"Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez
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"Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez
Dimanche 1er mars 2015 2e dimanche de Carême « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » D ans un monde où on parle beaucoup, souvent pour ne rien dire, on fnirait par oublier le sens de l’écoute. C’est peut-être un des secrets de cette page d’Évangile que nous connaissons sous son appellation ordinaire : la « Transfguration ». Certes, il est plus facile de se souvenir d’un récit résumé en un seul mot, mais c’est en épuiser la richesse de façon un peu rapide. Et si nous retenions quelques aspects qui peuvent sembler anodins à première vue ? Par exemple, celui-ci : « Élie leur apparut avec Moïse, et tous deux s’entretenaient avec Jésus. » De quoi parlent les trois hommes ? On l’ignore. Mais voici que cela provoque une autre intervention : « Pierre alors prend la parole… » Il faut croire qu’une parole libérée en libère une autre. Pour revenir au détail précédent, sans doute convient-il de souligner que les fgures de Moïse et d’Élie dominent l’Ancien Testament, au point d’en faire une sorte de résumé : la Loi et les Prophètes. Or, nous recevons dans la foi l’Ancien Testament et même l’ensemble de la Bible comme une « Parole de Dieu »… S’il y a bien une « Parole de Dieu » en direct dans cette page de l’évangile selon saint Marc, c’est celle-ci, provenant de la nuée qui enveloppe Pierre et ses compagnons : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » Le paradoxe, c’est que nous ne trouvons dans cette page aucune « parole » de Jésus lui-même ! Pire encore : Jésus donne la consigne « de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu. » C’est pour le moins étrange. Les spécialistes nous expliqueront que, dans l’évangile selon saint Marc, une place considérable est accordée à ce qu’on appelle le « secret messianique », qui doit être gardé, comme l’indique la page que nous lisons ce dimanche, jusqu’à ce que « le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts ». Et nous pouvons, à l’instar de Pierre, Jacques et Jean, nous interroger sur ce que peut vouloir dire « ressusciter d’entre les morts ». Il s’agit moins d’une énigme indéchiffrable en l’occurrence qu’un « secret » qui tient du « mystère » au sens propre du terme. Ce qui échappe à notre compréhension immédiate peut révéler son sens plus tard… Le temps du Carême nous invite à mettre en pratique la recommandation de la voix qui se fait entendre de la nuée : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » Ce temps nous est accordé pour nous rendre davantage attentifs à ce que Jésus nous dit dans notre vie de chaque jour. Et dans le brouhaha ambiant, on comprend qu’il est souvent diffcile d’entendre et de déchiffrer cette « parole ». Un peu à l’image de ce qui se produit dans cette page de l’évangile selon saint Marc où nous ne trouvons guère de « parole » prononcée par Jésus. Néanmoins, il continue de nous « parler » jour après jour. Et il nous revient, dans la foi, de nous rendre attentifs à cette présence et à cette « parole ». Cela demande un effort de notre part pour ouvrir nos yeux et nos oreilles à la rumeur de notre monde, écouter avec bienveillance ceux qui nous entourent, proches ou lointains. Peut-être même convient-il que cette attention particulière soit adressée à ceux qui en ont le plus besoin, qui sont privés de « parole », qui se trouvent démunis ou abandonnés… Il s’agit moins d’une position morale qu’une attitude fondamentale dans la foi. Et c’est bien l’expérience qui nous est proposée, d’une certaine manière, quand nous célébrons ensemble l’Eucharistie, le « repas du Seigneur », où nous sommes invités à prêter l’oreille à la « Parole de Dieu » proclamée, mais aussi à la présence mystérieuse de Jésus dans le pain et le vin consacrés. Le récit du livre de la Genèse que nous lisons ce dimanche indique une piste « pratique » dans cette attention accordée à l a « Parole de Dieu ». Sans exiger de nous l’impossible, il nous demande de lui offrir ce qu’il y a de meilleur en nous. Sommes-nous capables de la même foi, de la même confance qu’Abraham, prêt à sacrifer son fls unique ? De quoi sommesnous capables au point d’émouvoir le Seigneur lui-même, au point qu’il puisse nous dire, comme à Abraham : « Parce que tu as fait cela, parce que tu ne m’as pas refusé ton fls, ton unique, je te comblerai de bénédictions ». Oui, nous sommes appelés à devenir « bénédictions » pour tous les hommes.