Belinda Cannone, Le baiser peut-être
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Belinda Cannone, Le baiser peut-être
EXTRAITS DE PRESSE Belinda Cannone, Le baiser peut-être Presse écrite Les lettres françaises, décembre 2011 De tous les baisers concevables, Belinda Cannone en a omis en tout cas un : le baiser de la mort. C’est celui de la Salomé d’Oscar Wilde, qui rend la pièce soudain si effroyable : « Ah ! J’ai baisé ta bouche, Iokahan, j’ai baisé ta bouche. Il y avait une âcre saveur sur tes lèvres. Est-ce la saveur du sang ?… Mais peut-être est-ce la saveur de l’amour ? On dit que l’amour a une âcre saveur. Mais qu’importe ? » Cet oubli n’en est peut-être pas un car sa quête n’a rien d’encyclopédique. Elle n’a pas écarté toutes les ombres qui entourent le sujet digne d’être examiné de fond en comble. C’est ainsi qu’elle nous remet en mémoire le baiser fatal (létal) du comte Dracula et l’étrangeté de celui du tableau d’Edvard Munch où le couple s’embrasse avec une effusion morbide. Elle n’est pas non plus allée sonder les tréfonds de l’érotisme. Le baiser, tel qu’elle l’entend (ou plutôt le reçoit et le donne), est la manifestation d’un transport, plus du tout chaste, mais encore loin des débordements de l’éros. Si je l’ai bien comprise, il serait le véhicule d’une esthétique de l’épicurisme. On ne sera donc pas surpris de la voir choisir pour guides Dante (avec la terrible histoire de Paolo et Francesca, que Rossetti a peinte et que Rodin a sculptée ensuite et qui a été rebaptisée le Baiser), Louise Labé, avec ses sonnets sulfureux, et puis Constantin Brancusi, qui a représenté la fusion absolue, éternelle, intemporelle. Elle choisit enfin Marcel Proust, en lisant surtout « le Côté de Guermantes ». Là, le narrateur explique à n’en plus finir ce que déposer un baiser sur la joue d’Albertine peut comporter d’émotions et de résonances sentimentales. Son narrateur expose une philosophie du baiser. Si elle nous invite à nous pénétrer des écrits de Jean Second, qui a publié en 1539 un essai intitulé le Baiser, et aussi de ceux de Francesco Patrizi, qui est l’auteur de Du baiser, paru au début des années 1560, elle évoque aussi les jeux de l’enfance et de la prime adolescence. La connaissance se mêle aux réminiscences. Et elle est loin d’épuiser le thème, préférant butiner dans sa mémoire et dans sa culture ce qui pourrait alimenter sa curiosité sensuelle, lui donner de l’amplitude et surtout un attrait sans cesse croissant. Le Cantique des cantiques lui a apporté une intensité luxurieuse qui va de pair avec l’intensité mystique et Lucrèce lui a fait don de sa vision du baiser qui imprime parfois sa trace indélébile sur le corps, comme le rouge à lèvres sur la tasse à thé dans les Belles Endormies, de Kawabata. Ce qui séduit dans ce livre, c’est bien sûr cette pensée divagante de l’auteur, qui obéit à ses intuitions et à ses gourmandises pour découvrir ce que baiser veut dire. Mais c’est aussi une initiation à la littérature qui permet de poursuivre sa quête charnelle par une quête spirituelle, de l’inscrire dans l’expérience d’une civilisation et de lui offrir de nouvelles consonances et des conséquences imprévues – en cette matière, on n’est censé rien ignorer, et pourtant beaucoup reste à apprendre. Gérard-Georges Lemaire L’Humanité, supplément, 1er décembre 2011, « Baise m'encor, rebaise mey et baise... » De tous les baisers concevables, Belinda Cannone en a omis en tout cas un le baiser de la mort C'est celui de la Salomé d'Oscar Wilde, qui rend la pièce soudain si effroyable « A h 'J'ai baisé ta bouche, lokahan, j'ai baisé ta bouche Hy a vait une acre sa veur sur tes lèvres Est-ce la sa veur du sang9 Maîs peut-être est-ce la sa veur de l'amour. On dit que l'amour a une acre saveur Maîs qu'importé 9.» Cet oubli n'en est peut-être pas un car sa quête n'a rien d'encyclopédique. Elle n'a pas écarté toutes les ombres qui entourent le sujet digne d'être examiné de fond en comble. C'est ainsi qu'elle nous remet en mémoire le baiser fatal (létal) du comte Dracula et l'étrangeté de celui du tableau d'Edvard Munch où le couple s'embrasse avec une effusion morbide. Elle n'est pas non plus allée sonder les tréfonds de l'érotisme. Le baiser, tel qu'elle l'entend (ou plutôt le reçoit et le donne), est la manifestation d'un transport, plus du tout chaste, mais encore loin des débordements de l'éros. Si je l'ai bien comprise, il serait le véhicule d'une esthétique de l'épicurisme. On ne sera donc pas surpris de la voir choisir pour guides Dante (avec-la terribles histoire de Paolo et Francesca, que Rossetti a peinte et que Rodin a sculptée ensuite et qui a été rebaptisée le Baiser), Louise Labé, avec ses sonnets sulfureux, et puis Constantin Brancusi, qui a représenté la fusion absolue, éternelle, intemporelle. Elle choisit enfin Marcel Proust, en lisant surtout « le Côté de Guermantes ». Là, le narrateur explique à n'en plus finir ce que déposer un baiser sur la joue d'Albertine peut comporter d'émotions et de résonances sentimentales Son narrateur expose une philosophie du baiser. Si elle nous invite à nous pénétrer des écrits de Jean Second, qui a publié en 1539 un essai intitulé le Baiser, et aussi de ceux de Francesco Patnzi, qui est l'auteur de Du baiser, paru au début des années 1560, elle évoque aussi les jeux de l'enfance et de la prime adolescence. La connaissance se mêle aux réminiscences. Et elle est loin d'épuiser le thème, préférant butiner dans sa mémoire et dans sa culture ce qui pourrait alimenter sa curiosité sensuelle, lui donner de l'amplitude et surtout un attrait sans cesse croissant. Le Cantique des cantiques lui a apporté une intensité luxurieuse qui va de pair avec l'intensité mystique et Lucrèce lui a fait don de sa vision du baiser qui imprime parfois sa trace indélébile sur le corps, comme le rouge à lèvres sur la tasse à thé dans les Belles Endormies, de Kawabata. Ce qui séduit dans ce livre, c'est bien sûr cette pensée divagante de l'auteur, qui obéit à ses intuitions et à ses gourmandises pour découvrir ce que baiser veut dire. Mais c'est aussi une initiation à la littérature qui permet de poursuivre sa quête charnelle par une quête spirituelle, de l'inscrire dans l'expérience d'une civilisation et de lui offrir de nouvelles consonances et des conséquences imprévues - en cette matière, on n'est censé rien ignorer, et pourtant beaucoup reste à apprendre. Gérard-Georges Lemaire Revue Livre/échange, octobre 2011, « D’un livre, embrassons le baiser » Belinda Cannone aime à faire danser sa pensée. Voilà qui sied bien à son dernier essai, car la danse signe parfois les prémices du baiser. Et c’est sur le baiser qu’elle a choisi, cette fois-ci, de fixer sa, ses pensées : Le Baiser peut-être. Ce titre inaugure la prometteuse collection « Pabloïd » dans laquelle Alma Éditeur donne carte blanche à des écrivains pour composer un texte sur l’un des huit thèmes suivants : « la naissance, la grossesse, la souffrance, le meurtre, le couple, la mort, la révolte et peut-être le baiser. » Ce sont là les thèmes fondamentaux de l’art, affirmait Picasso à André Malraux dans La Tête d’Obsidienne. D’adieu, de cinéma, de Judas, de paix ou d’oiseau. Chaste, goulu, brûlant, timide. Sur les lèvres, ailleurs que sur les lèvres. Le baiser est tout cela à la fois et pourtant la langue (!) se dérobe lorsqu’il s’agit de désigner ce qu’elle s’emploie si sensuellement à incarner. Bécot, bise, patin, pelle, bisou ne sont guère réjouissants… « Par cette imprécision, la langue jette un voile pudique sur le baiser. » Et lorsque la langue ne se dérobe pas, elle se fâche. Devenu verbe, baiser signifie tromper, berner et désigne vulgairement l’union intime du couple. « Le baiser, comme l’amour, […] excède les possibilités de l’expression linguistique. » Alors, comment parler du baiser, universel et intime à la fois ? Et qu’en dire ? Avec habileté et malice, Belinda Cannone butine d’œuvre d’art en souvenirs littéraires. La femme ployant sous l’étreinte et les ors du célèbre tableau de Klimt, « Le baiser de l’hôtel de ville » photographié par Doisneau, le baiser de Joachim et Anne peint par Giotto pour la fresque de la chapelle de Padoue, Le Baiser sculpté par Rodin. Le baiser de Lancelot et Guenièvre, de Francesca et Paolo… La narratrice qui conduit cette réflexion interroge aussi tour à tour son fiancé (terme désuet mais choisi à dessein puisque la période des fiançailles ne tolérait que le baiser) et son amie… Belinda ! « Parfois je me demande si elle ne manque pas, un peu, d’imagination. En tout cas, pas de risque qu’elle écrive un livre sur le baiser. » À la question de Cyrano de Bergerac « Un baiser, mais à tout prendre qu’est-ce ? », Belinda Cannone peut désormais répondre : « un monde pour deux », « une sorte d’œuvre éphémère », « un sanctuaire de la joliesse ». Ainsi parle-t-elle du baiser, prolongeant ou complétant son remarquable Écriture du désir publié il y a quelques années. Le baiser est « parent du désir ». Et pour parler des deux, elle a des mots superbes d’élan sensuel : « Profiter de tous les coins ombreux pour s’embrasser, apprendre les odeurs du cou, la soie tendre des lèvres, plaquer son corps contre le corps inconnu, sentir qu’on vit de la vie haute, dans la gratuité du désir, dans la beauté de l’élection, et s’embrasser s’embrasser, jamais rassasiés… » De questions amusées en souvenirs sensuels, de dialogues malicieux en analyses érudites, Belinda Cannone embrasse son sujet à petites touches. Comme à son habitude, elle avance et esquisse quelques pistes qu’il faudra ensuite vérifier, étudier, explorer. Cela tombe bien, il s’agit de baisers ! « Nous aimons lancer nos idées comme de vifs poissons d’argent dans les interstices de la pensée, dans les brèches des raisonnements, aux franges des rivières et des étangs, où les catégories et les modèles trop lourds se déplaisent et, pesants, nagent mal… » « N’aurait-il pas mieux valu chanter le baiser que l’approcher, le décrire, le dialoguer comme je l’ai fait ? » s’interroge la narratrice à l’issue de sa réflexion. Au final, « mieux vaut l’essayer ». « On attend parfois un poème comme une terre assoiffée la pluie. » Un baiser aussi. « Promesse de l’étreinte à venir », celui-ci se lit avant de se donner… Nathalie Colleville Le Monde des Livres, 3 novembre 2011, « Embrasse-moi malin » Premier titre d’une collection donnant carte blanche à des écrivains pour composer un texte à partir des huit thèmes fondamentaux de l'art selon Picasso, cette libre méditation met en scène trois personnages composant une fugue dialoguée. Composée d'interrogations, de souvenirs, de gloses inspirées par la poésie, la philosophie, la peinture et le cinéma, cette initiation a l'art du baiser- qu’il soit amical, fraternel ou amoureux, chaste ou passionne- triomphe ici en parole et en actes. Dans cet hymne au don et à la reconnaissance de l'altérité emblématisé par le baiser, toute noblesse est ici rendue au plus beau geste du désir. Cécile Guilbert ELLE, 21 octobre 2011 C'est du cœur même du baiser que nous écrit Belinda Cannone, puisque sa narratrice, allongée sous un hêtre avec son fiancé, s'interroge avec celui-ci sur leurs embrassades passionnées Cette façon de mélanger - goulûment — théorie et pratique, récit léger et considération philosophique rappelle évidemment les romans du XVIII*siècle et, particulièrement, «Jacques le fataliste », de Diderot. Son art du baiser est inséparable d'un art du dialogue enlevé et joyeux, où se font entendre quelques grands smacks littéraires, de Louise Labé à Marcel Proust. Avec son style qui évoque la douceur des «baisers papillons» (quoi qu'elle soit autrement plus sensuelle), Belinda Cannone fait mentir le dicton « Qui trop embrasse mal étreint. » Patrick Williams Marie Claire, octobre 2011, « Histoires de femme » Si peu de mots pour le désigner et tant de significations différentes ! Dans Le baiser peut-être, Belinda Cannone en explore avec délice les facettes, les rituels, les variantes, les plaisirs et les secrètes jouissances. La narratrice, son « fiancé » et…son amie, l’enthousiaste Belinda Cannone, échangent leurs points de vue dans une conversation qui ne manque pas d’humour. Amoureux, amical ou fraternel, sur les joues, le front, la bouche ou la main, tel un papillon le baiser volette d’un sens à l’autre. Il fallait une femme, fine, cultivée et coquine comme l’auteure pour en détailler avec autant de charme les nuances. Ce premier volume de la collection « Pabloïd » d’une nouvelle maison d’édition est une réussite. E.B.-D. Le Nouvel Observateur, 29 septembre 2011, « A pleine bouche » Belinda Cannone, sous la forme plus romanesque d'un dialogue à trois voix, voit elle aussi le baiser comme un abri qui unit deux âmes. Il a cette qualité d'être prodigue, de se dispenser par milliers - surtout dans la correspondance, il est de nature inflationniste. Sous sa forme passionnelle, le baiser n'a pris son autonomie que dans les années 1940 quand les amours juvéniles ont été autorisées hors mariage, mais c'est Hollywood, cette grande fabrique de stéréotypes universels, qui en a fait le synonyme de l'étreinte. Dans son avidité furieuse, le baiser transforme les amants en un seul être androgyne, créature extatique qu'on peut admirer, en France du moins, sur les bancs ou dans les parcs, figée par une adoration réciproque. « On ne m'a jamais assez embrassée sur la nuque», conclut, mutine, Belinda Cannone. Messieurs, vous savez ce qu'il vous reste à faire. Pascal Bruckner Libération, 22 septembre 2011 Volée de baisers. Un essai bien embouché de Belinda Cannone Qu'on se le dise ce livre n'est pas une plongée autobiographique dans une «open kiss party», ni un recueil de recettes sur la meilleure manière d'embrasser […]. Le Baiser peut-être (le titre est emprunté à Picasso) est bel et bien un essai philosophique, encyclopédique même, dans lequel l'auteur s'est lancée inévitablement. Voilà qui touche à l'universel. Chacun y retrouvera ses propres sensations tant le baiser appartient à la vie et pourtant découvrira ici et là des sources intarissables de questionnements inattendus. Secret. Belinda Cannone raffole de ce contact des bouches et s'accorde avec Francesco Patrizi, philosophe italien de la Renaissance, théoricien du baiser : «Rien ne brûle ni ne réchauffe si ce n'est le feu. De même, nul baiser n'est assaisonné de douceur si ce n'est le baiser amoureux. » Résumé par Belinda Cannone : «Le baiser sur la bouche est le maître baiser. » Mais les bouches ne sont pas les seules à pouvoir-devoir être embrassées. L’auteur nous livre là un joli secret : «On ne m'a presque jamais embrassée sur la nuque Les très rares fois ou on l'a fait, j'en ai ressenti un plaisir indescriptible Tout le corps se rendait au baiser dans un abandon exquis. » Avis aux embrasseurs. Valets. Rien à voir avec les «baisers dans le vide», qu'on distribue machinalement en manière de salut. «Ces pseudo baisers, que ne justifie même plus k nombre déjoues, deviennent tellement formels qu'ils en perdent toute saveur. » Nul snobisme ni affectation dans cette opinion. En quoi le baiser se distingue-t-il de tous les actes ordinaires ? Réponse : il ne peut être solitaire. «Je peux bien parler seule, chanter seule, jouir seule, je ne peux embrasser seule J'embrasse toujours quelqu'un.» Mais il y a baiser et baiser. La philosophie grecque distinguait deux formes d'amour, l'éros et la philia. Eres pour l'amour physique, philia pour la tendresse. L'un n'empêchant pas l'autre, la seconde succédant parfois au premier pour les amoureux vieillissants, ou devenant première quand on embrasse sa maman ou un enfant. Réplique. Lien social par excellence, que certains attachent a l'éducation politique et sociale des éphèbes dans la société grecque, la philia est la clé relationnelle du bonheur philosophique sur laquelle s'accordent Epicure, Platon et Aristote. Belinda Cannone ne s'attarde pas sur ces racines du baiser, elle ne se prétend pas d'ailleurs un puits de science sur le sujet. Mais c'est encore de Platon (dans ses Dialogues) et plus récemment de Nathalie Sarraute (Enfance) qu'elle s'inspire dans la forme narrative de son essai ambitieux et si délicat. Le Baiser peut-être échappe à la docte démonstration et fait du coup la part belle au plaisir. Si Belinda Cannone est bien la narratrice, elle a deux comparses pour lui donner la réplique : un fiancé très instruit du baiser et une amie, baptisée Belinda, versée dans l'historique. Béatrice Vallaeys Ouest France, 23 septembre 2011 Belinda Cannone dédicace au Brouillon de culture L’essayiste et romancière Belinda Cannone, également enseignante à l’université de Caen, est accueillie par la librairie Au Brouillon de Culture pour son livre dernier paru Le baiser peut-être, Alma éditeur. Dans La Tête d’Obsidienne d’André Malraux, Pablo Picasso affirme que les thèmes fondamentaux de l’art sont et seront toujours : la naissance, la grossesse, la souffrance, le meurtre, le couple, la mort, la révolte et, ajoute-t-il, peut-être le baiser. Il les appelle emblèmes. La collection Pabloïd des toutes nouvelles éditions Alma donne carte blanche à des écrivains pour composer un texte à partir de l’un de ces huit thèmes. Le baiser peut-être est le premier titre de la collection. Dans un dialogue à trois voix, Belinda Cannone analyse les rituels et les habitudes et évoque, plus encore, ce que le baiser exprime sans mots. Vendredi 23 septembre à partir de 17h30, à la librairie Au Brouillon de Culture, rue Saint-Sauveur. Livres Hebdo, 15 septembre 2011 Mille baisers Le baiser est décidément le sujet chaud de cette rentrée, […] Belinda Cannone s'est penchée sur ce vaste dossier tout en inaugurant, avec ses variations bohèmes, la nouvelle collection « Pabloid » imaginée par les éditeurs d'Alma, une séné de textes de commande autour des « thèmes fondamentaux de l'art » identifies par Pablo Picasso dans la préface de La tête d'obsidienne d’André Malraux « La naissance, la grossesse, la souffrance, le meurtre, le couple, la mort, la révolte et peut-être le baiser » C'est donc a ce possible huitième « emblème » que la romancière (L'homme qui jeûne, Entre les bruits, aux éditions de L’Olivier) et essayiste (Le (Le sentiment d'imposture, disponible en Folio, L'écriture du désir, La tentation de Pénélope…) a choisi de consacrer sa carte blanche sur ce terrain qui lui est très familier – celui du désir –, elle reste fidèle a la forme buissonnière dans laquelle elle fait cheminer habituellement sa pensée : courts chapitres, plusieurs voix (la narratrice, Belinda, le « fiancé ») qui permettent aux points de vue de dialoguer. Elle abreuve sa réflexion a de nombreuses sources, du côté de la littérature, du cinéma, de la peinture ou de la sculpture mêle expériences personnelles, fictions et citations, tisse ensemble sensations, intuitions et lectures dans un libre itinéraire intellectuel et intime qui propose sans assener. Ainsi fait-elle miroiter les mille nuances de cet acte qui offre tant de « résistance a l'expression » et tente-t-elle d'approcher « de ce mystère des choses simples et puissantes » auquel, comme la beauté éphémère d'un bouquet de fleurs, « participe aussi le baiser ». Véronique Rossignol Psychologies Magazine, septembre 2011 Pétillant Embrasser, quoi de plus délicieux ? Mais sait-on seulement ce qu’est vraiment un baiser ? Le baiser donné) un enfant n’a rien à voir avec un baiser d’amoureux, qui déploie toute une gamme de significations, de couleurs (du rouge profond de la passion au bleu délicat de la tendresse), de nuances (on peut dire tout le désamour d’un seul baiser…). Belinda Cannone nous dévoile les mystères de cette succulente tentative de manger l’aimé. « Je peux bien parler seule, jouir seule, je ne peux embrasser seule. » . C.P.-D Ardemment.com, 1er septembre 2011 Le baiser peut-être ou comment Belinda Cannone embrasse son lecteur Comme pour ses essais précédents, Belinda Cannone convoque à nouveau la polyphonie des voix pour embrasser pleinement son sujet en trois mots généreux : « le visage, l’altérité et l’inventivité » (p.158). En mettant en scène trois couples paradigmatiques qui respectivement assument leur rôle de contradicteur sans toutefois rompre avec le sentiment de complétude qui les réunit, elle construit une pensée percée d’éclats subtils. […] Trois couples, trois postures qui construisent un triangle dont le point médian est le « je » narratif - dont on ne connaît pas l’identité si ce n’est qu’elle est écrivain. L’auteur ? Et bien non, ce serait trop facile ! Le premier couple est incarné par la narratrice et son amie Belinda, le second par la narratrice et son amant, le troisième par Belinda et Youssef. […] Belinda la charnelle éprouve les tourments du désir avec son amant Youssef. […] Quand à la narratrice, plus spirituelle, elle préfère s’en remettre à son cerveau, aux délices de son imagination débordant les limites du temps. […] Et nous y voilà, la narratrice partage avec son amant non seulement la promesse d’un baiser charnel mais davantage encore avec l’attente de la lecture d’un extrait qui suscite le désir, la curiosité de l’un pour l’autre. […] Si le troisième couple, Belinda et la narratrice, n’échange pas de baisers, c’est que le désir qui les attire l’une vers l’autre est d’une autre nature, d’une signification métaphorique, où le rapport avec l’autre participe de ce que BC appelle « un secret d’initié », aussi inénarrable que la beauté d’un bouquet ou le transport hors de soi d’un baiser. […] Belinda est le corps, la narratrice est l’esprit, et l’auteur BC en serait la joyeuse synthèse. Pourquoi l’auteur Belinda Cannone s’amuse-telle ici à brouiller les pistes de l’identité ? Assurément elle refuse d’être assimilée à la narratrice-écrivain tout comme Belinda le personnage ne se risquerait pas à écrire comme le fait Belinda Cannone. Être de contradiction ? J’opterais plutôt pour l’être de la réunification, cet être androgyne primitif (p 53) qui ne serait ni homme ni femme, pur corps-esprit incarné dans une pensée, dans un livre qui s’écrit, Le baiser peut-être. Cette remarque me ramène à une idée déjà développée par l’auteur dans le roman Entre les bruits, à savoir que l’intelligence est érotique, que la femme a tout à y gagner en abandonnant les artifices de la féminité. Pour reprendre la thèse de BC, l’érotisation de la femme qui pense se construit non contre les hommes mais en accord avec une féminité qui rejoint l’universalité de l’être. Se sentir exister : par le baiser peut-être! C’est ce nous propose Belinda Cannone, un baiser d’amitié, un baiser de désir et un baiser d’éternité tel le bisou de l’ami, le baiser charnel de la rencontre amoureuse, ou encore le baiser suspendu dans l’Art et la littérature. Vraiment un beau sujet ! Belinda Cannone m’a enchantée, et j’ai le sentiment troublant que je n’embrasserai plus jamais sans songer à elle ! Ghislaine Marot Radio Radio Le Mouv’, 25 août 2012 « Comment éviter la déprime en rentrant de vacances ? » Emission présentée par Gilles Vervisch. France Culture, 20 septembre 2011 à 00h, « Du jour au lendemain » Émission présentée par Alain Veinstein. France Info, 3 octobre 2011 à 11h57, « Le livre du jour » Émission présentée par Philippe Vallet. RTBF, 25 octobre 2011, « On se quitte (…ou pas) » 23h à minuit « Quand les mots font l’amour », extraits lus. Radio Le Mouv’, « Je bronze donc je suis », 25 août 2012 Émission présentée par Gilles Vervish. Chronique de Thibault de Saint Maurice. Télévision France 3, 29 novembre à 17h05, « Un livre, un jour » Émission présentée par Oliver Barrot.
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