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G 3 – La France en villes.
Avec plus de 80% de la population résidant dans des villes, la France est un pays de citadins. Cependant,
cette urbanisation est tardive ce qui a conduit à un certain nombre de difficultés dans les villes et les espaces
ruraux limitrophes.
Quels sont les enjeux de l’aménagement des villes françaises ? Avec quelles conséquences sur les territoires
ruraux ?
Les villes doivent faire face à un renforcement de leur rôle, aux inégalités socio-spatiales et à leur impact
sur les espaces ruraux limitrophes.
I.
De l’urbanisation à la métropolisation.
Comme tous les pays développés, la France est fortement urbanisée. Cette situation est le fruit d’un
processus d’urbanisation qui a provoqué, par la suite, une métropolisation.
A.
L’urbanisation du territoire.
Les mouvements de population montrent une concentration croissante des habitants dans les villes,
notamment dans les villes-centres des grandes agglomérations du sud et de l’ouest du territoire. Actuellement,
les trois-quarts de la population et la majorité des activités se concentrent dans les villes. 60% de la population
occupe 8% du territoire tandis que 10% de cette même population occupe 66% du territoire. Cette situation est
le résultat d’un processus d’urbanisation tardif par rapport aux autres pays européens. Il faut attendre 1931 pour
voir le nombre d’urbains dépassé celui des ruraux mais en 1945 il n’y a que 53% d’urbains. Les « Trente
Glorieuses » sont marqués par une accélération de l’urbanisation en raison de l’exode rural, du baby-boom et de
l’immigration. La crise des années 70 conduit à un ralentissement de l’urbanisation qui s’accélère, de nouveau,
à partir de la fin des années 90. En 2007, la croissance des centres-villes se poursuit (17 millions d’habitants),
de même que celles des banlieues (20 millions d’habitants) et des espaces périurbains (10 millions d’habitants).
Cette urbanisation de la France a donné naissance à une armature urbaine très spécifique. La macrocéphalie
parisienne demeure (près de 12 millions d’habitants). C’est une situation que l’on retrouve à l’échelle des
régions d’outre-mer où la ville principale regroupe environ 30 % de la population. Les autres aires urbaines
métropolitaines les plus peuplées ont aussi connu une forte croissance (Lyon avec 1,6 millions d’habitants ou
Marseille avec 1,5 millions) mais restent très loin de Paris. Au total, l’agglomération parisienne et les onze
premières agglomérations dépassant 500 000 habitants concentrent, en 2010, plus de 20 millions d’habitants.
Les villes moyennes entre 20 000 et 100 000 habitants, très nombreuses, jouent un rôle important dans
l’encadrement du territoire, notamment pour les services de proximité. Elles avaient gagné de la population
dans les années 1960-1975 mais désormais, elles stagnent et certaines redoutent même le déclin en raison de
l’arrêt de la politique de déconcentration industrielle et de la fin de l’exode rural qui alimentait leur croissance
démographique.
Le processus d’urbanisation se traduit par une extension spatiale des villes, un étalement urbain. De 1945 à
1975, les centres-villes se développent dans les banlieues avec la construction de grands ensembles, symboles
de modernité. Puis, ce sont les espaces ruraux limitrophes qui connaissent le phénomène de périurbanisation en
accueillant les classes moyennes et les milieux populaires solvables à la recherche de pavillons individuels.
L’étalement urbain rend difficile la définition de ce qui est urbain. Les chiffres et les limites physiques liées au
bâti ne suffisent pas pour prendre totalement la mesure de l’urbanisation du territoire français. L’immense
majorité des habitants travaille en ville, consomme en ville et a un mode de vie et des mentalités, voire des
représentations de citadins. Les différences d’urbanisation sont plus de degré que de nature. Ceci explique la
multiplicité des définitions et zonages retenus, avec pour conséquence des taux d’urbanisation compris entre 75
% et plus de 90 %. Les observateurs (INSEE, Géographes) tentent d’apprécier le degré d’urbanisation en
fonction de différents critères : mobilités pendulaires (et de plus en plus celles liées aux loisirs et à la
consommation), habitat… Au recensement de 1999, 354 aires urbaines – ville-centre + banlieues + espaces
périurbains) ont ainsi été identifiées.
L’accroissement et l’étalement des villes sont à l’origine de nouvelles dynamiques spatiales et formes
d’organisation : accroissement de la fonction résidentielle à la périphérie des villes, zones industrielles,
équipements lourds, stations d’épuration. Ce sont aussi des « centres nouveaux » qui s’affirment sur ces marges
urbaines, créant des aires urbaines polycentriques: centres commerciaux (Val d’Europe en Seine-et-Marne),
parcs de loisirs parfois de dimension internationale (Disneyland Paris), plates-formes multimodales (Roissy) ou
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territoire d’innovation (Luminy et Château-Gombert). Ces nouvelles implantations bénéficient d’avantages :
espace disponible et coûts fonciers moindres, facilités d’échanges et de logistique, démocratisation de
l’automobile…
L’urbanisation que la France a connue provoque un regroupement des populations, des fonctions de haut
niveau, des richesses et des pouvoirs des décisions dans quelques villes, c’est-à-dire une métropolisation.
B.
La métropolisation du territoire.
A partir d’un certain seuil démographique (200 000 habitants au minimum), la plupart des villes cherchent à
accéder au statut de métropole, c’est-à-dire des centres urbains qui concentrent les fonctions de
commandement, les services stratégiques les plus diversifiés et les plus développés et qui disposent d’une
influence sur les territoires proches, à différentes échelles. Ce processus est une conséquence de la
mondialisation, ce qui explique qu’il n’est réellement envisageable que pour les villes d’envergure
internationale.
En France, seule la capitale peut être considérée comme une métropole de rang mondial. Paris est une des
rares villes à avoir atteint ce degré d’urbanisation. Paris regroupe 18,5% de la population mais produit 29% du
PIB du pays. Elle rassemble aussi les pouvoirs politiques et économiques (sièges des principales FMN
françaises, 45% des emplois de cadres). Il s’agit, enfin, dans un centre culturel et d’une interface avec le monde
(70% du trafic aérien français). Cette puissance la classe au même qu’une poignée de villes dans le monde,
comme New York, Londres ou Tokyo. Malgré tout, avec l’affirmation des régions et de l’Union européenne, de
plus en plus de villes affichent des ambitions métropolitaines à ces échelles géographiques.
Derrière Paris, Lyon, la deuxième ville de France, est sept fois moins peuplée que Paris mais l’écart se réduit
entre Paris et les grandes villes de province. Sept villes constituent des métropoles au niveau européen ou
régional : Lyon, Aix-Marseille, Lille-Roubaix-Tourcoing, Toulouse, Bordeaux, Nantes et Strasbourg. A elles,
s’ajoutent quatre métropoles incomplètes : Rennes, Montpellier, Nice et Grenoble. Pour se rapprocher de Paris,
les principales métropoles régionales améliorent ainsi leur desserte (gares TGV comme Lille-Europe, réseaux
de transports en commun densifiés : tramway à Strasbourg, Nantes ou Bordeaux]. Les pôles de recherche et
universitaires sont renforcés (Grenoble). Des chantiers urbains ambitieux doivent permettre l’affirmation de ces
nouveaux centres métropolitains : Euralille, Euroméditerranée à Marseille, Lyon confluence ou Bordeaux
Euratlantique. Des bâtiments réalisés par des architectes internationaux de renom (Vasconi, De Portzamparc,
Rem Koolhaas, Zaha Hadid) témoignent de cette concurrence. L’organisation de grandes manifestations
sportives ou culturelles ainsi que l’obtention de label comme celui de capitale européenne de la culture (Lille en
2004, Marseille en 2013) sont aussi recherchés. En partie à cause de la macrocéphalie parisienne, les
métropoles régionales françaises, malgré les progrès réalisés, sont toujours en retrait par rapport à leurs voisines
européennes. Pour se développer, elles pratiquent un « marketing territorial » afin d’attirer les entreprises et se
livrent donc une concurrence accrue à des échelles géographiques de plus en plus imbriquées.
Cependant, cette vive concurrence n’exclut pas la coopération entre les villes. Certaines n’atteignent pas un
seuil démographique et/ou qualitatif suffisant pour accéder au statut de métropole. Elles se regroupent donc
pour compenser ces lacunes. Ces regroupements sont d’ailleurs largement encouragés par la politique
d’aménagement du territoire (DATAR) au travers de l’appel à coopération métropolitaine. Ceci explique le
rapprochement de Nantes, Saint-Nazaire, Rennes et Angers mais aussi de Rouen, Le Havre et Caen. Des
partenariats sont aussi conclus à l’échelle européenne, en particulier grâce à des configurations
transfrontalières. L’aire métropolitaine de Lille constitue un excellent exemple de coopération par-delà les
frontières avec la Conférence intercommunale transfrontalière (COPIT) qui renforce les liens avec le versant
belge. Strasbourg, Mulhouse (avec Bâle) ou Lyon ont des initiatives semblables.
La France a vu, progressivement, sa population se concentrer dans les villes ce qui a permis à ces dernières
d’accumuler les pouvoirs. Le processus de métropolisation n’en demeure pas moins fortement concurrentiel et
très inégal selon les villes. Il est un facteur de renforcement du poids des métropoles et des inégalités sociospatiales à l’intérieur de l’espace urbanisé.
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II. Aménager la ville : réduire les factures socio-spatiales.
L’urbanisation de la France a provoqué une fragmentation de l’espace urbain auquel les pouvoirs publics
tentent d’apporter des réponses. Ces dernières correspondent à un choix de société quant au futur des villes.
A.
Un espace urbain très fragmenté.
La Révolution Industrielle du XIXe siècle a donné naissance à une opposition entre les quartiers bourgeois et
les quartiers ouvriers à l’intérieur des villes (encore partiellement visible à Paris). Mais, avec le processus de
métropolisation qui renforce l’attrait du centre-ville et y concentre la richesse, les villes présentent des
contrastes socio-spatiaux de plus en plus marqués et plus complexes. Les populations les plus aisées peuvent
choisir leur lieu d’habitation selon leurs aménités, avantages : centre-ville rénové ou réhabilité (gentrification),
banlieue pavillonnaire, périurbain proche. A l’inverse, les catégories sociales les plus modestes sont exclues de
ces quartiers recherchés à cause du coût élevé du logement ; elles sont souvent reléguées dans des quartiers
anciens dégradés, des grands ensembles de banlieue des années 1960 et certaines zones périurbaines éloignées.
Les quartiers centraux et la petite couronne de Paris sont particulièrement symboliques de cette évolution. La
gentrification a conduit au développement de l’habitat résidentiel par une mise en valeur du patrimoine
historique, le développement des rues piétonnes et la tertiarisation des activités. Désormais, ces espaces sont
habités par des populations favorisées rejetant les populations qui le sont moins en grande couronne parisienne
voire dans les départements limitrophes de l’Ile-de-France.
Aujourd’hui, les centres-villes accueillent donc majoritairement des populations aisées tandis que les
banlieues proches bien équipées reçoivent des classes moyennes à la recherche d’un logement individuel enfin
les banlieues plus éloignées opposent des communes aisées et des communes plus populaires. Ces oppositions
sont à l’origine d’une véritable fragmentation socio-spatiale entre communes et entre quartiers. Se mettent ainsi
en place des stratégies de contournement destinées à maintenir une certaine unité sociale : contournement
scolaire, refus de construire des logements sociaux, rejet de certaines activités ou infrastructures, apparition de
résidences fermées aisées (région parisienne, Sud du pays)… Il en résulte une ghettoïsation de certains quartiers
dont les habitants cumulent les difficultés sociales (échec scolaire, problèmes de logement et de santé, faibles
qualification et mobilité…). Par exemple, 8,3 millions de Français, soit 13% de la population, habitent dans des
quartiers où le chômage est deux fois supérieur à la moyenne nationale et où le chômage des moins de 26 ans
frôle les 40%. Cette situation dramatique conduit, parfois, à l’apparition de zones de non-droit où l’absence de
débouchés est comblée par le développement d’une économie parallèle reposant sur différents trafics, en
particulier celui de la drogue, ou sur des violences urbaines.
La métropolisation des villes a renforcé le manque de mixité sociale dans les différents quartiers des villes
donnant naissance à de véritables ghettos sociaux. Pour lutter contre cette situation, les pouvoirs publics ont
développé une politique de la ville.
B.
Une succession de politiques de la ville.
Depuis la fin des années 1970, une politique dite « de la ville » a été instituée, centrée sur les quartiers en
difficulté concentrant paupérisation, ethnicisation et relégation sociale. Entre 1989 et 2012, ce sont 90 milliards
d’euros qui vont être investis pour lutter contre les phénomènes d’exclusion des populations urbaines
défavorisées dans les 750 zones urbaines sensibles (ZUS) qui regroupent, en 2006, 4,4 millions de personnes.
Le programme national de rénovation urbaine vise à restructurer, dans un objectif de mixité sociale
(présence de catégories sociales différentes dans un même quartier) et de développement durable, 530 quartiers
classés en zone urbaine sensible. Il s’agit, sous l’égide de l’ANRU (Agence Nationale pour la Rénovation
Urbaine), de réhabiliter, démolir et édifier des logements et des équipements publics collectifs. Les grands
ensembles des années 60 sont démolis et remplacés par des quartiers moins densément peuplés et plus divers
quant aux formes d’habitat. L’Etat cherche aussi à favoriser la création d’entreprises et l’implantation
d’activités dans ces zones. Ainsi, une centaine de zones franches urbaines bénéficient de dispositifs d’aide à la
création d’emplois. Plus largement, 2 500 quartiers regroupant 7,9 millions d’habitants font l’objet de Contrats
urbains de cohésion sociale (CUCS) associant l’Etat et les collectivités.
Cependant, ces politiques de la ville présentent un certain nombre de défauts. Tout d’abord, l’empilement
d’outils et de plans rend leur efficacité souvent limitées. L’utilisation des financements est souvent opaque
soulevant des questions sur la réalité de leur utilisation. Enfin, l’amélioration du cadre bâti ne résout pas les
difficultés sociales ; le déficit de formation et d’activités s’y aggrave souvent, les symptômes de tensions
urbaines y persistent.
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Pour lutter contre les inégalités socio-spatiales, les pouvoirs publics ont mené une succession d’actions dont
l’efficacité reste limitée. Cette situation s’explique, peut-être, par l’absence de projet clair et partagé quant au
futur de la ville.
C.
Quelles villes pour quelle société ?
La fragmentation spatiale n’est pas seulement sociale mais aussi fonctionnelle. Le zonage de l’espace,
pratiqué depuis le milieu du XXe siècle a conduit à spécialiser les quartiers de la ville en séparant l’habitat des
activités (commerces, services, industries). Il en résulte des déplacements urbains qui ne cessent de s’allonger
au fur et à mesure de l’étalement urbain, provoquant la congestion des axes de transport et donc une pollution
importante. La périurbanisation est donc à l’origine de coûts financiers et environnementaux importants.
Devant toutes ces faiblesses des villes (impact environnemental important, ségrégation sociale et économique),
l’application du développement durable aux ensembles urbains apparaît comme une nécessité. Il faut donc à la
fois réduire les pollutions produites par les villes tout en assurant, à la fois, une mixité sociale et une mixité
fonctionnelle (activités et habitat)
Le concept de ville durable se manifeste de différentes façons. Votée en 2000, la loi SRU a fixé un objectif
de 20 % de logements sociaux par commune de plus de 3 500 habitants en 2020 ; mais, en 2010, encore 45 %,
des communes assujetties ne la respectent pas. Les collectivités sont également incitées à maîtriser
l’organisation de leur territoire en établissant des Schémas de cohérence territoriale (SCOT) et les déplacements
par des Plans de Déplacements Urbains (PDU). Par exemple, des écoquartiers se multiplient dans les villes. Ils
se caractérisent par le développement des espaces verts, par une meilleure gestion de l’énergie et des déchets,
par la mise en place de règles harmonieuses d’urbanisme et par une forte mixité sociale et fonctionnelle. De
même, les nouvelles infrastructures de transports urbains reposent sur des transports, collectifs ou individuels,
plus « doux » (transport en commun en site propre : tramway et couloir de bus, vélo…) et peuvent contribuer au
décloisonnement des quartiers et à la décongestion du centre-ville. Enfin, 500 villes françaises disposent
d’Agendas 21.
Les espaces urbains sont très fragmentés sur le plan social, provoquant des tensions. Aussi, les pouvoirs
publics ont-ils développé une politique de la ville cherchant à réduire la fragmentation sociale. Cependant, leur
efficacité est limitée en raison de l’absence d’un réel projet d’ensemble, malgré quelques réalisations
ponctuelles. La question de l’impact des villes est particulièrement sensible dans les espaces ruraux situés à
proximité des villes.
III. Les espaces ruraux : entre attractivité urbaine et nouvelles formes de
développement.
Les espaces à dominante rurales représentent 51% des communes françaises et sont fortement influencés
par l’étalement urbain qui provoque une mutation des campagnes dont les effets sont plus ou moins bénéfiques.
A.
Les mutations des campagnes en raison de l’étalement urbain.
Depuis quelques décennies, l’étalement urbain et le mitage des espaces ruraux ont favorisé l’interpénétration
entre les deux types de territoire. La limite entre villes et campagnes est devenue floue. La superficie des
territoires à dominante rurale continue de diminuer. En 1999, ils représentaient 70% du territoire et un peu plus
de 20% de la population métropolitaine. En 2007, ils ne comprenaient plus que 59% du territoire et 18% de la
population. Même quand la population de ces territoires ruraux augmente, c’est qu’ils fusionnent peu à peu
avec les territoires urbanisés. En effet, l’étalement urbain atteint jusqu’à 60 km en province et 100 km autour de
Paris. Après les régions méridionales et la région parisienne, ce sont les territoires du Grand Ouest, de la vallée
du Rhône, du sillon alpin ou de l’arrière-pays genevois qui sont concernés. La périurbanisation concerne,
aujourd’hui, l’ensemble des aires urbaines. Une conjonction de facteurs explique le processus d’exode urbain.
L’élévation du niveau de vie, la part importante des migrations de retraite, la multiplication des résidences
secondaires (3 millions en France, principalement dans les régions littorales), la densification des moyens de
communication rapide et l’aspiration des « néo-ruraux » à la propriété individuelle proche de la nature
expliquent le renouveau de ces « campagnes citadines ».
Les populations de « néo-ruraux » sont très variées. Les ménages avec enfants sont les plus importants et
participent au rajeunissement démographique des campagnes. Le phénomène touche aussi les retraités, tout
comme les étrangers européens. Les classes moyennes sont majoritaires. Les classes populaires contribuent
aussi à modifier la structure de la population des campagnes. La mobilité géographique est forte et le taux
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d’équipement en automobile des ménages ruraux est élevé : il est désormais de plus de 90% contre 50% pour
les ménages parisiens. En effet, les trajets sont nombreux entre le travail, l’école, les commerces et les loisirs.
Ceci représente parfois un coût trop important conduisant à une relocalisation en ville. Les « néo-ruraux »
travaillent, majoritairement, en ville et participent donc à la production d’une économie d’emplois résidentiels
(commerce, service, BTP, artisanat) qui se substitue aux emplois agricoles (780 000 en 2007) et industriels.
Ceci entraîne un transfert de richesses des villes vers les campagnes mais aussi des conflits entre ruraux et
urbains (problème du coq…).
La périurbanisation permet une croissance démographique de 1,1% par an dans les espaces ruraux alors
qu’elle n’est que de 0,7% dans les espaces urbains. Cependant, ce dynamisme est variable en fonction des
situations.
B.
Les trois « visages » des territoires ruraux.
Les campagnes périurbaines sont les plus dynamiques. Elles connaissent une évolution d’autant plus rapide
que le pôle urbain proche est dynamique. C’est le cas notamment autour de Lyon, Nantes, Rennes, Toulouse,
Montpellier, Bordeaux ou Marseille, où croissance démographique et développement économique structurent
les périphéries urbaines.
Certains territoires ruraux connaissent une « renaissance ». Leur potentiel naturel ou culturel leur ont permis
d’enrayer le déclin démographique. Bien desservis par les infrastructures de communication, ils ne sont pas très
éloignés des pôles urbains. Ils accueillent de nombreuses résidences secondaires qui deviennent des résidences
principales au moment de la retraite. De plus, le développement du trafic aérien « low cost » facilite l’arrivée
de populations étrangères à la recherche d’un cadre de vie particulier. C’est le cas, par exemple, des campagnes
de l’arrière-pays méditerranéen ou du sud-ouest. Ils connaissent un maintien voire un développement des
activités agricoles, même si celles-ci doivent s’adapter à la demande touristique (produits du terroir, gites
ruraux...) ou aux pressions des marchés mondiaux.
Le « rural profond » reste à l’écart des influences de la ville. Dans cette « France du vide » qui s’étend entre
le piémont pyrénéen et les Ardennes, et qui englobe une grande partie du Massif central, les densités sont
inférieures à 25 hab./km². Les activités reposent sur une agriculture souvent peu dynamique, le recul
démographique favorise le vieillissement de la population et donc la disparition des services publics et des
commerces. Pour limiter la désertification de ces espaces, l’Etat a mis en place des zones de revitalisation rurale
(ZRR) qui couvrent près de 50% du territoire métropolitain et offrent des avantages fiscaux aux entreprises
ainsi que des pôles d’excellence rurale pour encourager des projets destinés à dynamiser les campagnes.
Les villes françaises se sont fortement développées dans la seconde moitié du XXe siècle et ont vu leur rôle
se renforcer. Il en a résulté une réorganisation de l’espace urbain avec, en particulier, le développement
d’inégalités socio-spatiales. Pour limiter celles-ci, les pouvoirs publics interviennent afin de créer des villes
durables. Dans ce contexte, les espaces ruraux sont fortement affectés mais de façon plus ou moins positive.
La métropolisation provoque une concentration des activités dans les espaces urbains. La présence d’une
ville importante est-elle la seule cause d’implantation d’une activité ?
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