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Conseil National Economique et Social Conseil National Economique et Social Adresse : 3, Rue Hassane Ibn Naamane Les Vergers – Bir-Mourad-Rais Wilaya d’Alger B. P N° 372 Hydra Tel : 54. 21. 14 à 17 Fax : 54. 15. 38/ 54. 10. 97 Internet : http:// www.cnes.dz République Algérienne Démocratique et Populaire Conseil National Economique et Social CNES Rapport L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures 22ème Session Plénière Publication du Conseil National Economique et Social Mai 2003 L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : inquietudes actuelles et futures. EDITION - CNES Le Chemin de Fer en Algérie : Pour une dynamique nouvelle SOMMAIRE REMERCIEMENTS ------------------------------------------------------- 01 PREAMBULE----------------------------------------------------------------02 INTRODUCTION ---------------------------------------------------------04 CHAPITRE I. LES RISQUES NATURELS ET INDUSTRIELS : QUELLE PRISE DE CONSCIENCE ?---------------------------------- 07 1.1 EMERGENCE D’UNE NOUVELLE SCIENCE : LA CYNDINIQUE OU SCIENCE DU DANGER -------- 07 1.1.1 . Une décennie de la prévention ---------------------------------- 07 1.1.2 Dans le monde :une ampleur contrastée ------------------------ 08 1.1.3. En Algérie : une ampleur insoupçonnée--------------------- 12 1.2. LES PRINCIPAUX EVENEMENTS NATURELS OU INDUSTRIELS RECENTS : ALEAS REVELATEURS - 15 1.2.1 Les risques naturels ----------------------------------------------- 16 1.2.1.1 Les séismes ----------------------------------------------------- 16 1.2.1.2 Les inondations------------------------------------------------- 21 1.2.1.3. Les mouvements de terrains --------------------------------- 23 1.2.2. Les risques industriels --------------------------------------24 1.3.DE QUELQUES CAS PARTICULIERS : PORTEE ET SIGNIFICATION---------------------------------------------28 1.3.1 Le séisme de Ain Témouchent ------------------------------28 1.3.2 Les inondations de Bab-El-Oued ---------------------------30 1.3.3 Les glissements de terrains de Constantine --------------34 1.3.4 Le phénomène de Berkaoui ( Ouargla) --------------------38 CHAPITRE II : LE PROCESSUS D’URBANISATION : QUEL DISPOSITIF JURIDIQUE LE SOUS-TEND ? ------------ 41 2.1- DE L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE -------------42 2.2. DE L’URBANISME-----------------------------------------------43 2.2.1 L’urbanisme directeur -----------------------------------------44 2.2.1.1 L’approche administrée------------------------------------- 45 2.2.1.2 L’approche libérale ------------------------------------------ 46 2.2.2 . L’urbanisme opérationnel-----------------------------------48 2.2.2.1. Le permis de construire : contenu et objectifs---------- 48 2.2.2.2-Le certificat de conformité --------------------------------- 50 2.2.2.3- Le permis de démolir -------------------------------------- 51 2.3 . DES REGIMES FONCIERS ---------------------------------- 51 2.3.1- L’ère du monopole -------------------------------------------- 51 2.3.2. La nouvelle législation----------------------------------------53 2.3.2.1-La loi d’orientation foncière -------------------------------- 53 2.3.2.2 La loi domaniale --------------------------------------------- 54 2.3.2.3 La loi relative à l’expropriation pour cause d’utilité publique --------------------------------------------- 54 CHAPITRE III. EVALUATION D’ENSEMBLE : UNE INTEGRATION INSUFFISANTE DU RISQUE. ----------56 3.1- LE PROCESSUS D’URBANISATION : QUELLE PERTINENCE ? -----------------------------------56 3.1.1. Le temps du volontarisme dévoyé --------------------------57 3.1.2 Le temps des réformes : une vision encore incomplète 61 3.1.3 Les moyens d’accompagnement: quelle implication ? -65 3.1.3.1. La connaissance des sols : un intérêt majeur------------ 66 3.1.3.2 Le rôle de la maîtrise d’œuvre, du contrôle technique et des assurances ---------------------------------------------- 68 3.1.3.3 . Les dispositifs de prévention : leur portée ------------ 73 3.2 POUR UNE GESTION SYSTEMIQUE DU RISQUE --75 3.2.1 Nécessité d’une politique rénovée et solidaire -------------75 3.2.2 La dynamique à impulser -------------------------------------77 CONCLUSION -------------------------------------------------------------87 ANNEXES --------------------------------------------------------------------90 BIBLIOGRAPHIE -------------------------------------------------------- 100 Procès-verbal d’adoption de l’avant-projet de rapport ------------- 103 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière REMERCIEMENTS Le Conseil National Economique et Social adresse ses vifs remerciements aux représentants des Ministères de : - l’Habitat et de l’Urbanisme, - l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement, - l’Intérieur et des Collectivités Locales , - l’Energie et des Mines, - l’Industrie, ainsi qu’aux représentants : - de la Protection Civile, - du Centre National de Recherche Appliquée en Génie Parasismique ( CGS), - du Centre National des Etudes et de la Recherche en Industrie du Bâtiment ( CNERIB), - du Centre de Recherche en Astronomie , Astrophysique et Géophysique(CRAAG), - du Contrôle Technique de la Construction ( CTC) d’Alger, - du Laboratoire National de l’Habitat et de la Construction (LNHC) , - de la Compagnie Algérienne d’Assurance et de Réassurance ( CAAR), pour avoir répondu à l’invitation relative aux journées "Rencontres-débats" organisées par la Commission de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement les 07 , 08, 14 et 15 .janvier 2003. Le CNES remercie également les Secteurs et Organismes sollicités, pour la documentation qu’ils ont bien voulu mettre à la disposition de la Commission . L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 1 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière PREAMBULE De nombreuses analyses ont été faites par le Conseil National Economique et Social à la faveur de saisines et d’auto-saisines notamment dans : - le rapport sur l’Aménagement du Territoire et l’Environnement et sur le Projet de Stratégie Nationale de l’Habitat ; - les avis sur les dossiers « Demain l’Algérie » et « Villes Nouvelles » ainsi qu’au rapport sur « L’Habitat et le cadre de vie » ; - l’avis sur la Stratégie Nationale de l’Habitat pour la période 1996-2000 et à l’étude sur la Politique Nationale en matière de Population ; - le rapport sur « L’environnement en Algérie : enjeu du développement » ; - le rapport sur « La ville algérienne ou le devenir urbain du pays ». Ces différentes productions ont, chaque fois, attiré l’attention sur un mouvement d’urbanisation non maîtrisé sans toutefois appréhender , de façon particulière, les risques qu’un tel processus pouvait générer , surtout dans des situations de catastrophes naturelles et industrielles. C’est pourquoi, la présente auto-saisine s’est fixée pour objectif la mise en évidence de : - l’inter-activité des aléas naturels et industriels avec des zones fortement urbanisées ; - l’effet multiplicateur induit par le développement d’une urbanisation anarchique. La Commission de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement tient à souligner que ce choix ne procède pas d’une intention délibérée de faire l’impasse sur la multitude de risques, qu’ils soient technologiques , industriels, sanitaires, alimentaires , routiers, aériens, écologiques, agricoles etc…susceptibles de faire, par ailleurs, l’objet d’études spécifiques. La problématique qui a été retenue et qui est inscrite dans la relation entre le processus d’urbanisation engagé dans notre pays et les effets qu’il induit et/ou induira lors de la survenue de catastrophes naturelles et industrielles s’avère plus indiquée pour une perception plus nette des inquiétudes actuelles et futures que suscite une question aussi préoccupante. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 2 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière La Commission a tenu à s’assurer du concours des institutions et organismes techniques spécialisés pour recueillir le maximum d’avis et de conclusions auprès des acteurs directement concernés par la question . La démarche observée a été consolidée et confortée par l’exploitation d’une documentation diversifiée. Le présent rapport n’a nullement la prétention d’épuiser le problème des risques naturels et industriels intervenant dans des zones connaissant une urbanisation effrénée, mais de focaliser l’attention sur les voies et moyens les plus sûrs qu’il importe de mettre en œuvre dans le cadre d’une stratégie de prévention et de gestion des risques majeurs. Les inondations du 10 novembre 2001 à Bab-El-Oued ne sont-elles pas, l’un des exemples qui interpellent les consciences ? L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 3 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière INTRODUCTION . Le Conseil National Economique et Social, à travers les différents rapports de la Commission de l’Aménagement du Territoire et de l'Environnement1, n'a pas manqué de mettre l’accent sur les problèmes générés par l’absence d’une stratégie nationale de l'aménagement du territoire scientifiquement arrêtée et par un processus d'urbanisation tous azimuts. Dans le rapport sur "La ville algérienne ou le devenir urbain du pays", il était souligné dans sa partie introductive que "se saisir d'un tel dossier trente six ans après l'indépendance, n'est-ce pas tenter d'intervenir sur un territoire déjà fortement aménagé et sur un tissu urbain qui a subi de nombreuses atteintes et transformations."2 Interrogation a fortiori plus significative puisque, plus de quatre ans après, la situation connaît dans ce domaine une complexification accrue. Il est, en effet, des villes qui ont atteint un seuil de saturation extrême et qui poursuivent encore leur extension par des excroissances construites souvent à la hâte, sans viabilités, qui enlaidissent l'environnement et le menacent à tous les points de vue. Ce gigantisme quasi-ingérable est le résultat d'une urbanisation rampante qui, non satisfaite de "grignoter" les zones à hautes potentialités agricoles ,comme celles de la Mitidja, est allée investir les jardins , les terrasses d'immeubles, les flanc des collines, s’est emparée des lits des oueds et s'est même installée sur des gazoducs. Rien ne semble l'arrêter. Urbanisation - risques naturels - risques industriels -: voilà un trinôme dont les trois termes sont fortement imbriqués, même si en apparence cette relation ne semble pas évidente. La présente auto-saisine se trouve donc inscrite dans une problématique d'aggravation des risques potentiels induits par une forme d'urbanisation qui a pris, pendant des décennies, beaucoup de libertés par rapport à une législation et une réglementation conçues initialement pour l'encadrer et la canaliser judicieusement. 1 2 Cf Préambule Cf CNES/ Bulletin N° 6 nov .1999, p 122. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 4 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Qu'ils soient naturels ou industriels, les risques s'appliquent à des phénomènes qui se manifestent généralement sous deux formes principales : - des événements brutaux, extrêmement violents qui se produisent en un temps très court, provoqués par des ruptures d'équilibres sismologiques géomorphologiques, hydrologiques ou hydro-géomorphologiques, climatologiques ou industriels. Ce qui s'était passé à Alger, en novembre 2001, appartient à cette catégorie d'événements ; - une dégradation progressive sur une longue période et dont le point d'aboutissement est comparable à une rupture brutale par ses dégâts finaux. Les processus d'érosion des bassins versants ou d'altération de la qualité des eaux de surface ou de l'air en sont des exemples. Ces deux types de processus peuvent se combiner, en un mouvement lent et continu à son début et accéléré brusquement en une discontinuité cataclysmique. Lorsque de tels événements se produisent dans des zones habitées, dans des villes ou dans des sites stratégiques, ils se transforment en catastrophes humaines, économiques ou environnementales. De nombreux travaux ont mis en lumière les risques qui pèsent sur la planète et qui sont liés au progrès techniques, à l’industrialisation , à l’urbanisation au développement des mégapoles dont la moins peuplée parmi les vingt-cinq plus grandes agglomérations du monde dépasse les dix millions d'habitants! 3 La société mondiale se trouve, ainsi, confrontée à de nouveaux enjeux et à de nouveaux défis. L'évolution scientifique, qui a connu le développement successif des mathématiques, de la physique, de l’informatique et de la génétique, semble inscrire l'univers du XXIème siècle dans une trajectoire du risque qui explique l'émergence d'une nouvelle discipline: la cyndinique ou science du danger. L’Algérie, tout autant sinon plus que de nombreux pays, est concernée par les risques inhérents aux aléas naturels et industriels. 3 Cf Jouvenel « Vers un monde des grandes métropoles »-1984. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 5 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Lorsqu'on sait, en effet, que la concentration de sa population se situe sur la frange côtière la plus vulnérable, on comprend davantage pourquoi elle réunit toutes les caractéristiques d'un pays à risques. Ces aléas peuvent présenter une menace grave pour les zones habitées, gravissime si l'on tient compte des extensions urbaines incontrôlées autour d’importantes zones industrielles et pétrochimiques, telles qu'à Alger, Skikda, Arzew, Béjaia ou Hassi Messaoud. L'objectif visé dans ce rapport est donc d'alerter sur les risques potentiels futurs, sans doute encore à l'état de latence, mais qui peuvent un jour ou l’autre, surgir à l’état de flagrance, l'urbanisation incontrôlée pouvant alors donner à l'événement naturel ou industriel une intensité démultipliée et une résonance catastrophique. Le présent rapport, circonscrit aux seuls risques naturels et industriels en relation avec le développement de l’urbanisation, est structuré en trois parties : - la première , intitulée « Les risques naturels et industriels : quelle prise de conscience ? » traite de l’émergence d’une science nouvelle, la cyndinique ou science du danger, et met en évidence l’ampleur des risques dans le monde et en Algérie. Quelques catastrophes récentes et notamment les inondations de Bab-El-Oued, les glissements de terrain de Constantine et les séismes de Chlef et de Ain Témouchent livrent des enseignements utiles ; - la seconde, relative au dispositif juridique et intitulée : « processus d'urbanisation: quel dispositif juridique le sous-tend ? », décrit l’ancrage législatif et réglementaire qui a tenté d’encadrer le mouvement d’urbanisation, dans ces deux phases se rapportant à l’approche administrée et à l’approche dite libérale. - la troisième, intitulée « Evaluation d'ensemble: une intégration insuffisante du risque . », fournit les éléments d’appréciation du degré de pertinence du support juridique d’urbanisation, en faisant ressortir les lacunes existantes et en préconisant une approche systémique, impliquant l’ensemble des acteurs dans une dynamique concrète de gestion efficace des risques actuels et futurs. CHAPITRE I. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 6 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière LES RISQUES NATURELS ET INDUSTRIELS : QUELLE PRISE DE CONSCIENCE ? 1.1- L’EMERGENCE D’UNE NOUVELLE SCIENCE : LA CYNDINIQUE OU SCIENCE DU DANGER. 1.1.1 Une décennie de la prévention . Les catastrophes d’origine naturelle ou industrielle ont connu ces dernières années , une ampleur considérable suite au développement de l’urbanisation et à la concentration des personnes et des infrastructures économiques . La gravité de leurs impacts a été telle que les Nations-Unies ont déclaré la période 1990-1999 décennie de la prévention des catastrophes naturelles consacrant et promouvant ainsi, une nouvelle science du danger : la cyndinique La résolution 44/236 du 22 Décembre 1989 s’était fixée comme objectif majeur la création, au niveau de chaque Etat, d’un comité national avec pour mission principale de promouvoir des activités de réduction et de prévention des catastrophes naturelles. Le Secrétaire Général des Nations-Unies a souligné, lors de la cérémonie de clôture de ladite décennie, le 5 juillet 1999, qu’ « il devient de plus en plus manifeste que les catastrophes dites naturelles ne sont pas aussi naturelles que cela. » . Cette observation met en évidence le rôle de l’homme dans l’aggravation des impacts de ces catastrophes. Le Secrétaire Général des Nations-Unies n’a pas manqué de préciser que « les risques sont encore accrus par le fait que les villes du monde en développement sont atteintes de gigantisme et que les systèmes de communication, de transport et de distribution d’énergie forment des réseaux de plus en plus denses et complexes. Nous devons passer de la réaction à la prévention…. ». « Il faut élaborer des stratégies visant à atténuer les effets des catastrophes, mais il faut surtout s’employer à rendre ces populations moins vulnérables. Malheureusement ce type d’actions fait rarement la une des journaux et ne retient guère l’attention des politiques. ». Cette déclaration permet de tirer les enseignements ci-après : L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 7 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière - le risque résultant des aléas d’origine naturelle ou industrielle peut atteindre des niveaux catastrophiques, proportionnellement à l’accroissement de la concentration des potentiels humains et économiques ; - la notion de risque et son évaluation ont connu une évolution . En effet, jusqu’à une date relativement récente, le risque était surtout perçu en termes de vies humaines, alors que la concentration des activités dans les villes ne doit pas faire perdre de vue les pertes environnementales ; - l’absence de stratégie de prévention et d’intérêt des politiques pour ce type d’actions doivent céder la place à une vision dynamique de lutte contre les catastrophes. 1.1.2 Dans le monde : une ampleur contrastée. La décennie 80 a été marquée par un regain de conscience face aux dangers menaçant l’écosystème et surtout suite à : - l’accroissement des catastrophes naturelles et à l’amplitude de leurs conséquences, infiniment plus lourdes qu’auparavant ; si l’on dénombrait une quarantaine de catastrophes par an à la fin des années 50, elles s’élevaient à 80 à la fin des années 70 et à plus de 120 à l’heure actuelle ; - la multiplication des catastrophes industrielles et technologiques dont l’ampleur s’est considérablement accrue ravageant des territoires entiers et provoquant des milliers de morts. L’explosion de l’oléoduc de Cubatar (Brésil) qui a ravagé la cité entière , celle du gazoduc de Mexico qui fit 1.500 morts , l’accident de l’Union Carbide à Bhopal et la catastrophe de Tchernobyl ont vigoureusement alerté l’opinion publique sur la vulnérabilité des systèmes industriels et sur les conséquences majeurs de leur dérèglement4. A titre illustratif, le nombre de personnes tuées dans le monde à la suite des catastrophes naturelles s’élève à environ : 4 Jouvenel op-cit , d’après François Ramade : « Les catastrophes écologiques : une menace pour l’avenir de l’humanité »-1989. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 8 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière - deux millions de victimes au cours de la décennie 1970 ; - moins de huit cent mille au cours de la décennie 1990. Les séismes qui ont été les plus meurtriers sont ceux de Tangshan (Chine), environ un million de morts et des millions de blessés, de Gurujat (Inde) 14.000 morts, de Bucarest, 1650 morts et 10.000 blessés, de Scopié :1066 morts, de Turquie, deux séismes , 20.000 morts, de Chlef, 3500 victimes et 8.400 blessés.. La carte ci-après indique les tremblements de terre catastrophiques au niveau du bassin méditerranéen. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 9 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Carte des tremblements de terre catastrophiques L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 10 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Quant aux deux tableaux suivants, ils donnent un aperçu des catastrophes naturelles à travers le monde pour l’année 20015. Catastrophes naturelles à travers le monde pour l’année 2001. Continent Nombre de morts Asie 21.500 Amérique 1.758 Afrique 1.525 Europe 267 Australie 13 Monde 25.063 Nombre d’événements enregistrés en 2001 Type d’événements Nombre en % Tremblements de terre 12 Tempêtes 36 Inondations 32 Autres 20 Si depuis les années 80, le nombre de personnes affectées par ces catastrophes a considérablement augmenté et dépasse les deux milliards, les pertes économiques , quant à elles , ont été multipliées par cinq et ont atteint 629 milliards de dollars. Trois éléments exposés aux risques sont à appréhender: les populations : leur vulnérabilité dépend de la nature des constructions et des infrastructures (ponts , barrages etc…) ; - les installations industrielles : elles amplifient le risque, car on les trouve de plus en plus à l’intérieur ou dans le voisinage immédiat des villes . En effet, outre les dommages directs causés par l’événement, des risques secondaires importants peuvent intervenir, notamment par le dégagement de substances toxiques ou inflammables dont le rayon d’action peut atteindre parfois des milliers de kilomètres; 5 Cf WWW. Greenpeace .fr et annexe. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 11 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière - l’économie proprement dite : elle se trouve gravement perturbée par la destruction de potentiels productifs et des activités commerciales. Ces trois facteurs sont étroitement liés et leurs effets conjugués donnent à la catastrophe une plus grande intensité. Dans le cadre de la maîtrise des risques majeurs, les pays développés ont accompli des efforts importants, élaboré des réglementations strictes6 et ont dégagé des moyens conséquents prenant en compte le développement de l’urbanisation et la forte concentration des populations dans les grandes agglomérations urbaines. Nonobstant les progrès enregistrés, des appréhensions subsistent et révèlent une ampleur très contrastée selon le degré de prise de conscience de chaque pays et les politiques de prévention et de gestion des risques mises en œuvre. Qu’en est –il en Algérie ? 1.1.3. En Algérie : une ampleur insoupçonnée. L’Algérie a connu de nombreux événements exceptionnels résultant des catastrophes naturelles ou industrielles qui ont causé la perte de milliers de vies humaines et des dégâts matériels et infrastructurels considérables estimés à plusieurs milliards de dinars. Devant l’importance des risques, le Gouvernement a inscrit comme priorité la nécessité de préparer le pays à une meilleure appréhension des catastrophes à travers une politique de prévention. C’est surtout après le séisme du 10 octobre1980 à Chlef, que la volonté de mettre en place une organisation de la prévention et de la prise en charge des catastrophes naturelles ou industrielles a été enregistrée. La prise de conscience requise et la nécessité de mettre en place une stratégie de limitation des risques ont conduit les pouvoirs publics à adopter, le 29 mai 1985, un « Plan National de Prévention des Catastrophes et d’Organisation des Interventions et Secours » . 6 Cf à titre indicatif, la directive européenne Seveso 1 prise à la suite du nuage de dioxine qui a gravement menacé les populations , en 1976 , à Seveso (Italie). Cette directive a été complétée par Seveso 2 en 1996. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 12 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Un recensement des risques naturels et industriels a été effectué et quatorze risques ont pu être identifiés et reconnus en Algérie : sept d’origine naturelle et sept d’origine industrielle. Dans la typologie des risques naturels, on peut citer: - le séisme ou tremblement de terre ; - les inondations ; - les mouvements de terrains qui comprennent les glissements de terrains, les sols gonflants, les tassements de sols , le recul de falaises, les avancées de dunes… ; - les vents violents ; - la sécheresse ; - les feux de forêts ; - le risque acridien. Ainsi qu’il a été souligné en préambule, l’attention sera focalisée essentiellement sur les trois premiers risques - séismes, inondations et mouvements de terrains - du fait du lien étroit et direct entre les impacts de ces aléas et les milieux habités et réciproquement. S’agissant des quatre autres risques , bien qu’ayant une interactivité avec le milieu urbain , leurs impacts sont plus significatifs en milieu rural. Concernant les risques industriels, il y a lieu de mentionner : - les incendies et les explosions ; - les catastrophes maritimes ; - les catastrophes ferroviaires et routières ; - les catastrophes aériennes, - les risques radiologiques ; - les pollutions ; - les catastrophes biologiques. Dans ce domaine, l’attention portera également sur la catégorie des risques qui présentent une interactivité avec les milieux habités . Pour les autres, bien que très dommageables, leur traitement s’inscrit dans une approche régionale, voire mondiale, et leur fréquence sur les milieux habités relève de l’aléatoire. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 13 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Il convient de souligner que la frange septentrionale de l’Algérie présente toutes les caractéristiques d’une zone à risques à grande échelle car elle est notamment : - le lieu d’une concentration de population du fait d’une urbanisation très importante, d’une activité économique multiforme : agricole, industrielle, commerciale et de services; - le siège des administrations de souveraineté et des équipements stratégiques ( économiques, politiques , sanitaires…); - caractérisée, géologiquement et géographiquement, par des reliefs accidentés avec des sols propices à des mouvements divers; - située, dans sa grande majorité, en zone sismique à intensité élevée avec de nombreuses failles actives; - soumise à une pluviométrie irrégulière marquée parfois par des épisodes de pluies torrentielles. Par conséquent, le pays se trouve sous la menace permanente de catastrophes d’origines diverses, de grande intensité et dont les impacts sont incalculables. Dés lors, des mesures préventives adéquates doivent être prises au moment opportun pour réduire les risques encourus. A cet égard, il est significatif de signaler la tenue de multiples rencontres et séminaires ayant pour objet la lutte contre les risques majeurs de catastrophes naturelles et industrielles. Citons à titre illustratif : - la 19éme session du Conseil des Ministres Arabes de l’Habitat et de l’Urbanisme, qui s’est déroulée les 18 et 19 décembre 2002, avec pour ordre du jour , la mise en place d’un Observatoire arabe de prévention des dangers, des séismes et des catastrophes naturelles7 . A cet effet le Directeur Général du centre national de la recherche appliquée en génie parasismique(CGS) a déclaré « les risques qui pourraient être provoqués par les inondations , les tremblements de terre et la sécheresse sont énormes et peuvent avoir des conséquences catastrophiques sur l’urbanisation » ; 7 Cf Journal El Watan du jeudi 19.12.2002 , page 2. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 14 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière - le 3ème forum des assurances qui s’est tenu à Alger du 13 au 15 octobre 2002 sur les « Assurances contre les risques des catastrophes naturelles » ; - le séminaire organisé par le Ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme les 7 et 8 Décembre 1999 à Khenchela sur « Les territoires à risques : aléas liés aux choix de sites d’implantation des programmes de construction » ; - le séminaire professionnel tenu à Alger, les 25 et 26 mars 2003, sur « Urbanisme et construction : une décennie de PDAU et POS et des perspectives d’adaptation aux risques majeurs ». De telles rencontre témoignent d’une prise de conscience des dangers. Elles offrent l’opportunité aux experts et aux spécialistes de faire état des résultats de leurs études et de leurs recherches et d’attirer l’attention des autorités responsables sur la nécessité d’octroyer des moyens adéquats et de mettre en œuvre une politique adaptée en la matière. Cependant, cette prise de conscience demeure paradoxalement sans échos. Au surplus , l’opinion publique demeure dans la quasi-ignorance des risques graves que peut générer le processus d’urbanisation tous azimuts, enclenché depuis plusieurs décennies, notamment lors de la survenue d’un aléa naturel ou industriel. Ces risques sont d’une ampleur insoupçonnée tant l’insouciance et le fatalisme relèguent au second plan des préoccupations l’impératif élémentaire de précaution. 1.2. LES PRINCIPAUX EVENEMENTS NATURELS OU INDUSTRIELS RECENTS : ALEAS REVELATEURS. Les deux types de risques procèdent soit par propagation à partir d'un épicentre tels que le séisme ou l’explosion d'une usine de fabrication de produits toxiques, soit linéairement le long d'un littoral ou d'un oued, à partir d'un site industriel, soit sur une surface naturelle ou urbaine, soit enfin, dans les trois dimensions de l'espace atmosphérique ou édaphique. Il conviendra alors de tenir compte de ces propriétés pour prévenir un tel sinistre ou pour lui apporter les réponses adéquates faute de l'avoir prévenu. Ce n'est donc pas le phénomène naturel qui est source d'inquiétude puisqu'à son encontre, du fait de son caractère inévitable, l'homme n'y peut rien, mais L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 15 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière c'est son intervention dans les concentrations d'établissements humains qui requiert l'attention, en raison même de ses impacts catastrophiques. 1.2.1 Les risques naturels. 1.2.1.1 Les séismes.8 L’Algérie connaît une activité sismique permanente résultant de la nature géologique de la région et de ses caractéristiques techniques. C’est un territoire en proie à l’aléa sismique dans sa partie la plus peuplée. « L’Algérie , particulièrement dans sa partie côtière, se trouve sur la bordure Nord de la plaque tectonique africaine laquelle est en collusion avec la plaque eurasienne, ce qui enregistre des tremblements de terre….Chaque jour, on enregistre un séisme dans la région ; cependant, ces tremblements de terre sont de faible intensité , très souvent , ils ne sont pas ressentis par l’homme , mais il ne faut pas perdre de vue que les séismes destructeurs se reproduisent encore dans la région »9. Les études géologiques montrent que le Nord du pays est soumis en grande partie à l’activité sismique et se trouve traversé d’Est en Ouest par une ligne de faille entre Oran et Constantine en passant par Alger. «De façon générale , l’Algérie connaît des séismes modérés de 5 à 6 degrés qui malheureusement entraînent encore des dégâts et des pertes en vies humaines…il faut savoir que notre pays connaît ce genre de séismes chaque 3 ou 4 ans . C’est là une réalité qu’il ne faut plus occulter »10 La sismicité de l’Algérie est illustrée par la carte ci-contre qui précise les intensités à travers le territoire. La carte relative à l’armature urbaine parle d’elle même quant à la vulnérabilité de la partie septentrionale du pays. 8 Cf le cas de Ain Témouchnet- infra. cf Demain l’Algérie : l’état du territoire, la reconquête du territoire, OPU, pages 13et 14. 10 Interview de M A K. Yelles Chaouch, Directeur du CRAAG- El Moudjahid du 18, 19 avril 2003, P 24. 9 L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 16 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière carte schéma de réseau urbain L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 17 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Carte sismicité L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 18 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Parmi les séismes les plus récents et les plus dommageables citons, entre autres : El Asnam (Chlef) : survenu le 10 Octobre 1980, d’une magnitude de 7,5 sur l’échelle de Richter . Le séisme a touché l’ensemble de la région et notamment le chef-lieu de la wilaya . Le bilan général des dégâts enregistrés s’élève à 3.500 morts, 8400 blessés, 350 disparus, 29.000 logements détruits et 478.950 sinistrés. Le coût des dommages a été évalué à plus de deux milliards de DA. Ce séisme figure parmi les plus meurtriers au monde dans l’histoire contemporaine( Cf encadré). Constantine : survenu le 25 Octobre 1985, d’une magnitude de 5,9 ; il a occasionné 5 morts et 300 blessés. Il convient de signaler que le risque sismique à Constantine-ville, même de faible amplitude, peut constituer un facteur d’accélération de glissement de terrains , phénomène qui sera évoqué infra. Tipaza : survenu le 29 octobre 1989, d’une magnitude de 6, il a occasionné 35 morts, 700 blessés et 5000 sinistrés. Mascara : survenu le 18 août 1994, d’une magnitude de 5,4 , il a provoqué 171 morts, 290 blessés et 1000 habitations détruites. Ain Témouchent : survenu le 22 décembre 1999, d’une magnitude de 5,8, il a provoqué la mort de 28 personnes et a occasionné 25.000 sinistrés. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 19 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière 10 Octobre 1980 El Asnam (Chlef) Heure (GMT) : 12 h25 mn 25g CNAAG Epicentre instr : 36.13° N : 01.34°E CSEM Magnitude : 7.2 CNAAG/ 7.3 CSEM 6.5 (MB) USGS Renseignements macro sismiques Enquête : questionnaires diffusés par le CNAAG. Nombre de questionnaires dépouillés / néant . Caractéristiques macro sismiques Epicentre macro : 36.18° N / 01.53° E. Intensité max. obs (Io) : IX à El Attaf, Oued Fodda et El Asnam (Chlef). Rayon moyen de perception : 250 km. Profondeur : 14 km. Observations : Ce séisme considéré comme le plus violent jamais enregistré en Afrique du Nord, a fait plus de 3.500 victimes et a provoqué des destructions d’habitations en grand nombre et des dommages importants à des édifices publics. Les produits sur le terrain ont été de différentes natures et caractéristiques de ce qu’on appelle « séisme désastreux ». D’importants dégâts sont signalés sur les ouvrages : déformation des rails de chemin de fer, ponts très endommagés, l’aqueduc traversant la ville de Chlef effondré en plusieurs endroits, les routes coupées par d’énormes crevasses, plusieurs endroits et le réseau téléphonique sérieusement endommagés sur un rayon de 100 km. Il y a eu formation de craterelles de lac artificiel, et des sources qui étaient complètement taries se sont remises à couler. Le phénomène de liquéfaction est apparu surtout sur les berges de l’Oued Chlef et à la confluence de cet oued avec son affluent l’Oued Fodda. D’ailleurs, à cette confluence est apparu un seuil qui a fait barrage et a provoqué l’inondation de terrains agricoles sur 5000 ha environ. Ce séisme a laissé visible sur plus de 40 km, une trace orientée Nord 50° Est allant de Sendjas jusqu’à Tacheta en passant par les environs de L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 20 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Oued Fodda, El-Attaf et El-Abadia. Un rejet d’environ 6 m a été observé près de l’Oued Fodda. De nombreuses répliques ont suivi le choc principal allant jusqu’à 600 par jour à El Abadia et 130 à Sendjas. Entre le 21 Octobre et le 07 décembre 1980, quatre-vingts (80) répliques ont été enregistrées. Ce séisme a été enregistré par toutes les stations sismologiques mondiales (Benhallou et al.., 1981). De nombreux articles (mesures de déformation, étude de la source, analyse des répliques, étude tectonique) ont été publiés dans divers revues internationales. 1.2.1.2 Les inondations.11 L’Algérie est confrontée aux phénomènes de crues et d’inondations qui sont plus fréquents que les séismes .Ces phénomènes provoquent des catastrophes plus destructrices et occasionnent d’importants dégâts humains et matériels. Il n’existe pas de régions susceptibles d’être prémunies contre de tels risques en raison de leur caractère imprévisible. Au demeurant , les analyses faites à propos des crues et des inondations dans notre pays mettent en évidence leur violence et leur spontanéité ainsi que leur survenance brutale après une période de sécheresse . Il y a lieu de noter, ici, quelques cas significatifs des inondations survenues à : Azazga(Tizi Ouzou) , le 12 octobre 1971 et qui ont occasionné 40 morts et des centaines d’habitations détruites. Tizi Ouzou , du 28 au 31 mars 1974 et qui ont provoqué 52 décès dans la Wilaya, 18000 sinistrés et des dégâts évalués à l’époque à 27 millions de DA. El Eulma(Sétif) , le 1er septembre 1980 qui ont fait 44 décès, Annaba , le 11 novembre1982, au niveau du centre-ville et qui ont fait 26 morts et 9500 sinistrés. Jijel , le 29 décembre 1984 et qui ont occasionné 29 morts et 11000 sinistrés. 11 Cf le cas de Bab-El-Oued- infra L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 21 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Bordj Bou Arréridj , le 23 septembre 1994 et qui ont provoqué 16 décès et des dégâts évalués à 10.000.000DA. Oued Rhiou ,22 décès Alger(Bab-El-Oued ) , le 10 novembre 2001, et qui ont fait 710 décès,115 disparus et 30 milliards de DA de pertes. Le tableau ci-dessous, qui présente, par wilaya, le nombre de constructions en zones inondables , fournit une idée de la gravité de la situation que peut générer le double phénomène des inondations et de l’urbanisation. Habitations construites en zones inondables Wilaya Nombre de constructions Chlef 2248 Laghouat 3083 O. E. Bouaghi 1999 Batna 16261 Béjaia 500 Biskra 763 Bouira 1438 Tamanrasset 1159 Tébessa 17236 Tlemcen 375 Tiaret 13 Alger 14545+ quartiers Merdja et Baraki Djelfa 784 Jijel 47( 05 zones à risques très élevés ) Sètif 1261 Saida 976+ 09 cités Skikda 4009 S.B.Abbés 576 +04 cités en centre ville Annaba 30 cités et quartiers Guelma 360 Constantine 620 L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 22 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Médéa 3075 Mostaganem 1633 M’sila 1185 Oran 06 cités Boumerdés 561 El Tarf 2370 Tissemsilt 1340 El Oued 766 Souk Ahras La plupart des communes Tipaza 2710 Mila 1663 Ain Defla 7772 Naama 4924 A 14 zones jouxtant différents lits Témouchent d’oueds Relizane 350 Source : Protection Civile/Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Locales 1.2.1.3. Les mouvements de terrains.12 Parmi les aléas naturels, et hormis le phénomène sismique qui concerne l'ensemble de la zone Nord du pays et les Hauts Plateaux, le risque relatif aux glissements de terrains est certainement le plus répandu à travers le territoire national . Le terme "glissement de terrains" ou "instabilité de terrains" désigne le déplacement ou la déformation d'un sol à topographie en pente et dont les causes sont multiples : - nature des formations géologiques qui présente de faibles résistances à des sollicitations internes et externes ; - eaux pluviales ou provenant de fuites de réseaux d'AEP et/ou d'assainissement ; - perturbations extérieures dues à des terrassements ; 12 Cf le cas de onstantine-infra L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 23 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière - urbanisation sur remblais ou surdensification. Ce phénomène peut être accéléré par l'aléa sismique comme, par exemple, le cas de la ville de Constantine, classée en zone II13 et qui a connu plusieurs événements marquants, notamment en 1908, 1947 et en 1985. Cet aléa naturel présente donc la caractéristique d'être souvent provoqué ou amplifié par l'activité humaine inhérente à l'urbanisation. Cette activité du fait de l’homme peut , à contrario , prévenir l’événement, en atténuer les effets ou faire réduire l'exposition des personnes et des constructions à ce risque. A ce propos, plusieurs cas de glissements de terrains sont recensés de manière régulière (Béjaia , Skikda , Constantine, Oran, Tizi Ouzou…)portant essentiellement atteinte à l’économie, et nécessitant la destruction de bâtiments et le relogement des familles. 1.2.2. Les risques industriels. Les risques industriels résultent essentiellement des activités humaines. D’une manière générale, les dangers se présentent sous la forme : - d’incendies et d’explosions en milieu industriel et urbain , - de rejets d’eaux usées ,de rejets gazeux toxiques et dangereux, - de déversements accidentels ou volontaires en milieu aquatique, - d’émissions de rayonnements ionisants. L’appréciation du niveau des dangers demeure difficile en l’absence d’informations sur l’estimation qualitative et quantitative de ces risques. Il y a lieu ici, de mettre particulièrement l’accent sur une forme d’urbanisation qui s’est traduite étonnamment par des constructions sur des gazoducs. Cette situation qui a déjà entraîné des accidents importants , recèle des risques potentiels à impacts multiples ; citons , à titre indicatif : 13 Trois zones ont été identifiées par le CRAAG : - Zone I avec une intensité faible ; - Zone II où la sismicité est de type modérée ; - Zone III qui est la plus sensible. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 24 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Skikda : le bilan de l’explosion du gazoduc survenu le 3 mars 1998 a occasionné 7 décès, 44 blessés,10 maisons détruites et 50 maisons endommagées. Constantine : la cité Boussouf où résident plusieurs milliers de personnes est érigée sur un gazoduc pour lequel des incidents ont été enregistrés en février 2003. Laghouat :269 habitations érigées sur gazoduc, Batna :516 habitations, Bejaia :778 habitations, Tebessa :480 habitations, Alger :466 habitations. Il s’agit là de quelques cas significatifs. Le tableau ci-après , loin d’être complet, donne une idée , au plan spatial, de l’acuité du problème. Habitations construites sur des gazoducs Wilaya Nombre de constructions Chlef 55 Laghouat 269 O.E. Bouaghi 61 Batna 516 Béjaia 778 Biskra 25 Bouira 371 Tébessa 480 Tlemcen 02 Tiaret 36 Alger 466 Djelfa 58 Jijel 19 Sètif 264 Saida 3 cités Skikda 18 L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 25 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Annaba Un lotissement , marché, université, ,stade, cimetière, CEM ,04 groupes d’habitat, coopérative, bidonville, 585 habit et 02 quartiers Constantine 316 + un marché hebdomadaire Médéa 330 Ouargla 442 Oran 171 Boumerdés 163 Souk Ahras 787 Tipaza 69 Mila 184 Ain Defla 353 Relizane 285 Source : Protection Civile/ Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Locales. Par ailleurs, suite à des actes de sabotage sur l’oléoduc Béjaia- Sidi R’zine, en 1995 et 1998, d’importantes quantités d’hydrocarbures se sont déversées dans le barrage de Keddara. Indépendamment des constructions sur les gazoducs, d’autres secteurs connaissent des risques industriels non moins importants. Pour les risques industriels, si à ce jour des catastrophes majeures n’ont pas été officiellement enregistrées , il est incontestable que les risques potentiels sont clairement identifiés pour un grand nombre de cas, dont notamment : - le stockage de 2000 tonnes de produits pesticides périmés destinés à la lutte antiacridienne répartis sur 500 sites, pour lesquels de nombreuses interrogations se posent quant à leur devenir ; - l’entreposage, voire l’abandon sur une multitude de sites, de transformateurs hors service contenant des huiles extrêmement dangereuses ; - les lignes de haute tension traversant la ville de Ain Defla ; - la ville de Hassi Messaoud construite à l’intérieur du périmètre du champ pétrolier ; - l’existence de centres enfûteurs privés non répertoriés ou non contrôlés ; L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 26 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière - le « trou » de Ouargla14 qui est un ancien puits de pétrole dont on ne connaît pas à ce jour les impacts sur l’ensemble de la ville ; - l’absence de bac de rétention dans la raffinerie de Skikda ; - les zones d’activités industrielles où des unités de produits toxiques jouxtant des unités de produits alimentaires ; - l’usine Metanof implantée sur un terrain instable à Ghazaouet. On s’aperçoit donc que le risque est accru par la présence d’unités industrielles à l’intérieur et au voisinage des villes. En effet, ces installations peuvent engendrer des risques supplémentaires aux populations voisines ( libération de produits dangereux , incendies , explosions… ) qui peuvent, à leur tour, altérer le fonctionnement de ces installations et être à l’origine d’événements majeurs. Le tableau ci-contre fournit un aperçu de cette catégorie de risques à travers le territoire national. Habitations jouxtant les zones d’activités industrielles Wilaya Nombre de construction Chlef 03 Laghouat 67 O. E.Bouaghi 23 Batna 71 Biskra 60 Bouira 06 Tébessa 548 Tlemcen 400 Tiaret 10 Alger 575 Djelfa 349 Jijel 13 Sètif Plusieurs cités Saida 04 cités Skikda 2679 Annaba Quelques fermes et domaines agricoles 14 Cf infra L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 27 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Constantine Médéa Mostaganem M’sila Ouargla Tissemsilt Souk Ahras Tipaza Mila Ain Defla Relizane 623 , une caserne et une cité universitaire 87 348 50 Plusieurs hab. 05 03 640 34 326 091habitations situées sur servitudes de c. de .fer et 726 situées sous lignes électriques Source : Protection Civile/ Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Locales. 1.3 DE QUELQUES CAS PARTICULIERS : PORTEE ET SIGNIFICATION. Quatre cas spécifiques liés respectivement aux mouvements de terrains, aux inondations , aux séismes et aux risques industriels sont de nature à permettre, à la fois, de faire une évaluation et de tirer des enseignements utiles au regard d’une urbanisation mal maîtrisée. 1.3.1 Le séisme de Ain Témouchent Durant la période post-indépendance, le séisme le plus meurtrier est, sans nul doute, celui de Chlef, comme signalé précédemment Il n’est pas sans intérêt cependant, de se référer à celui de Ain Témouchent , car il permet, dix ans environ après la catastrophe de Chlef, d’évaluer la gestion du risque séisme en Algérie. La secousse tellurique d’Ain Témouchent, d’une magnitude de 5,5 sur l’échelle de Richter, a été enregistrée le 22 décembre 1999 avec un épicentre se situant à environ 5 kilomètres de la ville. Les dégâts ont été évalués comme suit : - au plan humain : 25 décès, 175 blessés et 25 000 sinistrés ; L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 28 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière - au plan infrastructurel : plus de 600 habitations détruites, 1200 autres sérieusement endommagées , en même temps que de nombreux autres équipements sociaux et économiques ; - au plan financier , le montant total des dégâts matériels avoisinent sinon dépasse, les 3,2 milliards de DA ,dont : . 2 milliards de DA au moins pour les habitations endommagées. . 600 millions de DA pour les infrastructures d’éducation, . 202 millions de DA pour celles de santé . 97 millions de DA pour celles de l’hydraulique , . 67 millions de DA pour celles des travaux publics, . 212 millions de DA pour les autres édifices, Si l’amplitude du séisme ne peut à elle seule expliquer l’ampleur de la catastrophe, les expertises faites par les organismes spécialisés( CGS, LHNC, CTC..) ont mis en relief un faisceau de facteurs multiplicateurs des effets de l’événement dont la responsabilité incombe exclusivement à l’action anthropique. Ces expertises les situent , tant au niveau de la maîtrise d’œuvre que de la maîtrise de l’ouvrage ; elles citent principalement : Les erreurs de conception : - maçonneries traditionnelles non chaînées, - bâtiments avec vides sanitaires sur poteaux courts, - salles de classes ou autres avec ouvertures en vasistas et avec apparition de poteaux courts, - constructions sur pilotis, - dissymétries structurales, - toitures ou planchers lourds avec rigidité relative trop déséquilibrée par rapport aux poteaux, - dispositions constructives non adaptées. L’absence de calcul parasismique pour une grande partie des constructions érigées après le séisme de Chlef. La mauvaise qualité de la construction : Les règles de l’art n’ont pas été respectées , ni sur le plan des matériaux et des composants de gros œuvre, particulièrement de structure, ni sur le plan du suivi, du contrôle et de la réalisation des projets. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 29 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière L’insuffisance d’études géotechniques d’urbanisation : Il est important de signaler que des effets de sites liés principalement à des zones de sols très meubles sont apparus et ont constitué des facteurs d’amplification du phénomène. 1.3.2 Les inondations de Bab-El-Oued - Alger. Les 9 et 10 novembre 2001 , l’Algérie du Nord a connu un événement pluvieux exceptionnel occasionnant des pertes humaines et des dégâts matériels importants. Dans la wilaya d'Alger , c’est la commune de Bab-El-Oued qui a connu le plus de pertes . Sur plus de 760 victimes et d’une centaine de disparus environ enregistrés à travers le territoire national, Alger compte plus de 710 décès et plus de 115 disparitions. La majorité d’entre-elles ont été emportées le long de l’axe Chevalley – Bab-El-Oued . Sur le plan économique, pour l’ensemble du pays, les dégâts ont été chiffrés à environ 33 milliards de DA (non inclus les dégâts occasionnés aux ménages) dont plus d'un tiers pour le secteur de l'habitat. 22.400 logements ont été endommagés. Sur 6400 logements expertisés à Alger : - 3000 logements à démolir, - 2400 logements nécessitant de grosses réparations, - 1000 logements jugés habitables avec des travaux de réparation de moindre. Les deux tableaux ci-dessous illustrent l’impact financier des intempéries du 10 novembre 2001 à travers le territoire national et Bab-El-Oued en particulier. Evaluation financière des dégâts survenus au niveau des 13 wilayas (évaluation effectuée en dec.2001)- Unité : million DA Wilaya Tipaza Chlef Tiaret Boum Oran Tizi- Tlem A.Tem. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. Saïda Ain Mosta Masc 30 Reliza Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Secteur Travaux publics 268 1170 14 erdes 100 920 ouzou 418 53 512 137 Defla 171 250 49 ne 125 Hydraulique 143 184 0 41 120 16 15 93 0 204 110 31 140 Postes et télécom. 10 11 0 6 0 0 0 0 0 7 0 0 4 Habitat 597 877 163 24 1209 58 71 103 800 630 876 143 577 Education Nat. 29 400 40 1 112 0 34 94 0 107 89 0 9 Formation Prof. 12 32 0 0 40 0 2 10 0 15 10 0 52 11 92 3 0 21 0 3 9 31 7 67 2 27 172 130 0 295 67 7 28 84 4 168 452 19 129 0 2 0 0 80 0 0 0 0 0 0 0 0 41 9 0 9 2 12 0 5 0 0 3 0 0 0 15 0 0 40 8 3 1 0 7 0 0 0 Santé Agriculture Forêts Pêche Jeun. et sports Source : Banque mondiale. Wilaya d’Alger : Evaluation de l’impact des intempéries du 10 novembre 2001 5 mois après. (en millions de DA) L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 31 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Secteur Perte d’actifs fixes Habitat 4601 Santé 220 Education 418 Formation professionnelle 760 Jeunesse et sports 130 Culture 6 Culte 30 Sous-total : secteur social 6165 Hydraulique 10600 Infrastructure administrative 84 Port 200 Travaux publics 3000 Autres (PCD) 500 Télécommunications 700 Gaz, électricité et éclairage public 215 Sous-total : Infrastructures 15299 Agriculture 64 Pêche 7 Forêt 150 Industrie 1570 Commerce et artisanat 1191 Tourisme 100 Sous-total : Secteur productif 3082 Source : Banque mondiale Il est incontestable que la pluviométrie des 09 et 10 novembre 2001 a été exceptionnelle . L’intensité de 211 mm en 36 heures , 245 mm en 48 heures avec des pics de 19 mm en 30’ à Bouzaréah, n’avait pas été enregistrée depuis 1936. Cependant la catastrophe ne peut être liée au seul événement pluvieux. Elle est le résultat et la combinaison de plusieurs autres facteurs. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 32 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière En effet, si les inondations sont classées comme catastrophe naturelle et sont la conséquence d’importantes chutes de pluie, , il n’en demeure pas moins que dans plusieurs régions , elles sont imputables aux agissements de l’homme. Parmi les causes fondamentales à l’origine de ces catastrophes , il convient de citer notamment: - une situation météorologique particulière se traduisant par une forte pluviométrie ; - une défaillance des réseaux d’évacuation ; - des gonflements d’oueds par des décombres et détritus ; - des constructions qui dévient le cours naturel des oueds ; - l’extension urbanistique des villes dont certaines se sont développées près et au flanc des montagnes, telles que Ain Défla, Batna, Médéa, et d’autres qui se trouvent actuellement traversées par des oueds telles que Sidi Bel Abbés et Bordj Bou-Arreridj. S’agissant de Bab-El-Oued , ces facteurs qui ont donné à cet événement pluvieux une dimension aussi catastrophique gravitent autour des points suivants : La topographie : Elle a grandement contribué à aggraver la situation. La forte pente de la zone concernée a accéléré considérablement les écoulements. Les débits enregistrés ne pouvaient pas être contenus même par des réseaux normaux et correctement étudiés. L’altération des réseaux d’évacuation des eaux pluviales consécutivement à une urbanisation totalement anarchique et par des chantiers de réalisation non conformes . Les réseaux ont subi des altérations par des amas de terre et divers détritus provenant des chantiers de construction ou de stocks de matériaux entreposés sans protection . L’urbanisation anarchique, notamment sur les pentes en amont des bassins versants, aggravée par une très forte densité de populations et par des voiries étroites en aval de Bab-El-Oued . De plus, elle a été souvent effectuée en milieu d’oued avec soit des destructions ou parties de construction emportées, soit une déviation des L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 33 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière cours d’eau par des constructions résistantes , détournant ainsi le cours naturel des oueds et des exutoires. Les constructions non conformes aux règles de l’art et surtout caractérisées par une viabilisation quasi-inexistante. Le déboisement : l’urbanisation a considérablement détruit le tapis végétal et a abouti à une déforestation de la zone provoquant des ravinements, l’arrachement de colluvions et des affaissements. La déstabilisation des sols par les constructions : des déblais et des charges importantes ont été supportés par des remblais sans protection Mais ces facteurs n’expliquent pas tout. L’absence de contrôle et de sanctions par les instances concernées , face à une urbanisation désordonnée, a pour corollaire d’autres anomalies liées aux moyens d’actions dérisoires et à la non célérité dans la mise en œuvre des dispositifs d’alerte. 1.3.3 Les glissements de terrain de Constantine.15 La situation de Constantine mérite une attention particulière en raison de l’ampleur du phénomène observé aux plan économique et social à travers ses effets sur l’immobilier urbain et son impact sur les populations. L’apparition de manière inquiétante du phénomène date de la fin des années cinquante. Le plan d’urbanisme directeur de 1960 avait déjà procédé à l’identification des zones déclarées non aedificandi . Cependant, toutes ces zones considérées à l’époque non constructibles ont été absorbées, de façon manifeste, par l’extension de la ville, puisque les glissements de terrains en sites urbains qui se sont développés régulièrement à partir des années 1970, ont marqué le début du processus intensif d'urbanisation de Constantine. Les désordres actuels qui affectent une superficie du tissu urbain d’environ 120 ha et une population de prés de 100.000 habitants sont répartis à travers 15 cf Glissement de terrain de Constantine : vers une solution radicale- Revue H et C. jan fev 2000. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 34 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière une quinzaine de sites répertoriés, dont les principaux sont précisés conformément au tableau ci - dessous : Sites Début du Superficies Population processus des sites affectés(en Ha) résidente( hab.) Belouizdad – Kaïdi – Kitouni Mosquée Emir Abdelkader. Bellevue Ouest Bardo/Ciloc Bellevue El-Ménia Boudraâ Salah Pont El- Bey Pont Sidi Rached Totaux 1972 32 60.000 1974 – 1977 28 5.000 1988 27 15.000 1988 29 15.000 1978 1979 08 - - 124 95.000 Source : Ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme. Ces désordres, rapportés au patrimoine immobilier, représentent l’équivalent de 15.000 logements, hormis les équipements, les réseaux de viabilité urbaine et les ouvrages d’infrastructures. Comment expliquer ce phénomène ? Les analyses déjà effectuées renvoient à plusieurs facteurs inhérents essentiellement à: - l’action de l’homme à travers une urbanisation non conforme ; - un site contraignant soumis au plan géologique ; - une démographie sans cesse croissante à l’origine d’une sururbanisation effrénée ; en effet, la population de Constantine qui était de 114.000 habitants en 1954 s’élève aujourd'hui à 580.000 âmes, alors que logiquement elle ne devait pas dépasser 250.000 habitants ; - une suroccupation de constructions vétustes ; L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 35 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière - la réalisation d’importants programmes de construction ou d’équipements lourds sur des remblais ; - un déboisement important suite à l’urbanisation des sites ; - des évacuations d’eaux usées ou pluviales effectuées dans des conditions non conformes ; la vétusté et la dégradation des réseaux entraînent des écoulements souterrains dont l’ampleur n’est pas identifiée. Dans le but de stabiliser le mouvement des sites et d’atténuer les dégradations sur le cadre bâti, la wilaya de Constantine a entrepris en 1992, par le biais des services déconcentrés des Ministères de l’Equipement et de l’Habitat (D.H.W D.T.P - D.U)16, la mise en œuvre d’un programme d’études et de confortement Les aspects pris en charge, se rapportant à la géotechnique des sites et aux glissements, ont donné lieu à des formules de confortement concrétisées pour certains sites par : - le cloutage des sols au moyen de pieux de 20 à 30 mètres de profondeur ; - la réalisation de tables de consolidation en béton armé ; - l’exécution de systèmes de drainage de collecte des eaux ; - l’aménagement de zones boisées. Toutefois, le dispositif développé à travers les actions concrétisées citées cidessus n ’a pas atteint les objectifs escomptés. L’effondrement d’une soixantaine de logements fin 1993 sur le site Kitouni, rue des Maquisards, s’explique par l’approche partielle et ponctuelle retenue. Ce cas met en évidence l’absence d’une démarche globale au double plan technique et institutionnel. Une tentative de relance , engagée en 1999 par le Ministère de l’HabitatSecrétariat d’Etat à l’Urbanisme- est demeurée malheureusement sans suite appréciable pour les populations concernées. 16 DHW : Direction de l’Hydraulique de Wilaya , DU : Direction de l’Urbanisme, DTP : Direction des Travaux Publics. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 36 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière ALEAS LIES AUX GLISSEMENTS DE TERRAIN - Commune de Constantine - L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 37 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière 1.3.4 Le phénomène de Berkaoui (Ouargla)17 . «Il résulte d’un avatar lié à la multiplication abusive des forages. La constitution sédimentaire de la cuvette de Ouargla impose des précautions qui n’ont pas été respectées par les forages profonds. La multiplication inconsidérée de ces derniers a créé divers dégâts qui s’amplifient avec le phénomène de Berkaoui, lié à la reconversion d’anciens forages pétroliers d’irrigation , à partir de la nappe albienne. Ce phénomène dit de ‘Berkaoui’ , a été provoqué par la détérioration du tubage au niveau de la formation du salifère du Sénonénien. Les eaux de l’albien ont alors lessivé cette formation , créant ainsi, un vide de 450 à 620 m de profondeur. Avec le temps , ce ‘trou’ a pris de la dimension et a fini par céder sous la pression des formations supérieures , d’où les effondrements de 95 m déjà constatés , sous forme de cratères pouvant atteindre 325m de diamètre. Des mesures ont été prises pour boucher les forages concernés, mais le phénomène n’est pas pour autant totalement maîtrisé. Il constitue de ce fait, une menace permanente pour les agglomérations de la région et la ville de Ouargla en particulier. » QUELS ENSEIGNEMENTS TIRER DES CAS EXAMINES ? A l’évidence, ces aléas d’origine diverse n’expliquent pas à eux seuls les catastrophes humaines et les préjudices financiers enregistrés. En effet, des séismes de même magnitude , des urbanisations effectuées sur des sites géologiquement similaires et des épisodes pluvieux de même intensité n’ont pas produit par ailleurs des effets aussi dévastateurs. Une catastrophe est rendue possible par le développement d’une urbanisation n’intégrant pas le risque, car celui-ci se définit par la quantification des pertes potentielles dues à un événement dans une région donnée et durant une période déterminée. Or, l’urbanisation développée dans notre pays, n’a pas pris en compte le risque et n’a pas non plus capitalisé et valorisé les expériences ; elle a 17 ‘Villes du Sud dans la vision du développement durable’- MEAT –1998. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 38 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière abouti à une situation contradictoire . En effet, au lieu de protéger l’homme et ses biens, elle a eu pour effet de potentialiser les dangers. Les évaluations qui sont effectuées restent sommaires et d’ordre administratif, se limitant aux aspects humains( nombre de décès, nombre de blessés…) et financiers, mais occultent les impacts économiques et ne situent pas les responsabilités. La prise en compte de l’ensemble de ces éléments devrait être de nature à inciter les différents acteurs à s’organiser et à se mobiliser dans le cadre d’une approche concertée et responsable. S’agissant des activités économiques proprement dites , les aléas ont un impact aussi bien sur les populations que sur les structures physiques et les activités économiques :interruption des activités commerciales, financières , productives et de transports … Ces éléments peuvent se combiner , produire une réaction en chaîne et devenir une catastrophe majeure. Ainsi, l’accroissement des potentiels humains et économiques dans les villes, établissements humains , c’est-à-dire les sites urbanisés, exposés aux risques, rendent nécessaire le besoin d’une stratégie de réduction du risque et de ses impacts à travers le triple processus du cycle de l’événement : - activités pré-événement : la prévention ;. - activités de prise en charge de l’événement proprement dit ; - activités post–événement : reprise des activités et correction des erreurs passées. C’est à travers ce cycle d’activités que seront testés et évalués les dispositifs de prise en charge des risques en relation avec le développement de l’urbanisation telle qu’elle s’est pratiquée , telle qu’elle est appelée à se développer et telle qu’elle devrait se développer pour réduire le plus possible la vulnérabilité des hommes et des biens. Les situations décrites – avec tout le caractère de gravité qu’elles impliquent – soulèvent légitimement une double interrogation : - existe-t-il un corpus de règles et de normes devant s’imposer pour assurer une maîtrise des risques et en limiter les effets destructeurs ? L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 39 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière - a-t-on développé des approches de prévention et de gestion des risques ? Le chapitre suivant tentera d’y répondre en s’appuyant sur le support juridique existant. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 40 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière CHAPITRE II LE PROCESSUS D’URBANISATION : QUEL DISPOSITIF JURIDIQUE LE SOUS-TEND ? Le processus d’urbanisation en Algérie comporte quatre niveaux d’interventions : - Le niveau national : Les grandes orientations en matière d’occupation de l’espace national sont traduites par le schéma national d’aménagement du territoire( SNAT). - Le niveau régional : Il s’agit d’espaces géographiques homogènes pouvant couvrir plusieurs wilayas , une wilaya ou une partie de wilaya. A cet échelon, les prescriptions d’occupation de l’espace sont définies par le schéma régional d’aménagement du territoire (SRAT). - Le niveau local : Il s’agit de l’espace communal. Les prescriptions relatives au mode d’organisation de l’occupation de l’espace sont traduites par les PDAU et POS18. - Le niveau de la parcelle: Il ne s’agit plus, à ce stade, d'orientations ou de prescriptions mais d’actes qui autorisent effectivement la réalisation physique proprement dite .Ces actes regroupent notamment le certificat d’urbanisme, le permis de construire et le certificat de conformité. Tout au long de ce processus, interviennent d’autres actes ; il s’agit notamment de l’ensemble des études techniques, études de sols, d’architecture et de contrôle technique de la construction. Les deux premiers niveaux d’intervention sont intégrés dans la discipline de l’aménagement du territoire . Les deux autres paliers relèvent de l’urbanisme entendu comme étant la discipline qui a pour objectif premier d’organiser l’espace urbain et sa relation avec l’espace rural. 18 PDAU : plan directeur d’aménagement et d’urbanisme POS : plan d’occupation du sol L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 41 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Le développement du processus d’urbanisation aux différents niveaux évoqués ci-dessus a pour intérêt de mettre en évidence les principaux facteurs qui ont abouti à l’urbanisation actuelle. Ce qui permet : - d’une part, de les corréler aux aléas naturels et industriels ; - et d’autre part, d’en tirer tous les enseignements possibles pour une véritable prise de conscience des risques naturels et industriels , une meilleure prévention et une prise en charge des conséquences de pratiques qui ne doivent plus être tolérées, eu égard aux effets extrêmement dommageables , aussi bien pour la sécurité des personnes que pour l’économie et l’environnement. 2.1- DE l’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE. L’aménagement du territoire est une discipline relativement récente. Les premières références des pouvoirs publics en matière d’aménagement du territoire national apparaissent avec l’institution du Comité Interministériel d’Aménagement du Territoire - CIMAT- placé auprès de la Présidence de la République. Sa création avait essentiellement pour finalité d’arbitrer les divergences intersectorielles inhérentes à la localisation d’installations industrielles. Deux périodes sont à distinguer: - de 1962 à 1973 ce furent les programmes spéciaux pour 14 wilayas du pays , à caractère d’urgence et destinés à réduire les disparités régionales ; - à partir de 1974 un deuxième processus d’industrialisation régionale « théoriquement » mieux pensé et mieux ancré dans une politique d‘aménagement du territoire fut enclenché19. La politique d’aménagement du territoire définie dans les années 80 a été révisée et la mission « aménagement » a été réactivée en 1994 . 19 Cf actes de la 3éme session ordinaire du CNES du 25au 27 avril 1995, Rapport sur l ‘aménagement du territoire et l’environnement, p7. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 42 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Les grandes lignes de cette nouvelle politique ont été dressées dans un document de référence élaboré par le Ministère de l’Equipement et de l’Aménagement du Territoire : « Demain l’Algérie »-1995. S’agissant de la loi 87-03 du 27 janvier 1987 relative à l’Aménagement du Territoire, elle a défini les grands axes d’aménagement du territoire et précisé, entre autres, la nécessité de promouvoir les différents espaces et la maîtrise de la croissance des grandes agglomérations urbaines, notamment dans le Nord du pays. Elle consacre, par ailleurs, les grandes orientations en matière d’équilibre dans la répartition de la richesse nationale et d’occupation de l’espace, à travers notamment l’institutionnalisation du schéma national d’aménagement du territoire( SNAT) et le schéma régional d’aménagement du territoire (SRAT). La création du Haut Comité à l’Environnement et au Développement Durable (HCEDD), le 25 décembre 1994, instance d’élaboration de la politique nationale de l’Environnement, présidée par le Chef du Gouvernement, avait pour mission d’inscrire dans les faits une coopération intersectorielle large et soutenue avec la mise en place de deux commissions et l’adoption d’un programme de travail. La loi n° 2001.20 du 12 décembre 2001 relative à l’aménagement du territoire et au développement durable a considéré, dans son exposé des motifs, celle de 1987 comme « dépassée et quasi-obsolète en raison notamment du nouveau cadre politique et économique du pays et les nouvelles formes de missions que se fixe l’Etat ». Parmi les finalités qu’elle s’est fixée, elle a retenu, entre autres, celle relative à « la protection du territoire et des populations contre les risques liés aux aléas naturels » ( article 4). 2.2. DE L’URBANISME. Traditionnellement l’instrumentation de l’urbanisme est scindée en deux grandes catégories : l’urbanisme directeur ou de programmation et l’urbanisme opérationnel. Cette distinction se fonde sur les éléments ci-après : l’instrumentation de l’urbanisme directeur se traduit dans sa finalité par l’énoncé de prescriptions réglementaires destinées à: L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 43 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière orienter les formes d’urbanisations privilégiées ( densités , hauteurs des constructions , emprises au sol etc, ce que les techniciens dénomment combinaison du Coefficient d’Occupation des sols –COS- et du coefficient d’emprise au sol -CES- ); - programmer, selon un échéancier les étapes d’urbanisation d’un site ainsi que les infrastructures nécessaires pour rendre le site apte à une occupation; - définir les sites ou zones non constructibles pour différentes raisons économiques notamment agricoles , culturelles (sites renfermant des richesses archéologiques) et techniques : (inaptitude des sols à recevoir de la construction…) . en revanche , l’urbanisme opérationnel se traduit par des actes autorisant le passage effectif à la réalisation, c’est-à-dire à la construction. - 2.2.1 L’urbanisme directeur. Deux grandes périodes caractérisent cette instrumentation : d’une part, les outils utilisés avant 1990 , date qui correspond à la promulgation de la nouvelle législation foncière ainsi que des autres lois d’accompagnement :lois relatives au foncier, au domaine national et à l’expropriation; d’autre part, les outils résultant des grandes réformes de 1990. Il pourrait paraître superflu ou inopportun de s’attarder sur une législation abrogée. Cela peut s’expliquer pour certains domaines d’activités, mais non pour l’urbanisme en raison du principe d’irréversibilité selon lequel toute action de construction fait perdre irrémédiablement les caractéristiques originelles du sol. Un sol construit ne peut redevenir agricole ; des vestiges démolis pour les besoins de la construction ne peuvent être remis en l’état, un chantier engagé sur un sol renfermant des richesses naturelles ne peut être arrêté pour des L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 44 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière raisons économiques sauf s’il est effectivement prouvé que l’avantage comparatif est en faveur de l’exploitation des richesses naturelles. Mais dans ce cas particulier le coût économique de l’arrêt du chantier s’avère lourd à supporter par la collectivité. Par ailleurs , le mouvement d’urbanisation et d’industrialisation du pays s’est considérablement accéléré pour atteindre des niveaux très élevés durant une vingtaine d’années couvrant la période allant globalement de 1975 à 1985. L’année 1985 correspond à la période de la chute des recettes pétrolières et au début de la réduction des activités économiques, notamment dans le domaine de la construction. C’est donc le dispositif législatif en vigueur au cours de cette période qui a régi tout ce mouvement d’urbanisation et d’industrialisation et qui pose aujourd’hui l’épineux problème de sa prise en charge, tant les décisions et les actions engagées l’ont été sous le sceau de l’urgence pour répondre à des priorités conjoncturelles. 2.2.1.1. L’approche administrée. La période concernée est antérieure à 1990, elle a été caractérisée par une centralisation et une socialisation de la vie économique et sociale qui ont eu une forte influence sur les approches urbanistiques. Concernant le Plan d’Urbanisme Directeur (PUD) et le Périmètre d’Urbanisation Provisoire (PUP), ils ont été introduits à la faveur de la promulgation de l’ordonnance sur les réserves foncières communales en 1974. En effet, l’établissement et l’approbation de ces instruments constituaient le préalable à la constitution de réserves foncières au profit des communes. Les périmètres d’urbanisation visaient la délimitation des terrains nus, non bâtis à intégrer aux réserves foncières communales. Des circulaires diffusées en 1974 sont venues préciser le contenu de ces plans ainsi que les modalités de leur approbation. Les PUD sont des instruments de planification urbaine d’agglomérations. Ils définissent un zoning d’usage des sols selon une programmation théorique de croissance de population basée sur une grille normative d’équipements, grille théorique qui ne correspondait pas aux réalités algériennes. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 45 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Le PUP, beaucoup moins précis , était une étude sommaire se limitant souvent à la définition d’un périmètre d’urbanisation de l’agglomération. Il s’est pratiquement substitué au PUD, qui fait, quant à lui, appel à des bureaux d’études spécialisés et donc exige plus de temps pour son élaboration et son approbation. 2.2. 1.2 L’approche libérale . A partir de 1990, on enregistre l’amorce d’un processus d’ouverture marqué par d’importants bouleversements législatifs quant à l’approche de l’urbanisation. En effet, de nombreux textes homogènes concernant directement ou indirectement l’urbanisme ont été promulgués et visaient une meilleure appréhension des réalités en la matière. Il s’agit notamment de la : - loi 90.08 du 7 avril 1990 relative à la commune ; - loi 90.09 du 7 avril 1990 relative à la wilaya ; - loi 90.25 du 18 novembre 1990 portant orientation foncière ; - loi 90.29 du 1er décembre 1990 relative à l’aménagement et l’urbanisme ; - loi 90.30 du 1er décembre 1990 portant loi domaniale. A ces textes législatifs, il y a lieu d’ajouter la loi 91.11 du 27 avril 1991 fixant les règles relatives à l’expropriation pour cause d’utilité publique. La réforme engagée en 1990 en matière d’aménagement et d’urbanisme introduit de nouveaux instruments, en l’occurrence le PDAU et le POS qui méritent respectivement quelques précisions. Le Plan Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme . Chaque commune doit être couverte par un PDAU dont le projet est établi à l’initiative et sous la responsabilité du Président de l’APC. C’est un instrument de planification spatiale et de gestion urbaine. Il fixe les orientations fondamentales de l’aménagement du territoire de la ou des communes concernées en tenant compte des schémas d’aménagement et des plans de développement. Il définit les termes de référence des POS. A ce titre ,il détermine la destination générale des sols sur l’ensemble du territoire d’une commune ou d’un ensemble de communes et plus précisément L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 46 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière l’extension des établissements humains, la localisation des grands équipements et infrastructures. En outre, il divise le territoire de la commune en quatre grands secteurs : - les secteurs urbanisés ; - les secteurs à urbaniser ; - les secteurs d’urbanisation future ; - les secteurs non urbanisables . Enfin, le PDAU prévoit des dispositions particulières applicables à certaines parties du territoire communal, à savoir :le littoral ,les territoires à caractère naturel ou culturel marqué, les terres agricoles à potentialités élevées. Pour leur élaboration et leur approbation, les services des administrations publiques de wilaya obligatoirement consultés sont ceux chargés de l’urbanisme , de l’agriculture, de la régulation économique, de l’hydraulique, des transports , des travaux publics, des monuments et sites et des postes et télécommunications. Au titre des organismes, les services consultés au niveau local sont ceux chargés de la distribution d’énergie, des transports et de l’eau. Le PDAU est approuvé par : - le Wali lorsque le territoire concerné relève d’une même wilaya et pour les communes ou association de communes de moins de 200.000 habitants ; - le Ministre chargé de l’Urbanisme conjointement avec le Ministre chargé des Collectivités Locales lorsque le territoire concerné relève de deux ou plusieurs wilayas et pour les communes ou association de communes de moins de 500.000 habitants ; - décret exécutif pour les communes ou association de communes de plus de 500.000 habitants. 20 Le Plan d’Occupation des Sols . Chaque commune doit être également couverte par un POS dont le projet est établi à l’initiative et sous la responsabilité du Président de l’APC. Dans le respect des dispositions du PDAU , le POS prescrit de façon détaillée les droits d’usage des sols et de construction. 20 Cf loi 90.29 du 1er décembre 1990 relative à l’aménagement et l’urbanisme. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 47 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière A ce titre ,il fixe pour le ou les secteurs concernés, la forme urbaine, l’organisation, les droits de construction et d’utilisation des sols. Il définit la quantité minimale et maximale de construction autorisée ,exprimée en unités de surface ou de volume , les types de constructions autorisés et leurs usages. Il détermine les règles concernant l’aspect extérieur des constructions. Il précise les quartiers, rues, monuments et sites à protéger, à rénover ou à restaurer. Les services obligatoirement consultés sont ceux concernés pour l’approbation des PDAU. Le POS est approuvé par délibération de l’Assemblée Populaire Communale. Néanmoins, l’avis préalable du Wali est requis. Il y a lieu de préciser que le PDAU est soumis à enquête publique pendant 45 jours et le POS pendant 60 jours. Cette disposition a pour objectif de recueillir les observations des citoyens sur le projet de plan. 2.2.2 . L’urbanisme opérationnel . 2.2.2.1. Le permis de construire : contenu et objectifs. Toute construction ou transformation de construction est subordonnée à la possession d’un permis de construire. Celui-ci a essentiellement pour finalité de mettre en cohérence la construction projetée avec les prescriptions des PDAU et POS ainsi qu’avec les règlements techniques de la construction en vue d’assurer la plus grande sécurité des biens et des personnes (demandeurs du permis de construire et tierces personnes, c’est- à-dire l’ensemble des riverains permanents ou occasionnels) . La demande de permis de construire, outre les pièces administratives exigées , doit comporter une notice accompagnée des schémas utiles précisant : - les effectifs et la capacité d’accueil ; - le mode de construction ; - la description des dispositifs d’alimentation en électricité, gaz, chauffage, d’adduction d’eau , d’aération et d’assainissement ; - la description des organes de production et de stockage ; - les moyens de défense et de secours contre l’incendie ; L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 48 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière la nature et les quantités de substances liquides, gazeuses préjudiciables à la santé publique, à l’agriculture et à l’environnement contenues dans les eaux usées ainsi que le dispositif de traitement, de stockage et de filtrage ; - l’étude d’impact prévu par la loi. Pour toute demande de permis de construire, le visa de l’architecte est exigé à l’exception des constructions de faible importance. L’instruction d’un permis de construire doit tenir compte du respect des dispositions législatives et réglementaires en vigueur en matière de sécurité, d’hygiène, de construction et d’esthétique ainsi qu’en matière de protection de l’environnement et de préservation de l’économie agricole. A cet effet , sont consultés : - les services de l’Etat chargés de l’urbanisme ; - les services de la Protection Civile pour la construction d’immeubles à usage industriel ou commercial et d’une manière générale, pour toute construction appelée à recevoir du public ainsi que pour la construction d’immeubles d’habitation importants susceptibles de poser des sujétions spéciales, notamment en ce qui concerne l’incendie . La délivrance du permis de construire est effectuée, selon l’importance des projets, par : - le PAPC pour toutes les constructions situées dans un secteur couvert par un POS ; - le wali pour toutes les constructions et installations réalisées pour le compte de l’Etat, de la wilaya et de leurs établissements publics ; - le Ministre chargé de l’Urbanisme, après avis du Ministre concerné, pour tous les projets d’intérêt national ou régional. Il y a lieu de préciser que la loi a institué, en cas de non réponse de l’Administration, le recours judiciaire. A ce titre, il est important de signaler que l’application effective du dispositif de sanction prévu est de nature à freiner et à prévenir les cas susceptibles de mettre en danger les populations et les biens. La loi sur l’aménagement et l’urbanisme stipule que l’autorité administrative peut saisir les juridictions compétentes. Elle prévoit des peines d’amendes et - L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 49 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière des peines d’emprisonnement en cas de récidive pour les constructeurs ayant enfreint les règlements d’urbanisme. La législation relative à la profession d’architecte a complété ce dispositif en prévoyant la démolition sans recours à une décision de justice lorsque l’auteur de la construction non conforme a déjà fait l’objet d’une visite d’inspecteur lui ayant enjoint l’obligation de se mettre en conformité .Cette disposition est intervenue pour tenter de remédier à l’absence de mesures de démolition des constructions en phase de démarrage afin d’éviter les coups partis ou des pertes économiques insupportables pour le constructeur fautif et pour l’Etat. 2.2.2.2-Le certificat de conformité . Le processus d’urbanisation est censé s’achever par la délivrance du certificat de conformité. L’objectif d’un tel document est de confirmer que les travaux ont été effectivement réalisés conformément à ceux prévus dans le permis de construire délivré. Il s’agit là d’une étape extrêmement importante puisque le certificat de conformité vaut permis d’habiter ou autorisation d’admission du public et du personnel, si la construction est destinée à des fonctions socio-éducatives, aux services, à l’industrie ou au commerce, et bien évidemment, sous réserves des dispositions législatives et réglementaires en matière d’exploitation d’établissements dangereux, incommodes ou insalubres. Ce document est donc sensé jouer un rôle déterminant en matière de sécurité des biens et des personnes ainsi qu’en matière d’assurances. La demande du certificat de conformité est effectuée par le bénéficiaire du permis de construire. Sa remise est de la compétence du PAPC pour les permis de construire délivrés par ce dernier et de celle du Wali pour tous les autres cas. Néanmoins, après un délai d’un mois, suite à l’achèvement des travaux déclaré par le bénéficiaire du permis de construire, ou à défaut, en référence aux délais inscrits sur le permis de construire, il est procédé d’office au contrôle de conformité à l’initiative du PAPC ou du service de l’Etat chargé de l’urbanisme. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 50 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière La conformité des travaux est vérifiée par une commission qui comprend des représentants de l’APC et du service de l’Etat chargé de l’urbanisme ainsi que des autres services concernés ,notamment la Protection Civile. Cette commission fait connaître à l’intéressé ses conclusions et, le cas échéant, lui fait obligation de procéder à la mise en conformité. En cas de refus, la commission est habilitée à saisir la juridiction compétente par le biais du PAPC. En l’absence de réponse à une demande de certificat de conformité excédant trois mois , ledit document est réputé acquis. 2.2.2.3- Le permis de démolir . Le permis de démolir est obligatoire pour toute démolition partielle ou totale d’un immeuble lorsqu’il est situé sur un site classé ou en voie de classement sur la liste du patrimoine historique, architectural ,touristique ,culturel ou naturel. La demande de permis de démolir est formulée par le propriétaire de l’immeuble et l’instruction de cette demande s’apparente à celle du permis de construire. 2.3 DES REGIMES FONCIERS. Le processus d’urbanisation ne peut se concevoir sans son support, le foncier, car il ne peut y avoir d’urbanisation sans les terrains d’assiette. En Algérie, le foncier n’a pas été un simple support à l’urbanisation; il a été le catalyseur d’un processus urbanistique effréné devenant ,au fil du temps, un but et non un moyen et donnant naissance à des comportements peu conscients des risques potentiels futurs. 2.3.1. L’ère du monopole. Jusqu’au début de la décennie 1970, le parc de logements hérité de la colonisation était encore suffisant pour répondre aux besoins exprimés. La pression exercée sur le foncier était faible et la nécessité de revoir ce régime ne s’était pas faite sentir. Cependant, deux éléments vont bouleverser cette situation : L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 51 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière le premier était d’ordre idéologique . Il s’agissait de traduire en milieu urbain la révolution qui s’était produite en milieu rural dans le domaine agricole par la démocratisation de l’accès au foncier à travers un processus de nationalisation et de limitation de la propriété foncière privée en milieu urbain; - le second, d’ordre économique, a contraint à faire face à la montée des besoins en terrains nécessaires à l’implantation des projets publics et collectifs et des programmes publics d’habitat. C’est ainsi qu’en 1974, l’ordonnance sur les réserves foncières communales a été promulguée et a institué : - une limitation de la propriété foncière et la nationalisation de tout excédent de terrain calculé sur une base administrative unique pour l’ensemble du territoire (400 m2 en moyenne par famille) ; - le monopole de la commune sur les transactions et les réserves foncières urbaines résultant, soit des terrains nus à l’intérieur d’un périmètre urbain, soit des excédents de la limitation de la propriété foncière ; - l’interdiction de toute transaction foncière entre tiers , la transaction foncière s’opérant obligatoirement entre la commune et les tiers ; - les prix administrés du foncier urbain ; - le concept de périmètre urbain défini par un PUD ou PUP qui précise le champ d’intervention de la commune en matière de constitution de réserves foncières à son profit. En ce qui concerne l’équipement (viabilisation) des terrains, son financement était assuré intégralement par l’Etat jusqu’en 1986, date à partir de laquelle seules les viabilisations dites primaires et secondaires restaient à la charge de l’Etat A cette forme d’intervention étatique s’ajoutent : - un régime d’expropriation pour cause d’utilité publique favorable et même permissif à la puissance publique ; - des circulaires qui vont appuyer l’ordonnance de 1974 par des dispositions volontaristes de mise en œuvre de ce texte, notamment une - L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 52 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière circulaire du Ministère chargé des Collectivités Locales obligeant chaque commune à dégager systématiquement 200 lots par an ; - des pratiques d’équipement de terrains publics qui vont donner naissance à une procédure particulière : la procédure ZHUN ( Zone d’Habitat Urbaine Nouvelle). Nonobstant l’objectif louable visé par ces nouvelles formes d’intervention sur le foncier , il est apparu que ce dispositif va receler des insuffisances internes et aboutir à une situation contraire à celle initialement escomptée. Il a surtout induit une urbanisation débridée et porteuse de dangers pour les populations et les biens, situation qu’il importe de prendre en charge énergiquement à l’heure actuelle. 2.3.2. La nouvelle législation. Sans entrer dans l’évaluation de ce nouveau dispositif , engagé à partir de 1990, quant à son impact sur l’urbanisation , il est possible de dire qu’il s’inscrit en quasi-opposition à celui de 1974. Cette réforme sur le foncier s’est effectuée à travers la mise en place de dispositifs législatifs cités plus haut (2.2.1.2). Quelques précisions sur la loi d’orientation foncière, la loi domaniale et la loi relative à l’expropriation pour cause d’utilité publique s’avèrent indispensables 2.3.2.1. La Loi d’orientation foncière. Cette loi a mis fin au monopole de la commune sur les transactions foncières. Elle a introduit la liberté des transactions foncières sur les terrains urbanisés et urbanisables, transactions qui ne sont soumises à aucune condition si ce n’est que leur caractère légal devait être établi en la forme authentique. Ce sont donc les règles du marché stricto-sensu qui deviennent les déterminants du support à l’urbanisation. La loi n’interdit pas cependant à la commune de se constituer un portefeuille foncier dont une partie résulte déjà des réserves foncières. La commune n’assure plus désormais des missions de gestion et ne peut à ce titre opérer directement avec des tiers des transactions foncières. Celles-ci sont dévolues à L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 53 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière des organes de gestion et de régulation foncière : les agences locales de gestion et de régulation foncière urbaine. 2.3.2.2 La loi domaniale. Elle définit la composition du domaine national qui comprend : - le domaine public et privé de l’Etat ; - le domaine public et privé de la wilaya ; - le domaine public et privé de la commune ; Si le domaines public de l’Etat , de la wilaya et de la commune n’est pas cessible, en revanche, le domaine privé l’est par la loi qui l’a introduit. C’est précisément la partie privée du patrimoine domanial qui va présenter le plus de difficultés dans la gestion et qui va être le principal support de l’urbanisation initiée tant par les particuliers que par les pouvoirs publics. Cette gestion ne pouvait que générer des situations mettant en cause la sécurité des biens et des personnes face à des aléas d’ordre naturel ou industriel. 2.3.2.3 La loi relative à l’expropriation pour cause d’utilité publique. A l’instar des précédentes lois évoquées ci dessus , la loi 91-11 du 27 avril 1991 se démarque de l’ordonnance n° 76-48 du 25 avril 1976 fixant les règles relatives à l’expropriation pour cause d’utilité publique. En effet, autant l’ordonnance était favorable et permissive aux pouvoirs publics, autant, la nouvelle loi, dont le champ d’application est réduit, est considérée comme contraignante et comme entravant l’intervention des pouvoirs publics, même quand les populations concernées sont en situation de danger. Il convient de souligner que l’expropriation pour cause d’utilité publique est un mode exceptionnel d’acquisition de biens ou de droits immobiliers et ne concerne que les réalisations d’équipements collectifs ou les ouvrages d’intérêt général. La loi stipule que l’indemnisation doit être juste , équitable et préalable, exigeant la disponibilité de crédits nécessaires, suffisamment à l’avance, pour faire face à ces indemnisations. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 54 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Le support juridique , tel qu’il vient d’être décrit, a le mérite d’exister, mais estil en mesure de répondre aux situations exposées au chapitre précédent et de faire face aux menaces et aux inquiétudes actuelles et futures ? Le chapitre suivant va mettre en évidence, à la fois, l’insuffisante prise en charge du risque et la nécessité d’apporter des améliorations dans le cadre d’une approche rénovée. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 55 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière CHAPITRE III. EVALUATION D’ENSEMBLE : UNE INTEGRATION INSUFFISANTE DU RISQUE. Nonobstant l’existence d’un arsenal juridique suffisamment étoffé, ainsi qu’il a été exposé ci-dessus , et en dépit de compétences humaines avérées, la récurrence des impacts d’aléas d’origine diverse au cours de plus de trois décennies d’urbanisation, soulève bien des interrogations . Comment ne pas s’interroger en effet sur la qualité et la pertinence de l’instrumentation juridique , sur les aptitudes humaines et sur l’existence de faiseurs de procédures agissant dans un cadre illégal et en toute impunité ? C’est à travers cette grille qu’une autre lecture du processus d’urbanisation s’impose pour tenter d’évaluer si les différentes phases du risque sont réellement prises en charge . Deux niveaux sont à examiner se rapportant: - aux actions relatives au développement d’une urbanisation intégrant le risque ; - aux actions d’accompagnement. 3.1- LE PROCESSUS D’URBANISATION : QUELLE PERTINENCE ? Les instruments législatifs et réglementaires, mis au point pour une gestion de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme, qui se voulait initialement rationnelle et cohérente, ont véhiculé une série de lacunes et n’ont pu empêcher institutions, organismes et particuliers d’être à l’origine de situations porteuses de graves dangers. Le législateur a tenté chaque fois d’adapter le support juridique aux réalités nouvelles pour mettre un terme aux dysfonctionnements constatés et sanctionner les transgressions enregistrées. Mais le constat est là : les fréquents changements ou amendements apportés à la législation ont révélé le caractère éphémère de certaines dispositions. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 56 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Le recours à des stipulations transitoires et à leur interprétation lato sensu ont favorisé l’émergence et l’incrustation dans les différents rouages de l’Etat d’une bureaucratie sévère qui a fini par faire du droit un succédané et par créer son propre univers. Ce phénomène continue encore de sévir de façon pernicieuse dans le domaine de l’habitat et du foncier. 3.1.1. Le temps du volontarisme dévoyé. C’est entre 1974 et 1990 que se sont effectués les trois quarts de l’urbanisation post indépendance et que pratiquement l’ensemble du tissu industriel s’est développé. Les zones les plus vulnérables continuent d’être régies du point de vue de l’urbanisation et de la prise en charge des risques par ces dispositifs législatifs et institutionnels. En matière d’aménagement du territoire, les outils mis en place n’ont à aucun moment eu de portée significative . Le SNAT et les SRAT, élaborés par l’Agence Nationale de l’Aménagement du Territoire, ont prescrit des dispositions foncièrement volontaristes très vite contrariés par la crise économique enregistrée dès le milieu de la décennie 1980, par l’ensemble des réformes engagées à partir de 1990, et particulièrement par la suppression des monopoles de l’Etat sur de nombreuses activités. En vérité, le SNAT et les SRAT n’ont jamais été officiellement approuvés et de ce fait, n’ont pu devenir des outils opposables à l’administration ou aux tiers, de même qu’ils n’ont pu constituer des outils légaux d’appui à la décision. Ils sont demeurés limités à de simples instruments de référence pour quelques initiés. L’absence de référence à des outils d’aménagement du territoire soulève une autre lacune lourde de conséquences liée au manque d’ancrage des instruments d’urbanisme. C’est à ce niveau qu’il faut situer une des raisons fondamentales de la suroccupation et de la sururbanisation du Nord du pays fortement concerné par les effets des aléas naturels ou industriels. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 57 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Déjà , en 1995 le CNES attirait l’attention sur une fragilisation dangereuse du territoire et sur le fait que « les progrès qui ont pu être enregistrés ne doivent pas masquer les déséquilibres et les tensions qui se sont accumulés durant cette période , avec une intensité telle qu’ils représentent désormais un danger réel pour l’unité et la cohésion sociale de la Nation »21. Le Haut Comité à l’Environnement et au Développement Durable ( HCEDD) , dont la vocation intersectorielle était affirmée, n’a pratiquement pas fonctionné, favorisant ainsi toutes les dérives en matière d’aménagement et d’urbanisme. La loi de 1987 relative à l’aménagement du territoire est restée lettre morte car aucun texte d‘application n’a été initié . Quant à la loi récente de 2001, elle renvoie , à son tour, à l’élaboration d’environ une quinzaine de textes d’application. A l’instar de la précédente, elle court le risque d’avoir des difficultés de concrétisation, si les textes inférieurs ne sont pas élaborés et mis en œuvre . Par ailleurs, la création du Conseil National d’Aménagement et du Développement Durable, prévu par cette loi, se trouve, lui aussi, subordonné à la voie réglementaire et pourrait subir le sort du HCEDD. En tout état de cause , seule une politique judicieuse d’aménagement du territoire, menée à terme de façon déterminée, suceptible de réduire la vulnérabilité des grandes agglomérations urbaines . En matière d’instrumentation d’urbanisme, un certain nombre d’observations peuvent être dégagées : L’ instrumentation PUD-PUP n’est pas codifiée . En effet, de 1974 jusqu’en 1990, l’urbanisation s’est effectuée en s’appuyant sur une instrumentation non opposable à l’administration et aux tiers du fait qu’elle n’était validée que par circulaire sectorielle . Les seules références légales se situent dans l’ordonnance de 1974 sur les réserves foncières. De plus, cette instrumentation est venue pour asseoir une politique foncière et non pour organiser le développement de l’urbanisation. L’une des principales finalités conférées à ces instruments était de définir des 21 cf actes de la 3 éme session plénière – op cit-p 13. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 58 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière périmètres d’urbanisation afin de déterminer un portefeuille foncier au profit des communes. Plus le périmètre urbain défini par le PUD est grand, plus la commune peut se constituer un portefeuille foncier nécessaire à l’implantation de logements et d’équipements collectifs dont elle avait besoin . C’est pourquoi, les PUD et PUP étaient sans cesse dépassés puisque à chaque besoin supplémentaire correspondait un élargissement des périmètres urbains. Ce qui préoccupait le plus les autorités locales était donc la définition des limites de périmètres, la constitution de réserves foncières et non la forme d’urbanisation ou son organisation. La procédure ZHUN est venue confirmer davantage cette affirmation. En effet, il suffisait qu’un programme de plus de 400 logements soit retenu dans une wilaya pour créer une ZHUN qui pouvait de facto modifier le PUD ou le PUP. Le PUP, pour des raisons de commodité et de facilité pour les communes, va très vite supplanter le PUD. Bien qu’au service des réserves foncières, celui-ci n’en était pas moins un instrument de planification urbaine établi par un bureau d’études spécialisé , approuvé selon certaines procédures nécessitant , au minimum un délai de deux ans pour son élaboration et son approbation. C’est cette contrainte temporelle pour les communes, jointe à l’insuffisance de bureaux d’études nationaux à prendre en charge le programme d’élaboration des PUD qui a conduit le législateur à introduire le PUP en matière foncière. Le PUP n’est pas à proprement parlé une étude d’urbanisme effectuée par un bureau d’études spécialisé. Il a été établi , dans la plupart des cas, par une commission technique locale qui définit sur plan par trait rouge le périmètre d’urbanisation d’une agglomération sur la base de normes de superficie par habitant. La seule recommandation et orientation était de définir un périmètre raisonnable correspondant aux besoins définis ou programmés par les autorités locales, notamment le PAPC. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 59 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Les périmètres arrêtés concernaient uniquement les chefs-lieux de commune. Tous les espaces péri-urbains ne sont pas traités. En outre, il faut rappeler que le permis de construire n’était pas exigé pour les constructions individuelles en dehors des périmètres urbains et pour lesquelles une simple déclaration de travaux suffisait. L’inexistence d’études-relais de détail a abouti à recourir à la commission de choix de terrains. L’échelle d’élaboration des PUD et PUP étant du 1/5000éme ne permettait pas de localiser les divers équipements et programmes. Cette obligation a été prise en charge par des commissions locales. Celles-ci décidaient, sans référence technique particulière et précise, beaucoup plus sur le site devant recevoir le projet que sur le projet lui même fixant la localisation de tel ou tel programme. La législation foncière a accentué ces anomalies. Bien qu’animée par de nobles objectifs, à savoir démocratiser l’accès au foncier , l’ordonnance de 1974 comportait en elle-même tous les éléments de son propre dévoiement. En effet, la trop grande facilité de mobilisation du foncier , son coût d’acquisition et de vente , l’opacité du marché et le monopole conféré aux communes en matière de transactions foncières ont généré ,en grande partie, le phénomène de la transaction illicite et partant, le développement de la construction illicite à grande échelle. En 1985, plusieurs centaines de milliers de constructions illicites étaient recensées. Cette situation s’est développée sans respect des règles en matière de localisation et de construction , d’où un grand nombre de constructions érigées sur des lits d’oueds , sur des gazoducs , etc…22 En outre, l’injonction de créer 200 lots de terrains à bâtir par an et par commune ne permettait pas une préparation technique suffisante pour remplir cette obligation. Cette pratique a notamment induit des lotissements localisés dans des zones dangereuses sans aucune viabilité. 22 Mr le Ministre de l’Energie et des Mines, lors de l’audition du 08.03.2003 au CNES , a souligné que le secteur a dû engager d’importants crédits pour construire de nouveaux gazoducs, à l’instar de celui qui doit contourner la cité Boussouf à Constantine , que ce problème doit trouver sa solution, car des citoyens sont assis sur des « bombes ». L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 60 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Dans de telles conditions , les préoccupations liées à la nature des sols , aux glissements de terrains , aux séismes et aux inondations ne pouvaient constituer une priorité. C’est ainsi que : - des extensions urbaines démesurées se sont développées durant cette période et ont rejoint des sites industriels dangereux; - des villes nouvelles de fait ont été créées sur des terres agricoles , sur des terrains instables , sur des zones inondables ou dans des lits d’oueds ; - des sites n’ont pas été viabilisés préalablement : absence de réseaux de drainage des eaux usées et pluviales ou réseaux sous-dimensionnées faute de programmation à long terme de l’urbanisation. Parallèlement aux besoins induits par la nécessité de satisfaire la population en logements et équipements , le développement industriel a impliqué d’importants besoins en foncier qui ont été localisés sous le sceau de l’urgence au détriment des règles élémentaires de sécurité. Il convient de rappeler que durant cette période plus de soixante quinze grandes zones industrielles ont été créées. Nonobstant leur caractère urgent, un organisme spécialisé a pris en charge leur localisation, à savoir la Caisse Algérienne d’aménagement du Territoire (CADAT). Mais l’ampleur de la situation n’a pas toujours permis à ce dernier de prendre en considération l’ensemble des paramètres de dangerosité des sites et unités industrielles , d’autant plus qu’au moment de la création d’une zone , le programme définitif n’était pas connu. Comment qualifier un tel processus lorsqu’on sait qu’à partir de 1985 on assiste à l’implantation d’une multitude de zones d’activités sans la moindre étude de faisabilité et sans le moindre détail sur les unités programmées ? 3.1.2 Le temps des réformes: une vision encore incomplète. Cette période, postérieure à 1990, est caractérisée par l’avènement dans l’économie nationale de principes de libéralisme destiné à mettre fin à une gestion fortement administrée. Ce passage à une nouvelle forme d’organisation et de fonctionnement du pays s’est effectué sans changement notable dans les comportements et les L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 61 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière mentalités et retentit encore de façon préjudiciable sur l’environnement urbanistique. Certes, la nouvelle instrumentation d’urbanisme a constitué un progrès dans les approches, de même que la nouvelle réglementation de la profession d’architecte a permis de libérer de nombreuses initiatives . Le pays est couvert dans son intégralité par des PDAU et prés de 1.650 POS ont été élaborés23. Mais des facteurs sans rapport avec les instruments eux –mêmes sont venus contrarier la portée et l’efficacité de l’arsenal juridique quant à la prise en charge des différents risques. Le contexte institutionnel et sécuritaire particulier qui a caractérisé les premières années de la décennie 1990 n’a pas favorisé la concertation à même d’appréhender les aspects fondamentaux liés au processus d’urbanisation. Dès lors, les instruments élaborés, loin de constituer des outils de référence, ne furent pas respectés, notamment à travers une consommation trop rapide du foncier urbain. Cette situation peut trouver son explication, soit dans l’absence d’autorité de certains responsables locaux , soit dans l’impossibilité de mettre en œuvre l’éventail du dispositif de sanctions ou encore dans les lacunes du dispositif réglementaire. En tout état de cause , si certaines actions ont pu se développer dans le temps sans suivi ni contrôle, c’est que l’appareil d’Etat n’a pas joué pleinement son rôle. Ce recul de l’Etat ne pouvait que favoriser une urbanisation irrationnelle, émanant de citoyens peu soucieux du respect de la légalité , partisans du fait accompli et créant ainsi un environnement où la transgression de la loi par le plus grand nombre devient la norme référentielle. A cet égard, l’exemple du permis de construire est illustratif d’une conjoncture aussi singulière . En dépit d’une législation rigoureuse en la matière , allant jusqu’à prescrire un dispositif de saisine des juridictions et de démolition dans les cas extrêmes, 23 Rapport émanant du Ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme concernant les résultats du 2eme semestre 2002. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 62 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière son application n’est mise en œuvre qu’à de très rares exceptions. C’est l’absence de permis de construire qui , en fait, est devenue la règle.24 Par ailleurs, la question du certificat de conformité est révélatrice de l’inefficacité de l’intersectorialité et de la défaillance des institutions étatiques concernées. Cette pièce maîtresse, normalement exigée en fin de processus d’urbanisation à la demande du bénéficiaire du permis de construire pour permettre l’occupation des lieux, n’est quasiment pas remplie. Son inobservation n’est pas sanctionnée et se trouve donc indirectement encouragée. Sonelgaz et les entreprises de distribution d’eau potable, par exemple, invoquent le principe de commercialité et ne réclament pas cette pièce pour les branchements définitifs. Malgré les tentatives faites par le Ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme pour remédier à une telle situation , aucune évolution notable n’a été enregistrée. L’anomalie revêt plus d’acuité , lorsqu’on sait que même, les constructions illicites sont raccordées en utilités, électricité , gaz et eau potable . Ainsi donc se trouve posé le triple problème d’un processus inachevé de la réglementation, de la coordination intersectorielle et des moyens de mise en œuvre humains et financiers. S’agissant de la réglementation, elle présente souvent l’inconvénient de ne pas terminer le cycle des procédures. En effet : - très souvent les lois renvoient à des textes réglementaires dont bon nombre ne sont pas promulgués, contrariant ainsi leur bonne application ; - l’imprécision de certaines lois et de certains règlements devient une marge de manœuvre relativement importante pour tous ceux dont la propension naturelle est de contourner la norme juridique ; - certaines stipulations sont à l’origine d’interprétation tendancieuses comme celles que l’on observe, par exemple, au chapitre 7 section 1 de 24 Cf « L’urbanisation sauvage » : journée d’étude organisée à Oran construire, seuls 92 dossiers sont en conformité. Présidée par le PAPC, la rencontre avait pour objectif l’application rigoureuse de la loi 90-29 relative à l’aménagement et l’urbanisme. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 63 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière la loi relative à l’aménagement et l’urbanisme qui traite du contrôle et des sanctions. L’article 73 énonce que le wali ou le PAPC peut à tout moment visiter les constructions…. Pour l’article 74 , toute association… peut se constituer partie civile, et pour l’article 76 ,en cas de violation grave des dispositions réglementaires…l’autorité administrative peut saisir le juge… A l’évidence , dans ces trois cas formant la pierre angulaire du dispositif de sanctions, le recours à une terminologie facultative fait qu’aucune obligation réelle ne pèse sur chacun des acteurs s’il n’accomplit pas l’action envisagée. Certes, les textes régissant le foncier tels que la loi d’orientation foncière et les lois domaniales ont quelque peu bouleversé les dispositifs anciens pour mettre fin à l’opacité du marché foncier. Mais le non parachèvement de tout ce dispositif, les différentes péripéties et les atermoiements enregistrés dans le mode de gestion du domaine privé de l’Etat, de la wilaya ou de la commune, laissé à l’appréciation de comités techniques ou d’agences foncières livrés à eux-mêmes, ont permis une mobilisation multiforme du foncier urbain, en dépit de toutes les règles de précaution quant à la nature technique des sols à urbaniser. S’agissant de l’intersectorialité, les difficultés liées à la mise en œuvre de ce principe organisationnel sont de divers ordres : - l’absence de délimitation claire des responsabilités de chacun des acteurs est à l’origine de situations conflictuelles qui paralysent l’action ; - la perception partisane et partielle des problèmes conduit à une dispersion et une déperdition d’énergie qui rendent toute approche inopérante. Ici, plus que dans tout autre domaine, la discipline intersectorielle devrait être le catalyseur pour assurer une plus grande efficacité et une meilleure réduction des risques. Concernant les moyens humains et financiers , les prescriptions qui sont édictées pèchent souvent par l’absence de procédures de mise en œuvre . L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 64 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Dans cette optique, le PAPC est investi par le code communal en matière d’urbanisation et d’habitat d’un grand nombre de prérogatives. Or, une constatation devenue récurrente souligne que la majorité des APC ne disposent pas de moyens humains, administratifs et techniques aptes à faire face à ces diverses missions . 3.1.3-Les moyens d’accompagnement: quelle implication ? Ils intéressent principalement les études de sols , les règlements para sismiques, le contrôle technique de la construction , la maîtrise d’œuvre , les assurances … Lors de l’examen des cas particuliers25, au niveau du chapitre I, outre les désordres urbanistiques constatés, à l’origine de l’amplification des impacts des aléas d’ordre naturel ou industriel , ceux liés à la qualité de la construction au plan de la conception et de la réalisation et donc au non respect des règles en la matière, ont été mis chaque fois en relief par tous les experts . Les activités qui permettent en aval du processus d’urbanisation de confirmer l’aptitude des sols et de la construction à résister ou à réduire les impacts d’aléas concernent essentiellement les aspects liés à l’analyse des sols destinés à l’urbanisation, à la définition de règlements para-sismiques , au contrôle technique de la construction, à la conception et au suivi des constructions. Si pour les deux premières activités, l’Algérie a fait d’énormes progrès pouvant la situer au niveau de pays avancés, celles relatives au contrôle technique de la construction, à la conception et au suivi , c’est-à-dire à la maîtrise d’œuvre, connaissent des insuffisances mises en évidence dans la plupart des expertises et bilans de catastrophes nationales liées à la survenance d’aléas naturels ou industriels ; ce qui est de nature à compromettre les efforts développés par ailleurs. 25 Cf chapitre I , section 1.3 L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 65 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière 3.1.3.1. La connaissance des sols : un intérêt majeur. Les études de sols : Il s’agit là d’une activité fondamentale qui permet de déterminer l’aptitude des sols à recevoir une urbanisation à grande échelle : - étude de contraintes géotechniques qui sont établies lors de la suspicion de désordres probables en vue d’orienter ou de confirmer les prescriptions des PDAU et POS ; - études de sols de détail ou la portance de sols lors de l’engagement de travaux de réalisation proprement dite d’une construction. L’Algérie dispose, à cette fin, de compétences réelles ; de nombreux bureaux d’études publics ou privés ont acquis une expérience dans ce domaine et les besoins en études sont globalement couverts par ces moyens nationaux. Il demeure évident, cependant, qu’une modernisation des équipements est nécessaire et qu’une réglementation plus affinée et plus rigoureuse se rapportant aux agréments des bureaux d’études privés est à promouvoir pour un développement judicieux de cette filière. La sismicité : Selon les experts , le Nord du pays connaîtra de nouveaux séismes. Cette affirmation commande impérativement à ce que toutes les dispositions nécessaires soient prises pour une meilleure prévention. Les approches à retenir en matière d’aménagement du territoire et d’urbanisme sont celles qui se basent sur des cartes régionales comportant les zones sismiques et les niveaux d’accélération aux sols prévisibles et sur des cartes de microzonage à l’échelle urbaine définissant différentes microzones en fonction des aléas géologiques susceptibles d’y avoir lieu. Elles sont , en effet, particulièrement efficaces pour la réduction des pertes en vies humaines et la diminution des dégâts susceptibles d’être occasionnés aux biens. Les principales mesures préventives pour réduire les effets de l’aléa sismique résident dans la construction qui intègre la mise en œuvre de règles parasismiques et dans la connaissance du caractère sismique d’une zone et de son degré de vulnérabilité. Que dire encore de la prise en charge de l’aléa dans la construction proprement dite ? L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 66 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Il est aujourd’hui bien admis que pour avoir un comportement satisfaisant d’une construction en zone sismique ,il y a lieu de la concevoir , de la calculer et de la réaliser selon les règles parasismiques . Toute insuffisance au niveau de ces trois paramètres peut concourir au mauvais comportement, voire à la destruction de la construction, même pour un niveau de sollicitation sismique de faible intensité. C’est dans cette perspective que s’inscrit la réflexion sur l’élaboration d’une réglementation parasismique algérienne ( RPA). Menée et achevée en 1981, corrigée en 1983, puis en 1988 , elle a été parachevée en 1999. Au demeurant, le document technique portant sur les « règles parasismiques algériennes 99 » constitue l’aboutissement d’actualisations successives qui se sont avérées nécessaires après deux décennies environ de travaux riches et diversifiés des scientifiques nationaux, des bureaux d’études et de contrôle ,des entreprises et des institutions de formation supérieure. Ces actualisations ont tenu compte également des enseignements tirés de récents séismes survenus en Algérie ou à l’étranger et de l’évolution récente de la réglementation internationale en la matière. Les principaux points ayant fait l’objet de révisions nécessaires ont porté notamment sur : - le domaine et les conditions d’application des règles ; - les règles générales de conception ; - les critères de classification de la zone concernée ; - la définition de critères permettant de considérer une construction comme répondant aux normes parasismiques… Les premiers bilans de l’application de ces règles ont montré leur pertinence . En effet, lors des expertises effectuées à la suite du séisme de Ain Témouchent , il a été permis de vérifier que les constructions ayant observé ces règles avaient très bien résisté, attestant ainsi de la qualité des travaux effectués par les experts et de l’importance du respect des normes dans la prévention des risques. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 67 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Une carte nationale de zonage sismique a été établie ; elle définit , à l’échelle régionale, des zones sismiques selon le degré et l’intensité des séismes.26 Des niveaux de dangers ou risques ont été retenus et constituent des indicateurs importants et fondamentaux pour l’aménagement du territoire. Ce classement régional est relayé par des études de microzonage sismique qui est le processus de prédiction des effets géologiques d’un séisme en un site donné, correspondant globalement à l’échelle d’une ville ou de parties de ville. Ces études élaborées par le CGS sont primordiales pour l’évaluation du risque sismique et sa réduction dans le cadre de la planification urbaine. Par ailleurs, la survenance d’un séisme peut affecter le fonctionnement d’une ville, voire d’un pays, et perturber également l’organisation des secours si les lieux de commandement sont altérés. C’est pourquoi des efforts ont été déployés dans le domaine de la recherche et des études , sans pour autant répondre aux multiples attentes. Les études de microzonage établies ne concernent qu’une douzaine de sites urbains situés notamment à Alger et à Chlef. Celles relatives à la vulnérabilité des bâtiments stratégiques n’ont intéressé, à ce jour, que quelques édifices. Au regard des besoins incompressibles, les moyens consacrés à la recherche sont dérisoires . Le CGS et bien d’autres centres de recherche sont aujourd'hui quasiment à l’arrêt, suite à la faiblesse des crédits qui leur sont alloués pour l’exercice de leurs véritables missions. 3.1.3.2 Le rôle de la maîtrise d’œuvre, du contrôle technique et des assurances. La maîtrise d’œuvre. La maîtrise d’œuvre est définie comme étant l’activité de conception de la construction et le contrôle de son exécution. Il s’agit donc d’une étape cruciale, voire fondamentale du processus d’urbanisation puisque c’est à ce niveau que se concrétise la conformité de la construction par rapport aux règles de l’art, de la localisation et de la réalisation du projet. 26 Cf carte de la sismicité chapitre I , section 1.2.1.1. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 68 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière L’examen de cette activité primordiale pour la réduction des impacts d’aléas est illustratif du cas où des dispositifs antagoniques coexistent et ne permettent pas une application stricte de la réglementation. Deux textes importants régissent la question : - l’arrêté interministériel du 15 mai 1988 portant modalités d’exercice et de rémunération de la maîtrise d’œuvre en bâtiment ; - le décret législatif du 18 mai 1994 relatif aux conditions de la production architecturale et à l’exercice de la profession d’architecte. La question de la maîtrise d’œuvre, éminemment importante tant pour l’urbanisme que pour la construction proprement dite, soulève deux contraintes majeures déjà évoquées précédemment, à savoir une législation incomplète et la coexistence de deux dispositifs contradictoires . Le décret législatif de 1994, censé abroger l’arrêté interministériel, n’a pas été suivi de textes d’application et ne peut donc en l’état être appliqué efficacement. Le texte de référence en vigueur, qui est l’arrêté de 1988, n’est plus en phase avec les réalités actuelles. En effet, il présente un champ d’application réduit. Il se limite à la maîtrise d’œuvre exercée pour le compte des administrations publiques et établissements publics à caractère administratif et commercial. Toutes les constructions privées ne sont pas soumises à l’obligation de suivi par les hommes de l’art. Or, de nos jours, la construction de logements individuels qui relève quasiment du seul ressort du particulier se traduit par l’édification de véritables bâtiments. Il en est de même de la réalisation d’équipements, notamment de services : hôtels , cliniques, écoles privées , centres de vacances… . Les missions de maîtrise d’œuvre s’accomplissent sous l’égide du maître d’ouvrage qui délègue la mission de contrôle au CTC. A ce titre, il est fait obligation au maître d’ouvrage de conclure une convention avec l’organisme de contrôle technique de la construction . Cette convention confère au CTC un rôle d’autorité du fait que le maître d’œuvre se trouve soumis à ses injonctions. Cette subordination du maître-d’œuvre au contrôleur technique ne s’est pas accompagnée d’une réforme du régime de responsabilité du contrôleur L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 69 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière technique. Elle se traduit dans la réalité par une dilution des responsabilités à l’origine de situations inextricables sur le terrain, rendant difficile l’imputation des fautes en cas d’apparition de malfaçons dans les constructions ou de désordres liés à la nature et à la solidité des sols. Il y a lieu de rappeler pour cela qu’en vertu de dispositions du code civil, article 554 « L’architecte et l’entrepreneur répondent solidairement, pendant dix ans, de la destruction totale ou partielle des travaux de constructions immobilières ou des autres ouvrages permanents, et ce, alors même que la destruction proviendrait des vices de sols. La garantie prévue par l’alinéa précédent s’étend aux défauts qui existent dans les constructions et ouvrages et qui menacent la solidité et la sécurité de l’ouvrage ». Contradictoirement, l’article 555 du code civil apporte une précision : « L’architecte qui s’occupe exclusivement d’établir les plans de l’ouvrage sans assumer la surveillance de l’exécution, ne répond que des vices provenant de ces plans » . Ainsi, le CTC ayant pouvoir d’injonction sur le maître de l’œuvre n’est pas tenu responsable des avis qu’il donne alors que l’architecte, quant à lui , est responsabilisé même si l’injonction qu’il reçoit et qui serait à l’origine de la destruction, ne lui incombe pas directement. Un autre paradoxe réside dans le fait que l’architecte peut être mandaté uniquement pour l’établissement des plans sans avoir la responsabilité du suivi. C’est là une lacune à l’origine des grands dérapages en matière d’urbanisme , de la qualité de la construction et de l’amplification des effets d’aléas. Il n’existe pas à ce jour de texte définissant les actes professionnels du maîtred’œuvre. Maintes fois réclamé par les professionnels, il ne semble pas constituer une priorité. Le contrôle Technique de la Construction : Historiquement, le contrôle technique de la construction a existé bien avant son institutionnalisation en 1971. Il n’avait pas alors de caractère obligatoire et était exercé comme assistance facultative aux compagnies d’assurances pour l’évaluation des risques. En 1971, le CTC a été créé avec pour mission le contrôle technique de la construction et a bénéficié , comme susmentionné, d’octroi d’un monopole de fait, suite à : L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 70 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière l’obligation pour les assurances de subordonner le contrat d’assurance en responsabilité décennale des architectes et entrepreneurs à l’existence d’une convention de contrôle technique ; - l’obligation pour les assureurs de n’agréer que le seul CTC comme contrôleur technique. Ces deux éléments ont conduit dans la pratique à percevoir l’exercice du contrôle technique par le CTC comme une prérogative de puissance publique, alors que ni l’objet du contrôle technique, ni les modalités de mise en œuvre des obligations posées par la loi n‘ont été clairement définis. De la sorte , naquirent des contradictions entre les dispositions du Code Civil et celles de la loi sur les assurances qui ont abouti à la dilution des responsabilités entre le maître d’œuvre et le CTC. Une autre série d’anomalies a été introduite par les articles 38 et 183 de la loi sur les assurances de 1995 qui stipulent respectivement : - « L ‘assureur est subrogé dans les droits et actions de l’assuré contre les tiers responsables.... » ; - « L’assureur ( en responsabilité décennale) est tenu avant toute recherche de responsabilité d’indemniser le maître ou l’acquéreur de l’ouvrage... » . Il en résulte qu’il n’y a aucun intérêt à rechercher la cause du dommage et donc à faire avancer la prévention contre le risque . Les assurances. La préoccupation essentielle liée au traitement de la question des assurances ne réside pas dans l’examen des conditions financières relatives à la couverture des impacts des aléas naturels ou d’origine industrielle, mais beaucoup plus dans la question consistant à voir les sociétés d’assurances devenir des gestionnaires de la vulnérabilité et à considérer l’assurance comme une véritable technique de prévention du risque. En effet, jusqu’en 1995, année de la promulgation de la nouvelle loi sur les assurances , la couverture des événements naturels a été conçue sous forme d’extension de la garantie dans le cadre de l‘assurance -incendie. Cette combinaison avec d’autres types d’assurances présentait comme inconvénient de ne pas domicilier les surprimes « événements naturels » dans un fonds ou régime des assurances contre les catastrophes, ce qui aurait pu - L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 71 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière aboutir à une spécialisation en la matière et donc à une possibilité de disposer de données sur les sites à risques. En 1995 , la loi a introduit la garantie contre les dommages résultant d’événements de calamités naturelles dans le cadre de l’ensemble des contrats d’assurance-dommages sans se limiter au contrat-incendie. Néanmoins, des limites existent. C’est ainsi que pour le risque tremblement de terre, les critères de tarification excluent la nature de la construction ,le type de bâtiment ou la nature des sols. Seul le critère relatif à la zone sismique est pris en considération. Le rôle dynamique des assurances en tant qu’agent de la prévention pour limiter les constructions non conformes n’est pas mené à terme pleinement. En ce qui concerne les projets en construction , ils sont couverts par l’assurance tous risques chantiers pour laquelle les critères de tarification sont plus élaborés et tiennent compte des paramètres liés à la zone géographique ou sismique , aux conditions géologiques et à la vulnérabilité de la construction. Dans ce cas particulier, le rôle dynamique des assurances dans la prévention des risques est plus affirmé. S’agissant de l’assurance des risques des particuliers, il est observé que les biens de ces derniers ne sont pratiquement pas assurés, et ce pour deux raisons : - la première est que les particuliers ont tendance à ne pas souscrire un contrat d’assurance si ce n’est pas obligatoire ; - la deuxième réside dans le fait que les assurances multirisques habitations excluent, sauf convention expresse, l’inondation, le tremblement de terre et autres catastrophes. Ainsi donc, il apparaît globalement qu’en matière de risques majeurs il n’existe pas encore de démarche cohérente , que les conditions de couverture et les critères de tarification de ces risques diffèrent d’un contrat à un autre. C’est pourquoi, il y a lieu de préconiser la nécessité de faire muer l’assurance en une véritable technique du risque et les sociétés d’assurances en gestionnaires de la vulnérabilité, à l’instar de ce qui existe dans beaucoup de pays. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 72 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière 3.1.3.3 Les dispositifs de prévention : leur portée. Il convient de signaler l’existence en 1976 de textes spécifiques relatifs aux établissements dangereux et incommodes, à la protection des risques d’incendies, à l’institution de périmètres de protection des installations et infrastructures, mais il a fallu attendre les décrets du 25 août 1985 pour instaurer un dispositif complet de prévention et de prise en charge des risques et catastrophes et de préconisation des conditions et modalités d’organisation et de mise en œuvre des interventions et secours. Si les dispositions relatives à l’organisation des secours ont été mises en œuvre , celles relatives à la prévention n’ont pas été suivies d’effet. Chaque Ministère avait été chargé de mettre en œuvre « un plan de prévention des risques d’origine naturelle ou technologique en rapport avec l’action ou l’activité du secteur ». De même que chaque entreprise, établissement, unité ou organisme était tenu de mettre en place un plan de prévention des risques conforme à ses activités et aux normes du dispositif arrêté par le Ministère de tutelle. A cet égard, les informations recueillies démontrent clairement que ces dispositifs de prévention n’ont jamais été mis en place. La commission centrale de prévention et de protection civile prévue à cette fin, n’a apparemment pas fonctionné. Un certain nombre d’études d’impacts ont été élaborées mais souvent établies par des bureaux d’études agissant pour le compte des entreprises, ôtant ainsi toute crédibilité à leurs contenus. Certains périmètres de protection d’unités ont été définis mais leur sauvegarde a été rarement effectuée en raison d’un « grignotage » par une urbanisation la plupart du temps illicite. Cette situation, qui met en lumière la difficulté d’application stricte des lois et règlements, explique en partie la proposition faite par les différents intervenants concernés relative à la mise en place d’une structure nationale permanente de coordination et d’animation des activités de préventions des risques naturels et technologiques. Le plan ORSEC visé par le décret 85-231 du 25 août 1985 susvisé a été effectivement mis en œuvre à plusieurs reprises et a souvent joué un rôle L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 73 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière déterminant dans la réduction des dégâts :vies humaines sauvées , infrastructures préservées , patrimoines sauvegardés. Dans ce cadre, les services de la Protection Civile sollicités même pour des actions ne relevant pas de leurs compétences, ont toujours accompli consciencieusement leurs missions dans des conditions parfois difficiles. Toutefois ce plan, en raison des transformations économiques et structurelles du pays est devenu caduc et nécessite d’importants aménagements. En effet, il s’appuyait sur la mobilisation des moyens des parcs d’entreprises publiques du bâtiment ,des travaux publics et de l’hydraulique . Or, la restructuration des entreprises a atomisé les moyens et la plupart des parcs ont été dissous. La perte de tutelle unique et le transfert à une multitude de structures ne permettent plus la mobilisation de moyens dans des délais acceptables. En outre, ces entreprises ayant changé de statut ne peuvent plus financièrement s’accommoder d’arrêts de leurs activités ou de perte de leurs moyens sans compensation financière immédiate. Aujourd’hui , dans le cadre de la mise en œuvre de ces plans, seuls les services de la Protection Civile, de la santé et d’hygiène restent opérationnels détournant ainsi ces services de leurs missions principales au profit d’autres missions qui ne relèvent pas de leur compétences. Il est à signaler qu’une redéfinition de l’organisation des secours est engagée et intègre les nouvelles données du paysage institutionnel et économique du pays. L’organisation des secours se trouve , par ailleurs, contrariée par d’autres contraintes, notamment : - la non célérité des interventions ou même leur impossibilité lors de la survenue de catastrophes , occasionnant des dégâts supplémentaires importants ; - la non disponibilité de documents techniques de base tels que le plan des villes et des quartiers avec toponymie précise : nom de la rue , numérotation, plans de construction des bâtiments ; L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 74 Conseil National Economique et Social - - 22ème Session plénière l’inexistence de la cartographie des réseaux sous-terrains : gaz , électricité, AEP , assainissement qui handicape la fermeture de l’alimentation en gaz ou électricité ; les difficultés d’accès pour les véhicules de secours , dues principalement à des constructions anarchiques obstruant les voies publiques. 3.2 POUR UNE GESTION SYSTEMIQUE DU RISQUE . 3.2.1 Nécessité d’une politique rénovée et solidaire. Des éléments qui précèdent , il ressort que de nombreux acteurs existent et agissent en ordre dispersé dans un espace comportant des pôles multiples plus ou moins importants et plus ou moins efficaces. Il est impératif d’organiser une réelle collaboration entre les administrations détentrices des prérogatives de décision et les organismes techniques, car les phénomènes liés à l’urbanisation , aux risques naturels et industriels sont systémiques et ignorent la spécialisation et les préséances administratives. Les normes en vigueur doivent être rigoureusement appliquées et nécessitent une grille d’approche qui prenne en charge l’ensemble des facettes du problème. L’espace à risques doit être contrôlé , régulé et obéir effectivement à la démarche systémique qui privilégie la coordination d’ensembles hétérogènes au sein desquels chaque élément est en relation d’interdépendance avec les autres. Il s’agit de « dépasser une situation caractérisée par des approches essentiellement sectorielles en accordant une attention prioritaire aux approches globales et systémiques, intégrant dans une vision et une démarche coordonnées les différents paramètres des actions de sécurité ».27 En vérité , toutes les parties concernées doivent assumer leurs responsabilités respectives et se mouvoir comme « un ensemble d’éléments en interaction dynamique organisé en fonction d’un but »28 . 27 Cf CES de France : Rapport « Prévention et gestion des risques technologiques et industriels »/2003 28 J. de Rosnay. Le macroscope – définition d’un système , cité par Michel Bouvier dans « Les finances locales » LGDJ –1999. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 75 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière En d’autres termes , Etat et collectivités territoriales, partenaires économiques et sociaux , professionnels , bureaux d’études , universités, associations, citoyens … doivent former une chaîne organisée pour la maîtrise des risques au plan spatial et temporel , avec possibilité d’action rapide sur le ou les maillons faibles dans un esprit constructif et solidaire. Si la différenciation est source d’efficacité certaine, elle peut s’avérer stérile lorsqu’il n’existe pas une unité d’action. Les divergences entre des activités de services cloisonnés peuvent générer tôt ou tard une paralysie du système ou, à tout le moins , participer à sa dégradation. C’est pourquoi, rationaliser les actions et viser une logique de gestion concertée et coordonnée constituent l’objectif essentiel de la nouvelle approche relative à la maîtrise des risques. Des principes à effet de levier : A cet égard, pour plus de performance et d’efficacité dans la prise en charge consciente des enjeux liés à l’urbanisation, aux risques naturels et industriels, l’approche rénovée doit s’appuyer sur des principes porteurs, inscrits dans un ensemble décentralisé et dynamique : - le principe de subsidiarité qui vise la clarification des compétences et leur répartition judicieuse entre les divers niveaux , en conférant l’action à l’échelon le plus apte à l’assumer et le plus proche des citoyens. - Le principe de concomitance qui implique la prise en charge simultanée de toutes les menaces qui pèsent lourdement sur les espaces victimes d’une urbanisation diffuse et l’identification de façon interactive des procédures propres à réduire les risques de l’aléa naturel et industriel. - Le principe de précaution ou règle de prudence qui ne doit pas être interprété dans le sens d’inaction, mais qui doit être appréhendé dans un souci d’éviter d’agir sous le sceau de l’urgence ou de la pression pour le percevoir comme un facteur d’incitation à une gestion équilibrée, dynamique et efficace du risque. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 76 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Cette approche soulève mutadis mutantis le rôle de l’Etat qui est capital dans ce domaine . Une de ses fonctions cardinales est, à l’évidence, de développer des mécanismes de dissuasion destinés à sanctionner tout dépassement en matière d’urbanisation , à réduire , sinon à éliminer les processus qui s’exercent sur les espaces fortement sollicités et de protéger notamment ceux considérés à hauts risques . En tout état de cause, la maîtrise de l’aménagement du territoire et de l’urbanisation doit devenir la clé pour juguler durablement le phénomène qui, à défaut, risque de devenir le cauchemar des générations futures. 3.2.2 La dynamique à impulser . L’ensemble des expertises a abouti à la conclusion que les désordres urbanistiques et la mauvaise qualité de la conception et de la réalisation des constructions étaient à l’origine de phénomènes d’amplification des effets des aléas d’origine naturelle ou industrielle. L’urbanisation apparaît comme un facteur aggravant et/ou un agent déclenchant. Les concentrations de populations et de patrimoines résultant de cette urbanisation sont les récepteurs de ces événements amplifiés. L’urbanisation est en même temps cause et effet de l’aggravation des impacts des événements naturels ou industriels. De même, il a été constaté qu’une urbanisation anarchique générait des contraintes importantes dans l’organisation des secours post événement. Ce constat doit être dépassé en l’exploitant davantage et en luttant contre toutes les anomalies y afférentes si l’on veut contribuer à une prise en charge réelle de la situation. L’examen de celle-ci a permis de situer et de domicilier les facteurs favorisant ces situations dans deux champs : - le champ juridique puisqu’une évaluation de la législation en matière d’urbanisation a montré que la dimension risques, en liaison avec les aléas naturels ou les événements d’origine industrielle, est insuffisamment prise en charge lorsqu’elle n’est pas tout simplement appliquée ; L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 77 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière le champ opérationnel , celui du terrain qui affiche parfois des résultats encourageants mais qui révèle par ailleurs des insuffisances d’organisation et de moyens, un manque évident de culture générale du risque ne permettant pas d’atteindre les objectifs à la mesure de l’importance des dangers potentiels. Dans le champ du juridique, l’accent peut être mis sur : une législation parfois imprécise , incomplète ou comportant des dispositions dérogatoires ; l’inapplication des textes juridiques telles que cela a été exposée lors des développements précédents, mais aussi en raison : - d’une insuffisance notoire de moyens humains , matériels et financiers, - du comportement laxiste de certains acteurs, qui privilégient avant tout leurs intérêts personnels ; - d’une confusion ou d’une dilution des responsabilités. Dans le champ de la programmation des actions de prévention et de leur mise en œuvre , il convient de souligner , entre autres : Une mauvaise coordination intersectorielle ; Une absence de politique nationale de prévention des risques naturels et industriels impliquant la société civile, l’école et l’entreprise par la sensibilisation et l’information susceptibles de mettre fin au phénomène d’accoutumance inhérent à la force de l’habitude et au fatalisme; une quasi-inexistence de la participation de la communauté scientifique à travers la recherche fondamentale et opérationnelle pouvant trouver son explication dans la marginalisation ou le manque de soutien ; l’incivisme d’une partie de la société civile qui n’hésite pas à mettre en danger une autre partie importante de la population ; une insuffisance de recours à des relais tels que les assurances pour la prévention du risque . Ce sont là des observations qui commandent une prise en charge rigoureuse globale du problème de la question de l’intégration du risque dans le processus - L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 78 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière d’urbanisation et qui peuvent être le prélude d’une dynamique à impulser nécessairement. Cette dynamique pourrait être engagée sur la base des propositions ci- après. Nécessité d’une politique nationale de prévention et de gestion des risques et impacts des aléas d’origine naturelle ou industrielle. Comme déjà souligné par le Secrétaire Général des Nations-Unies, les actions de protection des populations contre les effets d’aléas naturels « ne retiennent guère l’attention des dirigeants politiques » et « les catastrophes d’aujourd’hui sont causées par l’homme et presque toujours aggravées par l’action - ou l’inaction- humaine ». L’inaction peut résulter d’une absence de stratégie nationale et contrarier ainsi toutes les actions en aval. La question des catastrophes naturelles ou industrielles n’est à l’ordre jour que lors d’événements graves et très rapidement oubliée et reléguée au second plan des priorités, dés le retour à la situation normale. Le coût d’une catastrophe est toujours très élevé et hypothèque bien souvent les grands équilibres macro –économiques sans que la population en ressente les effets. Les dépenses occasionnées par la catastrophe de Bab-El-Oued sont évaluées à plus de 3% du PIB29, soit plus que l’équivalent d’un programme annuel national de logements. C’est pourquoi, des principes directeurs de prévention nationale contre les divers risques doivent être clairement définis , approuvés par les plus hautes instances en associant l’ensemble des partenaires politiques, économiques, sociaux et culturels du pays. La mise en place d’une structure nationale pérenne. Le Comité National pour la décennie 1990-2000 relative à la prévention contre les catastrophes naturelles a déjà mis en évidence la nécessité d’une coordination et d’une unité d’objectifs, mais n’à pas été relayé par une structure permanente. 29 cf Banque Mondiale 2002. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 79 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière C’est pourquoi, l’institution d’une structure nationale pérenne, libérée des tutelles administratives et dotée de moyens à la mesure des missions qui lui sont assignées doit être mise sur pied. A cette fin, l’organisation à promouvoir, sous l’égide de la Primature, doit bénéficier d’une autorité affirmée pour impliquer l’ensemble des acteurs et conduire l’intersectorialité avec le maximum d’efficacité. A titre indicatif, cette structure pourrait avoir comme principales missions les actions suivantes : - proposer et définir une politique nationale en matière de prévention des risques et en suivre l’application ; - évaluer régulièrement les aléas et les risques sur l’ensemble du territoire national; - promouvoir la connaissance scientifique et technique ainsi que la recherche dans le domaine des risques majeurs ; - promouvoir les actions nécessaires d’information et de sensibilisation du grand public ; - participer aux programmes de coopération régionale et internationale concernant la réduction des risques. Une plus grande implication de l’Etat dans la mise en œuvre de cette politique . La puissance publique et l’autorité de l’Etat doivent trouver toute leur plénitude dans la mise en œuvre de cette politique. Le retrait patent de l’Etat des processus liés à l’urbanisme a laissé place à des acteurs qui se manifestent impunément par des constructions illicites dangereuses, par des occupations de patrimoines de l’Etat, notamment fonciers, mettant ainsi en péril la vie des citoyens. A cet égard, l’urbanisme ne devrait plus être considéré comme étant une mission sous-estimée et presque disqualifiée par rapport à celle de l’habitat préoccupée par le déficit en logements. Cette réhabilitation de l’urbanisme, prérogative de puissance publique par essence, soulève ipso facto l’obligation pour l’Etat de faire appliquer la loi dans toute sa rigueur, car sa crédibilité est à ce prix. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 80 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Une évaluation des aléas et des risques s’impose . Cette recommandation implique au préalable la série d’actions suivantes : - La couverture photographique aérienne systématique et périodique. Cette cartographie revêt un caractère fondamental si l’on veut suivre l’évolution de l’urbanisation licite ou illicite. Outre le renforcement des moyens existants de l’Institut National de la Cartographie et des autres institutions concourant à l’établissement de cartes thématiques , la contribution du satellite algérien est de nature à enrichir les instituts nationaux par la généralisation du Système d’Information Géographique. En effet, les couvertures aériennes sont actuellement établies de façon sectorielle et donc partielle ,chaque secteur mobilisant des moyens importants pour ses propres besoins, alors qu’une couverture aérienne, moyennant une coordination sectorielle, permettrait de multiples utilisations. - L’établissement d’une cartographie thématique avec pour priorités : - la cartographie nationale , régionale et locale des contraintes géotechniques ; - la cartographie nationale ,régionale et locale de l’aléa sismique ; - la cartographie nationale , régionale et locale des zones inondables. La disponibilité de cette cartographie devra constituer le support privilégié pour l’ensemble des études intégrant la dimension risque dans le processus d’urbanisation. - L’actualisation des plans des réseaux sous-terrains, leur conservation et leur accessibilité. De nombreuses agglomérations ne disposent pas de plans de réseaux sousterrains .La recherche de ces réseaux se fait souvent de manière empirique lors de la survenue de catastrophes. Le cas de Constantine est édifiant à ce propos, étant admis qu’une des raisons contribuant à déstabiliser les sols de la ville est liée à des écoulements d‘eaux sous-terrains sans parvenir à identifier exactement les points de passage et les points de rupture ou de fuite. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 81 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière - L’opération de cadastre des installations industrielles classées. De nombreuses installations classées ne disposent pas de documents cartographiques permettant d’édifier de manière précise la réalisation de l’installation, le périmètre de l’unité proprement dite, ainsi que la délimitation des différents périmètres de sécurité. Il est donc indispensable de procéder à une véritable opération de cadastre de ces installations. Il s’agit de disposer pour chaque installation de documents graphiques normalisés permettant d’authentifier les différents propriétaires successifs, de centraliser, d’organiser, de conserver et de domicilier ces informations auprès des structures pérennes, à l’instar des services des domaines et de la conservation foncière pour le cadastre général. Ces données sont fondamentales pour le respect strict , par tous, des périmètres de sécurité et pour la mise en œuvre des dispositifs de gestion concrets des risques potentiels Le parachèvement des dispositifs législatifs : De nombreux dispositifs législatifs et réglementaires devraient être revus et adaptés en visant la suppression des insuffisances constatées. Tout effet dilatoire est à combattre sans répit. S’agissant de la promulgation des textes d’application, les dispositions à prendre concernent, en premier lieu, les textes relatifs à la maîtrise d’œuvre , aux assurances, au contrôle technique de la construction , aux études de dangers, à l’aménagement du territoire et au développement durable . A signaler que la voie réglementaire à laquelle renvoie souvent la loi n’est jamais concrétisée à temps et constitue , de ce fait , un obstacle à l’efficience du support législatif. Pour une police d’urbanisme performante : Plusieurs polices d’urbanisme coexistent actuellement : police communale, inspecteurs et agents d’urbanisme, inspecteurs de l’environnement qui interviennent sur des situations relevant de l’urbanisme. L’efficacité de leurs actions respectives doit s’inscrire dans une nécessaire coordination et une unification des moyens. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 82 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Cette synergie des efforts produira tous ces effets dans la mise en place d’une structure homogène, chargée du contrôle de l’urbanisme et de l’environnement, autonome dans ses décisions, dotée de moyens d’interventions et de prérogatives adaptées à la mission . Renforcement des moyens humains et matériels des collectivités locales : Pour assumer la multitude de prérogatives que leur confèrent les lois en vigueur, les collectivités locales doivent bénéficier de moyens humains, matériels et financiers renforcés30 , notamment en matière d’urbanisme et de prise en charge des risques liés aux différents aléas. C’est là une exigence de l’heure, car la collectivité territoriale se trouve au carrefour de toutes les préoccupations citoyennes. Les lois en préparation se rapportant à la commune et à la wilaya devraient prévoir, dans le champ de la prévention et de la gestion du risque, des moyens organisationnels, humains et financiers, adaptés à de telles responsabilités. Renforcement du soutien aux études et à la recherche : De nombreux établissements d’études et de recherche tels que le CGS avec l’établissement du règlement para-sismique et autres documents techniques de grande qualité scientifique, les laboratoires d’études (LNHC, LNTP. ) , les centres de recherche(CNERIB,CNIC...) , les centres universitaires, doivent bénéficier de moyens conséquents en vue de rentabiliser leurs missions et contribuer à la promotion de l’action préventive des risques. A ce titre, des filières spécialisées, telles que le droit de l’urbanisme, l’économie urbaine ou même la psychologie urbaine, pourraient voir le jour et se développer. Le développement de la cyndinique s’en trouvera conforté . Cette approche qui fait appel à la compétence nationale, qui l’implique et la retient judicieusement dans des missions vitales , doit trouver son prolongement dans l’accroissement significatif des ressources à prévoir au sein du budget de la Nation. 30 Cf à cet égard également : « L’évolution à imprimer aux fiances locales dans une perspective d’économie de marché » CNES- juin 2001. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 83 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Renforcement des moyens et prérogatives des services de la Protection Civile. Les services de la Protection Civile interviennent au cours des différentes phases se rapportant à tout événement. La multitude et la fréquence des interventions nécessite une disponibilité en moyens humains et matériels conséquents. Or, les services de la Protection Civile algérienne enregistrent un déficit de près de 22.000 agents31, eu égard aux normes internationalement admises , selon lesquelles il y a un (01) sapeur pompier pour 1000 habitants. Ce déficit est d’autant plus ressenti du fait de la substitution de la Protection Civile à d’autres services. Lors de catastrophes, près de 80 % des actions menées ne relèvent pas de leurs attributions statutaires. A cet égard, leurs moyens matériels d’intervention doivent être renforcés, renouvelés et modernisés, comme doivent être renforcés leurs prérogatives pour une plus grande participation à la prise de décision, compte tenu de leurs avis déterminants dans l’identification des risques potentiels. Audit des plans de prévention d’entreprises et des études de danger : Afin de lutter contre le délit d’habitude et l’indifférence et afin d’examiner et d’expertiser la cohérence des dispositifs de prévention avec les nouvelles approches et pratiques inhérentes aux mutations enregistrées, des audits des plans de prévention d’entreprises , des études d’impacts et des études de dangers devront être régulièrement et sans cesse actualisées. En outre, afin de donner à ces audits un caractère effectivement préventif, une large publicité des résultats auxquels ils ont abouti devra être effectuée. Une importance primordiale à l’information : La communication et l’information sont les gages d’une véritable participation de la société civile dans un domaine qui la concerne et la préoccupe au plus haut point.32 31 Source : Protection Civile « Pour la prévention des catastrophes, je suis de plus en plus fermement convaincu que l’information doit être claire , aussi limpide que possible. Et la formation , l’éducation des populations impliquées , doit elle, être intelligemment conduite et développée, qu’il s’agisse 32 L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 84 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Cette stratégie en la matière bien conduite , aura le mérite d’inculquer , une culture du risque en éliminant l’insouciance et la passivité . Dans ce cadre, des actions soutenues d’information au niveau notamment des établissements scolaires, sous la forme de cours d’instruction de comportements face aux risques, sont à développer. 33 De plus, l’exercice régulier et permanent de simulations de survenue d’aléas permet de tester les comportements et la prise en charge effective des responsabilités de chacun face aux événements. L’organisation des secours : le Plan ORSEC. Il importe d’élaborer un nouveau texte relatif à l’organisation des secours lors de catastrophes naturelles ou d’origine industrielle . L’organisation de simulations à grande échelle doit devenir une disposition pratique. Il est démontré que les effets de panique des populations contrarient l’organisation des secours et sont à l’origine d’importantes pertes humaines. Les simulations auront l’avantage d’organiser les populations concernées et de leur faire acquérir des automatismes et des réflexes salvateurs. Institutionnalisation du Plan d’Exposition aux Risques (PER) et du Plan de Prévention des Risques (PPR)34 : La mise en place d’une structure de coordination est de nature à organiser et à traiter plus efficacement les informations d’origine disparate et diversifiée émanant des secteurs , des centres de recherche , des universités , des particuliers etc... du risque industriel ou de celui des catastrophes naturelles… » Haroun Tazieff : « Les risques naturels et industriels »-Revue Aménagement et Nature –mars 98. N°128 , Un siècle d’environnement. 33 « Signature d’une convention entre le Ministère de l’Education Nationale , le CRAAG et la Protection Civile , portant sur la prévention des risques majeurs en milieu scolaire et intéressant dans une première étape cinq établissements scolaires dans les wilayas d’Alger, Ain Témouchent, Mascara, Sétif, , Béjaia , Constantine et Ouargla ». - Journal « Le Matin » du lundi 4 novembre 2002 . p4) 34 cf annexes. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 85 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Cette démarche implique l’existence d’outils opérationnels à même de faciliter la prise de décision à tous les niveaux et principalement au niveau local. Le PER sera l’instrument établi par des bureaux d’étude multisectoriels, identifiant et définissant des risques auxquels peut être confronté une commune ou un ensemble de communes homogène et délimitant également les zones exposées à ces différents risques. Le PPR , instrument en aval des PDAU et POS serait l’instrument qui définirait toutes les prescriptions réglementaires attachées à chaque zone de prévention des risques . Ces deux instruments à impacts économiques et environnementaux indéniables seraient approuvés globalement dans les mêmes formes que les POS et seraient opposables à l’administration et aux tiers. Dans de nombreux pays, ces outils deviennent, de plus en plus, l’instrumentation de référence de prévention des risques. Mais ce qu’il faut retenir par dessus tout , dans un domaine à risques, où le défi réside dans le combat continu contre l’incertain et l’approximation, en liaison avec les progrès de la recherche, où l’enjeu requiert des décisions claires, rapides et efficaces, c’est l’importance de la formation qui devient une des grandes exigences de la cyndinique. La culture du risque qui conduit immanquablement à une situation qualitative nouvelle doit s’accomplir dans un besoin de formation et de maîtrise des connaissances sans cesse renouvelée. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 86 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière CONCLUSION A la lumière des développements qui précèdent, il ressort nettement que le mouvement d'urbanisation tel qu'il s'est engagé et développé, est et sera source de risques multiformes et facteur d’amplification considérable lors de la survenue d’aléas naturels ou industriels. Les tableaux non exhaustifs indiquant les sites où se situent des constructions sur des gazoducs, sur des terrains glissants ou dangereux et /ou prés des usines, interpellent à plus d’un titre et signalent que des zones entières seront tôt ou tard l’épicentre de graves dangers. A l'évidence , si l’on veut tirer les enseignements utiles de la période écoulée, et éviter les dérives qu'ont connues l'aménagement du territoire et le mouvement d'urbanisation, l’Etat doit reprendre son rôle de concepteur, d'arbitre et de gardien vigilant des équilibres fondamentaux de la Nation. Il lui faut développer une politique hardie, audacieuse et suffisamment souple de l'aménagement du territoire et mettre en œuvre une stratégie d'urbanisation rigoureuse s’imposant à tous. Il s'agit en fait d'une alternative vitale : - ou s’accommoder du repli et du « laisser-faire » - donc d’une forme d'abdication coupable - laissant les situations actuelles s'exacerber et atteindre le point de non-retour ou le seuil d'irréversibilité avec tous les risques induits, - ou, au contraire ,affirmer une prise de conscience plus responsable, face à ces dangers potentiels, en stoppant un processus d’urbanisation anarchique, à la périphérie du droit, pour imprimer de façon constante et continue un développement et un aménagement du territoire harmonieux. En l’absence de mise en œuvre d'une politique d'aménagement du territoire effective, faute de sanctions à la mesure du développement urbain et pour n’avoir pas su ou pu maîtriser le processus d'urbanisation et le canaliser vers des sites appropriés répondant aux normes, nous voilà face à des problèmes aiguës, porteurs de graves dangers, non seulement ceux du fait accompli, mais bien plus encore ceux qui vont advenir. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 87 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière La gageure réside dans une interpellation nodale défiant presque l’entendement: - comment rattraper toutes les incohérences urbanistiques du passé ? - comment désamorcer ce que d’aucuns assimilent à des bombes à retardement ou à des catastrophes programmées ? - comment, en vérité, stopper un processus dévoyé et le remettre sur la trajectoire qu'il n'aurait jamais dû quitter ? Cette situation trouve t-elle son explication dans la seule difficulté d'appliquer la législation et la réglementation en vigueur ou ne faut-il pas la chercher dans un urbanisme assujetti au couple « autorisation-interdiction » mal assumé ? Et donc dans une bureaucratie qui ,au fil des ans , a modelé et/ou modulé des comportements, incitant les citoyens, pressés de résoudre leurs problèmes, à se prendre en charge, en organisant et en développant un marché informel du foncier et du logement ? Piétinant les règles en la matière, défiant l'autorité, avec pour alibi le bénéfice urgent d'une habitation, nombreux sont ceux qui se sont lancés à l'assaut de la moindre parcelle de terre pour y édifier des constructions hors normes , sans se soucier de la sécurité et des risques encourus. Comme déjà souligné à propos de la ville algérienne ou le devenir urbain du pays : « Le scénario du ressaisissement est naturellement à privilégier, face à celui du laisserfaire, mais à la condition bien évidemment de mettre en branle une dynamique qui prévienne la perte de temps et consacre la constance dans l’effort de renouveau et de redressement. »35 Si des actions énergiques, cohérentes et novatrices ne sont pas prises dans l’immédiat, le processus d’urbanisation, tel que décrié, ira en s’aggravant et compromettra par ses multiples répercussions le développement durable. Désormais, il faudra se comporter autrement. Dans le cadre d’une bonne prévention , il s’agit de se placer , non pas seulement avant que les catastrophes ne se produisent , mais aussi après qu’elles se soient produites pour imaginer ce qu’il faut faire dans cette éventualité. 35 Cf supra. CNES Bulletin officiel N° 6, novembre 1999, p 122. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 88 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière En d’autres termes, il s’agit tout simplement de considérer la nécessité d'une politique cohérente de gestion des catastrophes, en complément de celle qui a pour mission première de les éviter. Il s'agit enfin, sachant que les catastrophes naturelles et industrielles sont redoutables et justement redoutées, d'avoir à l'esprit toutes les conséquences au plan sociétal, car c'est souvent la frange de la population la plus indigente, résidant dans les zones d’habitat précaire, qui subit les dommages les plus irréparables. En tout état de cause, une activité permanente de veille stratégique, de repérage, de constitution de bases de données fiables, d'évaluation des tendances et des risques , permettra in fine de prendre la juste mesure de la pertinence des stratégies concertées. Cette approche nouvelle à caractère systémique intégrant les court, moyen et long termes, doit viser de façon continue le renforcement et l’adaptation des structures d'encadrement chargées de l'urbanisation et de l'aménagement du territoire, gages de sécurité et de quiétude. Enjeu qui exige vision, conviction et détermination ! L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 89 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière ANNEXES L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 90 Conseil National Economique et Social L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 22ème Session plénière 91 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Tableau 1 des séismes importa L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 92 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Faits et chiffres 1/2 L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 93 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Faits et chiffres 2/2 L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 94 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Présentation des termes de référence du Plan de prévention des risques naturels36 Le PPR qui intègre les données et conclusions du plan d’exposition aux risques(PER) à pour objet en tant que de besoin : 1- De délimiter les zones exposées aux risques en tenant compte de la nature et de l’intensité du risque encouru, d’y interdire tout type de construction, d’ouvrage, d’aménagement ou d’exploitation agricole, forestière, artisanale, commerciale ou industrielle ou, dans le cas où des constructions, ouvrages, aménagements ou exploitations pourraient y être autorisés, prescrire les conditions dans lesquelles ils doivent être réalisés, utilisés ou exploités. 2/- De délimiter les zones qui ne sont pas directement exposées aux risques mais où des constructions, ouvrages, aménagements ou exploitations agricoles, forestières, artisanales, commerciales ou industrielles pourraient aggraver des risques ou en provoquer de nouveaux. Les PPR définissent pour ces zones des mesures de prévention, de protection et de sauvegarde. Ils peuvent également définir des mesures d’exploitation ou d’usage. Les PPR complètent ou renforcent les dispositions réglementaires et d’ordre public qui s’imposent aux constructeurs au travers de la réglementation de l’urbanisme et de la construction dans le cadre de la protection civile et du maintien de l’ordre public. Ils peuvent fixer des règles particulières de construction, d’aménagement et d’exploitation en ce qui concerne la nature et les caractéristiques des bâtiments. La nature et les conditions d’exécution des techniques de prévention prise en application du règlement sont définies et mises en œuvre sous la responsabilité du maître d’ouvrage et du maître-d’œuvre concerné par les constructions, travaux et installations visés. L’élaboration du PPR comprend le rapport de présentation, les documents graphiques et le règlement. 36 ‘Plan de prévention des risques naturels : motivations et exigences’ Mme BENSAIBI F., Wilaya d’Alger.2003 L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 95 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Le rapport de présentation indique le secteur géographique concerné par l’étude , la nature des phénomènes naturels pris en compte ainsi que leurs conséquences possibles compte tenu des connaissances . Les documents graphiques : Les risques définis pour le secteur étudié et les différents niveaux de risques établis sont consignés sur des cartes. Ainsi ce document comporte les cartes établies pour les zones exposées aux risques et les cartes pour les zones indirectement exposées aux risques. Les mesures d’interdiction et de prescription sont spécifiques pour chacune des zones établies : Zone à Haut Risque, Zone à Moyen Risque et Zone Sans Risque. Le règlement précise en tant que de besoin : - Les mesures d’interdiction et les prescriptions applicables à chacune des zones délimitées sur le plan. - Les mesures de prévention, de protection et de sauvegarde et les mesures relatives à l’aménagement, l’utilisation ou l’exploitation des constructions, des ouvrages, des espaces mis en culture ou plantés existants à la date d’approbation du PPR. Les mesures de prévention comportent deux volets : - La sensibilisation qui s’adressent aux autorités en premier lieu, étant car ils sont les premiers décideurs pour la mise en application du PPR, et à la population en deuxième lieu. - Les études de vulnérabilité qui définissent les dommages prévisibles par l’avènement du phénomène (séismes, mouvements de terrain, inondations) sur la population et sur la plan économique permettant ainsi la prise de décisions appropriées pour réduire les risques possibles et leurs conséquences. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 96 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière QUELQUES GRANDES CATASTROPHES EN 2001 =================== TREMBLEMENT DE TERRE AU SALVADOR Un tremblement de terre de magnitude 7,6 a été ressenti dans la soirée du 13 janvier par l’ensemble des pays d’Amérique centrale ainsi que dans le sud du Mexique. Le bilan s’établit à 845 victimes et disparus. Au Salvador, le quartier de Las Colinas, à une dizaine de kilomètres de la capitale, a vu quelques 300 habitations ensevelies dans un gigantesque glissement de terrain. TREMBLEMENT DE TERRE EN INDE Vendredi 26 janvier, dans la matinée, le tremblement de terre le plus meurtrier depuis 50 ans a frappé le nord-ouest de l’Inde. D’une magnitude de 6,9 , ce séisme a ravagé l’Etat du Gurujat et causé quelques 14.000 morts et d’innombrables blessés. En ce jour, qui devait fêter le 51ème anniversaire de la naissance de la République indienne, les enfants, très présents dans les manifestations, ont été particulièrement frappés. Les dégâts sont énormes dans cette province très active sur le plan industriel et commercial qui se trouve totalement dévastée. VAGUE DE FROID EN ASIE DU NORD-EST Fin janvier, une vague de froid record inédite depuis des dizaines d’années s’est abattue sur la Russie, l’Afghanistan, la Mongolie et la Chine avec des températures parfois inférieures à moins 50 degrés. On estime que près de 850 personnes ont trouvé la mort. En Extrême-Orient, près de 18.500 personnes, dont 4.500 enfants, furent temporairement privées de chauffage ce qui a entraîné le décret de l’état d’urgence. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 97 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière INONDATIONS SANS PRECEDENT EN SIBERIE Plus de 20.000 personnes ont été évacuées en Sibérie en raison des crues qui ont provoqué des inondations sans précédent et nécessité des bombardements de l’aviation pour détruire un barrage de glace sur la fleuve Lena. L’état d’urgence a été instauré dans plusieurs localités de la Sibérie orientale et centrale où près de 5.000 habitations ont été inondées. TYPHON NARI SUR TAIWAN Les inondations causées par le passage du Typhon Nari sur Taiwan, les 16 et 17 septembre ont eu un impact humain et économique important. Outre une centaine de morts et de disparus, plus de 4 000 immeubles, à 80% situés dans la région de Taieh, ont été endommagés par la montée des eaux qui ont envahi les rez-de-chaussée, les sous-sols, noyant des dizaines de milliers de véhicules. INONDATIONS AU VIET-NAM Les pluies torrentielles et les inondations ont provoqué la mort de 441 personnes, des enfants pour la plupart, au Veit-Nam entre août et octobre. La montée des eaux a ravagé 12 provinces du delta du Mékong où 356.700 maisons, abritant près de 1,8 million de personnes, ont été inondées. Plus de 1,6 million d’habitants ont manqué d’eau potable, indique un rapport officiel. LA TEMPETE ALLISON RAVAGE LE TEXAS ET LA LOUISIANE 25 personnes ont perdu la vie à cause des intempéries provoquées par la tempête tropicale Allison (première tempête de la saison des ouragans à recevoir un nom) et des milliers d’habitants ont dû être évacués. Au total, environ 20.000 maisons dans le Sud-Est du Texas et plus de 1.500 en Louisiane ont été inondées. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 98 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière TYPHON TORAJI SUR TAÏWAN Au moins 61 personnes ont été tuées et 152 portées disparues après le passage fin juillet du typhon Toraji, qui a provoqué les pires inondations et glissements de terrain à Taïwan depuis un demi siècle. Des centaines de maisons et des milliers d’hectares de cultures ont été détruits ou endommagés par des pluies torrentielles et des coulées de boue. LE CYCLONE MICHELLE FRAPPE CUBA Michelle s’est abattu sur Cuba vers minuit dimanche 4 novembre avec des pluies torrentielles et des vents de 200 kilomètres/heure, provoquant l’évacuation de près de 600.000 personnes. Le cyclone a traversé les provinces de Matanzas et de Villa Clara ainsi que le centre et l’ouest de l’île. Michelle a fait cinq morts, endommagé 45.000 maisons et causé des dégâts particulièrement importants dans l’agriculture : « on peut affirmer qu’aucun des ouragans qui a traversé notre pays n’a produit des dommages économiques de cette ampleur » a reconnu le vice-président cubain Carlos Lage. INONDATIONS EN ALGERIE Très attendues, les premières gouttes de pluie se sont abattues sur Alger au cours de la première semaine de novembre. Vendredi 9 novembre, début de Ramadan, la grisaille s’accentue et toute la nuit il pleut sur les hauteurs d’Alger. Au matin, la ville baigne dans les eaux pluviales et des torrents de boue ont dévasté de nombreux quartiers populaires, certains bâtis dans le lit d’anciennes rivières asséchées. Le bilan semble s’établir à près de 1000 victimes. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 99 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière BIBLIOGRAPHIE Ouvrages : Les séismes en Algérie de 1365 à 1992 Mokrane AA- Aît Messaoud – A.Sebaî- A.Ayadi M.Bezzeghoud. Elaboré sous la direction de MM Bezzeghoud et Benhallou. CRAAG – Alger. Le temps des catastrophes, par Albouy F.Xavier . Ed. Décembre et Compagnie 2002 Paris. Economie de la Panique, par Sgard Jérome. Ed. La découverte Paris 2002. L’Algérie ou l’espace retourné / Marc COTE – Media –Plus /Algérie .1993. Les villes du Sud dans la vision du développement durable /Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement -oct 1998. Demain l’Algérie : l’état du territoire. OPU 1995. Rapports : Rapport sur l’urbanisme et les risques industriels et naturels. Direction générale de la protection civile, 2003. Rapport sur la décennie internationale des Nations-Unies pour la prévention des catastrophes naturelles (IDNDR- Genève. Juillet 99. Rapport de mission de la Délégation Algérienne). Débat national sur les risques industriels, octobre-décembre 2001. Rapport à Monsieur le Premier Ministre par Philipp Essig. Janvier 2002. France. Rapport sur l’urbanisation et les risques industriels et naturels, Protection Civile –MICL /DGPC. 2003. Rapports du CNES : - Rapports de conjoncture sur la question de l’habitat et de l’urbanisme. - Projet de stratégie de l’habitat , rapport n°1. 3ème session. - Contribution au projet de stratégie nationale de l’habitat et le logement social. Rapport n°2- 4ème session. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 100 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière - Avis sur les dossiers : Demain l’Algérie et « villes nouvelles ». 4ème session. - Avis sur la stratégie nationale de l’habitat – période : 1996-2000. 6ème session. - La ville Algérienne ou le devenir urbain 10ème session. Documentation technique (CGS) : Guide technique et juridique sur les risques technologiques liés aux activités industrielles (Ministère d’Aménagement du Territoire et de l’Environnement). Guide de construction parasismiques des maisons individuelles et bâtiments . Séisme de Ain Temouchent (Déc 99). Rapport N° 2 Septembre 2000. Séisme de Beni-Ourtilane du 10 Novembre 2000. rapport N°2 Juillet 2001. Séminaires – Forum : Assurances contre les risques des catastrophes naturelles. 3ème forum des assurances – Alger 13.15 octobre 2002. recueil des communications par le Conseil National des Assurances. Les territoires à risques : aléas liés aux choix de sites d’implantation des programmes de construction./ Séminaire 7-8 Décembre 99. W. Khenchela – Ministère de l’habitat. er 1 séminaire sur la géotechnique et le génie civil : éléments fondamentaux de l’acte de construire. Alger 8-9 fev 1999/Institut de Génie Civil /USTHB. Revues – Articles de presse Numéro spécial du contrôleur technique de la construction consacré à la catastrophe de Bab-EL-Oued. Intempéries 10 Novembre 2001. GECOTEC N°25- Avril 2002- Alger. Catastrophes naturelles : mauvaise gestion et manque de prévoyance. Revue la Tribune 4 Septembre 2002. Alger. Les inondations en Algérie : « Risques majeurs ». Symbiose bimestriel de l’environnement N°4- Novembre 1998. Le plan de secours communal : s’organiser pour affronter le risque. Environnement local N° 618 du 27 Juin 2002 France. Prévention des risques majeurs . Direction SEVESO. 28 Septembre 2000. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 101 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière Risques industriels d’accidents majeurs : de la non application du principe de prévention. Droit de l’Environnement N°85-29 Avril 2002- France. Ignorance toxique, par M.L.BOUGERRA. Le monde diplomatique. Juin 2002. Une planète qui perd ses sols. Le monde diplomatique. Janvier 2002. Philipp Rekacewiez. Urbanisation et risques :majeurs Sarajevo Journal. Un plan contre les inondations, France 2001 Un siècle d’environnement / revue Aménagement et Nature .mars 1998 : regard interdisciplinaire sur l’environnement. L’habitat écologique / revue :aménagement et Nature . déc. 1998 : réflexes et débats sur l’environnement. Ville d’Alger : réponses aux problèmes écologiques – synthèses de réflexions et travaux relatifs à la construction écologique , à l’urbanisme effectuée au CNERU/ Revue : Habitat et Construction/sep oct 1998 et nov dec 1998. L’urbanisme à Béjaia : tracés et perspectives- H Semmar . Revue : Habitat et Construction /jui août 1998Alger entre le rêve et la réalité : projet urbain. Dr ing Ewa BERZONWSKA / AZZAG, architecte urbaniste( enseignant EPAU) / Revue : Habitat et Construction /N°8 2000 Zones rurales : les entraves administratives lors de la délivrance du permis de construire/ Revue : Habitat et Construction/ N° 7, jan. fév. 2000. L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 102 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE CONSEIL NATIONAL ECONOMIQUE ET SOCIAL Commission de l’Aménagement et du Territoire de l’Environnement Alger, le 13 avril 2003 Procès–verbal d’adoption La Commission de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement, réunie en séance plénière, le dimanche 13 avril 2003, au siège du Conseil National Economique et Social, a adopté , après débats et échanges de points de vue , l’avant-projet de rapport sur ‘L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : inquiétudes actuelles et futures.’ Le Président de la Commission Mr Salah AMAMRA L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 103 Conseil National Economique et Social 22ème Session plénière REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE CONSEIL NATIONAL ECONOMIQUE ET SOCIAL Commission de l’Aménagement et du Territoire de l’Environnement Membres du Groupe de rédaction du projet de rapport. Messieurs: -Abderrahim ZAKOUR (Membre de la Commission, chargé du dossier de base) - Youcef BEGHOUL (Membre de la Commission) - Mohamed BENSALEM (Membre de la Commission) - Saâd DJEKBOUB (Directeur d’Etudes - Division des Etudes Economiques ). L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : Inquiétudes actuelles et futures. 104 RAPPORT L’urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie : inquiétudes actuelles et futures 22ème Session plénière EDITION-CNES