Opérations de maintien de la paix des Nations Unies

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Opérations de maintien de la paix des Nations Unies
Intervention de S.E. Mme Sylvie Lucas, Représentant permanent du Luxembourg
Opérations de maintien de la paix des Nations Unies :
Une approche multidimensionnelle
Débat public du Conseil de sécurité
New York, le 21 janvier 2013
Monsieur le Président,
Le Luxembourg remercie vivement le Pakistan pour l’organisation de cet important débat public
sur le maintien de la paix. Nous saluons l’engagement exemplaire de votre pays qui se reflète
dans le fait qu’il figure au premier rang des contributeurs de troupes à l’ONU. Ce débat nous
permet d’avoir un échange sur toutes les dimensions des opérations de maintien de la paix des
Nations Unies, sur les défis et les opportunités qui résultent de l’évolution de ces opérations au
cours des dernières années.
Le Luxembourg s’associe pleinement à l’intervention qui sera prononcée par le représentant de
l’Union européenne.
Monsieur le Président,
Les opérations de maintien de la paix sont au cœur de l’action des Nations Unies. Elles
connaissent aujourd’hui une complexité et une diversité croissantes, œuvrant dans des
environnements de plus en plus difficiles et face à des situations qui peuvent changer subitement.
Afin de répondre à cette réalité, et au vu du fait que la sécurité, le développement et l’état de
droit sont intrinsèquement liés, la grande majorité des opérations de maintien de la paix revêtent
désormais un caractère multidimensionnel.
En conséquence, les mandats des opérations de maintien de la paix peuvent maintenant englober
notamment la consolidation des institutions de l’état de droit, la réforme du secteur de la sécurité
et de la défense, la protection des civils et en particulier la protection des enfants affectés par un
conflit armé, la protection et la promotion des droits de l’homme, la lutte contre la violence
sexuelle, le soutien à des processus politiques inclusifs, ainsi que la création des conditions de
sécurité nécessaires en vue de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire. Tous ces domaines
dépassent de loin la conception traditionnelle du maintien de la paix et concernent
l’établissement durable de conditions propices à l’épanouissement complet d’une société et de
ses citoyens. Les soldats de la paix sont ainsi appelés à être des consolidateurs de la paix de la
première heure, en accompagnant de manière globale la consolidation de la paix après un conflit
et en assumant de plus en plus de fonctions liées à l’appui au renforcement des institutions
publiques de l’Etat hôte.
Le Luxembourg se félicite de ce développement.
Le maintien et la consolidation de la paix sont complémentaires et étroitement liés. Il s’en suit la
nécessité d’une approche holistique, coordonnée et cohérente, qui, dès le début, au stade de la
planification d’une opération de maintien de la paix, ainsi que lors d’éventuelles adaptations en
cours de mandat, prend en considération les éléments de consolidation de la paix afin de les
refléter de manière adéquate dans les mandats. En même temps, le Conseil de sécurité doit
continuer à veiller à ce que les mandats des opérations de maintien de la paix soient définis de
façon claire, crédible, réaliste et sans ambiguïtés.
En tenant compte de la contribution des différents acteurs, dont la Commission de consolidation
de la paix, ainsi que du principe fondamental de l’appropriation nationale, une approche intégrée
de maintien et de consolidation de la paix ne peut réussir que si le rôle de chaque acteur est
clairement défini et si les contributions des uns et des autres sont coordonnées de manière
efficace. Une telle approche augmentera la valeur ajoutée de chaque contribution et optimisera
l’efficacité et l’efficience de chaque acteur. Il nous semble également important d’élargir le
vivier des capacités civiles de l’ONU, en recourant en particulier à l’expertise des personnes
issues de pays qui ont fait l’expérience de la consolidation de la paix après un conflit ou de la
transition démocratique.
Monsieur le Président,
C’est une évidence : une paix durable ne peut se réaliser que si on s’attaque au plus tôt aux
causes profondes d’un conflit. Les crises qui secouent le continent africain du Sahel à la Corne
de l’Afrique nous le rappellent chaque jour. L’inclusion dans les processus de rétablissement, de
maintien et de consolidation de la paix de tous les groupes de la population, en particulier des
groupes les plus vulnérables, dont les femmes, nous semble le meilleur moyen de prévenir, à
court comme à long terme, l’émergence de frustrations qui peuvent mener à une résurgence du
conflit. Pour cette raison, le Luxembourg a contribué aux efforts du Département des opérations
de maintien de la paix visant à renforcer la participation des femmes dans les processus
politiques notamment en Haïti, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud et au
Timor-Leste.
Nous nous réjouissons que la résolution que nous allons adopter rappelle le rôle essentiel joué
dans les missions de l’ONU par les conseillers pour la protection des populations les plus
vulnérables, notamment ceux chargés de la protection de l’enfance. Leur rôle spécifique de
plaidoyer, de facilitation et de conseil auprès des chefs de mission tout comme celui
d’information et de surveillance est un élément crucial pour la protection des enfants.
Monsieur le Président,
Il est bien que le Conseil souligne qu’il importe de déployer des soldats de la paix qualifiés,
expérimentés, dotés de toutes les compétences requises, notamment linguistiques, et qui
respectent la politique de tolérance zéro de notre Organisation à l’égard des écarts de conduite.
L’exploitation et les abus sexuels ne sauraient en effet être tolérés. Inversement, tout doit être mis
en œuvre pour assurer la sûreté et la sécurité des personnels déployés. Le Luxembourg condamne
fermement toute attaque contre le personnel des Nations Unies dans les opérations de maintien
de la paix.
Je voudrais conclure mon intervention en exprimant la reconnaissance profonde du Luxembourg
pour l’engagement des soldats de la paix, ainsi que du personnel policier et civil, qui réalisent un
travail indispensable, dans des conditions souvent difficiles, pour mettre en œuvre les mandats
que ce Conseil leur confie. Nous saluons la mémoire de celles et de ceux qui ont donné leur vie
dans l’exercice de leurs fonctions, au service des Nations Unies, dans le but de maintenir la paix
et la sécurité internationales.
Je vous remercie de votre attention.