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M1 2014–2015 Algèbre commutative TD no 1 Dans tous les exercices qui suivent, la lettre K désigne un corps et on note K̄ une clôture algébrique de K. 1 Sur les anneaux Exercice 1 Démontrer les assertions suivantes : a) I ⊆ (I : J), (I : J)J ⊆ I ; b) ((I : J1 ) : J2 ) = (I : J1 J2 ) = ((I : J2 ) : J1 ) ; T T c) ( i Ii : J) = i (Ii : J) ; P T d) (I : i Ji ) = i (I : Ji ). Exercice 2 Soient A, B deux anneaux et φ : A → B un morphisme d’anneaux. Pour I un idéal de A, on note I e l’idéal de B engendé par φ(I). Pour J un idéal de B, on note J c := φ−1 (J) qui est un idéal de A. Vérifier les assertions suivantes : a) I ⊆ I ec , J ⊇ J ce ; b) I e = I ece , J c = J cec ; c) (I1 : I2 )e ⊆ (I1e : I2e ), (J1 : J2 )c ⊆ (J1c : J2c ) ; √ √ √ √ d) ( I)e ⊆ I e , ( J)c = J c . Exercice 3 Soient I, J deux idéaux de A. Démontrer les assertions suivantes : √ √ √ √ I ·J = I ∩J = I ∩ J; p√ √ b) I = I; √ √ √ c) I + J ⊆ I + J ; √ d) si p est un idéal premier, alors p = p ; √ √ T T e) si (pi )16i6n sont n idéaux premiers de A tels que I ⊂ i pi ⊂ I, alors I = i pi . a) Exercice 4 Soit φ : A → B un morphisme d’anneaux avec I = φ−1 (0) le noyau de φ. 1/8 a) Si p est un idéal premier de B, alors φ−1 (p) est un idéal premier de A. b) Si φ est surjectif et p est un idéal premier de A contenant I, alors φ(p) est un idéal premier de B. c) Si φ est surjectif, en déduire qu’il y a une bijection entre les idéaux premiers de A contenant I et les idéaux premiers de B. 2 Anneaux de polynômes Exercice 5 Montrer que toute suite croissante d’idéaux de K[X] est stationnaire. Exercice 6 (i) Un idéal I de K[X] est dit premier s’il est différent de K[X] et vérifie la condition suivante : si P, Q sont deux polynômes de K[X] n’appartient pas à I alors le produit P Q n’est pas non plus dans I. Déterminer les idéaux premiers de K[X]. (ii) Un idéal I de K[X] est dit maximal s’il n’existe aucun idéal J de K[X] tel que I ( J ( K[X]. Déterminer les idéaux maximaux de K[X]. Exercice 7 On note K[[X]] l’anneau des séries formelles à coefficients dans K, c’est-à-dire des series de la forme : ∞ X ai X i avec ai ∈ K. i=0 (i) Déterminer les éléments inversibles de K[[X]]. (ii) Déterminer les idéaux de K[[X]] et en déduire que K[[X]] est un anneau principal. Exercice 8 Soit A un anneau. (i) Montrer que A[X] est intègre si et seulement si A est intègre. (ii) Montrer que A[X] est principal si et seulement si A est un corps. Exercice 9 Soient A un anneau et I un idéal de A. On note I[X] l’ensemble des polynômes de A[X] dont tous les coefficients sont dans I. (i) Vérifier que I[X] est un idéal de A[X]. (ii) Montrer que I[X] est un idéal premier si et seulement si I est un idéal premier. 2/8 (iii) Montrer que I[X] n’est jamais un idéal maximal. Exercice 10 Soit f = a0 + a1 X + · · · + an X n ∈ A[X]. a) Montrer que f est nilpotent si et seulement si tous les ai sont nilpotents. En déduire que Nil(A[X]) = Nil(A)[X]. b)∗ Montrer que f est inversible dans A[X] si et seulement si a0 est inversible dans A et a1 , . . . , an sont nilpotents. En déduire que JacNil(A[X]) = Nil(A[X]). (Indication : si f ∈ JacNil(A[X]), alors 1 − Xf est inversible dans A[X]). c) Montrer que f est diviseur de zéro si et seulement s’il existe a ∈ A, a = 6 0 tel que af = 0. (Indication : si f g = 0 avec g de degré minimal, montrer que pour tout k, ak g = 0.) Exercice 11 Soit A un anneau factoriel. (i) Montrer qu’étant donné x et y dans A non tous les deux nuls, il existe un plus grand (au sens de la divisibilité) diviseur commun de x et y. (ii) Montrer que deux plus grands diviseurs comme ci-dessus se déduisent l’un de l’autre par multiplication par un élément inversible de A. Dans la suite, on note pgcd(x, y) un plus grand diviseur commun de a et b. On définit le contenu d’un polynôme P ∈ A[X] comme le pgcd de tous ses coefficients. On le note cont(P ). (iii) Montrer que cont(P Q) = cont(P ) · cont(Q) pour tous polynômes P et Q dans A[X]. (iv) Montrer que A[X] est factoriel. (On pourra introduire le corps des fractions de A.) (v) En déduire que l’anneau des polynômes en n variables sur un corps K est un anneau factoriel. Exercice 12 1. Combien y a-t-il de monômes de degré total d en n variables ? 2. Combien y a-t-il de monômes de degré total 6 d en n variables ? Exercice 13 Soit I l’ensemble des polynômes de K[X, Y ] qui sont combinaisons linéaires de monômes de degré total > d. 1. Montrer que I est un idéal de K[X, Y ]. 2. Montrer que I est engendré par la famille des monômes de degré total d. Quel est le cardinal de cette famille ? 3. Montrer que I n’est engendré par aucune famille de cardinal 6 d. 4. Généraliser les résultats précédents à K[X1 , . . . , Xn ]. 3/8 Exercice 14 1. Montrer que l’idéal principal (X) de K[X, Y ] est premier mais pas maximal. 2. Montrer que l’idéal de K[X, Y ] engendré par X et Y est maximal. 3 Sur les idéaux et les quotients Exercice 15 Soient A un anneau et I un idéal de A. 1. Montrer que I est radical si et seulement si A/I est réduit. 2. Montrer que I est premier si et seulement si A/I est intègre. 3. Montrer que I est maximal si et seulement si A/I est un corps. 4. En déduire que : I maximal ⇒ I premier ⇒ I radical. Exercice 16 Montrer que l’intersection de deux idéaux radicaux est un idéal radical. 4 Sur l’interprétation géométrique des idéaux Exercice 17 Soient a, b et c trois nombres réels fixés tels que (a, b) 6= (0, 0). On considère les polynômes f = X 2 + Y 2 − 1 ∈ R[X, Y ] et g = aX + bY + c ∈ R[X, Y ]. On note I = hf, gi ⊂ R[X, Y ]. 1. Dessiner V (hf i) et V (hgi). 2. Montrer que : – si a2 + b2 > c2 , alors R[X, Y ]/I ' R2 ; – si a2 + b2 = c2 , alors R[X, Y ]/I ' R[ε]/ε2 ; – si a2 + b2 < c2 , alors R[X, Y ]/I ' C. 3. Interpréter géométriquement le résultat ci-dessus. Exercice 18 Soit K un corps algébriquement clos. Soit I un idéal radical de K[X1 , . . . , Xn , Y1 , . . . , Ym ]. On pose J = I ∩ K[Y1 , . . . , Ym ]. 1. Montrer que J est un idéal radical de K[Y1 , . . . , Ym ]. 2. Montrer que V (J) est l’adhérence Zariski de la projection de V (I) sur les coordonnées Y1 , . . . , Ym . 4/8 Exercice 19 Soit K un corps algébriquement clos. Soient I et J deux idéaux radicaux de K[X1 , . . . , Xn ]. On note (I : J) l’ensemble des f ∈ K[X1 , . . . , Xn ] tels que f J ⊂ I. 1. Montrer que (I : J) est un idéal radical de K[X1 , . . . , Xn ]. 2. Montrer que V ((I : J)) est l’adhérence Zariski de V (I)\V (J). 5 Sur les anneaux produits Exercice 20 Soient A et B deux anneaux. 1. Montrer que les idéaux maximaux de A × B sont de la forme mA × B ou A × mB où mA (resp. mB ) désigne un idéal maximal de A (resp. de B). 2. Montrer que {Spm A, Spm B} forme une partition de Spm(A × B) par deux ensembles qui sont à la fois ouverts et fermés. Exercice 21 Soit A un anneau. Soit e ∈ A un élément idempotent (i.e. vérifiant e2 = e). 1. Montrer que (1 − e) est également idempotent. 2. Montrer que les idéaux eA et (1 − e)A sont également des sous-anneaux de A d’élément neutre e et 1 − e respectivement. 3. Montrer que l’application eA × (1 − e)A → A, (x, y) 7→ x + y est un isomorphisme d’anneaux. 4. Interpréter géométriquement le résultat de la question précédente. (On pourra s’aider de l’exercice précédent.) 6 Sur les morphismes finis Exercice 22 Soit K un corps algébriquement clos. Soit A une K-algèbre que l’on suppose de dimension finie sur K (comme espace vectoriel). 1. Montrer que les idéaux maximaux de A sont exactement les noyaux des morphismes d’anneaux A → K. 2. En déduire qu’un idéal maximal de A est un hyperplan de A. On note (x1 , . . . , xd ) une base de A sur K et on appelle Z l’ensemble des d-uplets (α1 , . . . , αd ) ∈ K d pour lesquels α1 x1 + · · · + αd xd n’est pas inversible dans A. 3. Montrer que Z est un fermé Zariski de K d défini par une équation polynômiale de degré d. (On pourra introduire la matrice de la multiplication par xi .) 4. Montrer que Z contient tous les idéaux maximaux de A. 5/8 5. Montrer que A a au plus d idéaux maximaux. 6. Étendre le résultat de la question précédente sans supposer que K est pas algébriquement clos. Exercice 23 Soient K un corps et f : A → B un morphisme entre K-algèbres. On suppose que f est fini, c’est-à-dire que B vu comme A-module via f est de type fini. En utilisant l’exercice précédent, montrer que l’application induite Spm(B) → Spm(A) est à fibres finies. Exercice 24 Interpréter géométriquement les morphismes de K-algèbres suivants et dire, pour chacun d’eux, s’il est fini ou non. 1. le morphisme d’inclusion K[X] → K[X, Y ] ; 2. le morphisme de projection K[X, Y ] → K[X] qui envoie X sur X et Y sur 0 ; 3. le morphisme K[X] → K[X, Y ]/(Y 2 − X 3 − X) qui envoie X sur X ; 4. si I est un idéal de K[X] avec X = (X1 , . . . , Xn ), le morphisme K[X] → K[X]/I ; 5. si I et J sont deux idéaux de K[X] avec I ⊂ J, le morphisme K[X]/I → K[X]/J ; 6. l’unique morphisme de K-algèbres K[ε]/ε2 → K. Exercice 25 Soient A et B deux K-algèbres et f : A → B un morphisme de K-algèbres. 1. Montrer que l’image réciproque d’un idéal premier de B est un idéal premier de A. 2. On suppose que A et B sont de type fini comme K-algèbres. Montrer que l’image réciproque d’un idéal maximal de B est un idéal maximal de A. Exercice 26 Soient A et B deux K-algèbres et f : A → B un morphisme fini de K-algèbres. Montrer que, pour tout élement t ∈ B, il existe un polynôme unitaire Pt à coefficients dans A tel que Pt (t) = 0. Exercice 27 Soit K un corps algébriquement clos. Soit A une K-algèbre que l’on suppose de dimension finie sur K (comme espace vectoriel). 1. Montrer que les idéaux maximaux de A sont exactement les noyaux des morphismes d’anneaux A → K. 2. En déduire qu’un idéal maximal de A est un hyperplan de A. On note (x1 , . . . , xd ) une base de A sur K et on appelle Z l’ensemble des d-uplets (α1 , . . . , αd ) ∈ K d pour lesquels α1 x1 + · · · + αd xd n’est pas inversible dans A. 3. Montrer que Z est un fermé Zariski de K d défini par une équation polynômiale de degré d. (On pourra introduire la matrice de la multiplication par xi .) 6/8 4. Montrer que Z contient tous les idéaux maximaux de A. 5. Montrer que A a au plus d idéaux maximaux. 6. Étendre le résultat de la question précédente sans supposer que K est algébriquement clos. Exercice 28 Soient A et B deux K-algèbres et f : A → B un morphisme fini de K-algèbres. Montrer que l’application Spm(B) → Spm(A) induite par f est à fibres finies. Exercice 29 Soit K un corps. On note K(X) le corps des fractions rationnelles en X ; c’est le corps des fractions de K[X]. 1 1. Montrer que la famille des X−α , pour α variant dans K, est une famille libre sur K. 2. En déduire une démonstration alternative du lemme de Zariski lorsque K est indénombrable. Dans tous les exercices qui suivent, la lettre A (resp. K) désigne un anneau (resp. un corps) et la lettre S désigne une partie multiplicative de A. 7 Localisation Exercice 30 1. On suppose que S contient un élément nilpotent. Montrer que A[S −1 ] est l’anneau nul. 2. Interpréter géométriquement le résultat de la question précédente. Exercice 31 On suppose, dans cet exercice, que A est intègre et on note Frac (A) le corps des fractions de A. 1. Pour toute partie multiplicative S de A, montrer qu’il existe un unique morphisme de A-algèbres fS : A[S −1 ] → Frac (A) et montrer que fS est injectif. 2. Si S et T sont deux parties multiplicatives de A, montrer que S ∩ T est encore une partie multiplicative de A et que : A[S −1 ] ∩ A[T −1 ] = A[(S ∩ T )−1 ] l’intersection étant prise dans Frac (A). Exercice 32 1. Soient B un anneau en f : A → B un morphisme d’anneaux tel que ϕ(s) est inversible dans B pour tout s ∈ S. Montrer qu’il existe un unique morphisme d’anneaux g : A[S −1 ] → B tel que f = g ◦ ι où ι est le morphisme A → A[S −1 ] qui envoie x sur x1 . 7/8 2. Soit T une partie multiplicative de A contenant S. Construire un morphisme de A-algèbres A[S −1 ] → A[T −1 ]. Exercice 33 1. Soient B et C deux anneaux munis de morphismes A → B → C. Soit M un A-module. Montrer que : C ⊗B (B ⊗A M ) ' C ⊗A M comme C-modules. On considère à partie une partie multiplicative T de A contenant S, ainsi qu’un A-module M . 2. Montrer que l’image de T dans A[S −1 ] (par le morphisme canonique A → A[S −1 ]) est une partie multiplicative de A[S −1 ]. 3. Montrer que : M [S −1 ][T −1 ] ' M [T −1 ] comme A[S −1 ]-modules. Exercice 34 Soient M et N deux A-modules. 1. Soit B une A-algèbre. Montrer que : (B ⊗A M ) ⊗B (B ⊗A N ) ' B ⊗A (M ⊗A N ) comme B-modules. 2. En déduire que : (M ⊗A N )[S −1 ] ' M [S −1 ] ⊗A[S −1 ] N [S −1 ] comme A[S −1 ]-modules. Exercice 35 Soit m un idéal maximal de A. On note Am l’ensemble des suites (xn )n>1 telles que, pour tout entier n, on ait, xn ∈ A/mn et xn+1 mod mn = xn . 1. Montrer que l’addition et la multiplication composante par composante définissent une structure d’anneaux 2. Montrer que l’application f : A → Am qui à x ∈ A associe la suite des xn = x mod mn est un morphisme d’anneaux (et fait ainsi de Am une A-algèbre). 3. Montrer qu’un élément x = (xn )n>1 est inversible dans Am si et seulement si x1 est non nul (dans A/m). 4. Déterminer les idéaux de Am et, parmi eux, déterminer ceux qui sont premiers et ceux qui sont maximaux. 5. En notant S = A\m, construire un morphisme de A-algèbres A[S −1 ] → Am . 6. Que vaut Am dans le cas où A = K[X] et m est l’idéal maximal engendré par X ? 7. Interpréter géométriquement les constructions précédentes. 8/8