Mai 2015 - Communauté de communes de la Région d`Orgelet
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Mai 2015 - Communauté de communes de la Région d`Orgelet
Comité de lecture. Mai 2015 Les titres « culinaires » - La singulière tristesse du gâteau au citron / Aimee Bender. Ed. De l'Olivier - Le dîner de Babette / Karen Blixen. Folio - Amer chocolat / Marie-Thérèse Boiteux. Ed. Du Sekoya - Croqueuse de céréales / Joan Conway. J'ai lu - Chocolat Amer / Laura Esquivel. Robert Laffon - Le goût des pépins de pommes / Katharina Hagena. A vue d'oeil. - Chocolat / Joanne Harris. J'ai lu - L'arbre aux haricots / Barbara Kingslover. Rivages - Nouilles chinoises / Ma Jian. Flammarion - Un goût de cannelle et d'espoir / Sarah McCoy. Les escales - Le chaudron / Kiyoko Murata. Actes Sud - Fruits & légumes / Anthony Palou. Albin Michel - Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates / Mary Ann Shaffer et Annie Barrows. Nil - Mangue amère / Bulbul Sharma. Ed. Philippe Picquier. La singulière tristesse du gâteau au citron de Aimee Bender Traduit de l'américain par Céline Leroy. Ed. De l'Olivier. 2013 Le jour de ses neuf ans, Rose mord avec envie dans le délicieux gâteaux au citron confectionné par sa mère pour l'occasion. Immédiatement, elle ressent l'émotion éprouvée par sa mère lors de la confection de ce gâteau : la tristesse. A partir de ce moment, plus rien ne sera comme avant. Elle ne peut plus rien manger sans ressentir l'émotion de la personne qui a préparé le plat. Elle découvre qu'elle n'est pas la seule de la famille a posséder un don encombrant. Plus qu'un roman, c'est une fable qui, au travers du goût, des saveurs, nous emmène à l'intérieur de nous-mêmes. Un livre qui exprime une forme de difficulté d'être au monde avec humour et fantaisie. Quelques longueurs cependant, mais on passe un bon moment. Évocation aussi du passage de l'enfance à l'âge adulte. Le dîner de Babette de Karen Blixen Traduit du danois par Marthe Metzger. Gallimard. Folio. 2002 Le dîner de Babette est une des nouvelles qui compose ce recueil. Ce récit ne m'a pas « épatée ». Sans doute m'attendais-je peut-être trop à quelque chose d'extraordinaire au vu de son succès et du succès du film. Nouvelle ennuyeuse, aventure fade voire banale. Disponible aussi en livre lu. Amer chocolat de Marie-Thérèse Boiteux Les éditions du Sekoya. 2004 Inspiré de faits réels. A l'automne 1944, dans l'Est de la France, les conditions de vie sont très difficiles. La Croix-Rouge hélvètique obtient de la Kommandantur l'autorisation d'évacuer massivement les enfants vers les familles suisses. Cet épisode a été vécu par l'auteur. Amer Chocolat nous raconte la vie de ces enfants pendant l'occupation et pendant les quelques mois passés en Suisse dans une famille d'accueil. Ce livre présente un certain intérêt documentaire, mais on tourne très vite en rond (je l'ai terminé en sautant des pages). Croqueuse de céréales de Joan Conway Traduit de l'anglais par Nathalie Hay. J'ai lu. 2000 Val a décidé de s'installer dans la campagne irlandaise pour se remettre d'une déception amoureuse. Mais elle fait une macabre découverte dans son jardin : un homme sans vie. Aussitôt, sa mère et sa meilleure amie débarque chez elle. L'auteur a voulu écrire un livre humoristique et divertissante avec une intrigue policière. Je n'ai pas aimé ce genre de roman où l'on présente une jeune demoiselle « fofolle » dont les principaux soucis sont le maquillage qui n'est pas au point ou le poils des jambes qu'elle n'a pas eu le temps de raser ! Pour moi, rien de drôle pour cette soi-disant comédie. Les personnages sont fades, l'intrigue policière mal exploitée. Chocolat amer de Laura Esquivel Robert Laffont. 1991 L'histoire de la vie de Tita dans le Mexique du début du 20ème siècle plongé en pleine révolution. Elle sera élevée par Nacha, la cuisinière et passera ses jeunes années dans l'odeur des plats cuisinés. Tita, étant la dernière des filles, ne peut pas se marier car elle doit subvenir aux besoins de sa mère, la terrible Mama Elena. Sauf qu'un jour, elle tombe éperdument amoureuse de Pédro. Malheureusement, ce dernier accepte d'épouser la sœur aînée de Tita, Rosaura. Elle ne pourra communiquer avec l'homme qu'elle aime que par la cuisine, lui transmettant à travers les aliments cuits avec amour, tout ce qu'elle ressent pour lui. Tout au long des douze recettes, au fil de longues années, l'amour de Tita perdurera. Roman mêlant chronique familiale et recettes de cuisine, poétique et drôle avec une pointe de magie fantastique. Le goût des pépins de pommes de Katharina Hagena A vue d'oeil. 2010 A la mort de Bertha, ses filles et sa petite fille se réunissent à Bootshawen pour les obsèques. A leur surprise, c'est Iris, la petite fille qui hérite de la vieille maison familiale dans laquelle elle venait de passer ses vacances. Mais la jeune fille a un emploi et un appartement à Fribourg. Elle s'installe néanmoins dans la maison pour quelques jours, le temps de ranger un peu et prendre sa décision. Trois générations de femmes ont vécu ici : Bertha, sa grand-mère, Christa, sa mère, Inga et Harriet, ses tantes, Rosemarie, sa cousine, sans oublier Mira et Anna, ses amies. Ce sont leur histoire, leurs amours, leurs petits bonheurs et leurs grandes tragédies. Un roman sur le thème du souvenir et de l'oubli. Chocolat de Joanne Harris Traduit de l'anglais par Anouk Neuhoff. J'ai lu. 2002 Vianne Rocher et sa fille Anouk décident de s'installer à Lansquenet, petit village perdu en France pour y ouvrir une chocolaterie. Mais le père Reynaud, curé, veille sur ses ouailles et délivre des sermons dévastateurs. Vianne est sa cible préférée. En effet, elle n'est pas mariée, elle ne va pas à l'église et elle ose ouvrir sa boutique en plein carême. Mais, contre toute attente, Vianne semble bien s'intégrer dans le village ensorcelé par ses douceurs. Ses adversaires vont alors tout faire pour lui barre la route. Un roman touchant et plaisant, une ode gourmande à la tolérance et au plaisir terrestre. L'arbre aux haricots de Barbara Kingslover Traduit de l'américain par Martine Béquié. Rivages. 1997 C'est l'histoire d'une jeune femme du Kentucky, Taylor, qui décide de quitter la région « afin de ne pas devenir fermière ou femme de fermier ». Elle part à l'aventure dans sa vieille coccinelle. Elle suit son instinct qui la guide vers l'Arizona. Elle rencontrera une petite indienne de deux ou trois ans, Turtle, qui deviendra sa fille adoptive par la force des choses. Un livre qui fait du bien au moral. Le ton est léger mais cela n'empêche pas les sujets graves : la maternité, la maltraitance des enfants, les sans-papiers, la discrimination raciale. Barbara Kingslover sait trouver le juste équilibre entre humour et émotion. Coup de cœur ! Nouilles chinoises de Ma Jian Traduit du chinois par Constance de Saint-Mont. Flammarion. 2006 Il s'agit plutôt d'un recueil de nouvelles que d'un roman. Rédigé sous la forme d'un dialogue entre l'écrivain et son ami, le donneur de sang, le roman nous fait partager les réflexions amères sur la Chine des années 1990, ses valeurs, ses contradictions. L'écrivain travaille pour le Parti qui lui commande d'écrire la biographie d'un héros martyre de la Révolution. Il pourra ainsi figurer dans le prestigieux dictionnaires des grands auteurs. Mais l'écrivain, lui, veut raconter les gens,les vrais, ceux qui vivent autour de lui, qu'il rencontre dans la rue et qui ne sont pas héroïques, des gens tous ordinaires, tous naturellement cruels. L'écriture est simple, l'auteur va à l'essentiel. Certains termes sont crus , ils peuvent être choquant et heurter la sensibilité de lecteurs non avertis. J'ai eu beaucoup de difficultés à rentrer dans le roman, dans ces nouvelles farfelues, perverses, cyniques, parfois de mauvais goût (une actrice qui se fait avaler sur scène par un tigre, un obsédé sexuel sadique, un père qui tente désespérément d'abandonner sa fille handicapée, un fossoyeur qui incinère sa mère vivante...). Un goût de cannelle et d'espoir de Sarah McCoy Traduit de l'américain par Anath Riveline. Les escales. 2014 C'est le destin croisé de deux femmes très attachantes. Pour les besoins d'un article sur les traditions de Noël en Allemagne, Reba Adams, journaliste à El Paso au Texas, se rend à la boulangerie tenue par une allemande de plus de 90 ans, Elsie Meriwheter et sa fille Jane. Au milieu des brötchen, des schaumküsse et autres lebkuchen, des confidences vont être échangées. Car, même si Reba est réticente, elle comprend vite qu'il va falloir se livrer elle aussi si elle veut obtenir un peu plus que des banalités sur ces traditions de Noël. Malgré elle, la jeune femme ne peut s'empêcher de revenir encore et encore dans cette boutique chaleureuse où elle est accueillie en amie, avec ces odeurs de pain frais et de cannelle et la bonne humeur des propriétaires. Au contact d'Elsie, si simple et si douce, Reba se métamorphose tout en découvrant la vie de la vieille dame. Ses parents tenaient une boulangerie dans les Alpes bavaroises. Comme beaucoup d'Allemands en 1944, ils font confiance au Fürher. Pourtant, Elsie commence à se poser des questions sur la violence de la Gestapo, sur cet enfant juif qui a chanté comme un ange au Noël nazi et à qui on resserve un triste sort. Ces questions font écho à celle que se pose Reda et son ami Riki. Il surveille la frontière enter les Etats-Unis et son pays d'origine, le Mexique. Les migrants sont de plus en plus nombreux à tenter de débuter une nouvelle vie aux Etats-Unis. Méritentils le traitement que leur imposent les lois américaines ? Le tour de force de Sarah Mac Coy est de faire vivre des personnages qui ne sont jamais dans la caricature. Ils sont très attachants, Elsie et sa famille, Riki et Reba, cette jeune femme volontaire et courageuse qui deviendra une femme sûre de ses choix et de ses priorités. Une belle saga qui traverse les années de guerre et de violence en faisant la part belle à l'humanité et à la sensibilité sans tomber dans la mièvrerie. Mais surtout, il reste les odeurs du pain frais et de la pâtisserie parfumée à la cannelle que préparait le père d'Elsie, puis Elsie et sa fille. Beaucoup d'émotion, le souffle de l'Histoire, des personnages attachants, c'est un voyage de 1944 à 2008, de la Bavière au Texas, pour un beau roman. Coup de cœur ! Le chaudron de Kiyoko Murata Traduit du japonais par Anne-Yvonne Gouzard. Actes Sud. 2008 Tami a 17 ans. Elle est en vacances chez sa grand-mère avec son jeune frère et leurs cousins en l'absence de leurs parents partis au chevet d'un grand-oncle. Bonne ménagère, Tami prépare la cuisine pour soulager son aïeule. La grand-mère a quelques secrets de famille qui ont bien du mal à sortir de sa bouche et les petits-enfants essaieront tant bien que mal de dénouer les fils entremêlés des souvenirs un peu trop lointain de la vieille dame à la mémoire parfois défaillante. L'écriture est poétique, agréable, simple mais belle. Les passages où on parle de cuisine sont particulièrement bien rendus, on a l'impression d'être dans cette cuisine et de sentir les plats mijoter dans le chaudron. Le livre se lit d'une traite. Pour moi, peut-être trop court, j'aurai aimé profiter un peu plus longtemps des préparations culinaires de Tami. Fruits & légumes de Anthony Palou Albin Michel. 2010 Ce court roman est une chronique, familiale et sociale, douce amère. Le grand-père, originaire de Majorque, a fui l'Espagne franquiste et a trouvé refuge à Quimper. Là, il épouse une bretonne. Il est travailleur et plein d'idées. Il commence par planter des légumes qu'il ne réussit pas toujours à vendre mais plutôt que de les perdre, sa femme va les cuisiner. Et c'est comme ça qu'il va créer son commerce de primeurs et très vite fidéliser une importante clientèle. Son fils poursuivra l'affaire mais il n'a pas la même étoffe commerciale et l'époque change. Dans les années 70, les grandes surfaces se développent et les habitudes de consommation changent. Le déclin du petit commerce en général et de celui des fruits et légumes en particulier entraîne celui de la famille qui va bientôt se heurter à la réalité des huissiers. C'est une réflexion sur l'emprise des grandes surfaces qui emportent, dans leurs chariots, les commerces de proximité. Des allées et venues entre Espagne et Bretagne, un titre rafraîchissant et très sain pour une rubrique ironico-amère émaillée de souvenirs truculents. Le livre se lit très vite, l'écriture est agréable, elle fait la part belle à l'humour et à la nostalgie. L'auteur sait rendre vivante une époque pas si lointaine où les gens faisaient leurs courses et dialoguaient avec leurs commerçants. Sans tomber dans le cynisme, il est d'une désarmante lucidité, il est désabusé et amer. Le cercle littéraires des amateurs d'épluchures de patates de Mary Ann Schaffer et Annie Barrows Traduit de l'américain par Aline Azoulay. Nil. 2009 Janvier 1946. Tandis que Londres se relève douloureusement des drame de la Seconde Guerre Mondiale, Juliet Ashton, jeune écrivain en panne d'inspiration, reçoit une lettre d'admirateur habitant l'île de Guernesey. S'ensuit une longue série de lettres avec les membres d'une communauté drôle et littéraire : Le Cercle des amateurs de littérature et de tourte aux épluchures de patates. Chacun racontant les moyens fantaisistes grâce auxquels ils ont résisté à l'invasion allemande et à la tragédie de la guerre. Jusqu'au jour où Juliet se rend à Guernesey, convaincue que leur histoire peut nourrir son prochain roman. Roman épistolaire permettant de rentrer dans l'intimité, les secrets et les confidences des différents personnages. Un roman émouvant et délicieux. Mangue amère de Bulbul Sharma Traduit de l'anglais (Inde) par Mélanie Basnel Il s'agit d'une suite de neuf nouvelles où la nourriture et celles qui la préparent jouent le premier rôle. Huit femmes se retrouvent pour préparer le repas d'anniversaire des funérailles d'un certain Bharweai Jog. Tandis qu'elles lui mitonnent, en souvenir, ses mets favoris, entre la découpe des légumes et la cuisson du riz, elles vont se raconter des histoires : celle d'une mère, d'une cousine ou bien encore la leur. Ces histoires parlent des traditions, de la place des femmes, des jeunes épouses, des enfants qui vivent à l'étranger... Ces nouvelles sont un pur délice ! Avis aux gourmands, Bulbul Sharma sait agrémenter ses histoires de piments et de saveurs acidulées. L'écriture coule et les nouvelles s'enchaînent naturellement. Mais la réalité décrite s'avère pénible : il s'agit de femmes soumises qui sont cassées quand elles tentent de se révolter. Elles n'ont pas accès aux études, les femmes instruites ne savent pas cuisiner. Elles doivent accepter d'être trompées par leur mari ou vivre avec une seconde épouse, le mari ayant été choisi par la famille. L'auteur se moque avec humour des belles-mères acariâtres et possessives ainsi que des jalousies féminines. Les hommes n'ont pas leur place dans ces histoires même s'ils sont au cœur de tous les problèmes.