LE PORTAIL DES DONNEES NATURALISTES SILENE EN REGION

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LE PORTAIL DES DONNEES NATURALISTES SILENE EN REGION
Networks and Communication Studies,
NETCOM, vol. 27 (2013), n° 1-2
pp. 245-253
LE PORTAIL DES DONNEES NATURALISTES SILENE EN
REGION PROVENCE-ALPES-COTE D’AZUR
HTTP://WWW.SILENE.EU
DELAUGE JULIE1, MEYER DOROTHEE2, NOBLE VIRGILE3,
CHONDROYANNIS PASCAL4
Résumé – SILENE est un portail internet de diffusion de données naturalistes développé en
partenariat par plusieurs organismes producteurs et gestionnaires de données, les services de l’Etat et
du Conseil Régional. Seront ici présentés les principes de son fonctionnement aussi bien au niveau
technique qu’organisationnel pour la région Provence-Alpes-Côte d’Azur ainsi qu’un premier retour
d’expérience après les premières années de mise en œuvre. SILENE apparaît aujourd’hui comme un
outil important pour la diffusion des connaissances sur la biodiversité dont il favorise la prise en
considération, à plusieurs niveaux, dans l’aménagement du territoire régional. Par son exemple,
SILENE montre toute l’importance de l’échelon régional comme relais entre l’acquisition locale
d’informations et les bilans nécessaires aux niveaux national ou international.
Mots clés – Données naturalistes, webSIG, Système d’information, Biodiversité, Provence-AlpesCôte d’Azur
1. INTRODUCTION
L’information géographique est devenue, ces dernières décennies, une
composante majeure pour l’organisation de la société. En offrant de nouvelles
perspectives de diffusion des connaissances dans un cadre directement exploitable
pour l’analyse et le suivi des territoires, elle constitue un outil incontournable des
politiques d’aménagement du territoire, en particulier dans le domaine de la protection
Responsable « Pôle Biodiversité régionale » – CEN PACA - 96 rue droite – App. 5 – 04200
Sisteron
2 Chargée de mission « Connaissance et Animation Scientifique » - DREAL PACA - Service
Biodiversité, Eau et Paysages - Le Tholonet - CS 80065 - Allée Louis Philibert - 13182 AIX
EN PROVENCE Cedex 5
3 Responsable « Pôle connaissance » - Conservatoire botanique national méditerranéen – 34 av.
Gambetta – 83400 HYERES
4 Directeur – Conservatoire botanique national alpin - Domaine de Charance – 05000 Gap
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de l’environnement. En effet, la connaissance et la conservation de la biodiversité
demandent la disponibilité d’une information géolocalisée, exploitable par des publics
divers : observateurs de terrain, professionnels, collectivités territoriales, services de
l’Etat... En région PACA5, il existe un historique de pratiques de mutualisation tel que,
dès 2002, la création du Centre Régional de l'Information Géographique (CRIGE)6.
Le programme SILENE7 a été engagé en 2008. C’est un portail internet de diffusion
des données naturalistes qui a pour objectif de permettre « l’accès à l’information
naturaliste pour tous, dans un but de gestion et de protection du patrimoine naturel
régional » (figure 1). SILENE propose la consultation de données d’observations
géolocalisées sur les espèces de la flore et de la faune sauvage. Le programme est
développé à l’échelle régionale depuis maintenant plus de cinq ans et s’inscrit
pleinement dans l’organisation du Système d’Information sur la Nature et les Paysages
(SINP) mis en œuvre sur le territoire national.
Figure 1 : Page d’accueil de SILENE http://www.silene.eu
Les données flore sont également accessibles pour la région Languedoc-Roussillon, du fait du
territoire de compétence du Conservatoire botanique national méditerranéen. Toutefois la
démarche décrite et les propos de cette note ne concernent que la région Provence-Alpes-Côte
d’Azur.
6 Le CRIGE PACA est un centre de ressources en géomatique au service des organismes
publics de la région. Créé fin 2002 par l'Etat et la Région, son principal objet consiste à
développer les usages, la production et le partage d'information géographique entre les services
publics. Première structure géomatique régionale créée sur le territoire français et pionnière
dans son domaine, le CRIGE est aujourd'hui une Infrastructure de Données Géographiques
reconnue au niveau et européen. http://www.crige-paca.org/
7 Système d’Information et de Localisation des Espèces Natives et Envahissantes
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1. HISTORIQUE DU PROJET
En 2008, le Conservatoire Botanique National Méditerranéen de Porquerolles
(CBNMed) met en place une application internet d’accès à sa base « Flore » pour
mieux répondre aux multiples demandes d’accès aux données dont il assure la gestion.
Cette initiative rencontre rapidement les attentes des acteurs régionaux réunis par la
DREAL PACA8 dans le cadre de la mise en place régionale du SINP. Dès 2009, le
projet reçoit l’appui du Conseil Régional PACA et deux nouveaux partenaires sont
associés par la DREAL : le Conservatoire Botanique National Alpin (CBNA) et le
Conservatoire d’Espaces Naturels de Provence-Alpes-Côte d’Azur (CEN PACA),
chargés respectivement d’étendre l’application à la flore des départements alpins
(Alpes-de-Haute-Provence et Hautes-Alpes) et à la faune sauvage. Face à la diversité
des acteurs et à la dispersion des données faunistiques, une approche spécifique de
rencontres et d’écoute sera menée, permettant d’établir les conditions nécessaires à
l’adhésion des principaux acteurs. Un rapprochement technique est également initié
avec certains Parcs Naturels Régionaux, porteurs du Système d’Information Territorial
(SIT) qui servira de point de départ à la structure de la base « faune ». Le module
« Faune » est opérationnel à partir de 2010. La construction de SILENE sur des
partenariats multiples a largement contribué à la définition des principes
d’organisation et de fonctionnement. SILENE propose un processus de
standardisation, de validation, de spatialisation et de diffusion des données
d’observations naturalistes en région PACA, qui sont ainsi centralisées et
sauvegardées.
2. CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
2.1. SILENE : un outil de webmapping
SILENE est un outil qui exploite pleinement les technologies du web 2.0 en
publiant des données dans un cadre cartographique interactif. Plusieurs bases de
données MYSQL (faune/flore/et prochainement habitats) sont couplées à un serveur
cartographique sous licence (DynMap). Les autres développements utilisés sont en
« open source », permettant d’importantes possibilités d’évolution.
Chaque interface thématique (faune, flore) permet une recherche par espèce
ou par liste d’espèces, ce qui permet de connaître leur répartition géographique et de
consulter le détail des observations disponibles. Une recherche cartographique est
également possible (figure 2), afin d’identifier les espèces présentes sur un territoire
donné et consulter les informations associées. De nombreux critères de sélection
permettent d’affiner les requêtes : dates d’observation, observateurs, statuts des
espèces, etc.
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DREAL : Direction Régionale de l’Environnement de l’Aménagement et du Logement
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Figure 2 : Recherche cartographique sur la commune de Saint Cyr-sur-Mer (83) : localisation des
relevés floristiques et listes des espèces végétales connues sur la commune
Les fonctionnalités du serveur cartographique sont exploitées pour permettre
des opérations intuitives comme l’intersection géographique d’objets cartographiques
importés par l’utilisateur ou dessinés directement dans la carte. Les outils standards de
cartographie dynamique sont disponibles : zoom + / -, zoom par sélection rectangle,
zoom par sélection d’entités, déplacement sur la carte, choix d’affichage des couches
cartographiques, sélection manuelle de l’échelle. Les résultats sont présentés par listes
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d’observations (ou de relevés) et par représentation cartographique d’entités
ponctuelles.
La disponibilité des fonctionnalités et la représentation des résultats varient en
fonction de l’échelle de consultation et des droits d’accès de l’utilisateur. En accès
public, la donnée d’observation est simplifiée à la commune ou au centre d’une maille
carrée (10km ou 5km selon l’échelle), et un téléchargement des relevés et des
observations est possible au format Excel. En accès sur identification, la donnée est
visible jusqu’à la précision maximale disponible et toute l’information est alors
détaillée. Les résultats peuvent être exportés sous divers formats (Excel, CSV, SIG
(MIF/MID, Shape) permettant leur intégration dans d’autres outils « métiers » pour
une utilisation privée uniquement (le bénéficiaire s’engage par convention à ne pas les
rediffuser).
2.2. SILENE : Les données
L’objectif est de centraliser des données d’observation primaires,
standardisées mais non synthétisées. Cette donnée brute est constituée de plusieurs
champs précisément renseignés, dont quatre sont obligatoires : le nom de l’espèce,
l(es)’observateur(s), la date d’observation et la localisation (coordonnées ou indication
géographique : lieu-dit et commune). D’autres champs complémentaires peuvent être
renseignés : effectifs, phénologie, milieu, commentaires divers, etc.
L’alimentation de la base est, à l’heure actuelle, essentiellement assurée par la
mise à disposition de données des administrateurs, partenaires et fournisseurs
volontaires (données gérées dans leurs bases de données propres appelées « bases
sources » qui restent autonomes et indépendantes). SILENE a pour principe de ne
jamais se substituer aux dynamiques de collecte de données existantes mais, à l’inverse,
de les valoriser. Il s’agit de favoriser les complémentarités et d’assurer la mutualisation
globale des données d’observation.
SILENE doit également intégrer les données acquises sur fonds publics
(NATURA 2000, plans nationaux d’action, études environnementales à maîtrise
d’ouvrage publique, etc.). Le conditionnement des marchés et dotations publiques au
retour des données naturalistes produites est engagé, aussi bien par les collectivités
partenaires (conseils généraux, conseil régional) que par la DREAL. Un format
standard des données est proposé aux maîtres d’ouvrages pour intégration dans leurs
cahiers des charges. Enfin, les droits d’accès ponctuels à la donnée localisée (besoin
des bureaux d’études par exemple) sont aussi conditionnés au retour de la
connaissance acquise, mécanisme qui engage des contributeurs non adhérents de
SILENE à être également fournisseurs de données.
Par l’approbation de la charte SILENE, chaque fournisseur s’engage au
respect de la déontologie s’appliquant aux données. Il est donc responsable vis-à-vis
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du producteur initial et de SILENE, et s’engage à obtenir les accords d’utilisation et de
diffusion de la donnée qu’il transmet à SILENE.
L’objectif de garantie scientifique est un des principes fondateurs de SILENE.
Une attention particulière est donc apportée à la qualité de la donnée. Cette garantie
est de la responsabilité des administrateurs de données : les deux CBN alpin et
méditerranéen au titre de leur agrément national pour la flore, et le CEN Paca pour la
faune, qui s’appuie sur un réseau thématique de validateurs et les fournisseurs de
SILENE. Après validation, la donnée devient accessible et consultable dans SILENE,
avec le nom de l’observateur et du fournisseur (structure mentionnée comme source).
3. CARACTERISTIQUES ORGANISATIONNELLES
3.1. Le pilotage et le fonctionnement de SILENE
Le fonctionnement de SILENE repose sur trois principes fondateurs : un
outil public, un pilotage partenarial et un objectif de garantie scientifique. Une charte
de référence précise les objectifs et valeurs partagés, la déontologie liée à la donnée, les
droits et devoirs des partenaires.
La gouvernance s’appuie sur la définition claire des acteurs et de leur rôle.
L’administrateur système (CBNMed) assure la gestion informatique de l’outil. Les trois
administrateurs de données (CBNMed, CBNA, CEN PACA) ont en charge la
cohérence scientifique et technique de la base et l’animation du réseau des partenaires
concernés. Les structures partenaires apportent un soutien politique, technique ou
financier, une expertise, des données, etc. Parmi les partenaires, des experts associés
au suivi de la validation des données et de la cohérence scientifique de SILENE sont
identifiés comme « référents thématiques ». Enfin, toute personne ou structure
mettant volontairement à disposition ses données est appelée « fournisseur de
données ». Partenaires et fournisseurs volontaires sont considérés comme
« adhérents » de SILENE. Des conventions spécifiques détaillent le rôle et les
engagements de chacun.
Le comité de pilotage, composé de l’ensemble des partenaires, se réunit une
fois par an. Il oriente et accompagne le développement de SILENE en complément
de la gestion quotidienne du programme. Le fonctionnement opérationnel de
SILENE est assuré par le comité d’administrateurs qui regroupe les administrateurs de
données, la DREAL et le Conseil Régional.
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3.2. Les droits de consultation et l’usage des données
En application des objectifs de SILENE, les principes d’accès aux données et
leurs usages reposent à la fois sur une volonté d’échange et de respect des
contributeurs. Les modalités de consultation ont donc été établies dans un dialogue
avec les fournisseurs, permettant de rallier et rassurer le plus grand nombre d’entre
eux. Ainsi, les données de synthèse (à la commune ou à la maille) sont en accès public
mais les partenaires et fournisseurs volontaires bénéficient, après signature de leur
convention, d’un droit d’accès à la donnée précise sur leur territoire ou domaine de
compétence (faune, flore, groupe taxonomique). Des droits d’accès ponctuels sont
également proposés dans le cadre d’actions ou d’études spécifiques. Les demandes
argumentées sont examinées par les administrateurs sur la base de principes validés en
comité de pilotage. Les identifiants d’accès sont strictement nominatifs et leur
utilisation reste sous la responsabilité du bénéficiaire. La convention d’accès élaborée
pour chaque demande engage les bénéficiaires à communiquer les données acquises
dans le cadre de leur étude.
4. RESULTATS ET PERSPECTIVES D’EVOLUTION
L’exploitation du portail SILENE s’est rapidement développée et a confirmé
sa capacité à répondre aux attentes des acteurs. Les principales utilisations permettent
de visualiser la répartition régionale d’une espèce ou alerter sur la présence d’espèces
protégées par la loi, favorisant ainsi le respect de la réglementation. Ces informations
permettront de construire plusieurs indicateurs de l’observatoire régional de la
biodiversité en cours d’élaboration. SILENE permet également d’identifier les enjeux
de biodiversité sur un territoire, par exemple dans le cadre d’un bilan écologique ou
d’une étude d’impact et d’actualiser les bilans régionaux sur la connaissance à
l’intérieur de zonages préexistants (ex : actualisation de l’inventaire des Zones
Naturelles d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique).
Quelques chiffres illustrent la réalité du programme : 36 structures partenaires
et/ou fournisseurs sont conventionnés dont 24 organisent progressivement la mise à
disposition de leurs données, représentant une grande diversité d’acteurs
(gestionnaires d’espaces protégés, établissement public, association naturaliste,
laboratoire universitaire, muséum, collectivité, etc.) ; SILENE a enregistré plus de
35 000 connections sur les 12 derniers mois, et plus de 1 600 000 requêtes ont été
effectuées ; 2 926 913 observations floristiques et 789 753 observations faunistiques
sont disponibles (valeurs au 28/08/2013) ; plus de 80 demandes d’accès ponctuels de
bureaux d’études ont été traitées en un an (en augmentation constante depuis
l’ouverture).
Le portail SILENE répond ainsi à un réel besoin d’accès à l’information
naturaliste avec des types d’utilisateurs variés : citoyens, naturalistes, structures
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professionnelles de l’environnement telles que bureaux d’études, services de l’Etat,
gestionnaires d’espaces naturels, etc. Enfin la communauté scientifique développe des
programmes de recherche s’appuyant sur la nouvelle disponibilité offerte. Il est
toutefois important de bien considérer les limites de l’outil et notamment le fait que
SILENE ne gère ni la donnée d’absence ni la pression d’observation. De plus, les
données présentes ne constituent en aucune manière un inventaire exhaustif de la
biodiversité et leur interprétation peut relever de la compétence d’un expert. Un
avertissement en page d’accueil rappelle aux utilisateurs ces contraintes et
responsabilités.
Les premières années de construction ont permis de fixer l’organisation
générale et la majeure partie des acteurs régionaux sont aujourd’hui associés. L’enjeu
principal reste l’alimentation de la base en données nouvelles et plus globalement la
consolidation du fonctionnement de SILENE. Mais d’autres sollicitations ont
rapidement émergé qui viennent contribuer aux choix d’orientations techniques.
L’objectif de SILENE étant de répondre, dans la mesure du possible, aux usages
pertinents servant la conservation, le retour des contributeurs et des utilisateurs est
essentiel. Il appartiendra aux porteurs du programme de s’adapter au mieux aux
besoins exprimés, sans mettre en péril sa cohérence.
Ainsi les principales voies de développement concernent en premier lieu
l’optimisation du recueil de données, notamment faunistiques, et l’accélération des
mises à jour. Au titre du SINP, l’organisation des échanges entre le niveau régional et
le niveau national sera effectuée dans le cadre de conventions avec l’Inventaire
National du Patrimoine Naturel (INPN) porté par le Muséum National d’Histoire
Naturelle et plateforme du SINP. Deux conventions ont été signées (entre SILENE et
INPN pour les données faune, entre CBN et Fédération des CBN et INPN pour les
données flore) et sont en cours de mise en œuvre. L’amélioration de la gestion du
programme a également nécessité le développement d’applications associées pour
permettre le suivi des demandes d’accès ponctuels, le pilotage du projet, la saisie
directe des données et leur validation.
Pour répondre à certains besoins spécifiques d’interopérabilité avec d’autres
dispositifs (serveur DREAL, régions voisines, secteurs transfrontaliers), l’ouverture de
flux WMS/WFS et de web-services est en cours de test. L’application informatique est
aussi en cours d’évolution avec une reprise de l’ergonomie et une meilleure
compatibilité entre les modules faune et flore, ce qui facilitera à terme leur
superposition. La création d’un module « Habitats » enfin, est portée par le CBNMed
et la DREAL Languedoc-Roussillon.
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CONCLUSION
Après quelques années de fonctionnement, l’adhésion des producteurs et les
chiffres de consultation en ligne témoignent du succès de SILENE. Au-delà du strict
apport de l’outil à la connaissance de la biodiversité, il faut également noter des effets
plus diffus sur l’ouverture des acteurs au principe de diffusion et à l’intérêt d’une
mutualisation, favorisant globalement une dynamique d’échanges des données. Très
concrètement, la mise en œuvre de l’objectif de versement des données a également
entraîné une nécessité de positionnement et un travail d’organisation au sein de
chaque structure partenaire.
Au plan national, l’engagement de l’équipe et le succès de SILENE ont
permis une participation active aux réflexions sur le SINP. Les principes mis en œuvre
et les résultats obtenus en région ont contribué à faire reconnaître la pertinence du
niveau régional comme niveau de confiance et d’action, la proximité entre
producteurs et gestionnaires de données facilitant la mutualisation et la construction
d’un réseau partenarial. Cette organisation régionale a été retenue dans l’architecture
globale du SINP.
Le projet rencontre bien sûr des difficultés. En premier lieu, la volonté de
mutualisation des structures partenaires est souvent freinée par leur défaut
d’organisation interne. Sans surprise, la résistance de certains acteurs est parfois liée à
une perception de « concurrence » ou de « dépossession » des données qu’ils
produisent. Du coté des utilisateurs, le déficit de culture de l’usage de la donnée brute
peut conduire à des contre-sens. Ceci nécessite de mettre en place les alertes et
formations adéquates ainsi que le relais vers les écologues et naturalistes qui doivent
pouvoir jouer pleinement leur rôle d’experts. SILENE doit rester attentif à ces
éléments de contexte et présenter la capacité de réponse et d’adaptation nécessaire,
tout en veillant à une stabilité organisationnelle pour garantir sa pérennité. Des
solutions existent, qui s’installeront dans le temps, pour peu que le besoin stratégique
et le soutien politique de SILENE ne faiblissent pas.
Il sera, enfin, important de se questionner sur la réalité et les conditions de
l’atteinte de l’objectif initial : dans quelle mesure l’accès à l’information naturaliste
pour tous contribue-t-il positivement à la gestion et la protection du patrimoine
naturel régional ? Un point de vue extérieur serait nécessaire pour répondre à cette
question qui suppose la mise en place d’un processus de suivi et d’évaluation adapté.