TSUNAMI

Transcription

TSUNAMI
photos Samy Snoussi et Mahdi Chaker
TSUNAMI
de Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi
Familia Productions
05 rue Medhet Pacha 1001 Tunis - Tel : +216 71 333 018 Fax : +216 71 332 773
E-mail : [email protected] - Site web : www.familaprod.com
tournée 2013/2014
TSUNAMI
distribution et dates
23 au 25 mai 2013
Théâtre National de Chaillot, Paris
10 juin 2013
Centre des Arts Dramatiques et Scéniques de Medenine
Scénario et dramaturgie Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi
Texte Jalila Baccar
Mise en scène Fadhel Jaïbi
6 Juillet 2013
Dougga Festhéâtre
16 Juillet 2013
Festival International de Carthage
Scénographie et musique Kaîs Rostom
Lumières Fadhel Jaïbi
Costumes Salah Barka
23 au 25 Août 2013
Korjaamo Stage Festival, Helsinki
avec
Jalila Baccar. Fatma Ben Saîdane. Ramzi Azaiez.
Mohammed Ali Kalaî. Oussema Jemai. Oumaima Bahri.
Nour el Houda Bel Hadj Rhouma. Toumadher Zrelli.
Bassem Aloui. Ali Ben Said. Lobna Gannouni
13 – 14 Décembre 2013
Théâtre Municipal de Sfax
Assistante à la mise en scène Jihene Jaeit
Régie Lumières Yvan Labasse
avec Taha Harrath et Ons Ben Mohamed
Régie son Salah Chargui
Régie Production Fatma Marsaoui
Directeur de Production Habib Bel Hedi
Production Familia Productions
Coprodution Théâtre National de Chaillot
Avec le soutien du Ministère Tunisien de la Culture
A partir du 17 Janvier 2014
Théâtre 4ème Art, Tunis
Juin 2014
London International Festival of Theatre (LIFT)
TSUNAMI
le 3ème volet dʼune trilogie
CORPS OTAGES, le premier volet de cette trilogie,
interrogeait l’écrasement de la mémoire collective et
l’anéantissement des forces progressistes dissidentes par les
régimes de Bourguiba et de Ben Ali, faisant le lit des forces
obscurantistes et rétrogrades pour les réprimer ensuite et en
faire des victimes expiatoires et des martyrs idéaux de
l’autoritarisme absolu.
AMNESIA, le deuxième volet, faisait une radioscopie de cet
autoritarisme totalitaire, mafieux et affairiste qui fait et défait
ses chefs, laissant les élites et le peuple exsangues et sans
forces.
TSUNAMI est le lieu de la réflexion sur l’œil du cyclone, la
chronique d’un chambardement radical, non seulement de la
nature, des biens et des hommes par l’avènement d’un
désordre sans précédent qui emporte, submerge et anéantit
tous les repères acquis et l’ordre longtemps admis, subi... Il
met surtout en scène le tunisien, subitement mis à nu, face à
lui-même, à ses illusions, ses mensonges, ses fantasmes,
ses rêves assassinés, confronté comme jamais à ses
cauchemars enfouis.
Plus que jamais cette révolution, relativement non sanglante,
prépare, si tout se passe comme le craint la majorité, de
véritables bains de sang, dressant les uns contre les autres
deux populations, l’une jalouse de ses conquêtes et de ses
acquis progressistes, laïcisantes et farouchement
modernistes, et l’autre, passéiste, rétrograde et
obscurantiste, qui veut replonger le pays dans un nouveau
moyen-âge au nom des valeurs triomphantes d’une
civilisation longtemps finissante, agonisante, qui n’a cure
d’avoir touché le fond.
Ce projet est le lieu d’un retour sur soi, de la confrontation à
soi, à ses propres démons mais aussi à l’altérité.« L’homo
tunisianus » se mirant dans l’autre est en train de découvrir
sa propre schizophrénie, de la plus ordinaire à la plus
pathologique, de l’autisme le plus inquiétant à la négation de
soi par la fusion dans la « Ouma », la nation, la tribu,
dépositaires de l’ordre total et de la vérité absolue au risque
de perdre le peu d’anatomie et de libre arbitre conquis au prix
d’un rêve de liberté qui l’a poussé dans la rue et lui a permis
de chasser le tyran.
Affronter, s’affronter, s’affranchir pour guérir, mûrir, se
construire...
Mais se battre contre qui ? Contre soi et (ou) contre l’autre ?
Et qui est-il cet autre ? Le frère, la sœur, le cousin, le voisin...
? Pour le dénier, le nier, l’anéantir et s’asseoir sur son
cadavre fumant ? Jusqu’où ce combat peut-il aller ?
Dans « qui es-tu ? » il y a « qui suis-je ? »
TSUNAMI est le lieu d’un chambardement...de soi.
De quoi demain sera-t-il fait ? Vers où ce combat nous mènet-il ? Vers un chaos insurmontable nous rejetant dans le plus
insondable des précipices ? Ou vers un avenir de concorde
et de paix dans un monde moins injuste et moins laid ?
Plus que jamais l’art doit témoigner, prendre position,
s’engager, alerter et résister...
Plus que jamais les temps orageux qui menacent, engagent
la responsabilité individuelle face à celle du plus grand
nombre...
Plus que jamais les lois de la Cité doivent se mobiliser face
aux lois d’une religion bafouée, instrumentalisée, rendue
hégémonique et meurtrière...Antigone contre Créon mais à
l’envers, société civile contre ceux qui veulent gouverner
selon la loi divine...
Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi
Première rencontre avec l’univers du metteur en scène Fadhel Jaïbi, artiste en résidence internationale à Chaillot. Après le succès
d’Amnesia, pièce prémonitoire qui décrivait, quelques mois avant la « révolution de jasmin », la chute d’un dictateur, il poursuit avec
Tsunami une trilogie consacrée à l’histoire contemporaine de la Tunisie, un cycle dominé par la question de la mémoire : « Un pays sans
mémoire est un pays qui ne sait jamais où il va. »
Acteurs laïques engagés dans la révolution tunisienne de 2010, annonciatrice du gigantesque tsunami des « printemps arabes », Fadhel Jaïbi et
Jalila Baccar questionnent aujourd’hui leurs concitoyens sur les dérives théocratiques totalitaires qui leur paraissent menacer les acquis de la
révolution de jasmin et de plus de soixante ans d’histoire tunisienne. C’est un théâtre-fiction qu’ils imaginent, pour faire surgir les dangers
d’aujourd’hui en nous plongeant dans un futur anxiogène de guerre civile. En s'installant au cœur d’une famille musulmane et au cœur des conflits
qui la traversent, en reprenant et en inversant le mythe d’Antigone, ils s’interrogent sur ce dont demain sera fait en Tunisie et dans le reste du
monde, puisque le destin des nations est maintenant mondialisé. Autour de Hayet, l’avocate militante des droits de l’homme, et de Dorra, la jeune
islamiste, des êtres de chair et de sang occupent le plateau pour faire entendre jusqu’où il est possible d’aller dans la schizophrénie, l’autisme, la
peur de soi, la peur des autres et dans les affrontements meurtriers qui peuvent en découler.
Jean-François Perrier
TSUNAMI
Cette projection que vous faites sur le plateau du théâtre
est particulièrement sombre ?
entretien avec Fadhel Jaibi
par Jean-François Perrier
FJ : C'est une projection alarmiste très sombre, tragique,
fantasmagorique, cauchemardesque, mais guère paranoïde.
Nous voulons réaliser avec nos moyens artistiques une
opération de type chirurgical, une opération au scalpel qui
permette d'aller au fond des choses, en disséquant le corps
social et celui de l’homo-tunisianus. C'est un spectacle où la
parole et l’image doivent créer simultanément l'émotion et la
prise de conscience. Nous avons mis plusieurs mois à écrire
ce texte car pendant deux ans nous ne savions plus quoi
dire, quoi exprimer, dépassés par les évènements radicaux
qui ont tout mis sens dessus dessous. Nous avions fui les
médias et les plateaux de télévision. Nous voulions éviter de
dire des banalités après l'explosion de la boîte de Pandore
que fût la révolution tunisienne. Il y a eu, après des années
de silence, un tel déferlement de paroles tous azimuts, de
délires verbaux, de logorrhées sans fin, de paroles, si
savantes aussi mais malheureusement moins nombreuses
que les moins savantes qui ont occupé l'espace public. Nous
étions en plein désarroi. (…) Nous ne maîtrisions plus rien et
nous avions surtout écouté, vu, intériorisé, réfléchi et pris la
mesure du tsunami qui déferlait sur nous pendant ces deux
années de cris et de fureur, d’actes protestataires, de
résistance et d’investigations tous azimuts. Nous avions
observé de l'intérieur et de l'extérieur l'état des lieux.
Votre précédent spectacle Amnésia était une sorte de
tragédie prémonitoire puisqu'elle avait pour thème la
chute d'un dictateur et que vous l'aviez coécrit et mis en
scène avant la chute de Ben Ali. Avec Tsunami êtes-vous
encore dans cet esprit ou plutôt dans un théâtre
documentaire analysant la situation actuelle de votre
pays ?
FJ : Nous sommes encore dans le cadre d'une tragédie qui
nous projette dans l'avènement possible d'une théocratie
fascisante qui voudrait imposer à tous les Tunisiens un
système politique fondé sur la Charia réelle ou rampante.
Cela aurait pour conséquence une mainmise totale sur les
libertés individuelles, sur les arts, sur les médias, sur la
justice. C'est notre crainte et cette crainte est partagée par
une partie très importante du peuple tunisien qui voit avec
inquiétude se mettre en place les prémices d'une guerre
civile au prix d’une confrontation, allant en se radicalisant.
Confrontation entre deux projets de société : l’une qui nous
replongerait dans les ténèbres d’un nouveau moyen âge
obscurantiste, l’autre rêvant d’une Tunisie démocratique,
laïque et moderniste. Aujourd’hui nous avons le sentiment de
voir s'écrire sous nos yeux un scénario catastrophe. Nous
voulons une fois de plus donner à réfléchir et mettre le doigt
sur ce danger grâce au théâtre qui peut ébranler les
consciences plus fortement parfois que les simples et
simplistes discours politiques. (…) Nous voulons refuser les
manichéismes d'où qu'ils viennent, de droite ou de gauche,
qui ne sont que volonté de manipulation à tout prix. Et de
prise de pouvoir. Il faut lutter aussi contre une hégémonie
islamiste qui n'a d'autres arguments que la force brutale
opposée au pacifisme parfois candide de ses adversaires. La
référence la plus évidente pour moi dans le travail que nous
engageons par rapport à cette situation c'est le Massacre à
Paris de Christopher Marlowe. Nous vivons dans un pays
bouleversé, totalement déstabilisé en ses repères et ses
valeurs ancestrales.
Le résultat est ce Tsunami ?
FJ : Oui puisque c'est un texte qui ne parle pas d'un présent
fugace et insaisissable dans sa globalité et qui nous
échappe, un présent tellement éphémère et volatile, mais un
texte qui essaye de se projeter dans un avenir incertain en
traversant le brouillard dont nous sommes enveloppés. Nous
voulions en écrivant cette pièce conjurer le sort que semble
nous promettre ce futur incertain.
Ce texte est de nouveau une collaboration entre Jalila
Baccar et vous ?
FJ : Oui nous avons travaillé comme à notre habitude, Jalila
Baccar écrivant le texte au départ d’une scénarisation
commune. Elle a travaillé avec auprès d'elle des centaines de
documents, textes ou vidéos, éléments venus du réel des
évènements et des fantasmes collectifs. Ensuite elle a
construit une parole élaborée, épique qui transcende ce réel.
Il faudra maintenant faire entendre cette parole de théâtre
grâce aux acteurs, à leur corps et à leur voix. A l'écriture
nerveuse et rapide de Jalila Baccar doit correspondre une
nervosité, une vélocité, un engagement des acteurs sur le
plateau qui passe par des enchaînements rapides qui à
terme composent une mosaïque complexe mais épurée. Il
faudra maintenant faire entendre cet acte d'insoumission et
d’alerte qui traverse la pièce. C'est la raison pour laquelle tout
notre travail est centré sur le corps et la voix de l'acteur dans
une scénographie réduite, minimaliste privilégiant la
construction d'espaces sonores et lumineux qui la scandent
et la ponctuent.
Avez-vous construit cette nouvelle pièce autour d'un
héros, comme dans Amnésia ?
FJ : C'est une « héroïne » puisque Jalila Baccar a choisi de
s'exprimer à travers un personnage féminin, la fille d'un
responsable politique islamiste intégriste qui, à 25 ans, se
révolte contre l'usage qui est fait par ses proches de la loi
coranique. Elle dénonce les compromis, les compromissions,
les tractations, les transactions, les marchandages, les
chantages, les menaces et les crimes commis par ceux qui
sont arrivés au pouvoir et qui trahissent la parole de Dieu
dont ils se veulent les porte-parole les plus intransigeants et
les plus incorruptibles fidèles. Cette « héroïne » est le
pendant du personnage principal de la pièce que nous avions
produite en 2006, Corps otages, (premier volet de la trilogie)
qui, elle aussi, fille d’un homme politique, prenait le voile. Ce
sont deux personnages en rupture de ban.
l y a semble-t-il un rapport avec une héroïne de la
tragédie grecque, Antigone ?
FJ : En effet, comme Antigone, elle ne peut se remettre de la
disparition de son frère et se révolte contre son oncle et
contre un cousin qui veut l'épouser sans son consentement.
Elevée par un père croyant mais modéré elle ne peut
accepter cette chape de plomb qui va l'étouffer. C'est son
histoire que l'on va suivre à partir du moment où elle entame
une fuite hors de son milieu. Elle va rencontrer dans cette
fuite
des
gens
de
tous
milieux.
Mais cette tragédie est aussi celle d’une femme de soixante
ans ancienne « droitdelhommiste », revenue de tout car on
lui a confisqué sa révolution, rêve de toute une vie. Elle est le
pendant de cette rencontre quasi impossible avec une
jeunesse qui a résolu de prendre son destin en main.
La tragédie grecque est héroïque mais elle laisse une
grande place au chœur, à la voix du peuple....
FJ : C'est une systématique préoccupation que nous avons
toujours eu : le face à face entre l'individu et le groupe avec
toutes les composantes et oppositions qui peuvent exister
entre ces deux acteurs agissants de la tragédie. Cela permet
d'exposer la question lancinante de la responsabilité
individuelle face à la responsabilité collective.
Vous faites une sorte de double voyage, un au cœur de
la mouvance islamiste et un autre dans la société
tunisienne ?
FJ : Exactement, et cela correspond aux tiraillements qui
traversent notre héroïne. Elle est prise dans un combat entre
rationnel et irrationnel, devoir et sentiment, entre amour pour
sa famille et révolte contre cette même famille. Sa parole est
parfois contradictoire, hésitante, tremblante. Elle se confronte
dans cette fuite à tous les archétypes de la société tunisienne
représentatifs des multiples facettes de cette société. Elle
traverse les spectres du politique, du culturel, de l'idéologique
et du social. Elle témoigne comment passé et présent se
conjuguent pour nous promettre cet avenir incertain.
C'est un thème déjà très présent dans vos travaux
précédents ?
FJ : Tsunami est en effet la troisième partie d'une trilogie
composée de Corps otages et d’Amnésia. Nous traversons
l'histoire de la Tunisie depuis l'indépendance.
Le théâtre en Tunisie aujourd'hui est une force capable
de faire entendre le passé, le présent et le futur ?
FJ : Plus que jamais car nous sentons la quête, l'attente
lancinante, la soif insatiable des Tunisiens (…). Ces
Tunisiens savent que nous avons toujours maintenu notre
indépendance contre vents et marées, même les plus
contraires... Ils savent que nous ne voulons pas les
manipuler par des discours simplistes et lénifiants, mais au
contraire les faire réfléchir au départ de nos pratiques
artistiques. Les transporter ailleurs pour mieux plonger dans
notre quotidien. Aujourd’hui, pas une semaine ne passe sans
qu'il y ait des agressions de toutes sortes encouragées par
les intégristes musulmans sachant parfaitement manipuler
les pauvres âmes juvéniles errantes et désœuvrées que la
misère culturelle, le chômage et l’absence de perspectives
poussent à tous les extrêmes suicidaires. Tsunami se veut
aussi un cri d'alarme pour que l'on n'aille pas jusqu'au
meurtre contre citoyens et artistes boucs émissaires. Dans
notre pièce nous utilisons un texte de Tertullien, Romain de
Carthage, saltimbanque devenu un théologien chrétien
radical dans les années 200 AP-JC, qui se bat contre les
pratiques artistiques. Il ne les interdit pas mais il menace
d'enfer les Chrétiens qui fréquenteraient les Arts, dont le
théâtre expressément nommé, car ils sont l'expression de la
décadence d'une société dissolue....Le danger pour nous
artistes est donc ancien et traverse l'histoire des idées et des
hommes. La vigilance doit être plus que jamais sans relâche
et sans répit.
TSUNAMI
Fadhel Jaibi
Auteur, metteur en scène, formateur
Vieux routier des planches, Fadhel Jaïbi a roulé sa bosse sur
les scènes d’Afrique du Nord, d’Orient et d’Europe. Il a à son
actif plus d’une vingtaine de pièces de théâtre et quatre films,
fruits de longues années de recherche continue.
Figure incontestable du théâtre arabe contemporain – cofondateur de la troupe régionale de Gafsa en 72, directeur du
Centre National d’Art Dramatique de 74 à 78, cofondateur de la première compagnie indépendante tunisienne
Le Nouveau Théâtre de Tunis en 76 et co-fondateur de la
compagnie Familia Productions en 1993, auteur de plusieurs
scénarii et directeur de plusieurs stages de formation à Tunis
et à l’étranger –, il a su résister aux sirènes du théâtre
mercantile et maintenir le cap sur la qualité.
Invité par le Festspiele de Berlin avec Jalila Baccar, auteur et
comédienne, il y crée, avec des acteurs allemands, Araberlin
en 2002 sur l’après 11 septembre 2001. Un hommage et une
rétrospective de trois de ses récentes créations théâtrales,
également écrites par Jalila Baccar, Familia, A la recherche
d’Aïda et Junun sont organisés à la même époque à Berlin
dans plusieurs théâtres. Dans le même temps, ses principaux
films La Noce, Arab et Chich khan sont projetés à Berlin.
Khamsoun (Corps Otages) est accueilli en France en 2006 à
L’Odéon-Théâtre de l’Europe, événement inédit pour un
créateur non européen. C’est à l’invitation du Théâtre de
Bochum en Allemagne en 2010 qu’il crée Médéa, une
adaptation libre par Jalila Baccar du texte d’Euripide.
Après l’avoir accueilli une première fois en 2002 avec Junun,
et c’était alors le premier Arabe invité en 56 ans de festival,
Avignon, avec Amnésia (Yahia Yaich), consacre
définitivement un créateur arabe, africain et méditerranéen
tout à fait singulier, une œuvre, une démarche et un parcours
de théâtre citoyen, de résistance et de recherche qui dure
depuis plus de trois décennies.
Une ouverture plus importante dans le monde se fait depuis
vingt ans qui a conduit sa compagnie en Amérique et en
Asie. Il se consacre au troisième volet de sa trilogie et
prépare un travail autour de l’immigration en partenariat avec
le Picolo Teatro de Milan et le Théâtre National de Chaillot.
TSUNAMI
Jalila Baccar
Jalila Baccar
Auteur, comédienne, dramaturge
Apres des études de lettres Françaises à l’Ecole Normale
Supérieure elle rejoint le théâtre du Sud de Gafsa en 73 - cofondatrice du Nouveau Théâtre de Tunis (76) et de Familia
productions (94). Dès ses débuts Jalila Baccar n’aura de
cesse d’écrire pour le théâtre et pour le cinéma indépendant.
Théâtre
1973 « Mohamed Ali Elhammi » Théâtre du sud de Gafsa
1973 « Jha et l’orient en désarroi » (reprise) Théâtre du sud
de Gafsa
1974 « la Jezia Hilalienne » Théâtre du sud de Gafsa
1974 « El Borni wa El Atra » (reprise) Théâtre du sud de
Gafsa
1976 « La noce » le Nouveau Théâtre de Tunis
1976 « L’héritage » le Nouveau Théâtre de Tunis
1977 « L’instruction » le Nouveau Théâtre de Tunis
1978 « La noce » du Nouveau Théâtre de Tunis
1980 « Ghasselet ennaouader » le Nouveau Théâtre de
Tunis
1982 « Lem » le Nouveau Théâtre de Tunis
1987 « Arab » de Fadhel Jaziri et Fadhel Jaïbi -le Nouveau
Théâtre de Tunis
1991 « Comédia » de Fadhel jaïbi - Théâtre National et
Théâtre Municipal de Tunis
1993 « Familia » de Fadhel Jaïbi - Familia Productions
1995 « Les amoureux du café désert » de Fadhel Jaïbi Familia Productions et Théâtre National de Tunis
1997 « Soirée particulière » de Fadhel Jaïbi - Famila
Productions
1998 « A la recherche d’Aïda » Texte Jalila Baccar mise en
scène Fadhel Jaïbi
2001 « Junun » Texte Jalila Baccar mise en scène Fadhel
Jaïbi
2002 « Araberlin » Texte de Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi
mise en scène de Fadhel Jaïbi
2006 « Corps otages » Texte de Jalila Baccar mise en scène
de Fadhel Jaïbi
2010 « Amnésia » Texte de Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi
mise en scène de Fadhel Jaïbi
CINEMA
1975 « Fatma 75 » de Selma Baccar 1988 « Arab » de
Fadhel Jaziri et Fadhel Jaïbi 1990 « (Bijoux de famille)
Chichkhan » de Mahmoud Ben Mahmoud et Fadhel Jaïbi
1992 « La nuit sacrée » de Nicolas Klotz 1998 « Les autres »
de Randa Chahal Sabagh 1999 « A la recherche d’Aïda »
Avec Mohamed Malass 2005 « Démences » scénario et rôle
principal
TELEVISION
1972 « Kamoucha » feuilleton pour enfants de Fatma
Skandrani
1980 «Ghasselet ennaouader » le Nouveau Théâtre de Tunis
1994 « Familia » Familia productions
TSUNAMI
extraits de presse
01/08/2013
"Tsunami" ou le cauchemar d’une révolution confisquée
Dix corps traversés par un même frisson, par un désir de liberté qui les pousse de l’avant. Progresser coûte que coûte, même si l’horizon
est bouché, même si, en fuyant leurs cages, ils se dirigent vers des geôles plus solides encore, c’est ce vers quoi semblent tendre les
jeunes démocrates de Tsunami. Et ce dès la première scène, en une marche collective qui sera reprise et déclinée tout au long du
spectacle.
Cette délicate ouverture, le metteur en scène Fadhel Jaïbi la nomme « séquence des papillons ». Car ses dix comédiens, dont sept
jeunes qui n’étaient auparavant jamais montés sur scène, il les a fait travailler à partir de l’image d’« une multitude de papillons posés
sur leur tête et partout sur leur corps ». Leur mission : « Avancer sur un terrain miné sans perdre les papillons dont ils ont la
responsabilité. »
(…) Sur scène, cette fraction sociale et politique oppose deux formes d’appropriation de l’espace. L’un passe par un déploiement du
corps, surtout féminin, par la libération d’une sensualité trop longtemps contenue. L’autre n’est que déplacements furtifs, brusques
comme un orage en plein été. Un hommage à la vie contre un culte de la mort. Une dualité que Fadhel Jaïbi et Jalila Baccar ne se
contentent pas de placer entre démocrates et islamistes, mais en chacun de leurs personnages. Hayet est de loin celle qui présente les
signes de maladie les plus évidents. Mais si l’on regarde bien, on voit que la jeune fille qui se réfugie chez elle pour échapper à sa
famille et aimer un démocrate est elle aussi atteinte de troubles.
Anaïs Heluin
28/05/2013
(…) C’est une sorte d’exorcisme que présente le spectacle où l’on voit, comme projetée dans un avenir proche, une société
qui se coupe en deux et de façon irréversible, pour un bon moment. Avec, un combat permanent entre différentes forces
politiques, à l’intérieur même des familles où les jeunes femmes sont-le plus souvent sexuellement et psychologiquement
-prises en otage. Ce sont les mêmes jeunes femmes libres qui interprètent aussi celles qui passent, voilées de la tête aux
pieds! Aux meilleurs moments, on ressent très bien cela,quand l’une d’elle est obligée de s’enfuir avec son amoureux
pour ne pas avoir à subir un mariage forcé. (…)
Philippe du Vignal
TSUNAMI
extraits de presse
23/05/2013
Fadhel Jaïbi : "Dans les mosquées tunisiennes, on cache les armes de l'oppression de demain"
(…) Artiste citoyen interpellé par les scissions d'une société tunisienne en perte de repères et craignant que la révolution ne se termine
en « bain de sang », Fadhel Jaïbi se revendique d'un « théâtre élitaire pour tous ». Dans Tsunami, Hayet, avocate militante des droits de
l'homme, et Dorra, jeune islamiste, ne seront plus jamais les mêmes après le grand chambardement dont l'issue demeure incertaine.
Fadhel Jaïbi convoque l'« Homo tunisianus » et l'appelle à se pencher sur son passé et son devenir car « un pays sans mémoire ne sait
où il va ». Les 23, 24 et 25 mai, Tsunami déferle sur la scène du Théâtre national de Chaillot, à Paris. (…)
Frida Dahmani
02/06/2013
Tsunami de Fadhel Jaïbi : ou le cri d’un peuple qui veut la vie
(…) L’obscurité, en tant que choix scénique à portée dramatique, domine l’espace théâtral. L’écran géant en fond de scène vient
renforcer ce discours visuel cauchemardesque où le jeu des couleurs et les formes porte une signification parallèle à ce qui se passe
sur scène, tel que la maculation par le rouge de la blancheur de l’écran ou l’entremêlement des formes ou un écoulement qui semble
être une hémorragie…
Fadhel Jaibi s’appuie dans sa mise en scène sur la dualité du clair-obscur. L’éclairage dépasse son rôle fonctionnel pour atteindre à
une finalité picturale symbolique où les termes du conflit dramatique entre les personnages, individus et groupes, sont déterminés,
dans une forme esthétique manifeste, par cette dualité. En effet, les femmes en burqa et les extrémistes courent dans l’obscurité,
tandis que nous voyons des couloirs de lumière se dessiner devant les personnages d’ « Amine » et « Dorra » pour éclairer leur
chemin alors qu’ils fuient les islamistes. (…)
Abeljabbar Khemran, traduit de l’arabe
TSUNAMI
extraits de presse
19/07/2013
Tsunami à Carthage : Frontal, utile, plaisant
(…) Il y avait bel et bien spectacle dans Tsunami. Ce n’était pas que discours frontal et cru. La mise en scène de Fadhel Jaïbi était
parfaitement assumée. Sa direction d’acteurs aussi. La prestation de Jalila Baccar, dans le rôle de Hayet, l’intellectuelle
révolutionnaire, à la fois harangueuse et désabusée, était dans la justesse. Celle de Fatma Ben Saïdane, qui campait une
présentatrice de télévision mi-«danseuse», mi-journaliste, ironique et fourbe, fut un véritable bonheur.
De plus, la scène nue et le fond d’écran changeant allaient à merveille avec la lancinance du thème. De même que les files,
quasiment chorégraphiques, de comédiens figurant dans une alternance synchronisée, les rassemblements de salafistes et
«niquabées» et les gesticulations fébriles ou désespérées des jeunes révolutionnaires.
Tsunami, c’est notre sentiment ferme, est à la fois une œuvre utile, ô combien utile, par les temps qui courent, et un théâtre
strictement dans les normes, franchement plaisant.
Si la pièce tourne, elle fera sûrement le plein. Et immanquablement (politiquement) beaucoup de bruit.
Khaled Tebourbi
07/06/2013
Le cauchemar islamiste (Notes sur la dernière pièce de Jelila Baccar & Fadhel Jaïbi)
(…) C’est une création qui témoigne d’un acte de résistance. (…)
Cela procède d’un intersubjectif qui a déjà été investi par les Ingmar Bergman, John Cassavetes, Tennessee Williams et que nous
n’avons pas à considérer comme extérieur à nous-mêmes, nous autres Maghrébins, Arabes, Tunisiens. (…)
La pièce de Jalila et Fadhel fait défiler sur scène les fantômes de l’islamisme, funeste procession des niqabées et des barbus en
qamîs, cortège funèbre qui hante nos imaginations et dont les membres incarnent le mortifère alimentant le spectre de la guerre civile.
Fantômes de la régression qui traversent la scène et agressent les personnages qui représentent l’autre société, celle qui a muté.
Deux personnalités féminines font saillie : il y a d’abord, Hayet, avocate sexagénaire, déchantée et véhémente, recluse chez elle,
suivant par la télé les événements qui divisent la cité et la secouent ; il y a ensuite Amina (en partie inspirée par l’admirable et
courageuse Femen), jeune femme en fugue, cherchant refuge chez Hayet, après avoir découvert par révélation divine que le vrai
islam rayonne dans le principe de vie et d’amour, qu’il est du côté d’Eros alors que l’islam islamiste qui lui a été inculqué au sein de sa
famille intégriste est un faux islam, un islam erroné, réduit au principe de mort, allié lugubre de Thanatos.
Ces personnages, par leur puissance, entrent en résistance contre la déferlante islamiste, contre le tsunami salafiste. Et c’est là que la
pièce devient pour nous précieuse : elle anticipe les événements. Elle puise dans l’actualité pour remonter l’horloge qui sonne l’heure
du futur. (…)
Abdelwahab Meddeb
TSUNAMI
extraits de presse
20/07/2013
Fadhel Jaibi fait le deuil du « Printemps Arabe »
(…) La pièce qui a replacé Fadhel Jaïbi sous les projecteurs, après deux ans d’absence, porte un discours qui se veut très direct car
la situation que vit la Tunisie sous le pouvoir islamiste ne laisse pas de champ à la neutralité ni à l’insinuation. Fadhel Jaïbi a confié à
« Al-Akhbar » qu’il y a des étapes cruciales dans l’histoire des peuples où le théâtre doit jouer son rôle et appeler les choses par leur
nom. C’est pourquoi l’œuvre est une sorte de propagande directe contre les islamistes tout en traitant ce qui se passe dans le
paysage politique arabe comme la chute des dictateurs, les guerres en Syrie et en Libye et les barbus qui ont envahi le monde arabe.
Quant à Jalila Baccar, dans le rôle de Hayet, elle représente la conscience de cette œuvre puisqu’elle a acquis, grâce à son passé
militant, la légitimité de demander des comptes à quelques révolutionnaires fidèles aux puissances occidentales néo-coloniales sur les
raisons de leur silence sur l’ingérence de Bérnard Henri Levy, de l’OTAN et de Nicolas Sarkozy dans la Libye voisine, tout comme elle
a le droit d’affronter les islamistes qui menacent sa maison et son pays. (…)
Noureddine Bettayeb, traduit de l’arabe
17/07/2013
Festival de Carthage: ''Tsunami'' de Fadhel Jaïbi, une œuvre polémique
(…) L'auteur se place très clairement en opposition au péril islamiste tout en prenant le parti de ceux qui défendent la spécificité, l'unité
et l'ouverture de la Tunisie. (…)
Fadhel Jaïbi a joué la carte de l'anticipation pour son message de mobilisation face à l'islamisme. Il présente ainsi l'action de sa pièce
en 2015. (…)
Plus qu'une réflexion sur la situation tunisienne, la pièce veut être un message coup de poing touchant les spectateurs au coeur dans
le but de les mobiliser. (…)
La pièce de Jaïbi a été conçue dans une certaine forme d'urgence en réponse aux troubles politiques rencontrés ces derniers temps.
Le metteur en scène a voulu délivrer un message fort afin de mobiliser la population. Tous les procédés sont utilisés à cette fin.
Hymne national pour réveiller la conscience patriotique du public, humour noir et déshumanisation des islamistes représentés tout au
long du spectacle comme des ombres à la fois menaçantes et ridicules. (…)
Une mention spéciale doit être faite au personnage de Dorra, dont de nombreux éléments rappellent le parcours d'Amina des Femen
(kidnappée et séquestrée par sa famille pour s'être dévoilée, menacée de mort pour avoir quitté le giron). L'idée de faire de cette jeune
fille l'héroïne d'une pièce défendant les valeurs tunisiennes face à un péril venu d'ailleurs (le salafisme) se révèle contradictoire quand
on connait les modes d'action et les objectifs de l'organisation venue d'Ukraine. (…)
Ayant souhaité mettre la nuance de côté, le metteur en scène a livré un témoignage choc où il souhaitait rappeler d'où venait la
Tunisie et où elle risquait d'aller si rien n'était entrepris.
Seyfeddine Yahia
TSUNAMI
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