LE CEA AU CENTRE DU MONOPOLY DU NUCLEAIRE FRANÇAIS ?

Transcription

LE CEA AU CENTRE DU MONOPOLY DU NUCLEAIRE FRANÇAIS ?
BONNE ANNÉE ???
LE CEA AU CENTRE
DU MONOPOLY
DU NUCLEAIRE
FRANÇAIS ?
E
n juillet 2007, l'Administrateur Général du CEA rédige
une note confidentielle présentant 3 scénarios d'ouverture
du capital d'AREVA, pour les conséquences prévisibles
qu'elle aurait sur le CEA, principal actionnaire
d'AREVA.
L
e contenu de cette note est révélé par le journal Les
Echos le 31 août 2007 sous le titre « Refonte de la
filière nucléaire française : les divers scénarios à l'étude ». Interpellé par les élus du personnel au
Conseil d'Administration du CEA, l'Administrateur
Général en confirme le contenu, l'explicite, mais refuse
de la communiquer. Le 24 octobre 2007, au Comité
National du CEA (CCE), l'Administrateur Général, mis
en cause par les élus, s'est alors défendu d'être le poisson pilote de l'Elysée. Il déplore la publication du contenu de cette note confidentielle. Il a jugé nécessaire de
s'exprimer de manière objective sur l'ouverture du capital d'Areva afin de répondre aux nombreuses sollicitations de banques d'affaires. Il a affirmé que la décision
sur le choix de l'ouverture du capital d'Areva sera prise
avant la fin de l'année 2007 et mise en œuvre en 2008.
En juillet 2007 dans le cadre de la fusion Suez-Gaz de
France, le président de la République exige de Suez qu'il
se spécialise dans le domaine de l'énergie. Tout le
monde (y compris la CGT) pense le projet de fusion
abandonné. Le 31 août 2007, prenant tout le monde à
contre-pied, l'Élysée annonce la relance du projet. De
son côté, pour aller dans le même sens, Suez met sur le
marché la majorité du capital de son pôle Environnement
(82 000 salariés concernés).
Le 17 juillet le CEA signe avec Suez « un accord de
Coopération dans le domaine de l'énergie nucléaire »
qui prévoit de :
■ réaliser des études de faisabilité portant sur la
construction, sous l'égide de SUEZ, de nouveaux
actifs de production électronucléaire sur des sites
appartenant au CEA ;
■ rechercher, en cas de suite positive, des accords de
coopération portant sur la construction et l'exploitation de ces nouveaux actifs de production.
Le Domaine Technique couvert par le présent accord
comprend :
! L'amélioration des performances et de la sûreté des
réacteurs,
! le développement de la connaissance des phénomènes de vieillissement des matériaux, équipements et composants y compris les cuves et structures internes,
! le démantèlement, la déconstruction et l'assainissement d'installations nucléaires ;
! la maîtrise de la radioprotection, de la gestion des
rejets et des déchets,
! les développements en matière de gestion du combustible et du cycle associé,
! la recherche sur les réacteurs nucléaires de 4ème génération.
Par cet accord, le CEA aide à la spécialisation énergétique de Suez et participe à la création en France d'un
concurrent à EDF dans le secteur de la production d'électricité d'origine nucléaire.
L'Express (19.10.07)
CEA : le Meccano élyséen
La recomposition de la filière nucléaire conduira t-elle à
une réorganisation du CEA, actionnaire majoritaire
d'Areva, cela fait partie des réflexions de l'Elysée. Si les
pouvoirs publics décidaient de ne pas privatiser la branche combustible (uranium et plutonium) du géant de
l'atome, ils pourraient demander au CEA de loger ses
activités militaires dans un pôle stratégique public et
d'apporter sa recherche nucléaire à la branche industrielle d'Areva ouverte au privé.
Comme le dit justement Les Echos dans son titre, nous
assistons bien à une « Refonte de la filière nucléaire française », le grand jeu de Monopoly est lancé, les acquis
historiques de la France dans le domaine du nucléaire
civil sont mis sur le tapis. Le personnel des différentes
entreprises EDF, GDF, CEA, Areva, Suez (combien de
centaines de milliers ?), comme leurs représentants, s'ils
veulent des informations sur leur sort, n'ont qu'un moyen :
attendre des fuites dans la presse.
Ces « fuites », comme celle de L'Express du 19 octobre
2007 (voir encadré) suggèrent le transfert à Areva privatisée d'une partie de la Direction de l'Energie du
Nucléaire CEA (DEN, 5 000 salariés), la sortie du CEA
de la Direction des Applications Militaires (Dam, 4 500
salariés).
LE
SPECTRE DU DÉMANTÈLEMENT DU
CEA
qu'il n'aurait rien de particulier à dire !
La Confédération CGT a par ailleurs demandé une
entrevue à la ministre de l'économie et des finances sur
l'accord CEA Suez. Cette demande a été faite le 11 octobre 2007 : à ce jour, aucune réponse.
A Areva, côté direction, c'est le calme plat.
La CGT exige la plus grande transparence. Elle considère qu'avec les trois entreprises publiques CEA, Areva,
EDF, la France dispose dans le nucléaire d'atouts de premier ordre sur lesquels elle doit s'appuyer pour préparer
l'avenir énergétique au lieu de les livrer au secteur privé.
Les relations Areva et EDF doivent être refondées sur de
nouvelles bases tenant compte des facteurs de succès du
programme nucléaire français et des enjeux de l'internationalisation du marché de l'énergie.
Pour cela, la CGT estime nécessaire de conserver l'architecture prévalant dans les réalisations en France mettant EDF en position d'architecte ensemblier et de renforcer considérablement les liens entre Areva et EDF à travers la création d'un Groupement d'Intérêt Economique
(GIE) s'appuyant sur l'organisme de recherche qu'est le
CEA, même si les activités de ce dernier ne peuvent être
exclusives.
Si certains s'interrogeaient sur le bien fondé du regrouUne nouvelle pièce au puzzle : Les Echos dans un article
pement au sein de la FNME des IEG du CEA et d'Areva,
en date du 29 octobre 2007, évoque la possibilité de la
la partie de Monopoly énergétique qui s'ouvre aujourd'sortie de la Direction des Sciences du Vivant (DSV, 1000
hui en montre l'utilité et appelle tous les salariés d'EDF,
salariés) du CEA. Cette possibilité étant ouverte suite à la
GDF, Areva et CEA à s'unir pour faire face au défi qui
nomination du Directeur de la DSV, André Syrota, à la
leur est lancé.
direction de l'Inserm. Elle prendrait la forme d'un regroupement de différentes structures de l'Inserm, du CNRS,
du CEA, de l'Inra et de l'ANRS.
Au-delà, planent également, sur les
Siemens
unités de Recherche Fondamentale
du CEA, la réforme des universités
CAPITAL D’AREVA
34%
et la mise en cause du CNRS.
AREVA NP
66%
L'Administrateur Général met en
Effectif :15 000
cause la déontologie de la presse
TOTAL
100%
1%
et réfute toutes ces allégations.
AREVA T&D
Effectif : 23 000
2,4%
Cependant un certain nombre de
EDF
faits, qui ne seront pas sans conséAREVA
90%
79 %
AREVA TA
SA
quences sur le CEA, sont réels :
CEA
Effectif : 2 000
Effectif :350
■ la note sur l'ouverture du capi12%
100%
tal d'Areva (dont la décision est
ETAT
AREVA NC
Autres
Effectif : 20 000
5,6%
annoncée comme imminente
par l'Administrateur Général lui50%
AUTRES
même !),
ATMEA
■ la fusion Suez-Gaz de France,
50%
■ l'accord CEA Suez.
Mitsubishi HI
Les élus du personnel unanimes ont
demandé la réunion d'un Comité
National Extraordinaire. Il se tiendra
le
21
novembre
;
l'Administrateur Général a affirmé
contact : [email protected]
www.energict-cgt.fr
Montreuil, le 13/12/07
RESSORT DE L'OMBRE