texte - montaiguvendee.fr
Transcription
texte - montaiguvendee.fr
Dans moins d’un an, en janvier 2007, la Roumanie devrait rejoindre l’Europe des 25. Comment son histoire aide-t-elle à comprendre la formation territoriale complexe du pays et sa géographie variable. (d'après "le Dessous des Cartes" – février 2006) Situation géographique La Roumanie a une superficie de 240 000 km², elle compte pour voisins la Bulgarie, la Serbie Monténégro, la Hongrie, l'Ukraine, et la Moldavie. Elle possède également une rive sur la Mer Noire, mais il s'en est fallu de peu pour que ce pays soit enclavé... les Latins d’Orient Contrairement à la majorité des peuples d'Europe orientale, les Roumains ne parlent pas une langue slave, mais une langue latine. Cet héritage remonte aux légions romaines de l'empereur Trajan (IIe siècle ap. J-C), installées dans la Dacie, afin de protéger la rive gauche du Danube contre les invasions barbares. les Latins d’Orient La langue roumaine est donc proche de l'italien et constitutive de la mémoire collective d’un peuple entouré de Slaves. le Recul des Romains Sous la pression des barbares Wisigoths, les Romains se replient à l'intérieur du Limes, au IIIe siècle ap. J-C. Invasions mongoles Les Mongols sont venus au XIIIe siècle dans la région. la Frontière avec la Russie Les fleuves Dniestr et Prut vont au fil de l'histoire former la frontière avec la Russie ou avec l'URSS. la Frontière sud Le Danube, qui se jette dans la mer Noire, forme la frontière méridionale de la Roumanie. les Frontières occidentales Les chaînes des Carpates et des Alpes de Transylvanie forment les frontières naturelles occidentales. les Principautés danubiennes Les frontières naturelles (fleuves et montagnes) sont à la base des "Principautés danubiennes" : - au sud, la Principauté de Valachie, entre les Alpes de Transylvanie et le Danube ; - au nord, la Principauté de Moldavie, entre les Carpates et le Dniestr (les principautés de Moldavie et de Valachie ont par ailleurs été réunies par Alexandre Cuza, le Prince élu, en 1859, marquant le début de la formation de la Roumanie) ; les Principautés danubiennes - et entre les deux chaînes montagneuses vient se loger la principauté de Transylvanie, longuement sous l'influence des Habsbourg. le Drapeau roumain Le drapeau national est formé des couleurs bleu et rouge de la Moldavie et jaune et rouge de la Valachie. le Drapeau de la Roumanie communiste Pendant la période communiste, les armes royales du drapeau roumain ont été supprimées et remplacées par l'emblème de la république populaire, lui-même supprimé à la fin de la dictature en 1989. l’Intégration de la Dobroudja La reconnaissance internationale de l'État de Roumanie se fait en 1878, au Traité de San Stefano, en gagnant sur les Ottomans la région de la Dobroudja, soit un littoral sur la Mer Noire, mais en perdant au profit de la Russie, une partie de la Principauté de Moldavie (le territoire situé entre le Prut et le Dniestr). l’État tampon Au milieu du XIXe siècle, la Roumanie est conçue, avec l'appui de la France de Napoléon III, afin de tenir à l'écart : - l'Autriche-Hongrie qui pèse sur la Transylvanie et dans les Balkans ; - l’Empire Ottoman, qui exerce depuis le XVIe siècle une pression sur le flan sud ; - et la Russie, qui depuis le nord, tente d'accéder aux Détroits. la Grande Roumanie A la fin de la première guerre mondiale, l'Autriche-Hongrie, et l'Empire Ottoman sont démantelés. La Roumanie se voit ainsi placée aux cotés des alliés vainqueurs, ce qui lui permet d’agrandir son territoire : la Grande Roumanie - à l'ouest, avec la Transylvanie ; - au nord, avec la Bucovine ; - à l'est, avec la Bessarabie ; - et sur la Mer Noire, avec la Dobroudja. la perte de la Bessarabie Suite à la deuxième guerre mondiale, la Roumanie perd la Bessarabie et la Bucovine du Nord (au profit de l’URSS), en raison de son alignement avec l'Allemagne nazie jusqu'en 1944. la Roumanie communiste La présence des Soviétiques vainqueurs en Roumanie, a permis de truquer les élections en faveur des communistes. Une dictature communiste va donc être imposée à Bucarest, à partir de 1947 jusqu’à l'exécution de Ceausescu en décembre 1989. la Roumanie dans l’UE Aujourd'hui, la Roumanie n'est plus une dictature. Elle est entrée dans l'Otan en 2004. Elle est de plus candidate à l'entrée dans l'UE depuis 1995, et devrait rejoindre les 25 membres, en janvier 2007, si elle remplit toutes les conditions de l'acte d'adhésion. La Roumanie rencontre des problèmes de transition, et trouve des solutions et s'adapte assez rapidement aux règles de l'Union, à l'intérieur. Et à l'extérieur, ses voisinages posent une situation géopolitique nouvelle : - au nord l'Ukraine vient d'amorcer sa révolution démocratique, - à l'Est on a la république de Moldavie, ancienne Bessarabie prise entre ses origines roumaines, son attirance pour l'Europe, et sa difficulté à sortir de l'orbite russe. La “nouvelle” économie du pays, et les taux de croissance répétés permettent désormais à la Roumanie de rejoindre l’Union Européenne en janvier 2007. Mais la réforme du système judiciaire traîne, la corruption demeure forte, tout comme le contrôle des médias. L’Union Européenne doit-elle se presser à baisser le niveau de ses critères sous prétexte de stabiliser sa périphérie ? la Minorité magyar La Roumanie abrite plusieurs minorités, dont la plus importante est celle des Magyars, c'est-à-dire des Hongrois. Les Magyars seraient au nombre de 1,5 million soit 6 % de la population roumaine. Ils vivent surtout en Transylvanie et sont restés longtemps sous l'influence de l'Empire austro-hongrois. la Minorité magyar Les tensions historiques entre les deux communautés se sont nettement résorbées ces dernières années, mais on n'est jamais à l'abri d'un leader nationaliste... les Minorités rom et ukrainienne Il existe en Roumanie une importante minorité rom. Officiellement, les Roms seraient 550 000, mais ils se disent eux-mêmes être au nombre de 2 Mns. Il s’agit de la plus grande communauté rom d’Europe. De nombreux Roms demeurent socialement et économiquement marginalisés, sans que l'on sache très bien qui est vraiment à l'origine de cette marginalisation. les Minorités rom et ukrainienne La minorité ukrainienne compte environ 60 000 personnes. Une population qui diminue La communauté juive de Roumanie compte environ 7000 personnes. Un chiffre en net recul par rapport aux 145 000 juifs de 1956, alors que la communauté avait déjà été largement décimée pendant la Shoah. Une population qui diminue La minorité allemande, forte d’environ 60 000 personnes et présentes surtout à Sibiu et dans le Banat, s’est également réduite. Pendant la guerre froide, le régime de Ceausescu vendait les Allemands un par un à la RFA, ou un grand nombre d'entre eux ont finalement émigré après la fin de la dictature en 1990, la RFA leur reconnaissant automatiquement la nationalité allemande. Une population qui diminue L’émigration touche aujourd’hui l’ensemble de la population roumaine et, combinée à la baisse du taux de natalité, elle crée en Roumanie, comme dans plusieurs pays européens, un gros problème démographique. Une population qui diminue La population du pays a perdu 1,1 million de personnes entre 1992 et 2002 et le taux de fécondité est de 1,2 enfants par femme en moyenne, alors que le taux de renouvellement d'une population est de 2,1. les Atouts géographiques de la Roumanie L’économie roumaine tire partie de la géographie du pays : - les flancs de la chaîne des Carpates abritent de nombreuses forêts dont les Roumains exploitent le bois (la Transylvanie, c'est le pays "à travers la forêt") ; - les différents fleuves permettent l'irrigation des plaines agricoles et la construction de barrages, donc le développement de l'hydroélectricité. les Mines et les industries Le sous-sol roumain renferme d’importantes richesses minières. A partir de 1948, le régime socialiste a développé d'énormes équipements en industries lourdes : raffineries, pétrochimie, constructions mécaniques, automobiles et aéronautique. Or ces industries sont aujourd'hui obsolètes. Elles sont largement déficitaires et très longues à reconvertir. Une économie en partie dynamique Aujourd'hui, le pays semble avoir une économie duale : - l'industrie et l’agriculture sont en déclin et fonctionnent dans une logique d'assistance ; - quant au secteur tertiaire, il est en pleine expansion, grâce aux plans du FMI, les privatisations, l'assainissement du système bancaire et la création d'une monnaie forte (le nouveau Leu, pour préparer notamment le pays à l’Euro). Une économie en partie dynamique La croissance du PIB roumain a été de 5 % en 2005, après avoir été à plus de 6 % en 2004, et le taux de chômage a plutôt tendance à baisser. Un pays encore pauvre L’économie roumaine est globalement bien portante, mais les pauvres sont nombreux : à l'échelle de l'Europe, si on considère que la base 100 est la moyenne des 25 pour le PIB/hab. l’indice pour la Roumanie est de 30, contre 61 pour la Hongrie et 113 pour la France. Un pays encore pauvre Or, Bruxelles a estimé que la Roumanie avait une "économie viable". Le traité d'adhésion a été signé le 25 avril 2005 et la Roumanie devrait rejoindre l'Union Européenne en janvier 2007, en même temps que la Bulgarie. Aux nouvelles frontières de l’Europe Avec ce nouvel élargissement, la Roumanie aura à gérer l'une des plus longues frontières de l'Union européenne, tout comme la Pologne et la Finlande. Une frontière européenne temporaire ? Aujourd’hui, les Roumains aménagent ou modifient les points de passage vers l'Ukraine et ils renforcent le contrôle de leur frontière orientale sur le fleuve Prut. Or, la Moldavie majoritairement roumanophone va se retrouver en périphérie immédiate de l'Union. Les Moldaves aspirent déjà par leur "latinité" à appartenir à terme à l'Union européenne. la Question moldave Le territoire moldave abrite toujours la XIVe armée russe, en Transnistrie, où vivent des populations russophones, ce qui maintient une présence militaire de la Russie proche de la Roumanie, donc à terme proche de l'Union. La Transnistrie est, de plus, une zone majeure de trafics en tout genre. la Question moldave Avec l’adhésion de la Roumanie, l'Union européenne se trouvera directement voisine d'un État encore très instable et doit s'impliquer diplomatiquement dans le retrait de l'armée russe de Moldavie. le Rapprochement avec les États-Unis L'influence américaine n'est pas négligeable en Roumanie : - le 2 avril 2004, le pays a rejoint l'OTAN, - et près de Constanta, sur la mer Noire, se construit actuellement une base américaine qui a déjà été utilisée par le Pentagone lors de l'intervention de 2003 en Irak, tout comme les facilités de Smardan, Babadag et Cincu. le Rapprochement avec les États-Unis Pour Bucarest, la prochaine entrée de la Roumanie dans l'Union européenne vient achever l'intégration du pays dans les structures euro-atlantiques. Mais la Roumanie n'est pas prête. L'association indépendante Transparency international précise dans son rapport de 2005 que la Roumanie est le pays le plus corrompu en Europe, en particulier dans le secteur de la justice et celui des hôpitaux. Pour certains, l'état de droit y serait une "une quasi fiction". On a un gros retard législatif sur les réformes juridiques, peu d'indépendance judiciaire, toujours des brutalités policières, un certain harcèlement des médias. Et selon le rapport de l'Office International des Migrations, ces retards ne font que réjouir les mafias : parce que le trafic d'êtres humains augmente, celui des faux billets, des fausses cartes de crédits aussi. On est maintenant dans une double fuite en avant : parce que pour une majorité de Roumains, il faut de toute façon sortir de l'influence russe ; et pour Bruxelles, c'est l'élargissement à marche forcée, car on estime qu'il vaut mieux une intégration superficielle plutôt qu'une périphérie instable. Mais plus on abaisse les exigences sur les critères, plus grande est l'impréparation du pays entrant. Des clauses de sauvegarde autoriseraient l'Union Européenne à reporter d'une année l'intégration prévue pour le 1er janvier 2007 si ne sont pas respectés les engagements en matière de réformes judiciaires et administratives ; la lutte contre la corruption ; l’intégration des minorités ; et aussi les questions de concurrence et d’environnement. Bref, la Roumanie doit certainement rejoindre l'Union Européenne, mais quand le pays sera vraiment prêt.