La réforme LMD à l`Université de Lomé
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La réforme LMD à l`Université de Lomé
Réseau Ouest et Centre Africain Educational Research Network for de Recherche en Education West And Central Africa -------------Programme de petites subventions ROCARE pour la recherche en éducation Edition 2011 La réforme LMD à l'Université de Lomé : une évaluation à mi-parcours Rapport final Recherche financée par le Réseau Ouest et Centre Africain de Recherche en Education (ROCARE) Chercheurs : 1. Delali DEKOR, DEA en Sociologie, Chef d’équipe 2. Kokouvi Delali ABBEY, DESS en Analyses statistiques 3. Konga PALASSI, Doctorant en Anthropologie 4. Dr. Edinam KOLA, Enseignant-chercheur, Chercheur principal. Parain : Dr. Philippe Dzek AMEVIGBE, Coordinateur National Rocare - Togo ROCARE / ERNWACA • Tel: (223) 221 16 12 / 674 83 84, Fax: (223) 221 21 15 • BP E 1854, Bamako, MALI Bénin • Burkina Faso • Cameroun • Côte d’Ivoire • Gambia • Ghana • Guinée• Mali • Nigeria • Sénégal • Sierra Leone • Togo www.rocare.org 1 Sigles et acronymes AUF : Agence Universitaire de la Francophonie CAMES : Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur CIC : Centre Informatique et de Calcul CIP : Cellule d’Information Pédagogique DAAS : Direction des Affaires Académiques et de la Scolarité DIRECOOP : Direction de l’Information, des Relations Extérieures et de la Coopération DPSRMT : Direction des Prestations de Services et des Relations avec le Monde du Travail DRPI : Direction des Ressources Pédagogiques et de l’Innovation EAM : Ecole des Assistants Médicaux ENSI : Ecole Nationale Supérieure d’Ingénieurs ESA : Ecole Supérieure d’Agronomie ESSD : Ecole Supérieure de Secrétariat de Direction ESTBA : Ecole Supérieure des Technologies et Biologies Alimentaires FASEG : Faculté des Sciences Economiques et de Gestion FDD : Faculté De Droit FDS : Faculté Des Sciences FLESH : Faculté des Lettres et des Sciences Humaines FMMP : Faculté Mixte de Médecine et de Pharmacie FSS : Faculté des Sciences de la Santé LMD : Licence, Master, Doctorat OGECC : Observatoire Géographique pour l’Evaluation du Climat et des Catastrophes PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement QCM : Questions à Choix Multiples REESAO : Réseau pour l’Excellence de l’Enseignement Supérieur en Afrique de l’Ouest TIC : Technologies d’information et de Communication TP : Travaux Pratiques UE : Unité d’Enseignement UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine UL : Université de Lomé 2 Résumé exécutif L’internationalisation des systèmes d’enseignement bute aujourd’hui en Afrique sur des écueils qu’il convient de cerner de près si l’on veut assurer une formation de qualité. La mise en place d’un nouveau système de certification et de catégorisation des diplômes, le LMD (Licence Master et Doctorat), est à l'origine d'un grand nombre de changements empreints de difficultés. Il s’agit notamment des difficultés d’ordre logistique (insuffisance de locaux, de ressources documentaires, de laboratoires, de matériels informatiques), financier (insuffisance de ressources financières) et humain (insuffisance du personnel enseignant). En vue de mieux cerner les contours de cette réforme et de mieux l’orienter, il importe de faire l’analyse critique des actions menées afin de proposer des solutions en vue de la maîtrise des objectifs de la réforme en cours. La présente étude est guidée par une question : quel est le point sur l’état des avancées ainsi que des faiblesses sur les plans de l’enseignement, l’apprentissage, l’évaluation, la gestion administrative et technique de l’Université, puis la professionnalisation des formations dans la dynamique du LMD à l’Université de Lomé? Le but de cette étude est d’évaluer à miparcours la réforme LMD à l’Université de Lomé. Il s’agira d’analyser les forces et faiblesses, les succès et échecs enregistrés dans l’étape actuelle de la réforme, puis d'identifier les problèmes ou contraintes qui constituent des facteurs de blocage à sa mise en œuvre. Du point de vue méthodologique, il s’agit d’une étude qualitative basée sur le principe de la triangulation ; les données proviennent de diverses sources : observations, entretiens et ressources documentaires. Sur le plan théorique cette évaluation de la réforme LMD prend appui sur les principes qui régissent la mise en œuvre et les finalités de la réforme, à savoir : « enseigner autrement, étudier autrement, évaluer autrement, gérer autrement, professionnaliser ». Il s’agit d’une recherche évaluative basée sur un enjeu pragmatique. La théorie de l’étude est cadrée par la théorie actionniste et appuyée par les théories praxiques. Les cinq principes ou axes majeurs de la réforme su-cités constituent les articulations de cette évaluation. A l’analyse du premier principe de la réforme qui est d’évaluer autrement, il résulte que l’avancée majeure obtenue dans le cadre des innovations pédagogiques est la semestrialisation des cours. Cette avancée n’a malheureusement pas impulsé d’autres changements. De ce fait, les méthodes d’enseignement n’ont pas assez évolué par 3 comparaison aux formes classiques, les TICs étant encore très peu utilisées, les documents à la bibliothèque étant dépassés et les polycopies étant peu généralisées. Le second principe se décline sous le concept « étudier autrement ». Ce principe qui repose sur le rôle des apprenants en tant qu’acteurs et cibles dans l’acquisition du savoir opte pour une responsabilisation de l’étudiant. Ici encore, il a été noté, des difficultés de l’étudiant à s’adapter aux réalités du LMD. Par ailleurs, ceux-ci déclarent être surchargés par l’apparition d’une pléthore d’Unités d’Enseignement (UE) mal planifiées, souffrant de problèmes de conception et d’organisation. Le troisième principe de la mise en œuvre du LMD est d’« évaluer autrement ». A cet effet, la capitalisation des UE a été introduite et le système d’évaluation repose sur la possibilité d’avoir au moins deux notes pour valider une UE. De plus la session de rattrapage a été supprimée cédant place au système d’évaluation continue et cumulative. Cependant, force est de constater que la méthode d’évaluation est encore calquée sur le modèle classique. Les enseignants, d’une façon générale, tardent à changer leurs méthodes d’évaluation. Le quatrième pilier consiste à gérer autrement. Il est question de répondre à travers l’art organisationnel aux exigences techniques, scientifiques et surtout matérielles liées à la réussite du LMD. Il a été constaté, certes des avancées, mais des problèmes logistiques, financiers, organisationnels et humains, sont encore visibles avec en particulier des salles de cours insuffisantes à effectifs pléthoriques. Enfin, il a été analysé le niveau de professionnalisation de la formation. L’analyse a révélé un début de renforcement des systèmes d’enseignement en Unités d’enseignement professionnalisantes en filières et en matériel de simulation en vue de faire des apprenants des personnes qui répondent bien aux besoins du marché. A cet effet, la professionnalisation est vue comme étant encore à son début. Il importe de repenser le système, de le recadrer et de faire en sorte qu’il soit plus efficient et qu’il réponde aux besoins de la société. A cet effet, il est recommandé une intensification de l’information et de la communication autour des réalités du LMD. Il importe également d’allouer un budget à même de répondre aux défis infrastructurels, financiers, pédagogiques, et professionnalisants de la réforme. 4 Introduction L’internationalisation des systèmes d’enseignement bute aujourd’hui en Afrique sur des écueils qu’il convient de cerner de près si l’on veut assurer une formation de qualité. La mise en place d’un nouveau système de certification et de catégorisation des diplômes, le LMD (Licence Master et Doctorat), est à l'origine d'un grand nombre de changements. S'identifiant au système anglo-saxon (Bachelor, Master and Ph. D) organisé suivant une architecture à trois niveaux, le système LMD a été adopté par les universités d’Afrique francophone à la suite de certaines universités européennes impliquées dans le mouvement connu sous le nom de « processus de Bologne ». Le LMD est caractérisé par des domaines de parcours constitués d’Unités d’enseignement (UE) assorties de crédits, d’enseignements donnés en semestres, de la capitalisation des UE. La mise en œuvre du LMD dans les universités francophones africaines est source de bouleversements, parfois même d’instabilité sociale. Six années après le lancement de cette réforme à l’Université de Lomé, il semble important de faire le point sur les avancées enregistrées ainsi que les insuffisances liées à la réforme. Cette démarche permettra de faire des propositions en vue d’une réorganisation de la réforme, réorganisation qui tiendra compte de tous les paramètres qui interagissent dans sa mise en œuvre. Cette étude s’articule en quatre points. La première partie est consacrée à l’énoncé du problème et à la justification de l’étude. La seconde partie présente la cadre théorique de l’étude. La troisième partie rend compte de la démarche méthodologique adoptée. Enfin, dans la quatrième partie, les résultats de l’étude sont présentés et analysés. 1. Problématique et justification de l’étude 1.1. Contexte et problème Entre 2005 et 2012, une série de changements ont marqué la mise en œuvre du système LMD : semestrialisation des cours, création de parcours, capitalisation des unités d’enseignement, validation des UE, organisation du cursus de chaque étudiant en trois niveaux. Ces innovations ont provoqué des manifestations estudiantines 5 (attroupements et tapages d’étudiants révoltés contre le système de formation, question de compensation entre unités d’enseignement, revendications de la session de rattrapage supprimée depuis 2008, obligation à rendre des dossiers de recherche). Les enseignants quant à eux ont manifesté leurs réticences et mécontentements vis-à-vis des changements. A ces faits s'ajoutent les difficultés d’ordre administratif ayant trait par exemple à l’organisation des examens et à la gestion des salles. Cette réforme a été engagée pour répondre aux défis inhérents à l’internationalisation et à la globalisation des savoirs puis à la nécessité de renforcer le défi de l’efficacité de l’enseignement dispensé dans les universités et de le rendre adapté au marché de l’emploi. Ainsi, en optant pour une harmonisation des parcours et diplômes d’enseignement supérieur, les universités d’expression française membres du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES) visaient davantage une amélioration de la qualité de l’enseignement et une meilleure insertion sociale et professionnelle des jeunes diplômés (Sall, 2008). De ce fait, pour éviter de se faire marginaliser par rapport aux universités anglophones fonctionnant depuis longtemps dans ce système, puis par rapport aux universités d’Europe intégrées depuis 1999 dans le processus dit « de Bologne1 », les pays d’Afrique francophone lancèrent le défi d’intégrer leur système universitaire dans le modèle « LMD ». Il s’agissait pour ces universités de moderniser leur système d’enseignement avec à la base, une politique d’innovation résumée en cinq points essentiels: enseigner autrement, étudier autrement, évaluer autrement, gérer autrement, professionnaliser2. Si aujourd’hui il est intéressant de constater que la plupart de ces universités ont basculé dans le système LMD, il apparaît trop tôt d’en dresser un bilan. Cependant, il semble urgent au regard des expériences faites depuis les cinq ou six années écoulées, de réfléchir aux tenants et aboutissants du système. 1 Bologne désigne la ville où, en 1999, la réforme LMD dans les universités européennes non anglosaxonnes a été lancée. 2 REESAO (2008) : Guide de formation du LMD : à l’usage des institutions supérieures d’Afrique francophone. 6 De leur côté, en adoptant ce système, les autorités universitaires de Lomé cherchaient à mettre fin à un certain nombre de reproches qui leur étaient faits : parcours trop généraux ne débouchant pas sur des compétences à faire valoir sur le marché du travail, taux d’échecs et d’exclus importants, système d’évaluation axé sur la sélection, enseignement trop théorique3. En décidant de créer en avril 2005, le Réseau pour l’excellence de l’enseignement supérieur en Afrique de l’Ouest (REESAO), les douze universités membres de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) dont l’Université de Lomé, visaient la modernisation de la formation universitaire à travers le système LMD et un renforcement de la coopération interuniversitaire. Depuis 2005, suite à de nombreux séminaires coordonnés par la Direction des Ressources Pédagogiques et de l’Innovation (DRPI) de l’Université de Lomé, des efforts ont été déployés dans la mise en œuvre de la réforme LMD. Ces efforts ont consisté entre autres, à réaliser une programmation des étapes liées à la mise en œuvre du système et à son exécution. Entre 2006 et 2007, on a procédé à la semestrialisation des « programmes d’enseignement » devenus « parcours ». En 2009, un effort d’attribution de crédits aux UE a été fait. On pouvait de ce fait lire que « Les progrès accomplis permettant dès lors d’entrer dans la phase expérimentale de la réforme, la décision a été prise en septembre 2009 de basculer totalement dans le système LMD pour le grade L »4. Depuis 2010, certaines facultés et écoles (Faculté des Sciences Economiques et de Gestion, Institut National des Sciences de l’Education) produisent déjà des diplômés en masters. Le 06 février 2012, des dispositions administratives ont été prises pour ordonner l’entrée de toutes les formations universitaires dans le cycle Master. Si certains étudiants ont cru aux promesses des autorités universitaires et politiques, d’autres par contre sont demeurés sceptiques, voire pessimistes, soutenant que les universités du Togo n’étaient pas prêtes à faire face à ce modèle de formation plus exigeant que l’ancien. Qui plus est, au cours de cette phase expérimentale, des observations ont permis d’établir que nombreux sont les enseignants qui n’adhèrent 3 4 LMD Info, n°003, novembre 2010. LMD Info n°003, novembre 2010. 7 pas entièrement à la réforme, arguant qu’il était trop tôt de s’y engager au regard des difficultés matérielles et techniques dont souffrent les universités publiques du Togo. Devant les difficultés rencontrées, nombreux sont ceux qui se demandent pourquoi adopter une réforme si on n’a pas les moyens. Il s’agit notamment des difficultés d’ordre logistique (insuffisance de locaux, de ressources documentaires, de laboratoires, de matériels informatiques), financier (insuffisance de ressources financières) et humain (insuffisance du personnel enseignant). En vue de mieux cerner les contours de cette réforme et de mieux l’orienter, il s’impose une analyse critique et une réflexion sur le chemin parcouru jusque-là afin de proposer des solutions en vue de la maîtrise des objectifs de la réforme. Il s’agit d’une évaluation à mi-parcours de la réforme LMD à l’Université de Lomé. Dans cette perspective, il importe de nous poser la question suivante : quels sont les acquis et les défis d’ordre pédagogique et organisationnel liés à la mise en œuvre de la réforme LMD à l’Université de Lomé, près de six années après son démarrage? En d’autres termes, les principes cardinaux du système LMD à savoir « enseigner autrement, étudier autrement, évaluer autrement, gérer autrement, professionnaliser » sont-ils effectifs à l’Université de Lomé ? 1.2. Objectifs 1.2.1 Objectif général Le but de cette étude est d’évaluer à mi-parcours la réforme LMD à l’Université de Lomé. Il s’agira d’analyser les succès et échecs enregistrés dans l’étape actuelle de la réforme, puis d'identifier les problèmes ou contraintes qui constituent des facteurs de blocage à la mise en œuvre de la réforme. 1.2.2 Objectifs spécifiques Il s’agit plus spécifiquement d’évaluer la réforme LMD aux points suivants : -les méthodes d’enseignement ; -les méthodes d’apprentissage ; -les systèmes d’évaluation pratiqués ; 8 -le système de gestion administratif de l’Université ; -la professionnalisation des enseignements. 1.3. Hypothèses 1.3.1 Hypothèse générale L’étude part de l’hypothèse suivante : malgré les avancées réalisées, la réforme LMD en cours bute sur des écueils de différentes natures. 1.3.2 Hypothèse secondaires -Les méthodes d’enseignement ne répondent pas toutes aux exigences préconisées dans le système LMD ; -Les conditions matérielles et pédagogiques ne sont pas toutes réunies pour faire de l’étudiant un sujet actif de l’apprentissage ; -Dans le fond, le système d’évaluation est calqué sur le modèle classique ; -L’organisation en amont de la gestion de la réforme est déficiente ; -A cette étape de la réforme, la professionnalisation des formations n’est pas perceptible. 2. Cadre théorique Le cadre théorique s’articule autour de trois points : la définition des concepts, la revue de littérature et le cadre de référence théorique. 2.1. Définition des concepts La réforme LMD : Une réforme en éducation désigne l’introduction d’un changement dans les structures, les contenus et les pratiques éducatives (Pastiaux, G. et J., 2006). LMD est un acronyme signifiant Licence Master Doctorat. Par réforme LMD, on entend l’ensemble des changements ou innovations introduits au sein de l’enseignement supérieur et qui consiste en une réorganisation du système de formation en trois niveaux : Licence, Master et Doctorat. Evaluation à mi-parcours : Une évaluation peut-être définie comme un bilan ou une analyse des effets induits par un projet ou programme éducatif sur une catégorie 9 sociale prédéfinie. Il existe plusieurs types d’évaluation dont une évaluation finale si le projet est à terme et une évaluation à mi-parcours si celui-ci est encore en cours d’exécution. L’étude entend évaluer à mi-parcours la réforme LMD qui a démarré en 2005 et qui se poursuit encore. Innovation pédagogique: Etymologiquement, in-nover, c’est « introduire du nouveau dans… ». Innover en éducation, c'est s'organiser différemment, enseigner autrement, pour la réussite des apprenants et pour l'amélioration du système éducatif. Dans sa réflexion sur l’innovation comme objet de recherche, Cros (1998) offre une autre perspective épistémologique en s’interrogeant très justement sur la pertinence de définir un concept à partir de la définition d’autres concepts. Pour éviter les risques de régression sémantique, elle propose une vision intégrative de cette notion à partir des propriétés qui la caractérisent : l'idée de nouveau, le phénomène de changement, l'action finalisée, le processus. Dans une certaine mesure, l’innovation pédagogique pourrait être considérée comme l’introduction de nouveautés dans l’une ou l’autre des composantes du modèle académique. Il s’agit plus explicitement d’analyser les changements opérés par la reforme LMD. 2.2. Revue sélective de la littérature La littérature sur l’enseignement supérieur en particulier est relativement abondante. Notre revue se limitera à analyser les travaux ayant trait aux défis des universités et au système LMD. Nul doute que les universités africaines d’expression française constituent un héritage de la France avec les avantages et inconvénients que cela présente (Tedga, 1989). Destinées à dispenser le savoir universel avec un accent mis sur l’enseignement du français et la culture française en général (Gbikpi-Bénissan, 2005) ce système est vu comme inadapté au bout de trois décennies de fonctionnement (Tedga, 1989) et est considéré comme ne répondant pas aux besoins de la société africaine dont les diplômés sont en proie au chômage et au manque d’emploi (Krugman, 1974). L’enseignement supérieur en Afrique francophone est donc en 10 crise et il s’y opère des réformes et transformations (Hugon, Gaud et Penouil, 1994 ; Bianchini, 2001 ; Makosso et al., 2009). Alors que très tôt, Ela (1971) avait constaté une inadéquation des programmes face aux besoins de la société, récemment, Eury (2002) a observé un problème de financement qui met en péril le devenir de l’enseignement supérieur. Justman et Thisse (1997) ont quant à eux noté une mauvaise planification des institutions de l’enseignement supérieur. Une conférence internationale de l’OCDE organisée en partenariat avec la France a analysé les défis liés à l’avenir de l’enseignement supérieur. Cette conférence tenue en 2008 à Paris a relevé deux grands défis pour l’enseignement supérieur : le défi de la qualité et celui de l’internationalisation de la connaissance. Par rapport à tous ces défis, il est impérieux de s’interroger en particulier sur ceux qui s’imposent à l’université de Lomé. Un article sur l’adoption du système LMD par les universités du Cameroun retrace le difficile parcours de cette mise en œuvre dans l’environnement camerounais. En prenant l’exemple de l’Université de Yaoundé I et celle de Dschang, Feudjio (2009), après un état des lieux sur la crise des universités camerounaises, aboutit au constat d’une institution supérieure socialement inadaptée qui serait consommatrice des rares ressources nationales. Si le système LMD apparaît désormais comme un passage pour l’internationalisation et la globalisation de l’Enseignement supérieur (Josette et al., 2005), il faut cependant noter que son adoption se fait à des vitesses contradictoires et fragmentées (Feudjio, 2009 ; Ikando, 2009). A l’heure où l’Université de Lomé est pleinement entrée dans le système LMD jusqu’au niveau Licence, à l’heure où elle est en train de produire ses premiers diplômés en masters, il importe également, au regard de la défense du système par les uns et de l’aversion pour le système par les autres, de poser les premiers jalons d’une réflexion objective et approfondie, à travers des recherches prospectives sur le LMD à l’Université de Lomé en vue de proposer des orientations fondées sur les besoins réels des concernés. 11 2.3. Cadre de référence théorique Cette recherche a pour but d’évaluer la réforme LMD en cours à l’Université de Lomé. C’est une recherche d’évaluation adaptative qui vise à terme à trouver des solutions pour un recadrage de la réforme. L’enjeu de la recherche est pragmatique. L’étude s’appuiera sur une théorie stratégique à caractère praxique (Van Der Maren et Lebosse, 1995 : 6) par le fait qu’elle favorisera la résolution des problèmes de dysfonctionnement dans la mise en œuvre de la réforme. L’évaluation adaptative a pour finalité l’amélioration (Cf. figure ci-dessous). L’étude s’effectue selon une procédure d’évaluation adaptative-interactive qui part de l’existant pour examiner ce qu’il y a lieu de corriger et d’adapter afin d’obtenir le résultat souhaité. Ce type de recherche-évaluative constitue souvent la première étape des recherches ayant pour fonction de résoudre un dysfonctionnement. 12 Démarche de l’évaluation adaptative : amélioration LMD Comment sont atteints les objectifs à mi-parcours Présentation Finalités Qu’est-ce qui est fait concrètement ? Objectifs Analyse interne de la situation à un temps T • Comment les objectifs sont-ils atteints ? • Difficultés, • Moyens d’action • Perspectives Portrait du système Objectifs, bénéficiaires, processus, moyens Perspectives 13 3. Méthodologie 3.1. Type d’étude Il s’agit d’une étude qualitative basée sur le principe de la triangulation : les données proviennent de diverses sources : observations, entretiens et ressources documentaires. L’objectif visé est d’identifier les succès et les échecs enregistrés lors de la réforme LMD en vue de proposer des solutions adaptées à l’environnement au sein duquel se déroule la réforme. 3.2. Cadre géographique de l’étude L’étude porte sur l’Université de Lomé, située à Lomé dans la capitale du Togo. L’Université de Lomé (anciennement appelée Université du Bénin), a été créée par décret présidentiel n°70-156-PR, le 14 septembre 19 70. De 845 étudiants à sa création, elle en compte aujourd’hui environ 50 000 étudiants regroupés en 16 établissements dont cinq facultés (Faculté des lettres et sciences humaines, Faculté des sciences de la santé, Faculté de Droit, Faculté des sciences économiques et de gestion, Faculté des sciences), 6 écoles, trois instituts et deux centres numériques. 3.3. Construction des variables et indicateurs Variables Indicateurs Réforme LMD Politique de la réforme, objectifs, finalités Mise en œuvre du LMD Aspects organisationnel (communication, matériels didactiques, ressources humaines, salles de cours, finances, logistiques), pédagogique (curricula, méthodes d’enseignement) et scientifique (recherche, publication). Evaluation de la réforme Succès, avancées, acquis, forces Echecs, écueils, insuffisances, faiblesses Méthodes d’enseignement Supports de cours, TICs, techniques pédagogiques Méthodes d’apprentissage Responsabilisation de l’étudiant, pratiques (stages) Evaluation apprentissages des -Méthode d’évaluation -Type d’évaluation : diagnostique, formative, 14 sommative Système de universitaire gestion Prévision du coût de la formation, construction des salles, ressources humaines Professionnalisation Parcours professionnels, adéquation formation projets professionnels, stages de perfectionnement Perspectives Planification, qualité de l’enseignement, communication, financement de la recherche, équipement, logistique, ressources humaines, ressources financières, professionnalisation de la formation, intégration des Tics 3.4. et Echantillonnage La collecte des données sur le terrain a consisté à interviewer des personnes ressources à même de fournir, sur les thématiques abordées, des informations pertinentes et approfondies. Le paysage des enquêtés se présente comme suit : 8 étudiants par faculté (40), 3 par école et centres de formation(CIC) (21), 3 par institut (9); 08 points focaux LMD par établissement et 34 enseignants, 04 autorités, 06 chefs d’établissement (FLESH, FDS, FDD, FASEG, FMMP, ENSI, ESA, EAM, ESTBA, ESSD, AUF, CIC) universitaires impliquées dans la gestion du LMD,. Au total, 122 personnes ont été soumises à des entretiens à l’aide de guides conçus à cet effet. De plus, 02 focus groups au sein des étudiants pris suivant leurs niveaux et leur domaine de spécialisation ont été organisés pour cerner les perceptions de ces derniers suivant les types de formation (sciences expérimentales, médecine, lettres, sciences humaines et juridiques, puis formation professionnelle). 3.5. Outils et techniques de collecte des données Les données de l’étude sont obtenues grâce à la recherche documentaire, à l’analyse des archives universitaires, à l’analyse des statistiques universitaires, à l’observation, aux entretiens individuels et de groupe avec les principaux acteurs et partenaires du système. 15 Des guides d’entretiens destinés à différents acteurs ont servi à collecter des informations. Les groupes cibles sont les suivants : les étudiants, les enseignants, le personnel administratif, les autorités universitaires. La technique de collecte des données s’est appuyée de façon générale sur les interrogations adressées à nos interlocuteurs, à la prise de notes et à l’enregistrement des discussions. 3.6. Technique de traitement et d’analyse des données Les données recueillies lors des entretiens ont été organisées dans un premier temps en fonction des variables de l’étude. Elles ont ensuite fait l’objet d’un dépouillement manuel. Une analyse de contenu basée sur la démarche préconisée par Deschamps (1993), est faite en 4 étapes : détermination du sens général de l’ensemble de la description ; reconnaissance des unités de signification émergeant de la description ; développement du contenu des unités de signification de manière à approfondir le sens qui est contenu dans le matériel ; réalisation de la synthèse de tous les développements des unités de signification, dans le respect du phénomène considéré et description de la structure typique du phénomène. Les données issues des entretiens ont été donc transcrites, codifiées et analysées. Ceci a permis d’évaluer à mi-parcours la réforme en mettant l’accent sur les forces et les faiblesses enregistrées. Les différentes techniques mobilisées ont permis d’aboutir à des résultats. 3.7. Limites de l’étude Elles sont inhérentes à la vision trop globale de l’étude. Cette dernière en effet tente d’appréhender la réforme à une très grande échelle. Des études plus spécifiques s’imposent pour une meilleure connaissance de l’évolution de la réforme à l’échelle des établissements et filières de l’université. 16 4. Résultats L’évaluation de la réforme LMD a pris appui sur les principes qui régissent la mise en œuvre et les finalités de la réforme, à savoir : enseigner autrement, étudier autrement, évaluer autrement, gérer autrement, professionnaliser5 (REESAO, 2008). Ces différents points ont fait l’objet de notre analyse au terme de laquelle des propositions et recommandations ont été faites. 4.1. Méthode d’enseignement En optant pour le système LMD, les universités d’Afrique francophone membres du REESAO avaient pour premier objectif à atteindre, la réforme des méthodes d’enseignement résumée à travers l’énoncé « enseigner autrement ». (REESAO, 2008). Il s’agit d’une démarche qui vise à enseigner en se fondant sur l’usage des techniques pédagogiques modernes utilisant les ressources technologiques actuelles et en prenant les apprenants comme acteurs adultes, responsables de leur formation. Il est également important d’enseigner dans le cadre du semestre. De plus, l’enseignant devra travailler dans le sens de l’autonomisation de l’apprenant et se préoccuper de faire réussir les apprenants non pas dans la perspective de la sélection des meilleurs. Aussi bien l’enseignant que le responsable des ressources pédagogiques (cyber, bibliothèques) doivent veiller à faire en sorte que les apprenants aient un accès facile à ces différents lieux d’autoformation. Le personnel académique (enseignants, responsables des bibliothèques et centres numériques) doit veiller à ce que ces ressources soient disponibles à l’apprenant et utilisables par lui. Pour cela, l’enseignant doit se former et s’informer, organiser les ressources en tenant compte des offres de formation et des exigences du LMD et proposer des formations transversales. Dans cette perspective, l’acquis majeur obtenu dans le cadre des innovations pédagogiques aura été la semestrialisation des cours. A la suite d’une quinzaine de séminaires de formation des enseignants des différentes filières de l’université, beaucoup sont résolus à mettre à la disposition des enseignés des polycopes clairement présentés et disposant des différentes parties de la leçon : la présentation 5 Les cinq points sont clairement libellés dans le bulletin LMD Info, n° 002, octobre 2008. 17 du cours, les objectifs de la leçon, les formes d’évaluation. Cependant, ceux qui arrivent à le faire représentent encore la minorité. Sur 12 cours aux premier et second semestres de géographie par exemple, seuls 4 cours ont été proposés sur polycope. Aucun cours n’est mis en ligne. Cependant la moitié des enseignants présente au moins le sommaire des cours à leurs étudiants en début de semestre. A l’inverse, l’ensemble des observations faites ainsi que des entretiens menés avec les enseignants des diverses facultés et écoles de l’Université de Lomé prouve que la quasi-totalité des ces enseignants ne mettent nullement leurs cours en ligne. Aucune autre méthode ne leur permet non plus de mettre leurs cours à la portée des apprenants. Le responsable du campus numérique francophone de l’Université de Lomé l’a ainsi attesté : « J’ai eu à organiser plusieurs formations de mise en ligne des cours ; non seulement les enseignants n’y viennent pas, mais aussi la plupart sont réticents par rapport à la mise en ligne de ces cours. C’est dommage qu’à ce jour, malgré nos efforts, très peu d’universitaires acceptent de mettre leur cours en ligne ». Par ailleurs, dans leurs pratiques pédagogiques, les enseignants qui utilisent des supports électroniques (ordinateur portable, vidéoprojecteurs) pour faciliter la compréhension de leurs leçons ne sont pas non plus majoritaires. En effet, les rares enseignants utilisant des supports électroniques pour assumer le déroulement de leurs leçons se retrouvent dans les filières scientifiques et techniques (FSS, FDS, ENSI, ESTBA). Cependant, cet usage ne saurait être inféodé (relié) à la reforme LMD. Il témoigne plutôt d’une continuité dans les pratiques pédagogiques, continuité imposée par la nature des disciplines enseignées, ces disciplines qui exigent très souvent l’abondance d’éléments d’illustrations, tels le cours d’anatomie végétale ou animale en FDS et FSS. De tous les entretiens que nous avons eus avec les enseignants, très peu nous ont fait part des efforts personnels pour mettre à la disposition des étudiants les cours. Cette remarque a été confirmée par les étudiants. Par ailleurs, malgré la mise en œuvre du système LMD qui se révèle plus exigeant dans la mesure où il pousse l’étudiant à faire plus de recherche, aucune politique n’est effective à l’Université de Lomé pour renflouer les bibliothèques de documents récents et adaptés aux programmes enseignés. Le manque de centres cybernétiques et de bibliothèques disposant de documents constitue un problème sérieux, voire un frein à l’efficience de la réforme LMD. La conséquence, c’est le taux élevé d’étudiants recalés dans les UE des différents établissements. 18 L’analyse des perceptions des acteurs indique que dans le fond les méthodes d’enseignement n’ont pas significativement évolué. Sur ce plan, ils ont déclaré que les enseignants n’ont pas changé leurs méthodes d’enseignement. Selon eux, les cours ne sont pas actualisés car ils utilisent toujours leurs anciennes fiches. Les propos de l’un des enquêtés le soulignent : « Les enseignants donnent toujours les mêmes cours et de la même manière depuis des années. Je ne vois vraiment pas ce qui a changé depuis le début de l’application du LMD. On change les programmes chaque année ou presque, mais en réalité ce sont les mêmes cours ; je ne vois pas la différence » (Etudiant de la FLESH). En outre, la majorité des étudiants pense que les enseignants ne sont pas formés pour une bonne application de la réforme. Selon eux, certains de leurs formateurs, les plus anciens surtout, ne maîtrisent pas l’outil informatique et c’est difficile pour eux de se défaire des habitudes de l’ancien système. Ils sont également très surchargés pour pouvoir donner le meilleur d’eux-mêmes en vue d’une formation de qualité. Les étudiants considèrent que trop d’UE sont programmées par semestre. Ils pensent que cela ne leur donne pas la liberté de mieux organiser leur parcours d’une part et de pouvoir valider toutes les UE d’autre part. Cette situation serait à la base d’un faible rendement et du retard des étudiants puisqu’on ne réfléchit plus en termes d’échec. Il est donc indispensable de repenser la mise en œuvre en mettant un accent particulier sur la formation du personnel académique aux méthodes d’enseignement et la mise à la disposition des différents acteurs du milieu universitaire des outils modernes d’enseignement et de recherche. 4.2. Etudier dans le LMD Le second principe qui fonde la mise en œuvre de la réforme LMD consiste à « étudier autrement ». Il s’agit d’une option qui concerne en particulier l’étudiant, principal cible et acteur concerné par la réforme. Du fait de la semestrialisation, de la capitalisation et de la présentation des offres de formation en parcours diversifiés, le LMD est supposé offrir un certain nombre d’avantages aux apprenants : responsabilisation de l’apprenant, sujet à même de prendre des décisions et de choisir notamment son parcours avec l’aide d’un conseiller académique, capitalisation des UE quel que soit son rythme d’évolution, ouverture d’esprit et 19 pluridisciplinarité, formations aux objectifs professionnalisants, facilité de mobilité à travers les espaces universitaires dans le monde (REESAO, 2008). Pour ce faire, l’étudiant doit être : un sujet qui aborde les études avec un projet professionnel en grande partie élaboré, et donc la possibilité de se donner le parcours de formation qui lui convient ; un sujet à même de prendre des décisions tout au long de son parcours de formation ; - un sujet capable de tirer profit de toutes les ressources mises à sa disposition pour se former le mieux possible (ressources humaines (enseignants et conseillers académiques), ressources documentaires (polycopiés, bibliothèques et bases de données en ligne), etc. gestion du temps ; un sujet à même de persévérer tout au long de ce parcours en gardant une vision claire et réaliste de l’issue de sa formation : l’insertion professionnelle dans les meilleures conditions possibles. Dans quelles mesures les manières d’étudier ont-elles évolué dans le sens des exigences du LMD à l’université de Lomé ? L’avancée la plus significative dans cette logique est la capitalisation des UE, c’est-à-dire le fait de conserver les UE validés. Les manières d’étudier semblent avoir positivement évolué dans le monde universitaire avec l’introduction du LMD à en croire les propos de quelques apprenants. Un focus group réalisé à la faculté des lettres a permis aux étudiants de donner leurs opinions sur le système LMD. Selon l’un des membres du groupe : « Le LMD est un bon système académique parce qu’il nous aide à bien étudier et à faire des recherches, surtout lorsqu’il y a des devoirs de recherche à rendre ». On peut même avancer que l’augmentation de la propension de l’étudiant à vouloir étudier constitue un acte de responsabilité personnelle de l’apprenant ou d’autoresponsabilisation. Par ailleurs, l’institution du système des UE transversales et des UE complémentaires ou libres constitue un facteur d’ouverture de l’étudiant à d’autres domaines. Les insuffisances liées à ces objectifs s’expliquent par le fait que les conditions ne sont pas toujours réunies pour permettre à l’étudiant d’être responsable de sa propre formation. Dans ce cas, l’immaturité de l’étudiant, du nouveau bachelier surtout, se combine à l’insuffisance de conseillers pour entamer l’effort de responsabilisation de l’étudiant et par conséquent ses capacités à se prendre en charge. Si le LMD donne à l’étudiant la possibilité de faire ses choix en vue de la planification de sa carrière professionnelle, il y a lieu de dire que nombreux sont les étudiants qui se plaignent 20 du fait que le LMD a entraîné l’éclatement de plusieurs matières enseignées en un nombre pléthorique d’UE. Comme nous informe un étudiant en Licence, « Nous avons trop d’UE et nous voulons qu’on réduise leur nombre parce que nous n’arrivons pas à les assimiler ». Cet avis est confirmé par un chef de département interrogé : « Il se pose à nos départements un problème de semestrialisation de certaines matières. En effet, certaines matières annuelles dans le système classique s’étalent avec la réforme sur deux ou trois semestres, ce qui donne trois UE à la place d’une matière dans le système classique ». Pour un autre étudiant interviewé, « il se pose à nous de véritables problèmes d’étude dans la mesure où régulièrement, nous recevons des devoirs et exercices de recherche sans arriver à les traiter par défaut de moyens financiers. Sans argent, il est difficile par exemple d’aller au cyber et télécharger des documents ». Certes, les propositions et perceptions avancées sont discutables dans la mesure où il est tout à fait normal que du système classique au nouveau système LMD, les matières autrefois enseignées s’éclatent en UE enseignables en un semestre chacune. En effet, les difficultés à gérer la pléthore de ces UE trouvent leurs fondements dans la conception et l’organisation pédagogique des enseignements, d’où la nécessité d’enseigner autrement tout en mettant plus de moyens à la disposition des étudiants. 4.3. Méthodes d’évaluation L’évaluation de l’apprentissage constitue un point crucial dans tout système d’enseignement. Le Guide de formation du LMD à l’usage des institutions d’enseignement supérieur d’Afrique francophone (REESAO, 2008) note qu’évaluer consiste à porter un jugement sur la qualité des apprentissages réalisés par un étudiant, en vue de prendre une décision. Se prononcer sur un système d’apprentissage, c’est avant tout préciser les valeurs qui vont conditionner les processus d’apprentissage. Dans le système classique, en dehors des travaux dirigés et des travaux pratiques, l’évaluation des apprentissages était fondamentalement sommative c’est-à-dire qu’elle avait lieu à la fin d’une série de séquences de cours et prenait la forme d’un 21 examen. L’étudiant était soumis à une épreuve notée sur 20. Les sujets pouvaient être soit une dissertation, soit une série de questions et l’étudiant ayant obtenu une moyenne arithmétique supérieure ou égale à 10 sur 20 était déclaré admis. Dans ces conditions, les échecs se sont révélés massifs dans la plupart des cas. Le LMD quant à lui préconise un type d’évaluation caractérisé par la promotion de la culture de la réussite, la responsabilisation de l’étudiant. Trois types d’évaluations sanctionnent la formation en LMD : l’évaluation diagnostic, l’évaluation formative et l’évaluation sommative. Il est essentiel de dire que la qualité de l’évaluation dépend non seulement de la qualité de l’outil d’évaluation, mais aussi de la pertinence des types d’apprentissage choisis. Il est important d’évaluer dans le système LMD les apprentissages en termes de savoirs, de savoirs faire mais aussi en termes de compétences, c’est-à-dire la mesure de sa capacité à réaliser son propre projet professionnel. Chaque UE doit être évalué et surtout évalué avec les résultats disponibles dans le temps. Quels sont les acquis enregistrés au niveau de l’évaluation dans le LMD à l’Université de Lomé? Depuis l’année universitaire 2007-2008, un système de crédits capitalisables est instauré avec l’introduction des unités d’enseignement (UE) que chaque étudiant est tenu de valider. Les étudiants avancent dans leurs cursus de formation en validant des UE et en totalisant le nombre de crédits requis pour chaque diplôme. Un autre acquis est l’obligation pour l’enseignant d’évaluer plusieurs fois les étudiants et d’apporter en fin d’années des notes issues de différentes formes de contrôle. Au minimum, il est exigé de chaque enseignant, pour que l’UE soit validée, deux notes : une note de classe et une note d’examen. Cependant dans les meilleures conditions, plusieurs notes sanctionnent la formation ou le cursus de l’étudiant au sein d’une UE. A cet effet, des formes d’évaluation continue tels que les travaux de groupe à rendre sous forme de dossier de recherche, les présentations orales et les notes de stages ont été instituées et sont pratiquées à divers degrés dans les établissements de l’université. C’est une pratique qui s’intègre dans la multiplication de la palette des outils d’évaluation. 22 Qu’en est-il des objectifs non atteints ou insuffisances dans le cadre de l’évaluation des apprentissages à ce jour ? La première insuffisance est le manque quasi général d’une évaluation diagnostic destinée à situer le niveau de chaque étudiant qui s’inscrit dans une UE. Dans ces conditions l’approche de formation cas par cas n’est pas réalisée et les cours sont suivis au même titre que dans le système classique. Dans la plupart des cas, l’évaluation formative est jugée insuffisante tant par les étudiants que les enseignants interviewés. Les causes sont multiples : ignorance ou mauvaise formation des enseignants, effectifs pléthoriques, surcharge des enseignants peu disposés à apprécier les travaux des étudiants, manque de motivation de certains enseignants qui avancent des arguments d’ordre financier. Pour s’assurer les deux notes exigées par l’université afin de pouvoir valider une UE, certains enseignants adoptent des stratégies de contournement en programmant deux évaluations durant la même séance. Cette approche d’évaluation d’apprentissage paraît peu indiquée surtout si elle est basée sur la même méthode. Par ailleurs, les styles d’évaluation sont perçus comme n’ayant pas assez évolué entre le système classique et le système LMD. En effet, comme nous le confient un groupe d’étudiants de troisième année : « Les enseignants selon nous ne maîtrisent pas le LMD parce qu’ils continuent d’apporter des sujets à dissertation au lieu des QCM recommandées ». Cette appréhension de l’évaluation par les étudiants dénote en partie de leur sous information dans la mesure où le LMD ne proscrit pas les sujets de dissertation surtout en facultés de lettres mais opte pour une combinaison ou une diversification de méthodes d’évaluation destinées à favoriser chez l’apprenant non seulement la capacité de maîtriser tous les contours de son sujet, mais aussi d’avoir la chance de réussir et d’être performant dans son domaine. L’amélioration des systèmes d’évaluation passera par la formation de tout le personnel académique à la maîtrise des techniques et outils d’évaluation LMD. Il est également important de mettre à la disposition de ce personnel le matériel didactique nécessaire pour la mise en application effective du système. 4.4. Gérer autrement L’instauration de la réforme dans le système éducatif au niveau de l’enseignement supérieur pour un enseignement de qualité prend aussi en compte la gestion de l’institution universitaire. Selon le Guide de formation du LMD à l’usage des 23 Institutions d’Enseignement Supérieur d’Afrique Francophone, il est question de gérer autrement les institutions universitaires. Cette nouvelle gérance demande qu’on procède à une réorganisation de la gestion et de l’administration universitaire par : - le traitement en amont des problèmes de gestion et de logistique des universités ; - la prise en considération des coûts de la mise en place du LMD ; - la réorganisation des services d’information, d’accueil et d’orientation des étudiants ; - l’organisation d’un service de suivi du parcours individuel des étudiants ; - la mise en place de structures de gestion au niveau du département mais aussi du domaine de formation ; - la formation du personnel de gestion et d’administration. Sur la base de ces principes, un certain nombre d’avancées ont été réalisées. S’agissant du premier point qui est le traitement en amont des problèmes de gestion et de logistique des universités, les informations provenant des sources documentaires 6ont révélé que des travaux ont porté en premier lieu : - sur la mise en place des structures de pilotage que sont les différentes commissions LMD (commission LMD-UL, Commission LMD des établissements, commission LMD des étudiants) et sur la définition des axes de la réforme à savoir la semestrialisation des parcours affectés de crédits et la capitalisation des unités d’enseignement - ensuite sur la logistique à savoir, l’entretien des bâtiments et locaux du domaine universitaire, la climatisation des salles de cours et des bureaux, l’entretien du parc auto, les travaux de maçonnerie, de menuiserie, d’électricité et de plomberie, ainsi que la rationalisation des consommations d’eau, d’énergie et de téléphone. Ces travaux réalisés portent sur : - les constructions à savoir, la clôture partielle du campus, la construction du bloc pédagogique de l’UL, la finition du bâtiment de la FDS, la finition des ateliers de 6 Université de Lomé, Rapport annuel 2010 et LMD info, n°002 octobre 2008. 24 l’ENSI, la finition du bâtiment de l’ESSD, la finition et la réhabilitation du laboratoire de biochimie de la faculté des sciences, la poursuite des travaux de construction d’un amphithéâtre de 1500 places, les travaux de réparation de la dalle du secrétariat de la présidence de l’UL ; - les équipements : deux serveurs et un SWITCH KVM à fournir et à installer à l’université de Lomé ont été définitivement réceptionnés : l’acquisition et l’installation de matériels de travaux pratiques à la Faculté des Sciences, définitivement réceptionnées ; la fourniture et l’installation de matériels divers rentrant dans les travaux de démarrage du système LMD, le câblage réseau et le développement du logiciel de gestion à l’université de Lomé, l’acquisition et la fourniture de bureaux et fauteuils à la DAAS, des équipements informatiques, l’acquisition et l’installation des encodeurs programme, la fourniture et l’installation de matériel informatique à la DAAS ; le renforcement et l’extension du réseau intranet et internet. La poursuite des travaux de câblage et d’interconnexion de tous les établissements ont lieu ; la dotation en livres, ouvrages et revues de différentes disciplines pour la bibliothèque universitaire par le gouvernement et du matériel pour les handicapés visuels. La dotation par le PNUD à l’Observatoire Géographique pour l’Evaluation du Climat et des Catastrophes (OGECC) en matériel composé d’une station météorologique, du matériel cartographique et informatique servant à mesurer et à analyser l’évolution climatique. Les travaux d’aménagement de la bibliothèque universitaire ont démarré (fourniture et pose d’étagères métalliques, équipements spéciaux pour handicapés, réfection de sol, peinture vinylique et à l’huile d’une salle d’études). - L’amélioration de la vie sur le campus. A ce niveau, les principales artères du campus ont bénéficié d’un éclairage. De nouveaux projets sont inscrits pour rendre opérationnelles certaines infrastructures d’accueil de l’UL ; une subvention de l’Etat a permis de doter les différentes structures de l’UL des équipements indispensables pour leur bon fonctionnement. La Direction de l’Information, des Relations Extérieures et de la Coopération (DIRECOOP) a reçu du Service de Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France au Togo, un don de meubles et de matériels informatiques pour l’équipement de ses différents services. Selon le rapport 25 annuel 2010 de l’Université de Lomé, l’estimation du nombre de micro-ordinateurs installés dans les établissements et services centraux s’élèvent à près de 600. De même, la majorité des personnes interrogées a déclaré que les travaux ont eu lieu, et ont porté sur la réforme des curricula, sur l’introduction de nouvelles spécialités, sur la reprogrammation des prés requis, la professionnalisation. Il y a eu dons de matériels informatiques dans certaines écoles, construction d’amphithéâtres. Il est prévu pour chaque année, la construction d’un amphithéâtre. La construction du bloc pédagogique, des laboratoires de recherche sont des projets en cours. Le réseau wifi a été installé même s’il n’est pas très opérationnel. Le câblage des bâtiments est en cours. Toutefois, on note des insuffisances car des problèmes persistent. Selon nos investigations, les interviewés ont fait état des insuffisances au niveau des infrastructures d’accueil et des équipements didactiques, que ce soit du côté des enseignants ou des étudiants. D’un côté, les salles de cours et les amphis sont insuffisants et n’arrivent pas à contenir les étudiants à cause de leurs effectifs pléthoriques. De l’autre, les salles de laboratoire sont presque inexistantes car mal équipées et vides de réactifs, de matériels pouvant servir à faire des tests pour ainsi joindre la pratique à la théorie surtout que le LMD nécessite l’acquisition de meilleures compétences et fait appel à la performance. Selon les déclarations d’un étudiant de la FDS il n’y a que 9 microscopes pour plus de 3000 étudiants. Cette situation est à la base du non respect des heures de travaux pratiques prévues dans certaines UE dans certains établissements à l’instar de l’ESTBA et de la suppression automatique de ces TP par exemple en 1ère année de FDS option Sciences Naturelles. L’insuffisance des salles de cours créé des problèmes dans l’organisation des examens. Les enseignants ne disposent pas de cadres appropriés pour soit préparer les cours, soit recevoir les étudiants pour des raisons universitaires ; ils n’ont pas de bureaux digne de ce nom. Bref, les infrastructures sont insuffisantes et inappropriées pour répondre aux exigences du système. « Les bibliothèques sont remplies de documents vétustes. Tous les départements ne disposent pas de bibliothèque. Les micros sont presque inexistants pour que le message puisse atteindre tous les étudiants dans les amphis. L’université manque de salles d’informatiques. Les rares salles d’informatique qui existent dans certaines 26 écoles manque de PC pour permettre aux étudiants de faire de façon appropriée les recherches », nous ont en substance confié les membres d’un groupe d’entretien à la Faculté des Sciences. Le réseau internet est presque absent car on l’a à de rares endroits sur le campus et à un débit très faible. Ces crises d’équipement dont souffre l’université de Lomé sont perçues par toutes les personnes interviewées comme un des facteurs majeurs qui entravent la bonne marche du système éducatif. Et pourtant, face aux exigences de qualité du produit que prône ce système, la mise en place d’équipements appropriés s’impose comme un préalable incontournable. De même, étant donné que le système laisse le choix à chaque étudiant de définir son parcours, ce qui nécessite des cours en petits groupes, il est indispensable de multiplier les salles de cours. S’agissant de la prise en considération des coûts de la mise en place du LMD, l’Etat a doté chaque service d’un véhicule pour une enveloppe de 47 200 000 F CFA et a fait une donation de 104 500 000 F CFA pour la réalisation de la mise en œuvre progressive du système LMD. Dans la recherche de la qualité et de l’excellence de l’enseignement supérieur, il a été défini des axes à savoir l’augmentation des dépenses pédagogiques de 7% d’ici 2020 ainsi que l’augmentation de la part des dépenses de recherches dans les dépenses pédagogiques qui sera multipliée par 2,5 à l’horizon 2020. Un don de 50 000 000 F CFA a été fait pour la confection des supports de cours et dont la répartition doit se faire entre les établissements de l’UL par décision n°002/UL/CP 2008 du 14 mai 2008. Malheureusement, le montant n’a toujours pas été honoré. De 490 7120 000 F en 2009, la subvention de l’Etat est passée à 5 170 000 000 F CFA en 2010 soit une hausse de 262 880 000F seulement pour un surplus de 5315 étudiants. (Confer rapport annuel de l’UL : 2010). La subvention de l’état n’a donc subi qu’une légère augmentation. Au regard des effectifs des étudiants qui ne cessent d’augmenter (de 36124 inscrits en 2008-2009, on passe à 41 438 inscrits en 2010 soit une différence de 5315), la subvention de l’Etat quoique louable, reste insuffisante. S’agissant de la réorganisation des services d’information, d’accueil et d’orientation des étudiants, une séance de réflexion a été organisée et a porté sur les inscriptions 27 académiques et pédagogiques. La Direction des Affaires Académiques et de la Scolarité (DAAS) distribue des prospectus aux étudiants pendant les périodes d’inscription et met à la disposition de ceux-ci un service d’orientation pour les étudiants qui ont besoin de plus d’éclaircissement et de renseignement. Notons que ce procédé n’est pas nouveau pour la DAAS sauf qu’il est prévu un logiciel de gestion des flux d’étudiants ; ce qui est en cours d’expérimentation (confer Rapport annuel 2010 de l’UL). Du point de vue de l’organisation d’un service de suivi du parcours individuel des étudiants, une feuille de route a été élaborée pour une gestion plus efficace des examens et un bon suivi du cursus des étudiants. Ainsi, des séminaires ont porté sur la gestion des examens à l’ère du LMD, la gestion du temps, l’organisation des examens. Les conditions d’inscription au certificat de maîtrise à la FLESH pour l’année 2010-2011 ont été fixées par note de service n°019/UL/P/SG/2010 du 29 octobre 2010. Cependant, il n’y a pas de suivi du parcours individuel des étudiants. Sur le plan de la mise en place de structure de gestion au niveau du département mais aussi du domaine de formation, il est à noter que les efforts ont été consentis. Il y a eu la formation des commissions LMD. Des établissements où des points focaux LMD existent dans chaque département. Ceux-ci participent à des formations, aux séminaires et font le compte rendu aux enseignants. Cette année 2011-2012, des cellules d’information pédagogiques sont créées dans chaque établissement pour s’occuper des inscriptions pédagogiques et pour donner des explications aux étudiants en cas de nécessité sur les domaines d’enseignement. Cependant, les constats qui ressortent des investigations montrent que les séances de formations, les séminaires n’ont pas été suffisamment faits pour permettre une bonne assimilation des objectifs et finalités, donc une bonne maîtrise de ce système par la commission elle-même. Un membre de la commission LMD a révélé qu’il y a problème au niveau de la commission LMD de l’université même car à chaque réunion, des décisions précédemment prises font souvent objet de modification et crée des confusions dans certains établissements où les victimes s’avèrent être les étudiants. Dans le cadre de la formation du personnel de gestion et d’administration, il ressort qu’un séminaire dont le thème est : comment optimiser la gestion des examens avec 28 le logiciel S2E-SIP a été organisé à l’endroit des responsables d’écoles, de Facultés et Instituts. Des réflexions ont porté sur la gestion du temps, de l’espace, des ressources humaines, des ressources matérielles et financières. Pourtant, les problèmes à ces niveaux persistent et laissent à croire qu’aucun effort n’est déployé pour une meilleure application de cette réforme surtout dans le cadre de la gestion des examens. Les investigations ont révélé des problèmes dans l’organisation des devoirs et des examens car l’effectif des étudiants est pléthorique ; aussi les salles de cours font défaut pour pouvoir programmer à temps les devoirs et organiser les examens dans de bonnes conditions. L’administration n’arrive pas selon les étudiants à gérer les problèmes de notes. Les notes d’examens sont affichées tardivement ; cette situation ne permet pas aux étudiants de savoir s’ils ont validé leur UE ou non et de se préparer en conséquence. La transition entre le système classique et le LMD a été mal géré du fait que le nouveau système a rattrapé les étudiants de l’ancien système. Et cela a créé des ennuis et a contribuer à décrédibiliser le système aux yeux des étudiants selon les propos d’un chef de département. La même personne nous dit ce qui suit : « nous n’avons pas réussi à sortir des licenciés au bout de trois ans ». Ce problème est soulevé par d’autres enseignants et bon nombre d’étudiants. Au département de la sociologie par exemple, les premiers licenciés sont sortis l’année dernière mais ils n’ont pas encore leur diplôme. Le département de sociologie n’a pas encore de licenciés professionnels. Plus loin encore, le même chef de département poursuit en disant : « Nous n’avons pas réussi à convaincre l’ensemble des étudiants du bien fondé du système». Il est à noter que pour la bonne marche d’une réforme, les étapes à suivre doivent se faire de façon progressive pour avoir un bon rendement. Des séances d’informations sont organisées à l’intention de tous les étudiants dans les différentes facultés et écoles. Des prospectus contenant les informations sur le LMD leur sont distribués. Il y a également les revues d’information appelé « LMD info ». Du côté des enseignants, il y a eu la formation de la commission LMD où au moins un enseignant de chaque faculté et école en fait partie. Des décisions prises lors des rencontres de cette commission, les informations véhiculées sont transmises plus tard aux autres enseignants. Malgré cela, on note des déséquilibres, car l’essentiel n’est pas d’informer mais de communiquer avec les acteurs du système, de les impliquer dans le projet, qu’ils participent aux différentes étapes de sa mise en 29 œuvre. Communiquer, c’est transmettre un message et recevoir en retour une réponse ; c’est ce feed-back qui a fait défaut et qui est à l’origine de cette non adhésion totale et de cette relation conflictuelle qu’on note entre les étudiants, les enseignants et les autorités universitaires. C’est surtout ce qui les amène à croire que c’est un système qui leur est imposé et a conduit aux tensions qui ont abouti à la fermeture deux fois de suite du campus universitaire de Lomé et celui de Kara. Il est à noter que ce problème de communication n’est pas présent dans les écoles où les étudiants, les enseignants et l’administration arrivent à s’entendre et à trouver un terrain d’attente à leurs problèmes. Comment les enseignants qui sont censés donner plus d’informations aux étudiants sur le système et leur donner une formation de qualité peuvent-ils y arriver s’ils sont eux-mêmes sous-informés et ne maîtrisent pas les contours de ce système ? Un enseignant nous a dit ce qui suit : « il faut expliquer le bien fondé du système. Moimême je ne comprends pas grand-chose. Il faut continuer par parler, à informer les gens». En principe, les informations relatives aux objectifs, à la finalité, aux principaux axes de la réforme et aux différentes étapes de sa mise en œuvre doivent être automatiques et spontanées de la part des enseignants. Pourtant, nous avons constaté que cette spontanéité a fait défaut et qu’il leur était difficile de donner des réponses claires et précises surtout sur les axes et les étapes de la mise en œuvre. On a l’impression que les objectifs et la finalité de cette réforme diffèrent d’une personne à une autre. Tous les enseignants devraient être en mesure de lister les objectifs de cette réforme tels que c’est précisé dans l’article 2 du décret N°2008066/PR (LMD info n°2 :2008). Si la communication était bien faite autour du système, si les deux acteurs étaient réellement impliqués dans les différentes étapes de sa mise en œuvre, les enseignants ne diraient pas des étudiants qu’ils font preuve d’incompréhension et ceux-ci ne diraient pas non plus la même chose de leurs formateurs et en critiquant de surcroît leurs méthodes d’enseignement et d’évaluation. 4.5. Professionnaliser L’un des objectifs de la réforme LMD est de professionnaliser l’ensemble de la formation, c’est-à-dire axer toutes les formations sur les projets professionnels des apprenants par la définition : 30 - des objectifs et des activités d’apprentissage en termes de compétences ; - des contenus de la formation en adéquation avec le marché de l’emploi ; - de la professionnalisation en lien étroit avec l’auto-création d’emploi - d’un schéma de professionnalisation prenant en compte la logique des projets tutoriaux, l’alternance entreprise-université, l’évaluation des stages en crédits capitalisables. La professionnalisation n’est pas nouvelle avec l’adoption du LMD. Dans le système classique, elle a consisté en la création des filières courtes de deux ou trois ans débouchant sur des brevets de techniciens supérieurs ou masters professionnels, où les étudiants sont en principe formés pour entrer directement dans la vie active. On a aussi nommé professionnalisation les actions tendant à insérer dans les formations classiques des modules de préparation à l’entrée dans la vie active (REESAO, 2008). Mais la remarque est que les diplômés professionnels allaient eux aussi au chômage. C’est pourquoi il a fallu poser autrement cette question de la professionnalisation. En effet, l’étudiant qui a le plus de chance face aux exigences de l’emploi, qui a des qualités d’employabilité, n’est pas celui qui présente seulement des compétences professionnelles dans tel ou tel domaine, mais celui qui possède la capacité de s’orienter dans un vaste marché, de se mettre en valeur, de compléter sa formation initiale en fonction de ce qu’il découvre de l’espace où il vit. La réflexion sur la professionnalisation conduit à ne pas exiger de l’université qu’elle se contente d’une simple adaptation au marché de l’emploi mais qu’elle adopte une vision prospective lui permettant de proposer aux étudiants des parcours inédits (REESAO, 2008). La préoccupation de professionnaliser devrait prendre place dabs toutes les formations. La professionnalisation est un sujet qui s’adresse à tous les étudiants du fait que les offres de formation transversales comme l’Informatique ou l’Anglais sont des UE qui permettent d’être plus performant sur le marché du travail. Effectivement, 31 les nouvelles formations adoptées pour l’année 2011-2012 prévoient l’enseignement de ces deux UE dans tous les domaines pour le parcours Licence. Par ailleurs, les autorités universitaires de Lomé, à travers la Direction des prestations de services et des relations avec le monde du travail (DPSRMT), dans la dynamique de l’application du LMD ont pris des contacts avec le monde de l’entreprise en particulier la Chambre du commerce et le patronat7. En outre dans le prolongement du forum international sur la coopération universitaire tenue en mai 2009 à Lomé, les Universités de Lomé et de Kara ont organisé les premières rencontres Gouvernement-Universités publiques du Togo sur le thème « Université, outil de développement »8 dans le but d’offrir un cadre de concertation entre le gouvernement et les universités publiques du Togo. Toutefois à l’Université de Lomé, peu de domaines sont professionnalisés. Certaines spécialités classiquement techniques le demeurent. Il s’agit de la Faculté des Sciences de Santé, de l’Ecole des Techniciens supérieurs de biologie alimentaire, de l’Ecole Supérieure d’Ingénieurs, de l’Ecole supérieure d’Agronomie en filières longues et des filières courtes reconnues comme professionnelles à l’instar de l’école des assistants médicaux, l’Institut Universitaire de Technologie de Gestion. Ces catégories de filières universitaires ont dans leur programme de formation des stages en entreprise mais cela ne relève pas de l’innovation introduite par le LMD. En outre les filières littéraires (lettres et langues) et des sciences humaines (anthropologie, géographie, histoire, philosophie, sociologie, etc.) sont restées dans leurs aspects théoriques et n’offrent que des licences fondamentales qui n’ont pour principale ouverture que l’enseignement et la recherche. Il est donc clair qu’en ce qui concerne l’aspect professionnalisation, à l’étape actuelle rien ou presque n’a encore été fait avec l’institution du LMD à l’Université de Lomé même si on promet l’ouverture dans certains domaines des licences et des masters professionnels. 7 LMD Info n°004 novembre 2010 8 Université de Lomé, Rapport annuel 2010 32 Conclusion et recommandations Le nouveau contexte actuel marqué par la mondialisation et la globalisation oblige les pays africains francophones à s’aligner sur les standards internationaux. C’est ainsi que dans le cadre de l’enseignement supérieur, les pays ouest africains réunis dans le REESAO ont adopté depuis quelques années le système LMD en vue de répondre aux exigences liées à l’internationalisation des diplômes, la mobilité des étudiants et la professionnalisation des formations universitaires. La décision de l’Université de Lomé de basculer dans ce système depuis 2005 suivie du lancement effectif de sa mise en œuvre depuis 2008 ont suscité une série de mouvements de contestations et d’agitations. Ces mouvements constituent à n’en point douter des preuves d’une insatisfaction générale des différents acteurs de la réforme, en particulier, les principaux concernés, les étudiants. C’est pour faire un bilan à mi-parcours de l’application de cette réforme qu’il a été nécessaire de mener la présente étude pour analyser les succès et échecs enregistrés dans l’étape actuelle, puis identifier les problèmes ou contraintes qui constituent des facteurs de blocage à la mise en œuvre du LMD. Cette évaluation qui a été axée sur les principes régissant la mise en œuvre, à savoir « enseigner autrement, étudier autrement, évaluer autrement, gérer autrement et professionnaliser », a permis de relever aussi bien les avancées que les défis à relever. Concernant l’enseignement, en dépit de la semestrialisation, les méthodes n’ont pas véritablement évolué puisque les cours sont toujours dispensés comme cela se faisait dans le système classique. Le principe « étudier autrement » s’impose de plus en plus, l’étudiant étant obligé de travailler personnellement pour réussir ; mais le manque de sources d’informations et des moyens didactiques notamment les Tics ne lui permet pas d’assumer efficacement ce principe. S’agissant de la méthode d’évaluation, un pas est marqué avec l’obligation de faire au minimum deux contrôles mais le nombre pléthorique d’étudiants et l’insuffisance des infrastructures limitent la diversification des évaluations. En outre, la professionnalisation tarde à être une réalité visible dans la formation universitaire. A tout cela s’ajoute la nécessité de revoir la méthode de gestion de la réforme. 33 L’entrée de l’Université de Lomé dans le système LMD n’est pas un fait isolé. Elle s’inscrit dans un mouvement de masse commencé en Europe, après plusieurs années d’expérimentation dans le monde anglo-saxon. La mise en œuvre de la réforme a toutefois souffert du manque de préparation du terrain à l’acceptation et à l’adhésion à cette réforme, d’où les difficultés qui l’émaillent dans ce contexte de précipitation. La présente étude a toutefois des limites. En effet, elle cherche à évaluer la réforme LMD dans l’ensemble des formations offertes par l’Université de Lomé. La finalité est de ressortir les tendances qui se dégagent de cette évaluation pour toute l’université. En procédant ainsi, l’analyse perd de vue dans les détails les plus souhaités, les spécifiés propres à chaque établissement et filière engagés dans la réforme. Car, les degrés de réussite comme d’échecs varient, non seulement d’un établissement à l’autre, mais aussi d’une filière à l’autre au sein du même établissement. Cette limite appelle d’autres études axés sur les établissements de l’Université et même les filières ou départements qui les composent. Par ailleurs, l’évaluation a porté sur cinq piliers, dits essentiels de la réforme. Il est important de souligner que le guide de la formation (REESAO, 2008) indique en tout sept principes. Il reste donc à évaluer les deux derniers principes : « piloter autrement, coopérer pour la mise en place du LMD ». Ces deux derniers principes font appel à deux dimensions de la conduite de la réforme : la gouvernance universitaire et l’extension régionale dans ses relations avec les institutions partenaires de la réforme. Au regard du paysage des acteurs concernés (responsables des institutions universitaires et des décideurs politiques de l’enseignement supérieur d’une part, puis agences régionales partenaires et organismes d’appui à l’enseignement supérieur d’autre part) il importe de les y consacrer une autre étude. Au total, l’efficacité interne de la réforme a été privilégiée par rapport à l’efficacité externe. Des résultats de cette étude, il se dégage des propositions ou recommandations. 34 La première catégorie de recommandations liées à cette étude a trait aux méthodes d’enseignement. A cet effet, les enseignants devraient, dans le cadre de la poursuite de la réforme, relever le défi d’adapter leurs méthodes d’enseignement à celles préconisées par le système LMD en préparant efficacement les supports de tous leurs cours, en mettant à la disposition des étudiants les supports papiers et électroniques des cours puis en mettant en ligne leurs enseignements afin de les rendre plus accessibles aux apprenants. La réalisation de ce défi ne peut avoir lieu sans l’appui des autorités universitaires et des pouvoirs publics qui ont le devoir de mettre à la disposition des enseignants les moyens techniques, matériels, humains et logistiques nécessaires. Dans ce contexte, le projet « Un enseignant, un ordinateur » consistant à offrir à chaque enseignant un ordinateur portable peut être ressuscité et mis en œuvre. La seconde catégorie de recommandations a trait aux méthodes d’apprentissage des enseignements. A cet effet, les étudiants sont appelés à redoubler d’effort dans leurs études et à adopter des comportements responsables en vue de leur succès. Ils doivent comprendre que leur présence effective dans les salles de cours est de rigueur dans le système tant que l’ensemble des cours n’est pas mis en ligne. En outre chaque étudiant doit prendre conscience de l’importance des Tics et assimiler les techniques de manipulation de l’outil informatique, matériel incontournable dans le processus d’internationalisation du savoir. Par railleurs, dans cette logique, l’enseignant doit accompagner l’étudiant en combinant judicieusement la pratique et la théorie. La troisième catégorie de recommandations consiste à faire en sorte que les méthodes d’évaluation connaissent un changement radical. Pour ce faire, il convient de faire en sorte que tous les types d’évaluation (diagnostic, formative et sommative) soient appliqués par chaque enseignant. La quatrième catégorie de recommandations concerne la gestion de la réforme par l’université. En croisant les opinons des différents acteurs, il ressort la nécessité de repenser la réforme LMD, de la recadrer en tenant compte des erreurs commises lors de la mise en œuvre (mauvaise préparation du terrain, précipitation, carence financière, logistique et humaine). Des campagnes d’information et de sensibilisation 35 doivent être intensifiées pour amener les différents acteurs de la réforme et en particulier les étudiants et les enseignants, à une pleine adhésion à la réforme. Par rapport à la dernière catégorie de recommandations, il importe d’initier les étudiants à la conception de leurs projets professionnels. En ce sens, il faudrait que les enseignants s’efforcent de développer l’applicabilité de leurs enseignements et surtout d’offrir à leurs étudiants les formations qui répondent aux besoins de la société. Dans cette perspective, des concertations permanentes doivent être initiées entre le corps enseignant et les acteurs du monde professionnel. Pour renforcer le partenariat entre l’université et le monde du travail il faudra créer des cadres de collaboration plus étroite entre l’université et les employeurs. Bibliographie BALONGA M., MFOUNDOU J., BANOUKOUTA M. (2009) : Atteindre les objectifs du millénaire en éducation au Congo : Etat des lieux et perspectives. Rapport d’étude, Programme ROCARE des petites subventions pour la recherche en éducation, édition 2009, Brazzaville, 41 p. BECKER G. S. (1975): Human Capital: A theoritical and Empirical Analysis, with Special Reference to Education, New York: Columbia University Press, 2e édition. BIANCHINI P. (2001): Réformes de l’enseignement et syndicalisme en Afrique francophone. In L’Afrique Politique. p. 181-199. COOMBS P. H. (1968): The Word Educational Crisis: A system Analysis, Oxford University Press, New York. ELA J. M. (1971): La plume et la pioche. Réflexion sur l’enseignement et la société dans le développement de l’Afrique noire. Editions Clé, Yaoundé, p. 1-58. EURY X. (2002) : La crise de l’enseignement supérieur en Afrique subsaharienne francophone : une analyse économique des causes et voies possibles de redressement ». Thèse pour le doctorat ès sciences économiques, université de Dijon. FEUDJIO Y. B. D. (2007) : L’adoption du système « LMD » par les universités du Cameroun : enjeux, contraintes et perspectives. Revue de l’enseignement supérieur en 36 Afrique. CODESRIA, Vol. 7, n°1 et 2, Dakar, p. 141-157. HUGON P., GAUD M. et PENOUIL M. (Dir, 1994) : Crises de l’éducation en Afrique, n° spécial de l’Afrique contemporaine, 172 p. IKANDO P. K. (2009) : Défis du passage au LMD dans les universités congolaises : cas de l’Université de Kinshassa. Revue de l’enseignement supérieure en Afrique, vol 7, n°1 et 2, Codesria, Dakar, p. 95-120. JOSETTE S. et al. (2005) : Mise en place du LMD (Licence-Master-Doctorat). Ministère de ‘éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche. 12 p. JUSTMAN M. ET THISSE J-F (1997) : Faut-il régionaliser l’enseignement supérieur ? Revue économique, 48 (3), p. 569-577. KRUGMAN P. (1974) : L’éducation et les problèmes de l’emploi dans les pays en développement. BIT, .Genève, p.1-26. MAKOSSO B., SAFOULANITOU L. N., NDEFFO L. N., GBETNKOM D., KOFFI A. K., THOMBET R. M., GNAMOU D. (2009) : Enseignement supérieur en Afrique francophone : Crises, réformes et transformations. Série livre du CODESRIA, Dakar, 130 p. MOSCOVICI : La théorie de la représentation sociale. PASTIAUX G. et J. (2006) : La pédagogie, 3e édition, Nathan, Paris. REESAO (2008) : Guide de formation du LMD : à l’usage des institutions supérieures d’Afrique francophone. Accra, 108 p. SALL H. N. (2007) : Enjeux et perspectives d’une réforme institutionnelle : les universités africaines face au processus de Bologne. UCAD, Dakar, 16 p. TEDGA P. J. M (1989) : L’enseignement supérieur en Afrique noire francophone : La catastrophe ? L’Harmattan, Paris, 215 p. 37 Annexes : les outils 38 GUIDE D’ENTRETIEN INDIVIDUEL A L’INTENTION DES CHEFS D’ETABLISSEMENTS (Faculté/Ecole/Institut/Centre) Monsieur le Doyen / Madame la Doyenne de la Faculté (Directeur d’école/ Institut/ Centre informatique), l’Université de Lomé a démarré une réforme importante : le LMD. Questions Pistes à explorer 1. Pourriez-vous nous dire ce que c’est le LMD 2. Parlez-nous des objectifs de cette réforme 3. Parlez-nous de La finalité de cette réforme 4. Quelle est la politique éducative liée au LMD ? 5. Quelles sont les principaux axes de la réforme ? 6. Parlez-nous des avantages de la réforme et pourquoi est-elle mise en œuvre dans votre établissement 7. Parlez-nous de votre rôle en tant que responsable d’un établissement à UL dans la réussite du LMD 8. Dites-nous les exigences du système LM en matière de l’offre de formation 9. Quels sont les efforts consentis pour l’instauration des parcours professionnalisant des étudiants dans votre établissement ? 10. Parlez-nous de dispense des établissement la méthodologie de cours dans votre 11. Parlez-nous du système d’évaluation des étudiants dans votre établissement • • • supports de cours les Tics techniques utilisés • • • les méthodes utilisées, les types d’évaluation, la structure des épreuves 12. Quel sont les principales difficultés qui sur le plan : • organisationnel ; handicapent la progression des étudiants • pédagogique ; dans votre établissement • Scientifique. 13. Quels sont selon vous les progrès enregistrés dans le processus de la réforme LMD à l’UL? 39 Questions Pistes à explorer 14. Les échecs enregistrés dans le processus de la réforme LMD ? 15. Quelles sont les problèmes liés à la gestion du système à l’UL ? 16. Quelles sont les urgences auxquelles vous faites face en matière de gestion de votre institution à cause du passage au LMD 17. Quels sont les problèmes rencontrés (Contraintes à la mise en œuvre de la réforme LMD) dans votre Etablissement • • • • • • • • • Communication Administration Infrastructures TICs Moyens financiers Matériels didactiques Qualité de l’enseignement efficacité interne et externe Importance des ressources humaines • • • • • • • • • Promotion Relations entre acteurs du système Séminaires, travaux, formations, réformes de curricula, professionnalisation, financement, construction de salles de cours, dons de matériels informatiques etc • 18. Les efforts consentis pour pallier les difficultés liées à la réforme LMD dans votre Etablissement ? 19. Votre appréciation des résultats de la réforme obtenus à ce jour ? • sur le plan : organisationnel, • • • • • • • • • équipement/infrastructures, TICs, financier, etc. étudiants, enseignants, les autorités universitaires impliquées, les autorités universitaires, les pouvoirs publics, le patronat • pédagogique et Scientifique, 20. Quelles sont vos relations avec les différents acteurs dans la mise en œuvre de la réforme ? 21. Quels perspectifs envisagées pour le système LMD ? Merci 40 GUIDE D’ENTRETIEN INDIVIDUEL A L’INTENTION DES ENSEIGNANTS (Faculté/Ecole/Institut/Centre) Cher / Professeur/Enseignant, l’Université de Lomé a démarré une réforme importante : le LMD. Questions 1. Pistes à explorer Pourriez-vous nous dire ce que c’est le LMD 2. Parlez-nous réforme des objectifs de cette 3. Parlez-nous de La finalité de cette réforme 4. Quelle est la politique éducative liée au LMD ? 5. Quelles sont les principaux axes de la réforme ? 6. Parlez-nous des avantages de la réforme et pourquoi est-elle mise en œuvre dans votre établissement 7. Parlez-nous de votre rôle en tant que enseignant dans la réussite du LMD 8. Dites-nous les exigences du système LM en matière de l’offre de formation 9. Quels sont les efforts consentis pour l’instauration des parcours professionnalisant des étudiants dans votre établissement ? 10. Parlez-nous de la méthodologie de dispense des établissement cours dans votre 11. Parlez-nous du système d’évaluation des étudiants dans votre établissement • supports de cours • les Tics • techniques utilisés • • • les méthodes utilisées, les types d’évaluation, la structure des épreuves 12. Quel sont les principales difficultés qui sur le plan : • organisationnel ; handicapes la progression des • pédagogique ; étudiants dans votre établissement • Scientifique. 13. Quels sont selon vous les progrès enregistrés dans le processus de la réforme LMD à l’UL? 41 Questions Pistes à explorer 14. Quels sont selon vous les échecs enregistrés dans le processus de la réforme LMD à l’UL? 15. Quelles sont les problèmes liés à la gestion du système à l’UL ? 16. Quels sont les problèmes rencontrés dans la mise en œuvre de la réforme LMD dans votre Etablissement • • • • • • • • • • 17. Quels les efforts consentis pour pallier les difficultés liées à la réforme LMD dans votre Etablissement ? • • • • • • • • 18. Votre appréciation des résultats de la réforme obtenus à ce jour ? 19. Quelles sont vos relations avec les différents acteurs dans la mise en œuvre de la réforme ? Communication Administration Infrastructures TICs Moyens financiers Matériels didactiques Qualité de l’enseignement efficacité interne et externe Importance des ressources humaines Promotion Relations entre acteurs du système Séminaires, travaux, formations, réformes de curricula, professionnalisation, financement, construction de salles de cours, dons de matériels informatiques etc. • sur le plan : organisationnel, • • • • • • • • • équipement/infrastructures, TICs, financier, etc. étudiants, enseignants, les autorités universitaires impliquées, les autorités universitaires, les pouvoirs publics, le patronat • pédagogique et Scientifique, 20. Quels perspectifs envisagées pour le système LMD ? Merci 42 GUIDE D’ENTRETIEN INDIVIDUEL A L’INTENTION DES ETUDIANTS (Faculté/Ecole/Institut/Centre) Cher camarade étudiant, l’Université de Lomé a démarré une réforme importante : le LMD. Questions Pistes à explorer 1. Parlez nous du système LMD 2. Parlez-nous réforme des objectifs de cette 3. Avez-vous été informé de la mise en œuvre de la réforme dans votre Etablissement ? 4. 5. sur le plan : • organisationnel ; • pédagogique ; • Scientifique. Savez-vous quels sont les avantages de la réforme et pourquoi est-elle mise en œuvre dans votre établissement Parlez-nous de la méthodologie de dispense des cours dans votre établissement 6. Parlez-nous du système d’évaluation des étudiants dans votre établissement • supports de cours • les Tics • techniques utilisés • les méthodes utilisées, • les types d’évaluation, • la structure des épreuves 7. Quel sont les principales difficultés qui sur le plan : • organisationnel ; handicapes la progression des • pédagogique ; étudiants dans votre établissement • Scientifique. 43 Questions 8. Dites nous ce qui a guidé le choix de votre parcours à UL. 9. Comment faut-il se prendre pour mieux réussir dans son parcours. Pistes à explorer 10. Parlez-nous de votre degré d’adaptation au système LMD. 11. Quelles sont vos relations avec les différents acteurs dans la mise en œuvre et l’information sur la réforme? • • • • • • 12. Quelle est votre appréciation des résultats de la réforme obtenus à ce jour ? Etudiant ; Enseignants ; les autorités universitaires impliquées ; les autorités universitaires ; les pouvoirs publics ; le patronat. sur le plan : • • • organisationnel ; pédagogique ; Scientifique. 13. Que proposer vous pour l’amélioration du système LMD dans votre établissement Merci 44 Table des Matières SIGLES ET ACRONYMES ........................................................................................................................... 2 RESUME EXECUTIF..................................................................................................................................... 3 INTRODUCTION............................................................................................................................................ 5 1. PROBLEMATIQUE ET JUSTIFICATION DE L’ETUDE .................................................................... 5 1.1. 1.2. 1.3. 2. CADRE THEORIQUE ........................................................................................................................... 9 2.1. 2.2. 2.3. 3. DEFINITION DES CONCEPTS .................................................................................................................. 9 REVUE SELECTIVE DE LA LITTERATURE.............................................................................................. 10 CADRE DE REFERENCE THEORIQUE.................................................................................................... 12 METHODOLOGIE ............................................................................................................................... 14 3.1. 3.2. 3.3. 3.4. 3.5. 3.6. 3.7. 4. CONTEXTE ET PROBLEME ..................................................................................................................... 5 OBJECTIFS............................................................................................................................................. 8 HYPOTHESES......................................................................................................................................... 9 TYPE D’ETUDE.......................................................................................................................................... 14 CADRE GEOGRAPHIQUE DE L’ETUDE .................................................................................................. 14 CONSTRUCTION DES VARIABLES ET INDICATEURS............................................................................. 14 ECHANTILLONNAGE ............................................................................................................................ 15 OUTILS ET TECHNIQUES DE COLLECTE DES DONNEES ....................................................................... 15 TECHNIQUE DE TRAITEMENT ET D’ANALYSE DES DONNEES ............................................................... 16 LIMITES DE L’ETUDE ............................................................................................................................ 16 RESULTATS........................................................................................................................................ 17 4.1. 4.2. 4.3. 4.4. 4.5. METHODE D’ENSEIGNEMENT ............................................................................................................... 17 ETUDIER DANS LE LMD ...................................................................................................................... 19 METHODES D’EVALUATION ................................................................................................................. 21 GERER AUTREMENT ............................................................................................................................ 23 PROFESSIONNALISER .......................................................................................................................... 30 CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS............................................................................................... 33 BIBLIOGRAPHIE......................................................................................................................................... 36 ANNEXES : LES OUTILS.................................................................................................................................... 38 TABLE DES MATIERES............................................................................................................................. 45 45