fichier PDF, 970 Ko - Pagesperso
Transcription
fichier PDF, 970 Ko - Pagesperso
La fleur est une disposition de l’esprit, la semence en est le métier. Le Journal d' Zéami 2004 ps / Été Printem Association de Recherche des Traditions de l'Acteur Cartoucherie 75012 Paris Tél. 01 43 98 20 61 Télécopie 01 43 74 87 65 Courriel [email protected] Site http://assoc.wanadoo.fr/arta Au carrefour des songes Pour l’heure, notre programmation s'étend de janvier à juillet 2004. En effet, le Théâtre du Soleil fête cette année ses 40 ans. Nous souhaitons nous joindre à l’événement qui aura sans doute lieu à l’automne, et qui se prépare… Sommaire • • • Le souffle épique et le plaisir joueur : Le Pavillon des Sept Princesses, de Nezâmî page 2 Anatoli Vassiliev : le poème dramatique page 4 Le théâtre mythologique amérindien page 6 • Paul Claudel et le Nô Japonais : La Femme et son Ombre page 9 • Souvenir de Kyôgen page 13 • • le Nô • Entraînement de Wu Su Le Théâtre du Soleil, des traditions orientales à la modernité occidentale Informations pratiques page 16 Norinaga Umewaka Donner du jeu, c’est peut-être ouvrir du sens : à travers l’histoire jouée, en révéler ses questions vitales, qu’elles soient de dimension concrète, parabolique, mythologique ou universelle. Pour cela, inciter l’acteur à ne pas forcément jouer ce qui est écrit, éclairer son comportement pour étoffer sa relation au personnage en l’amenant à prendre la distance du joueur. De l’importance donc du chemin parcouru et qui reste à parcourir, en quête d’une tradition où le souffle et le corps soient véritablement instruments de l’âme… Tel est notre disposition d’esprit à ARTA : ouvrir des fenêtres sur le monde plutôt que de chercher des certitudes, adopter un regard neuf plutôt qu’un savoir-faire. Lucia Bensasson, Jean-François Dusigne Le Creuset L es contraintes de production habituelles au spectacle professionnel ne favorisent guère la prise de risque : il s’agit toujours de gagner du temps. Le creuset est un temps de mise en question du savoir-faire, non soumis aux contraintes de l’efficacité immédiate. Il est dédié au questionnement, et à l’ébauche. Au cours de cette période d’essai, le cheminement conscient importe autant que le rendu final. Lucia Bensasson et Jean-François Dusigne jalonnent le fil de la recherche proposée par des sessions de quatre jours consécutifs. Ils sont là pour guider, accompagner et inciter l’ensemble à être à la hauteur de ses ambitions. Il leur importe aussi d’encourager la formation de possibles collectifs. L’exercice, l’entraînement collectif posent ainsi les jalons de théâtres encore en devenir. Le souffle épique et le plaisir joueur : Le Pavillon des Sept Princesses, de Nezâmî D ans sa manière d’approcher un rôle, l’acteur occidental s’appuie généralement sur l’improvisation pour structurer sa partition et préciser le jeu, au plus près du texte. Misant d’abord sur sa spontanéité, il passe de la liberté à la rigueur, pour que chaque soir soit le premier soir. L’acteur oriental suit plutôt le processus inverse : héritier d’une partition scénique, il commence par se glisser techniquement dans le rôle. Il se laisse guider. Il assimile physiquement, mentalement le style pour ensuite dépasser l’habileté, en faire sa chose. Misant d’abord sur sa capacité d’effacement, il passe de la rigueur à la liberté, pour que naisse le charme subtil de la variation. si on est connaisseur, trouver le sentiment exact qui est dans cette phrase. Tu travailles par le procédé inverse, qui consiste à prendre le texte et à l’arroser de cette sauce à la vanille qui est ton sentiment personnel. Tu noies le rythme de la scène, tu noies son sentiment, tu noies son mouvement ; ça coule partout. Considère d’abord la longueur, l’amplitude de la phrase ; trouve sur cette amplitude la diction et la respiration, tu verras que D.R. Certes, la tradition occidentale ne transmet pas de partition scénique. Mais l’acteur dispose d’un texte : celui-ci peut être abordé comme une partition. En s’inspirant du travail musical, Louis Jouvet n’était pas si éloigné de la démarche orientale. Son enseignement reste précieux : L’exécution repose toujours sur l’un des trois points essentiels : le sentiment, la respiration, la longueur d’une phrase. Au moment où un auteur écrit une phrase, il est dans un certain sentiment ; ce sentiment lui dicte une phrase d’une certaine longueur ; par conséquent, dans l’ “identification” de cette phrase, on doit, 2 D.R. rectifier son rythme dans son orchestre quand on lui dit : plus vite, ou moins vite, etc. Le sentiment vient après*. Dans le cadre du creuset, nous proposons d’ouvrir une nouvelle période de recherche où nous tenterons de conjuguer différents modes d’approche qui nous permettront d’alterner les recherches prosodique (l’épopée mise en bouche) et ludique (l’Epopée mise en jeu), autour d’une même œuvre, la Geste persanne : Le Pavillon des Sept Princesses, de Nezâmî, traduit par Michael Barry. tu arriveras au sentiment qui est celui du personnage, de l’auteur. Tu dois travailler seulement avec ta respiration. Tu rectifieras tout à coup brusquement ta diction ou ta respiration, comme un musicien peut Épopée lyrique et mystique, Le Pavillon des Sept Princesses, en persan Haft Paykar ou Les Sept Icônes, composé en l’an 1197 de notre ère par le poète Nezâmî de Gandjeh, en Azerbaïdjan, est le chef-d’œuvre narratif absolu de toute la littérature musulmane médiévale, l’épopée lyrique et mystique où une civilisation entière s’est reconnue. Aucun livre poétique n’a été, en Islam d’Orient, plus médité, calligraphié, enluminé que ce songe visionnaire d’un prince initié à la sagesse, au cours d’une semaine fantasmagorique, par les sept récits de ses sept épouses, chacune logée sous une coupole astrale à la couleur de son signe stellaire - car à chaque récit correspond une nouvelle teinte de l’âme. Ces sept récits sont narrés lors d’une halte de la chevauchée d’un roi de la Perse antique, Bahrâm-Goûr, héros aux prouesses sanglantes, pourfendeur de nomades, massacreur de fauves et vainqueur du dragon, qui se laisse guider par ses sept princesses, gardiennes des sphères, jusqu’à la vision de la lumière noire de son Dieu, dans la caverne du mystère numineux où, à la manière d’un roi Arthur, il disparaît à jamais à la fin de son règne. Le Pavillon des Sept Princesses marque l’apogée du récit proche-oriental, dont les célèbres Mille et Une Nuits ne furent qu’une ébauche populaire. Le traducteur, Michael Barry, érudit polyglotte pétri de plusieurs cultures est un spécialiste reconnu de l’Asie centrale médiévale et moderne. En Afghanistan, il a été observateur et consultant pour les Nations Unies de 1979 à 1995. Il a également publié Le Royaume de l’insolence, histoire de la résistance afghane, du Grand Moghol à l’invasion soviétique (Paris, Flammarion, 1984). Il propose ici une traduction flamboyante et passionnée, poétique et inspirée, portée par le souffle épique tout en étant attentive aux plus fines nuances ; par un remarquable travail sur la langue, il nous entraîne à la source même du poème. ■ * Louis Jouvet, Tragédie classique et théâtre du XIXe siècle, Paris, Édition Gallimard, Pratique du théâtre, 1968, p. 35 Trois sessions d’une semaine sont prévues : Du mardi 23 au vendredi 26 mars 2004, de 11h à 18h Du mardi 11 au vendredi 14 mai 2004, de 11h à 18h Du mardi 1er au vendredi 4 juin 2004, de 11h à 18h La participation est de 50 pour chaque session. 3 Anatoli Vassiliev : le poème I l y a plusieurs années, j’ai été confronté à un problème essentiel : que faire du verbe, du mot ? Le sentiment, je savais, mais le verbe, le mot ?… Il fallait étudier ce problème et apprendre à parler, à parler de telle manière que le mot ne se transforme pas en cette baudruche que peut devenir le corps. Et tous ceux qui pratiquent le théâtre savent que dès qu’on commence à prononcer le mot forte, il enfle, gonfle, se dilate. Tout notre travail, à mes acteurs et à moi, est consacré ces derniers temps à la problématique du verbe, du mot, à la théorie, la technologie, le training. Parce que sur le chemin de l’objectivation de l’acteur par rapport au rôle, le mot est le dernier rempart, que retiennent les armées des émotions. Chacun a assimilé une langue avec sa musique, sa mélodie, son intonation. Cette mélodie contient nos sentiments, nos pensées ; bref notre histoire. Et nous tous, nous partageons une même mélodie. Quand nous passons sur un plateau de théâtre, nous la conservons : c’est elle le dernier rempart à détruire. On ne perçoit pas la parole sans une mélodie. L’intonation est l’arme la plus puissante, le véhicule fondamental de la communication. Si vous vous mettez à parler le français sur une mélodie qui lui est parfaitement étrangère, on cesse de vous comprendre […] Donc l’information est entièrement incluse dans la mélodie. Donc celleci véhicule l’information. […] Et maintenant, demandons-nous de quelle information il s’agit. Est-elle porteuse d’une parabole, d’une pastorale ou d’une histoire intellectuelle ? ça, c’est une question ! Pour que le langage de l’acteur se fasse porteur de la parabole, j’ai changé radicalement son intonation. […] En changeant la rythmique et la mélodie de la langue française, je ne la prive pas nécessairement de contenu. Simplement, vous ne recevez pas l’information habituelle de la mélodie. Elle n’est plus la même. […] Je propose ainsi d’avoir une La Salle du Globe - Théâtre Ecole d'Art Dramatique de Moscou autre écoute de la mélodie – d’y entendre un autre sens1. L’acteur doit avoir l’oreille absolue. L’oreille absolue de la vie... Autrefois je faisais toujours le même rêve : j’entre au théâtre… – et ensuite je l’ai construit ce théâtre – j’entre, et la première chose que j’entends ce sont des voix. Ce sont les voix des habitants du ciel, des voix fortes et claires, et elles sont transparentes, et elles sont si transparentes qu’elles n’ont rien de quotidien, de banal ; c’était comme une sorte de rêve ensoleillé, céleste. Et ensuite je continue, et je vois les acteurs réels. Je vois, ce sont des gens, ils ont un corps, ce sont des êtres de chair. et malgré tout, c’est comme l’éther, ils sont comme immatériels. Ils sont très légers – des nuages. C’est ce théâtre dont j’ai rêvé. Comme d’un théâtre donné par le ciel et venu à la terre2. Anatoli Vassiliev 1 Anatoli Vassiliev, à propos d’Amphitryon, Rencontres théâtrales d’Avignon, le 24 juillet 1997. 2 Anatoli Vassiliev, Théâtre du Rond-Point, Paris, le 3 juillet 1996. Charles Baudelaire Arthur Rimbaud De Stanislavski à Vassiliev Trois journées de projection avec présentations et commentaires de Jean-François Dusigne les mardi 17, mercredi 18 et jeudi 19 février 2004 de 11h à 17h Entrée libre sur réservation - Merci de confirmer votre venue pour les trois journées. La technique verbale dirigée par Valérie Dréville D ans mon travail de technique verbale avec les comédiens, j’essaie de transmettre l’enseignement que j’ai moi-même reçu. Dans le théâtre européen, on utilise principalement deux intonations : exclamative et narrative, la première étant plus liée au genre noble et à l’univers de la tragédie, la seconde utilisée pour le récit. Avec Vassiliev, le champ d’intonation est beaucoup plus large, il dépasse le système tonal pour produire d’autres sonorités, d’autres modes de communication. Il travaille beaucoup par exemple sur une troisième intonation, qu’il appelle affirmation. La voix est donc sollicitée de façon très différente et l’acteur devient lui-même un instrument de passage entre un concept et son incarnation. Valérie Dréville 4 Propos recueillis lors de la création d’Amphitryon, par Isabelle Baragan, attachée de presse de la Comédie-Française. Valérie Dréville a été chargée de la technique verbale auprès des acteurs d’Amphitryon. dramatique Mise en scène et scénographie Né le 4 mai 1942, il termine ses études à la Faculté de chimie de l’université d’Etat de Rostov. En 1968, il entre à la Faculté de mise en scène du Conservatoire d’Etat d’art dramatique Lounatcharski de Moscou (GITIS) et suit les cours d’André Popov et de Marie Knebel. A Moscou, il a monté : Solo pour carillons de Zagradnik (1973), la Première Variante de Vasa Jeleznova d’après Gorki (1978) et la Fille adulte du jeune homme de Slavkine (1979), le Cerceau de Slavkine (1985). Le 24 février 1987, le théâtre “ Ecole d’art dramatique ”, que dirige Anatoli Vassiliev, ouvre ses portes avec Six Personnages en quête d’auteur de Luigi Pirandello. Vassiliev poursuit son travail dans ce théâtre et monte Ce soir on improvise de Pirandello (1990), Fiorenza et Joseph et ses frères de Thomas Mann (1993), Amphitryon de Molière (huit dialogues) (1994), les Lamentations de Jérémie (1996), Don Juan ou le convive de pierre et autres poèmes de Pouchkine (1998), K…, Mozart et Salieri (2000), Materiau-Médée de Heiner Müller (2001). Plusieurs de ces spectacles sont présentés à l’étranger notamment à Taormina, au Festival d’Avignon (Les Lamentations de Jérémie en 1996, Amphitryon (huit dialogues), en 1997), Florence, Barcelone, Paris (le Cerceau, K…). A l’étranger Vassiliev a monté les spectacles suivants : Je suis une mouette d’après les pièces de Tchekhov (1990), Vis-à-vis (d’après le roman de Dostoïevski l’Idiot) en collaboration avec le Centre Kunstlerhaus Berthanien de Berlin (1992) ; A chacun sa vérité avec l’Université de Rome, le Centro Teatro Atenco et le Teatro di Roma (1993), Bal masqué de Lermontov (1992) à la Comédie-Française, le Songe de l’oncle de Dostoïevski (1994) au Théâtre d’Art, Budapest, la Dame de pique (opéra) de Tchaïkovski (1996) au Théâtre national d’Allemagne à Weimar ; les Coupables © Marc Enguerand valérie dréville Après son parcours de comédienne mené avec Antoine Vitez, Valérie Dréville a rencontré Anatoli Vassiliev en 1992 lors du Bal masqué de Lermontov, qu’il mit en scène au Français. Cette rencontre fut pour elle innocents d’Ostrovski (1998) en Hongrie. Il a également réalisé plusieurs projets avec l’Académie Expérimentale des Théâtres, sous la direction de Michelle Kokosowski, en 1993, 1995 et 1996 ; deux projets avec le groupe de Thomas Richards du Work-Center de Grotowski (1993, 1996). En 2002 il met en scène Amphitryon de Molière à la Comédie-Française. Dans son théâtre à Moscou, il présente régulièrement des spectacles de son laboratoire : Extraits de romans d’Alexandre Dumas (1987), Vis à vis, extraits de romans de Dostoïevski (1988), les Possédés d’après Dostoïevski (1988), Soirée Maupassant (1988), Dialogues de Platon (1988), la République de Platon (1992), Soirée Molière (1992), Pouchkine : conversations avec un poète (1994), Soirée Pouchkine(1995), Homère, l’Illiade (23ème chant) (1997), Fête Pouchkine (2000), Illiade (2001). Anatoli Vassilev est l’auteur de plusieurs ouvrages dont A propos de Bal masqué et Sept ou huit leçons de théâtre (P.O.L). Il a été nommé : lauréat du prix Stanislavski de la Fédération de Russie (1988), chevalier des Arts et des Lettres (France, 1989), lauréat du prix Actualité nouvelle du théâtre européen (le jury des critiques européens) à Taormina, en Italie (1990), lauréat du prix Chaos (prix Pirandello), Agrigente en Italie (1992), maître émérite des Arts de la Russie (1993), lauréat du prix du Fonds Stanislavski pour la contribution au développement de la pédagogie théâtrale (1995). Le spectacle les Lamentations de Jérémie a obtenu le prix national de Théâtre de la Russie, le Masque d’or (1997) dans deux nominations : meilleur spectacle et meilleure scénographie. déterminante car la démarche de Vassiliev lui semblait ouvrir des horizons insoupçonnés par ses questionnements renouvelés sur le sens d’être acteur. Après son départ de la Comédie-Française, Valérie Dréville s’est rendu régulièrement en Russie, pour finalement s’y installer pendant toute une année. A Moscou, au “ Théâtre Ecole d’Art Dramatique ”, elle s’est immergée dans des territoires de jeu complètement inédits, tel le rôle troublant de Médée dans l’adaptation d’Heiner Müller, fruit de ce compagnonnage avec Anatoli Vassiliev. Invité en 2002 à monter Amphitryon de Molière à la Comédie-Française, Vassiliev a alors confié à Valérie Dréville le travail de technique verbale auprès des acteurs. 5 © Victor Bazhenov anatoli vassiliev Du vendredi 5 au lundi 15 mars de 10h à 18h Coût de l’atelier : 400 – Relâche le 13 mars Ondinnok, théâtre mythologi Le théâtre est au cœur du développement de toute société. Notre théâtre vise à reconquérir un imaginaire, une terre de rêve, à rapatrier une mémoire pour dégager un avenir. Yves Sioui Durand © Mario Viboux e mot “ Ondinnok ” est un vieux mot de la langue huronne qui signifie “ la vision intérieure, le désir secret de l’âme ”. Ondinnok est la première compagnie professionnelle de théâtre amérindien au Québec. Fondée à Montréal en 1985 par Yves Sioui Durand (Huron-Wendat), Catherine Joncas et John Blondin Déné (aujourd’hui décédé), la compagnie est reconnue pour l’originalité et l’authenticité de ses productions. Sa mission est de créer un théâtre mythologique amérindien intégrant tradition initiatique et théâtralité contemporaine. Il est ainsi un théâtre de recherche et de création qui fonde son action sur la reconquête du territoire imaginaire des amérindiens par un questionnement sur l’identité et la culture. Parmi ses productions les plus marquantes, citons Le porteur des peines du monde, Voyage au pays des morts, Iwouskéa et Tawiskaron, Kmukach l’Asierindien. L’œuvre théâtrale d’Ondinnok s’inscrit depuis plus de vingt ans La Conquête de Mexico 1991 dans l’émergence d’un vaste mouvement de théâtre autochtone au Canada. Echapper à la perte de l’âme Etre ou ne pas être ? C’est la question qui se pose à nous, peuples autochtones de cette terre. Echapperons-nous à la déshumanisation due à l’hyper consommation ? Notre défi est celui de la survie identitaire : ouvrir de nouveaux champs d’expression pour faire échec à la commercialisation de nos cultures. Notre but est de transmettre une maîtrise, une éthique,qui protège nos valeurs à travers la puissance visionnaire de l’art qu’est le théâtre. Nous souhaitons bâtir des alliances inédites avec les maîtres autochtones des arts de la scène partout dans le monde. Yves Sioui Durand C et atelier invite les acteurs européens à partager la quête du théâtre Ondinnok au sein de la tradition initiatique des HuronsIroquois de l’Amérique du Nord, en élaborant avec lui une mise en jeu qui allie rituels archaïques, masques et pratiques théâtrales contemporaines. Une rencontre donc où le théâtre devient un art divinatoire puissant, une tentative pour répondre aux désirs cachés et enfouis dans la mémoire du corps. Un travail de l’acteur au delà de la performance et du spectaculaire. Dans un monde où l’art est le plus souvent détourné de sa fonction première, cette confrontation des expériences aidera peut-être à préciser quelques questions essentielles : Pourquoi être acteur ? Pourquoi faire du théâtre aujourd’hui ? Qu’est-ce que l’état de jeu ? Quel est le pouvoir de l’acteur et du théâtre ? Une première rencontre rare et humble avec le monde des Amérindiens au-delà de tout folklore où il s’agit de vivre, d’expérimenter la mise en jeu d’une interrogation profonde dans le contexte physique et philosophique des Hodenosaunee, des peuples de la maisonlongue qui résistent toujours à l’acculturation et à l’assimilation au Canada. 6 © Benoît Aquin yves sioui durand L Yves Sioui Durand est dramaturge, metteur en scène et acteur. Il est membre de la nation Huronne-Wendat. Depuis 1984, il poursuit une œuvre théâtrale unique au Québec, fondée sur la quête d’un théâtre mythologique qui ose interroger les racines de la spiritualité amérindienne. L’originalité de sa démarche l’a amené en 1991 à travailler en collaboration avec Jean-Pierre Ronfard, et en 1992 avec Robert Lepage. Yves Sioui Durand a écrit plus de quatorze textes dramatiques pour la radio, et plus de treize créations originales dont certaines furent produites en Europe et au Mexique. En 1995, il fut nommé directeur de programme au Banff Centre for the Arts et la même année, il entreprit de diriger un cycle de trois ans de théâtre de guérison chez les Atikamekw de Manawan. Il travaille actuellement à la mise en place d’un tout premier programme d’enseignement pour les autochtones à l’École Nationale de Théâtre du Canada. catherine joncas Diplômée du Conservatoire d’Art Dramatique de Québec en 1973, Catherine Joncas a participé à toutes les créations d’Ondinnok depuis sa fondation en 1985, et en assume la direction administrative. Elle est notamment l’auteur des spectacles Ukuamaq et le Désir de la reine Xoc produits par la compagnie en 1993 et 1994. Elle a récemment écrit et monté Le RendezVous / Kiskimew en co-production avec le Centre National des Arts. que amérindien Yves Sioui Durand & Catherine Joncas Du Lundi 26 avril au vendredi 7 mai 2004 de 11h à 18h – Coût de l’atelier : 300 Théâtre, danse et rituels amérindiens Rencontre avec l’anthropologue mexicaine Elizabeth Araiza Hernandez Mardi 27 avril 2004, à 18 heures É © Benoît Aquin tant donnés le caractère multiculturel et pluri-linguistique du continent américain, et la grande hétérogénéité des groupes ethniques qui y habitent, il nous paraît intéressant de rapprocher et de comparer les différentes expériences théâtrales amérindiennes des régions du nord et du centre. Les artistes Yves Sioui Durand et Catherine Joncas situeront tout d’abord leur propre démarche, puis l’anthropologue Elizabeth Araiza Hernandez présentera à son tour les théâtres, danses et rituels des Amérindiens du Mexique. Les deux présentations seront accompagnées de la projection commentée de documents vidéos. C’est à la lumière de l’observation et de la description de ces différentes expériences scéniques que nous essayerons ensemble d’élargir la réflexion sur la spécificité du théâtre amérindien tant au Mexique qu’au Canada. L’exposé d’Elizabeth Araiza Hernandez développera trois aspects. - Le premier sera consacré à l’époque préhispanique : les Aztèques, les Mayas ou d’autres groupes amérindiens ont-ils pratiqué le théâtre avant l’arrivée des Espagnols ? - Il s’agira ensuite de mesurer l’influence espagnole, concernant notamment le théâtre d’évangélisation ou théâtre édifiant que les franciscains, jésuites et dominicains ont introduit dans le Nouveau Monde. - Enfin viendra la question de la situation actuelle du théâtre, des danses et du rituel. La mise en perspective historique permettra de dégager la spécificité amérindienne, concernant la conception et les usages du corps, de l’espace et du rythme. La manière dont les mythes véhiculent le corps. La place accordée au rêve dans les actions rituelles. Elizabeth Araiza Hernandez s’interrogera également sur le rôle joué par l’imaginaire des occidentaux dans la connaissance, la reconnaissance ou bien la méconnaissance des amérindiens. Un imaginaire véhiculé notamment par la pensée d’auteurs comme Antonin Artaud, Jerzy Grotowski et plus récemment Carlos Castaneda. Sur les pas de ces auteurs, elle questionnera, par exemple, l’importance que les Amérindiens accordent à Le désir de la reine Xoc, 1994 Atiskenandahate-Voyage aux pays des morts, 1988 © M. Don Lee © Josée Lambert ➤ la consommation de substances hallucinogènes (peyotl, champignons, marihuana) pour la réalisation efficace ou non-efficace de leurs théâtres, danses et rituels. Sans vouloir démystifier le propos de ces auteurs, il s’agit de se demander si le fait d’insister sur certains points n’a pas occulté une réalité beaucoup plus riche et plus complexe. On peut se demander si cet univers magique et mystérieux, que les occidentaux ont cru découvrir dans les cultures amérindiennes, n’est pas à chercher ailleurs, dans d’autres dimensions du sacré qui leur correspondraient mieux. Nous tenterons ainsi d’élargir ensemble notre horizon de connaissances, afin de mieux comprendre la diversité des pratiques scéniques des Amérindiens. ■ The Sun Raiser 1995 7 Ondinnok, théâtre mythologique amérindien Vieux chaman Kmùkmach 2002 Il y aurait à naître, à naître avec les mots, trouver l’autre corps de ce corps et du souffle dans les os. Il y aurait à n’être qu’un battement d’aile entre le cœur et les nerfs pour se mettre en bouche le chant de l’écorché. Il y aurait à être cette reprise du silence troué quand le vertige vide l’écho de ses propres murmures : forceps, totem, sexe, plaie ouverte… Qui est sorti à force ? Qui lève ses interdits ? Qui marque le désir ? Qui finit par vivre dans l’ombre de son cri ? C’est la terre sous la peau et il vient dans le sang des migrations violentes. Le verbe campe à l’infini, spectre ou aimant qui attire la pulpe et le squelette, vieux chaman des limites qui allie toutes les voix à l’extase des pierres. André Velter Ouvrir le chant, Le Castor Astral/Ecrits des Forges, 1994, pp.127-128. Photograhie : © Benoît Aquin 8 Paul Claudel et le Nô du 14 juin au 9 juillet 2004 : du lundi au samedi, de 11h à 14h et de 15h à 18h. Stage conventionné AFDAS. Portrait de Paul Claudel par Camille Claudel D.R. La scène du théâtre Nô est appelée le “ carrefour des songes ” (Yume No Chimata). Elle figure un espace où des vivants croisent des fantômes et des démons. La découverte des arts japonais, en particulier du théâtre Nô, fut déterminante pour Paul Claudel. Toute son oeuvre dramatique en fut influencée. La Femme et son Ombre E crite à Tokyô en septembre 1922, La Femme et son Ombre de Paul Claudel, a donné lieu à deux transcriptions scéniques, accompagnées de musique, l’une en Nô, l’autre en Kabuki. Créées en 1923, elles font depuis intégralement partie du répertoire de ces deux styles. Que raconte La Femme et son Ombre ? En voici le résumé : Un pays sauvage et solitaire. Brouillard. Une lanterne de pierre, dans laquelle brûle une faible lumière. Par le pont avec sa suite un Guerrier de l’ancien temps. La lanterne qui brûle commémore la femme qu’il aimait et qu’il a perdue. Il s’arrête et lit le nom de la femme sur l’inscription de la lanterne, et reste quelque temps en méditation. Apparaît une ombre vague qui petit à petit se précise jusqu’à ce qu’elle devienne celle d’une femme. À ce moment la Femme vivante arrive dans un palanquin d’où elle descend. A mesure qu’elle se rapproche l’Ombre de la femme morte diminue et s’évanouit. La Femme chante. Elle commence à jouer du luth. Tout à coup le guerrier l’interrompt, la musique continue. Elle se tait. On entend une voix qui continue la chanson et qui finit en une espèce de rire étouffé. L’Ombre de la femme morte réapparaît, mais la Femme vivante se met devant elle en sorte que l’Ombre et le corps coïncident. Le Guerrier cherche à saisir l’Ombre, mais la Femme l’empêche en se mettant devant lui. Le Guerrier prend la Femme par les mains et l’éloigne. Puis il tire son sabre et d’un coup tranche le lien invisible qui rejoignait la Femme et l’Ombre. La Femme tombe. L’Ombre s’éloigne à quelques pas de plus en plus lents. Le Guerrier, l’épée à la main, se rapproche. À chaque pas qu’il fait, l’Ombre fait un pas. Quand elle est près de la lanterne, elle se retourne et l’attend. Le Guerrier donne un grand coup de sabre. Il retire son arme toute sanglante. La Femme pousse un cri et meurt. La lumière de la lanterne s’éteint. Le Guerrier se retire en chancelant. Quelques notes d’un luth que suit un faible éclat de rire. Cet atelier se propose d’explorer la dramaturgie claudélienne tout en s’initiant à l’art du Nô. L’apprentissage du Nô sera dirigé par Manzaburo Umewaka et ses fils Norinaga et Hisaki, issus d’une des branches de la famille Kanze, descendante de Zeami. L’approche dramaturgique, la direction d’acteur et la recherche musicale autour de l’oeuvre de Claudel seront conjointement menées par Lucia Bensasson, Jean-François Dusigne et le compositeur Frédéric Ligier. 9 L’atelier est organisé avec la collaboration de Carolyn Carlson et l’Atelier de Paris. La recherche vise à la symbiose organique entre les matériaux musical, prosodique, dramatique ainsi que chorégraphique. La démarche aspire à ne plus distinguer qui est d’abord musicien, chanteur, danseur ou comédien. La confrontation des compétences techniques respectives, selon des approches plutôt rythmiques, vocales, gestuelles ou ludiques permet de tirer profit de l’échange des expériences. Se rendre sensible aux volumes d’air, aux vibrations sonores entre les êtres, engager les corps sur des zones d’ombre ou de clarté, de vides et de pleins, dans un espace conçu comme dynamique avec ses attirances et ses répulsions, ses contacts, ses heurts, ses fusions, ses équilibres ou ses déséquilibres. ■ Paul Claudel et le Nô Frédéric Ligier, propositions pour un voyage musical Le voyageur est une source continuelle de perplexités. Sa place est partout et nulle part. Il vit d’instants volés, de reflets, de menus présents, d’aubaines et de miettes. Nicolas Bouvier, Chronique japonaise, Ed. Petite Bibliothèque Payot/Voyageur, 2001. Un voyage se prépare, se vit, puis nous habite. La préparation Elle visera à mettre en commun et à confronter les expériences respectives : rassembler comédiens, musiciens et danseurs autour d’une même perspective (cheminer vers l’orient, sur les pas de Claudel) : 1 L’accord : • justesse ou diapason commun, la voix et le corps en relation avec les instruments • le son : l’attaque, la tenue (grain du son lié à la vitesse d’émission, travail sur la vibration), la fin du son • de la pulsation au rythme : travail sur le tempo d’ensemble, développements rythmiques par la voix parlée ou chantée, le mouvement, la percussion. 2 “Dictionnaire ” commun : • intervalles /accords • modes de jeu (nuances, glissandi, techniques vocales …). Le voyage Cependant, munis de nos cartes et nos instruments de bord, nous veillerons à ce que connaissance et vacuité sachent à loisir alterner. 3 Structures et formes : improvisations libres ou sur des structures prédéterminées • le temps et l’espace comme paramètres déterminants. • Le retour Il faudra ensuite mettre en commun, confronter… pour que la matière poétique plusieurs fois filtrée, prenne forme et cohérence. 4 Textes /musiques : influences réciproques liées à la prosodie, à l’expression, au jeu de l’acteur. • 5 Claudel et le Japon, un son à chercher Norinaga Umewaka rencontre Carolyn Carlson au théâtre de l’Aquarium dans le cadre de June Events 04, le vendredi 25 juin à 20 h 30 Programme de l’atelier Le travail pratique sera accompagné de : • Conférences introductives sur le Théâtre japonais, la dramaturgie Claudel et les mises en scène de Claudel • Démonstrations sur l’art du Nô par les maîtres • Présentations commentées de divers documents audios et vidéos. L’atelier se déroulera en 3 temps. 1er temps du lundi 14 juin au vendredi 18 juin 2004 par Lucia Bensasson, Jean-François Dusigne et Frédéric Ligier De l’écriture à la parole : mise en espace du dire et du chanter • Les “ haïkaï ” de Claudel : tracé, mouvement, vivacité et ruptures de rythme • Mise en valeur de la prosodie claudélienne : métrique, accents et scansion du texte. Jouer avec le surnaturel La scène de Nô et la dramaturgie claudélienne sont hantées par les fantômes, les démons ou les êtres possédés. Comment sur scène palper l’invisible, traduire concrètement dans le jeu les rapports avec l’au-delà, rendre perceptible ou sensible le passage entre la vie et la mort ? • Préparation du souffle, travail respiratoire et vocal : rendre la parole organique • Entrer en scène. Le théâtre, comme lieu de passage • vers une chorégraphie du drame, en trajectoires. Des formes traditionnelles japonaises à la création d’une musique scénique contemporaine • Initiation, études de séquences musicales • Comment structurer et cadrer une improvisation, du choeur au soliste • Interactions entre la parole et le chant, entre l’acteur et l’instrumentiste • La musique scénique vise à soutenir, à ponctuer le mouvement du drame dans l’espace. 10 2ème temps du samedi 19 juin au lundi 5 juillet 2004 par Manzaburo, Norinaga et Hisaki Umewaka • • Initiation au Nô La Femme et son Ombre, de Paul Claudel, selon les règles et codes de jeu du Nô. 3ème temps du mardi 6 juillet au vendredi 9 juillet 2004 Résonnances entre la tradition japonaise et la dramaturgie claudelienne : • Poursuite et ponctuation de la recherche par Lucia Bensasson, Jean-François Dusigne et Frédéric Ligier. Une présentation des ébauches et de la démarche effectuée sera proposée en fin d’atelier. Ce stage est conventionné AFDAS Le Nô vu par Paul Claudel Le drame, c’est quelque chose qui arrive, le Nô, c’est quelqu’un qui arrive. Un peu comme cette porte, quand le Théâtre en Grèce a commencé et qu’une communication à travers le mur a été frayée avec l’invisible, où viennent l’un après l’autre s’inscrire les personnages de l’Orestie. Ici la scène se compose de deux parties : le Chemin ou Pont et l’Estrade. Le Chemin est une longue galerie couverte accolée à la paroi du fond et divisée par des supports verticaux en trois parties égales. L’Estrade, encadrée par quatre colonnes sous un toit, est une plate-forme de bois polie comme un miroir*. Elle est placée sur le côté droit de la salle et fait angle et avancement dans le parterre. C’est une disposition essentielle. Car ici le spectacle n’a pas lieu pour le spectateur qui, désormais anéanti et obscur, va prendre le temps à cette action sur scène ; il n’y a pas un drame et un public face à face correspondant de chaque côté d’une fissure de fiction et de feu. Ils entrent l’un dans l’autre, de sorte que par rapport à nous les acteurs marchent et se déploient latéralement et sur deux plans, avec lesquels chacun des assistants de par sa place forme une géométrie personnelle, suivant l’angle correspondant de son oeil et de son oreille. Tout se passe à l’intérieur du public qui ne perd jamais une impression à la fois d’enveloppement et de distance : simultanément avec nous, à notre côté. D’impermanence aussi. Le Pont, même quand les simulacres solennels ont cessé de s’y avancer, ne perd pas ses possibilités majestueuses d’introduction et de retraite, ni l’Estrade sous son dais qui est le pavillon du rêve, pareil à ces kiosques de cinabre et de corail dans les peintures chinoises où festoient au-dessus des nuages des bienheureux en robes turquoise et azur, ne cesse de faire perpétuellement ostension d’une présence ou d’une absence. À droite et à gauche, sur le bois couleur de beurre frais on a peint des bambous verts et sur le panneau du fond un grand pin. Cela suffit pour que la nature soit là. Les choses se passent dans cet ordre : À petits pas glissés arrivent d’abord les musiciens et les hommes du Chœur. Les premiers se placent au fond de l’estrade, sur une partie pour eux délimitée par un changement de dessin du parquet, appelée Koza. Il y a une flûte, deux tambourins doubles en forme de sablier, un petit qui se tient sur l’épaule droite, un plus grand qui se tient sur le genou gauche, et qui heurtés avec violence par les doigts à plat produisent une espèce de détonation sèche ; plus, pour les apparitions de dieux, de démons et de fantômes, un tambourin à baguettes ; c’est tout. Les instruments à coups sont là pour donner le rythme et le mouvement, la flûte funèbre est la modulation par intervalles à notre oreille de l’heure qui coule, le dialogue par derrière les acteurs de l’heure et du moment. À leur concert viennent souvent s’ajouter de longs hurlements poussés par les musiciens sur deux notes, l’une grave et l’autre aigüe : hou-kou, hou-kou. Cela donne une étrange et dramatique impression d’espace et d’éloignement, comme les voix de la campagne pendant la nuit, les appels informes de la nature, ou encore c’est le cri de l’animal qui se travaille obscurément vers le mot, la poussée sans cesse déçue de la voix, un effort désespéré, une attestation douloureuse et vague. Le Chœur n’est pas partie à l’action, il y ajoute simplement un commentaire impersonnel. Il raconte le passé, il décrit le site, il développe l’idée, il explique les personnages, il répond et correspond par la poésie et par le chant, il rêve et murmure accroupi au côté de la Statue qui parle. Il y a deux personnages seulement dans le Nô, le Waki et le Shite, chacun d’eux accompagné ❧ * D.R. Sous cette estrade un certain nombre de grandes jarres de terre cuite sont enfoncées dans le sol, l’ouverture en l’air, afin d’augmenter la sonorité des planches (toujours effleurées ou heurtées par les pieds nus). Pour attirer hors de la caverne où elle s’était réfugiée la déesse du Soleil, Amatérasu, la terrible Femelle-du-Ciel, Amé-no-uzumé, danse sur un tonneau renversé. 11 D.R. Paul Claudel et le Nô Umewaka ❧ou non par un ou plusieurs Tzuré, suivants, serviteurs, auxiliaires, conseil, ombre, pompe, amplification solennelle par derrière de la traîne. Le Waki est celui-là qui regarde et qui attend, celui qui vient attendre. Il n’a jamais de masque, c’est un homme. Préparé par la musique qui a tendu d’avance sous ses pieds un chemin sonore, le lourd rideau de brocart s’est soulevé, on le voit successivement passer par la triple ouverture de la galerie, et le voici enfin sur scène, il se tourne lentement vers nous, il approche son visage. Pour commencer, le plus souvent, il profère deux vers, dont le premier deux fois répété, et le Chœur en sourdine à son tour se redit à lui-même trois fois de suite la sentence. Puis en une longue tirade où chaque pas, un vers de sept syllabes affermi sur un vers de cinq, se laisse pour ainsi dire considérer, il déclare qui il est, le chemin qu’il a parcouru. C’est un moine par exemple qui a exploré, pour retrouver la concubine défunte d’un Empereur désespéré, les régions de l’arrière-monde. C’est une folle à travers la campagne déserte qui va à la recherche de son fils mort. Car le sexe du personnage englouti sous les vêtements n’importe pas, mais seulement sa fonction. Puis le Waki, accompagné ou non de son escorte, va s’asseoir au pied du pilier de droite en avant qui lui est réservé, et, les yeux fixés sur le côté par où l’on arrive, il attend. Il attend et quelqu’un apparaît. Dieu, héros, ermite, fantôme, démon, le Shite est toujours l’Ambassadeur de l’Inconnu et à ce titre il porte un masque. C’est quelque chose de secret et de voilé qui vient demander au Waki sa révélation. Sa marche et ses mouvements sont fonctions de ce regard qui l’a attiré et qui le maintient captif de ce sol imaginaire. Voici la femme outragée dont le fantôme pas à pas se rapproche de son assassin ; lui, pendant une longue heure, tiendra l’œil fixé sur elle, toute la salle le surveille, il ne doit pas cligner un cil. Voici l’âme de l’enfant Atsumori sous la forme d’un faucheur et seule la flûte merveilleuse a révélé qui il est. Le Waki interroge, le Shite répond, le Chœur commente, et autour de ce visiteur pathétique qui sous le masque vient apporter à son suscitation le Néant, il construit avec la musique une enceinte d’images et de paroles. Paul Claudel, “ Nô”, in L’Oiseau noir dans le soleil levant, Paris, NRF, Poésie/Gallimard, 2001, p. 214-217 12 Les Umewaka L’apprentissage du Nô sera dirigé par Manzaburo Umewaka et ses fils Norinaga et Hisaki, issus d’une des branches de la famille Kanze, descendante du fondateur Zeami.On peut lire dans une chronique du XVe siècle: « Il y avait au palais impérial une représentation de Nô. L’acteur s’appelait Umewaka. » Toute l’histoire du Nô est marquée par les rivalités entre les différents clans et branches familiales. Avant de fusionner, les Kanze et les Umewaka se brouillèrent à maintes reprises. A la suite de quoi, le très célèbre Manzaburo créa l’école Umewaka. Plus tard, il réintégra l’école Kanze. Premier acteur à être rémunéré par l’Académie Impériale, il reçut les plus grandes récompenses officielles. Depuis six siècles à chaque génération naît un acteur qui transmet le Nô pour le perpétuer jusqu’à nos jours. Souvenir du Kyôgen m’ait été donné de recevoir, ce fut la rencontre avec un très grand acteur et un très grand maître à l’infinie générosité : Shime Shygeyama. J’oserai dire que depuis ce stage, le Kyôgen, fait un peu partie de ma vie, il m’accompagne dans mon métier. Un récent voyage au Japon m’a permis de retrouver le Kyôgen sur place, dans ses murs, et de donner un prolongement à l’enseignement qu nous reçûmes pendant ces trois semaines de juin 2002 Les quelques lignes qui suivent voudraient témoigner, fût-ce imparfaitement, de ce que fut cet enseignement, témoigner de ce que peut avoir de fécond, de décisif même, pour un comédien la rencontre avec une pratique artistique étrangère * et lointaine. Elles voudraient être aussi un témoignage d’affection et de reconnaissance envers celles et ceux avec qui j’ai partagé cette découverte du Kyôgen, un hommage aussi à celui qui fut notre maître et notre initiateur. Quand on assiste pour la première fois à un “ Kyôgen ”, rien de plus simple en apparence que ce théâtre jubilatoire, tellement humain et drôle, si évident. Pourtant de même que le Nô, son proche parent tragique, le Kyôgen, théâtre comique dans son essence même, est un théâtre profondément élaboré: constitué par toute une grammaire, une science de l’espace, un langage du corps, une gestuelle, une pléiade de mimiques et de postures (les katas) ❧ Il s’agit de l’atelier De la tension tragique à la farce, les intermèdes comiques du théâtre japonais et élisabéthain, dirigé à ARTA du 3 au 28 juin 2002 par Shime Shigeyama et son fils Motohiko. D.R. En juin 2002, j’eus la chance et le bonheur de participer à un stage “ Kyôgen ”* animé par Shime Shigeyama. J’ai toujours adoré le théâtre comique. J’ai toujours eu l’indéracinable conviction que le comique et le burlesque au théâtre sont autant porteurs de profondeur et d’immensité que les grandes tragédies. Il est des vérités impossibles à dire des vérités qui ne peuvent que se rire. Le théâtre est par excellence le lieu de ce rire. Et décidément je ne me reconnais nullement dans une certaine sinistrose très en vogue sur les scènes françaises. Il me fut donc donné de hasarder le pied sur une planète de théâtre comique dont j’ignorais tout : le Kyôgen. Ces trois semaines de stage furent un intense et joyeux moment d’enthousiasme partagé entre les quinze participants. Ce fut un des plus beaux enseignements de théâtre qu’il Sensaku Shigeyama - Trésor national vivant, kyôgen 13 Souvenir du Kyôgen tre oriental en général, japonais en particulier. Espérer pouvoir “ améliorer ” sa technique ou, pire encore, la vouloir pimenter d’exotisme à la faveur d’un tel stage serait s’égarer dans l’illusoire. Ces trois semaines partagées avec Shime Shigeyama furent un voyage et une rencontre. Comme en voyage on découvre, rencontre et fait sienne pour un temps une terre étrangère dont on ignore les us, le langage et les pratiques. Le premier travail auquel nous fûmes conviés fut un travail tout simple de dépaysement. J’aurais même envie d’emprunter au grand philosophe Gilles Deleuze un de ses plus beaux concepts et de dire : « déterritorialisation ». Nous avons dès le premier jour chanté une chanson à boire extraite du répertoire Nô dont nous ne comprenions pas le texte, accrochés que nous étions à une transcription en phonétique (œuvre de D.R. ❧infiniment complexes et variées. Un théâtre qui aurait passé au crible et tamisé tous les états passionnels et quotidiens de la créature humaine puis les combinerait entre eux pour les faire danser à l’infini. L’acteur Kyôgen débute son apprentissage au sortir de la prime enfance, vers l’age de quatre ans, un apprentissage qui se prolonge loin et longtemps au-delà de l’arrivée à l’âge adulte, un peu comme chez nous l’apprentissage du violon, du piano ou de la danse classique, un apprentissage qui dure toute la vie. En termes si prisés de nos jours de rendement et d’amélioration des compétences, on imagine les limites d’un stage “ Kyôgen ” réunissant pour trois semaines une quinzaine de comédiens aux pratiques et parcours divers et dont la plupart ignoraient au départ tout ou presque du théâ- Motohiko et Shime Shigeyama, kyôgen 14 Dominique Palmet, salutaire interprète francojaponaise, fidèle et attentive tout au long du stage), le but étant moins de comprendre ce que nous faisions ou d’exécuter correctement un exercice que de faire connaissance avec une manière inconnue de chanter, d’activer nos voix et nos corps. C’est l’une des caractéristiques du Kyôgen : le sort dévolu au texte et aux voix. L’acteur Kyôgen déclame son texte d’une manière résolument vociférante. Ses paroles sont quelque chose de gueulard et joyeux qui hausse immédiatement le personnage à des hauteurs insoupçonnées chez nous de grandeur poétique et d’outrance burlesque. Peut-être le parler japonais permet-il cela bien mieux que le français. En tous cas voilà qui nous éloigne fort des cours d’art dramatique de chez nous où le plus important est d’apprendre à “ jouer naturel ”… L’essentiel de notre travail se fit dans, autour, et au moyen d’une courte farce “ kyôgen ” dont nous avons appris les déplacements, le texte (toujours en phonétique) et étudié les personnages. Shime Shigeyama nous montrait, nous reproduisions, enfin,… tentions de reproduire, épousant une gestuelle et des postures inédites à nos corps, proférant des mots que nous ne comprenions pas. Tout cela était très récréatif et, il faut bien le dire, souvent assez cocasse mais en même temps, nous avions le sentiment de recevoir une initiation. Grande caractéristique, je crois, de tout apprentissage artistique en Orient : le maître montre et l’élève copie ou tente de copier ce que montre le maître. Ainsi par exemple, notre stage débuta également par l’apprentissage de cette façon de marcher spécifique au Nô et au Kyôgen : des pas régulièrement glissés sans que jamais le talon ne quitte le sol. Shime Shigeyama nous montrait, nous reproduisions, enfin,… tentions de reproduire. Au pied de la lettre il s’est agi pour nous de mettre nos pas dans les pas du maître. Il en fut de même pour apprendre comment rire, comment pleurer … Le Kyôgen recèle un répertoire infini de manières rigoureusement codées de rire, de pleurer, d’avoir peur. Nous nous attelions de notre mieux à reproduire ce que Shime Shigeyama nous montrait. Il faut saluer son inlassable et conviviale générosité, sa patience (!) , son humour et sa disponibilité. Sans en avoir vraiment conscience, nous expérimentions deux notions essentielles en Orient et fort dévaluées chez nous. La première de ces notions ne suscite en occident le plus souvent, et dans le meilleur des cas, qu’un dédain condescendant teinté de mépris souriant : c’est la notion de “ maître ”. L’autre notion, rayonnement et prolongement de l’idée de maître est celle de “ transmission ”. Théâtre traditionnel et pluriséculaire, comme le Nô ou le Kabuki, le Kyôgen se transmet d’une génération à l’autre selon des règles fort rigoureuses. Il ne s’agit pourtant aucunement et loin de là d’un théâtre-musée, encore moins d’un genre académique et figé. C’est au contraire un théâtre en perpétuelle renaissance, il existe des pièces kyôgen modernes fort prisées du public, la tradition n’étant pas dans ce cas le culte ranci de vieilles idoles mais au contraire la science et l’art de pérenniser, en lui donnant quotidiennement chair et vie, un théâtre plusieurs fois centenaire. J’ai assisté à une représentation de Kyôgen au théâtre de Kyoto. Un jeune enfant de cinq ans faisait officiellement ses débuts sur scène et son principal partenaire était Sensaku Shigeyama, doyen, chef de troupe et chef de famille. A l’âge de 84 ans Sensaku Shi- geyama, resplendit sur la scène, irrésistiblement solaire et drôle, irradiant le Kyôgen de sa présence loufoque et patriarcale. D’autres acteurs jeunes et vieux les accompagnaient, l’enfant et lui, réunissant sur le théâtre âges et générations comme si, machinerie vivante à l’œuvre sous nos yeux, la “ transmission ” s’accomplissait en direct, offrande faite au spectateur et à l’instant présent. Si l’on me demandait de caractériser d’un mot l’acteur Kyôgen, je parlerais sans doute d’abord de son sourire. L’acteur-personnage Kyôgen est un être qui sourit. D’un sourire que rien ne motive ni ne justifie forcément, un sourire qui témoigne seulement d’un ravageant bonheur d’exister et d’être là. Et un sourire qui invite à sa suite le corps tout entier. Car l’acteur Kyôgen est un poète du corps. Un matin, Shime Shigeyama nous montrait les diverses et graduelles manières de jouer l’ivrognerie, thème fréquent dans le Kyôgen comme dans tout répertoire farcesque. Nous eûmes le privilège d’une inénarrable représentation privée. Shime nous montra la posture et la démarche du type qui rentre chez lui un peu pompette et très content d’avoir bu un petit coup de trop. Un sourire de pochetron joyeux barrait son faciès hilare et aviné et à le voir titubant d’avoir trop bu, on avait l’impression qu’il souriait avec ses pieds ! Car au-delà de la virtuosité corporelle, époustouflante et bien réelle, ce qui fait la beauté du jeu physique de l’acteur kyôgen, c’est sa puissance d’évocation poétique et narrative. C’est un art de l’acteur où le corps tout entier jubile, se fâche, boude, attend, questionne… Il est frappant de constater la grande parenté entre les postures des acteurs kyôgen et les silhouettes peuplant les paysages d’Hiroshige et Hokusai. Car plus qu’un art du mouvement, le corps de l’acteur kyôgen semble être un art de la posture. De la posture et de l’immobilité. Et c’est là, pour l’acteur occidental, un des plus puissants enseignements de ce théâtre. J’ai toujours été frappé, et je dois l’avouer souvent affligé, de constater à quel point nombre de comédiens de chez nous ont facilement peur du vide et du “ rien ”. Demandez à un acteur de ne rien faire, il se plaindra très vite d’ “ être en carafe ”. L’acteur kyôgen – et on retrouve ceci dans bien d’autres théâtres en orient – peut camper durant un temps infini dans une posture unique. Comme si le ressort de son art était moins le “faire ” que “ l’être ”. Et ceci confère au Kyôgen une dimension contemplative qui rappelle, si besoin est, ses accointances avec le Nô mais aussi qui hisse ce théâtre comique voire burlesque sur les 15 sommets et l’immensité du grand théâtre sacré. Plus d’un an et demi après ce stage et revenu d’un court et récent voyage au Japon, je demeure incapable de nommer les bienfaits de ma rencontre avec le Kyôgen. Cela demeure indéfinissable et, tel est mon credo, doit le demeurer. A l’image d’un des principes suprêmes du Nô : le “ yûgen ”. Yûgen : le charme subtil, l’indéfinissable évanescence. Quelque chose qui ne se mesure et ne se définit décidément pas en termes de connaissances acquises. Ayant eu récemment le bonheur de fréquenter de grands personnages comiques de Molière, j’ai senti à quel point le Kyôgen, ce théâtre d’un autre monde, m’accompagnait, m’inspirait sans que pour autant bien sûr il s’agisse de jouer Molière “ comme du Kyôgen ”. Qu’ai-je appris durant ces trois semaines de stage ? En termes de rendement et d’amélioration des compétences, rien ! Je n’ai rien appris mais j’ai rencontré. Ceci est sans doute pour large part affaire de chemin personnel, de goût et d’affinité profonde. Comme si, pardonnez à ma fatuité, le Kyôgen et moi avions rendezvous depuis longtemps, comme j’avais enfin rencontré un des amis qui manquaient à mon bonheur. Et ce théâtre là, incongru, étranger, m’a mystérieusement aidé à mieux comprendre et mieux aimer le théâtre “ de tous les jours ” qui est le mien. Je ne serai bien évidement jamais un acteur Kyôgen. Même si fantaisie m’en prenait et que je m’y attelais nuit et jour durant des heures et des heures, je ne serai jamais capable de pratiquer ce théâtre. Et c’est là justement le paradoxe suprême et merveilleux : je me sens riche de quelque chose que je ne saurai jamais faire, d’une contrée de théâtre enchanteresse et irrémédiablement lointaine qui demeure et s’obstine en moi, féconde, présente, vivante. Féconde, précisément, parce qu’inaccessible. Y. Gourvil décembre 2003 Informations pratiques Pour vous inscrire aux ateliers Parution Le prochain programme du baccalauréat Théâtre portera sur Le Théâtre du Soleil, des traditions orientales à la modernité occidentale. A la demande du Centre national de documentation pédagogique, Jean-François Dusigne a écrit sur le sujet. Le livre présente l'aventure d'une création menée par le Théâtre du Soleil dans ses multiples références à l'Orient. Il témoigne également de la démarche poursuivie à ARTA et de l'expérience auprès des grandes personnalités qu'elle a accueillies. Un glossaire sur les différents théâtres orientaux accompagne l'ouvrage abondament illustré de photographies. Edité dès janvier 2004 au pris de 760, cet ouvrage sera disponible à ARTA La documentation d'ARTA Vous devez adresser un courrier à ARTA Cartoucherie 75012 Paris avec : • votre nom et prénom • votre adresse et numéro de téléphone • un lettre d'intention • un curriculum vitæ • une photo d'identité • une enveloppe timbrée • le titre du stage de votre choix Après réception de ce courrier, nous vous donnerons rendez-vous pour un entretien. Téléphone 01 43 98 20 61 Télécopie 01 43 74 87 65 A Pour venir à la Cartoucherie ARTA est la grande maison blanche à l'entrée de la Cartoucherie de Vincennes. A pied R Château de Vincennes en tête de train Bus 112 - arrêt “ Cartoucherie ” En empruntant l'entrée piétons, ARTA se trouve à gauche après avoir contourné le centre équestre. En voiture Esplanade du château de Vincennes puis suivre la signalisation “ Cartoucherie ”. En empruntant l'entrée voiture, qui mène au parking, ARTA est la première maison sur la droite. Pour soutenir nos activités, adhérez à Entraînement de Wu Su Avec Maître François Liu Kuang-Chi Chaque vendredi matin de 9h à 11h à ARTA La pratique du Wu Su mêle le Taï Chi Chuan et le Qi Kong (pensée du Tao, renforcement énergétique, auto massage). Cet entraînement se poursuit chaque semaine. Il reste ouvert à tous. (A la sortie du métro Château de Vincennes, le bus n° 112 est à 8h38.) Conditions : - Adhésion annuelle ARTA de 20 - La carte de sept séances est de 70 , à répartir librement sur le trimestre. Membre actif Membre de soutien Membre bienfaiteur 35 70 100 Présidence : Paul-Louis MIGNON, Ariane MNOUCHKINE Direction : Lucia BENSASSON, Jean-François DUSIGNE Secrétariat, communication : Claire MARIN Entretien de la maison : Taous TOUIDJILE ARTA est subventionnée par le Ministère de la Culture, la DRAC Ile-de-France et la Ville de Paris Conception : Simon Holzman © 2004 - [email protected] RTA propose une réflexion sur l'art et le métier d'acteur, en tirant profit des passerelles tendues entre les différentes sources du théâtre mondial pour préciser les outils de l'acteur d'aujourd'hui et ce, non seulement à l'instant concret du travail sur les planches, mais aussi au moment où l'expérience se décante, lors du recours à l'écrit. ARTA poursuit ainsi sa double vocation d'atelier et de recherche en offrant un lieu quotidien de rencontre et de travail privilégié par la qualité des artistes invités et la richesse de son fond documentaire (livres et vidéos) constitué depuis treize ans. Ces matériaux peuvent être consultés sur place après rendez-vous.