Brigitte Bouquet
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Brigitte Bouquet
Brigitte Bouquet 2 février 2012, ITS Tours « Journée des référents professionnels ME1 En quoi la question de l’éthique est-elle constitutive de la professionnalité ? » e Extraits : • « L’éthique est une des sources de sens et ne peut être considérée comme une sorte de valeur ajoutée car elle est l’essence même de l’action du travailleur social ». (p. 6) • « Comment transformer des valeurs de référence en valeurs d’usage ? Quelle combinaison particulière et quelles priorités les travailleurs sociaux accordent-ils aux unes par rapport aux autres en fonction des situations concrètes rencontrées ? Avec quelles valeurs et quelle éthique fondent-ils leur intervention dans les rapports sociaux et politiques rendue problématiques par la société moderne ? ». (p. 43) • « L’éthique est la résultante d’une construction personnelle et professionnelle, l’éthique du travail social se positionne sur le plan existentiel autant que sur le plan collectif. Aussi est-il souhaitable et possible de parler d’une éthique professionnelle ?». (p. 200) Bibliographie a Co-auteur ou directrice de publication • Penser la participation en économie sociale et en action sociale. Dunod, 2009. 277p. • Le travail social aujourd’hui et demain. rapport au ministre chargé des affaires sociales. EHESP, 2009. 128p. • Les territoires de l’emploi et de l’insertion. L’Harmattan, 2008. 328p. • Décloisonnement et articulation du sanitaire et du social. ENSP, 2007. 116p. • L’usager au centre du travail social. De l’énoncé des droits de la personne à l’exercice de la citoyenneté. ENSP, 2006. 113p. • Les Défis de l’évaluation en action sociale et médico-sociale. Dunod, 2007. 286p • Nouveau dictionnaire critique d’action sociale. Bayard Presse, 2006. 637p. • Assistante sociale aujourd’hui. 3e éd. Maloine, 2006. 189p. • La Prévention : concept, politiques, pratiques en débat. L’Harmattan, 2005. 181p. • Histoire des métiers du social en France. ASH, 2005. 280p. • La Recherche en travail social. Centurion, 1989. 183p. a Quelques articles • Lier management et clinique ? Des paradoxes aux perspectives. Empan 2010/2, n° 78 • Du sens de l’évaluation dans le travail social. Informations sociales 2009/2, n° 152 • Le travail social à l’épreuve. Face aux défis, dynamiques et reconquête de sens… Empan, 2007/4, n° 68 • Cachez-moi ce genre que je ne saurais voir… Empan, 2007/1, n° 65 • Management et travail social. Revue française de gestion, 2006/9-10, n° 168-169 • La chaire de travail social au CNAM. Informations sociales, 2006/7, n° 135 • Pour une histoire du travail social. Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 1994/1, n° 41 Éthique et travail social, une recherche de sens. Dunod, 2004. 230p. Lien social n° 706, 22 avril 2004 Le terme éthique est devenu aujourd’hui d’un usage galvaudé. Dans le domaine du travail social, employé à tort et à travers, il peut parfois même servir d’ultime recours lorsqu’on n’a plus grandchose à dire. C’est sans doute le cas quand, à bout d’arguments, on invoque la formule magique : « mon éthique me l’interdit »… Le livre de Brigitte Bouquet a pour objet de clarifier la notion d’éthique dans une perspective qui serve à raffermir le sens du travail social. Un premier distinguo s’impose d’office entre éthique et morale. La morale véhicule, pour ce qui la concerne, un aspect d’obligation. Elle s’impose en quelque sorte aux êtres humains au nom de valeurs universelles qu’il convient de servir. L’éthique, quant à elle, est plus personnelle. Elle s’enracine, selon Paul Ricoeur dans le désir d’être. Elle répond à la question : comment vivre ? Elle est donc le fruit d’un choix et incarne une indéniable liberté. De ce point de vue, l’éthique est également une philosophie de l’action particulièrement précieuse pour les travailleurs sociaux puisqu’elle mobilise un questionnement critique permanent sur la pratique. Sur le plan professionnel, l’éthique doit donc aider à une adaptation continue des missions dévolues au travail social et des techniques utilisées dans ce cadre. Difficile, cependant, d’aborder le thème de l’éthique sans parler de la distinction opérée par Max Weber entre éthique de conviction et éthique de responsabilité. Les partisans de la première veillent avec ardeur sur la flamme de la pure doctrine tandis que les adeptes de la seconde sont plus préoccupés par ce qui est du domaine du réalisable, du possible dans une conjoncture historique donnée. Le travail social bien pensé s’inscrit, lui, nécessairement, dans une forme de compromis entre ces deux formes d’éthique puisque, né d’idéaux humanitaires et inspiré par une philosophie démocratique, il s’applique à améliorer la condition des êtres humains et à répondre aux légitimes aspirations des plus défavorisés. Cet ouvrage apportera sans conteste des éléments de réflexion importants aux travailleurs sociaux. Ces éclairages conceptuels seront d’autant plus utiles que la loi rénovant l’action sociale et médicosociale commence actuellement à produire ses effets. Publication : Centre de documentation - Institut du Travail Social de Tours - www.its-tours.com Patrick Méheust Page Responsabilité éthique du travail social envers autrui et envers la société : une question complexe (extraits), Brigitte Bouquet, Vie sociale, N°3/2009 (...) S’appuyant sur les fondements de la responsabilité éthique, cet article propose une réflexion centrée sur les divers aspects de la responsabilité éthique professionnelle, sans sous-estimer les implications économiques, sociales, voire environnementales, qui influencent le rapport des droits et des devoirs des travailleurs sociaux. (...) Aussi seront abordées les responsabilités éthiques de chacun, les responsabilités éthiques à l’égard des usagers, les responsabilités éthiques envers les institutions employeurs, les responsabilités éthiques vis-à-vis de la société... Responsabilité éthique : rappel des fondamentaux (...) être responsable, c’est apporter son concours à une autre personne, ce qui suppose fraternité et solidarité, une relation éthique. (...) être responsable, c’est être redevable de ses actes devant la loi, dans une relation juridique. (...) Les travailleurs sociaux peuvent-ils s’accorder - en dépit de leurs identités professionnelles différentes et de leurs emplois très variés - sur [la] question majeure de la responsabilité éthique ? La réponse devrait être positive puisque le travail social postule le principe de la primauté et de la valeur de la personne, de sa singularité... (...) La responsabilité éthique est bien d’abord aptitude à être affecté par l’autre et à vouloir qu’il soit lui-même. Responsabilité éthique envers les usagers : un engagement (...) La responsabilité éthique personnelle se conjugue en effet avec la responsabilité éthique professionnelle. Pour cette dernière, la responsabilité éthique est une charge voulue, entraînant la prise de décisions partagées avec l’usager et obligeant celui qui en est investi à rendre compte de ses actes et de ses résultats à ceux qui la lui ont confiée. (...) La responsabilité éthique envers les usagers est aussi une responsabilité en situation qui réunit dans l’action, le savoir, le pouvoir, le vouloir. Le savoir se réfère à la conscience (conscience de ses rapports à soi, à autrui, aux choses du monde) dans un environnement humain où le professionnel connaît les implications de ses actes ou de ses omissions. Le pouvoir concerne la capacité de modification appliquée à « l’espace-temps » humain. Le vouloir concerne la décision d’engagement dans l’action ou l’abstention. La responsabilité émerge de leur articulation et reste de ce fait relative. (...) Professionnels et institutions employeurs : une responsabilité éthique partagée La responsabilité du travailleur social s’exerce avec d’autres, dans un métier qui a ses attendus et sa propre culture, et dans des institutions qui ont leur cadre de références. Au sein de l’institution employeur, l’exercice de la responsabilité est le fait de tenir son poste de manière optimale, et la responsabilité éthique partagée est à la fois dans l’institution envers la personne, et de l’institution envers la société. Or, dans la période où les politiques sociales et la crise sociale et économique contribuent plus fortement que jamais à demander et valoriser les compétences individuelles des professionnels, façonnées par différents facteurs (la formation initiale, le public accompagné, le lieu d’exercice) et qui structurent des identités professionnelles cloisonnées, il importe de rappeler la nécessaire prise de distance de l’injonction à l’action individuelle. Il faut repenser la nature de cette responsabilité professionnelle et les formes d’organisation qui la favorisent. (...) Ainsi, en développant une intervention sociale avec les valeurs qui la sous-tendent, en réfléchissant à la prise en compte des causes des crises appelant l’intervention et en menant une recherche professionnelle sur les difficultés qu’ils rencontrent, le travail social et les institutions sociales prennent la responsabilité éthique de contribuer à l’humanisation de la société. (...) Responsabilité éthique collective et plurielle visà-vis de la société (...) À la responsabilité personnelle et professionnelle, s’ajoutent celle du collectif professionnel d’appartenance, et enfin celle de citoyen, qui allie la responsabilité individuelle à la responsabilité plurielle, et pose la question de « jusqu’à quel point sommes-nous capables d’assumer l’humanité ? ». (...) (...) l’éthique du travail social ne peut pas être pensée en dehors de la sphère économique et politique, de l’extension des territoires, des nouvelles missions et implique que l’éthique de la responsabilité vise l’engagement dans la modification des situations sociales et sociétales, l’émancipation collective. Car, pour que la faculté d’agir - faculté politique par excellence - se réalise dans l’une des formes nombreuses et variées de la communauté humaine, il faut une vie collective. La responsabilité éthique illimitée ? Un débat Mais les hommes sont-ils naturellement responsables en toutes circonstances ? Est-il possible de tout assumer ? Le débat est vif sur ce point. (...) Pour conclure... L’Éthique lie liberté et responsabilité. Être responsable est une des conséquences de la liberté et une des conditions majeures de la « vie bonne ». Ainsi, une liberté responsable caractérise la personne qui s’auto-contraint pour des raisons supérieures. (...) Enfin, si la responsabilité individuelle est la forme originelle de la responsabilité car elle découle de la conscience elle-même, la responsabilité collective en est la forme sociale. Bref, la responsabilité concerne chacun, en tant qu’individu, parent, professionnel, citoyen et citoyen du monde. Elle est simultanément singulière (la personne), particulière (l’institution), et universelle (la visée de la vie humaine). (...) Il s’agit donc de ne pas cesser de poursuivre la pensée éthique de la responsabilité afin de la rendre le mieux possible opératoire. Biographie u Brigitte Bouquet a été assistante sociale, enseignante à l’université, directrice du centre de formation de travail social de Montrouge, directrice du CEDIAS-Musée social. u Professeure émérite, elle a été la première titulaire de la chaire travail social-intervention sociale au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), créée en 2001. u Personne qualifiée du Conseil supérieur de travail social, elle a animé les Ve et VIe mandatures comme vice-présidente et est actuellement chargée d’un rapport par la ministre de la solidarité et de la cohésion sociale. u Elle est co-fondatrice et co-animatrice du réseau Histoire du travail social. Publication : Centre de documentation - Institut du Travail Social de Tours - www.its-tours.com Page