Cinéma garanti sans 3D
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Cinéma garanti sans 3D
a Ciném garanti sans 3D www.cinemas-utopia.org • Toulouse (24 rue Montardy - 05 61 23 66 20) • Tournefeuille (Impasse du Château - Ciné 05 34 57 49 45 - Bistrot 05 34 51 88 10) FATIMA Écrit et réalisé par Philippe FAUCON France 2015 1h19 avec Soria Zeroual, Zita Hanrot, Kenza Noah Aïche, Chawki Amari, Mehdi Senoussi, Franck Andrieux, Yolanda Mpele… Scénario ibrement inspiré des ouvrages de Fatima Elayoubi : Prière à la lune et Enfin, je peux marcher seule. Fatima, c'est un magnifique portrait de femme, c'est le portrait d'une foultitude d'autres personnages attachants et naturellement, en filigrane, celui de notre société. C'est un film qui vient plonger au plus profond de nous-mêmes, nous bousculer à tel point qu'il sera impossible de regarder de la même manière les passantes inconnues que l'on croise dans la rue têtes nues ou discrètement voilées. Il n'y a qu'une chose à faire : éteindre complètement son portable, se lover dans son siège préféré puis se laisser porter pendant une petit heure dix neuf minutes où tout est merveilleusement dit et montré, avec une justesse de ton et une élégance discrète qui confirment que Philippe Faucon est décidé- No 220 Du 30 septembre au 3 novembre 2015 / Entrée: 6,50€ / Séance sur fond gris dans les grilles : 4€ / Abonnement: 48€ les 10 places Avant-première mardi 29 septembre à 20h30 à Toulouse, projection suivie d’un débat organisé avec l’Université Populaire de Toulouse, en présence de Hourya Bentouhami et Silvia Voser (achetez vos places à partir du 19 septembre). Hourya Bentouhami est maître de conférence en philosophie à l’Université de Toulouse Jean Jaurès. Ses recherches portent sur la pensée politique contemporaine, dans une perspective qui croise genre, classe et race. Elle a publié récemment Race, cultures, identités : une approche féministe et postcolonial (Presses Universitaires de France), et Le dépôt des armes, non-violence et désobéissance civile (PUF). Elle fait partie des comités de rédaction Actuel Marx, Cahiers du genre et de la revue féministe et queer internationale Comment s’en sortir. Silvia Voser est réalisatrice, journaliste et productrice de films (Ken Bugul, personne n’en veut). FATIMA ment un grand cinéaste (on n'a pas oublié Samia, Dans la vie, le prémonitoire La Désintégration…). Et au fait, plus que jamais : arrivez à l'heure ! Il est impensable de louper le premier plan ! Fatima, un prénom de princesse presque devenu un nom commun tant on l'associe aux dames de ménage corvéables à merci, prolétaires de l'ombre destinées à la serpillère. Notre Fatima ne rompt pas avec ce cliché. Le pâle sourire qui illumine son visage débonnaire, son allure de quarantenaire plantureuse, vêtue soigneusement mais sans souci d'effets de mode, son voile qui cache ses cheveux : tout contribue à en faire une Fatima semblable à ces milliers d'autres qu'on voit circuler dans l'indifférence générale de nos cités. Dans la grisaille du petit jour, elle semble presque glisser, anodine et frêle, pour aller travailler dans divers lieux où l'on s'adresse à elle avec une condescendance déshonorante (plus encore d'ailleurs pour ceux qui en font preuve que pour elle qui la subit). Le soir, rentrée à l'appartement, il lui reste encore à affronter l'arrogance de sa plus jeune fille, Souad, qui du haut de ses quinze ans la juge de manière tranchante. Comme si Fatima était le symbole de l'entrave à son intégration, l'empêcheuse de se normaliser en rond. Sa révolte se trompe d'ennemie, elle est le fruit d'une société qui l'incite à avoir honte d'une mère qui n'est bonne qu'à « laver la merde des Français » et qui ne sait même pas parler leur langue… Heureusement son aînée, Nesrine, remet un peu sa cadette en place. Elle connait le prix de l'ascension sociale, les sacrifices maternels pour qu'elle parvienne jusqu'au concours de médecine… Tout un discours tellement ressassé par la voix haut perchée de Fatima que Souad le rejette en bloc et ne veut plus l'entendre. Elle mériterait bien des baffes parfois, et on aurait presque envie de secouer Fatima qu'on pourrait prendre tout d'abord, bêtement, comme le fait une bonne partie de son entourage, pour le prototype de la femme soumise. Progressivement on découvre combien on a tout faux, à quel point on est tombé dans le piège du délit de faciès et on fond d'admiration pour cette bonne femme à la volonté tenace, pour son obstination à ne céder ni à la violence ni au mépris qu'on lui renvoie de toutes parts. Elle a cette force insoupçonnable de celle qui n'a rien à prouver. On peut bien la prendre pour une imbécile, cela n'altère en rien ce qu'elle est, ses mérites. Si elle ne fait pas de vagues, c'est qu'elle reste tendue vers son but, ne s'en détourne jamais : amener ses filles vers un rivage qui l'a elle même rejetée ou en tout cas bien mal accueillie. Et la traversée est tellement semée d'embûches que dans la bataille, cette altruiste s'est tout simplement oubliée, sacrifiant une part d'elle-même. Plus on rentre dans son intimité, plus on dépasse sa difficulté à s'exprimer, cette barrière de la langue qui crée un fossé infranchissable entre les humains, plus sa beauté intérieure se dévoile, irradie. Personnage complexe et subtil, à l'intelligence vive, aux propos pertinents. On souhaiterait tous avoir une telle Fatima dans sa vie ! Pour l'heure Philippe Faucon nous l'offre dans son film : ne la laissons pas passer ! TOULOUSE & TOURNEFEUILLE Les rendez-vous de l’Université Populaire de Toulouse 28 septembre 20h30 Bourse du travail Le code du travail en danger Gérard Filoche UD CGT31-FSU 31 avec le soutien de l’ UPT • 6 octobre 20h30 Bourse du travail Gérard Le Puill l’écologie peut encore sauver l’économie • 13 octobre 20h30 salle du Sénéchal Nils Anderson Un autre ONU pour un autre monde ATTAC AM Diplomatique, Espace Marx,Mouvement de la Paix, UPT • 20 octobre 20h30 Bijou, Grèce enjeux et perspectives politique Nikos Smyrnaios • 22 octobre 20h30 Bourse du travail Coopératives contre capitalisme Benoît Borrits AM Diplomatique E Marx UPT • 29 octobre 20h30 Bourse du travail Mettre en démocratie les technologies émergentes Sara Angéli-Aguiton. www.universitepopulairetoulouse.fr L’HOMME IRRATIONNEL (THE IRRATIONAL MAN) Écrit et réalisé par Woody ALLEN USA 2015 1h36 VOSTF avec Joaquin Phoenix, Emma Stone, Parker Posey, Jamie Blackley… Si tous les films étaient écrits et mis en scène avec le même talent, si tous faisaient preuve de la même fantaisie profonde, de la même légèreté grave pour épingler nos travers et nos lubies, pour en rire beaucoup et en pleurer un peu, le cinéma serait un perpétuel bain de jouvence. Depuis ses débuts, Woody Allen est passionné par la philosophie. Elle imprègne mine de rien ses films des grandes questions existentielles qu'il traite avec plus ou moins de noirceur ou d'humour. L'Homme irrationnel prend la philo à bras le corps, en fait sa matière même, qu'il malaxe avec délectation… Abe Lucas est donc prof de philo mais pour l'heure c'est surtout un homme seul, qui a perdu toute joie de vivre. Son étude des grands penseurs ne l'a pas rendu heureux et ne lui a pas apporté non plus de réponses satisfaisantes quant au sens de la vie. S'il a autrefois aimé son métier d'enseignant, il estime aujourd'hui que ses cours n'auront aucune influence sur la plupart de ses étudiants. Bref, Abe déprime. C'est dans ce sombre état d'esprit qu'il débarque dans une petite bourgade de la côte est, dotée d'une modeste fac où il doit en- seigner pendant l'été. Précédé d'une réputation sulfureuse (publications iconoclastes, rumeurs persistantes de frasques sexuelles avec des étudiantes), le professeur Lucas est donc attendu avec une certaine fébrilité dans la communauté universitaire. Woody Allen ne pouvait pas faire un meilleur choix que de confier le rôle à Joaquin Phoenix : son charisme, sa beauté inquiétante, la fragilité qu'il dégage font que l'on croit immédiatement en son personnage, et à tout ce qui se dit sur lui. Il incarne ce prof borderline avec une telle justesse, sans effet ni maniérisme, que l'on touche à la perfection. Ce qui devait arriver arrive et peu de temps après son arrivée sur le campus, Abe entame deux liaisons. D'abord avec Rita Richards (formidable Parker Posey), collègue en manque d'affection qui compte sur Abe pour lui faire oublier un mariage qui s'ankylose. Ensuite avec Jill Pollard, (lumineuse Emma Stone, déjà présente et épatante dans Magic in the moonlight). Elle est sa plus brillante étudiante et devient très vite sa meilleure amie dans cette ville où il ne connaît personne. Et même si Jill est amoureuse de son petit ami Roy, elle trouve très vite irrésistible le tempérament torturé et fantasque de ce prof imprévisible, capable de lui proposer une gorgée de bourbon en pleine journée au milieu du campus. Mais la phase dépressive d'Abe s'aggrave et malgré les avances de plus en plus pressantes de la belle étudiante, il la rejette. C'est alors que le hasard bouscule le destin de nos personnages : Abe et Jill surprennent dans une cafétaria une conversation qui va les bouleverser. Elle pousse Abe à prendre une décision cruciale, qui va le rendre à lui-même, prêt de nouveau à jouir pleinement de son existence, persuadé d'avoir repris les choses en main. Mais cette décision aura d'autres conséquences… Il est des artistes qui, comme un artisan perfectionniste, remettent sans cesse sur le métier leur ouvrage, recherchant la forme idéale, chaise après chaise, toile après toile, film après film. Woody Allen est un de ceux-là, un des plus éminents, en version stakhanoviste : un film par an, sans exception, depuis trente-trois ans ! Cette régularité de métronome entraîne forcément quelques réactions désabusées : « Déjà ! », « Encore ! », « Le dernier n'était déjà pas terrible », « Il n'a rien fait de vraiment bien depuis Match point »… bla bla bla. Laissons les bla-blasés faire la fine bouche. Pour notre part, nous préférons nous souvenir des multiples moments de pur bonheur et de vive intelligence que nous avons partagés avec le bonhomme. Nous choisissons le camp des modestes jouisseurs, appréciant à sa juste et haute valeur ce Woody Allen 2015. TOURNEFEUILLE LA MESSE EST DITE ? « Comment faire pour continuer à développer un cinéma qui ne se contente pas de se faire le relais du box-office mais contribue à irriguer de diversité des cervelles menacées d’atrophie, comment faire pour cohabiter dans la plus parfaite harmonie ? » nous demandions-nous en fin de l’édito précédent qu’on vous engage à relire… pour bien saisir toute la saveur des derniers événements… Il nous en tombe en effet sur la tête une bien bonne… Puisque nous avions atteint la fin de notre bail, nous avions demandé à nos propriétaires, comme cela se fait, de le renouveler, nous attendant à une négociation sympathique autour d’un petit vin de messe : il faut vous rappeler que l’immeuble d’Utopia Toulouse fait partie des biens de l’église, probablement une de ces donations faites par des bons chrétiens dans l’espoir de donner une chance à leur âme de filer plus vite au paradis. On le sait en effet, pour autant que l’église prêche l’esprit de pauvreté, elle doit néanmoins gérer un immense patrimoine immobilier joliment nommé « secteur temporel ». On s’attendait donc à une discussion entre gens bien intentionnés, et la chose nous attriste d’autant plus que nous avons les meilleures relations avec les très sympathiques représentants de l’institution, pour qui nous avons la plus grande estime : voilà-t-y pas qu’on trouve, à notre retour de vacances, sans le moindre petit mot gentil de nos interlocuteurs habituels, un commandement d’huissier, tout sec, tout gris, nous signifiant sans préambule notre congé, associé comme il se doit à une proposition de renouvellement de bail qui nous a laissés sur le popotin : « le demandeur entend que le nouveau bail ait une durée de 9 années moyennant un loyer de 150 000 euros par an… hors charges. Bigre !… Et au bout des neufs années ? Une nouveau commandement d’huissier ?… Qui triplerait à nouveau le loyer ?… Sans que jamais le propriétaire n’ait participé à l’installation, ni à l’embellissement, ni à l’entretien du lieu… ni à tout le beau travail d’Utopia qui a fait la valeur du bail… On sait que le rapport du denier du culte n’est plus ce qu’il était, mais de là à nous asséner un triplement du loyer qui devient pour le coup exorbitant surtout si on sait que le bail en question est monovalent, soit : à usage « exclusif de cinéma, de kermesse, de théâtre, de conférence et tout autre spectacle de haute moralité », ce qui limite largement les capacités de la bailleresse Utopia à équilibrer ses comptes. En 2004, le montant du loyer – il est vrai peu élevé, probablement en raison des relations privilégiées entre les propriétaires et nos prédécesseurs – avait été une première fois triplé, passant à 33 180 euros par an, et il a depuis été régulièrement réajusté, après expertise indépendante, qui l’avait jugé d’un niveau raisonnable, étant de notoriété publique que les salles d’art et essai tirent le diable par la queue au point que toutes (à l’exception d’Utopia) sur la région de Toulouse (mais aussi ailleurs) sont subventionnées par les instances locales (mairies, conseil général, région…). On s’attendait donc à un réajustement, mais de là a grimper subitement à 150 000 euros ! Il s’agit d’un grand bond en avant que rien ne justifie mais parfaitement dans l’air du temps puisqu’il place la valeur propriété très audelà du rapport du travail qui se réduit, lui, comme peau de chagrin. On comprend bien à cette occasion pourquoi peu à peu le centre des villes devient la proie des grandes enseignes, qui seules peuvent suivre l’augmentation constante du coût de l’immobilier, écrasant toute activité un peu originale, étouffant toute possibilité d’initiative alternative… Si vous ajoutez à la chose l’évolution de normes de plus en plus contraignantes qui obligent les établissements recevant du public à des adaptations coûteuses et étouffantes… On comprend vite qu’il n’y aura bientôt plus dans le centre que des structures appartenant à des multinationales ou des établissements subventionnés sur fonds publics pour leurs travaux comme pour leur fonctionnement… au moment où justement on ne parle que restrictions budgétaires… Une politique générale qui aboutit à une concentration relayée en périphérie par les multiplexes (d’initiative privée ou publique), qui tend à l’accélération de la normalisation du cinéma (et du reste), qui accroit la polarisation sur les films porteurs et les banques à confiseries, qui aboutit in fine à un appauvrissement culturel… Utopia était très fier de son indépendance économique (acquise après de longues années d’efforts et de difficultés) parce qu’elle nous semble indispensable à la liberté de programmation, d’expression, d’engagement, d’impertinence… qui font désormais partie des gènes Utopiens. On connait le danger de dépendre de ceux qui « ont la signature du carnet de chèque » – comme le disait très élégamment un certain Jean Noël Guérini, alors président de la fédération socialiste des Bouches du Rhône, député de Marseille, président du Conseil Général, laissant entendre qu’il vaut mieux ne pas déplaire à ceux qui ont pouvoir de distribuer la manne publique. Il n’y a pas d’autonomie de pensée, de parole et d’action sans indépendance économique. Les femmes savent ça depuis belle lurette. Bon, au lieu d’une discussion œcuménique qui nous aurait permis d’arriver à un accord raisonnable, il va donc falloir que nous fassions à nouveau appel à avocats, experts… ce qui nous plombe financièrement, en rajoute au climat d’incertitude générale et ternit un peu le plaisir de plonger dans une rentrée pourtant fertile en films magnifiques qui auraient pu suffire à notre bonheur. Bellissimo novembre ! Ce nouveau problème s’ajoute à celui que nous évoquions dans la gazette précédente de l’adaptation d’Utopia Toulouse aux normes handicapés. Depuis l’édito précédent, notre architecte est arrivée au bout de son étude, on a bien fait les comptes, tourné la chose dans tous les sens… Malgré toute notre bonne volonté, le coût des travaux nécessaires (plus de 400 000 euros), ajouté au nombre de places perdues (70 sur un total de 415 fauteuils), plomberait définitivement notre capacité à tenir un équilibre financier dans lequel on n’avait même pas encore pris en compte une éventuelle augmentation de loyer… Sans compter les inconvénients engendrés par la suppression d’une des deux entrées de la salle 1, le rétrécissement de l’espace de travail des valeureux salariés d’Utopia… Il y a des aménagements possibles et il est bien évident que ceux là, on s’empressera de les faire. Mais on va devoir se résoudre à demander une dérogation… À part ça… il est arrivé un sale coup à l’un d’entre nous il y a une petite quinzaine : une roue de vélo qui ripe sur le sable de la forêt des Saumonards à Oleron (très belle sous ce petit soleil de début d’automne), et celui avec qui je partage depuis longtemps le pain et la conversation se fracasse sur un de ces gros bancs de pique-nique en bois massif qu’affectionnent les familles en vacances. À la mine livide du bonhomme, je bigophone aussi sec au Samu qui envoie sans hésiter des secours : un quart d’heure plus tard, trois pompiers aimables et véloces l’emballent avec délicatesse dans un truc gonflable pour qu’il ne souffre pas trop, lui filent un coup d’oxygène jusqu’aux urgences de Rochefort sur mer (vous savez, les Demoiselles, l’Hermione)… Huit jours d’observation rapprochée dans un service de soins intensifs, et transfert dès que la chose est possible à l’hôpital Larrey à Toulouse, aussitôt accueilli par un interne qui avait tout le dossier en main, rapidité des examens… De l’ASH au plus diplômé des toubibs en passant par une armada d’infirmières : pas une fausse note, pas l’ombre d’une critique à formuler et diable sait qu’on a le ricanement facile… De l’humanité à tous les étages, de la vigilance, de la gentillesse, rapidité du geste, pertinence du diagnostic, pédagogie, humour… et moi qui suis une fouineuse, je me faufilais un peu partout dans les services : je peux témoigner qu’on n’avait pas droit à un statut particulier… même bienveillance pour tous, même qualité de soins… (bon, on ne parlera pas de la bouffe… néanmoins servie avec le sourire). Alors les potos, s’il y a un truc qu’il ne faut pas qu’on gâche, s’il y a un truc qui mérite qu’on descende dans la rue pour le défendre, c’est bien ce service public formidable : d’ailleurs nous-mêmes n’avons jamais contesté le fait de payer des charges sociales et des impôts pourvu qu’ils servent à ce service public-là !… Et qu’on pende haut et court ceux qui ne font pas des fonds publics bon usage, ceux dont les tricheries foutent en l’air tout ce beau système-là. Et pour ce qui nous concerne : courez donc mettre un cierge à Sainte Rita (patronne des causes désespérées)… qu’elle nous aide à trouver dans les meilleurs délais des solutions à ces difficultés. Nous devrions savoir dans les trois mois qui suivent s’il y a des perspectives d’avenir pour Utopia Toulouse (Pour Tournefeuille tout va bien !)… on vous racontera ! Marguerite Xavier GIANNOLI France 2015 2h07 avec Catherine Frot, André Marcon, Michel Fau, Christa Théret, Denis Mpunga, Sylvain Dieuaide, Aubert Fenoy… Scénario de Xavier Giannoli, avec la collaboration de Marcia Romano Florence Foster Jenkins était une richissime américaine qui se rêvait diva. Persuadée d’être une grande soprano, elle fut beaucoup moquée, mais termina son étonnante carrière sur un concert mémorable à Carnegie Hall. La particularité de cette grande originale était de ne pas s’entendre chanter, et donc d’être parfaitement inconsciente de la fausseté de sa voix. Loin de briser sa carrière dans l’œuf, ce petit inconvénient ne l’a pas empêchée de laisser une trace indélébile dans l’histoire du chant lyrique : Orson Welles s’en est d’ailleurs inspiré pour créer le personnage de l’épouse de son Citizen Kane, et on dit même que Hergé s’en est nourri pour créer la Castafiore… Mais si son histoire a été le point de départ du film, Xavier Giannoli en fait une évocation toute personnelle et superbe, fatalement cocasse mais aussi pleine d’ambiguité, de beauté, d’émotions contradictoires, d’humanité, de poésie… Il baptise sa diva Marguerite et la fait vivre en France dans les années 20, période foisonnante aussi bien dans l’évolution des mœurs que dans celle des arts, l’entoure de personnages qui contribuent à donner au film un intérêt et une profondeur bien au-delà du simple récit d’un destin surprenant. Et il a l’idée imparable de confier ce rôle périlleux à une Catherine Frot baroque et bouleversante. Marguerite vit dans un décor de rêve : château cossu, lourdes tentures, lumière veloutée, personnel dévoué, mari séduisant dont elle est profon- dément amoureuse. La mode de l’époque lui donne belle allure et sa fortune lui vaut la bienveillance ostentatoire d’une petite cour qui se presse dans ses salons pour participer aux soirées musicales qu’elle organise avec un sens du détail où se manifeste sa nature généreuse. Pas de doute, Marguerite sait recevoir et elle a les moyens de ne pas lésiner. Elle est la bienfaitrice d’un groupe de musique qui lui doit son existence, et si des artistes de talent se produisent lors de ses petits concerts privés, elle en est la vedette obligée. Marguerite a pour passion la musique et particulièrement l’opéra. Une passion qui l’absorbe tout entière, la dévore, fait exulter sa vie : elle aime chanter, elle veut chanter et travaille comme une forcenée à exercer sa voix, n’hésite pas à aborder les morceaux les plus ardus qu’elle écorche avec une obstination qui force l’admiration. Pas un de ses prétendus admirateurs n’ose lui dire qu’elle chante horriblement faux, « sublimement faux, divinement faux, sauvagement faux » s’extasie un petit journaliste qui ne va surtout pas le lui répéter mais qui va la convaincre au contraire de se produire devant un vrai public. Chacun l’encourage : par hypocrisie, par intérêt financier, par lâcheté ou encore parce qu’elle est confondante de gentillesse et que cette passion pour le chant lui est tellement essentielle qu’on imagine qu’elle s’écroulerait si on l’en privait… Chanter est pour elle à la fois souffrance et bonheur, un remède à sa profonde solitude, une tentative désespérée de gagner le cœur d’un mari qui ne sait pas toujours s’il a envie de fuir ou de la protéger, une nécessité pour se sentir vivre, pour ne pas sombrer… Il y a quelque chose de grandiose, de drôle et de tragique dans cette obstination à ne pas voir, à ne pas comprendre le mensonge ambiant. TOURNEFEUILLE VIERGE SOUS SERMENT (Vergine giurata) sailles, son épouse si elle lui désobéit. Laura BISPURI Italie/Albanie 2015 1h28 VOSTF (albanais et italien) avec Alba Rohrwacher, Flonja Kodheli, Lars Eidinger, Luan Jaha… Scénario de Francesca Manieri et Laura Bispuri, d'après le roman d'Elvira Dones Pourtant que la montagne est belle ! Au début on ne sait rien de tout ce contexte : simples spectateurs émerveillés par la beauté incroyable de cette nature qui s'étend sous nos yeux. Observateurs innocents de ces gens rêches qui vaquent à leurs occupations, ceux qui arrivent, celui qui s'embarque, que la caméra va suivre désormais : Mark. Un taiseux, un gringalet avare en sourires. Pas plus qu'on ne sait vraiment de quel pays il part, on ne sait dans lequel il arrive. Estce un autre, est-ce le même ? Le voici dans un lieu aux antipodes de son point de départ, une ville grouillante qui semble engloutir indifféremment femmes et hommes. S'il est impressionné, notre gars reste de marbre ; il observe, impavide. Étrange silhouette qui s'enfonce dans la ville, fluette et dérisoire. Puis le voilà parvenu devant une porte d'appartement. Il frappe. On lui ouvre. Hésitation, étonnement, malaise… On le toise… Tant de sentiments contradictoires semblent se bousculer. Puis Lila, sa sœur d'adoption et son époux, acceptent de l'accueillir. Seule Jonida, leur fille, se montre peu aimable envers cet oncle tombé du ciel qui commence par lui piquer sa chambre. L'adolescente qui vient de découvrir ce que c'est que Dans les replis obscurs des Montagnes des Damnés, au cœur de l'Albanie, se terrent quelques hameaux lointains aux maisons éparses. Les hommes y sont rudes et rocailleux à l'instar du sol sur lequel ils travaillent, loin de l'agitation du monde moderne et de ses considérations. Des villages presque suspendus hors du temps. Les loi albanaises n'arrivent pas jusque là. Seul le kanum, le droit coutumier séculaire, régit les alliances, les conflits, la vie, la mort des habitants. œil pour œil, dent pour dent… Sauf si tu es une femme : peut-être alors ne vaux-tu même pas le prix de tes dents. Ici on n'endort pas les demoiselles avec des contes de fées, inutile qu'elles attendent le prince charmant. Ici personne, ni rien, ne les délivrera, si ce n'est la balle de fusil que chaque père offre à celui qui épouse sa fille. Une balle pour que le futur mari puisse abattre, sans repré- d'avoir des seins qui poussent est très désorientée par cet être androgyne qui a le comportement d'un mâle sans en avoir la carrure, ni la lourdeur… C'est un premier film vraiment intrigant, qui ne cède à aucune facilité, exigeant, précis, anticonformiste. Laura Bispuri, partant d'une histoire toute simple, la transcende, dévide des multitudes de pistes subtiles, passionnantes. Par couches successives, les épaisseurs de tissu tombent, jusqu'à aboutir à une mise à nu intégrale et touchante de son personnage principal. Vous l'aurez peut-être deviné, l'enfance de Mark fut celle d'une jeune fille éprise de liberté, rêvant d'avoir les mêmes droits que les garçons : arpenter les bois, porter une arme, être considérée comme eux… Droits chèrement acquis au prix de sa féminité, de sa sexualité, en devenant une de ces rares « Vierges sous serment », statut curieusement accepté dans cette société patriarcale. En naviguant d'une époque à une autre de son existence, on assiste à sa mue touchante, complexe… Et c'est paradoxalement en observant la déconstruction progressive de cette vierge sous serment qu'on va peu à peu comprendre comment elle s'est construite. TOULOUSE LES CHANSONS QUE MES FRÈRES M’ONT APPRISES Écrit et réalisé par Chloé ZHAO USA 2015 1h34 VOSTF avec John Reddy, Jashaun St. John, Irene Bedard, Taysha Fuller… Découvert à la Quinzaine des Réalisateurs lors du dernier Festival de Cannes, voici un premier film d'une maturité rare, poignant de réalisme et bouleversant d'amour. Les Chansons que mes frères m’ont apprises décrit avec retenue et sensibilité le quotidien d'une réserve indienne au cœur des grandes plaines du Dakota du Sud. Passionnée par la communauté Lakota de Pine Ridge, la jeune réalisatrice Chloé Zhao s'est immergée pendant près de quatre ans dans cette réserve avant de filmer avec respect et humilité l'un des drames de l'histoire américaine, la condition actuelle des « Native Americans ». Les deux héros principaux sont frère et sœur : Johnny et Jashaun (formidables, non professionnels comme la plupart des acteurs du film) grandissent à Pine Ridge, le cœur et les veines nourries du sang de leurs ancêtres Lakotas. Johnny, tout juste sorti de l'adolescence, est plein d'espoir et de projets. Son avenir, c'est l'ouverture vers le monde, vers l’ailleurs, très loin. Ici les espaces sont à perte de vue, pourtant il se sent enfermé. Partir, suivre sa petite amie à Los Angeles est la seule issue raisonnable pour échapper à la pauvreté endémique de sa communauté gangrenée par l'alcool, prohibé et donc objet de commerces sous-terrains et de guerres fraticides. Johnny veut s'envoler, mais son père meurt subitement dans l'incendie de sa maison : quitter sa sœur chérie, sa mère esseulée, le peut-il ? Sa jeune sœur Jashaun, gamine lumineuse, se construit au travers des traditions et de tous ceux qui l'entourent : ses grands demi-frères, images tutélaires qui eux ont eu la chance de vivre sous le toit paternel, et un grand-oncle de substitution, formidable styliste marginal, hobo lunaire qui aurait pu sortir de l'imagination d'un Kerouac et qui lui promet sa robe de pow wow. La mise en scène est d'une belle élégance, d'une fluidité parfaitement maîtrisée, sans excès de style ni de séduction mal placée, l'émotion monte, par saccades régulières, et ne nous laisse pas tout à fait indemne. Les visages et les gestes de Jashaun et Johnny sont d'une justesse, d'une vérité saisissantes : cette vie-là, c'est vraiment la leur, le film, c'est bien leur quotidien. C'est sensuel, c'est charnel, les êtres sont reliés viscéralement à leur terre, à leur peau d'Indien, leurs chevaux, le rodéo est presque un sport national. La réalisatrice a un vrai sens du cadre et de l'espace, elle offre à notre regard émerveillé les paysages sublimes du Dakota du Sud, ses grands espaces fascinants. Difficile de ne pas penser au Terrence Malick de Badlands ou Les Moissons du ciel… Les plaines à perte de vue sont de vrais moments de respiration, on s'y perd, s'y retrouve, et pour nos héros ce sont le lieu des réponses et des silences nécessaires. Dans un souci d'authenticité et de collaboration permanente avec les habitants de la Réserve, la réalisatrice n'avait pas de scénario définitif, juste une ébauche, chaque scène étant écrite le matin même, inspirée du quotidien. Certaines séquences sont bien réelles mais replacées avec intelligence au fil de la fiction, en accord avec les acteurs qui rejouent ainsi leur bribe de vie disparue. Comme le murmure un des héros du film, Sitting Bull prophétisait que tout recommencerait avec la septième génération… Geronimo, lui, disait : « Nous sommes en train de disparaître de la surface de la terre, mais je continue à croire qu’il doit y avoir une bonne raison pour que Yoséné (Dieu) nous ait crées. » Grâce à ce film magnifique, nous en sommes plus que jamais persuadés. TOULOUSE & TOURNEFEUILLE BROOKLYN Écrit et réalisé par Pascal TESSAUD France 2015 1h23 avec KT Gorique, Rafal Uchiwa, Jalil Naciri, Liliane Rovère, Despee Gonzales, Véronique Ruggia, Blade MC… Triple bonheur avec cet épatant premier film quasiment autoproduit, réalisé en toute indépendance, avec une solide connaissance du sujet comme moteur et l'enthousiasme comme carburant : celui de découvrir le visage rayonnant et la forte personnalité de la rappeuse helvético-ivoirienne KT Gorique ; celui de voir la banlieue – en l'occurrence Saint-Denis – dans toute sa vitalité, loin des clichés stigmatisants ; celui enfin de plonger au cœur de la création hip hop et slam, sa richesse, sa complexité, ses contradictions. On va suivre Coralie, une jeune rappeuse de 22 ans dont le nom de scène est Brooklyn, qui quitte son père obtus et sa Suisse natale – pas vraiment terre de hip hop – pour venir s'installer et tenter sa chance en région parisienne. A SaintDenis où elle pose ses valises, elle trouve rapidement une chambre chez une vieille dame (trop rare et géniale Liliane Rovère) et un emploi de femme de ménage polyvalente dans une association musicale de quartier où les apprentis MC tentent de développer leur flow et enrichissent leur écriture. Pour arrondir les fins de mois plus que difficiles, elle se laisse entraîner dans des petits larcins par un complice gouailleur et sympa… Système D pas vraiment recommandable mais pas vraiment méchant… Mais elle ne perd pas de vue son objectif, elle écrit dans sa chambrette des textes inspirés et volontiers rageurs, elle en interprète même un sur une scène slam où elle fait forte impression, au point de bluffer Issa, le bogoss local qui perce dans le hip hop. Attraction réciproque mais la jeune femme veut aller moins vite que le garçon, un peu trop habitué à avoir tout tout de suite. Et cette différence de comportement va se retrouver dans la manière dont chacun va suivre son bonhomme de chemin quotidien et artistique. Issa va se laisser détourner de l'atelier dirigé par Yazid – animateur issu du quartier, connaisseur passionné et lucide qui essaie de faire en sorte que ses « poulains » gardent les pieds sur terre – pour les mirages du succès rapide, embobiné par un manager beau parleur. Coralie de son côté persévère sur la voie qu'elle s'est choisie, rigoureuse, modeste, consciente. Brooklyn ce n'est pas l'Amérique… Le réalisateur Pascal Tessaud, fils d'ouvrier et familier de la périphérie parisienne, est un enfant de Saint-Denis où il a été animateur culturel pendant trois ans avant de réaliser ce Brooklyn. Il connaît parfaitement son terrain, tout son film respire l'authenticité et la justesse et s'avère un bel hommage à cette ville parfois difficile mais forte d'une richesse culturelle, d'une tradition populaire, d'une solidarité active chez ses habitants. Radiographie vivante et chaleureuse de la création hip hop au quotidien, Brooklyn en montre la créativité – le film délivrant une belle série de performances d'artistes inconnus du grand public – mais aussi ses paradoxes, son attirance pour la culture américaine qui n'empêche pas un fort ancrage dans la réalité hexagonale, la tentation de la culture bling bling et de l'argent facile qui contraste avec l'esprit de la rue et les textes réalistes sur le ghetto. Comme annoncé d'emblée, Brooklyn doit beaucoup à la performance lumineuse de la jeune KT Gorique, qui apporte toute sa fraîcheur et son talent de rappeuse (elle fut malgré son jeune âge championne de free style à New York, première femme à avoir conquis ce titre) et qui se révèle en outre excellente comédienne, subtile et intense, traduisant bien les sentiments contrastés d'une jeune femme indépendante, qui vit tour à tour la galère, les espoirs, l'amour, la trahison et l'amitié. TOULOUSE Film documentaire de Cyril DION et Mélanie LAURENT France 2015 2h Qui n'a pas eu envie de changer le monde ? Au moins de le rendre meilleur ? Qui n'a pas rêvé d'un monde où chacun mangerait à sa faim, et sainement, aurait un toit, de qualité, pourrait circuler librement, où l'argent ne serait plus le roi, mais juste un moyen, où l'air ne serait plus pollué jusqu'à l'asphyxie, où les océans ne seraient plus pillés par la pêche industrielle ni envahis par le pétrole ou le plastique, où les champs, les arbres, les animaux ne seraient plus empoisonnés par les pesticides, infectés par la radioactivité invisible, inodore ? Un monde où l'intérêt commun serait compris de toutes et tous : la nécessité de nous inventer une nouvelle et belle vie, maintenant, pendant qu'il est encore temps, pour que demain ne soit pas le résultat inéluctable de nos errements… Loin de l'écologie triste et punitive, loin du discours sur le développement durable cher au greenwashing, vous allez voir un film formidable, vivant, enthousiasmant sur notre extraordinaire capacité à rebondir face à l'adversité, notre extraordinaire capacité à imaginer, notre extraordinaire capacité à faire. Mélanie Laurent et Cyril Dion sont allés rencontrer des gens passionnants à travers le monde, qui œuvrent au quotidien à ce changement indispensable : Inde, États-unis, Canada, Danemark, Allemagne, Islande, Scandinavie, Finlande, Grèce, France… Le film est composé de cinq chapitres : agriculture, énergie, économie, démocratie et éducation. Construction intelligente et pédagogique, dans le meilleur du sens du terme, qui nous montre bien que tout est lié, qu'il s'agit bien d'un problème politique, là aussi dans le sens noble du terme. Et il présente des actions, des alternatives concrètes qui sont mises en œuvre, avec succès, dans tous ces domaines. Mélanie Laurent : « Mises bout à bout, les initiatives comme la permaculture, les monnaies locales, les énergies renouvelables, dessinent un monde possible. Ce qui peut paraître démotivant, c’est qu’il ne s’agit que d’initiatives isolées, mais en même temps elles ne demandent qu’à être réunies ! Il y a déjà un monde qui tient la route, qui existe, où tout est possible. Des solutions sont déjà disponibles, dans tous les domaines, c’est forcément inspirant ! » Tout s'enchaîne judicieusement et vient renforcer la certitude qu'il faut d'urgence opérer une rupture symbolique, mais aussi pratique avec notre système actuel fondé sur le pétrole et les autres énergies fossiles, sur le nucléaire, sur le productivisme, sur le consumérisme, sur la financiarisation de l'économie, sur l'éducation normative et compétitive… Pas de doute, Cyril Dion, co-fondateur avec Pierre Rabhi du mouvement Colibris, et Mélanie Laurent, actrice et réalisatrice, tous deux activistes pour un monde meilleur, ont réussi leur coup : sur les thématiques qu'il aborde, Demain est un film-somme, essentiel, un outil d'information et d'action qui est aussi un spectacle passionnant et exaltant. TOULOUSE LE CHANT D’UNE ÎLE (RABO DE PEIXE) Film documentaire de Joaquim PINTO et Nuno LEONEL Portugal 2004-2015 1h43 VOSTF C'est beau Le Chant d'une île… N'empêche ! On avait un petit faible pour le titre original : Rabo de Peixe… De quoi se gratter la tête quand on ne parle pas portugais et imaginer plein de traductions exotiques avant de découvrir que c'est tout simplement le nom du petit village où tout se déroule. « Rabo de Peixe » veut dire littéralement « Queue de poisson » ! Ne riez pas ! Entre Longcochon et Bouc Étourdi, certaines communes françaises ne sont pas mieux servies ! Et puis cette queue de poisson colle parfaitement à la peau de cette bourgade de pêche et à celle de ses habitants. On en vient même à se dire ironiquement que ce nom était prédestiné et pourrait même qualifier les politiques européennes et internationales en matière de pêche et d'écologie : des stratégies insaisissables, qui font des pieds de nez aux humbles travailleurs, virent de bord quand ces derniers pensent enfin tenir le bon bout et finissent invariablement par leur glisser entre les doigts ! Mais là, on extrapole un peu… Ce très beau film est d'abord le fruit d'une rencontre insolite, au creux des Açores, entre des insulaires imprégnés de traditions séculaires et une équipe de tournage venue d'un monde reformaté par des technologies modernes. Ici à Rabo de Peixe, nul besoin de réseaux sociaux pour se sentir exister, ni de grandes phrases pour ressentir pleinement ce qu'est la solidarité. Traditionnellement on partage ce qu'on a, on affronte en- semble les tempêtes, et on reste soudés dans la fête autant qu'on le sera pour faire face aux caprices de la nature. On peut le dire, même si ce n'est jamais évoqué explicitement : quand les deux réalisateurs débarquent là, c'est d'abord pour des raisons personnelles. Porteurs du VIH, ils viennent dans ce coin reculé à la recherche d'un havre de tranquillité, pour se requinquer. Ce lieu de retraite va devenir pour eux un fascinant sujet d'observation et donner lieu à un premier reportage pour la télé sur les techniques de pêche artisanales en voie de disparition. Obligés de passer sous les fourches caudines du petit écran, ce premier travail achevé les laisse sur leur faim et traîne dans son sillage un sentiment de frustration. Dix ans passent… et les voilà qui re- prennent l'ouvrage pour l'amener, en toute liberté cette fois, à un aboutissement plus authentique. Le ton est tout autre, sans clichés, et jamais il ne sombre dans le mythe de l'objectivité pour nous asséner un point de vue. Joaquim Pinto et Nuno Leonel ne se contentent pas de survoler un sujet, ils plongent dans la réalité d'une humanité qui se bat pour sa survie. En fait, toutes ces années, ils n'ont jamais vraiment réussi à se détacher de Rabo de Peixe et se sont enracinés ici, comme ensorcelés par ces îles et les chants silencieux de leurs sirènes invisibles. Et c'est à notre tour d'être fascinés par le courage, la soif de liberté de ces marins : de grands mots faciles à dire mais qu'ils mettent en œuvre au quotidien pour affronter l'indifférence d'un océan indomptable. Façonnés dans leur lutte quotidienne, les voilà qui se tiennent fiers et robustes, forgés dans une matière aussi dure que les paysages volcaniques qui les entourent. Ils attirent le respect, l'empathie et on comprend comment de simples sujets ils sont devenus de véritables compagnons de route pour les réalisateurs. Cette proximité se ressent dans chaque plan, authentique, vivifiante comme ces amitiés maritimes. Elle nous questionne sur les routes qu'empruntent nos civilisations, nous ramènent à l'essentiel : la beauté d'un paysage, la valeur de la vie, la lutte indispensable pour la préservation de notre planète. Ces simples pêcheurs sont de vrais résistants, qui s'opposent à la pêche industrielle qui les appauvrit à force de draguer et de détruire aveuglément les fonds marins. Rabo de Peixe, c'est mieux qu'un film, c'est une leçon d'humanité. Et de beauté. TOULOUSE MARYLAND Alice WINOCOUR France 2015 1h40 avec Matthias Schoenaerts, Diane Kruger, Paul Hamy, Zaïd ErrouguiDemonsant, Percy Kemp… Scénario d'Alice Winocour et Jean-Stéphane Bron Musique de Gesaffelstein Tiens, un film d'action à Utopia… C'est rare ! Pas de danger que nous ayons changé notre bazooka d'épaule, mais il se trouve simplement que ce Maryland présente un intérêt particulier. Romanesque, il assume les ficelles du genre et en joue de manière inhabituelle. On peut tout aussi bien le voir au premier degré comme un très bon suspense ou y entrer à des niveaux plus subtils, distanciés, presque moqueurs. Peut-être estce le fait qu'une femme soit derrière la caméra. De façon très culottée, la réalisatrice d'Augustine (son premier film) se confronte à un domaine généralement réservé aux hommes (quelques exceptions, dont Kathryn Bigelow en Amérique ou Claire Denis chez nous) et lui imprime sa marque. Alors qu'elle met en exergue chez son actrice principale (Diane Kruger) son côté femme objet, « femme trophée », sa caméra caresse son acteur presque amoureusement (le corps filmé a du répondant : c'est celui du Matthias Schoenaerts de Bullhead, De rouille et d'os, Loin de la foule déchaînée…). Alice Winocour fait de son héros un objet de désir animal tout en nous immergeant dans son monde déglingué. Le monde de Vincent… c'est celui de la guerre. L'action, les camaraderies viriles, l'adrénaline qui monte au combat. Il en est devenu tellement accro que le retour à une vie normale lui semble plus qu'insipide : inaccessible. Musclé, surentraîné, efficace, en état d'alerte permanent… Il est à lui tout seul l'incarnation du plan vigipirate appliqué par Rambo. Plus vite dit : il est complètement barré ! Même s'il a conservé son intégrité physique, il est à l'intérieur tout autant estropié que ses camarades qui ont sauté sur une mine. Dans sa tête, ça fourmille comme dans un jeu vidéo frénétique. Tendu tel un jaguar en chasse, toujours prêt à bondir, il guette le moindre son, le moindre geste, la moindre présence comme si c'était celle d'un ennemi potentiel : réflexes vitaux sur un champ de bataille mais inutiles, voire handicapants, dans la vie civile. D'autant que les cachetons qu'il s'est habitué à prendre massivement pour tenir le coup altèrent son jugement. La réalité se distord, lui demandant des efforts considérables pour faire la part des choses et ne pas déraper. Il a beau essayer de tricher auprès des médecins militaires, ceux-ci refusent de le renvoyer en mission, sa seule manière de vivre… Là où l'armée fait preuve d'un minimum de bon sens, le monde du travail se montre beaucoup moins circonspect : le voilà donc qui reprend du service dans une société de surveillance. Sa carrure massive, sa gueule impénétrable, son regard presque fou en font naturellement un vigile crédible dont émane une autorité immédiatement dissuasive. Et c'est ainsi qu'il se retrouve parmi la bande de gros bras embauchée pour surveiller, lors d'une sauterie friquée, une incroyable propriété : Maryland. Vincent est une véritable bombe à retardement paranoïaque qui traine au milieu de l'équipe. La soirée bat son plein, les voitures sombres défilent, déposant des personnages importants, les femmes les plus sexy. Au milieu de tout ça, nos hommes en noir louvoient, parés d'oreillettes, costard/flingue, l'œil happé par une profusion d'écrans de vidéo surveillance… Mais l'œil de Vincent est surtout happé par le décolleté audacieux de la maîtresse de maison. Entre eux s'installe peu à peu un jeu de regards de plus en plus troublants, tandis que Vincent commence à mettre le nez là où il ne devrait pas… Les allusions indirectes à des affaires, à des conflits internationaux, laissent libre cours à toutes les interprétations. Maryland pourrait se situer n'importe où sur la planète. C'est le symbole d'une caste aussi privilégiée que peu vertueuse, pour laquelle l'humain n'a de valeur que lorsqu'il lui rapporte et qui n'a aucun scrupule à s'en servir comme de la chair à canon : ce que fut et reste Vincent… Boucle infernale dont il bien a du mal à s'extirper… TOULOUSE Jeudi 15 octobre à 20h30 à Toulouse, séance unique suivi d'une rencontre avec le réalisateur Léo Ponge, Phillippe Coudray, animée par Cinébouleg et avec la participation d'Hortense ! (Prévente à partir du 3 octobre) Au cœur de la forêt de Sasquatch Léo PONGE documentaire France 2013 1h avec Philippe Coudray, Robert Kennedy, Debbie Kennedy, Léon Brenig… Scénario de Léo Ponge, avec la collaboration de Florent Barrère. Dans ce village global ultra-connecté qu'est devenue notre planète, il reste encore des lieux sauvages et la croyance populaire dit qu'ils sont habités par des créatures mythiques. Parmi elles, le Bigfoot, également appelé Sasquatch, un grand bipède velu qui arpenterait les forêts profondes d'Amérique du Nord, tandis que son cousin le Yéti se cacherait dans les contreforts de l'Himalaya. Mystère de la nature ou big bullshit ? Pour tenter de répondre à cette épineuse question, Léo Ponge a suivi avec sa caméra une expédition sur les traces du géant poilu, dans l'Ouest du Canada. Il en a tiré un documentaire épatant, Au cœur de la forêt du Sasquatch. Le Sasquatch, Robert Kennedy l'a vu. Son épouse aussi, à une autre reprise. Depuis ces rencontres du troisième type, Robert traque la bestiole, questionne les chasseurs et les pêcheurs, compile les récits d'autres témoins visuels. Bref, il est devenu spécialiste. Mais il a besoin d'une caution scientifique pour prouver au monde l'existence du Bigfoot. Le voici en contact avec Léon Brenig, physicien francophone qui est prêt à relever le défi. Le chercheur débarque donc en terre canadienne avec son compère Philippe Coudray, artiste multiforme et cryptozoologiste… Robert a identifié une zone d'habitat possible, il transmet son savoir, imite le cri du Sasquatch (rien à voir avec celui de la chouette), révèle comment communiquer avec lui en tapant sur des troncs d'arbres. Les deux Européens écoutent gravement et se mettent en marche. « Faut aller là où ça monte », dit l'un. « Ça monte partout », répond l'autre… Incroyable ! Il semblerait que des cinéastes fassent encore des films ici, en région ! Quand en plus ils veulent repenser la façon de les montrer ça donne : Ciné Bouleg ! (de l'occitan : Bolegar : secouer) Tous les deux mois, Ciné Bouleg ! bouscule les pratiques de spectateurs lors d'une soirée atypique où l'on voit des films d'ici qu'on ne voit pas ailleurs ! Pour cette troisième soirée, et comme pour toutes les soirées Ciné Bouleg, le film sera accompagné de surprises imaginées et peut-être même imaginaires ! A la suite du film nous vous embarquerons au cœur de la forêt pour continuer ensemble l'aventure avec le réalisateur et avec Philippe Coudray, tout droit revenu de sa dernière expédition canadienne ! TÊTE BAISSÉE Kamen KALEV Bulgarie/France 2015 1h45 VOSTF avec Melvil Poupaud, Seher Nebieva, Lidia Koleva, Sunai Siuleiman, Aylin Yay… Scénario de Kamen Kalev et Emmanuel Courcol Depuis la chute du Mur et la faillite des régimes socialistes plus ou moins totalitaires, quelques cinéastes nous racontent avec brio et lucidité les mutations et souvent le chaos qui s'est installé en lieu et place de l'économie planifiée et du contrôle social à la soviétique. Montée des nationalismes et des ressentiments xénophobes, consumérisme effréné, inégalités sociales flagrantes, corruption, régimes mafieux et économie souterraine sont le lot de l'Europe orientale et le revers de la médaille des prétendues démocraties libérales. Le cinéaste bulgare Kamen Kalev (découvert avec l'excellent Eastern plays, disponible en Vidéo en Poche) est un de ces brillants témoins en images. Dans Tête baissée, il mêle thriller, histoire d'amour atypique et plongée sociale dans la communauté tzigane. Son personnage principal, Samy, est un petit voyou français qui, par quelque circonstance qu'on ne connaitra pas, s'est fait une spécialité du transport de fausse monnaie entre Sofia et Marseille pour le compte de la mafia bulgare. Une activité à haut risque qui le conduit fatalement un jour, à la descente de l'avion, au contrôle douanier de trop. Les flics français, bien plus intéressés par les trafics humains endémiques liés à la prostitution qu'à ses quelques liasses de faux biftons, lui mettent un marché en main : la prison ou sa collaboration pour démanteler les filières qui amènent jusqu'aux trottoirs de Marseille les prostituées bulgares, la plupart du temps tziganes et mineures. Il opte évidemment pour le deuxième choix… Après avoir enlevé la jeune Elka du bouge où elle se vendait, la vie de Samy va basculer quand il va trainer l'adolescente pour découvrir l'envers cruel du trafic qui se joue dans les taudis Rroms des périphéries des villes bulgares. Il va devoir fuir à la fois la mafia qui avait acheté Elka et ses complices de trafic de fausse monnaie qui veulent coûte que coûte qu'il continue à faire le passeur pour eux. Le film se construit donc sur un rythme de thriller, au gré de la cavale de Samy et Elka, tout en décrivant la naissance d'une drôle d'histoire d'amour sans issue. Car Elka, lolita désemparée, grandie trop vite, commence par détester Samy avant de s'attacher à lui, parce qu'il est plutôt gentil avec elle, et surtout parce qu'elle sent bien au fond d'ellemême qu'elle a besoin coûte que coûte de sa protection… Et face à elle, Samy essaie de se concentrer sur sa calamiteuse mission, et ne sait pas trop comment prendre ces tentatives de séduction, rejetant d'abord cette fille trop aguicheuse, puis s'attachant à son tour à la gamine plombée par un destin cruel. En arrière-plan de cette cavale, Kamen Kalev décrit un monde où rien n'est ni tout blanc ni tout noir, où certaines mères n'ont apparemment d'autre choix que de vendre leurs filles pour mille euros à des réseaux de prostitution, des filles qui se persuadent qu'elles s'ouvrent ainsi une porte vers un avenir meilleur dans les pays occidentaux. Avec des personnages secondaires fascinants comme cette maquerelle à la fois protectrice et séductrice qui bat en brèche tout manichéisme… TOULOUSE l tiona a n r e t l in e festiva 0 2 UE, L’O R G E E L US FA B U E N I H MAC CALE MUSI ctobre 7-18 o 2015 E ORGU EN LE FA M IL SAM. 10 OCT. > 11H00 église du Gesu L’ORGUE DES ANGES Concert de glassharmonica E ORGU EN LE FA M IL DIM. 11 OCT. > 14H00 & 15H30 église du Gesu ANATOMIE D’UN ORGUE À la découverte de la fabuleuse machine musicale Nombre de places limité LUN. 12 OCT. > 20H30 espace Cobalt RÉCITAL DE CAMERON CARPENTER JEU. 15 OCT. > 20H30 basilique Saint-Sernin CINÉ-CONCERT : LA PRINCESSE AUX HUÎTRES D’E. LUBITSCH Emmanuel Le Divellec, orgue TI O N CRÉA 20 15 VEN. 16 OCT. > 20H30 église Notre-Dame la Dalbade CARTE BLANCHE À BERNARD LUBAT Des grands récitals des concerts du Midi des concerts Ateliers de l’orgue des escapades en région une Nuit de l’Orgue et bien d’autres manifestations... www.toulouse-les-orgues.org +33 (0)5 61 33 76 87 SAM. 17 OCT. > 11H église du Gesu CONCERT DE PIANO-PÉDALIER E ORGU EN LE FA M IL SAM. 17 OCT. > 15H TI O N CRÉA 20 15 église du Gesu CINÉ-CONCERT : CARTOONS & ORGUE Emmanuel Le Divellec, orgue SAM. 17 OCT. > 20H30 TI O N CRÉA 20 15 auditorium Saint-Pierre des Cuisines CHANTONS LA VIE MODERNE ! La clique des Lunaisiens / In Nomine Arnaud Marzorati, direction / Yves Rechsteiner, harmonium Youth (LA GIOVINEZZA) Écrit et réalisé par Paolo SORRENTINO Italie/GB 2015 1h58 VOSTF (anglais) avec l'irrésistible duo Michael Caine – Harvey Keitel et Rachel Weisz, Paul Dano, Jane Fonda… Au cœur des Alpes suisses, dans un grand hôtel réservé aux plus fortunés, où tout ne devrait être que luxe, calme et volupté, nous allons en fait côtoyer une belle bande d'agités : un jeune acteur en plein questionnement sur son prochain rôle, un couple qui semble ne jamais échanger le moindre mot, un ancien footballeur argentin en surpoids (eh oui, c'est lui), Miss Univers en personne, un guide de montagne probablement plus habitué au charme spartiate d'un refuge, une masseuse de l'hôtel qui se rêve danseuse, une jeune prostituée désabusée… Mais nous fréquenterons surtout, pour notre plus grand plaisir, un vieux réalisateur venu travailler à ce qui devrait être son film-testament – Harvey Keitel – et son meilleur ami, un chef d'orchestre à la retraite – Michael Caine. Ce dernier se verra proposer par un émissaire de la reine d'Angleterre de reprendre la baguette pour diriger un morceau particulier à la fête d'anniversaire du prince Philip. Il opposera un refus ferme et définitif à cette demande… Mais n'est-ce pas de toute façon le privilège de l'âge de pouvoir se détacher de certaines obligations et se permettre d'envoyer paître la reine d'Angleterre ? Cela dit, même à 80 ans, les choses ne sont pas si simples, surtout quand on a une grande fille qui est aussi son agent personnel et qui a des idées bien arrêtées sur ce qu'est la carrière d'un grand maître de la musique… La présence de ces personnages dans ce lieu de rencontre naturel qu'est l'hôtel va permettre de multiples échanges qui seront source de réflexion et même d'évolution pour certains. La vie, la mort, la création, la beauté, le sens des choix que l'on fait, le temps qui passe, l'amitié, la paternité, l'amour, la fidélité, ce qui nous obsède, ce dont on se souvient, ce que l'on préfère oublier… autant de thèmes évoqués ou sous-entendus lors de ces discussions plus profondes qu'elles n'en ont l'air sur le moment. Cela n'empêche d'ailleurs pas nos octogénaires d'aborder des questions plus terre à terre, comme de s'enquérir chaque jour du nombre de gouttes qu'ils auront réussi à pisser ! Et l'on peut faire confiance à Paolo Sorrentino pour déployer tout au long du film une finesse, une subtilité, une tendresse, une drôlerie qui font tout son prix. Ce nouveau film de l'Italien Sorrentino est tourné en anglais et l'immense Michael Caine prend en quelque sorte le relais de Toni Servillo, l'acteur fétiche du réalisateur, dans le rôle de l'homme d'âge mûr impassible, au regard affûté, qui occupe son temps à scruter les habitudes et les manies de ses semblables. Les autres acteurs sont tout autant à leur place dans l'univers de Sorrentino, Paul Dano, parfait, ou Harvey Keitel dont vous n'oublierez pas le face à face avec Jane Fonda. Plus encore que dans ses précédents films, La Grande Bellezza ou Il Divo, l'humour est ici très présent : il s'exprime essentiellement à travers des dialogues savoureux, mais aussi au détour de quelques épatantes trouvailles visuelles. Bref, un qualificatif résume bien la forte impression que nous fait ce film : brillant ! TOURNEFEUILLE SCULPTURE SUR BOIS COURS & STAGES ABC Sculpture 12 bis rue du Docteur Roux 31300 Toulouse • 06 75 64 70 14 www.abcsculpture.fr Mettez votre PUB Dans la Gazette [email protected] 06 70 71 53 55 AMOURS, LARCINS ET AUTRES COMPLICATIONS Muayad ALAYAN Palestine 2015 1h34 VOSTF Noir & Blanc avec Sami Metwasi, Maya Abu Alhayyat, Ramzi Maqdisi, Riyad Sliman… Scénario de Muayad et Rami Alayan C'est une comédie policière enlevée et trépidante, avec en tête d'affiche imparable un personnage de loser que vous allez adorer, parce qu'il est l'incarnation vivante de la loi non moins imparable des emmerdements maximum ! Et ce petit polar hilarant représente en plus une grande première puisqu'il se déroule dans les territoires palestiniens, où la sus-dite loi des emmerdements maximum et autres complications s'applique mieux encore sans doute que dans la plupart des autres coins du monde. Il faut dire d'emblée que les emmerdes, Mousa, notre héros, les cherche avec plus de constance que Lancelot le Saint Graal. Il pourrait gentiment suivre les traces de son pauvre père qui se tue à la tâche sur des chantiers en Israël, après avoir obtenu au prix de moult démarches le sacro-saint laissez-passer. Ben non : à peine a-t-il commencé à touiller le béton sous un soleil de plomb qu'il se décourage et abandonne le bleu de travail et son paternel désespéré sur l'échafaudage pour aller traîner dans les beaux quartiers à la recherche d'une bagnole à tirer… Le jeune homme est un voleur, soit. Il pourrait au moins courtiser une honnête jeune fille… Mais non : il préfère forniquer avec une riche épouse à qui, on le comprend vite, il a fait jadis une enfant, qu'il a été contraint d'abandonner. La vie de Mousa est donc déjà très très compliquée, mais elle va le devenir encore plus quand il va s'avérer que, dans le coffre de la voiture qu'il a volée (celle dont il était question trois lignes plus haut, il faut suivre !), se trouve un soldat israélien qui a de toute évidence été enlevé ! Voilà-t-y pas que notre Mousa, qui au final n'aspire qu'à extorquer suffisamment de sous pour partir de Palestine grâce à un entraîneur de foot à corrompre, se retrouve dans une situation impossible, avec sur le dos : 1/ des fedayin très remontés d'avoir perdu leur otage 2/ un flic israélien sadique et sous cocaïne qui le soupçonne intuitivement d'être pour quelque chose dans l'enlèvement 3/ un soldat/otage un peu benêt à qui notre loser ne veut pas de mal mais dont il ne sait que faire 4/ éventuellement un mari jaloux qui pourrait découvrir le pot aux roses à tout moment Ce premier et réjouissant film de Muayad Alayan fonctionne excellemment, sur le double registre du burlesque et du polar tendu. On pourrait le croire totalement apolitique, tant son personnage principal, héros lunaire et taciturne tout occupé à se dépatouiller de son petit destin personnel et bordélique, semble se foutre royalement du Grand Destin de son pays et des tractations autour de l'échange de prisonniers dont il est un des acteurs largement involontaire. Pourtant, au fil des mésaventures de Mousa, Muayad Ayalan montre bien quelques unes des caractéristiques qui font l'infernal quotidien des territoires palestiniens : la nécessité de survie qui oblige à faire allégeance à l'occupant comme le fait le père, la corruption généralisée incarnée par le riche mari de l'aimée de Mousa et par la figure rocambolesque de l'entraineur de foot, la pression permanente qu'exercent les autorités israéliennes, qu'on ressent bien à travers la paranoia et le zèle quasi-maladif du flic israëlien (l'œil rivé sur les images de drones qui surveillent tous ls faits et gestes de Mousa – qui connait d'ailleurs parfaitement leur existence)… Mais malgré tout ça, croyez le ou non, l'amour triomphera… TOULOUSE abonnez- vous «Fall Fell Fallen» dans le cadre de L’Européenne de Cirques Sam 17.10 ● 20h30 Dim 18.10 ● 17h00 © Philippe Laurençon CIE LONELY CIRCUS - En partenariat avec La Grainerie FESTIVAL JAZZ SUR SON 31 - Conseil départemental de la Haute-Garonne Mer 21.10 ● 20h30 © Sylvain Gripoix Kyle Eastwood Sam 24.10 ● 20h30 © Jamie Jung DIRECTION JOSEPH SWENSEN / VIOLON, ITAMAR ZORMAN «Gala des Etoiles» Ballet filmé de La Scala de Milan Ven 30.10 ● 20h00 © Rai.com ALL OPERA «Bonjour ma chérie» / «Octave» / «duo 1» CIE EMMANUEL GRIVET / CIE MMCC / CIE SOPHIE CARLIN Dim 01.11 ● 16h00 © Guillaume Fraysse Trois formes chorégraphiques pour jeune public «Concert du Marché» Dim 08.11 ● 11h00 • Billetterie en ligne • Contact www.mairie-tournefeuille.fr / rubrique Billetterie spectacles [email protected] TournefeuilleCulture © Joseph Lazaro ECOLE D’ENSEIGNEMENTS ARTISTIQUES TOURNEFEUILLE Licences d’entrepreneur de spectacles n°1-1081748 / 2-1081749 / 3-1081763 Orchestre National du Capitole de Toulouse FOU D’AMOUR Écrit et réalisé par Philippe RAMOS France 2015 1h45 avec Melvil Poupaud, Dominique Blanc, Diane Rouxel, Lise Lametrie, Jacques Bonnafé, Jean-François Stévenin… RED ROSE Sepideh FARSI Iran 2014 1h27 VOSTF avec Mina Kavani, Vassilis Koukalani, Shabnam Tolouei, Babak Farahani, Javad Djavahery… Scénario de Javad Djavahery et Sepideh Farsi C'est une histoire d'amour sur fond de révolte et de manifs : Téhéran en juin 2009, au lendemain d'une élection présidentielle très contestée, un an avant les printemps arabes, la ville s'agite. Une bande de manifestants déboule dans l'appartement d'Ali pour se mettre un moment à l'abri. Les manifs, il connait… mais les siennes étaient pour le renversement du Shah dans les années 80 et ces jeunots viennent bousculer une vie qu'il voudrait en retrait. Sara a des yeux étranges. S'il est sur la réserve, elle est bigrement délurée et va prendre l'initiative d'une relation passionnelle, exacerbée par un contexte non moins passionnel. A la première accalmie, la bande retourne dans la rue, mais Sarah revient sur ses pas… Si on garde à l'esprit que le régime iranien actuel n'est pas indulgent du tout du tout pour les contestataires, n'apprécie pas la représentation de femmes non voilées et interdit toute relation physique à l'écran… on se dit en voyant le film que réalisatrice, acteurs, et tous ceux qui sont au générique ne sont peut-être pas près de refaire du cinéma en Iran. Le film est passionnant à plus d'un titre : tourné pour les intérieurs dans un appartement d'Athènes (produit en partie par un Grec), toutes les séquences des manifs qu'on voit ont été tournées in vivo sur des téléphones portables, par des anonymes, seul moyen (risqué pour celui qui filme !) de pouvoir témoigner de ce qui se passe sur le terrain. Une façon de rendre hommage à tous ceux qui ont risqué leur vie pour filmer ce soulèvement post-électoral particulièrement énorme, ainsi que la répression qui lui a répondu. Le huis-clos de cette histoire d'amour nourrie autant que perturbée par la différence de génération des deux amants, qui sont loin d'être neutres par rapport à ce que vit leur pays, ne cesse donc d'être lié aux événements extérieurs par ces images exceptionnelles. TOURNEFEUILLE Le 22 Décembre 1959, un homme est emmené à la guillotine et exécuté sur le champ. C’est sa tête tranchée qui va nous raconter le pourquoi et le comment de cette fin tragique. Mais que les âmes sensibles se rassurent, il n’y a absolument rien de gore ici. Juste un procédé qui va permettre que se mette en place une narration à la première personne dans une langue élégante sans être pédante, rappelant par moments celle des meilleurs auteurs de romans libertins du xviiie siècle. Nous priant de convenir avec lui qu’il y a quelque chose de fort désobligeant à se voir brutalement séparé d’une partie de soi-même, ce narrateur peu ordinaire va s’employer à nous convaincre, si ce n’est de son innocence, du moins de sa culpabilité minimale. Puni par l’évêché en raison, nous le devinons vite, de sérieuses négligences dans l’observance de son vœu de chasteté, le héros de cette histoire, un curé trentenaire, arrive dans sa nouvelle paroisse qui, loin d’être le désert souhaité par sa hiérarchie, se révèle très vite à ses yeux une « divine et charnelle cité terrestre ». En effet, au milieu de paysages bucoliques de toute beauté, ce séducteur comprend immédiatement, grâce à la position stratégique que lui confère son rôle de confesseur, que le quotidien de ses paroissiennes est triste à mourir et qu’il n’aura aucun mal à cueillir les fruits délicieux que le Seigneur, dans son infinie bonté, a déposés sur son chemin… Des images somptueuses. Des acteurs parfaitement justes avec, en plus des trois déjà cités, Melvil Poupaud entièrement convaincant dans ce personnage de curé hédoniste et égoïste et Diane Rouxel lumineuse en aveugle à la beauté simple qui aimante tous les regards. Un texte enfin dont les qualités littéraires justifient la conduite du récit par une voix off. Si l’on ajoute un humour constamment présent, voici de nombreuses raisons de ne pas manquer ce film, dont le seul véritable défaut est le titre. TOULOUSE LA DANTE ALIGHIERI Cours d’italien Inscriptions du 1 au 25 septembre du er mardi au vendredi de 15h30 à 18h30 ou sur site. Journées portes ouvertes les samedis 5, 12 et 19 septembre de 10h à 12h et de 14h à 18h. Tarif réduit couples, étudiants, sans emploi. 9 Place du Capitole (Toulouse) 05 61 21 12 15 • 06 22 40 29 12 http://ladante31.free.fr Aikido Franck Noël 7e Dan Aikikai au Dojo de la Roseraie 4, chemin Nicol - 31200 Toulouse Tél : 05 61 26 10 31 metro Argoulets www.aikido-noel.com Cours tous niveaux, du débutant complet au plus avancé Tous les jours midi et soir. Tarifs réduit ado., étudiant et chômeur. Mettez votre PUB Dans la Gazette [email protected] 06 70 71 53 55 ALPHABET Film documentaire d'Erwin WAGENHOFER Allemagne/Autriche 2014 1h48 VOSTF Après avoir mis en évidence l’absurdité et la fin programmée du système alimentaire insustriel (We feed the world), puis celles du système financier ultra-libéral (Let’s make money), Erwin Wagenhofer s’attaque à un autre mammouth, moins polémique sur le papier mais pas le moins important des trois : le système éducatif. Et une fois de plus, l'étude est argumentée, le constat sans concession. On le sait : le système éducatif dominant ne laisse que trop peu de place à la créativité, à l’imagination, à l’esprit critique… On le sait : la course aux bonnes notes, aux bons résultats, aux meilleurs classements est devenue plus qu’un simple objectif, une véritable obsession. On le sait : les élèves et étudiants sont stressés, fatigués, épuisés par des programmes trop lourds, angoissés par la peur de rater. On a beau le savoir, la démonstration en images et en mots, ceux de quelques éminents pédagogues, chercheurs, théoriciens de l’éducation aux quatre coins du monde, n'en est pas moins édifiante. Car la machine éducative, modèle hérité de la révolution industrielle, fonctionne trop souvent comme un rouleau compresseur. L’exemple le plus hallucinant est sans doute celui de la Chine qui, en faisant le grand bon dans la société de consommation, a fait de son système éducatif une gigantesque usine à concours. Et les « boîtes » censées préparer les élèves – souvent dès leurs plus jeune âge et au prix de moult sacrifices financiers des parents – aux diverses « Olympiades » sont devenues des multinationales puissantes cotées en bourse. L’Europe n’est pas en reste et forme de bons petits soldats qui viendront grandir les rangs d’une armée toute dévouée au Dieu business et ils sont tout aussi effrayants, ces jeunes étudiants bien habillés qui participent au concours du futur super big boss de demain. Le pire étant sans doute que personne ne s’interroge vraiment sur le sens de tout cela et que chacun (parents, enseignants, ministres de l’éducation) participe à sa manière, consciente ou non, à nourrir, à son échelle, un système qui dévore ses enfants, ne leur laissant plus le temps de s’ennuyer, de rêver, de jouer. Alors quoi, c’est fichu ? Il ne nous reste plus qu’à pleurer ? Il est déjà trop tard ? Au secours, nos enfants font tous finir lessivés du cervelet ? Heureusement, il a toujours existé des chemins de traverses, des écoles buissonnières, des alternatives à la pensée unique, au modèle dominant. C’est sans doute là qu’il faut aller chercher les clés pour penser l’école autrement, c'est là que le film d'Erwin Wagenhofer va filmer des expériences stimulantes. Peut-être devrait on s’inspirer de la pédagogie d’Arno Stern et de ses ateliers de peinture où il n’y a d’autre consigne que celle de se faire plaisir. Peut-être faudrait-il écouter cette étude qui raconte que libre arbitre et sens critique sont bien plus forts chez un enfant de 4 ans que chez un jeune adulte de 18. Ou simplement s’inspirer de notre cerveau qui fait fonctionner ses deux hémisphères en parfaite collaboration, sans que l’un cherche à écraser ou à avoir une meilleure notre que l’autre. Alors parents, enseignants, Ministres (re) voyons notre Alphabet, réfléchissons et agissons ! TOULOUSE Café Botanique Les rendez-vous mensuels des AJT dans le coin cheminée d’Utopia Vendredi 9 octobre à 20h30 Philosophe, naturaliste et poète… Soirée « Jean Henri Fabre », homme de science, écrivain passionné de nature. Nous donnerons un coup de projecteur sur ce fou d’insectes et de botanique et sur son œuvre hors du commun, en partageant ses textes. www.jardiniersdetournefeuille.org 06 32 32 07 00 NOUS VENONS EN AMIS ne peut pas voler de nuit et assure venir « en ami », expression qui rappelle autant un épisode de Star Trek que les paroles lénifiantes servies par les colonisateurs aux populations des contrées qu'ils s'apprêtaient à envahir… Film documentaire écrit et réalisé par Hubert SAUPER Autriche 2014 1h50 VOSTF Prix Spécial du Jury, Festival de Sundance 2014 • Prix de la Paix, Festival de Berlin 2014 Il faut bien avouer qu'on n'entrave souvent pas grand chose à la géopolitique africaine. Il faut bien avouer aussi que les médias dominants entretiennent soigneusement le flou, laissant entendre aux oreilles de l'Occidental inquiet et point trop curieux que ces peuples-là ne sont pas comme nous, que les guerres tribales sont inévitables, que les conflits ethniques existent depuis le début des temps, que les Africains, on le sait, sont querelleurs, autant que les Allemands sont travailleurs… Plus sérieusement et pour en venir au film qui nous intéresse ici, que savons-nous de la guerre du Darfour qui, il y a moins de dix ans, a fait au bas mot 300 000 morts et bien plus encore de déplacés ? Que savonsnous du Soudan, pourtant premier pays d'Afrique par sa superficie ? Les gesticulations de la star Georges Clooney nous ont « appris » que sévissaient làbas des super méchants, les Janjawids, des guerriers arabes agissant avec la complicité du super méchant président soudanais Omar El Béchir, évidemment musulman, alors que les malheureuses victimes faisaient partie des minorités chrétiennes ou animistes. La vérité est évidemment un chouïa plus compli- quée… Et d'abord, ce que vous ne saviez probablement pas plus que moi, c'est que le Soudan s'est divisé depuis, le Soudan du Sud chrétien ayant fait sécession en 2011 à l'issue d'un référendum… Et c'est bien de colonisation qu'il sera question dans ce film passionnant autant que secouant. Car derrière la partition du Soudan, c'est une guerre économique et coloniale qui se trame, opposant les deux super puissances que sont la Chine, soutien du Soudan Nord, et les Etats-Unis, à la manœuvre derrière les nouveaux dirigeants du Soudan Sud, dont le matamore président arbore fièrement un chapeau de cow-boy offert par George W. Bush luimême. Une sale guerre dont les victimes collatérales sont évidemment les populations, spoliées, déplacées, humiliées. Sauper va ainsi à la rencontre des ingénieurs pétroliers chinois, qui se soucient comme d'une guigne d'avoir empoisonné la rivière proche, seule source d'eau pour des milliers de paysans… Côté Sud, il découvre un vieil homme effondré qui, après avoir lutté vingt ans durant pour l'indépendance de son pays, s'est fait honteusement spolier par ces Américains qui prétendaient aider son peuple, en l'occurrence un Texan qui a soutiré à son village 600 000 hectares pour à peine 25 000 dollars… Nous ne sommes pas prêts d'oublier le visage en larmes de ces écolières habituées à vivre presque nues, seulement vêtues de leurs bijoux traditionnels, et obligées par des missionnaires américains à revêtir un uniforme ridicule… Car la colonisation va de pair avec la négation de l'identité de l'autre. Après avoir vu le film implacable de Hubert Sauper, on se prend à penser que les Africains auraient peut-être dû faire comme cette tribu insulaire des Sentinele, dans l'Océan indien, qui a toujours farouchement repoussé tout accostage de navigateurs venus de l'extérieur… TOULOUSE & TOURNEFEUILLE Hubert Sauper nous apporte quelques informations essentielles – et souvent sidérantes – avec Nous venons en amis. Hubert Sauper, vous ne l'avez pas oublié, c'est ce documentariste autrichien auteur du fameux Le Cauchemar de Darwin. Familier de l'Afrique Orientale, Sauper, l'homme de tous les défis, s'est fait fabriquer un avion miniature – entre ULM et caisse à savon volante – pour parcourir le Soudan inhospitalier à partir de 2011, en plein partage du pays. Se posant ainsi dans un village et accueilli par des hommes en armes qui semblent assez mal disposés à son égard, il prétexte avoir atterri en urgence parce qu'il MUCH LOVED Écrit et réalisé par Nabil AYOUCH Maroc 2015 1h45 VOSTF avec Loubna Abidar, Asmaa Lazrak, Halima Karaouane, Sara Elmhamdi Elaloui, Abdellah Didane… C'est un film audacieux qui balaie fièrement les obscurantismes, les préjugés faciles et surtout les grandes hypocrisies, les uns se nourrissant des autres. D'ailleurs ça n'a pas manqué : dans son pays d'origine, le Maroc, Much loved a fait l'effet d'une bombe. Censure préalable du film, qui ne sera probablement montré que clandestinement, attaques très violentes contre l'équipe allant jusqu'aux menaces explicites de mort contre le réalisateur et son actrice principale, la géniale Loubna Abidar… Alors même que ses contradicteurs ne l'ont généralement pas vu, le film déchaine les réactions de haine. Et pourtant c'est bien un formidable film d'amour. De quel crime parle-t-on ? Celui de montrer sans stigmatisation ni édulcoration le quotidien de quatre prostituées marocaines, dans un pays où cette activité est offi- ciellement interdite, mais pourtant omniprésente pour qui a fréquenté un jour les lieux de nuit des grandes villes marocaines, tout spécialement celles qui attirent touristes et hommes d’affaires en goguette. Ces hommes, qu’ils soient Marocains, Européens ou ressortissants des Emirats, ces pays utlra rigoristes qui exportent de nombreux millionnaires en pleine frustration sexuelle et accros aux relations tarifées. On va suivre, à Marrakech, Nora, Randa, Soukaina et plus tard Hlima. Les premières scènes sont pour le moins explicites. Les trois comparses se rendent, accompagnées de leur toujours serviable chauffeur Saïd, à une fête organisée par des Saoudiens. L'alcool pourtant interdit coule à flots. Rapidement les danses lascives s'enchaînent devant les émiratis enivrés… et la suite ne fait aucun doute. Les propos des filles entre elles sont crus et ont dû choquer autant les notables cannois (Much loved était sélectionné à La Quinzaine des Réalisateurs lors du dernier Festival) que nombre de Marocains, pourtant conscients de cette réalité : l'une demande à l'autre si elle sait faire un 8 avec ses fesses, puis rigole d'avoir « la chatte en sang » après une nuit avec un client inépuisable et plus tard fait sa toilette intime au Coca pour chasser les règles… Nabil Ayouch montre la crudité mais pas que ça. Refusant les clichés misérabilistes aussi bien qu'angéliques, il décrit avec tendresse le paradoxe de ces femmes qui donnent leurs corps pour nourrir une famille qui pourtant les méprise, en totale hypocrisie ; il montre aussi la formidable solidarité de ces sœurs de lupanar qui, malgré les engueulades mémorables, se soutiennent envers et contre tout et tous, font bloc dans les moments difficiles. Des femmes qui tentent d’aimer aussi, même si tout est réuni pour leur prouver que c’est impossible… Ce qui génère probablement l'agacement voire la haine de certains et certaines, c'est que Nabil Ayouch (un récidiviste qui avait déjà su gratter la société marocaine là ou ça fait mal dans Ali Zaoua et Les Chevaux de Dieu) fait de ces prostituées parfois grossières et tonitruantes des héroïnes formidables de générosité et de liberté, incarnées par des actrices non professionnelles non moins formidables qui insufflent à leur personnage une authenticité implacable. TOULOUSE & TOURNEFEUILLE PETITES CASSEROLES Tarif unique : 4 euros pour tous Programme de six films d'animation réunis par Les Films du Préau Suède / Irlande / France / Russie / Allemagne 2005-2014 41min POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 4 ANS Ces six petits films sur l'enfance et ses questionnements abordent avec humour, justesse et fantaisie les difficultés que l'on peut rencontrer pour dépasser ses peurs, se faire accepter par les autres malgré nos différences, faire plaisir à ceux qu'on aime, concrétiser ses rêves ou être tout simplement soi-même. Les Cadeaux d'Aston : Aston fait pleins de cadeaux à ses parents : il est l'as de l'empaquetage ! Le jour de son anniversaire, c'est à son tour de déballer ses cadeaux mais une pluie tenace l'empêche d'en profiter pleinement… Peur de voler : Dougal est un petit oiseau craintif qui ne sait pas voler. Il en cauchemarde ! Lorsqu'il tombe amoureux de Lucie, il rêve de la suivre sous le soleil du sud tropical. Va-t-il réussir et comment ? La Petite casserole d'Anatole : des casseroles on en traîne tous, mais Anatole en traîne une au sens propre et cela ne lui rend pas la vie facile tous les jours. Grâce à la rencontre d'une belle personne, il va apprendre à vivre au quotidien avec cette différence qui finit même par être appréciée de ses proches. La Promenade d'un distrait : Giovanni est un petit garçon distrait qui part faire une promenade mais il est tellement dans la lune qu'il oublie l'essentiel en route malgré les mises en garde de sa maman. On ne vous dira pas tout ce qu'il perd, mais en tout cas pas son sourire ! La Taupe au bord de la mer : dans la station balnéaire surpeuplée, la petie taupe ne se sent guère à son aise. Elle en rêvait pourtant, d'aller à la mer ! Mais pas avec tout ce monde entassé et énervé ! Une fois la nuit tombée et le calme retrouvé, la taupe décide d'aller se baigner… Les Agneaux : une famille de moutons tente d'apprendre au petit dernier à bêler correctement mais celui-ci s'entête à meugler comme une vache ! Rien à faire, il fait « meuh » ! Il va décider de cultiver sa différence, quoiqu'en disent ses parents… TOURNEFEUILLE PHANTOM BOY Film d'animation d'Alain GAGNOL et Jean-Loup FELICIOLI France 2015 1h24 avec les voix d'Edouard Baer, Audrey Tautou, Jean-Pierre Marielle, Jacky Berroyer… VISIBLE PAR TOUS ENFANTS À PARTIR DE 7/8 ANS Après le formidable Une vie de chat (2010) le duo Alain Gagnol / Jean-Loup Felicioli nous entraîne dans une intrigue policière et fantastique tout aussi réjouissante, en plein cœur d'un New York merveilleusement recréé. Avec un graphisme magnifique, le film nous entraîne dans les aventures d'un super-héros pas comme les autres, rendant un hommage élégant et plein d'humour aux comics américains qui ont enflammé bien des enfances plus ou moins prolongées… Léo, un garçon de douze ans atteint d’une grave maladie, possède un pouvoir pas banal : il peut sortir de son corps ! Comme un fantôme, invisible de tous, il passe à travers les murs et vole au dessus de Manhattan avec la légèreté d’un oiseau. Mais Léo ne doit pas se servir trop longtemps de cette extraordinaire faculté, au risque de ne pouvoir revenir dans son corps. Un jour, un mystérieux gangster défiguré, surnommé « l’homme au visage cassé », menace de parasiter New York avec un virus informatique de son invention. Cet homme imposant, toujours vêtu d’un chapeau et d’un imperméable, s’exprime avec grandiloquence et vouvoie tout le monde, y compris Rufus, le petit chien hargneux et très bruyant qui l’accompagne. La journaliste Mary est sur le scoop, avec son esprit vif et malicieux. Elle est secrètement amoureuse de l’intrépide inspecteur Alex. Lequel Alex se retrouve un peu par hasard sur la piste de l’homme au visage cassé. Mais l'inspecteur est blessé en tentant d’arrêter l’horrible malfaiteur, se retrouve immobilisé à l’hôpital, où il fait la rencontre de Léo, ce garçon singulier doté de son étrange super pouvoir. Léo, qui adore les histoires policières, ne va pas laisser passer sa chance : l’occasion trop belle d’aider ce drôle de policier avec une jambe dans le plâtre. Alors que l’homme au visage cassé plonge la ville dans l’obscurité totale, Alex décide de poursuivre son enquête depuis son lit d'hôpital, efficacement secondé par Mary et surtout par Phantom Boy (vous devinez qui se cache derrière ce pseudo qui fleure bon le super-héros)… Phantom Boy va réconcilier tous les fans d'aventures fantastiques déçus par les méga-productions qui envahissent les écrans, souvent simplettes et assommantes. Les auteurs reprennent à leur compte l’esthétique des comics des années 60, tout particulièrement l'univers de Stan Lee, le créateur de Spider Man. Ils ancrent leur récit dans un NewYork graphique et imaginaire qui va réjouir tous les cinéphiles : les gratte-ciel, les taxis jaunes, et même un superbe clin d'œil au Manhattan de Woody Allen quand Phantom Boy survole un couple assis sur un banc au pied du pont de Brooklyn… Les voix des protagonistes sont aussi pour beaucoup dans la réussite de Phantom Boy : Jean-Pierre Marielle est le super vilain au visage cassé, Edouard Baer est Alex, le policier casse cou à l'humour charmeur et Audrey Tautou est l’espiègle Mary. Intelligent, drôle, rythmé, Phantom Boy se montre aussi extrêmement sensible quand il s'agit d'exalter sans pathos le courage de ces petits super-héros du quotidien qui se battent contre la maladie. TOURNEFEUILLE Tarif unique : 4 euros SAMETKA, LA CHENILLE QUI DANSE Programme de deux films d'animation Russie et République tchèque 1965 et 1976 Durée totale : 40 mn EN VERSION FRANÇAISE POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 3 ANS Pour donner à vos enfants l'envie de venir découvrir ce petit programme animé, il suffit de leur dire que le second film, le plus long, celui dont l'héroïne est la chenille Sametka, est l'œuvre du réalisateur des fameuses, des sensationnelles aventures de la Petite Taupe, le tchèque Zdenek Miler. Il y a toutes les chances que ce rappel d'un de leurs personnages animés favoris fera piaffer d'impatience vos bambins qui n'auront qu'une envie : filer dare-dare à Utopia. Les deux films au programme : LES VACANCES DU LION BONIFACE Fiodor KHITRUK – Russie 1965 22 mn Boniface, lion de cirque qui se sent fatigué et qui a une folle envie de partir en vacances, décide de rendre visite à sa grand-mère en Afrique. Armé de son filet à papillons et de son maillot de bain rayé, il rêve de passer ses journées à flâner, à se baigner dans le lac, à prendre le soleil… Mais les enfants du village vont peut-être le faire changer d’avis ! SAMETKA, LA CHENILLE QUI DANSE Zdenek MILER – République tchèque 1976 28 mn Sametka est une chenille vraiment pas comme les autres : elle a l'oreille musicale, le sens du rythme, et elle danse à ravir ! Alors quand elle est recueillie par un garçon qui est non seulement très gentil mais en plus joue de l'harmonica, c'est le bonheur ! Les deux vont faire la paire. Ils donnent des spectacles et ils commencent à avoir du succès. Sametka découvre alors ce qu'est le quotidien, pas toujours facile, des vedettes de la scène… LES ANIMAUX FARFELUS Programme de six films d’animation 42 mn Pour les enfants à partir de 3 ans, Tarif unique : 4 euros LES FABLES DE MONSIEUR RENARD Programme de 6 courts-métrages d’animation 40 mn POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 3 ANS, Tarif unique : 4 euros Chaque histoire explore l’univers des bois ou des villes, avec comme fil conducteur six renards qui partent en quête de nourriture, d’amis et d’aventures. Six fables cocasses et rigolotes empruntes de délicatesse. Un régal poétique et sonore pour les tout-petits. L’oiseau et l’écureuil Lena von Döhren Suisse 5 mn C’est l’automne. Oiseau et écureuil s’occupent de leurs provisions. Mais un renard les guette… Chanson pour la pluie Yawen Zheng Chine 8 mn Alors qu’il pleut, un petit garçon rencontre un renard bien mystérieux, il l’aide à récolter de l’eau de pluie… Le renard et la mésange Evan Derushie Canada 7 mn Une mésange se fait prendre au piège par un renard. Mais avant qu’il ne la mange, elle lui propose un marché : l’aider à trouver à manger pour l’hiver plutôt que de lui servir de casse-croute. Brume, cailloux et métaphysique Lisa Matuszak France 5 mn Au cœur d’une forêt, un renard médite, assis près de l’eau. Sur la rive opposée, un canard s’amuse à faire des ricochets. Le renard et la musique Fatemeh Goudarzi Iran 10 mn Les bois et ses habitants carillonnent, tintent, résonnent. Un petit renard silencieux remonte jusqu’à la source de cette musique. Les amis de la forêt Sabrina Cotugno USA 4 mn En chassant dans les sous-bois, Beopup, un renard, tombe nez à nez avec des ombres inquiétantes. TOULOUSE Farfelus, drôles, colorés ou complètement azimuthés, les animaux de ce sympatoche programme d’animation ont tous en commun une particularité : ils ne veulent rien faire comme ceux de leur espèce, voire cherchent carrément à échapper à leur condition. Et ça nous donne un programme de très grande qualité où les histoires s'enchaînent avec poésie, fantaisie et humour tout en ayant chacune son style. 5 mètre 80 – Nicolas Deveaux – France 2012 5 mn Un troupeau de girafes se lance dans un enchaînement de plongeons acrobatiques de haut vol dans une piscine olympique déserte… Quoi ? Vous trouvez ça bizarre ? Le Lapin et le cerf – Peter Vacz – Hongrie 2013 16 mn L’amitié entre le lapin et le cerf est mise à rude épreuve à cause de la nouvelle obsession de l'animal à bois : il veut sortir de sa feuille de papier et devenir un corps en volume pour découvrir un nouveau monde… Et tout cela à cause de quoi ? D’un rubik’s cub ! À la française – M. Boyer, J. Hazebroucq, Ren-Hsien Hsu, E. Leuleu et W. Lorton – France 2012 7mn C’est un après-midi ordinaire, à Versailles, au temps de Louis XIV… Ordinaire ? Ben oui, nous sommes à la (basse) cour et les courtisanes sont des poules ! Les Chats chantants – Miran Miosic – Croatie 2013 6 mn La cité des chats compte dans ses rangs un chaton gai et sociable qui chante tout le temps. Mais son « miaou » musical est un cauchemar pour son entourage… Comment diable le lui dire sans lui faire de peine ? L’Oiseau rare – Leslie Pandelakis – France 2013 5mn Augustin est un homme qui se sent seul, tout seul, trop seul. Il va retrouver le sourire grâce à un oiseau… qui rêve de liberté, tout comme Augustin. Oktapodi – J. Bocabeille, F.X. Chanioux, O. Delabarre, T. Marchand, Q. Marmier et E. Mokhberi – France 2008 3 mn Pour échapper à la plancha d’un commis cuisinier et rester ensemble, deux poulpes amoureux se lancent dans une course poursuite burlesque dans les rues d’un village grec. Accrochez vos tentacules ! TOURNEFEUILLE 1 er OCT VEN 2 OCT SAM 3 OCT DIM 4 OCT T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE JEU T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE SEPT T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE 30 T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE MER T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE PROGRAMME 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ Les séances sur fond gris sont à 4 euros. (D)=dernière projection du film. L’heure indiquée est celle du début du film, soyez à l’heure, on ne laisse pas entrer les retardataires. www.cinemas-utopia.org 4€ 4€ 4€ MAR OCT MER 7 OCT JEU 8 OCT VEN OCT 9 T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE 6 T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE OCT T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE 5 T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE LUN 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 11 OCT LUN 12 OCT MAR 13 OCT 14 MER OCT T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE DIM T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE OCT T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE 10 T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE SAM 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 16 OCT SAM 17 OCT DIM 18 OCT 19 LUN OCT T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE VEN T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE OCT T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE 15 T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE JEU 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 21 OCT JEU 22 OCT VEN 23 OCT 24 SAM OCT T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE MER T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE OCT T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE 20 T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE MAR 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 26 OCT MAR 27 OCT MER 28 OCT 29 JEU OCT T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE LUN T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE OCT T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE 25 T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE DIM 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 31 OCT DIM er 1 NOV LUN 2 NOV MAR NOV 3 T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE SAM T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE OCT T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE 30 T O U R N E F E U I L L E TOULOUSE VEN 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ BLADE RUNNER Ridley SCOTT USA 1982 1h57 VOSTF avec Harrison Ford, Rutger Hauer, Sean Young, Daryl Hannah, Joanna Cassidy, Edward J. Olmos, M. Emmet Walsh, William Sanderson, Brion James, Jœ Turkel… Scénario de Hampton Fancher et David Peoples, d’après le roman de Philip K. Dick, Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? VERSION DÉFINITIVE « FINAL CUT » COPIE NUMÉRIQUE RESTAURÉE Ceci est donc la version définitive de Blade Runner, peaufinée en 2007 par Ridley Scott, et présentée pour la première fois en copie numérique. Il faut rappeler que le film avait été modifié au dernier moment à l’époque de sa sortie, en 1982, par crainte de trop bousculer les petites habitudes des spectateurs américains. Scott avait donc ajouté la voix off de Harrison Ford qui explicitait les méandres de l'intrigue, ainsi qu'un dénouement qui imposait une improbable happy end. Escamotée la voix off, balancé le happy end, l’œuvre prend toute sa dimension, visionnaire, prophétique, et profondément tragique. À l'heure où on attend avec une inquiétude légitime un opus 2, les aficionados qui ont vu le film dix huit fois dans ses différentes versions le verront une dixneuvième, les nouveaux venus seront subjugués pour le compte et viendront grossir les rangs des adorateurs de Blade Runner, joyau inégalé du cinéma de science-fiction, merveille des merveilles qui délivre des plaisirs nouveaux à chaque nouvelle vision… Deux mots de l'histoire pour ceux qui débarquent… L'action se passe en 2020. Los Angeles est devenue une gigantesque cité cosmopolite, tout entière vouée au culte de la technologie, embrumée en permanence et noyée sous des pluies diluviennes. Pour accomplir les tâches subalternes, les humains ont inventé les « Répliquants », des robots hyper-sophistiqués qui sont à l'image parfaite de l'homme mais sont entièrement soumis à sa volonté… Aussi, lorsque quatre Répliquants s'évadent pour vivre leur vie, c'est tout le système qui tremble sur ses bases. La police charge donc un flic spécialisé, un « Blade runner », de retrouver coûte que coûte les fuyards. Scénario classique, façon polar, mais magnifiquement mené, qui ouvre, au fil de son développement, des perspectives passionnantes : voir en particulier la scène finale, inoubliable. Mais ce n’est pas la seule… Blade Runner est d'une beauté visuelle exceptionnelle, qui vous frappe dès les premiers plans : la ville, véritable monstre grouillant et fumant… Et puis il y a deux acteurs magnifiques (entre autres), au summum de leur charisme : Harrison Ford et Rutger Hauer… Et puis… Et puis c'est formidable et voilà tout ! TOULOUSE 2015 09 > 25 OCTOBRE RCS TOULOUSE B 387 987 811 © Shutterstock jazz31.haute-garonne.fr ALFIO ORIGLIO 4TET • ANDREA MOTIS & JOAN CHAMORRO GROUP • BIG BAND 31 • BIG DADDY WILSON • CHICK COREA & THE VIGIL • CLARACOR • CYRILLE AIMÉE 5TET • DEE ALEXANDER 4TET • DMITRY BAEVSKY TRIO • ELVIN BIRONIEN • FRANÇOIS THUILLIER ET ALAIN BRUEL • FRANÇOISE GUERLAIN • GARCIA-FONS & DORANTES • GREG LAMAZÈRES • GRÉGORY PRIVAT & SONNY TROUPÉ • INITIATIVE H • JAMES BRANDON LEWIS • JEAN-MARIE ECAY TRIO • JEAN-PIERRE COMO "BOLÉRO" • JEAN-PIERRE COMO "EXPRESS EUROPA" • JOHN ABERCROMBIE • KYLE EASTWOOD LAURA JURD 4TET • LES ROGER'S • MACEO PARKER • NICOLAS FOLMER • NILOK 4TET • OFFGROUND TAG • OKIDOKI • OLIVIER BOGÉ 4TET • OLIVIER KER OURIO TRIO • ORAN ETKIN • OTIS BROWN III • PULCINELLA • RÉMI PANOSSIAN TRIO • RON CARTER • ROY HARGROVE 5TET • SAMY THIÉBAULT 4TET • SNARKY PUPPY • STANLEY CLARKE BAND • STÉPHANIE PONS & TRIO SVP • SUGAR BONES • SULLIVAN FORTNER • TANTE JACO • THIERRY OLLÉ TRIORG • TRIO SCHAERER - ROM - EBERLE • URI CAINE TRIO • VÉRONIQUE HERMANN SAMBIN • YARON HERMAN DUO JAZZ 31 2015 AP utopia 186x254.indd 1 25/06/15 11:08 UNE ENFANCE Écrit et réalisé par Philippe CLAUDEL France 2015 1h40 avec Alexi Mathieu, Angelica Sarre, Pierre Deladonchamps, Jules Gauzelin, Patrick D'Assumçao, Philippe Claudel… LA VIE EN GRAND Mathieu VADEPIED France 2015 1h33 avec Balamine Guirassy, Ali Bidanessy, Guillaume Gouix, Joséphine de Meaux, Léontina Fall… Scénario d'Olivier Demangel, Vincent Poymiro et Mathieu Vadepied Le héros de La Vie en grand a quatorze ans et s'appelle Adama, il vit depuis toujours à Stains. Plutôt finaud, il n'en est pas moins considéré comme un cancre : lui et l'école ne sont pas en phase… Sa situation familiale n'est pas folichonne : sa mère, obligée de se séparer de son père à cause de la loi sur la polygamie, se débrouille comme elle peut. Mais les petites tracasseries du quotidien – la machine à laver qui tombe en panne, qu'on ne peut pas réparer, qu'on ne peut même pas envisager de remplacer – empoisonnent la vie. Alors, quand son copain Mamadou, onze ans, tombe par hasard sur un savon de shit tombé lors de la cavalcade d'un dealer, la perspective de l'argent facile semble vouloir illuminer le quotidien. D'autant que les deux garçons, repérés par un grand frère qui ne leur veut pas que du bien, vont se lancer un peu forcés dans un trafic de plus en plus pharaonique en direction des lycées des beaux quartiers voisins… Bien loin des clichés réducteurs, moralisateurs et plombants sur la banlieue, La Vie en grand ne tombe pas pour autant dans l'angélisme mais désamorce les situations graves par l'humour, comme dans cette scène très drôle où les deux amis, qui tentent d'être insoupçonnables auprès de l'équipe enseignante, découpent et pèsent les barrettes tout en apprenant les répliques de Marivaux afin de réciter parfaitement leur leçon le lendemain. Car malgré les petites magouilles de la cité, l'école est bien présente, à travers une CPE bienveillante qui impose à Adama un contrat de bonne conduite ou un professeur d'EPS (formidable Guillaume Gouix) qui croit dur comme fer en l'intelligence du môme. Et là encore contrairement aux clichés, c'est bien grâce à un dialogue avec l'école que les deux comparses vont savoir trouver leur voie, par forcément dans les clous rigoureux de la légalité, mais en composant avec elle, et sans que le réalisateur ne porte un jugement. TOURNEFEUILLE Ce gosse-là, pas bien haut sur pattes, a déjà toute l'attitude d'un petit mec : râblé, bien planté, ll semble porter sur ses épaules toutes les désillusions d'un monde qu'il observe avec un regard noir, rebelle, sans jamais esquisser un sourire. Entre Pris (sans doute un diminutif de Priscilla ?), sa mère, éternelle immature, et Duke, son compagnon, qui ne l'est pas plus (mature), c'est Jimmy qui fait figure d'homme de la famille malgré ses treize ans. C'est lui le garant des repères de la maisonnée. Lui qui veille sur son petit frère Kevin, le lave, l'envoie se coucher, l'oblige à respecter les horaires. Lui qui fait le ménage indispensable, les courses, la popote et qui galère le lendemain à l'école parce qu'il a oublié de faire des choses pour lui-même, notamment ses devoirs. Jimmy semble vivre une enfance peu digne de ce nom et pourtant tout n'est pas sombre ! D'abord, Pris sait être lumineuse quand elle est en état, et c'est clair qu'elle aime son fils à sa manière de grande môme larguée par la vie. Même si la plupart du temps, c'est plus Jimmy qui veille sur elle que l'inverse. Et puis il y a ce drôle de ouistiti enthousiaste qu'est Kevin, qui voue à son grand frère une admiration inconditionnelle…Et il y a encore tous les autres adultes qui l'entourent et qui posent sur lui un regard compréhensif doublé d'impuissance. Pris, Duke, Kevin, Jimmy… des prénoms qui semblent tout droits sortis des mauvaises séries américaines dont les abreuve la télé entre deux scandales financiers à la sauce Cahuzac. Pas étonnant qu'il y ait parfois de quoi se tromper d'ennemi. Et on voit bien comment un gamin élevé dans ce contexte peut devenir prêt à tout pour s'en sortir… Il y a longtemps que je t'aime, Tous les soleils et maintenant Une enfance… de bien jolis films de Philippe Claudel… TOURNEFEUILLE CRÉATION D’APRÈS LE FILM DE JEAN-LUC GODARD VARIATIONS AGATHE MÉLINAND MISE EN SCÈNE LAURENT PELLY 6-24 OCTOBRE 2015 THÉÂTRE NATIONAL DE TOULOUSE MIDI PYRÉNÉES TNT-CITE.COM 05 34 45 05 05 CHU & BLOSSOM Charles CHU & Gavin KELLY USA 2015 1h38 VOSTF avec Charles Chu, Ryan O’Nan, Caitlin Stasey, Alan Cumming, Richard Kind… Scénario de Charles Chu et Ryan O'Nan Il y a des petits films qui ne vont pas révolutionner l'histoire du cinéma mais qui vont aisément transformer une journée moyenne en une grande et belle journée ensoleillée. Chu & Blossom est de ceux là ! Ça commence avec le portrait de Joon Chu, jeune coréen, qui expose, dans un anglais sommaire, sa candidature pour intégrer une école américaine. Vus de la Corée du Sud, les États-Unis sont bien attirants : les grands espaces, la liberté, un idéal d'acceptation de toutes les différences et de toutes les cultures, des établissements universitaires réputés et reconnus… Joon Chu en a rêvé. Étape après étape, le voici accepté dans une fac prestigieuse : avec ce voyage, c'est le rêve de toute sa famille qu'il va réaliser. Comme vous vous en doutez, l'arrivée sur le sol américain sera chargée de désillusions… Joon Chu débarque dans une petite ville où la marginalité n'a pas tellement sa place, on est loin de la grosse pomme et de son légendaire melting pot. Joon est logé chez une famille d'accueil au racisme primaire, pas vraiment méchante, mais préférant s'en tenir à des a priori approximatifs sur la culture asiatique plutôt qu'apprendre à connaître son hôte. À l'école c'est un peu la même chose et Joon s'enferme assez vite dans son rôle d'élève studieux et brillant, en marge de toute interaction sociale. Pourtant il est doué, et pas uniquement dans les matières censées lui permettre de devenir un grand ingénieur. Les activités artistiques et notamment la photo l'attirent, mais ses tentatives restent proprettes, figées, assez conventionnelles… tout en renvoyant inexorablement à un rêve… toujours le même… un rêve d'enfant. Butch Blossom de son côté n'a jamais quitté son village natal. Il est l'original de service au service de l'art. Le concept artistique et la performance sont pour lui un nouvel american way of life, il veut bousculer les conventions et fait de son travail créatif une nécessité absolue. Face à Joon, sage et discret, cet énergumène passe pour un excentrique un peu fou. Mais c'est justement la marginalité qui va les rapprocher… Buch va entraîner Joon là où il n'a encore jamais osé aller, et à travers cette relation d'amitié, c'est tout un monde qui va s'ouvrir pour le jeune Coréen. Quitte à être hors normes, autant choisir comment, autant assumer sa différence et ses rêves ! Voici une histoire d'amitié dans laquelle on se laisse embarquer toutes voiles dehors ! Ces personnages réveillent en nous les rêves d'enfant qu'on a un peu laissés de côté mais qu'on aimerait avoir le courage de réaliser un jour. L'ensemble déborde de tendresse et d'optimisme, sans tomber dans le travers des comédies mièvres et sans saveur. C'est pleins de trouvailles, farfelu et gentiment décalé. TOULOUSE SCUM Alan CLARKE GB 1979 1h38 VOSTF avec Ray Winstone, Mick Ford, Julian Firth, John Bludell, Phil Daniels… Scénario de Roy Minton LE TOUT NOUVEAU TESTAMENT Jaco VAN DORMAEL Belgique 2015 1h52 avec Benoît Pœlvoorde, Yolande Moreau, Catherine Deneuve, François Damiens, Pili Groyne, Marco Lorenzini… Scénario de Jaco van Dormael et Thomas Gunzig Première nouvelle : Dieu a une femme ! Seconde nouvelle : il a une fille ! On ne peut pas dire que jusqu'à présent il l'ait crié sur les toits… Pas étonnant quand on le découvre enfin en chair et en os, Dieu : il a tout l'air d'un phallocrate minable, belge et méchant ! Benoît Pœlvorde dans toute la splendeur du mari tyrannique de Yolande Moreau. Dans le genre couple divin détonnant, on ne peut guère imaginer pire ! Elle, avec sa tendre frimousse rêveuse, timidement effacée, lui diablement irascible, avec sa bedaine aux tablettes de chocolats dissoutes dans la bière, ramollie par des heures avachies devant la téloche et les matches de hockey sur glace… Si l'on peine à croire qu'il ait eu la finesse de créer l'univers et tout ce qui l'habite, on comprend mieux, puisqu'il a créé l'homme à son image, pourquoi l'humanité rencontre quelques problèmes… Faut le voir fulminer, tel un diable en cage d'immeuble, dans son appart trois pièces en haut d'une tour paumée à Bruxelles. Ses proches ne l'ont pas en odeur de sainteté. Pas étonnant que Jésus (JC pour les intimes) se soit tiré et que sa fille Éa, du haut de sa préadolescence, décide d'entrer en résistance et de venir à la rescousse des humains malmenés… Ça va être un sacré capharnaüm ! La colère divine va se déchaîner… Ce testament complètement déjanté revu à la sauce wallone est particulièrement réjouissant, jusqu'à prendre des allures de conte philosphique déluré dont la morale serait : croissez, multipliez-vous, embrassez, aimez qui vous voulez… La vie est courte et vous le rendra au centuple. Quant à la prestation hallucinante de la grande Catherine Deneuve qui semble interpréter une nouvelle version du « Gare au gorille » de Brassens… No comment. Il fallait oser ! TOULOUSE & TOURNEFEUILLE Sorti à la toute fin des années 70, dans le sillage des premiers films de Ken Loach et largement imprégné lui aussi du climat social qui prévalait dans cette Angleterre accablée déjà par les effets du néo libéralisme thatchérien, Scum apparut alors comme un diamant noir d'autant plus important à montrer chez nous qu'il mettait en lumière un réalisateur quasiment inconnu en France. Alan Clarke était en effet plus un téléaste qu'un cinéaste. Il n'avait donc, à ce titre que fort peu de chance d'attirer l'attention des distributeurs du « vrai » cinéma et des critiques français sur son travail. Sauf que Scum, produit par la BBC, compagnie de service public réputée pour l'excellence de ses productions et l'audace de ses choix, connut pour sa diffusion à l'antenne un problème de taille : une interdiction pure et simple d'apparaître sur le petit écran de la chaîne, eu égard à sa représentation peu aimable, et c'est un euphémisme, des « borstals », les maisons de correction de sa gracieuse majesté. Alan Clarke n'eut alors d'autre choix, pour contourner la censure frappant son film, que de se transformer pour la première fois en cinéaste pour en tourner une nouvelle version, deux ans plus tard, destinée cette fois-ci au cinéma. Trois jeunes délinquants, Carlin, Davis et Angel, arrivent dans un centre de détention pour mineurs. Carlin, campé par un tout jeune et extraordinaire Ray Winstone, souhaite au départ se fondre dans la masse et se faire oublier. Gagné progressivement par la brutalité qui imprègne les lieux, il va rendre coups pour coups à ses jeunes co-détenus et aux surveillants, finissant même par prendre la tête, malgré lui, d'un véritable mouvement insurrectionnel… Refusant la surenchère dans la représentation de la violence, Clarke capte néanmoins constamment notre attention en signant des images qui restent gravées dans la mémoire. Comme cette incroyable et libératrice explosion de colère qui voit toutes les lourdes tables d'un réfectoire voler en l'air en même temps. Censuré par la Dame de fer, Scum garde aujourd'hui encore toute sa force intacte. TOULOUSE LA DANSE DU DIABLE + LE BAC 68 PHILIPPE CAUBÈRE 13 18 OCT. DIALOGUE D’UN CHIEN AVEC SON MAÎTRE… J.M. PIEMME/ S. BOURNAC 3 7 NOV. Conception : Delphine Cordier + Boris Igelman Licences : 1-1078576/ 1-1078577/ 2-1078603/ 3 -1078604 QUE FAIRE ? ( LE RETOUR ) BENOÎT LAMBERT 11 15 NOV. LA BRIQUE GUY ALLOUCHERIE 20 NOV. 05 81 917 919 www.sorano-julesjulien.toulouse.fr Vendredi 23 octobre à 20h30 à Toulouse, en partenariat avec Polars sur Garonne (polarsurgaronne.fr) et pour fêter les 70 ans de la Série Noire (qui publia le roman de Steve Shagan dont est tiré le film), la projection sera suivie d’une rencontre avec Éric Libiot, rédacteur en chef des pages Cultures de L’Express, animée par Ida Mesplède (achetez vos places à partir du 10 octobre, le film est ensuite programmé jusqu’au 3 novembre). Et à partir du 19 octobre, les salles de Toulouse s’habilleront de l’exposition de portraits géants en Noir et Blanc d’auteurs de livres noirs, avec entre autres ceux de : Caryl Férey, Marcus Malte, Benoît Séverac, Stéphane Bourgoin, Mouloud Akkouche, Marc Villard... LA CITÉ DES DANGERS (Hustle) Robert ALDRICH USA 1976 1h58 VOSTF avec Burt Reynolds, Catherine Deneuve, Paul Winfield, Ben Johnson, Eileen Brennan, Eddie Albert, Ernest Borgnine… Scénario de Steve Shagan, d'après son roman Gloria Hollinger, âgée de vingt ans, est retrouvée morte nue, sur une des plages de Malibu. Sur les instances de son supérieur, Philip Gaines (Burt Reynolds), le lieutenant chargé de l’enquête, est prêt à conclure à la thèse du suicide. Mais il poursuit officieusement ses recherches et essaie de contenir la colère et le chagrin du père de la jeune morte, un homme simple, vétéran de la guerre de Corée en quête de vérité et de justice, symbole d'une Amérique droite dans ses bottes mais complètement déphasée… Du stupre et de la violence mais surtout beaucoup de mélancolie dans La Cité des dangers où un flic de Los Angeles désabusé et obsédé par l’Italie (Burt Reynolds dans l’un de ses meilleurs rôles) est amoureux d’une pute française (Catherine Deneuve). Ce désir d’Europe qui traverse le film – on y entend chanter Charles Aznavour, le couple va au cinéma voir Un homme et une femme de Lelouch – exprime le romantisme du personnage principal, mais surtout sa volonté de s’extraire d’un pays en pleine déliquescence morale, ébranlé par le scandale du Watergate, où le mouvement hippie a dégénéré en freak show… Le film entrelace une intrigue sentimentale dans laquelle le flic souffre des rela- tions tarifées de sa maîtresse, et une enquête policière sordide sur la mort d’une jeune fille après une orgie de sexe et de drogue, organisée par Leo Sellers, un puissant avocat mafieux, criminel et pervers sous une façade de respectabilité et de richesse, au-dessus des lois… Cinéaste politique, Aldrich dresse un constat extrêmement pessimiste sur l’Amérique. Sur le plan formel, La Cité des dangers est un film en rupture avec toutes les conventions du polar urbain qu’il semble épouser pour mieux les inverser, sous le signe de l’aléatoire… L’air de rien, dans le giron de la production commerciale de l’époque Aldrich signe avec ce film malade l’un des chefsd’œuvre inconnus du cinéma américain moderne. (O. Père, arte.tv) TOULOUSE saison 2015/2016 Midi-Pyrénées Groupe de Recherche pour l’Éducation et la Prospective • Mercredi 13 Octobre 18h00 salle Duranti-Osète Entrée libre et gratuite — Lectures croisées — “Au cœur des ténèbres” de Joseph Conrad Roland EGENSBERGER et Nicole GAUTHEY, animateurs du GREP Jeudi 29 Octobre 20h00 - TBS (ESC) “L’Anthropocène, une histoire de la crise environnementale” Jean-Baptiste FRESSOZ, historien des sciences au CNRS, enseignant à l’EHESS, co-auteur de L’événement anthropocène Vous pouvez consulter et télécharger le programme de la saison 2015/2016 sur notre site www.grep-mp.fr • Vous pouvez également adhérer en ligne. Entrée : 6 €, réduit 2€, gratuit pour les adhérents Grep15-AP-Utop220.indd 1 15/09/15 15:36 Formules de 12 à 17€ Tout à volonté et végétarien : salades, soupe, tartes salées, plat du jour, desserts... 05 61 22 49 25 Ouvert 7 jours/7, 365 jours/an 2 bis, rue du Puits Vert www.lafaimdesharicots.fr Mettez votre PUB Dans la Gazette [email protected] 06 70 71 53 55 LIFE Anton CORBJIN USA 2015 1h52 VOSTF avec Robert Pattinson, Dane DeHaan, Ben Kingsley, Jœl Edgerton, Allessandra Mastronardi… Scénario de Luke Davies Le film est inspiré de l'amitié bien réelle qui s'est développée entre le photographe Dennis Stock et James Dean lorsque Stock entreprend un reportage photographique sur le jeune acteur encore inconnu mais dans lequel il pressent déjà la star. Stock est persuadé qu'il tient le sujet qui va faire de lui un photographe de renom et que le fameux magazine Life lui achètera ses photos. Stock avait 26 ans et il était presque vieux avant l'âge lorsque, dans son monde très collet monté, est apparue le phénomène nommé James Dean. Un esprit libre dans un corps triomphant de jeunesse, grâce à qui la culture populaire allait abandonner les costumes pour les jeans et passer de la mode des acteurs confirmés, adulés par les ménagères, à celle des étoiles filantes, coqueluches pour adolescentes. Le reportage va les entrainer tous les deux dans un voyage photographique à travers les États-Unis, de Los Angeles à New York puis dans l'Indiana, changer radicalement la vie de Stock et donner naissance à quelques unes des images les plus emblématiques de l'époque. Plus d'un demi-siècle après sa disparition dans un accident de voiture, avec seulement trois films à son actif (À l'est d'Eden, La Fureur de vivre, Géant), James Dean continue de fasciner. Sa vie et sa mort ont de quoi nourrir la légende. Il aurait été simple et sans doute fastidieux de retracer la vie de l'acteur en un biopic classique et exhaustif dont les studios d'Hollywood sont friands. La première bonne idée de Corbjin, c'est d'aborder cette vie hors norme en racontant uniquement les deux semaines précédent l'explosion du phénomène James Dean. La seconde, c'est de nous offrir aussi un portrait du photographe Dennis Stock, dont tout le monde aujourd'hui, sans connaître son nom, a vu les photos qu'il réalisa pendant cette courte période et qui sont devenues de véritables icônes de la culture populaire. La rencontre de ces deux artistes tient du pur hasard. C'est lors d'une soirée donnée par le réalisateur Nicolas Ray, dans laquelle il traîne paresseusement son appareil photo, que Stock découvre Dean. Commence alors une sorte de jeu du chat et de la souris entre les deux hommes. D'un côté Stock est persuadé qu'il tient avec ce jeune acteur un sujet qui va changer sa vie. De l'autre Dean fuit autant que faire se peut toute forme de promotion, ne voulant abso- lument pas précipiter sa surexposition médiatique, se disant que celle-ci ne tardera pas quoi qu'il arrive. En effet l'incontournable Jack Warner – interprété par un truculent Ben Kingsley –, faiseur de stars autant que destructeur de carrières selon son bon vouloir, presse Dean pour qu'il se rende dans toutes sortes de manifestations du genre élection de Miss Honolulu ou conférence de presse pour magazines people. L'acteur s'ingénie donc à disparaître de la circulation mais Stock ne le lâche pas et finira par le convaincre que son approche est avant tout artistique et pas du tout promotionnelle… Qui de mieux pour raconter cette histoire entre un photographe et son sujet qu'un cinéaste qui a lui-même commencé sa carrière en prenant des photos ? Anton Corbjin est l'homme de la situation, lui qu'on a découvert grâce au formidable Control, dans lequel il évoquait la vie météorique de Ian Curtis, le leader de Joy Division, alors même qu'il avait entamé sa carrière en photographiant le groupe à ses débuts. La boucle est bouclée… Life est ainsi une œuvre surprenante et singulière, subtile et raffinée, presque timide et anti spectaculaire, exactement à l'image des deux artistes qui en sont les protagonistes. TOURNEFEUILLE Mémoires de jeunesse James KENT GB 2015 2h09 VOSTF avec Alicia Vikander, Kit Harington, Taron Egerton, Colin Morgan, Emily Watson, Hayley Hatwell, Dominic West, Miranda Richardson… Scénario de Juliette Towhidi, d'après les ouvrages et la correspondance de Vera Brittain C'est un film aussi beau et romanesque que bouleversant, une fresque historique et intime qui nous plonge au cœur de la tragédie que fut la première guerre mondiale tout en brossant le portrait passionnant d'une femme passionnante : Vera Brittain. Tout commence paradoxalement par une scène de liesse. Nous sommes en 1918 dans les rues de Londres et tout le monde fête l'armistice. Dans la foule, une belle jeune femme garde un visage grave, étrangère à l'allégresse générale. Son regard est celui d'une génération perdue, décimée, passée de l'innocence à la conscience de l'indicible. Cette femme, c'est Vera Brittain, qui deviendra quelques années plus tard une grande écrivaine et une militante antiguerre acharnée… Puis le film nous ramène à l'été 1914, dans le bucolique Derbyshire, au bord d'un lac qui invite à la baignade. Vera est une jeune fille de la bonne société qui vit une existence heureuse et confortable auprès de parents aimants, même si son père fait preuve d'un autoritarisme et d'un conformisme pesants : leur sujet de conflit principal est la volonté irréductible de Vera d'intégrer Oxford. À l'époque, une telle ambition universitaire est hors de propos pour une fille (les premiers diplômes ne seront délivrés aux femmes que dans les années vingt). Mais soutenue par son frère cadet Edward, Vera ne va rien céder et va réussir à rejoindre les bancs de la prestigieuse université britannique. C'est durant ce même été 1914 qu'elle trouve l'amour en la personne avenante de Roland Leighton, un ami de son frère, féru de poésie, romantique exalté et moderne comme certains jeunes hommes savent l'être en cette période qui fait suite à plusieurs décennies victoriennes étouffantes. L'arrivée de la guerre va évidemment tout changer, tout bouleverser. Roland, Edward et leur ami Victor (profondément bien que discrètement amoureux de Vera) partent gonflés d'élan patriotique sur les terribles champs de bataille de la Somme, eux qui sont passés par les meilleurs et les plus nationalistes lycées militaires. Et Vera, transie d'angoisse pour les hommes de sa vie, va comprendre rapidement que pour l'heure, sa place n'est plus entre les bois séculaires de l'université d'Oxford mais auprès des combattants, à la mesure de ses moyens : elle s'engage donc en tant qu'infirmière volontaire d'abord dans un hôpital londonien puis à proximité du front, dans le terrifiant hôpital de campagne d'Etaples. La puissance évocatrice du film doit sans doute beaucoup aux récits de Vera Brittain dont il est directement inspiré. Mémoires de jeunesse montre cette guerre d'hommes à travers les yeux d'une femme qui y a participé et dont la vie a définitivement basculé. Sans surenchère ni complaisance, le film n'édulcore à aucun moment l'horreur des combats telle qu'elle apparaît aux équipes soignantes débordées : voir cette scène magnifique – dont on imagine qu'elle a contribué à forger le pacifisme viscéral de la future écrivaine – où Vera recueille les dernières paroles d'un officier allemand agonisant, qui dans son délire la prend pour sa femme sans qu'elle le détrompe, le laissant partir avec un ultime sourire… Le film montre comment toute une génération enthousiaste et prometteuse a été brisée, fauchée en pleine jeunesse ou hantée à jamais par le souvenir de l'horreur, avec la farouche détermination du plus jamais ça. Et la tragédie est d'autant plus saisissante qu'on la voit dans les yeux limpides, le visage lumineux de Vera, incarnée par la merveilleuse actrice suédoise Alicia Vikander… TOULOUSE & TOURNEFEUILLE MON ROI MAÏWENN France 2015 2h10 avec Vincent Cassel, Emmanuelle Bercot, Louis Garrel, Isild Le Besco… Scénario de Maïwenn et Étienne Comar Festival de Cannes 2015 : Prix d'Interprétation féminine pour Emmanuelle Bercot l'humanité maladroite des protagonistes nous bouscule. Entre rires et larmes, calme et hystérie, agacement et apitoiement, le cinéma organique de Maïwenn n'est décidément pas un havre de tout repos, il garde toujours les sentiments et les acteurs sur la brèche. On ressent une véritable jubilation dans le jeu de Vincent Cassel et d'Emmanuelle Bercot qui interprètent les deux rôles principaux. C'est fou comme Maïwenn finit par rendre attachante une histoire dont on pourrait se foutre royalement ! Laissemoi devenir l'ombre de ton ombre mais ne me quitte pas car ma vie sans toi serait comme une pizza sans anchois ! Non mais, j'vous jure ! Cette injonction à aimer les anchois et le couple comme étant la panacée ! Bref dans Mon roi on retrouve tout ce qui est « trop mignon » sur le papier mais qui opère comme un parfait tue l'amour répulsif dans la vraie vie. Et pourtant ça fonctionne ! Étonnamment, passé le premier réflexe de fuite, on se retrouve pris au piège comme les personnages de cette histoire passionnelle tumultueuse. C'est qu'il y a quelque chose d'extrêmement honnête, une spontanéité rafraîchissante qui se permet une impudeur totale, dérangeante et qui devient progressivement hypnotique. C'est presque comme un thriller psychologique et même s'ils font souvent plus que frôler le ridicule, Tony est avocate, mais on s'en aperçoit peu… Elle est tellement encombrée de Georgio, de leurs dix ans de vie commune, que plus rien ne semble avoir de consistance. Pas plus son métier que sa vie familiale, amicale… Sans cet homme à ses côtés, tout est un grand vide, elle même semble en être un, insignifiante, lamentable. Quand elle chute sur une piste de ski, ce n'est pas seulement dans la poudreuse qu'elle semble s'enfoncer, mais dans une déprime incommensurable. Le centre de rééducation où elle atterrit la coupe de son monde, devient comme un cocon, un espace régressif où il suffit de se laisser bercer… Accepter tout, même l'analyse de comptoir que lui balance une psy : « Ce n'est pas rien, vous vous êtes pété le genou… « Genou », dites-le lentement - « je » « nous »… La perte de son autonomie physique l'infantilise, la voilà qui pleurniche comme une gamine à qui on au- rait volé son poupon, puis qui virevolte au milieu d'une bande d'ados futiles. Tout pour fuir son manque, ses souvenirs. Mais ils s'imposent à elle et l'obligent à passer en revue les dix dernières années de sa vie, de son couple. Les moments de folle exaltation, les fulgurances, les ébats coquins. Elle rumine les trahisons, ressasse les lâchetés d'un Georgio lumineux et insaisissable. Leurs blagues à deux balles, leurs sorties grivoises, leur insouciance, leurs émerveillements, leurs folies anti-conventionnelles… Ou le croyaient-ils. Puis vient le temps de faire la part entre les moments d'aveuglement et ceux de lucidité froide où Tony prenait conscience des côtés sombres de son homme : égoïste et manipulateur. Épisodes d'abattement, de faiblesse, où elle fait le compte de ce qu'elle a accepté jusqu'à se sentir détruite. Elle se revoit la morve au nez, le suppliant, abandonnant tout amour propre, lui se drapant dans une ironie mordante, lui opposant un regard glacial, exigeant d'elle un peu de retenue, de décence… Pire que ses taquineries acérées : son indifférence, son manque d'empathie affichée ! Ils sont risibles et on ne s'en prive pas, Maïwenn non plus… Mais au final ils nous émeuvent autant qu'ils nous agacent… Cette plongée vertigineuse dans les jardins secrets de ces êtres ballotés par la houle de leurs addictions devient troublante. Pour Tony, on comprend vite qu'il n'y a effectivement pas seulement une intégrité physique à reconstruire mais aussi l'estime d'elle-même. TOURNEFEUILLE Jeudi 29 octobre à 20h30 à Toulouse L'association l'APIAMP, qui fédère les producteurs audiovisuels de Midi-Pyrénées, vous propose un regard sur leurs récentes productions documentaires : projection unique suivie d'une rencontre avec le producteur du film Pierre Mathiote (Cinérgie Productions). Achetez vos places à partir du 17/10. Ungersheim : un village en transition Après Sacrée croissance !, qui a été réalisé grâce au soutien de 3700 souscripteurs, MarieMonique Robin prépare un nouveau film, tourné en France. Vous pouvez le soutenir en pré-achetant le DVD édité en tirage limité, avec des bonus et un livret, voir : m2rfilms.com Alors que le climat déraille, que les ressources s’épuisent et que les inégalités s’envolent, une petite commune alsacienne montre qu’un autre monde est possible ici et maintenant : Ungersheim, considérée comme « un modèle de la transition écologique vers l’après-pétrole » (Libération). En 2009, le village (2000 habitants) a rejoint le mouvement des « villes et villages en transition », lancé par le Britannique Rob Hopkins. Grâce à un programme baptisé « 21 actions pour le xxie siècle » mené par la municipalité, les habitants ont développé des actions qui visent à atteindre l’autonomie alimentaire et énergétique du territoire, à encourager la production et la consommation de proximité, à promouvoir des formes d’habitat durable, à créer des emplois locaux pérennes, à préserver la biodiversité, et à nourrir les liens communautaires. Une histoire exemplaire qui montre que la transition vers une société plus durable et décarbonée est l’affaire de tous et qu’elle est le fruit d’une rencontre entre la volonté d’individus de repenser leur mode de vie et celle des autorités publiques de stimuler les initiatives. Face à la morosité et l’inquiétude dues aux crises économique, sociale et environnementale, le film est une vraie bouffée d’air frais. Soutenez le ! L'ARBRE Hakob Melkonyan France/Arménie 2015 1h10 Quand il était petit, le réalisateur Hakob Melkonyan entendait des histoires terribles racontées par sa grand-mère. Un siècle plus tard, il se rend en Anatolie pour refaire le parcours de sa déportation depuis le village de Kharakoniz. Il interroge des centenaires à la mémoire encore vive et l'historien Raymond Kévorkian, pour rendre avec le plus de précision possible le déroulement des événements. Le récit reconstitué de son aïeule lu en voix off accompagne des images hivernales des lieux traversés durant ces « marches de la mort », sur lesquelles apparaissent parfois des archives en surimpression, à la façon d'une projection de cinéma. Hakob Melkonyan signe avec L'Arbre un travail de mémoire éprouvant mais né- cessaire, dont la rigueur formelle est à la hauteur du sujet. « L’Arbre est l’histoire de ma grand-mère Azniv Martirossian. C’est elle qui m’a raconté le génocide de 1915 dont elle fût la seule survivante des trente huit membres de ma famille. Involontairement, cela est devenu une partie de ma vie. J’étais si profondément impressionné que j’ai le sentiment d’avoir tout vu de mes propres yeux. Ses récits sur les massacres des enfants se sont imprimés dans ma conscience. Je me souviens que lorsque ma grand-mère me racontait son histoire, elle devenait parfois silencieuse et son visage restait distant, froid ; elle disait qu’elle ne se souvenait plus de rien. Plus tard, après sa mort, j’ai compris qu’elle se souvenait de tout mais qu’elle ne voulait pas gâcher notre insouciance d’adolescents avec ses récits d’horreurs perpétrés par le gouvernement turc. Après un siècle de séparation, je reviens en Anatolie qui fût autrefois l’Arménie occidentale, pour refaire le parcours de sa déportation. Cette histoire personnelle appartient à l’histoire collective de tous les arméniens. » Hakob Melkonyan Chronic Écrit et réalisé par Michel FRANCO Mexique/USA 2015 1h33 VOSTF (en anglais) avec Tim Roth, Sarah Sutherland, Robin Bartlett, Rachel Pickup… Festival de Cannes 2015, Prix du scénario Un sacrément beau film sur un sujet sacrément pas facile, et un magnifique hommage à une profession à la frontière de la vie et de la mort, une profession de l'ombre qui pénètre au cœur de l'intimité des êtres, qui affronte l'indicible. Les premiers plans nous saisissent, qui montrent une jeune femme au corps dénudé dont on devine qu'elle fut belle mais dont la maigreur extrême trahit la maladie qui la ronge. Un homme s'occupe d'elle avec précaution, avec douceur, il la lave, l'habille, la soutient jusqu'à son fauteuil. David est un infirmier à domicile qui prend soin des personnes en fin de vie. Des personnes qui, il y a encore quelques mois, menaient une existence peut-être heureuse, peut-être trépidante, et qui maintenant ont besoin de quelqu'un comme David pour les aider dans le moindre geste du quotidien. Même ceux qui ont une famille ont besoin d'un David : le regard souvent gêné et triste de leurs proches, leurs attitudes empruntées, constituent une épreuve supplémentaire. Seul un intervenant extérieur peut vraiment leur apporter l'assistance, la compréhension, le réconfort indispensables… Les images de cette femme squelettique, au corps crûment exposé, pourrait être choquante mais c'est tout le contraire : en quelques secondes c'est un immense respect, une infinie tendresse qui s'imposent, tant David apporte toute son humanité dans sa pratique professionnelle, ses gestes simples, naturels. Car au-delà des soins essentiels qu'il prodigue, c'est bien de la chaleur humaine qu'apporte David à ces gens qui savent qu'il sera leur principal compagnon de vie pour le peu de temps qu'il leur reste. Il y a d'ailleurs des moments de complicité, voire de gaieté, entre David et ses patients. Comme avec cet homme victime d'un AVC, habité d'une colère sourde, qui peste contre sa sœur et ses filles dont il déteste l'ostentatoire compassion. Cet homme encore vert peut avec David redevenir celui qu'il était : l'architecte coté qui peut partager sa passion avec son infirmier – celui-ci pousse l'intérêt jusqu'à acheter des bouquins d'archi et aller visiter d'anciennes réalisations de son patient ; le vieil érotomane qui regarde des vidéos porno sur sa tablette en cachette de ses filles… On devine, au détour de séquences qui lèvent par bribes le voile, que la vie passée de David et ses propres fêlures ne sont pas étrangères à son extraordinaire implication auprès de ses patients… Le jeune cinéaste mexicain Michel Franco (on se souvient de son Despues de Lucia) a été inspiré par la fin de vie de sa grand mère. Avec une sobriété et une intensité impressionnantes, il décrit remarquablement le parcours de David, sans jamais en dire trop, laissant quelques questions sans réponse immédiate et c'est tant mieux, semant ici et là quelques indices comme ces énigmatiques consultations de pages Facebook qui ponctuent le film. Fort de sa construction et de sa progression dramatique, Chronic n'a pas volé son Prix du Scénario au Festival de Cannes. Mais il est incontestable le film est largement porté par l'extraordinaire prestation de Tim Roth. Crédible de bout en bout, il impose sa force discrète et taiseuse, lézardée de blessures enfouies, il incarne formidablement cet altruisme qui ne confine jamais à la pitié. Le comédien – pas né de la dernière pluie, il reconnaît pourtant que ce rôle l'a profondément troublé – nous donne ici une belle et grande leçon de vie. TOURNEFEUILLE ÉvÉnements de la rentrée au musée L A S E MAINE DE L’ÉTUDIANT Mardi 6 octobre, à partir 21h30 Le musée inaugure la Semaine de l’Etudiant, par une soirée Clutchorama mixant différents domaines culturels : musique, performances, spectacle vivant...) :: Entrée libre, ouvert à tous Jeudi 8 octobre, 18h30 Regards croisés sur une œuvre récemment restaurée entre les restauratrices C. Juillet, F. Meyerfield et le conservateur :: ouvert à tous, réservation 05 61 22 39 03 ou http://semaineetudiant.univ-toulouse.fr Mercredi 14 octobre La première visite conversation pour les étudiants sur le thème des Œuvres d’art et la philosophie. LE FESTIVAL TOULOUSE LES ORGUES Le musée reçoit le festival les dimanche 11 (visite à 15h et concert inauguration à 18h), lundi 12 à 12h30 (improvisation sur orgue et ipad) et vendredi 16 octobre à 18h15 (l’atelier de l’orgue). Tout le programme sur www.toulouse-les-orgues.org :: réservé aux étudiants, réser : 05 61 22 39 03 ou http://semaineetudiant.univ-toulouse.fr Les rendez-vous au musée / Réservation : 05 61 22 39 03 L’Œ UVRE DU MOIS Jeudi 1 octobre à 12h30 Le Buste du chevalier d’Astier, de Bernard Lange, dernière acquisition du musée par C. Riou, conservatrice. er C ONF ÉRENCE PROPOSÉE PAR LE S AMIS DU MUSÉE Jeudi 1er octobre à 18h L’image de François 1er dans la peinture, mythe ou réalité ? par Cédric Michon, professeur d’histoire . Attention, conférence salle du Sénéchal 17, rue de Rémusat / sans réservation, ouvert à tous. COURS DE MODÈLE VIVANT Vendredi 2 octobre à 19h Le salon rouge par J. P. Escafre (Atelier l’Imaginaire). COURS DE DESSIN ANNUEL Premier cours le samedi 3 octobre à 10h. Avec Jeannette Giannini. Les rendez-vous tout public petits et grandS Le 1er dimanche du mois Gratuité pour tous et activités à découvrir en famille ou entre amis. • à 11h : Visite en famille • de 14h à 17h30 : Atelier des familles Les autres dimanches Un rendez-vous à 16h destiné aux familles voir agenda sur www.augustins.org Vacances d’automne • mercredi 21 octobre,16h : Un clown enquête au musée • jeudi 22 octobre, 14h30 : Visite à croquer • dimanche 25 oct. 16h : Parcours conté samedi 31 octobre, à 20h : Spécial Halloween, La chasse aux fantômes ! avec Culture en Mouvements Plus de renseignements sur www.augustins.org ou accueil du musée : 05 61 22 21 82 Abonnez-vous à notre e.lettre mensuelle sur augustins.org 21, RUE DE METZ 31000 TOULOUSE TÉL 05 61 22 21 82 Métro Esquirol www.augustins.org VERS L’AUTRE RIVE Kiyoshi KUROSAWA Japon 2015 2h08 VOSTF avec Eri Fukatsu, Tadanobu Asano, Yû Aoi, Akira Emoto, Masao Komatsu… Scénario de Kiyoshi Kurosawa et Takashi Yujita, d'après le roman de Kazumi Yumoto « Pétri d’éléments puisés dans la spiritualité japonaise, ce film offre aux esprits occidentaux une possibilité de penser autrement la mort, tout comme la vie. » Masa Sawada, producteur du film Avec son nouveau film, il semblerait bien que Kiyoshi Kurosawa soit parvenu à un lumineux et splendide dépassement de son art, à une sorte d’épure débarrassée de ce qui, de l’épouvante cinématographique nipponne, résistait encore à sa singularité. Les fantômes philosophiques de l’auteur de Kairo ne font plus peur. Ils témoignent, par un apparent paradoxe, de l’unicité et de l’étrangeté d’une réalité qui ne se laisse pas réduire par les étroites conceptions des humains. Revenue de son travail, une jeune femme retrouve, brusque apparition plantée au milieu de son salon, son mari. Celui-ci est mort il y a plusieurs années, disparu en mer, et pourtant il est là. Ce spectre que rien ne semble distinguer d’un être bien vivant propose à son épouse d’entreprendre un voyage sur les lieux d’un passé commun, une petite ville, un village d’enfance, autant d’endroits d’où remontent divers souvenirs, peuplés de personnages accueillant l’homme et la femme comme s’ils revenaient d’une longue absence. Certaines des personnes qu’ils retrouvent sont, comprend-on progressivement, mortes aussi, revenants familiers d’une mémoire qui se revivifie au cours de ce périple. Mais ce voyage est l’occasion, pour les deux protagonistes, de tenter de trouver une réponse à diverses questions laissées ouvertes par la mort de l’homme et que le récit laissera d’ailleurs irrésolues. La figure du fantôme est essentiellement associée à l’obsession de la vengeance, au remords et à la culpabilité. Si ces deux sentiments ne sont pas absents de cette odyssée de la remémoration, ils sont très vite submergés par celui, plus fort, du deuil impossible et de la résignation nécessaire. Bouleversante quête d’un sens introuvable, Vers l’autre rive souligne que la seule réconciliation possible n’existe que dans la conscience de son impossibilité. Sans doute, pour la première fois de façon directe et littérale, apparaît dans un cinéma marqué depuis toujours par le questionnement philosophique une de ses sources possibles, le shintoïsme. Et sans doute le film devait-il déboucher sur une séquence particulièrement étrangère à l’inquiétude clinique qui caractérise la filmographie de Kurosawa, une scène au cours de laquelle l’homme et la femme s’unissent enfin, et à nouveau, charnellement. Le sexe est ici exalté comme ce qui demeure la seule réalité possible et vitale de l’amour. (J.F. Rauger, Le Monde) Ce n’est pas une découverte mais Kiyoshi Kurosawa est un grand metteur en scène, créant le trouble par de simples raccords, par la disposition des présences dans des espaces géométriques et souvent symétriques, une extrême attention aux corps et des visages – quelques gros plans très marquants où les personnages ont les yeux plantés dans ceux du spectateur : on pense évidemment à Ozu. On retient aussi des compositions du décor et un travail sur la lumière admirables. Il fait naître ici de superbes suspenses émotionnels par le (simple) dévoilement de nouvelles parcelles d’espace par des recadrages dans le plan en usant de travellings ou zooms arrière délicats. (A. Hée, critikat.com) TOULOUSE DHEEPAN Jacques AUDIARD France 2015 1h55 VO (en tamoul) STF avec Antonythasan Jesuthasan, Kalieaswari Srinivasan, Claudine Vinasithamby, Vincent Rottiers, Marc Zinga… Scénario de Jacques Audiard, Noé Debré et Thomas Bidegain, très librement inspiré des Lettres persanes de Montesquieu Palme d'Or – Festival de Cannes 2015 MEDITERRANEA Écrit et réalisé par Jonas CARPIGNANO Italie 2015 1h47 VOSTF avec Koudous Seihon, Alassane Sy, Pio Amato, Annalisa Pagano, Paolo Sciaretta… Chaque jour des migrants tentent de traverser la Méditerranée pour gagner l'Italie. Chaque jour beaucoup en meurent. Le risque est connu de tous, et si tant d'hommes, de femmes et d'enfants tentent leur « chance », c'est qu'il leur est impossible de rester dans leur pays. Ce n'est pas aux raisons du départ que Jonas Carpignano a décidé de s'intéresser. Il ne choisit pas non plus de nous faire vivre une de ces traversées apocalyptiques. Il se concentre sur ce qui arrive à ceux qui sont passés, le voyage étant rapidement évoqué, en quelques scènes courtes et efficaces. Partis du Burkina Faso, Ayiva et son cousin Abas retrouvent en Calabre des membres de leur village et vont bénéficier de leur aide : pour trouver un logement, un travail, pour apprendre les codes de la vie du clandestin. Mais tout est compliqué quand on n'a pas les papiers qui attestent du droit à vivre sur tel ou tel bout de terre. Dans un premier temps, chacun fait avec ce qu'il a, et le logement n'est qu'une tente dressée sur un terrain vague au sein d'un campement illicite. Les petits boulots qu'on peut décrocher sont durs, la cueillette de fruits n'est pas réputée comme étant une bonne planque. Et si le patron est plutôt cool, s'il prend Ayiva en sympathie, cela n'en reste pas moins de l'esclavage moderne. Et puis l'argent gagné a vocation à aider la famille demeurée au pays. Reste donc le strict minimum, rien de plus… La force du film tient à l'intelligence, à la précision du scénario et à la mise en scène attentive, tout en retenue, de Jonas Carpignano. Et à la qualité de l'interprétation des deux acteurs principaux, en particulier Koudous Seihon. Mediterranea brosse un tableau sans aucun doute parfaitement réaliste de la vie de ces migrants africains. Réaliste mais jamais misérabiliste, jamais enjolivé non plus. Mais ce qui nous marquera pour longtemps, c'est le portrait d'Ayiva, grand et beau personnage de cinéma. TOURNEFEUILLE Dheepan, c'est le prénom du héros. Qui donne son titre à ce film qui claque comme une arme à double détente. Première salve : un cinéma social, presque organique. Deuxième salve : basculement complet dans le cinéma de genre, un « vigilante », où Dheepan se transformera en justicier des temps modernes. Mais nous n'en sommes pas là. Nous sommes, tout d'abord, dans un camp de réfugiés qui veulent fuir le Sri Lanka et sa guerre civile. Là, dans un bureau improvisé, on peut se procurer des passeports illicites et s'ils mentionnent une famille on s'en compose une fictive sur le champ. C'est ainsi que deux inconnus deviennent officiellement mari et femme, lui endossant l'identité d'un certain Dheepan, elle d'une certaine Yalini. La première orpheline venue sera l'enfant qui complète le tableau de famille. Trois êtres solitaires aux devenirs désormais étroitement liés : voilà un équipage de fortune constitué par pur intérêt, une triple alliance frustrante où chacun s'efforce de jouer le jeu, faisant taire ses états d'âmes, ses peurs, ses colères. Celles de Dheepan sont féroces, façonnées par des années d'engagement en tant que tigre de la libération. L'ancien militaire n'a que mépris envers sa nouvelle compagne tamoule, restée en retrait au lieu de s'engager dans la lutte armée et qui rêve benoîtement d'Angleterre, comme si ce pays était la panacée. Quant à la gamine, rebaptisée Ilayaal, elle semble être la seule à oser réclamer un peu detendresse… Puis c'est l'arrivée à Paris… L'essentiel du film réside dans la complexité des personnages, dans leur rapport à autrui, leur évolution comme autant de petites révolutions intérieures. Chaque acteur joue tout en retenue, c'est criant de vérité. On peine à imaginer que pour la plupart c'est une première apparition à l'écran. Il y a d'ailleurs une résonance autobiographique pour Jesuthasan Antonythasan qui interprète Dheepan et dont le parcours d'enfant soldat a servi de matière à ses romans. TOURNEFEUILLE THE LOOK OF SILENCE Film documentaire de Joshua OPPENHEIMER Danemark/Indonésie 2014 1h43 VOSTF Festival de Venise 2014 : Grand Prix du jury Festival d'Angers 2015 : Prix du Public Festival de Berlin 2015 : Prix de la paix « The Look of silence est profond, visionnaire, stupéfiant. » Werner Herzog On a en mémoire plusieurs très grands films qui rendent justice à la petite et la grande Histoire. On pense évidemment à Claude Lanzmann qui, il y a trente ans, avait trouvé la forme juste pour évoquer la Shoah, on pense à Rithy Panh qui a consacré la plus grande partie de son œuvre documentaire à autopsier les massacres de masse commis par les Khmers Rouges. Mais un génocide restait sans images ou presque, inconnu du plus grand nombre : celui, en 1965, des communistes indonésiens ou des citoyens considérés comme tels (dans la vision des tortionnaires, la famille et les proches des dits communistes étaient tout aussi coupables et méritaient eux aussi d'être massacrés). Ce sont pourtant, selon les experts, entre 500 000 et un million de personnes qui disparurent en quelques mois, jetées dans les fleuves, enterrées vivantes, sommairement mais massivement exécutées par les milices anticommunistes téléguidées par le nouveau régime en place. La spécificité de ce génocide est que ses responsables n'ont jamais été punis. Pire encore, certains d'entre eux sont encore aux manettes du pouvoir cinquante ans plus tard. Jamais repentance n'a été faite et on enseigne encore aujourd'hui aux jeunes écoliers combien ces massacres ont été nécessaires face à des communistes que l'histoire officielle présente comme les vrais tortionnaires en puissance, qu'il fallait absolument éradiquer. Cette histoire a passionné le jeune documentariste danois Joshua Oppenheimer, qui a déjà réalisé en 2012 un premier film sur le sujet, The Act of killing, qui donnait la parole aux bourreaux : témoignant d'une désinvolture glaçante et d'une absence totale de remords, ceux-ci racontaient tous leurs crimes. Le résultat était terrible, au point d'en devenir quasiment irregardable. The Look of silence prend un point de vue différent et beaucoup plus ouvert, plus empathique, puisqu'il suit Adi, un jeune opticien rural ambulant qui profite de ses tournées pour interroger le passé obscur de sa famille. Adi est né peu après l'exécution de son frère aîné. Et avec un courage, une abnégation et une sérénité impressionnante, il va aller à la recherche puis à la rencontre des meurtriers de son frère et de leurs complices, y compris au cœur de sa propre famille. Une quête qu'il conduit sans jamais se dissimuler, gardant toujours un calme apparent face à des monstres septuagénaires qui racontent leur crime avec bonhomie. Mais peu à peu Adi parvient à déstabiliser ses interlocuteurs, en particulier un préfet régional très mal à l'aise avec ses questions calmes et incisives. Et avec une simplicité lumineuse, le film parvient à remettre en cause la chape de plomb qui pèse sur le pays depuis cinquante ans. Adi et Joshua Oppenheimer ont fait en sorte que The Look of silence soit désormais largement diffusé en Indonésie, contribuant ainsi à bousculer par le cinéma – et quel cinéma ! – le cours de l'histoire. TOULOUSE LAMB Écrit et réalisé par Yared ZELEKE Ethiopie/France 2015 1h34 VOSTF avec Rediat Amare, Kidist Siyum, Welela Assefa, Surafel Teka, Rahel Teshome, Indris Mohamed… Très beau film visible par tous, à partir de 10/12 ans L’enfant enfouit sa main dans la fourrure, l’animal est tout contre lui, chaud, rassurant, il sent son cœur qui bat la chamade à chacun de leurs pas qui vont en cadence, inséparables. Ephraïm et Chuni, le garçon et sa brebis. C’est une amitié comme seule l’enfance sait les faire naître, une amitié à la vie à la mort à laquelle les adultes ne peuvent rien comprendre… Ici sans doute encore moins qu’ailleurs, sur ces terres magnifiques et sauvages d’Ethiopie où l’homme doit arracher au sol sa pitance, dans la peine et la souffrance. Un animal est avant tout une richesse, une viande qui nourrit, pas un compagnon de route, ni un confident, ni un complice. Mais Ephraïm a su imposer à son entourage la douce et tendre relation qui l’unit à sa brebis et le gamin, par son ingéniosité, sa malice et son obstination peut cheminer sans crainte avec Chuni à ses côtés. Il faut dire que Chuni était la brebis de sa mère et sa mère vient de mourir… Avancer dans la vie avec Chuni, c’est un peu comme tenir encore un peu la main de celle qui le rassurait, le consolait, le berçait. Mais les temps sont durs. La pluie n’est pas venue, le sol est sec, la famine guette. Il faut partir, quitter le village pour chercher du travail ailleurs, là où les cieux seront peut-être plus cléments. Ephraïm et son père partent, n’emportant rien car ils n’ont rien, rien excepté Chuni, la fidèle brebis. Confié à des parents éloignés, Ephraïm va devoir s’adapter à sa nouvelle vie, une vie qui ne lui plaît pas : pas assez de place pour rêver, plus de longues promenades, plus assez de temps collé contre sa brebis. C’est un garçon, on veut faire de lui un homme : il va devoir travailler et le travail d’un homme, c’est la terre… Ephraïm, lui, préfère la compagnie des femmes et il est bien plus doué pour confectionner de délicieux beignets que pour manier la charrue. Drôle de gamin, qui n’est nulle part à sa place mais qui garde, en dépit des vents contraires, suffisamment de force et de volonté pour surmonter sa solitude, son chagrin et ses déboires. Car il n’est pas au bout de ses peines : bientôt, c’est jour de fête et la tradition veut que l’on sacrifie une bête… Portrait initiatique tendre et doux d’un gamin aux grands yeux tristes confronté à la rudesse du monde des adultes, Lamb est une superbe histoire d’amitié. Mais c’est aussi la rencontre avec un pays dont on n’imaginait même pas qu’il pouvait être aussi beau… Il faut rendre hommage à la persévérance de Yared Zeleke, dont c’est le premier film – largement autobiographique – qui a su mener à bien son projet et nous offrir cette histoire si belle et parfois triste où il est aussi question de la place des femmes dans une société largement patriarcale qui veut que les filles soient très vite mariées pour devenir à leur tour épouses, puis mères et cuisinières… Pourtant, il y a un véritable espoir, incarné par le personnage de la cousine d’Ephraïm, gamine aux cheveux rebelles qui refuse d’être belle pour son prétendant désigné et qui préfère aux tâches ménagères la lecture des journaux. Les yeux pleins de rêves et d’envie d’ailleurs, elle et Ephraïm symbolisent peut-être le changement d’une société où il est possible, aussi, de rêver en cinémascope. TOURNEFEUILLE ASPHALTE Samuel BENCHETRIT France 2015 1h40 avec Isabelle Huppert, Gustave Kervern, Valeria Bruni Tedeschi, Tassadit Mandi, Jules Benchetrit, Michael Pitt… Scénario de Samuel Benchetrit et Gabor Rassov, adapté de Chroniques de l'asphalte de Samuel Benchetrit À coups de gags hilarants, de situations cocasses, de dialogues ciselés, Samuel Benchetrit réussit le tour de force de nous parler de sa banlieue sans la caricaturer et en bousculant les clichés. Son Asphalte est une merveille de comédie loufoque, intelligente et humaine, qui fuse en tous sens. Qui dit immeuble dit ? Copropriété ! Qui dit copropriété dit ? Réunion des copropriétaires ! Le début des emmerdements donc ! Quoi de plus laborieux que d’essayer d’obtenir l’unanimité dans un tel groupe ? Eh bien là, pour une fois, c’est idyllique : tous sont d’accord pour se cotiser afin d’avoir enfin un ascenseur qui fonctionne. Tous ? Lorsque qu’on s’apprête à voter pour entériner la décision, un doigt désabusé se lève, le doigt d’un gros ours bourru apathique… « Oui ? Monsieur Sternkowitz ? » interroge le meneur de la réunion, découragé par avance… « Moi je suis pas d’accord » laisse tomber le gonze partisan de l'escalier pour tous, qui n'est autre que Gustave Kervern au sommet de son art de bougonneur magistral. Consternation, agacement, argumentation : conciliabule entre les autres usagers. Sentence : Sternkowitch est dispensé de mettre la main à la poche mais il lui est formellement interdit d’utiliser le dit monte-charge. Bien sûr, le destin va lui jouer un fameux tour, un retour de pédale pour son manque de solidarité ! Et l’entêtement de ce locataire du premier va prendre des proportions telles qu’on ne pourra que rire de ses malheurs en se disant que, décidément, certains on l’art de scier la branche sur laquelle ils sont assis. Aux autres étages aussi il s’en passe, des choses ! De véritables tragi-comédies inattendues dans lesquelles l'absurde tutoie le poétique. Au troisième, c'est une grande actrice qui vient s'échouer, tel un cétacé en perdition, un peu désorientée d'être tombée de son piédestal (Isabelle Huppert, qui excelle décidément dans les rôles drôles). Un brin pimbêche mais d'une telle fragilité attachante que Charly, son voisin de palier, un ado joli comme un cœur, va venir à sa rescousse… C'est une rencontre gourmande entre ces deux êtres délaissés, où chacun met la barre haut, ne fait aucun cadeau à l'autre et l'oblige à se redresser. Mention spéciale à Jules Benchetrit, le fils du réalisateur, qui interprète Charly et fait une première apparition brillante au cinéma ! Chaque étage recèle ainsi sont lot d'humanité bariolée. Et même sur le toit, il y a de la vie ! Surtout quand un cos- monaute tombé du ciel atterrit sous le nez de junkies tellement stone qu'ils ne cillent même pas en apercevant capsule spatiale et parachute. Notre pauvre Yankee, paumé, à la recherche d'une âme secourable, sonne à la porte de Madame Hamida, un vrai bonheur de femme généreuse qui a le cœur sur la main, la langue bien pendue et du couscous à revendre. Trop heureuse de cette compagnie inespérée, la voilà qui se colle à ses tajines et essaie de lui faire avaler tous les plats qu’elle ne peut plus cuisiner pour son fils (de retour à la case prison). Notre agent de la NASA, qui ne pige mot, est d’abord méfiant : tout adorable qu’elle soit, cette dame est incontestablement arabe et donc possiblement « terroriste » ! Ce que redoute également son QG… Mais une sombre histoire de rivalité entre nations (pour la conquête des étoiles) fait que ses compatriotes sont prêts à laisser leur camarade en pâture à l'inconnue… Plus loin, une infirmière au regard et à la voix extrêmement suaves (forcément : c'est Valéria Bruni Tedeschi) trompe l'ennui en faisant des ronds de fumée dans la solitude de la nuit… Jusqu'à l'arrivée d'un prince bedonnant chevauchant un étrange destrier, prince du bitume qui n'est autre que Sieur Sternkowitch, toujours en guerre contre son ascenseur, à moins que ce ne soit l'inverse ! TOULOUSE & TOURNEFEUILLE THE LOBSTER Yorgos LANTHIMOS GB/Grèce 2015 1h58 VOSTF (anglais) avec Colin Farrel, Rachel Weisz, Jessica Barden, Olivia Colman, Ashley Jensen, Ariane Labed, Angeliki Papoulia, John C. Reilly, Léa Seydoux… Festival de Cannes 2015, Prix du Jury Fifigrot 2015, Amphore du Peuple (traduisez Prix du public) Dans un cinéma mondial qu'on peut raisonnablement trouver trop sage, de plus en plus timoré dans la forme, de moins en moins radical dans le fond, ce film follement imaginatif et visionnaire du jeune cinéaste grec Yorgos Lanthimos nous fouette les sangs de son souffle aussi décoiffant que vivifiant. The Lobster est une formidable et hilarante fable dystopique (la dystopie est en gros le contraire de l'utopie, et décrit une société qui va à l'encontre du bonheur des hommes) qui impose son univers unique dès la première séquence : dans un paysage de landes dénudées (on saura plus tard qu'on est en Irlande), une femme s'arrête au bord de la route à côté d'un âne qu'elle abat froidement. On comprendra pourquoi, mais pas tout de suite… Puis on se retrouve dans un endroit étrange, « l'Hôtel ». Dans la société flippante de The Lobster, il n'est pas toléré de vivre seul. Alors on tente de redonner une chance aux contrevenants à « l'Hôtel » : les célibataires et les veufs y séjournent et ont 45 jours pour y trouver l'âme sœur. Diverses activités leur sont proposées pour les aider à conclure : thés dansants, séjours en duo sur une île de l'amour, jeux stupides… mais aussi chasses à l'homme sur lesquelles nous reviendrons… Pendant leur séjour, tout plaisir solitaire est rigoureusement interdit, sous peine de se voir passer les doigts au grille-pain ! Et le malheureux ou la malheureuse qui, au terme fatidique des 45 jours, n'a pas réussi à former un couple sera transformé… en l'animal de son choix. « L'Hôtel » tient donc à la fois du séminaire de cadres sinistre et du reality show débilitant… David fait partie des nouveaux pensionnaires, après que sa femme l'ait quitté. Il est venu avec son frère, transformé en chien après un séjour non concluant. David a quant à lui choisi d'être transformé, en cas d'échec, en homard (le « lobster » du titre). Pourquoi ce choix ? Parce que le homard vit longtemps, parce qu'il vit dans l'eau, parce que ses capacités de reproduction sont remarquables… On a découvert Yorgos Lanthimos avec le décapant Canine, qui mettait en scène une famille bourgeoise séquestrant ses enfants pour les préserver des dangers du monde extérieur. Il atteint une autre dimension dans The Lobster en imaginant une société normative jusqu'à l'absurde, qui oblige ses membres à l'amour, même le plus factice. Chacun, terrifié par la menace de transformation, est prêt à tout pour former un couple : un jeune homme se fracasse le nez pour séduire une jeune fille atteinte de saignements réguliers, David tente de dissimuler qu'il est un homme bon pour séduire la femme sans cœur avant de rencontrer la femme myope… Face à cette tyrannie du couple, il y a des résistants, les « Solitaires », qui vivent dans la forêt et tentent d'échapper aux battues organisées par « l'Hôtel ». Mais Lanthimos n'épargne pas non plus les Solitaires qui s'avèrent tout aussi dogmatiques puisqu'ils interdisent toute relation sentimentale ou sexuelle, prévoyant même des sévices physiques, comme la couture des lèvres pour toute déclaration d'amour coupable. Le récit est jubilatoire, nourri de comique absurde, enchaînant les situations ubuesques, les trouvailles burlesques. Yorgos Lanthimos a entraîné dans l'aventure une brochette de comédiens célèbres qui jouent à merveille le jeu du contre-emploi : Colin Farrell, désopilant, moustache de comptable et petite bedaine, tout en maladresse et timidité ; John C. Reilly, parfait en mauvais camarade ; Rachel Weisz, absolument craquante en femme myope amoureuse ; sans oublier Léa Seydoux en paramilitaire impitoyable, chef sans partage des « Solitaires ». TOULOUSE ELSER, UN HÉROS ORDINAIRE Route de Grenade à Seilh (31) dim. 8 novembre 2015 - 16h30 Aline Zylberajch & Martin Gester Fantaisies concertantes pour orgue et clavecin Vivaldi, Mozart, J.S. Bach, C.P.E. Bach... dim. 14 février 2016 - 16h30 Muza Rubackyté, piano Double jeu Schumann, Prokofiev, Čiurlionis dim. 10 avril 2016 - 16h30 Magali Léger, soprano / Laure Urgin, conteuse / Frédéric Denépoux, guitare Dans les jardins d’Espagne hasard et surtout par amitié dans le Röter Kampferbund (l'unité combattante du parti communiste), ce garçon bien plus intéressé par le jazz et les filles – qui le lui rendent bien – que par la politique et le militantisme, a failli changer le cours de l'histoire, un certain 8 Novembre 1939. Seul, sans aucun appui, sans aucune « formation » aux techniques de l'action secrète ou de commando, et au bout de plusieurs mois de préparation minutieuse, l'homme discret va fabriquer une bombe, à partir de mécanismes d'horlogerie et d'explosifs volés dans la carrière la plus proche, et la placer, après des nuits de planque assidue, dans un des piliers de la Bürgerbraükeller, la brasserie munichoise où Hitler a prévu de prononcer un discours pour commémorer son coup d'état raté de 1923. On connait malheureusement la suite : Hitler, préoccupé par les préparatifs de la guerre, écourte son discours et part plus tôt que prévu vers Berlin avec sa garde rapprochée, si bien que l'attentat ne va tuer que quelques seconds couteaux. C'est le premier d'une longue série d'attentats ratés contre Hitler (pas moins de 7, on se dit qu'il n'y a vraiment pas de justice divine) et surtout le seul accompli par un civil, tous les autres le seront par des militaires du régime. Le cœur du film tourne autour du fascinant triangle que forme Elser, rapidement arrêté alors qu'il essayait de passer en Suisse, et ses interrogateurs et bourreaux, Heinrich Müller, chef de la Gestapo, et Arthur Nebe, chef de la police judiciaire. Les deux nazis ne peuvent pas croire que le jeune homme a agi seul et ils veulent lui faire avouer le nom de ses complices ou commanditaires. Agents étrangers ? Cellule communiste ? Mais malgré leurs efforts zélés, qui vont évidemment jusqu'au recours à la torture, il faut se rendre à l'évidence, même si le Fürher la refuse obstinément : Elser est un simple citoyen porté par la conviction profonde de devoir « agir ainsi pour éviter que plus de sang ne soit versé »… Le film est passionnant parce que, audelà du huis-clos carcéral qui va durer de longues années au cours desquelles Elser affrontera les mêmes protagonistes, le film revient en flashback sur son parcours, sur tout ce qui l'a fait évoluer depuis le début des années 30. Années encore heureuses où le jeune Elser et ses amis profitent de la nature splendide (on est tout près du superbe lac de Constance), aiment librement tout en ne dédaignant pas la tradition catholique, font la fête au rythme de la musique traditionnelle bavaroise tout en découvrant le jazz. Un monde où jeunes communistes et nationaux socialistes s'asticotent sans que les deuxièmes ne tentent d'exterminer les premiers. Puis à peu à peu le nazisme s'installe et la progression de l'épidémie est magnifiquement décrite : le maire un peu crétin, dont on se moquait volontiers, se rallie aux idées simples du national socialisme, les chrétiens pratiquants sont ridiculisés par les adeptes du paganisme, les croix gammées recouvrent tout et l'asservissement de chacun est inéluctable alors que tout communiste ou supposé tel est arrêté et torturé. C'est tout cela que refuse Georg Elser, c'est pour combattre tout cela qu'il va accomplir son acte hors du commun. Un héros ordinaire auquel l'acteur Christian Friedel (découvert en instituteur dans Le Ruban blanc de Michael Haneke) donne une épaisseur, une énergie, un charme extraordinaires. TOULOUSE & TOURNEFEUILLE Garcia Lorca, de Falla, Granados... dim. 22 mai 2016 - 16h30 Liana Gourdjia, violon & Marc Coppey, violoncelle Suites, sonates… en duo, en solo Bach, Mozart, Ysaÿe, Ravel RÉSERVATION, paiement sécurisé www.concertarochemontes.festik.net 05 62 72 23 35 - [email protected] www.concertarochemontes.org UNE JEUNESSE ALLEMANDE Mardi 20 octobre à 19h30 à Toulouse, la projection sera présentée par Stéphane Auclaire, distributeur du film. Film documentaire de Jean-Gabriel PÉRIOT France 2015 1h33 VOSTF (Allemand) Si ce film documentaire impressionne et captive autant, c'est pour plusieurs raisons qui nous frappent immédiatement, pendant la vision, ou un peu plus tard, à la réflexion : sa construction qui le rend immédiatement prenant et extrêmement vivant, actuel ; son parti pris de ne travailler qu’à partir d'images d’archives, de ne pas surligner le propos de dates, de didactisme, un choix qui nous pousse donc à suivre les événements comme si on y était, en direct ; le choix pertinent de la musique révoltée et urgente de l’époque qui nous plonge dans son ambiance ; et surtout peut-être le fait qu’il nous immerge dans les réflexions des protagonistes, sans prononcer de jugement, sans prendre parti. Clairement, la plupart des questions qu'ils se posent, on les a tous plus ou moins partagées. Les analyses qu’ils font résonnent avec les nôtres. Comment se faire entendre d'un pouvoir qui oppresse, d'une société de consommation qui avilit, de médias qui abêtissent ? Quelle latitude cette société nous laisse-t-elle pour s’exprimer ? Quels sont les moyens efficaces pour résister, lutter ? Ulrike Meinhof (journaliste), Holger Meins (cinéaste), Horst Malher (avocat), Gudrun Ensslin et Andreas Baader (étudiants)… Nés autour de la seconde guerre mondiale, ces jeunes Allemands brillants qui vont de plus en plus se radicaliser sont le fruit de la démocratie ouest allemande. Engagés, ils testent tous les moyens à leur portée pour faire entendre leur différence : l’art, la création d’un journal, les meetings… L’effondrement du mouvement étudiant, fin 1968, va les pousser vers ce qu’ils appelleront une « guérilla urbaine ». En 1970 nait la RAF : Rote Armee Fraktion ou Fraction Armée Rouge… Si le groupe, entré dans la clandestinité, commence par braquer des banques pour se procurer des subsides, il n’en restera pas là… Bombes, enlèvements : s'engage une épopée sanglante qui bouleversera l’Allemagne… et toute l'Europe avec elle ! Leurs actions vont avoir des répercussions particulièrement fortes dans les pays limitrophes comme la France, qui suivra chaque étape de cette montée de violence avec effroi. C'est qu'au delà du cas allemand, le phénomène de la radicalisation interroge nos systèmes politiques et leurs limites. On peut étendre la réflexion du film à d'autres organisations qui connaîtront le même basculement. On se souvient facilement de l'IRA, de l'ETA, du FLN, des Blacks Panthers, un peu moins des Tigres de la libération de l'Îlam Tamoul… On a un peu plus oublié l'ASA (Armée Secrète Arménienne pour la libération de l'Arménie), le FLQ (Front de Libération du Québec)… Ce serait bien sûr simpliste et faux de les mettre tous dans le même sac. On ne peut se contenter d'analyses de comptoir alors qu'on pénètre sur un terrain miné, truffé de peurs, de morts et de souffrances. Les moteurs de ces mouvements, leurs idéologies, la nature de l'oppression qu'ils subissent ou pensent subir… tant de choses diffèrent. Mais dans tous les cas la ligne de démarcation semble parfois ténue entre ce qui distingue un justicier d'un criminel. Qu'est-ce qui légitime la prise des armes, les victimes qui en résultent ? En 1942, en France, Monseigneur Piguet, évêque de Clermont, ne qualifiait-il pas de terroristes les actes de ceux que l'on a par la suite décorés et appelés des résistants (certes on était en temps de guerre) ? À bien les décortiquer, tous ces pans d'Histoire épineux nous offrent un éclairage fascinant sur notre époque contemporaine et nous en restituent toute la complexité. Ce n'est certes pas anodin si des cinéastes s'en emparent actuellement. Les hommes heureux n'ont pas d'histoires… Comblé, en sécurité, qui éprouverait le besoin de fuir son pays ou d'en contester violemment les fondements ? Le travail de Jean-Gabriel Périot est rigoureux, impeccable : sans faire l’apologie du terrorisme, il le questionne et le documente, en montre toutes les facettes, ses conséquences sur le peuple, l’opinion, son traitement par les médias. C’est vraiment passionnant, très dense, et on est presque frustré quand ça s’arrête. TOULOUSE Ciném a garanti sans 3D www.cinemas-utopia.org • Toulouse (24 rue Montardy - 05 61 23 66 20) • Tournefeuille (Impasse du Château - Ciné 05 34 57 49 45 - Bistrot 05 34 51 88 10) ELSER, UN HÉROS ORDINAIRE Projection en avant-première dimanche 11 octobre à 10h à Toulouse Oliver HIRSCHBIEGEL Allemagne 2015 1h54 VOSTF avec Christian Friedel, Katarina Schüttler, Burghart Klaussner, Johann Von Bülow… Scénario de Fred et Léonie-Claire Breinersdorfer C'est un film formidable qui exalte l'esprit de résistance, qui nous captive avec un personnage et un épisode presque oubliés d'une période historique sur laquelle on croit pourtant tout savoir. A la fin des années 1930, alors que le régime nazi a déjà bien assis son pou- voir, Georg Elser est un modeste menuisier de la Souabe, la partie occidentale de la Bavière. Une région aussi rurale qu'industrielle, marquée à la fois par un fort catholicisme et une conscience ouvrière et syndicale très puissante. Et ce Georg Elser ordinaire, entré presque par No 220 Du 30 septembre au 3 novembre 2015 / Entrée: 6,50€ / Séance sur fond gris dans les grilles : 4€ / Abonnement: 48€ les 10 places