TSUNAMI
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TSUNAMI
photos Samy Snoussi et Mahdi Chaker TSUNAMI de Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi Familia Productions 05 rue Medhet Pacha 1001 Tunis - Tel : +216 71 333 018 Fax : +216 71 332 773 E-mail : [email protected] - Site web : www.familaprod.com tournée 2013/2014 TSUNAMI distribution et dates 23 au 25 mai 2013 Théâtre National de Chaillot, Paris 10 juin 2013 Centre des Arts Dramatiques et Scéniques de Medenine Scénario et dramaturgie Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi Texte Jalila Baccar Mise en scène Fadhel Jaïbi 6 Juillet 2013 Dougga Festhéâtre 16 Juillet 2013 Festival International de Carthage Scénographie et musique Kaîs Rostom Lumières Fadhel Jaïbi Costumes Salah Barka 23 au 25 Août 2013 Korjaamo Stage Festival, Helsinki avec Jalila Baccar. Fatma Ben Saîdane. Ramzi Azaiez. Mohammed Ali Kalaî. Oussema Jemai. Oumaima Bahri. Nour el Houda Bel Hadj Rhouma. Toumadher Zrelli. Bassem Aloui. Ali Ben Said. Lobna Gannouni 13 – 14 Décembre 2013 Théâtre Municipal de Sfax Assistante à la mise en scène Jihene Jaeit Régie Lumières Yvan Labasse avec Taha Harrath et Ons Ben Mohamed Régie son Salah Chargui Régie Production Fatma Marsaoui Directeur de Production Habib Bel Hedi Production Familia Productions Coprodution Théâtre National de Chaillot Avec le soutien du Ministère Tunisien de la Culture A partir du 17 Janvier 2014 Théâtre 4ème Art, Tunis Juin 2014 London International Festival of Theatre (LIFT) TSUNAMI le 3ème volet dʼune trilogie CORPS OTAGES, le premier volet de cette trilogie, interrogeait l’écrasement de la mémoire collective et l’anéantissement des forces progressistes dissidentes par les régimes de Bourguiba et de Ben Ali, faisant le lit des forces obscurantistes et rétrogrades pour les réprimer ensuite et en faire des victimes expiatoires et des martyrs idéaux de l’autoritarisme absolu. AMNESIA, le deuxième volet, faisait une radioscopie de cet autoritarisme totalitaire, mafieux et affairiste qui fait et défait ses chefs, laissant les élites et le peuple exsangues et sans forces. TSUNAMI est le lieu de la réflexion sur l’œil du cyclone, la chronique d’un chambardement radical, non seulement de la nature, des biens et des hommes par l’avènement d’un désordre sans précédent qui emporte, submerge et anéantit tous les repères acquis et l’ordre longtemps admis, subi... Il met surtout en scène le tunisien, subitement mis à nu, face à lui-même, à ses illusions, ses mensonges, ses fantasmes, ses rêves assassinés, confronté comme jamais à ses cauchemars enfouis. Plus que jamais cette révolution, relativement non sanglante, prépare, si tout se passe comme le craint la majorité, de véritables bains de sang, dressant les uns contre les autres deux populations, l’une jalouse de ses conquêtes et de ses acquis progressistes, laïcisantes et farouchement modernistes, et l’autre, passéiste, rétrograde et obscurantiste, qui veut replonger le pays dans un nouveau moyen-âge au nom des valeurs triomphantes d’une civilisation longtemps finissante, agonisante, qui n’a cure d’avoir touché le fond. Ce projet est le lieu d’un retour sur soi, de la confrontation à soi, à ses propres démons mais aussi à l’altérité.« L’homo tunisianus » se mirant dans l’autre est en train de découvrir sa propre schizophrénie, de la plus ordinaire à la plus pathologique, de l’autisme le plus inquiétant à la négation de soi par la fusion dans la « Ouma », la nation, la tribu, dépositaires de l’ordre total et de la vérité absolue au risque de perdre le peu d’anatomie et de libre arbitre conquis au prix d’un rêve de liberté qui l’a poussé dans la rue et lui a permis de chasser le tyran. Affronter, s’affronter, s’affranchir pour guérir, mûrir, se construire... Mais se battre contre qui ? Contre soi et (ou) contre l’autre ? Et qui est-il cet autre ? Le frère, la sœur, le cousin, le voisin... ? Pour le dénier, le nier, l’anéantir et s’asseoir sur son cadavre fumant ? Jusqu’où ce combat peut-il aller ? Dans « qui es-tu ? » il y a « qui suis-je ? » TSUNAMI est le lieu d’un chambardement...de soi. De quoi demain sera-t-il fait ? Vers où ce combat nous mènet-il ? Vers un chaos insurmontable nous rejetant dans le plus insondable des précipices ? Ou vers un avenir de concorde et de paix dans un monde moins injuste et moins laid ? Plus que jamais l’art doit témoigner, prendre position, s’engager, alerter et résister... Plus que jamais les temps orageux qui menacent, engagent la responsabilité individuelle face à celle du plus grand nombre... Plus que jamais les lois de la Cité doivent se mobiliser face aux lois d’une religion bafouée, instrumentalisée, rendue hégémonique et meurtrière...Antigone contre Créon mais à l’envers, société civile contre ceux qui veulent gouverner selon la loi divine... Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi Première rencontre avec l’univers du metteur en scène Fadhel Jaïbi, artiste en résidence internationale à Chaillot. Après le succès d’Amnesia, pièce prémonitoire qui décrivait, quelques mois avant la « révolution de jasmin », la chute d’un dictateur, il poursuit avec Tsunami une trilogie consacrée à l’histoire contemporaine de la Tunisie, un cycle dominé par la question de la mémoire : « Un pays sans mémoire est un pays qui ne sait jamais où il va. » Acteurs laïques engagés dans la révolution tunisienne de 2010, annonciatrice du gigantesque tsunami des « printemps arabes », Fadhel Jaïbi et Jalila Baccar questionnent aujourd’hui leurs concitoyens sur les dérives théocratiques totalitaires qui leur paraissent menacer les acquis de la révolution de jasmin et de plus de soixante ans d’histoire tunisienne. C’est un théâtre-fiction qu’ils imaginent, pour faire surgir les dangers d’aujourd’hui en nous plongeant dans un futur anxiogène de guerre civile. En s'installant au cœur d’une famille musulmane et au cœur des conflits qui la traversent, en reprenant et en inversant le mythe d’Antigone, ils s’interrogent sur ce dont demain sera fait en Tunisie et dans le reste du monde, puisque le destin des nations est maintenant mondialisé. Autour de Hayet, l’avocate militante des droits de l’homme, et de Dorra, la jeune islamiste, des êtres de chair et de sang occupent le plateau pour faire entendre jusqu’où il est possible d’aller dans la schizophrénie, l’autisme, la peur de soi, la peur des autres et dans les affrontements meurtriers qui peuvent en découler. Jean-François Perrier TSUNAMI Cette projection que vous faites sur le plateau du théâtre est particulièrement sombre ? entretien avec Fadhel Jaibi par Jean-François Perrier FJ : C'est une projection alarmiste très sombre, tragique, fantasmagorique, cauchemardesque, mais guère paranoïde. Nous voulons réaliser avec nos moyens artistiques une opération de type chirurgical, une opération au scalpel qui permette d'aller au fond des choses, en disséquant le corps social et celui de l’homo-tunisianus. C'est un spectacle où la parole et l’image doivent créer simultanément l'émotion et la prise de conscience. Nous avons mis plusieurs mois à écrire ce texte car pendant deux ans nous ne savions plus quoi dire, quoi exprimer, dépassés par les évènements radicaux qui ont tout mis sens dessus dessous. Nous avions fui les médias et les plateaux de télévision. Nous voulions éviter de dire des banalités après l'explosion de la boîte de Pandore que fût la révolution tunisienne. Il y a eu, après des années de silence, un tel déferlement de paroles tous azimuts, de délires verbaux, de logorrhées sans fin, de paroles, si savantes aussi mais malheureusement moins nombreuses que les moins savantes qui ont occupé l'espace public. Nous étions en plein désarroi. (…) Nous ne maîtrisions plus rien et nous avions surtout écouté, vu, intériorisé, réfléchi et pris la mesure du tsunami qui déferlait sur nous pendant ces deux années de cris et de fureur, d’actes protestataires, de résistance et d’investigations tous azimuts. Nous avions observé de l'intérieur et de l'extérieur l'état des lieux. Votre précédent spectacle Amnésia était une sorte de tragédie prémonitoire puisqu'elle avait pour thème la chute d'un dictateur et que vous l'aviez coécrit et mis en scène avant la chute de Ben Ali. Avec Tsunami êtes-vous encore dans cet esprit ou plutôt dans un théâtre documentaire analysant la situation actuelle de votre pays ? FJ : Nous sommes encore dans le cadre d'une tragédie qui nous projette dans l'avènement possible d'une théocratie fascisante qui voudrait imposer à tous les Tunisiens un système politique fondé sur la Charia réelle ou rampante. Cela aurait pour conséquence une mainmise totale sur les libertés individuelles, sur les arts, sur les médias, sur la justice. C'est notre crainte et cette crainte est partagée par une partie très importante du peuple tunisien qui voit avec inquiétude se mettre en place les prémices d'une guerre civile au prix d’une confrontation, allant en se radicalisant. Confrontation entre deux projets de société : l’une qui nous replongerait dans les ténèbres d’un nouveau moyen âge obscurantiste, l’autre rêvant d’une Tunisie démocratique, laïque et moderniste. Aujourd’hui nous avons le sentiment de voir s'écrire sous nos yeux un scénario catastrophe. Nous voulons une fois de plus donner à réfléchir et mettre le doigt sur ce danger grâce au théâtre qui peut ébranler les consciences plus fortement parfois que les simples et simplistes discours politiques. (…) Nous voulons refuser les manichéismes d'où qu'ils viennent, de droite ou de gauche, qui ne sont que volonté de manipulation à tout prix. Et de prise de pouvoir. Il faut lutter aussi contre une hégémonie islamiste qui n'a d'autres arguments que la force brutale opposée au pacifisme parfois candide de ses adversaires. La référence la plus évidente pour moi dans le travail que nous engageons par rapport à cette situation c'est le Massacre à Paris de Christopher Marlowe. Nous vivons dans un pays bouleversé, totalement déstabilisé en ses repères et ses valeurs ancestrales. Le résultat est ce Tsunami ? FJ : Oui puisque c'est un texte qui ne parle pas d'un présent fugace et insaisissable dans sa globalité et qui nous échappe, un présent tellement éphémère et volatile, mais un texte qui essaye de se projeter dans un avenir incertain en traversant le brouillard dont nous sommes enveloppés. Nous voulions en écrivant cette pièce conjurer le sort que semble nous promettre ce futur incertain. Ce texte est de nouveau une collaboration entre Jalila Baccar et vous ? FJ : Oui nous avons travaillé comme à notre habitude, Jalila Baccar écrivant le texte au départ d’une scénarisation commune. Elle a travaillé avec auprès d'elle des centaines de documents, textes ou vidéos, éléments venus du réel des évènements et des fantasmes collectifs. Ensuite elle a construit une parole élaborée, épique qui transcende ce réel. Il faudra maintenant faire entendre cette parole de théâtre grâce aux acteurs, à leur corps et à leur voix. A l'écriture nerveuse et rapide de Jalila Baccar doit correspondre une nervosité, une vélocité, un engagement des acteurs sur le plateau qui passe par des enchaînements rapides qui à terme composent une mosaïque complexe mais épurée. Il faudra maintenant faire entendre cet acte d'insoumission et d’alerte qui traverse la pièce. C'est la raison pour laquelle tout notre travail est centré sur le corps et la voix de l'acteur dans une scénographie réduite, minimaliste privilégiant la construction d'espaces sonores et lumineux qui la scandent et la ponctuent. Avez-vous construit cette nouvelle pièce autour d'un héros, comme dans Amnésia ? FJ : C'est une « héroïne » puisque Jalila Baccar a choisi de s'exprimer à travers un personnage féminin, la fille d'un responsable politique islamiste intégriste qui, à 25 ans, se révolte contre l'usage qui est fait par ses proches de la loi coranique. Elle dénonce les compromis, les compromissions, les tractations, les transactions, les marchandages, les chantages, les menaces et les crimes commis par ceux qui sont arrivés au pouvoir et qui trahissent la parole de Dieu dont ils se veulent les porte-parole les plus intransigeants et les plus incorruptibles fidèles. Cette « héroïne » est le pendant du personnage principal de la pièce que nous avions produite en 2006, Corps otages, (premier volet de la trilogie) qui, elle aussi, fille d’un homme politique, prenait le voile. Ce sont deux personnages en rupture de ban. l y a semble-t-il un rapport avec une héroïne de la tragédie grecque, Antigone ? FJ : En effet, comme Antigone, elle ne peut se remettre de la disparition de son frère et se révolte contre son oncle et contre un cousin qui veut l'épouser sans son consentement. Elevée par un père croyant mais modéré elle ne peut accepter cette chape de plomb qui va l'étouffer. C'est son histoire que l'on va suivre à partir du moment où elle entame une fuite hors de son milieu. Elle va rencontrer dans cette fuite des gens de tous milieux. Mais cette tragédie est aussi celle d’une femme de soixante ans ancienne « droitdelhommiste », revenue de tout car on lui a confisqué sa révolution, rêve de toute une vie. Elle est le pendant de cette rencontre quasi impossible avec une jeunesse qui a résolu de prendre son destin en main. La tragédie grecque est héroïque mais elle laisse une grande place au chœur, à la voix du peuple.... FJ : C'est une systématique préoccupation que nous avons toujours eu : le face à face entre l'individu et le groupe avec toutes les composantes et oppositions qui peuvent exister entre ces deux acteurs agissants de la tragédie. Cela permet d'exposer la question lancinante de la responsabilité individuelle face à la responsabilité collective. Vous faites une sorte de double voyage, un au cœur de la mouvance islamiste et un autre dans la société tunisienne ? FJ : Exactement, et cela correspond aux tiraillements qui traversent notre héroïne. Elle est prise dans un combat entre rationnel et irrationnel, devoir et sentiment, entre amour pour sa famille et révolte contre cette même famille. Sa parole est parfois contradictoire, hésitante, tremblante. Elle se confronte dans cette fuite à tous les archétypes de la société tunisienne représentatifs des multiples facettes de cette société. Elle traverse les spectres du politique, du culturel, de l'idéologique et du social. Elle témoigne comment passé et présent se conjuguent pour nous promettre cet avenir incertain. C'est un thème déjà très présent dans vos travaux précédents ? FJ : Tsunami est en effet la troisième partie d'une trilogie composée de Corps otages et d’Amnésia. Nous traversons l'histoire de la Tunisie depuis l'indépendance. Le théâtre en Tunisie aujourd'hui est une force capable de faire entendre le passé, le présent et le futur ? FJ : Plus que jamais car nous sentons la quête, l'attente lancinante, la soif insatiable des Tunisiens (…). Ces Tunisiens savent que nous avons toujours maintenu notre indépendance contre vents et marées, même les plus contraires... Ils savent que nous ne voulons pas les manipuler par des discours simplistes et lénifiants, mais au contraire les faire réfléchir au départ de nos pratiques artistiques. Les transporter ailleurs pour mieux plonger dans notre quotidien. Aujourd’hui, pas une semaine ne passe sans qu'il y ait des agressions de toutes sortes encouragées par les intégristes musulmans sachant parfaitement manipuler les pauvres âmes juvéniles errantes et désœuvrées que la misère culturelle, le chômage et l’absence de perspectives poussent à tous les extrêmes suicidaires. Tsunami se veut aussi un cri d'alarme pour que l'on n'aille pas jusqu'au meurtre contre citoyens et artistes boucs émissaires. Dans notre pièce nous utilisons un texte de Tertullien, Romain de Carthage, saltimbanque devenu un théologien chrétien radical dans les années 200 AP-JC, qui se bat contre les pratiques artistiques. Il ne les interdit pas mais il menace d'enfer les Chrétiens qui fréquenteraient les Arts, dont le théâtre expressément nommé, car ils sont l'expression de la décadence d'une société dissolue....Le danger pour nous artistes est donc ancien et traverse l'histoire des idées et des hommes. La vigilance doit être plus que jamais sans relâche et sans répit. TSUNAMI Fadhel Jaibi Auteur, metteur en scène, formateur Vieux routier des planches, Fadhel Jaïbi a roulé sa bosse sur les scènes d’Afrique du Nord, d’Orient et d’Europe. Il a à son actif plus d’une vingtaine de pièces de théâtre et quatre films, fruits de longues années de recherche continue. Figure incontestable du théâtre arabe contemporain – cofondateur de la troupe régionale de Gafsa en 72, directeur du Centre National d’Art Dramatique de 74 à 78, cofondateur de la première compagnie indépendante tunisienne Le Nouveau Théâtre de Tunis en 76 et co-fondateur de la compagnie Familia Productions en 1993, auteur de plusieurs scénarii et directeur de plusieurs stages de formation à Tunis et à l’étranger –, il a su résister aux sirènes du théâtre mercantile et maintenir le cap sur la qualité. Invité par le Festspiele de Berlin avec Jalila Baccar, auteur et comédienne, il y crée, avec des acteurs allemands, Araberlin en 2002 sur l’après 11 septembre 2001. Un hommage et une rétrospective de trois de ses récentes créations théâtrales, également écrites par Jalila Baccar, Familia, A la recherche d’Aïda et Junun sont organisés à la même époque à Berlin dans plusieurs théâtres. Dans le même temps, ses principaux films La Noce, Arab et Chich khan sont projetés à Berlin. Khamsoun (Corps Otages) est accueilli en France en 2006 à L’Odéon-Théâtre de l’Europe, événement inédit pour un créateur non européen. C’est à l’invitation du Théâtre de Bochum en Allemagne en 2010 qu’il crée Médéa, une adaptation libre par Jalila Baccar du texte d’Euripide. Après l’avoir accueilli une première fois en 2002 avec Junun, et c’était alors le premier Arabe invité en 56 ans de festival, Avignon, avec Amnésia (Yahia Yaich), consacre définitivement un créateur arabe, africain et méditerranéen tout à fait singulier, une œuvre, une démarche et un parcours de théâtre citoyen, de résistance et de recherche qui dure depuis plus de trois décennies. Une ouverture plus importante dans le monde se fait depuis vingt ans qui a conduit sa compagnie en Amérique et en Asie. Il se consacre au troisième volet de sa trilogie et prépare un travail autour de l’immigration en partenariat avec le Picolo Teatro de Milan et le Théâtre National de Chaillot. TSUNAMI Jalila Baccar Jalila Baccar Auteur, comédienne, dramaturge Apres des études de lettres Françaises à l’Ecole Normale Supérieure elle rejoint le théâtre du Sud de Gafsa en 73 - cofondatrice du Nouveau Théâtre de Tunis (76) et de Familia productions (94). Dès ses débuts Jalila Baccar n’aura de cesse d’écrire pour le théâtre et pour le cinéma indépendant. Théâtre 1973 « Mohamed Ali Elhammi » Théâtre du sud de Gafsa 1973 « Jha et l’orient en désarroi » (reprise) Théâtre du sud de Gafsa 1974 « la Jezia Hilalienne » Théâtre du sud de Gafsa 1974 « El Borni wa El Atra » (reprise) Théâtre du sud de Gafsa 1976 « La noce » le Nouveau Théâtre de Tunis 1976 « L’héritage » le Nouveau Théâtre de Tunis 1977 « L’instruction » le Nouveau Théâtre de Tunis 1978 « La noce » du Nouveau Théâtre de Tunis 1980 « Ghasselet ennaouader » le Nouveau Théâtre de Tunis 1982 « Lem » le Nouveau Théâtre de Tunis 1987 « Arab » de Fadhel Jaziri et Fadhel Jaïbi -le Nouveau Théâtre de Tunis 1991 « Comédia » de Fadhel jaïbi - Théâtre National et Théâtre Municipal de Tunis 1993 « Familia » de Fadhel Jaïbi - Familia Productions 1995 « Les amoureux du café désert » de Fadhel Jaïbi Familia Productions et Théâtre National de Tunis 1997 « Soirée particulière » de Fadhel Jaïbi - Famila Productions 1998 « A la recherche d’Aïda » Texte Jalila Baccar mise en scène Fadhel Jaïbi 2001 « Junun » Texte Jalila Baccar mise en scène Fadhel Jaïbi 2002 « Araberlin » Texte de Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi mise en scène de Fadhel Jaïbi 2006 « Corps otages » Texte de Jalila Baccar mise en scène de Fadhel Jaïbi 2010 « Amnésia » Texte de Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi mise en scène de Fadhel Jaïbi CINEMA 1975 « Fatma 75 » de Selma Baccar 1988 « Arab » de Fadhel Jaziri et Fadhel Jaïbi 1990 « (Bijoux de famille) Chichkhan » de Mahmoud Ben Mahmoud et Fadhel Jaïbi 1992 « La nuit sacrée » de Nicolas Klotz 1998 « Les autres » de Randa Chahal Sabagh 1999 « A la recherche d’Aïda » Avec Mohamed Malass 2005 « Démences » scénario et rôle principal TELEVISION 1972 « Kamoucha » feuilleton pour enfants de Fatma Skandrani 1980 «Ghasselet ennaouader » le Nouveau Théâtre de Tunis 1994 « Familia » Familia productions TSUNAMI extraits de presse 01/08/2013 "Tsunami" ou le cauchemar d’une révolution confisquée Dix corps traversés par un même frisson, par un désir de liberté qui les pousse de l’avant. Progresser coûte que coûte, même si l’horizon est bouché, même si, en fuyant leurs cages, ils se dirigent vers des geôles plus solides encore, c’est ce vers quoi semblent tendre les jeunes démocrates de Tsunami. Et ce dès la première scène, en une marche collective qui sera reprise et déclinée tout au long du spectacle. Cette délicate ouverture, le metteur en scène Fadhel Jaïbi la nomme « séquence des papillons ». Car ses dix comédiens, dont sept jeunes qui n’étaient auparavant jamais montés sur scène, il les a fait travailler à partir de l’image d’« une multitude de papillons posés sur leur tête et partout sur leur corps ». Leur mission : « Avancer sur un terrain miné sans perdre les papillons dont ils ont la responsabilité. » (…) Sur scène, cette fraction sociale et politique oppose deux formes d’appropriation de l’espace. L’un passe par un déploiement du corps, surtout féminin, par la libération d’une sensualité trop longtemps contenue. L’autre n’est que déplacements furtifs, brusques comme un orage en plein été. Un hommage à la vie contre un culte de la mort. Une dualité que Fadhel Jaïbi et Jalila Baccar ne se contentent pas de placer entre démocrates et islamistes, mais en chacun de leurs personnages. Hayet est de loin celle qui présente les signes de maladie les plus évidents. Mais si l’on regarde bien, on voit que la jeune fille qui se réfugie chez elle pour échapper à sa famille et aimer un démocrate est elle aussi atteinte de troubles. Anaïs Heluin 28/05/2013 (…) C’est une sorte d’exorcisme que présente le spectacle où l’on voit, comme projetée dans un avenir proche, une société qui se coupe en deux et de façon irréversible, pour un bon moment. Avec, un combat permanent entre différentes forces politiques, à l’intérieur même des familles où les jeunes femmes sont-le plus souvent sexuellement et psychologiquement -prises en otage. Ce sont les mêmes jeunes femmes libres qui interprètent aussi celles qui passent, voilées de la tête aux pieds! Aux meilleurs moments, on ressent très bien cela,quand l’une d’elle est obligée de s’enfuir avec son amoureux pour ne pas avoir à subir un mariage forcé. (…) Philippe du Vignal TSUNAMI extraits de presse 23/05/2013 Fadhel Jaïbi : "Dans les mosquées tunisiennes, on cache les armes de l'oppression de demain" (…) Artiste citoyen interpellé par les scissions d'une société tunisienne en perte de repères et craignant que la révolution ne se termine en « bain de sang », Fadhel Jaïbi se revendique d'un « théâtre élitaire pour tous ». Dans Tsunami, Hayet, avocate militante des droits de l'homme, et Dorra, jeune islamiste, ne seront plus jamais les mêmes après le grand chambardement dont l'issue demeure incertaine. Fadhel Jaïbi convoque l'« Homo tunisianus » et l'appelle à se pencher sur son passé et son devenir car « un pays sans mémoire ne sait où il va ». Les 23, 24 et 25 mai, Tsunami déferle sur la scène du Théâtre national de Chaillot, à Paris. (…) Frida Dahmani 02/06/2013 Tsunami de Fadhel Jaïbi : ou le cri d’un peuple qui veut la vie (…) L’obscurité, en tant que choix scénique à portée dramatique, domine l’espace théâtral. L’écran géant en fond de scène vient renforcer ce discours visuel cauchemardesque où le jeu des couleurs et les formes porte une signification parallèle à ce qui se passe sur scène, tel que la maculation par le rouge de la blancheur de l’écran ou l’entremêlement des formes ou un écoulement qui semble être une hémorragie… Fadhel Jaibi s’appuie dans sa mise en scène sur la dualité du clair-obscur. L’éclairage dépasse son rôle fonctionnel pour atteindre à une finalité picturale symbolique où les termes du conflit dramatique entre les personnages, individus et groupes, sont déterminés, dans une forme esthétique manifeste, par cette dualité. En effet, les femmes en burqa et les extrémistes courent dans l’obscurité, tandis que nous voyons des couloirs de lumière se dessiner devant les personnages d’ « Amine » et « Dorra » pour éclairer leur chemin alors qu’ils fuient les islamistes. (…) Abeljabbar Khemran, traduit de l’arabe TSUNAMI extraits de presse 19/07/2013 Tsunami à Carthage : Frontal, utile, plaisant (…) Il y avait bel et bien spectacle dans Tsunami. Ce n’était pas que discours frontal et cru. La mise en scène de Fadhel Jaïbi était parfaitement assumée. Sa direction d’acteurs aussi. La prestation de Jalila Baccar, dans le rôle de Hayet, l’intellectuelle révolutionnaire, à la fois harangueuse et désabusée, était dans la justesse. Celle de Fatma Ben Saïdane, qui campait une présentatrice de télévision mi-«danseuse», mi-journaliste, ironique et fourbe, fut un véritable bonheur. De plus, la scène nue et le fond d’écran changeant allaient à merveille avec la lancinance du thème. De même que les files, quasiment chorégraphiques, de comédiens figurant dans une alternance synchronisée, les rassemblements de salafistes et «niquabées» et les gesticulations fébriles ou désespérées des jeunes révolutionnaires. Tsunami, c’est notre sentiment ferme, est à la fois une œuvre utile, ô combien utile, par les temps qui courent, et un théâtre strictement dans les normes, franchement plaisant. Si la pièce tourne, elle fera sûrement le plein. Et immanquablement (politiquement) beaucoup de bruit. Khaled Tebourbi 07/06/2013 Le cauchemar islamiste (Notes sur la dernière pièce de Jelila Baccar & Fadhel Jaïbi) (…) C’est une création qui témoigne d’un acte de résistance. (…) Cela procède d’un intersubjectif qui a déjà été investi par les Ingmar Bergman, John Cassavetes, Tennessee Williams et que nous n’avons pas à considérer comme extérieur à nous-mêmes, nous autres Maghrébins, Arabes, Tunisiens. (…) La pièce de Jalila et Fadhel fait défiler sur scène les fantômes de l’islamisme, funeste procession des niqabées et des barbus en qamîs, cortège funèbre qui hante nos imaginations et dont les membres incarnent le mortifère alimentant le spectre de la guerre civile. Fantômes de la régression qui traversent la scène et agressent les personnages qui représentent l’autre société, celle qui a muté. Deux personnalités féminines font saillie : il y a d’abord, Hayet, avocate sexagénaire, déchantée et véhémente, recluse chez elle, suivant par la télé les événements qui divisent la cité et la secouent ; il y a ensuite Amina (en partie inspirée par l’admirable et courageuse Femen), jeune femme en fugue, cherchant refuge chez Hayet, après avoir découvert par révélation divine que le vrai islam rayonne dans le principe de vie et d’amour, qu’il est du côté d’Eros alors que l’islam islamiste qui lui a été inculqué au sein de sa famille intégriste est un faux islam, un islam erroné, réduit au principe de mort, allié lugubre de Thanatos. Ces personnages, par leur puissance, entrent en résistance contre la déferlante islamiste, contre le tsunami salafiste. Et c’est là que la pièce devient pour nous précieuse : elle anticipe les événements. Elle puise dans l’actualité pour remonter l’horloge qui sonne l’heure du futur. (…) Abdelwahab Meddeb TSUNAMI extraits de presse 20/07/2013 Fadhel Jaibi fait le deuil du « Printemps Arabe » (…) La pièce qui a replacé Fadhel Jaïbi sous les projecteurs, après deux ans d’absence, porte un discours qui se veut très direct car la situation que vit la Tunisie sous le pouvoir islamiste ne laisse pas de champ à la neutralité ni à l’insinuation. Fadhel Jaïbi a confié à « Al-Akhbar » qu’il y a des étapes cruciales dans l’histoire des peuples où le théâtre doit jouer son rôle et appeler les choses par leur nom. C’est pourquoi l’œuvre est une sorte de propagande directe contre les islamistes tout en traitant ce qui se passe dans le paysage politique arabe comme la chute des dictateurs, les guerres en Syrie et en Libye et les barbus qui ont envahi le monde arabe. Quant à Jalila Baccar, dans le rôle de Hayet, elle représente la conscience de cette œuvre puisqu’elle a acquis, grâce à son passé militant, la légitimité de demander des comptes à quelques révolutionnaires fidèles aux puissances occidentales néo-coloniales sur les raisons de leur silence sur l’ingérence de Bérnard Henri Levy, de l’OTAN et de Nicolas Sarkozy dans la Libye voisine, tout comme elle a le droit d’affronter les islamistes qui menacent sa maison et son pays. (…) Noureddine Bettayeb, traduit de l’arabe 17/07/2013 Festival de Carthage: ''Tsunami'' de Fadhel Jaïbi, une œuvre polémique (…) L'auteur se place très clairement en opposition au péril islamiste tout en prenant le parti de ceux qui défendent la spécificité, l'unité et l'ouverture de la Tunisie. (…) Fadhel Jaïbi a joué la carte de l'anticipation pour son message de mobilisation face à l'islamisme. Il présente ainsi l'action de sa pièce en 2015. (…) Plus qu'une réflexion sur la situation tunisienne, la pièce veut être un message coup de poing touchant les spectateurs au coeur dans le but de les mobiliser. (…) La pièce de Jaïbi a été conçue dans une certaine forme d'urgence en réponse aux troubles politiques rencontrés ces derniers temps. Le metteur en scène a voulu délivrer un message fort afin de mobiliser la population. Tous les procédés sont utilisés à cette fin. Hymne national pour réveiller la conscience patriotique du public, humour noir et déshumanisation des islamistes représentés tout au long du spectacle comme des ombres à la fois menaçantes et ridicules. (…) Une mention spéciale doit être faite au personnage de Dorra, dont de nombreux éléments rappellent le parcours d'Amina des Femen (kidnappée et séquestrée par sa famille pour s'être dévoilée, menacée de mort pour avoir quitté le giron). L'idée de faire de cette jeune fille l'héroïne d'une pièce défendant les valeurs tunisiennes face à un péril venu d'ailleurs (le salafisme) se révèle contradictoire quand on connait les modes d'action et les objectifs de l'organisation venue d'Ukraine. (…) Ayant souhaité mettre la nuance de côté, le metteur en scène a livré un témoignage choc où il souhaitait rappeler d'où venait la Tunisie et où elle risquait d'aller si rien n'était entrepris. Seyfeddine Yahia TSUNAMI contact Familia Productions 05 rue Medhet Pacha 1001 Tunis Tel : +216 71 333 018 Fax : +216 71 332 773 e-mail : [email protected] Site internet : www.familaprod.com