Caractéristiques des répondants

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Caractéristiques des répondants
SONDAGE SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA SANTE SEXUELLE AU SALON INTERNATIONAL GAY ET LESBIEN
SIDA INFO SERVICE 2007
En novembre 2007 s’est tenu au Carrousel du Louvre un Salon International Gay et Lesbien (SIGL), à
vocation commerciale, qui faisait suite à d’autres expériences de ce type, interrompues depuis
plusieurs années. C’est la première fois qu’un tel salon se tenait dans le centre de Paris.
Sida Info Service, présent au SIGL, a proposé aux visiteurs de son stand de répondre à un
questionnaire relatif à leurs habitudes de prise en charge en termes de santé, et sur les interférences
entre leur prise en charge ambulatoire et leur orientation sexuelle (cf. annexe).
Ce questionnaire a été bien accueilli : 356 personnes y ont répondu anonymement, avant de le
déposer dans une urne. Au final, 352 questionnaires ont été retenus pour l’analyse.
Ce questionnaire avait vocation à vérifier l’adéquation du projet de Centre de Santé Sexuelle porté par
Sida Info Service avec les besoins d’un échantillon de répondants fréquentant le salon. A noter que
nous n’avons pas demandé aux répondants de préciser leur orientation sexuelle. Le fait de se rendre
dans un salon LGBT suppose une proportion importante d’homo/bisexuels des deux sexes, mais ne
peut s’y résumer. Les réflexions éventuelles suscitées par cette enquête doivent prendre en compte
cet aspect.
Caractéristiques des répondants
Les hommes représentent plus des trois quarts des répondants au questionnaire (78,2% versus
21,8% de femmes).
L’ambitus des âges est étendu (16 ans – 79 ans), mais la grande majorité des répondants ont entre
21 et 50 ans. La moyenne d’âge est relativement élevée (37,8 ans) en quoi on retrouve une
caractéristique commune aux enquêtes de type Presse Gay. Il s’agit d’un salon commercial, dont le
prix d’entrée était relativement élevé, visant une clientèle plutôt installée et vivant dans un certain
confort matériel. Cette caractéristique du lieu peut donner une indication sur cette moyenne d’âge
relativement haute.
Répartition par âge et sexe (en % du total), Enquête santé sexuelle au SIGL novembre 2007
24,8%
25,0%
23,9%
Hommes (N=275)
Femmes (N=77)
18,5%
Total (N=352)
20,5%
19,6%
12,8%
11,4%
9,3%
4,5% 4,8%
6,3%
4,5%
4,3%
1,4%
16-20 ans
21-30 ans
31-40 ans
41-50 ans
51-60 ans
3,7%
4,3%
0,6%
60 ans et plus
Note de lecture : 4,5 % des répondants sont des hommes âgés de 16 à 20 ans.
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Le déséquilibre hommes/femmes n’apparaît pas dans la tranche 16-20 ans, alors qu’elle devient très
sensible dans les classes suivantes, et en particulier après 30 ans. On est tenté d’y voir un
changement des perceptions identitaires chez les jeunes, mais les effectifs ne permettent pas de tirer
des conclusions précises.
Les répondants vivent pour les deux tiers à Paris et en Ile-de-France (66,3%). 38% des répondants
vivent à Paris. 23,8% résident en province, 1,4% à l’étranger (Europe, Amérique du Sud)
Habitudes de soins
La très grande majorité des répondants (87,9%) ont un médecin traitant, ce qui ne surprend guère
plus d’un an après l’instauration du parcours de soins coordonné.
Si la majorité des répondants abordent leur sexualité avec leur médecin traitant (57,0%), cette
proportion augmente énormément avec l’âge. Ainsi, seulement 21% des répondants de 20 ans et
moins (31% des hommes et 12% des femmes) abordent leur sexualité avec leur médecin traitant,
alors qu’ils sont 73% (72% des hommes et 80% des femmes) à le faire dans la tranche 51-60 ans.
Proportion de personnes abordant la sexualité avec leur médecin traitant selon l'âge et le sexe
Enquête santé sexuelle au SIGL novembre 2007
100%
Hommes
Femmes
72%
68%
58%
77%
53%
43%
41%
31%
80%
23%
12%
16-20 ans
21-30 ans
31-40 ans
41-50 ans
51-60 ans
60 ans et plus
Note de lecture : 31 % des hommes âgés de 16 à 20 ans abordent la sexualité avec leur médecin (soit 69 % qui ne l'abordent pas).
On peut s’interroger sur le sens à donner à cette répartition. D’une part, les hommes ont plus de
facilités à aborder leur sexualité avec leur médecin traitant que les femmes, du moins avant 50 ans,
après quoi la tendance s’inverse, sur de faibles effectifs il est vrai.
En ce qui concerne les hommes, on peut imaginer que la maturité leur a permis de mieux assumer
leur sexualité et de l’aborder plus facilement. On peut également imaginer que l’âge étant associé à
l’apparition de troubles sexuels, le sujet est plus souvent abordé. Mais on ne peut omettre le fait que
la prévalence de l’infection par le VIH augmente considérablement avec l’âge chez les gays, et que le
suivi médical qui découle de la séropositivité donne plus d’occasions d’aborder la sexualité.
En cas de questions ou d’inquiétudes en rapport avec la santé sexuelle, les répondants font
appel à :
-
Leur médecin traitant : 51,1%
Un médecin d’un CDAG : 14,3%
Un autre professionnel de santé : 16,8%
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-
Un ami : 36,0%
Des sites Internet de santé : 30%
Personne : 3,6%
Les recours sont différents selon les sexes. Le recours au médecin du CDAG concerne
essentiellement les hommes, tandis que le recours à un autre professionnel de santé que le médecin
traitant est plus souvent évoqué par les femmes. Il s’agit presque toujours d’un gynécologue (le type
de professionnel est beaucoup plus varié chez les hommes, et ce peut être un ami médecin, un
sexologue ou un psychothérapeute, mais aussi un professionnel exerçant dans une association de
lutte contre le sida). Le recours à un ami ou à un site Internet est comparable dans les deux sexes. La
recherche d’information par Internet est plus souvent évoquée par les jeunes, ce qui est sans surprise.
Le choix du médecin traitant
-
Parce qu’il est gay ou gay-friendly : 17,2%
Au hasard : 23,6%
Sur les conseils d’un ami : 22,2%
Pour une autre raison : 30,6%
Le choix d’un médecin gay ou gay-friendly est relativement fréquent (plus d’un répondant sur six) et ce
recours augmente avec l’âge, sauf pour les femmes, qui y ont de toute façon peu recours. La disparité
géographique est importante pour ceux qui font ce choix : parmi les répondants parisiens, un sur
quatre a choisi son médecin sur ce critère contre 13% en province et 8% en Ile-de-France (hors
Paris). La question de l’offre influe vraisemblablement dans la mesure où il existe des réseaux de
praticiens gays à Paris, qui n’existent pas ailleurs.
Lorsque le choix du médecin a été motivé par une autre raison que les trois proposées, les critères
principalement cités sont la proximité géographique, et le fait que le médecin soit celui de la famille.
Le médecin de famille est particulièrement cité par les moins de 30 ans et par les femmes. Quelques
répondants ont choisi leur médecin du fait de sa compétence dans l’infection par le VIH.
Quel accueil de la sexualité en consultation ?
Lorsqu’ils abordent leur sexualité en consultation, les répondants :
-
Se sentent compris et écoutés : 57%
Se sentent mal à l’aise : 16,3%
Se sentent rejetés : 0,5%
Préfèrent ne pas aborder leur sexualité : 18,8%
Autre ressenti : 10,4%
Sans surprise, plus les répondants avancent en âge, plus ils se sentent écoutés, et ceci recoupe ce
qu’on a observé plus haut sur l’abord de la sexualité avec le médecin. Globalement, le niveau de
satisfaction est quand même de 57% et, surtout, très peu de personnes ont expérimenté le rejet. En
revanche, ils sont presque un sur cinq à préférer ne pas aborder leur sexualité.
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Perception d’un projet de Centre de Santé Sexuelle gay-friendly
Point de vue des répondants sur le projet de Centre de Santé Sexuelle (CSS) :
- C’est utile et je pense y aller : 62,3%
- C’est utile, mais je n’ai pas besoin d’un tel lieu, personnellement : 33,8%
- Je ne suis pas certain que cela soit utile : 0,2%
- Je pense que c’est inutile : 3,9%
- Sans opinion : 2,8%
Sans équivoque, la quasi-totalité des répondants considèrent que la définition du CSS telle qu’elle leur
a été donnée correspond à un besoin. Si une personne sur trois ne ressent pas personnellement le
besoin de se rendre dans un tel lieu, ils sont six sur dix à envisager de s’y rendre.
Les plus jeunes sont les plus concernés, et cette observation est cohérente avec celles qui sont faites
à partir des autres items du questionnaire. Les hommes se sentent plus intéressés que les femmes
par ce type de structure, et cela peut être biaisé par le terme « gay-friendly » employé dans l’intitulé de
la question. Cependant, on retrouve, comme ailleurs, une motivation plus importante des jeunes
femmes, ainsi que des femmes de 41 à 50 ans. Au-delà, le faible effectif de femmes répondantes rend
les pourcentages difficiles à interpréter.
Intérêt régional ou national ?
La question de la localisation géographique des répondants est intéressante à envisager, et à
comparer avec l’importance du critère « gay ou gay-friendly » dans les critères de choix du médecin
traitant.
Concernant le choix d’un médecin gay ou gay-friendly, il est nettement plus souvent évoqué par les
habitants de Paris (un sur quatre), alors qu’il l’est moins pour les habitants de province et encore
moins par les résidents de la région parisienne hors Paris (cf. commentaires « Choix d’un médecin
gay-friendly »). La question de l’offre influe vraisemblablement sur ce résultat.
En revanche, il n’y a pas de différence entre les trois groupes géographiques par rapport à l’intention
de se rendre au CSS. Indépendamment de l’offre locale, le centre semble perçu comme une
ressource possible par les répondants de province.
Le questionnaire n’est pas assez précis pour affirmer que ces personnes envisagent de fréquenter le
CSS à l’occasion d’un passage à Paris (certains ont pu comprendre qu’il s’agissait d’une proposition
déclinée en régions).
Cependant, face à un public qui a fait le déplacement à Paris pour visiter le SIGL (ou qui a profité d’un
déplacement), dans une communauté où un nombre important de personnes viennent à la capitale
pour profiter de la vie gay, et notamment des lieux de consommation sexuelle, il y a probablement
quelque chose à proposer aux personnes de passage, et ce d‘autant plus que la motivation sexuelle
est double (consommation et soins). On peut faire le pari d’un recrutement national pour le CSS.
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Conclusion
Nous avons exposé les limites de ce sondage : contexte, population, niveau socio-économique, faible
effectif dans certaines catégories d’âge. Le déséquilibre homme/femme apparent reflète cependant la
sociologie de l’épidémie. Etant donné ce qu’elle est chez les homosexuels des deux sexes, l’intérêt
des femmes répondantes encourage à développer parallèlement une réflexion sur la santé lesbienne
qui est ébauchée dans le projet initial du Centre de santé sexuelle.
Certaines tendances semblent fortes, et en particulier le besoin d’un lieu gay-friendly consacré à la
santé sexuelle. Ce besoin semble d’autant plus affirmé que les répondants sont jeunes, et ce quel que
soit leur lieu d’habitation. L’objectif central du CSS étant de participer à la réduction de l’épidémie
d’infection par le VIH, nous considérons cette observation comme encourageante.
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QUESTIONNAIRE
Avez-vous un médecin traitant ?
o Oui
o Non
Abordez-vous votre sexualité avec votre médecin traitant ?
o Oui
o Non
Lorsque vous avez des questions ou des inquiétudes en rapport avec votre santé sexuelle,
vous en parlez avec :
o Votre médecin traitant
o Un médecin d’un CDAG
o Un autre professionnel de santé (merci de préciser)
o Un(e) ami(e)
o Vous consultez des sites de santé sur Internet
o Personne
Vous avez choisi votre médecin :
o Parce qu’il est gay ou gay-friendly
o Au hasard
o Sur les conseils d’un(e) ami(e)
o Autre (merci de préciser)
Lorsque vous abordez votre sexualité en consultation :
o Vous vous sentez compris et écouté
o Vous vous sentez mal à l’aise
o Vous vous sentez rejeté
o Vous préférez ne pas aborder votre sexualité
o Autre (merci de préciser)
Sida Info Service travaille actuellement à un projet de Centre de Santé Sexuelle gay-friendly, où
il serait possible de rencontrer une équipe pluridisciplinaire autour des questions de santé
relevant de la sexualité (information, symptômes liés aux pratiques ou aux IST, difficultés
sexuelles, dépistage avec tests rapides, suivi des IST, hépatites, suivi VIH). Que pensez-vous
d’un tel lieu ?
o C’est utile, et je pense y aller
o C’est utile, mais je n’ai pas besoin personnellement d’un tel lieu
o Je ne suis pas certain que cela soit utile
o Je pense que c’est inutile
o Sans opinion
Merci de nous préciser votre département de résidence _____ Votre âge _____ Votre sexe___
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