Susan Hiller - les Abattoirs
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Susan Hiller - les Abattoirs
> Sous-sol Susan Hiller Susan Hiller est née en 1940 à Tallahassee (Floride), elle vit et travaille à Londres. Depuis une vingtaine d’années, l’œuvre de Susan Hiller a fait l’objet de nombreuses expositions dans les musées européens et américains. En 2011, la Tate lui a notamment consacré une large rétrospective. Pourtant son travail n’a été montré que très rarement en France. Aux Abattoirs, dans les grandes salles du sous-sol, seront présentées quatre installations immersives, dont une pièce nouvelle, liées les unes avec les autres par une trame de voix humaines, des langues disparues du Last Silent Movie aux bruissements de témoignages collectés dans Resoundings. Marquée à ses débuts par l’art minimal et conceptuel, Susan Hiller a développé ce qu’elle nomme un Susan Hiller, Channels, 2013, vue de l’ installation par Peter White , courtoisie de l’artiste, Timothy Taylor Gallery et Matt’s Gallery, Londres 08 Susan Hiller, Resoundings, 2014 (capture d’écran), Installation vidéo, un canal, couleurs, son Courtoisie de l’artiste "paraconceptualisme", substituant à la logique et à la rationalité qui caractérisent ces deux tendances un fort penchant pour les phénomènes inexpliqués : visions d’OVNI (dans Witness, 2000), expériences de mort imminente (dans Channels, 2013), phénomènes paranormaux (dans Psi Girls, 1999). Pour aborder ces zones de grande incertitude, elle emploie des méthodes – enquête de terrain, collecte et catalogage de données ou de témoignages, comparaison et analyse, présentation et exposé –, qui lui viennent de sa formation en anthropologie. Traités suivant de telles méthodes, les objets d’étude gagnent en crédibilité, tandis qu’en retour, par ces incursions à leurs limites, les premières sortent de leur posture neutre et objective pour s’ouvrir à l’invention : le commissaire d’exposition anglais James Lingwood fait tenir la démarche de l’artiste dans ces deux verbes d’action, "enquêter" et "transformer". Où transformer est plus que simplement organiser et analyser. En effet, si, dit-elle, Susan Hiller a fait le choix de l’art, c’est pour substituer l’imaginaire aux faits. C’est aussi pour renoncer à la distance qui sied à l’observateur supposé extérieur et détaché, et 09 ainsi être "à l’intérieur de toutes ses activités". Car la distance est probablement l’une des questions majeures qui traversent cette œuvre : elle qui s’ancre dans l’expérience quotidienne pour mieux y faire surgir l’inconnu (les langues en voie de disparition de The Last Silent Movie, 2007-8), l’inaccessible (les ondes radio émises par le Big Bang dans Resoundings , 2014), l’inexpliqué. Elle qui, ce faisant, questionne les limites de l’expérience humaine, dans une mise en abîme qui fait toute son efficacité, le spectateur étant amené à faire l’expérience de ces installations, dans l’intimité de ses sensations et de son esprit. Souvent en effet, dans les œuvres des deux dernières décennies, l’image est absente, qui a cédé la place aux sons et à la parole : ces langues menacées d’extinction nous sont d’autant plus proches qu’elles surgissent avec leurs seules traductions, indépendamment de la présence physique particulière du locuteur et des composantes pittoresques de son décor ; il en va de même de ces visions d’OVNI dont le récit oral en appelle au spectateur – auditeur – à sa mémoire, à son imagination – pour prendre corps. Tous cheminent d’autant plus profondément en nous 10 et l’archive, patiemment constituée par la collectionneuse qu’est Susan Hiller, tout à coup, s’anime. Susan Hiller, depuis le début des années 1970, vit et travaille à Londres. Exposée pour la première fois à la Gallery House de Londres en 1973, la Tate Britain lui a consacré une importante rétrospective en 2011. Elle faisait suite à deux expositions monographiques à l’ICA en 1986 et à la Tate Liverpool en 1996. En 2007, elle a représenté la Grande-Bretagne à la Biennale de La Havane. Ses œuvres figurent dans de nombreuses collections de par le monde, tant particulières que publiques. Susan Hiller, The Last Silent Movie, 2007, Projection sonore à canal unique, 24 gravures sur papier Durée 20 minutes, Collection British Council, Courtoisie de l’artiste 11
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