La montagne aux bijoux
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La montagne aux bijoux
♦ La montagne aux bijoux. 1- Une histoire douce, de Mohammad-Reza Abedi (Titre original : Hekayat-e shirine) 1995, 15 minutes, couleur, sans parole. Technique : éléments découpés. Histoire : Le coq réveille les habitants d’un village. Un paysan part travailler. Il libère une biche prise au piège, il coupe des branches (fagot). Il rencontre une cigogne blessée, alors qu’un chasseur passe sur son cheval, et la ramène chez lui où sa femme la soigne. (Fin de la première journée, fondu au noir). Le coq chante. L’homme repart couper du bois. A son retour, il trouve la cigogne guérie. (Fondu au noir). Le lendemain, la cigogne l’accompagne dans la journée et il l’entraîne à voler. Elle voit passer une autre cigogne et s’envole pour la rejoindre. (Fondu au noir). Une nouvelle journée se passe et le soir, en revenant dans sa maison, l’homme se repose et, en regardant la lune, pense à la cigogne. (Fondu au noir). Le jour suivant, la cigogne revient et dépose 3 graines sur le sol. L’homme plante les graines. Les saisons passent (automne et feuilles qui volent, orage et pluie). Au printemps, pousse une plante qui donne une pastèque. Le corbeau observe. L’homme ramène la pastèque chez lui et lorsqu’il l’ouvre, elle libère des pièces d’or et il rêve qu’il est sur un cheval, qu’il est bien habillé et qu’il mange des confiseries colorées. L’homme va dans toutes les maisons du village et jette une pièce d’or dans chacune. Pendant ce temps, le corbeau va voir le chasseur et lui raconte l’histoire (repérer comment cela se fait : on voit l’ouverture du bec du corbeau et, à chaque fois une scène de ce qui s’est passé depuis la rencontre du vieil homme et de la cigogne blessée). Le chasseur part sur son cheval et cherche la cigogne. Quand il la trouve, il la blesse et la prend ensuite chez lui jusqu’à ce qu’elle soit guérie. Elle s’envole puis revient déposer trois graines que le chasseur plante. Les saisons passent et l’homme reste à côté pour surveiller. Au printemps, une énorme pastèque apparaît que l’homme imagine pleine d’or. Il a du mal à monter ses escaliers avec la pastèque dans les bras, il tombe, la pastèque se casse et il est poursuivi par un essaim d’abeilles ! Le corbeau observe encore. Le chasseur se jette dans la rivière. Le vieux paysan sourit et montre du doigt la cigogne. ♦ ♦ Pistes d’exploitation : Le conte : il était une fois. Peut-on tirer une morale de cette histoire ? Le comparer à un autre conte connu. Raconter l’histoire, dessiner les personnages ou les animaux sur du papier noir ou découper des silhouettes. Comparer les silhouettes découpées de ce film et celles du film Princes et Princesses de Michel Ocelot Décrire les animaux rencontrés : biche, cigogne, corbeau, oiseaux… 1 Décrire les principaux personnages : - Le vieil homme et sa femme. Il respecte les animaux et les aime. Il partage sa fortune. - Le corbeau est envieux : il passe son temps à surveiller le paysan. - Le chasseur : décrire ses expressions : il a l’air de mauvaise humeur ou il sourit. La première fois qu’il blesse la cigogne, il n’est pas content que le paysan la soigne. La deuxième fois, il fait semblant de s’intéresser à elle et d’être gentil. Il sera puni. Les procédés cinématographiques : - La communication dans un film sans paroles : au moment où le corbeau va voir le chasseur et lui raconte l’histoire, son bec s’ouvre et, à chaque fois une scène du récit apparaît (comme un diaporama). - Eléments découpés : les sujets sont en papier noir, les décors (arbres, soleil…) sont en couleurs. - Le passage du temps (cf. paragraphe 4) : fondus au noir. On peut compter les jours qui se succèdent. La germination des graines est filmée en accéléré. 2- Les oiseaux blancs (Titre original : Sepid balan) de Abdollah Alimorad, 1994, 15 minutes, couleur, sans parole Technique : marionnettes animées. Aucun effet spécial informatique n’a été employé. ♦ Histoire : Un ciel bleu, des nuages, deux oiseaux blancs volent. Ils traversent des nuages et se posent sur un arbre, dans un verger. Ils mangent des fruits rouges. Ils se posent sur un lac (ce sont des cygnes) et s’envolent à nouveau. Ils rencontrent des oiseaux gris qui n’ont pas d’yeux, repartent. (Fondu au noir) L’automne et l’hiver arrivent, il n’y a plus de nourriture. (Fondu au noir). Ils retournent vers le marécage ensoleillé. L’oiseau sans yeux leur offre des vers de couleur verte, un des oiseaux blancs accepte d’en manger un, alors son conjoint essaie de l’entraîner dehors, mais il remange un autre ver. L’autre s’envole. (Fondu au noir). Il neige, l’oiseau resté seul a froid et faim. Il s’envole et il a l’air de disparaître dans les flocons de neige. (Fondu au noir). Le soleil se lève. Le printemps est revenu. L’oiseau blanc revient chercher son compagnon mais ce dernier a changé de couleur, il est devenu trop gros et il ne peut pas voler. Des couples d’oiseaux blancs passent dans le ciel et l’oiseau qui s’est transformé baisse la tête. ♦ Origine du film : Le film est inspiré d’un poème de Parviz Narel-Khanlari appelé « l’Aigle ». On dit que l’aigle ne vit qu’une trentaine d’années. Un aigle approchant de cet âge, pressent la fin de son existence et, rêvant d’une vie plus longue va voir le corbeau (qui dit-on peut atteindre 300 ans). Il lui demande le secret de sa longévité. Ce dernier l’emmène vers un marais et lui propose de se nourrir des nombreux vers et larves qu’il rencontrera lui assurant qu’il s’agit du secret demandé. L’aigle, dans sa dignité n’acceptant pas une telle nourriture, prend son envol vers le zénith où, n’étant bientôt plus qu’un point, disparaît. Le réalisateur précise : « L’aigle est emblématique d’une nourriture plus noble. Dans le film, ce caractère a été remplacé par le plumage blanc des oiseaux, symbole de pureté. J’espère avoir réussi à 2 rendre l’essence du poème de Khanlari tout en créant une atmosphère particulière s’accordant avec le langage de l’image. Nous qui réalisons des films pour les enfants essayons généralement de donner une fin heureuse à nos œuvres afin de ne pas leur transmettre un message négatif. La fin des « oiseaux blancs » est triste, mais elle est exemplaire. Pour néanmoins tenter de transmettre un message d’espoir, on aperçoit, au moment du générique de la fin du film, un oiseau blanc qui traverse le champ, puis un second qui tente de le rejoindre… » ♦ ♦ Le thème du film : Au début deux oiseaux blancs qui paraissent inséparables. A la fin, ils sont devenus différents. Le couple d’oiseaux s’est défait, celui qui est resté asservi à la nourriture du marécage a subi des transformations physiques et il ne peut plus voler. L’autre oiseau est resté blanc (et pur ?) parce qu’il n’a pas voulu de cette nourriture. Il s’agit peut-être de montrer qu’il ne faut pas se laisser aller à la facilité ou ne pas avoir de dépendance. Pistes d’exploitation : Raconter l’histoire. Faire dire aux enfants ce qu’ils ont compris. Comparer avec un autre conte (« Les cygnes sauvages »…) Le film montre le point de vue des oiseaux en vol, on peut comparer avec des images de la « Terre vue du ciel » Les procédés cinématographiques : cf. paragraphe 4 3- La montagne aux bijoux, de Abdollah Alimorad, Prix Unicef Berlin 1995, plus 3 autres prix. 1994, 30 minutes, couleur, sans parole, marionnettes animées. Histoire : En ville, dans les rues du bazar, un jeune garçon travaille dur pour gagner sa vie : il transporte dans sa brouette des sacs de charbon. Il passe devant une bijouterie et découvre, à travers les vitres des vitrines avec des pierres précieuses. Il rêve d’être dans la boutique, richement habillé et assis entre les vitrines ou en train de recevoir des pourboires de gens riches. Son patron finit par le renvoyer. Il frappe à la porte de la boutique puis s’assoit devant. Le propriétaire finit par le faire renter et lui donne de beaux vêtements. Il admire les bijoux dans les vitrines et découvre, en se regardant dans la glace que la glace pivote : derrière, une pièce avec des peaux de moutons. Son nouveau patron lui remet un sac (argent ?) lui confie une pochette, un fouet et une peau de brebis. Ils partent en barque. Après un long voyage, ils entrent dans une grotte, suivent la rivière souterraine et arrivent au pied d’une montagne dont le sommet contient des pierres précieuses. Le maître attache la peau de brebis sur le dos et la tête de l’enfant et imite le cri d’une brebis. Un aigle qui niche sur cette montagne descend alors en tournoyant et capture la fausse brebis. L’enfant, arrivé en haut, chasse l’aigle grâce à son fouet. Il contemple les pierres précieuses et remplit son sac. Son maître l’appelle, l’enfant jette le sac et son maître part tout seul, abandonnant l’enfant. qui crie, pleure et découvre les vêtements des autres enfants. Il repense alors à la manière dont il a été embauché. Un ♦ 3 chasseur blesse avec une flèche la patte de l’aigle qui revient alors à son nid. L’enfant, pris de pitié arrache la flèche et déchire son vêtement pour faire un pansement à l’aigle. L’aigle regarde l’enfant dormir et s’envole : il revient en rapportant une pomme à l’enfant qui n’en veut pas. L’aigle prend l’enfant dans ses serres et le ramène en ville. Le garçon découvre que c’est son ami que le vendeur de bijoux a embauché puis emmené en barque avec une peau de bélier. Son ami les suit avec un bateau de fortune (une bassine en cuivre). Ils poursuivent le maître qui se cache dans le chaudron et les deux garçons font tourner ce chaudron. Mais le maître s’enfuit. Les deux enfants imitent à leur tour le bêlement du mouton : l’aigle arrive et emporte l’homme. Les deux garçons repartent avec la barque. ♦ Origine du film : Le réalisateur explique que pour lui, l’une des meilleures utilisations de la technique des marionnettes animées est le domaine du conte. En recherchant « Le » conte à animer, il a trouvé un dans recueil de contes à la bibliothèque de Téhéran. C’était des contes anciens, transmis par voie orale, dont les auteurs étaient inconnus. Il précise : « J’ai été immédiatement séduit par cette histoire de montagne dont le sommet qui recélait des pierres précieuses n’était accessible par aucun chemin. De plus, l’idée qu’un aigle y avait établi son aire, me faisait rêver. Je crois que ce conte prend ses racines dans les régions du sud-ouest de la Russie (Caucase, Kirghizistan et Turkménistan). Plus tard, j’ai découvert d’autres versions de ce conte… » « J’ai apporté quelques modifications à l’histoire en inventant l’histoire de l’aigle blessé. Dans la version originale, la mer et les grottes n’existaient pas… » ♦ Pistes d’exploitation : Raconter l’histoire et justifier le titre. Imaginer une autre fin ou une suite. Le genre et le thème du film : Un conte, une fable, une histoire d’amitié entre deux enfants et entre un enfant et un aigle. Un conte commence par « Il était une fois… » Une fable est un court récit allégorique contenant une morale : par exemple « Les Fables de La Fontaine » mettant en scène des animaux. Les principaux personnages : les décrire - Les deux enfants : ils sont amis et, grâce à cette amitié, le premier enfant (qui connaît le sort promis aux enfants embauchés par le bijoutier) sauvera son ami - Le propriétaire de la bijouterie : il n’est intéressé que par les pierres précieuse recueillies au sommet de la montagne par les enfants. Il les abandonne à une fin cruelle. Il sera puni. - L’aigle : il capture ce qu’il croit être des moutons et les amène dans son aire, puis il les mange. Il sera pris de pitié pour l’enfant qui l’a soigné quand il était blessé et il l’aidera à retrouver la ville en le transportant dans ses serres. La symbolique de l’aigle : L'aigle est le roi des oiseaux. Il incarne des pensées et des qualités élevées. C'est un symbole si fort, qu’il n'est pas de récit ou d'image historique dans toutes les civilisations où l'Aigle n'accompagne pas les plus grands dieux comme les plus grands héros. 4 L'aigle est dit on, le seul oiseau qui puisse regarder le soleil et qui ne manque jamais sa proie. Il est celui des oiseaux qui vole le plus haut. Ceux qui connaissent les oiseaux le considèrent comme le signe de la victoire. C'est ainsi qu'il a été l'emblème impérial de César et Napoléon et que de nombreux Chamans et chefs de guerre empruntent ses attributs pour utiliser ses pouvoirs. Mais c'est aussi un oiseau de proie qui enlève ses victimes dans ses serres pour les conduire dans son nid inaccessible. C'est alors qu'il symbolise la volonté de puissance inflexible et inassouvie. C'est son aspect négatif. Il devient alors symbole de l'oppression et de l'orgueil. Les procédés cinématographiques : - Technique d’animation : marionnettes animées (créatrice : Farzaneh Babaï) « La plus grande difficulté pour réaliser ce film a été la réalisation des prises de vue de loin car le studio n’était pas immense et nous ne disposions pas de systèmes numériques. Finalement, nous avons résolu le problème en fabriquant des décors et des marionnettes de différentes tailles. Le mouvement de bateau dans l’eau et le déplacement de l’aigle faisaient aussi partie des difficultés de notre travail. L’écriture du scénario s’est faite en trois mois. La fabrication des décors et des marionnettes a pris six mois, puis, pour l’animation et la photographie, il a fallu encore huit mois, enfin trois mois pour le Montage et le mixage du son, soit un total de vingt mois ». - Effets sonores et musique : on entend un mélange d’instruments orientaux et occidentaux. « La musique fait partie des éléments qui donnent une identité au film. Lorsqu’on entend le son de cet instrument iranien qui est le « Santour » ou le « Tar », on peut deviner l’origine du film. Mais ces instruments iraniens n’étant pas suffisants par eux-mêmes, il a fallu la collaboration d’instruments occidentaux ». Le « Santour » est une sorte de cymbalum en forme de trapèze isocèle et à cordes frappées à l’aide de deux baguettes recourbées. Il peut être considéré comme l’ancêtre du piano. Actuellement, il est beaucoup utilisé en Irak. Le « Tar » est un instrument à cordes pincées : un luth à log manche et dont le corps est en forme de double corps. Il est utilisé en Iran, Azerbaïdjan, Géorgie, Arménie, Turquie, Tadjikistan et Ouzbékistan. 4- Pistes d’exploitation pour les trois films ♦ Ce sont des films iraniens : on le remarque avec l’écriture des génériques, les décors de villes, les vêtements des gens, le bazar, la musique… Ces films sont produits par L’institut pour le développement intellectuel des enfants et des adolescents (Kanoon, Iran), créé en 1965. Il a d’abord édité des livres à caractère éducatif. Puis en 1969, sous l’impulsion d’Abas Kiarostami, il a créé sa section cinéma qui s’efforce, à travers ses productions de rendre compréhensible aux adultes le monde des enfants. Les films d’animation qu’il produit se distinguent par leur grande créativité artistique et par leur dimension poétique et philosophique. ♦ Ce sont des histoires sans paroles : décrire ce qui permet de comprendre ce qui se passe. Le visuel et les sons ont beaucoup d’importance. Dans le film « Une histoire douce » le corbeau communique avec le chasseur (cf. paragraphe 1). 5 ♦ Ce sont des films d’animation : Ici, deux procédés sont utilisés : les éléments découpés (animation en 2 dimensions) et les marionnettes (animation en 3 dimensions). Pour réaliser un film d’animation, 24 images par seconde d’action sont nécessaires pour reproduire correctement le mouvement : Pour utiliser la persistance rétinienne dans la création de mouvement, il faut que l’image se forme toujours au même endroit dans l’œil, ce qui se produit si la projection se fait sur un écran. L’arrivée d’une deuxième image, séparée par un temps pas trop long de la première, permet sa superposition. Si quelque chose a changé entre les deux images (par exemple la position d’un personnage) le cerveau interprète cela comme un mouvement. Il y a plusieurs techniques d’animation : - L’animation à plat ou en 2 dimensions (2 D) utilise une caméra perpendiculaire au sujet. On peut animer ainsi des peintures ou dessins, des éléments découpés, des matériaux ou objets, des poudres sur verres (pastel, sable…) … Le déplacement imperceptible entre chaque prise de vues, de morceaux de matériaux plats (papiers ou tissus découpés, silhouettes…), permet de composer des tableaux successifs et de créer une impression de mouvements. - L’animation en 3 dimensions (3D) utilise une caméra placée en face du plateau de tournage et les objets sont déplacés devant la caméra. On peut animer des objets rigides, des objets flexibles (pâte à modeler, fil de fer…), des marionnettes… Elles doivent avoir des articulations souples pour pouvoir être disposées dans des attitudes successives exigées par l’animation image par image (la marionnette est placée dans une position puis on fait une prise de vue, ensuite on modifie un peu sa position : par exemple on déplace un peu le bras ou la jambe et on refait une prise de vues et ainsi de suite … jusqu’à la fin du mouvement que l’on veut créer). L’utilisation de pâte à modeler permet une certaine souplesse. L’animation d’oiseaux est particulièrement difficile à cause des techniques du vol à reproduire. Dans certains cas le squelette de l’oiseau est métallique, articulé par des rotules. - L’animation par ordinateur : les personnages, objets et décors créés par ordinateur en images de synthèse forment ce qu’on appelle la réalité virtuelle. L’ordinateur peut être utilisé comme un assistant à la réalisation (pour le montage ou la réalisation d’effets spéciaux) ou comme un outil de création d’images. ♦ Le passage du temps au cinéma : Dans certains films d’animation on voit le passage des saisons au travers du décor : les arbres perdent leurs feuilles en automne, le vent, la pluie ou la neige montrent l’hiver et, au printemps les feuilles et les fleurs réapparaissent sur les arbres… Le passage du temps peut être marqué par un coucher et un lever du soleil ou par un coq qui chante ce qui permet de suivre le passage des jours. Un autre procédé est le fondu au noir : truquage conduisant à la disparition progressive de l’image jusqu’au noir (fermeture en fondu) ou à l’apparition progressive de l’image à partir du noir (ouverture en fondu). Cela permet de montrer que du temps est passé. 6 www.lesfilmsduwhippet.com : site où on peut obtenir l’affiche du film, des photos, un dossier de presse. Dossier préparé par Nicole Montaron, Atmosphères 53. Novembre 2008. 7