Beethoven 2 - Orchestre Philharmonique Royal de Liège

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Beethoven 2 - Orchestre Philharmonique Royal de Liège
1 €
Jeudi 27 octobre 2016 | 20h
Liège, Salle Philharmonique
Vendredi 28 octobre 2016 | 20h
Eupen, Jünglingshaus (dans le cadre de l’Ostbelgienfestival)
Beethoven 2
● LES SOIRÉES DE L’ORCHESTRE - GRANDS CLASSIQUES
ABSIL, Petite suite pour orchestre de chambre op. 20 (1936) > env. 10’
1. Marche (Allegro)
2. Conte (Andante moderato)
3. Carrousel (Allegro vivo – Presto)
1. Allegro (cadence : Ryan Anthony)
2. Andante cantabile
3. Finale (Allegro)
Juan Antonio Martínez Escribano, trompette
PAUSE
BEETHOVEN, Symphonie n° 2 en ré majeur op. 36 (1802) > env. 35’
1. Adagio molto – Allegro con brio
2.Larghetto
3. Scherzo (Allegro)
4. Finale (Allegro molto)
Amanda Favier, concertmeister
Orchestre Philharmonique Royal de Liège
Karel Deseure, direction
G
râce aux nouvelles possibilités techniques qu’elle offre, la trompette à
clés d’Anton Weidinger, soliste à la cour de Vienne, inspire à Haydn en
1796 un concerto volubile, d’une virtuosité inédite à l’époque. Créée
à Vienne à peine dix ans plus tard, en même temps que le Troisième
Concerto pour piano, la Deuxième Symphonie de Beethoven (1804) s’inscrit encore
dans la lignée de Haydn et Mozart. Même si les grondements du romantisme ne
sont plus très loin…
JEUDI 27 OCTOBRE 2016 BEETHOVEN 2 [PROGRAMME 06]
HAYDN, Concerto pour trompette et orchestre
en mi bémol majeur Hob. VIIe:1 (1796) > env. 15’
Absil
Petite suite (1936)
BELGE. Né en 1893 à Bon-Secours, près de
Péruwelz (Hainaut), et mort à Uccle en 1974,
Jean Absil est l’un des principaux compositeurs belges du XXe siècle. Formé à l’Académie Saint-Grégoire de Tournai puis au
Conservatoire de Bruxelles (piano, orgue, harmonie, contrepoint et fugue), Absil renonce à
une carrière d’organiste pour se tourner vers
la composition, discipline qu’il étudie durant
deux années avec le professeur de composition le plus célèbre de son temps en Belgique,
Paul Gilson. Sa cantate La Guerre (1922) —
Second Prix de Rome — lui vaut d’être nommé
directeur de l’École de Musique d’Etterbeek.
Après le décès de sa première épouse, Absil
se remarie, en 1932, avec Germaine de Sainte
Mareville, Française très cultivée qui l’aide à
développer sa carrière. Au contact de compositeurs comme Roussel, Milhaud, Honegger,
Florent Schmitt, il a l’idée de s’associer à des
compositeurs belges pour fonder une société
de concerts de musique contemporaine appelée « La Sirène ». En 1938, son Concerto pour
piano n° 1 est choisi comme œuvre imposée
en finale du Concours Eugène Ysaÿe (ancêtre
du Concours Reine Élisabeth). L’année suivante, Absil est nommé professeur de fugue
au Conservatoire de Bruxelles, et de contrepoint et fugue à la Chapelle musicale Reine
Élisabeth. De passage à Bruxelles, Bélà Bartók
apprécie à ce point Absil qu’il se propose de
fonder avec lui une école aux États-Unis, invitation qu’Absil déclinera pour des raisons familiales. Premier directeur de la SABAM (société
belge des droits d’auteurs), de 1945 à 1948, il
s’intéresse de près aux folklores roumain et
bulgare. Riche de 162 numéros d’opus, son
œuvre comprend notamment cinq symphonies, trois ballets, des poèmes symphoniques
et de nombreuses œuvres concertantes pour
piano, violon, guitare, alto, cor et saxophone.
2
Haydn Concerto pour trompette (1796)
BACH. Très influencé dès l’enfance par la
musique de Bach, Absil s’est forgé un langage moderne où domine une grande indépendance des voix conduisant à un style
harmonique mêlant polytonalité et atonalité. Composée en 1936, la Petite suite pour
orchestre de chambre op. 20 fait penser au
style « néo-classique » d’un Stravinsky. D’une
écriture vive et déliée, elle plonge l’auditeur
dans le monde de l’enfance avec ses danses
de trépignement, ses formules insistantes,
son usage des percussions (caisse claire, xylophone), sa plongée dans l’univers des contes
et légendes… En tête de la partition, Absil
a placé les indications suivantes : « L’œuvre
est évocatrice mais non descriptive. Les jeux
des tout petits l’ont inspirée, lui ont imprégné
un caractère tout particulier. Elle débute par
une Marche [Allegro] aux rythmes brefs, aux
thèmes pétillants où s’entremêlent des bribes
de chansons enfantines. Le Conte [Andante
moderato] nous introduit dans quelque forêt
bleue où se déroule sans doute une histoire
charmante et fantasque. Le Carrousel [Allegro
vivo – Presto] tourne autour de chansons
enfantines, tourne de plus en plus vite jusqu’à
l’accord final. L’orchestration comporte : flûte,
hautbois, clarinette, basson, 2 cors, timbales,
percussion et cordes. » Enregistrée en son
temps par l’Orchestre de Chambre de l’INR
(Institut National de Radiodiffusion), dirigé par
Edgard Doneux, la Petite suite a été transcrite
pour harmonie et fanfare.
WEIDINGER. C’est probablement en 1793 que
le trompettiste de la cour de Vienne Anton
Weidinger (1767-1852) invente une « trompette à clés » pour élargir les possibilités de la
« trompette naturelle » (sans clés ni pistons). À
l’époque baroque, la trompette naturelle brillait
dans le registre aigu, seul registre dans lequel
elle pouvait techniquement jouer de véritables mélodies. Les registres grave et médian
comportaient de grandes lacunes puisque
de nombreuses notes manquantes rendaient
impossible l’exécution d’une simple gamme
chromatique (passant par tous les demi-tons).
Série de sons harmoniques accessibles sur une trompette naturelle.
À L’ÉPOQUE CLASSIQUE, glissant vers le registre médian, la trompette est cantonnée à un
rôle de soutien harmonique et rythmique, et
perd ses qualités de soliste. C’est pour remédier à cette situation que Weidinger imagine
d’accéder aux notes manquantes en perçant
des trous permettant de hausser les notes d’un
demi-ton, selon qu’ils sont ou non obturés par
des clés.
COMMANDE. Soucieux de présenter dignement son invention, Weidinger commande à
Joseph Haydn (1732-1809) un Concerto pour
trompette dont le manuscrit autographe est
daté de 1796. Le 6 février 1797, Haydn est
témoin au mariage de Weidinger, et peut-être
lui offre-t-il son concerto à cette occasion.
Est-il trop virtuose ou la trompette à clés de
Weidinger a-t-elle besoin d’être encore perfectionnée ? Toujours est-il que la partition de
Haydn devra attendre encore trois ans avant
d’être jouée pour la première fois, le 28 mars
1800. Entretemps, Weidinger aura présenté,
les 22 et 23 décembre 1798, la partie soliste
d’une Symphonie concertante de Kozeluch,
nettement moins difficile.
CRÉATION. Dans un article du Wiener
Zeitung, daté du 22 mars 1800, Weidinger annonce son concert du 28 en ces termes : « Le
soussigné a l’intention en cette circonstance de
présenter pour la première fois au monde, pour
qu’il puisse en juger, une trompette organisée
de son invention, et qu’il a portée — après sept
années de travaux difficiles et dispendieux — à
ce qu’il estime être un point de perfection : elle
contient plusieurs clés, et sera mise à l’épreuve
dans un concerto écrit spécialement pour cet
instrument par M. Joseph Haydn, Docteur en
Musique, puis dans un air de M. Franz Xav.
Süssmayer, maître de chapelle au Théâtre de
la Cour Impériale et Royale ».
PUISSANT HAUTBOIS. Le 1er janvier 1804,
après avoir apporté d’ultimes perfectionnements à sa trompette, Weidinger se produit dans le Concerto pour trompette de
Hummel. Trois ans plus tard, le Historisches
Taschenbuch (Vienne, 1806) résume l’action
de Weidinger en ces termes : « Le trompettiste
de la cour Weidinger a inventé une trompette à
clés sur laquelle peuvent être produits avec la
plus grande pureté et la plus grande précision,
sur une étendue de deux octaves, tous les demi-tons. Progrès considérable en vérité, mais
il semble que du fait même de ces clés, le son
de la trompette ait perdu de la force qui lui est
propre pour évoquer plutôt celui d’un puissant
hautbois ». De fait, la « trompette à clés » devait finalement être supplantée dès les années
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pette naturelle ». Ce n’est qu’à la 36e mesure
que le soliste fait réellement son entrée sur
un thème chantant sur tous les degrés de la
gamme, dans le registre médian, chose totalement nouvelle pour l’époque.
Il est même suivi d’un ultime motif chromatique (passant par les demi-tons), qui ouvre
définitivement une voie nouvelle à la trompette.
1820 par l’ancêtre de la trompette moderne, la
« trompette à pistons », inventée en 1813 par
les Allemands Heinrich Stölzel (1777-1844) et
Friedrich Blühmel (1777-1845).
HAYDN. Dernière œuvre purement orchestrale de Haydn, composée un an après sa dernière symphonie, le Concerto pour trompette
— aujourd’hui le plus populaire de tous ses
concertos —, fut totalement oublié pendant
129 ans ! Recueilli à la mort de Weidinger en
1852 par le trompettiste viennois Adalbert
Maschek, le manuscrit autographe fut confié
en 1877 à la Société des Amis de la Musique,
à Vienne, où il se trouve toujours aujourd’hui.
Redécouverte au début du XXe siècle, l’œuvre
sera éditée à Bruxelles en 1929 (version pour
piano et trompette), à Berlin en 1931 (version
pour trompette et orchestre), enregistrée
en 1940 (par Harry Mortimer) et en 1951 (par
Helmut Wobisch), avant de connaître une
vogue considérable au disque.
SURPRISE. Le Concerto requiert un orchestre
comportant 1 ou 2 flûtes, 2 hautbois, 2 bassons, 2 cors, 2 trompettes, timbales et cordes.
Reposant sur la forme-sonate traditionnelle
(opposant deux thèmes), l’Allegro initial est
conçu pour ménager un effet de surprise
auprès des premiers auditeurs. Deux interventions du soliste — un bref motif de fanfare —
font d’abord penser que la « trompette à clés »
n’offre aucun avantage par rapport à la « trom4
Au total, la partie soliste couvre dans ce premier mouvement plus de deux octaves complètes (de si bémol à ré bémol), avec un accès
théorique à tous les degrés intermédiaires.
Signalons au passage que la cadence entendue ce soir est celle de Ryan Anthony, trompette solo de l’Orchestre Symphonique de
Dallas depuis 2006 et membre du Canadian
Brass de 2000 à 2003.
L’Andante cantabile, une paisible sicilienne à
6/8, est écrit en la bémol majeur, une tonalité
impraticable jusque-là à la trompette. Lyrique
et chromatique à souhait, l’écriture galante
de ce mouvement flirte avec le romantisme
naissant, passant même par do bémol majeur.
Le début du thème principal fait penser au
Gott erhalte que Haydn composera l’année
suivante, hymne dynastique et impérial de la
monarchie autrichienne de 1797 à 1918.
Quant au Finale (Allegro), combinant la formesonate et la forme rondeau (couplets-refrain),
il fait « alterner les épisodes tendus et chargés
de mystère et les explosions les plus spectaculaires » (Vignal). Renouant avec les fanfares de
l’époque baroque, son thème principal s’enrichit de traits véloces permettant au soliste de
faire la démonstration de sa virtuosité.
ÉRIC MAIRLOT
Rencontre avec
Juan Antonio Martínez Escribano
Soliste du Concerto de Haydn, le jeune
trompettiste espagnol (30 ans) dit tout
sur cette œuvre et sur son parcours…
Quel a été votre parcours avant d’arriver à
Liège ?
J’ai commencé mes études musicales à l’Académie de La Roda (Albacete). Je suis entré
ensuite au Conservatoire de Cordoue. Avant
d’intégrer l’OPRL en janvier 2014, à 27 ans, j’ai
travaillé trois ans à l’Orchestre de Cordoue. J’ai
eu l’occasion de jouer également au sein de
l’Orchestre National d’Espagne qui est considéré comme le meilleur du pays.
Quels sont pour vous les atouts de Liège ?
Il y a dans cette cité une ambiance très jeune.
La mentalité des gens est très ouverte et très
latine, on peut facilement parler avec tout
le monde, le fait que tout peut se faire à pied
me plaît beaucoup. C’est aussi une ville calme
en comparaison des métropoles espagnoles.
Enfin, Liège offre l’avantage d’être bien reliée
aux autres métropoles européennes comme
Paris, Londres, Cologne et Amsterdam.
Qu’est-ce qui vous donne envie d’y rester ?
J’ai trouvé ici un endroit qui me plaît. Je me
sens bien intégré dans l’Orchestre, l’ambiance
est bonne et je m’entends bien avec mes collègues. C’est une chance d’avoir un poste comme
celui-ci, d’autant qu’en ce moment, il y a peu
d’offres professionnelles pour les musiciens en
Espagne.
En quoi le Concerto pour trompette de Haydn
constitue-t-il un tournant dans l’histoire de la
musique ?
Avant le Concerto de Haydn, tous les concertos de l’époque baroque, notamment ceux de
Vivaldi, Torelli et Telemann, s’adressaient à la
trompette naturelle, un instrument sans pistons qui n’émettait que des notes harmoniques.
Écrite en 1796 et créée en 1800, la partition de
Haydn est destinée à un instrument d’un genre
nouveau : la trompette à clés. Elle permet pour
la première fois d’explorer toutes les notes de la
gamme sur une trompette, ce qui constitue une
rupture importante avec le passé. Conscient de
cette nouveauté, Haydn n’hésite pas à piéger
son public pour la mettre en valeur. Lorsque la
trompette entame le début du premier mouvement, le compositeur fait entendre des notes
harmoniques dans la plus pure tradition de la
trompette baroque. Ces premiers instants passés, il introduit tout à coup des notes chromatiques. Un effet de surprise qui dut faire forte
impression auprès des auditeurs !
Le public de l’époque découvre aussi de nouvelles couleurs instrumentales...
Effectivement, la trompette à clés a une double
particularité sonore : d’un côté, elle rappelle
par moments la clarinette dans les phrases
mélodiques, de l’autre, elle évoque la trompette baroque dans les parties de fanfare. Ce
modèle n’a été utilisé qu’une vingtaine d’années
car l’instrument est rapidement supplanté par
l’arrivée de la trompette à pistons, la trompette moderne comme nous la connaissons
aujourd’hui. À l’occasion de mes concerts avec
l’OPRL, je jouerai l’œuvre sur une trompette à
pistons en mi bémol.
Est-ce une composition ardue pour le soliste ?
Ce n’est sûrement pas le concerto le plus difficile pour la trompette, techniquement parlant.
Mais il requiert de nombreuses qualités : une
bonne articulation, de la justesse, un large
ambitus du grave à l’aigu, un sens de l’interpré5
tation et surtout de la musicalité, une qualité
qui fait souvent défaut chez les trompettistes...
Tous ces aspects expliquent dès lors que ce
concerto est demandé à tous les examens de
conservatoire ou lors des concours de recrutement dans un orchestre.
Quels sont les grands interprètes de ce
concerto ?
Pour moi le plus grand reste Maurice André,
un musicien grâce à qui, d’ailleurs, la trompette a acquis aujourd’hui le statut d’instrument soliste. Il a enregistré de nombreuses
fois le Concerto de Haydn. À chaque fois, il
en a donné une lecture nouvelle tout en respectant scrupuleusement le style. Parmi les
autres grands interprètes de l’œuvre, je citerai
Wynton Marsalis et Håkan Hardenberger.
Comment caractériseriez-vous le pupitre de
trompettes de l’OPRL ?
J’ai connu de mauvaises ambiances de travail
dans d’autres orchestres. Je peux donc dire
qu’à l’OPRL, tout se passe très bien. C’est
notamment lié au fait qu’il y a une vie collective entre nous après le travail. Cette vie
sociale en dehors du boulot compte car elle
a des retombées sur le plan professionnel. Il
règne une confiance mutuelle qui permet de
nous dire ce qui va bien ou pas lorsque c’est
nécessaire. Je bénéficie aussi de l’expérience
de collègues qui sont là depuis 20 ans et qui
m’ont aidé à m’améliorer comme interprète.
Car il s’agit de mon premier poste en tant que
trompettiste solo.
Comment voyez-vous votre contribution au
sein du pupitre ?
Je pense avoir fait évoluer certaines traditions
du passé. Le pupitre jouait avec un son un peu
fort et direct. Aujourd’hui, son jeu est plus
nuancé. De mon côté, j’ai appris grâce à mes
collègues à jouer avec un son plus direct ce
qui me manquait parfois. Globalement, tous
ces apports contribuent à l’équilibre général
du pupitre.
Pratiquez-vous de la musique en dehors de
l’OPRL ?
Oui ! Je suis aussi trompettiste au sein de
l’Ensemble de Cuivres de Belgique. Nous donnons beaucoup de concerts en Wallonie et en
France. Nous avons effectué une tournée au
Japon en 2015. En août 2017, nous partirons en
Chine.
Comment occupez-vous vos temps libres ?
J’aime avant tout être avec ma famille et mes
amis. C’est la chose la plus importante à mes
yeux. À côté de cela, j’apprécie le football ; je
suis supporter du FC Barcelone. Je pratique le
tennis et le padel1. Sinon, j’aime aller au cinéma
et j’adore voyager, c’est une de mes passions.
J’aime des villes comme Rome et Amsterdam.
Un jour, je souhaiterais visiter l’Australie.
PROPOS RECUEILLIS PAR STÉPHANE DADO
1
Padel. Sport de raquette dérivé du tennis, se jouant sur un
court plus petit, encadré de murs et de grillages.
Beethoven Symphonie n° 2 (1802)
ESQUISSES. Le 2 avril 1800, Ludwig van
Beethoven (1770-1827) donne pour la première
fois à Vienne, au Burgtheater administré par le
baron mélomane Peter von Braun, un concert
à son propre bénéfice. Comme nouveauté, il
présente sa Symphonie n° 1. Il veut renouveler
l’expérience un an, puis deux ans plus tard. En
raison notamment des difficultés soulevées par
le baron Braun, il essuie chaque fois un échec,
ce dont témoigne la genèse de la Symphonie
n° 2. Les premières esquisses de cette œuvre
se trouvent dans un carnet utilisé de l’automne
1800 à mars 1801. Beethoven abandonne alors
sa symphonie au profit du ballet Les Créatures
de Prométhée. Un autre concert prévu pour
avril 1802 est lui aussi annulé, et on trouve
des esquisses du finale de la Deuxième dans
un carnet utilisé par Beethoven à partir de
décembre 1801.
CONCERT FLEUVE. En février 1803, souhaitant le voir composer pour lui un opéra,
Emanuel Schikaneder (le librettiste de La Flûte
enchantée) engage Beethoven comme compositeur en résidence au Theater an der Wien,
dont il a la direction : d’où, pour ce dernier,
la possibilité longtemps attendue de donner
un deuxième concert. Il a lieu au Theater an
der Wien le 5 avril 1803 et lui rapporte 1.800
florins, somme qui lui permet de vivre deux
ans sans soucis financiers. Il dirige le 5 avril
1803 un concert fleuve avec la Symphonie
n° 1, qu’on n’avait pas entendue depuis trois
ans, et en premières auditions la Deuxième, le
Concerto n° 3 pour piano et l’oratorio Le Christ
au Mont des Oliviers.
SANTÉ ET VITALITÉ. Achevée par un compositeur de 32 ans qui vient d’écrire son
Testament de Heiligenstadt (dans lequel il se
lamente sur sa surdité), la Symphonie n° 2
(publiée par Breitkopf & Härtel en 1804) est
celle (des neuf) qui déborde le plus de santé
et de vitalité. L’orchestre est le même que
dans la Première, mais il sonne différemment.
Beethoven a conquis son espace sonore, qu’il
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ne lui restera plus, ultérieurement, qu’à explorer et à organiser plus à fond. De même, par
rapport à la symphonie précédente, la forme
est plus originale, plus organique, plus déterminée par la pensée. L’évolution est aussi
spectaculaire de la Première à la Deuxième
que de celle-ci à la Troisième « Héroïque », terminée en 1804.
DRAGON INDOMPTABLE. Contrairement à
la Première Symphonie, l’œuvre affirme dès
la première mesure de son introduction lente
(Adagio molto) sa tonalité de ré majeur. Cette
introduction est plus longue et plus dramatique. Elle glisse d’un coup dans l’Allegro con
brio, le plus rapide des premiers mouvements
de Beethoven symphoniste. Il se termine par
une brillante coda. Suit un Larghetto en la majeur où, phénomène rare chez Beethoven, se
succèdent des mélodies plus séduisantes les
unes que les autres, dans une atmosphère parfois curieusement schubertienne. Le troisième
mouvement est marqué Scherzo. Cet Allegro
est bref, mais très modulant et contrasté. Le
trio central, où les bois jouent un rôle important, préfigure celui de la Neuvième, mais
reste dans le domaine de la comédie pure. Le
Finale (Allegro molto) est un rondo-sonate.
L’originalité impulsive de son thème principal
fut bien perçue par ce commentateur de 1804
qui y vit « un dragon transpercé qui se débat
indomptable et ne veut pas mourir, et même
perdant son sang, rageant, frappe en vain
autour de soi, de sa queue agitée ». Un épisode
mystérieux dans une tonalité éloignée précède l’imposante coda.
MARC VIGNAL
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Karel Deseure
direction
DIPLÔMÉ
en
flûte
traversière
du
Conservatoire d’Anvers et en direction
d’orchestre du Conservatoire de La Haye, le
jeune chef belge Karel Deseure a remporté,
en 2012, le Deuxième Prix et le Prix du Public
du Concours International de Direction
d’orchestre de Paris. Lauréat de la Fondation
Anton Kersjes, il poursuit sa formation auprès de Bernard Haitink durant le Festival de
Lucerne (2014), de Peter Eötvös à l’IRCAM
(Paris) avec l’Orchestre Philharmonique de
Radio France, et avec Christopher Seaman et
l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich. Il a été
invité par l’Orchestre de la Résidence de La
Haye, la Philharmonie ZuidNederland, deFilharmonie (Anvers), le Brussels Philharmonic,
l’Orchestre Philharmonique d’Arnhem, l’Orchestre Symphonique de Lucerne, l’Orchestre
Symphonique des Flandres… De 2013 à 2015,
il a également été associé comme chef d’orchestre assistant à l’Orchestre Philharmonique
de la Radio néerlandaise, où il a travaillé avec
des chefs d’orchestre tels que Charles Dutoit,
Vasily Petrenko, James Gaffigan, Jukka-Pekka
Saraste et Markus Stenz. Il a remplacé Valery
Gergiev pendant les répétitions de l’Orchestre
Philharmonique de Rotterdam. En mai 2016, il
a fait ses débuts à l’Opera Zuid (Limbourg hollandais) avec La Bohème de Puccini. Dernier
concert avec l’OPRL : 29 juin 2016, à Braine-leComte (Brahms, Beethoven).
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Orchestre
Philharmonique
Royal de Liège
Juan Antonio
Martínez Escribano
trompette
NÉ À LA RODA (Albacete, Espagne), Juan
Antonio Martínez Escribano fait ses études
musicales au Conservatoire Professionnel de
Musique « Tomás de Torrejón y Velasco » d’Albacete, où il obtient le Degré Professionnel de
trompette, dans la classe de Luis Sánchez. En
2011, il remporte le Prix Supérieur de Musique
avec la mention « Honor » au Conservatoire
Supérieur de Musique « Rafael Orozco » de
Cordoue, dans la classe de Jesús Rodriguez.
Il se perfectionne ensuite avec Arturo Garcia,
Luis Gonzalez, Éric Aubier, William Forman,
Max Sommerhalder, Omar Tomasoni et Pacho
Flores. Il a travaillé dans des orchestres
comme l’Orchestre National d’Espagne,
l’Orchestre de la Radio-télévision espagnole,
l’Orchestre de Cordoue, l’Orchestre de
Pampelune, l’Orchestre de Madrid et le
Brussels Philharmonic…
Il est trompette 1er soliste de l’Orchestre
Philharmonique Royal de Liège depuis 2014
et membre de l’Ensemble de Cuivres de
Belgique.
CRÉÉ EN 1960, l’Orchestre Philharmonique
Royal de Liège (OPRL) est la seule formation
symphonique professionnelle de la Belgique
francophone. Soutenu par la Fédération
Wallonie-Bruxelles (avec le concours de la
Loterie Nationale), la Ville de Liège, la Province
de Liège, l’OPRL se produit à Liège, dans le
cadre prestigieux de la Salle Philharmonique
(inaugurée en 1887), dans tout le pays (à
Anvers, Bruxelles, Charleroi, Hasselt, Namur,
Saint-Hubert, Saint-Vith, Verviers, Virton...) et
dans les grandes salles d’Europe (Amsterdam,
Paris, Vienne, Espagne, Suisse, France…).
SOUS L’IMPULSION de son fondateur
Fernand Quinet et de Directeurs musicaux
comme Manuel Rosenthal, Paul Strauss, Pierre
Bartholomée, Louis Langrée ou Pascal Rophé,
l’OPRL s’est forgé une identité sonore au carrefour des traditions germanique et française. À
une volonté marquée de soutien à la création,
de promotion du patrimoine franco-belge,
d’exploration de nouveaux répertoires s’ajoute
une politique discographique forte de plus de
80 enregistrements, récompensés par de nombreux prix et des distinctions internationales.
CHRISTIAN ARMING, Directeur musical
depuis septembre 2011, pousse les feux de
l’excellence et élargit les horizons de l’OPRL à
tout le répertoire classique et romantique en
donnant à l’Orchestre une nouvelle perspective dans le paysage européen. Depuis plus de
15 ans, l’OPRL a pris le parti d’offrir le meilleur
de la musique au plus grand nombre, avec des
formules originales comme les Music Factory,
les Samedis en famille ou les Concerts du chef.
L’AMBITION de l’Orchestre est de porter
la musique toujours plus près des nouveaux
publics à fidéliser et toujours plus loin en sa
qualité d’ambassadeur culturel de la Belgique.
L’OPRL est également soucieux de son rôle
citoyen tout au long de l’année, en allant vers
des populations plus éloignées de la culture
classique. Ses saisons permettent d’inscrire
des collaborations importantes et régulières
avec les autres formations orchestrales de
Belgique ou d’Europe, les conservatoires de
la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Chapelle
Reine Élisabeth de Belgique, les Jeunesses
Musicales et tous les acteurs culturels majeurs
du quotidien.
TOURNÉES AVEC CHRISTIAN ARMING. Les
14 et 15/09/2016, l’OPRL était l’invité du Festival
de Besançon, où il a donné deux concerts avec
Tedi Papavrami (à Besançon et Belfort, œuvres
de Mahler, Dvořák, Sibelius, Prokofiev et
Hersant). Du 29/11 au 3/12/2016, il part en tournée en Allemagne avec Emmanuel Ceysson
(concerts à Essen, Stuttgart, Mannheim
et Wiesbaden ; œuvres de Mendelssohn,
Tchaïkovski, Humperdinck et Glière).
www.oprl.be • www.twitter.com/orchestreliege
www.facebook.com/orchestreliege
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À écouter
HAYDN, CONCERTO POUR TROMPETTE
• Wynton Marsalis, Orchestre de Chambre Anglais, dir. Raymond Leppard (SONY)
• Guy Touvron, Orchestre de Chambre de Prague (SONY)
• Thierry Caens, Orchestre de Chambre National de Toulouse, dir. Alain Moglia (VERANY)
• Mark Bennett, The English Concert, dir. Trevor Pinnock (ARCHIV)
BEETHOVEN, SYMPHONIE N° 2
• Orchestre Philharmonique de Berlin, dir. Herbert von Karajan (DGG)
• Orchestre Philharmonique de Vienne, dir. Christian Thieleman (SONY)
• Orchestre Révolutionnaire et Romantique, dir. John Eliot Gardiner (ARCHIV)
• London Classical Players, dir. Roger Norrington (VIRGIN)
EN VENTE CE SOIR
Trois CD auxquels Juan Antonio Martínez Escribano a prêté son concours au sein de l’Ensemble de
Cuivres de Belgique et en soliste avec la Camerata Capricho Español (Concertos de Vivaldi).
Salle Philharmonique
Prochains concerts
Mercredi 2 novembre 2016 | 12h30
Caprice ibérique
● MUSIQUE À MIDI
SAINT-SAËNS, Une nuit à Lisbonne,
Introduction et Rondo capriccioso
RIMSKI-KORSAKOV, Capriccio espagnol
CHAPI, Carceleras
Philippe Ranallo, bugle | Ivan Percevic, violon
Chœur de clarinettes de l’IMEP
Jean-Luc Votano, direction
GRATUIT. Distribution des tickets dès 12h
Jeudi 3 novembre 2016 | 20h
Jazz manouche
Les Violons de Bruxelles
● MUSIQUES DU MONDE
Les Violons de Bruxelles :
Tcha Limberger, violon et chant
Renaud Crols, violon
Alexandre Tripodi, alto
Renaud Dardenne, guitare
Sam Gerstmans, contrebasse
En collaboration avec les Jeunesses Musicales
de Liège
Mercredi 9 novembre 2016 | 18h30
Viva la libertà !
● MUSIC FACTORY
Jeudi 17 novembre 2016 | 20h
Danser Ravel et Debussy
IN
PROCHA T
CONCER
● LES SOIRÉES DE L’ORCHESTRE - GRANDS CLASSIQUES
Avec le soutien d’Ethias • Gratuit moins de 26 ans
LEDOUX, S(hakuh)achi Ko(nzert) (création, commande d’Ars Musica) | RAVEL, Ma Mère l’Oye
DEBUSSY, Prélude à l’après-midi d’un faune | RAVEL, La Valse
Reison Kuroda, shakuhachi | Orchestre Philharmonique Royal de Liège
David Reiland, direction | Thierry De Mey, concept, régie et film
Dimanche 13 novembre 2016 | 16h
Depuis les années 1980, Thierry De Mey explore les rapports entre danse et musique. Passionné
par les ballets de Ravel et de Debussy, il a réalisé trois films sur leurs œuvres, chorégraphiés
notamment par Anne Teresa De Keersmaeker. Aux commandes du flux vidéo, l’artiste anime ses
films en totale interaction avec l’orchestre. Quant à la nouvelle création de Claude Ledoux, elle
met à l’honneur la flûte asiatique « shakuhachi ».
En coproduction avec le Festival Ars Musica. Spectacle proposé dans le cadre du focus « Thierry De Mey »,
en collaboration avec le Théâtre de Liège qui présente « Simplexity » le 23 novembre.
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SIBELIUS, Finlandia et autres extraits
Orchestre Philharmonique Royal de Liège
Fayçal Karoui, direction et présentation
Emanuel Ax
● PIANO 5 ÉTOILES
SCHUBERT, Quatre impromptus D. 935
CHOPIN, Impromptu en la bémol majeur op. 29
CHOPIN, Impromptu en fa dièse majeur op. 36
CHOPIN, Impromptu en sol bémol majeur op. 51
CHOPIN, Fantaisie-Impromptu op. 66
SCHUBERT, Klavierstück en mi bémol majeur
D. 946 n° 2
CHOPIN, Sonate n° 3
Emanuel Ax, piano
Jeudi 17 novembre 2016 | 20h
Danser Ravel et Debussy
●L
ES SOIRÉES DE L’ORCHESTRE GRANDS CLASSIQUES
LEDOUX, S(hakuh)achi Ko(nzert)
(création, commande d’Ars Musica)
RAVEL, Ma Mère l’Oye
DEBUSSY, Prélude à l’après-midi d’un faune
RAVEL, La Valse
Reison Kuroda, shakuhachi
OPRL | David Reiland, direction
Thierry De Mey, concept, régie et film
En coproduction avec le Festival Ars Musica
Mardi 22 novembre 2016 | 19h
Autour d’Enesco
● HAPPY HOUR !
ENESCO,
Sérénade lointaine, pour violon, alto et piano
Sonate pour violon et piano n° 2 en fa mineur,
extrait
Konzertstück, pour alto et piano
Eu mă duc, codrul rămâne, pour soprano et piano
GRIGORIU, Muzica, pour soprano et piano
R. STRAUSS, Morgen, pour soprano et piano
MASCAGNI, Cavalleria Rusticana, Ave Maria,
pour soprano, violon, alto et piano
Anna Samouil, soprano | George Tudoraché, violon
Ralph Szigeti, alto | Claudia Bara, piano
Avec le soutien de l’Institut Culturel Roumain,
des Amis de l’Orchestre et de Gamuso
Mercredi 23 novembre 2016 | 18h30
Emmanuel Ceysson
● RENCONTRE AVEC…
Stéphane Dado, présentation
GRATUIT
Jeudi 24 novembre 2016 | 20h
Casse-noisette
●L
ES SOIRÉES DE L’ORCHESTRE GRANDS INTERPRÈTES
HUMPERDINCK, Hansel et Gretel, extraits
GLIÈRE, Concerto pour harpe
MENDELSSOHN, La belle Mélusine, ouverture
TCHAÏKOVSKI, Casse-noisette, suite n° 1
Emmanuel Ceysson, harpe
Orchestre Philharmonique Royal de Liège
Christian Arming, direction
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L’OPRL dans 60 pays
auprès de 28 millions de personnes
Depuis le 13 septembre, l’OPRL est présent en télévision sur les chaînes classiques Mezzo et
Mezzo Live HD : deux concerts enregistrés en 2016 sont diffusés à travers le monde
(plus de 60 pays et 28 millions d’abonnés).
UN NOUVEAU PARTENARIAT
Pour l’OPRL, tout un chacun, proche ou lointain, doit pouvoir partager la vie de l’Orchestre
grâce aux outils d’aujourd’hui. Cette diversification de sa présence se concrétise, entre
autres, par un nouveau partenariat avec la
chaîne classique MEZZO (et la chaîne Mezzo
Live HD). L’OPRL est le seul orchestre symphonique belge diffusé sur ces deux chaînes
classiques.
« LES SCÈNES DU MOIS »
Chaque mois, Mezzo met en valeur plusieurs scènes symphoniques. Les « scènes du
mois » de septembre rassemblent l’Orchestre
du Théâtre Mariinsky (Valery Gergiev),
l’Orchestre de la Radio bavaroise (Mariss
Jansons), l’Orchestre National de Lyon et l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège.
La soirée du 13 septembre (20h30) a mis
l’OPRL à l’honneur avec la première diffusion de deux concerts enregistrés en 2016,
tous deux dirigés par Christian Arming. Tout
d’abord, un programme espagnol (enregistré
lors du Festival « Portraits de femmes » en janvier 2016), avec la chanteuse Rocío Márquez :
L’Amour sorcier de Falla et Iberia d’Albéniz ;
ensuite, un concert de répertoire germanique (capté en mai 2016), avec la mezzo-soprano Mihoko Fujimura : Wagner (Prélude et
Mort d’Isolde), Mahler (Kindertotenlieder),
Schumann (Symphonie n° 2).
Chaque diffusion est accompagnée de deux
séquences présentant l’OPRL et ses coulisses
(Mezzo Voce et Mezzo Backstage). 20 diffusions sont prévues en deux mois (en Asie,
elles ont commencé le 4 septembre). Pour
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ces captations réalisées en HD, la chaîne s’est
associée aux équipes de Musiq’3 pour la prise
de son.
MEZZO, C’EST QUOI ?
Chaîne dédiée depuis 20 ans à la musique
classique (mais aussi au jazz et à la danse),
Mezzo dispose d’un réseau de diffusion qui
compte 28 millions d’abonnés dans 60 pays, et
a noué des partenariats avec les plus grandes
institutions et festivals mondiaux (Opéra de
Paris, Scala de Milan, Metropolitan Opera
de New York, Concertgebouw d’Amsterdam,
London Symphony Orchestra, Musikverein de
Vienne, Festivals de Glyndebourne, Aix-enProvence…). Les deux chaînes, disponibles
en abonnement (via les opérateurs locaux),
constituent « l’offre Mezzo » : Mezzo (la découverte du répertoire à travers des concerts,
archives, interviews…) et Mezzo Live HD (en
direct des plus grandes scènes mondiales,
au plus près de l’actualité). Elles émettent
24 heures sur 24. 150 spectacles sont filmés
chaque année.
COMMENT S’ABONNER ?
Toutes les infos sur http://www.mezzo.tv/
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