cahiers slf 3 - Syndicat de la librairie française

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cahiers slf 3 - Syndicat de la librairie française
Sommaire
octobre 2005
no 3
4
Éditorial
jacques bonnet
5 De la norme à la revendication.
Brève histoire de l’édition indépendante
depuis 1945
20 L’indépendance menacée des librairies
françois rouet
jean-marie sevestre
25 Qu’est-ce qu’une politique éditoriale
dans une maison indépendante ?
éric vigne
Le cas des sciences humaines
35 La petite édition
À la frange de l’édition,
mais au cœur de la création
françoise benhamou
42 Du règne contestable du quantitatif
dans l’appréciation de la production éditoriale
jacques bonnet
54 Paroles d’édition
liana lévi / richard edwards / danielle dastugue
thiérry discépolo / marc leymarios / adam biro
jean-françois manier
72 Des politiques de fonds
au prix de l’indépendance
christian thorel
[les cahiers du syndicat de la librairie française]
3
éditorial
L
a culture ne vit que de diversités et de voix plurielles. L’industrie et la finance
fonctionnent, elles, sur un mode de concentrations et de regroupements à forte
tendance hégémonique. C’est entre ces deux forces diamétralement opposées
que se débattent l’édition et, pour le moment dans une mesure moindre, la
librairie. Or un certain nombre d’événements récents – le rachat de 60 % du secteur
éditorial de Vivendi par Hachette, celui des 40 % restants par le fond d’investissement
Wendel, les ventes de Flammarion et du Seuil, celle du Cherche-midi, l’acquisition des 32
librairies de la chaîne Privat par Bertelsmann – font craindre que le fragile équilibre qui
s’était instauré ces dernières décennies soit en péril. La librairie indépendante a besoin pour
survivre d’une production éditoriale, non seulement de qualité, mais hétérogène, singulière,
surprenante, hors-norme, à contre courant, c’est-à-dire par définition celle des éditeurs
indépendants. Non pas que les groupes n’éditent pas d’excellents ouvrages, mais leur
fonctionnement, leur management, leur obligation de résultats immédiats poussent à une
certaine uniformisation de la production et à la répétition de ce qui a marché, avec bien
souvent de la frilosité devant des prises de risques purement éditoriaux. La raréfaction des
maisons indépendantes moyennes, rend la librairie dépendante, pour l’approvisionnement
qui fait sa spécificité, de la petite et même de la micro-édition. De son coté, l’édition
indépendante en général, et la petite en particulier, a un besoin vital de la librairie
traditionnelle, de son rôle de conseil et de son souci de proposer à sa clientèle autre chose
que la nouveauté à succès. La librairie est, par ailleurs, la seule chance pour un livre négligé
par la presse et les médias, d’avoir une certaine diffusion grâce à un bouche à oreille, qui
souvent a pour origine une lecture et un conseil de libraire.
Libraires et éditeurs indépendants sont donc condamnés à s’entendre. Et pour cela mieux
vaut se comprendre. C’est l’intention de ce cahier qui réunit des contributions d’économistes du
livre (François Rouet et Françoise Benhamou), de libraires (Jean-Marie Sevestre et Christian Thorel) et de quelques éditeurs.Avec l’espoir que cet ensemble d’analyses, de réflexions et de points
de vue, débouchera sur des actions concrètes communes et …indispensables.
jacques bonnet
4 [les cahiers du syndicat de la librairie française]