Note technique éco-boitiers - Chambres de Métiers et de l`Artisanat

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Note technique éco-boitiers - Chambres de Métiers et de l`Artisanat
Note technique « Economies d’énergie »sur les « éco-boitiers »
à destination du réseau des Chambres de métiers
et des Organisations Professionnelles de Champagne-Ardenne
De nombreuses entreprises artisanales (secteur de la boulangerie notamment) sont démarchées de manière abusive
concernant un dispositif électronique, visant a priori à réaliser des économies d’énergie.
Que sont ces « éco-boitiers » ?
Ces appareils proposés par des entreprises commerciales sont présentés comme des boitiers à économies d’énergie
qui diminuent l’énergie réactive de votre installation électrique en prétendant générer des économies générales
d’énergie de l’ordre de 20% à 30%.
Ces appareils coûtent cher, mais il est mis en avant un retour sur investissement de moins de 3 ans compte tenu de
l’économie annoncée.
Qu’est-ce que l’énergie réactive ?
L’énergie électrique consommée est composée d’une partie active (transformée en chaleur ou en mouvement et
exprimée en kWh) et d’une partie réactive (consommée par les équipements eux-mêmes, pour magnétiser les
circuits et exprimée en kVARh). De l’énergie réactive est notamment consommée lors de l’utilisation de moteurs
électriques, de transformateurs et d’autres récepteurs inductifs (comme les tubes fluorescents).
En somme, seule l’énergie active est véritablement utile. L’énergie réactive doit être la plus faible possible pour
plusieurs raisons : dimensionnement du transformateur de distribution, stabilisation du réseau électrique, etc. Pour
caractériser la part de l’énergie active et réactive on utilise le« cos φ » (cosinus phi) ou encore la « tg φ » (tangente
phi). L’objectif est d’atteindre un « cos φ » proche de 1 (> 0,8) ou une« tg φ »inférieure à 0,4.
Les appareils vendus, comme « réducteur d’énergie réactive », sont en fait principalement composés de
condensateurs qui améliorent le « cos φ » en le rapprochant de 1.
Puissance active nécessaire
Puissance réactive
Mise à jour : Mars 2013
Le graphe des puissances ci-contre montre que
pour une même puissance active nécessaire et
consommée, la puissance réactive peut varier
(Q1 < Q2) et le cos φ change.
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De même le courant total (en Ampère) est composé d’une partie active et d’une partie réactive : le courant peut
donc baisser si la partie réactive diminue. Mais la partie active qui engendre les kWh consommés et facturés ne
change pas. Un ampèremètre seul n’est donc pas suffisant pour juger de l’existence d’économies d’énergie, il est
nécessaire d’associer un wattmètre.
Ces appareils sont-ils efficaces ?
La production d’énergie réactive peut faire l’objet de pénalités par le fournisseur d’énergie durant la période
hivernale. Or, la plupart des entreprises artisanales (qui sont souvent sous un contrat énergie bleu voire jaune) ne
sont pas concernées par la facturation de l’énergie réactive à la différence des industries qui peuvent l’être (contrat
vert).
La facturation d’énergie réactive est clairement affichée sur les factures de votre fournisseur d’énergie.
L’économie annoncée n’est donc lisible que si l’on paye des pénalités dues à une trop grande part d’énergie réactive.
Il faut donc vérifier la facture de votre fournisseur : si elle ne fait pas mention d’électricité réactive, les économies
annoncées ne sont pas significatives.
Par ailleurs, la puissance apparente (celle qui correspond à l’abonnement) est égale à la puissance active + la
puissance réactive. Si on diminue la puissance réactive, la puissance apparente diminuera également, il serait donc
théoriquement possible de faire baisser l'abonnement. Dans les faits, la diminution de puissance apparente sera trop
faible pour qu’elle puisse engendrer un changement de tranche. Il n’y a donc pas d’économie à espérer non plus sur
l’abonnement.
Conclusion :
L’appareil « économiseur d’énergie » souvent proposé n’apparaît pas approprié pour la plupart des petites
entreprises artisanales. En effet, son intérêt ne serait réel que pour des entreprises qui ont un parc d’équipements
important et qui ont donc des facturations d’énergie réactive conséquentes.
En boulangerie, lorsque la puissance souscrite est importante, c’est toujours en raison de la présence d’un ou
plusieurs fours électriques. Dans ce cas, l’intérêt de cet appareil est également inexistant puisque qu’un four
électrique ne consomme pas d’énergie réactive.
Dans le cas peu probable où une entreprise artisanale devrait payer des pénalités imputées à une énergie réactive
trop importante, l’intervention d’un électricien peut suffire. En effet il peut procéder à l’installation de
condensateurs si l’installation le nécessite, sans pour autant qu’il soit nécessaire d’investir dans des appareils
coûteux proposés par ces entreprises commerciales.
Pour aller plus loin
Votre chargé de mission « énergie » de la Chambre Régionale de Métiers et de l’Artisanat de Champagne-Ardenne
peut répondre à vos questions sur ce sujet :
Samuel LE GOFF – 03 26 40 22 23 – [email protected]
Cette note technique a été réalisée en collaboration avec les partenaires suivants : Pôle d’innovation de l’INBP1et le
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Institut National de la Boulangerie Pâtisserie
Centre National d’Innovation pour le Développement durable et l’Environnement dans les Petites entreprises
Mise à jour : Mars 2013
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