçu l'autre jour au Conseil général des Côtes d'Armor 70 élus du Niger, et ils nous ont fait passer le même message. Faites-nous confiance, aujourd'hui vous pouvez venir au Niger, vous pouvez venir au Mali. Donc, il faut peut-être aussi faire du lobbying. Nous avons demandé solennellement que l'Etat français permette à nos partenaires et à nous d'aller là-bas. C’est une prise de position politique de dire que nous et nos partenaires prenons nos responsabilités et qu'aujourd'hui on nous empêche de travailler et de coopérer pour telle et telle raisons. Ce n'est pas normal. On a même un élu du Niger qui nous a dit : « mais on vous laisse aller aux Etats-Unis avec ce qui s'est passé il y a 10 ans là-bas, et on ne vous laisse pas aller dans certains pays d'Afrique. » La deuxième chose sur les objectifs de la communication. Qu’est ce que c’est, au fond ? C'est savoir faire connaître et partager ce qu'on fait. Et c'est comment on fait partager. J'étais très intéressé par ce que vous avez dit sur votre façon de faire partager. Et nous comment fait-on partager ici, et comment fait-on savoir comment vous faites ? Alors nous, dans le département des Côtes d’Armor, on essaie de faire venir aussi nos pays partenaires sous des formes festives. Par exemple, dans un mois, on a « Fenêtre sur l'Inde ». Pendant une semaine, la collectivité et tous les partenaires du département qui sont engagés en partenariat avec l'Inde et qui souhaitent nous accompagner, se rassemblent pour des concerts, des petites conférences, des expos photos, pour montrer ce qui se fait là-bas. Pour que nos concitoyens aussi se sentent interrogés, interpellés, aient envie d'aller plus loin et de découvrir comment vous faites. Public Au fond, c'est cela l'objectif de la communication, c'est faire partager ce que l'on fait là. Une collectivité a peut-être plus de facilité, mais en tout cas nous associons toujours les partenaires, et notamment les associations pour un partenariat plus citoyen. Yaiguéré Tembely Dans le domaine du développement, la communication occupe une très grande place. Aujourd'hui, si des partenaires potentiels se présentent dans un village où nous ne sommes pas basé, nos femmes relais peuvent parler de toutes nos activités sur les dix dernières années. Elles maîtrisent parce qu'on a communiqué et qu'on a eu une stratégie participative. On ne fait rien seul, on fait tout avec les communautés, et elles sont ensuite en mesure de retracer l'itinéraire parcouru en dix ans à un partenaire. C'est la raison pour laquelle de nouveaux partenaires viennent vers nous. Ils ont été dans les villages, ils ont vu l'impact de nos activités, et ils disent « nous on veut intervenir dans ce village, et nous voulons que votre structure soit l'intermédiaire. » Il faut donc mettre l'accent sur la communication. Odile Ambry Transition parfaite avec le sujet suivant qui est autour des outils ou vecteurs de la communication. Antoine Mathieu de l'association ESPOIR. J'entends souvent « donnez nous les outils, on n'a pas d'outils, on a besoin d'outils, etc... », comme si l'outil allait tout régler, allait faire que si même si on n'a pas de stratégie, même si on n'a pas défini un peu les messages, ce n’est pas grave, on va trouver un outil avec lequel on va communiquer. L'outil c'est la dernière roue du fameux carrosse, c'est la roue qui arrive après le sens, après la réflexion sur le projet, après avoir regardé l'autre en face, se demander ce qu'on voulait de lui. Après toutes ces étapes, et seulement après toutes ces étapes, se pose la question des outils. Je vous les balaie : Il y a les RP, c'est-à-dire les Relations Presse ou les Relations Publiques. Les Relations Publiques, c'est ce que vous êtes en train de faire par exemple ; le fait d'être là, le fait de vous exprimer dans une assemblée comme celle-là, le fait d'être sur scène, le fait de vous rendre dans une autre réunion, de rencontrer des gens, de leur donner un dossier, etc… Les relations presse, ce n'est pas mon outil préféré parce que pour qu'elles soient bonnes, c'est très compliqué. Cela demande beaucoup de temps et d'instaurer une vraie confiance pour que ce soit fait dans un cadre de partenaires plutôt que comme cette phrase que j'adore « on a fait passer un article » venant de gens qui par ailleurs pensent qu'il faut qu'il y ait une presse indépendante, libre, qui enquête, etc… , mais dès qu'il s'agit du monde associatif, il est bien qu'elle produise textuellement ce qui s'est dit. Donc, les relations presse c'est un truc un peu compliqué. Les relations publiques, ce sont les moments où l’on tisse son réseau, où on le renforce, où on parle avec des gens, où on arrive à les convaincre. Deuxième outil : le « print » avec les affiches – petite mise en garde car parfois certaines sont de véritables textes. Une affiche a un impact visuel, il y a très peu de chose dessus : la date, le lieu, un slogan, et pas tous les détails sur l'association. Le but de l'affiche est d'amener les gens quelque part. Et le flyer qui se distribue. Entre les deux, on trouve la plaquette. Si on essaie de travailler par cibles, par vecteurs, par objectifs, alors la plaquette c'est le document le moins communicant du monde puisqu'il est distribué à tout le monde, donc à personne. Il doit tout dire donc il ne dit rien. Et puis la plaquette c'est un grand moment dans le milieu associatif. Cela prend en moyenne six mois à la rédiger, à se fâcher, à relire à la virgule près parce qu'il y a des fanatiques d'orthographe, à la refaire parce que le CA a changé entre temps et qu'un des membres n'aime pas la terminologie employée, à dépenser pas mal d'argent. Et puis dans les six mois, une activité change, quelqu'un de l'équipe change, le numéro de téléphone change, et la plaquette va dans les poubelles jaunes. Et encore, c'est une chance car avant elles restaient dans le placard ; ou alors il y avait le phénomène de la gommette posée sur la plaquette, pour remettre un truc, un autre numéro de téléphone. Vous le savez vous, que ce que vous allez lire, c'est là où il y a la gommette ! Donc cette fameuse plaquette, elle regroupe ce que je vous ai dit tout à l'heure, c'est très difficile de faire un document qui convient à tout le monde, ce n’est même pas possible. Ce n'est pas très communicant, parce que dans tous les salons du monde les gens vous donnent des plaquettes et dans votre immense honnêteté vous ne les lisez pas. Vous les gardez un peu pour les jours où vous les lirez, puis vous les jetez ou vous les empilez, les archivez. Souvent on me répond « oui mais les gens ils veulent un truc », et je réponds « donne leur une carte de visite, comme ça ils pourront te rappeler, et ils auront un petit document qui tient dans la poche ». Troisième vecteur de communication, Internet : la solution à tout ! cela ne coûte rien, on peut toucher tout le monde, le modifier... Un jour, une dame m'a dit : « vous savez notre site, il est endormi ». Un site qui n'est pas mis à jour est un site mort, un site qui ne fait pas envie. On se dit que les gens ne font rien même si en réalité, ils bossent. On voit que la dernière mise à jour date d’il y a trois mois, il y a un an... Et le fameux cousin gentil qui nous avait aidés à faire le site Internet, entre temps il est parti voguer ailleurs. Deuxième élément d'Internet : les courriers électroniques, en nombre. C'est comme la plaquette, on les envoie à tout le monde, donc on ne les envoie à personne. On a en général assez peu de retours et on multiplie les courriers électroniques, les lettres d'infos. On a du mal à savoir s’ils ont été reçus, ont été lus. On essaie de faire des enquête, quand on a le temps… On à l'impression que ces outils partent et sont jetés en pâture, un peu à tout le monde donc un peu à n'importe qui : la même chose aux adhérents, la même chose aux collectivités, la même chose aux partenaires. Et advienne que pourra. Et dernier point, les réseaux sociaux. Je trouve que le monde associatif est extrêmement en retard, même en retrait par rapport au monde de l'entreprise parce qu'il en a peur alors que c'est un monde qui est par essence en réseau, et fonctionne avec une information qui circule et qui se dissémine. Et ces modes de communication qui sont en train de s'installer dans la jeunesse. Ce sont des modes de communication qui sont faits pour le monde associatif, qui sont faits pour sensibiliser les gens à ce qui se passent dans le monde, pour regrouper des gens, pour faire bouger du monde. Et votre monde n'y va pas, a peur d'y aller. Il n'a pas tort, cela ne va pas être simple mais c'est en cours. Or si Monsieur Obama a été en partie élu par ce biais là, cela veut bien dire qu'on n’est pas en train de parler d'un autre monde mais bien d'un nouveau mode de communication qui se met en place. On pourrait avoir ici cinq personnes qui twittent, envoient sur les réseaux tout ce qui se dit. Si Antoine était venu avec toute sa bande, on aurait monté cela et on vous l’aurait montré demain. Vous auriez été un peu étonnés, et moi j'aurais été un peu bousculée parce qu'ils n’auraient pas toujours été très positifs sur ce que je dis ou sur ce que disent les intervenants. Je laisse la parole à Antoine sur la façon dont une jeune association de jeunes essaie de communiquer avec son public, et essaie de diversifier ses moyens de communication vers d'autres publics aussi. Antoine Mathieu Je suis coprésident de l'association ESPOIR, association de solidarité internationale qui a été créée en 2008. Je vais vous présenter l'association à travers ses projets et les différents modes de communications qu'on développe. En aucun cas je n'ai une formation en communication donc je ne peux pas vous donner la vérité, mais peut être vous donner un témoignage sur la façon dont on arrive à amener le public vers des événements. ESPOIR a une partie « agir là-bas » et une partie « agir ici ». Agir ici, organise différents projets et événements qu'on met en place depuis trois ans. Par exemple le forum jeunesse solidarité internationale, organisé par la Maison Internationale de Rennes mais que ESPOIR coordonne depuis maintenant deux ans. C’est un événement destiné au public jeune, pour favoriser l'engagement des jeunes. Donc la communication va se faire pour les jeunes et à travers eux en partie. Pour annoncer un tel événement, par exemple, on installe en amont une exposition photo sur un projet de micro finances au Bénin, dans un restaurant universitaire. C'est un lieu de passage ; les jeunes se demandent ce qui se passe, ça leur donne envie de participer à un tel événement. Lors du forum, on utilise des outils conventionnels comme un plateau de radio avec plusieurs émissions. Nous avons aussi des événements qui regroupent un public plus général, par exemple un festival de musique et d'arts du spectacle que l’on organise avec l'association Quartiers jeunes. Là, on vise le grand public. On choisit donc une communication de masse, c'est-à-dire distribution de flyers, campagne d’affichage dans toute la ville de Rennes (panneaux associatifs, affichage publicitaire…) pour promouvoir cet événement dans le simple esprit de donner envie aux gens de venir. Le message ne sera donc ni précis, ni technique. Il est indispensable d’adapter sont message au public – par exemple si on veut lever des fonds on ne va pas envoyer un flyer à la Ville de Rennes – dans un autre sens, on ne va pas afficher un dossier de subvention sur les panneaux publicitaires. Donc à chaque événement ses outils. Nous travaillons aussi sur des événements un peu plus spécialisés. Ainsi nous avons co-organiser le mois contre la Françafrique. C’est un sujet plus spécialisé mais aussi beaucoup plus sensible, il y a donc un travail spécifique à faire au niveau de la communication. Comment faire venir les gens sur un tel sujet, pas forcément compris par tout le monde ? Pour y parvenir, le message qui doit être mis en avant ne doit pas être trop technique mais déjà donner envie de venir. Pour ce on peut utiliser des flyers mais aussi travailler sur la diffusion de l’information dans ses réseaux. Beaucoup de personnes et d'associations appartiennent à différents réseaux, l’idée est donc de faire passer le message de réseaux en réseaux. On organise aussi des activités beaucoup plus abordables qui font se poser des questions aux gens, parce qu’en aucun cas la communication n’est là pour être moralisatrice, surtout sur des sujets aussi sensibles. On peut aborder aussi la question de la visibilité sur le long terme, notamment dans le réseau étudiant où il y a 13 000 associations étudiantes, donc on est très vite noyé dans la masse. Comment développer un message qui pourra être diffusé facilement ? L’association ESPOIR utilise les grosses organisations au niveau local et national. Elles ont souvent une politique de communication plus développée et plus visible Par exemple il est possible de passer une annonce par le réseau « étudiants et développement ». L'annonce est mise sur le site Internet du réseau et ce sera ainsi visible au niveau national. Appartenir à des réseaux peut aussi être un point négatif parce qu'on peut aussi vite se perdre dedans. A ESPOIR, on a clairement un problème par rapport à notre site Internet. C'est un bon outil mais personne ne sait l'utiliser, donc forcément c'est difficile de le mettre à jour. Maintenant il existe plein de sites Internet qui sont vraiment plus facile à utiliser. On parlait tout à l'heure des réseaux sociaux, ce qui est intéressant c'est que les émetteurs sont les récepteurs et vice versa. C'est-à-dire que quand on envoie un message, on reçoit le message, on peut se permettre de le rediffuser derrière. Je pense que cela chamboule tout sur la communication. Pour conclure, je pense qu'il faut toujours adapter le message qu'on veut donner au public qui sera visé et aux différents projets. Odile Ambry Justement sur ces questions d'outils ? Association Saint-Gilles Solidarité On organise au mois de mars un événement qui a pour but de rajeunir l'image de Saint-Gilles Solidarité et de communiquer notamment sur trois commissions qu'on a mis en place : le Mali, la Roumanie et la solidarité locale. A cette occasion, on souhaitait réfléchir sur nos axes de communications et sur notre logo, et en profiter pour le rajeunir, puisqu'il ressemble actuellement un peu à un signe radioactif. Est-ce que vous pourriez nous aider et nous donner de grand principe de logos en ce qui concerne la solidarité internationale. Comment à travers un logo réussir à porter ses valeurs ? Y-a-t-il des fautes à ne pas commettre ? Odile Ambry La question du logo est importante parce que dans les modes de communication aujourd'hui, l'identité passe par le logo, c’est est un signe distinctif. Souvent le logo, on le fait faire par le même petit cousin qui a fait le site Internet, ou on demande à l'imprimeur, ou on va prendre un logo gratuit, en oubliant qu'il y a des graphistes dont c'est le métier. Il faut arrêter de penser toujours en terme de gratuit parce qu'un jour ça se paie c'est-à-dire que c'est moche, c'est vu partout. Donc, pour les associations qui n'ont pas les moyens, je préfère qu'il n'y ait pas de logo plutôt que ces logos vus et revus qui finissent par devenir effrayants. Faire bricoler un logo en interne, de grosses associations le font ; et au contraire, de petites se débrouillent avec un graphiste ou une école de graphistes du coin qui travaille sur le sujet, qui vous explique leur démarche et leur résultat. Un logo n'est ni beau, ni moche, il représente quelque chose d'important. Et sur les nouveaux modes de communication, ce logo devient d'autant plus important qu'il représente partout l'association dans une nébuleuse incroyable. Donc mon conseil : changer un logo oui, en donnant un « brief », pour dire à un graphiste qui l’on est. Par exemple, quand je dis au studio « c'est une association comme cela, ils sont plutôt dans ce domaine, mais ils ont aussi ceci... » , ils font émerger des choses. C'est un métier. Et si on ne peut pas, pour x raisons, alors ne le faisons pas. Deuxième question : le vecteur événementiel. Ne montez pas d'événement si vous n'avez pas les moyens humains ou financiers de bien les monter. Associer vous avec des gens, faites un événement commun. Mais monter un événement pour monter un événement, pour communiquer, est en général contre-productif. On va mettre énormément de temps et d'énergie pour le faire et in fine on ne va pas avoir les résultats. Donc faisons petit, convivial, simple et donnons nous les moyens. Et deuxième chose importante, c'est le vin blanc tiède de tout à l'heure. On monte un événement, on met beaucoup d'énergie, les gens viennent et on est crevé. On se dit que c'est fait et on n'accueille pas les gens, on ne se présente pas ou on ne les écoute pas. Dernière remarque plus personnelle. Quand vous me parlez de « commission Mali », je ne sais pas de quoi vous parlez. C'est votre langage, vous savez ce que cela recouvre, mais surtout n'en parlez pas à l'extérieur parce que vous ne ferez pas venir des gens à une commission Mali. Vous ferez venir des gens sur une envie de travailler avec un partenaire malien sur des sujets qui les motivent eux, qui vont motiver une institutrice, ou une retraitée, ou un jeune homme tout juste sorti d'école. Antoine Mathieu Pour rebondir sur l'événementiel, nous choisissons de notre côté de travailler en partenariat, c'est vraiment une bonne solution. « Les quartiers jeunes » est une association événementielle, ils ont des compétences pour organiser des événements. Donc, c'est complémentaire, eux ils s'occupent de l'organisation et nous on se fatigue pas là-dessus et on est présent quand le public arrive. Public Au sujet des vecteurs, le site Internet est un bon outil mais encore faut-il être visible sur la toile. Quand on est une petite association, si on ne choisit pas un gros hébergeur ce n'est pas évident d'être visible. Deuxième point, les réseaux sociaux. C'est la mode, j'y suis, seulement il faudrait parler des limites des réseaux sociaux. Par exemple, il y a plein de jeux mais je ne suis pas joueur donc je ne réponds pas. Donc est-ce que les gens regardent les autres messages qui sont sur le mur ou alors ils attendent qu'on réponde aux jeux ? Public Yvon Dissez, De Peuples solidaires. Une question pratique. Je suis un peu fatigué de la stratégie du colibri qui éteint le feu de forêt, qui va à la mare et qui dépose la goutte sur le feu de forêt en se disant je fais ce que je peux, et les incendiaires rigolent derrière. Il va y avoir le G20, imaginons que le Conseil régional de Bretagne vote une motion en direction de Monsieur Sarkozy pour exiger que le G20 prenne des mesures concrètes et contraignantes sur par exemple : soutenir l'agriculture paysanne, renforcer ou établir des réserves de nourriture, mettre un terme au accaparement de terres, arrêter de financer les agro carburants, etc.. J'ai bien ma cible : le Conseil régional de Bretagne, j'ai bien mon objectif, mais après il y a le problème des moyens. Sachant qu'il y a eu en juin un sommet du G20 à Paris des ministres de l'agriculture, qui n'a pris aucune décision pratique à part de recommander aux petits paysans de prendre des assurances privées contre les risques climatiques. Odile Ambry C'est ce que vous appelez le plaidoyer dans votre jargon. Erwan Lethuillier Erwan Lethuillier, Conseil général des Côtes d’Armor. Je voulais faire le lien par rapport au thème de la solidarité internationale. Ce qui est important, c'est de réaliser qu'on manie des concepts relativement complexes. Or on est aujourd'hui dans une société de la communication immédiate, c'est-à-dire que l'on n'a pas deux heures comme cette après-midi pour expliquer ce qu'on fait et ce qu'on a envie de faire. Il faut tout de suite percuter, parler aux gens. C'est ce qui est complexe, on doit avoir une communication quasi immédiate sur des réflexions complexes. C'est un gros effort pour accepter dans un premier temps de simplifier au maximum notre message pour donner envie de venir, et ensuite, une fois que les gens sont là on peut commencer à discuter de la complexité. Le problème, c'est qu'on a toujours envie de tout expliquer tout de suite et on perd tout le monde parce qu'on fatigue les gens. On est passionnés, mais je ne suis pas sûr d'être passionné si quelqu'un me parle de la complexité des marchés. C'est là-dessus qu'on a tous – associations comme collectivités – de gros progrès à faire. Odile Ambry Première chose, sur Internet : je suis pas sûre que toutes les associations aient besoin d'un site Internet. Dans de nombreux cas, il vaut mieux être vu dans son cercle local, plutôt que de perdre beaucoup de temps à faire un site. Là, on a parlé d'un blog, c'est un autre format qui prend beaucoup moins de temps et qui donne les informations froides, comme une grande carte de visite où l'on dit qui on est et comment nous contacter. Et pour les réseaux sociaux, c'est difficile de répondre rapidement. Les gens qui jouent sur Facebook, c'est parce que ça rapporte de l'argent ! Il y a même des associations de solidarité internationale qui recherchent des fonds et qui réfléchissent à des « add games » parce que cela rapporte de l'argent et de la notoriété. Mais à part ça, les gens qui jouent on ne pourra pas les empêcher de continuer et de le faire savoir. Sur la question de la mobilisation, c'est vrai que ce sont des choses complexes. J'ai travaillé avec Peuples solidaires à une époque sur la notion d'appel urgent. C'est complexe parce que la communication ne résout rien, c'est juste le moment où on va déclencher chez quelqu'un quelque chose. Vous me parlez de plaidoyer, de lobbying, de pétition, de la mobilisation : regardez les anti G20, les indignés de Wall Street, etc... Ils communiquent extrêmement bien ! Ils sont en train de faire mieux contre toutes les machines financières que nombre d'associations qui expliquent depuis des années les mécanismes financiers. Comprendre tous ces enjeux oui, mais la communication sert à un moment donné à ce que cet appel soit relayé au maximum, par la presse, par les réseaux sociaux, et qu'à un moment donné les dirigeants soient obligés de l'entendre et d'en tenir compte. Aujourd'hui le lobbying passe pas les médias. En ce moment, ceux qui occupent Wall Street visiblement ont réussi à toucher, avec des relais médias non négligeables, la présidence des Etats-Unis puisque Barak Obama a fait des déclarations sur les indignés de Wall Street. Alors que c'est combien de personnes ? Quelques centaines. Il faut que la mayonnaise prenne. J'ai beaucoup travaillé avec un des chargés de communication de l'époque à Peuples Solidaires, et on a travaillé sur cette notion d'appel urgent. Leurs documents de communication étaient très denses. Je disais « l'affaire est complexe oui ; que vous ayez envie de l'expliquer oui ; mais par ailleurs ce ne peut pas être un document de quatre pages, où on n'a pas même pas un titre ou une illustration pour respirer un peu. » Peut-être que cela avait un sens il y a 20 ans. Aujourd'hui si on veut toucher la jeunesse, je ne suis pas sûre qu'un appel urgent parle en terme de sémantique. Ca fait penser au téléphone : « j'ai un appel urgent ». Public Quelques fois, pour communiquer on veut utiliser des choses très spéciales au risque de tuer la communication. Pourquoi ne pas utiliser, par exemple, le bouche à oreille. Pourquoi ne pas cibler cinq ou dix personnes qui peuvent véhiculer le message. Par exemple, à Vitré, là où je suis le président de Madagascar-Bretagne, on va faire un petit événement. J’ai choisi d'envoyer des lettres personnelles à dix maires ruraux. C'est eux qui feront le boulot à ma place. J'invite le député-maire de Vitré, c'est lui qui fait le boulot et les gens arrivent, et on gagne. On ne dépense rien : pas d'Internet, pas de logos, pas de flyers, pas d'affiches. C'est simple. Isabelle Quéré Isabelle Quéré, Communauté de communes de Lanvollon-Plouha. Je rebondis parce qu'à l'échelle d'une communauté de communes rurale, effectivement, il n'y a rien de plus efficace que le bouche à oreille. Si on utilise ce mode de communication de manière positive, c'est d'une efficacité remarquable. Au niveau d'une intercommunalité, on peut développer des relais à travers des associations citoyennes où on va trouver des prescripteurs qui vont reprendre la bonne parole. Il n'y a rien de plus efficace à ce titre que d'associer des membres du comité du conseil citoyen au sein de nos commissions qui sont déjà ouvertes aux citoyens et aux associations. D'ailleurs, Monsieur Jouan a eu effectivement l'occasion de participer à une des commissions de la communauté de communes pour expliquer son action dans le domaine des semences de pommes de terre. Rien de plus efficace que cela à mon sens. Je ne voudrais pas non plus oublier le fait que, pour que notre action internationale ne soit pas prise pour de l'humanitaire, il faut que nos élus soient militants et qu'on ait vraiment un discours pédagogique. On a la chance d'avoir sur la communauté de communes des élus qui sont vraiment convaincus. Ca aussi c'est du bouche à oreille. Les élus, quand il s'agit de voter quelque chose qui a été expliqué sur l'écran, motivé par un travail en commun et par des déplacements avec des citoyens et des élus, on s'aperçoit que c'est d'une simplicité et d'une efficacité redoutable. En fait on a beaucoup de mal à expliquer cela. Ce qu'il y a de plus efficace c'est d'être convaincu de ce dont on parle, de rester simple dans son vocabulaire et d'aimer les autres, d'aller le leur dire. Antoine Mathieu Par rapport aux jeux sur Facebook je n'ai jamais eu de problème. Après on est maître de sa page Facebook et on peut supprimer certaines choses. Pour le bouche à oreille, oui, c'est le plus efficace. Le seul souci pour nous, c'est que cela marche très bien sur la communication ponctuelle mais pas sur la communication à long terme. Le bouche à oreille ne peut pas tout faire, il faut un support disponible aux personnes qui souhaitent se renseigner un peu plus. Et par rapport aux élus, ils ne sont pas tous militants. Dans notre association, c'est aussi de notre responsabilité de communiquer sur des sujets très techniques, parfois difficiles, mais on a parfois des problèmes avec les élus qui ne sont pas militants et qui ne connaissent pas les aspects techniques, et c'est aussi du travail de communiquer pour ça. Christian Evan Christian Evan, Bretagne Afrique solidaire. Sur les réseaux sociaux, Facebook n'a pas vraiment de cible particulière. Alors que sur Viadeo par exemple, vous pouvez cibler un certain nombre de cibles, par rapport aux mots clefs. Odile Ambry Non, c'est exactement le même phénomène. Sur tous les réseaux sociaux, vous envoyez vos messages à votre communauté. Que ce soit Twitter où les gens sont abandonnés à votre fil, que ce soit Facebook où le message posté sera vu uniquement par vos amis. Christian Evan Mais vous ne pouvez pas diffuser un message par mots clés. Vous avez répertorié un certain nombre d'amis mais vous ne pouvez pas trouvez ces gens par l'intermédiaire de mots clés comme vous le faites sur Viadeo. Odile Ambry Oui d'accord. Antoine Mathieu Sur Facebook, il ne faut pas faire une page personnelle et communiquer sur l'association. Il faut vraiment faire une page associative, sinon cela risque de se perdre et de d'être confondu Odile Ambry On peut maintenant proposer des pistes de conclusion sur ces questions de communication dans la solidarité internationale. Peut-être sur la question des moyens ? Et des idées de pistes d'amélioration ? Luc Morvan Luc Morvan de l'association Solidarité internationale de la baie à Saint-Brieuc. Sur les moyens, à la suite d'un voyage au Burkina Faso chez notre partenaire, nous avons réalisé une vidéo amateur pour essayer de faire un support de communication qui puisse être vu, et qui puisse alimenter un débat. Cela a relativement bien marché, mais c'est vrai que c'est très amateur. Je ne pense pas qu'on puisse faire appel à une agence de communication, mais peut être faudrait-il former les associations ? Comment et avec qui organiser cette formation, apprendre aux bénévoles à utiliser un caméscope, à faire un scénario, un montage et bâtir un message qui puisse être entendu par nos adhérents, les élus, le grand public ? Est-ce une piste ? Odile Ambry Oui, la formation. Je disais que pour les logos, on ne pense pas souvent à monter des partenariats avec des lycées ou des écoles spécialisée. De la même manière pour les vidéos, on se professionnalise beaucoup. Pour le scénario, ça peut se faire en interne, il n'y a pas besoin d'agence de communication. Donc essayer de faire un scénario tourné vers l'autre, et se faire un peu aider pour le montage, il y a des outils gratuits dans les logiciels libres qui fonctionnent bien. J'ai tendance à dire « l'imagination au pouvoir », mais il faut toujours penser aux gens à qui on va le montrer, il faut penser à eux et pas seulement à soi. Avoir un but d'efficacité du message. Antoine Mathieu Il est possible de former des bénévoles, mais aussi de recruter des bénévoles compétents. Je prends le cas d'ESPOIR, la communication est un grand chantier cette année, on a recruté des étudiants qui sont en master « Info com », donc compétentes sur ce champ. Public Je pense que souvent dans nos projets, nous n’incluons pas à la base la phase de communication, ni la phase de restitution et de valorisation. Comme si nos projets étaient tronqués au début et à la fin, ils ne sont pas complets. On ne prévoit pas par exemple un volet « financement des études préalables ». On aurait besoin d'avoir un canevas plus complet dans notre communication. Public Une autre réflexion. On a souligné tout à l'heure l'aberration et la difficulté pour aller dans les pays du Sud et en particulier en Afrique de l'Ouest, pour des raisons politiques. On n'a pas abordé l'aspect inverse, on aimerait bien que les échanges puissent avoir lieu dans les différents sens : Nord-Sud, SudNord et Sud-Sud. Il y a des difficultés pour faire venir un partenaire du Sud. Parfois, on doit annuler au dernier moment des événements parce qu'on n’a pas pu obtenir les visas. Il y a une pétition sur ce sujet lancée par la CASI Bretagne. Public Je rebondis sur ce qui a été dit précédemment sur les outils : on en a énuméré un certain nombre. Ils vont dépendre du contexte, du sujet, de la cible, et auquel cas vous avez une panoplie de moyens qui correspondent parfaitement. Le problème reste de savoir ce que l'on va dire, ce que l'on veut exprimer. Il y a aussi sensibiliser, conscientiser les gens. Je n'aime pas trop cette approche. Parce que dans l'information, il y a une première information pour dire « nous, association on va faire », mais les explications ne viennent pas tout de suite. Cela peut venir après, dans des productions plus élaborées peut-être, des plaquettes. Je serais comme vous contre la plaquette, si la plaquette consistait à tout raconter, tout expliquer. Je dis très clairement : vous voulez être lu, entendu, écouté ? N'en faites pas de trop. Faites des textes courts, vous prenez le risque d'être lu ! C'est une vérité, je n'ai pas trouvé de contre exemple. Odile Ambry C'est vrai que les règles de la communication sont parfois effrayantes. Je les donne pour qu'on s'en libère un peu : trois idées au maximum, des communiqués de 1 500 signes maximum. Je considère l'écriture de communication, comme une courtoisie. C'est-à-dire que je pense que quand on demande à quelqu'un qui ne nous connaît pas de lire quatre pages pour avoir accès au fait de parler avec nous, ce n'est pas courtois. Pour qu'il parle avec nous, on lui donne des choses « impactantes ». Cette position de toujours vouloir expliquer est une posture un peu dangereuse, surtout dans le monde d'aujourd'hui. Les gens qui sont vraiment dans l'explication, ils passent de moins en moins bien par rapport à des gens qui sont dans l'écoute et dans la discussion. « Qu'est ce que tu as me dire ? » , « toi tu penses ça, ok, mais moi je pense ça ». Quand on suscite la discussion avec l'autre, on est dans un axe de communication formidable, et là on avance ensemble, plutôt que quand on vient faire un speech d'explication aux gens. Je veux bien entendre des conclusions maintenant. Public Si vous voulez, une réflexion sur ce qui s'est passé cet après-midi, je trouve qu'on a parlé beaucoup de nous, c'est-à-dire du Nord. Fifi a exprimé ce qu'elle avait à dire, mais nous avons posé nos préoccupations et on n'a pas tellement parlé de nos partenaires. Au niveau de la communication, comment communiquer avec eux ? Quand Fifi dit « Il faut au moins qu'on se voit une fois par an, ça ne fait quand même pas beaucoup ». Alors comment communiquer ? On peut dire que depuis une dizaine d'années, la communication orale a été facilitée par les téléphones portables, que ce soit en l'Afrique et en Amérique du Sud, avec Internet, en particulier avec Skype. Mais on n'a pas de techniques, on en est resté au parlé en face à face. Au niveau de la communication, on pourrait travailler sur une formation, une éducation, une réflexion avec nos partenaires. Odile Ambry Je n'ai qu'un regret c'est que vous en parliez maintenant parce que je trouve que c'est un sujet tout à fait passionnant, mais on n'a plus temps d'aller plus avant. Jean-Yves Lechaille va-t-il m'aider à aller vers la conclusion ? Jean-Yves Lechaille Moi j'ai une interrogation. J'entends deux choses : « communiquer pour informer » et « communiquer pour le plaidoyer ». Quels outils pour aller vers le plaidoyer, la conscientisation ? Comment vous ESPOIR faites-vous? Antoine Mathieu Par exemple, sur le Forum Jeunesse, par rapport à l'information, je pense qu'il faut peut-être séparer « information » et « plaidoyer ». « Plaidoyer » je l'entends comme des actions vers les élus ou vers les personnes responsables, les décideurs. Par rapport à l'information, je pense que ça se passe une fois qu'on a donné envie au public de venir. Ensuite, il y a toute une information qui se fait à travers des expos, des jeux, des animations qui permettent aux gens de poser des questions. Mais en aucun cas, on ne peut se permettre d'être les informateurs d'une vérité. Il n'existe pas une seule vérité, mais ces questions vont permettre aux gens d'aller plus loin eux-mêmes, de leur donner envie d'aller plus loin. D'une part, il faut faire attention aux sujets techniques, et d’autre part permettre aux gens de se conscientiser par eux mêmes, ce n'est pas que notre travail. Et pour les activités de plaidoyer, on a par exemple sur le Forum jeunesse un travail de rédaction d'un manifeste, et elle va se faire à l'issue d'une rencontre internationale qui se passera entre une vingtaine de jeunes venus de six pays : Bénin, Togo, Burkina Faso, Maroc, Tunisie, Espagne... qui travaillent sur les différents thèmes et qui rédigeront ensemble un manifeste avec une trame prédéfinie, et qui sera diffusée au niveau local ou national. Ce sont deux exemples de ce qu'on peut faire en terme d'information et de plaidoyer. Public Je suis de l'association Amani, c'est une association franco-palestinienne d'aide et de formation médicale. Je ne sais pas si c'est une conclusion. On a parlé beaucoup de communication en France, moi je suis plus comme Fifi, c'est-à-dire d'un pays du Sud. Nous communiquons beaucoup plus facilement oralement. Malheureusement, on est en France, où il y a énormément de bureaucratie, et quand on va vers les personnes pour demander quelque chose, on a l'objectif, on a le but, on a la formation, et la personne nous dit tout de suite « écris-moi ». L'écrit en France est important. Il y a beaucoup de formulations que certains pays du Sud nous ne connaissons pas. Donc le message ne passe pas. Et c'est un peu dur de trouver des partenaires à qui on peut expliquer, avec qui on prendre rendez-vous pour dire ce dont on a besoin, et qui prennent cela en considération. C'est-à-dire qu'on est toujours obligé de passer par l'écrit, et c'est quand même assez dur pour certains pays. Odile Ambry Noté et entendu ! On arrive à la conclusion. Public Est-ce que vous pourriez nous rappeler, notamment pour les jeunes adhérents, quelles sont les ressources dont on dispose pour nous aider à mieux communiquer ? Est-ce qu'il y a des associations qui aident les associations à communiquer ? Qui sont-elles localement ? Antoine Mathieu Il existe des associations qui font de l'audiovisuel par exemple, et avec qui on peut faire des partenariats, pour capter un événement par exemple, ou monter une vidéo sur un projet. Encore une fois, c'est la notion de partenariat avec des associations qui travaillent sur différentes thématiques qui est importante. Par exemple, nous, à ESPOIR, on travaille avec Onirique vision, qui est spécialisé dans l'audiovisuel et qui capte des événements et qui monte. Cela leur permet de faire la promotion de leur activité et cela nous permet d'avoir des supports vidéos. Il doit exister plein d'autres solutions. Odile Ambry Je connais des exemples de mutualisation. Il se trouve que pendant plusieurs années, dans mon agence j'ai formé beaucoup de gens du milieu associatif qui ont voulu aller plus loin et qui ont fondé une association qui s'appelait « Les bancs de la com », avec l'envie de chargés de communication d'association de se dire « comment on peut faire ? mutualiser, etc… » Ces idées de gratuité m'ont toujours dérangée parce que, autant le bénévolat est une chose – par exemple quelqu’un qui est dans la communication décide d'aider bénévolement, une sorte de mécénat de compétences – le reste du temps, on paie au supermarché, on paie son loyer. Je n'aime pas beaucoup quand on pique des photos, des logos, quand on fait travailler gratuitement des gens dont c'est le métier ou on leur demande de faire des efforts importants. Quand il y a des renvois d'ascenseurs ok, mais à un moment ça ne peut plus fonctionner. Il existe des centres de ressources – dans le Val de Marne par exemple – avec des formations de toutes sortes dispensées, des gens qui donnent des coups de main, qui trouvent des infographistes, des webmasters, ou des petits ateliers pour monter son site. Il y a peu de personnes qui font des formations associatives. Antoine Mathieu Dans le monde étudiant, il y a Animafac qui propose des formations sur la communication. C'est un réseau d’associations étudiantes en France, qui regroupe plus de 12 000 associations. Ils font des formations itinérantes dans plusieurs villes, pour les étudiants associatifs. Public Vous dites que rien n'est gratuit. Il faut convaincre les adhérents que rien n'est gratuit parce qu'ils veulent que ce le soit. Puisqu'ils sont bénévoles, ils veulent que d'autres personnes les aident bénévolement. Certains, qui font partie de la jeune génération d'associations, ont déjà cette culture. Moi je commence à être convaincu, mais beaucoup de gens qui ont mon âge ne sont pas du tout convaincus. Il faudrait communiquer là-dessus parce qu’il ne suffit pas d’organiser des évènements et de dire ensuite que c’est raté parce que les gens ne sont pas sympas. Il faut se donner les moyens d’y arriver ! Odile Ambry On se retrouve demain avec un objet qui s'appelle un plan de communication dont on va se servir pour vous aider individuellement et aussi pour construire la restitution de ce qu'on s'est dit aujourd'hui sur la communication interne, sur le pouvoir de conviction, et tous les autres points qu'on a évoqués ensemble. J’ai pris plaisir à vous entendre, je suis contente qu'il y ait eu un peu de débat, qu'on n'ait pas été toujours d'accord sur tout, c'est une excellente chose. On n'a pas eu le temps de parler de tout. Je suis encore là demain, donc si des gens ont des questions un peu plus individuelles, je me prête au jeu parce qu'effectivement je n'ai pas parlé de budget à mettre en face, je n'ai pas rebondi sur la remarque de Bernard qui est de prévoir à l'avance un budget ou des moyens humains. Il n'y a pas de communication sans une ligne budgétaire. Cela prouve qu'on a envie, qu'on l'a pris en considération et qu'on va le faire. Je voudrais terminer sur le fait que j'espère vous retrouver nombreux demain matin, ça va être peu tôt, on va travailler un peu dur. Merci à tous et bonne soirée.