Le rire, meilleur ennemi du racisme
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Le rire, meilleur ennemi du racisme
Le rire, meilleur ennemi du racisme Une heure et demie durant, Ali Bougheraba a conduit le public, à grand renfort de clichés et de dérisions, en son pays des Merveilles. Il a "croisé" ses personnages dans le quartier de Marseille où est il né, ou tout autre, mais les ramène tous au "Panier" de son enfance. Il a longtemps souhaité sentir pousser des plumes, un bec jaune, devenir une mouette pour tout voir d'en haut, y compris son vélo puis s'en éloigner. Aujourd'hui, où qu'il soit, il n'aspire qu'à endosser les attributs dont il rêvait pour y revenir. Le "Panier" est une citadelle aux ruelles étroites, aux immeubles penchés, si proches les uns des autres qu'on regarde la télé chez le voisin, que les étendages de linge s'emmêlent, se mêlent. C'est dans son quartier que se révèlent les symptômes de "la maladie", celle qui vous fait "pousser" un survêt, des baskets, la casquette. Dans un grand silence, Ali lance : "Nous les arabes, des fois on fait peur, mais des fois on fait plaisir". Le "flop" s'arrête dès qu'il parle du sésame, les gâteaux arabes qui plaisent tant aux Français d'origine gauloise. Les zlabias sont capables d'amadouer le plus cruel des huissiers et les cornes de gazelle glissées dans la boîte à gants, le plus intransigeant des gendarmes. Derrière chaque personnage, se cache un cliché drôle ou cruel, le kiné de l'hospice qui fait peur aux "vieilles", mais c'est bon pour la réduc, Fayçal, le danseur étoile du Lac des cygnes qui part pour New York, le… 11 septembre. On découvre Gérard, au prénom bien gaulois mais issu de l'immigration, le gardien d'immeuble qui s'occupe de tout. Lui, le racisme, connait pas. Il a un pays à chaque étage. Il côtoie le "PDG de la CAF" qui perçoit ses 5000 € mensuels, les chinois qui font leurs courses à la SPA, le polonais du 3 ème… Il doit aussi connaître Nordine, le prof de maths qui donne rendez-vous aux parents des minots qui vont se plaindre de ses agissements derrière le collège... Gérard Martinez, avec un Z, connait sans doute aussi le petit Ali, à qui sa mère a voulu donner la meilleure éducation. Pour ce faire, rien de tel que l'école privée, catho. Quand il a dit à son "arabe professionnel" de père qu'il s'était inscrit au catéchisme, il a cru à un sport, avec au bout la médaille d'or. Quand Ali est sorti de l'église, le jour de la communion solennelle, son père est allé déposer un baiser sur le front du père Cerise, façon Barthez et Laurent Blanc, le jour de la coupe du monde 1998. Ali Bougheraba est entré sur scène sur une musique orientale, a posé un regard drôle et sans jugement sur tous ses concitoyens, il a repris le chemin du "Panier".