Grandes figures de l`Ancien Testament
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Grandes figures de l`Ancien Testament
Lire et interpréter la Bible Grandes figures de l'Ancien Testament 6. David 1 Samuel 16/1-13 1 Le Seigneur dit à SamuelClésDeLecture1 : "Jusqu'à quand seras-tu en deuilClésDeLecture2 pour Saül ? Moi je l'ai rejetéClésDeLecture4 : il n'est plus roi d'IsraëlClésDeLecture3 ? Emplis ta corne d'huileClésDeLecture5 et pars. Je t'envoie chez Jessé le Bethléémite, car j'ai vu parmi ses fils le roi qu'il me faut". 2 Samuel dit : "Comment puis-je y aller ? Si Saül l'apprend, il me tueraClésDeLecture6". Le Seigneur dit : "Tu prendras avec toi une génisse et tu diras : Je viens pour offrir un sacrificeClésDeLecture7 au Seigneur. 3 A l'occasion du sacrifice, tu inviteras Jessé. Alors je te ferai savoir moi-même ce que tu dois faire ; tu donneras pour moi l' onctionClésDeLecture8 à celui que je t'indiquerai". 4 Samuel fit ce que le Seigneur avait dit, il arriva à Bethléem et les anciens de la ville vinrent en tremblantClésDeLecture9 à sa rencontre. On dit : "Paix à ta venue" ? 5 Il répondit : "Paix. C'est pour sacrifier au Seigneur que je suis venu. SanctifiezvousClésDeLecture10 et vous viendrez avec moi au sacrifice". Il sanctifia Jessé et ses fils et les invita au sacrifice. 6 Quand ils arrivèrent, Samuel vit Eliav et se dit : "Certainement, le messie du Seigneur est là, devant lui". 7 Mais le Seigneur dit à Samuel : "Ne considère pas son apparence ni sa haute tailleClésDeLecture11. Je le rejette. Il ne s'agit pas ici de ce que voient les hommes : les hommes voient le visage, mais le Seigneur voit le cœur". 8 Jessé appela Avinadav et le fit passer devant Samuel, mais Samuel dit : "Celui-ci non plus, le Seigneur ne l'a pas choisi". 9 Jessé fit passer Shamma, mais Samuel dit : "Celui-ci non plus, le Seigneur ne l'a pas choisi". 10 Jessé fit ainsi passer 7 de ses fils devant Samuel et Samuel dit à Jessé : "Le Seigneur n'a choisi aucun de ceux-là". 11 Samuel dit à Jessé : "Les jeunes gens sont-ils là au complet ?". Jessé répondit : "Il reste encore le plus jeune : il fait paître le troupeau". Samuel dit à Jessé : "Envoie-le chercher. Nous ne nous mettrons pas à table avant son arrivée". 12 Il envoya quelqu'un pour le faire venir. Il avait le teint clair, une jolie figure et une mine agréable. Le Seigneur dit : "Lève-toi, donne-lui l'onction, c'est lui". 13 Samuel prit la corne d'huile et il lui donna l'onction au milieu de ses frères et l'esprit du Seigneur ClésDeLecture12 fondit sur David à partir de ce jour. Samuel se mit en route et partit pour Rama. Traduction Service Théovie Clés de lecture 1. Samuel SamuelTextesBibliques1 est le dernier des JugesGlossaire2. Bien qu'il soit fortement contrarié par la demande du peuple d'avoir un roi, il lui en désigne un. On peut penser qu'il aurait pu être le premier des rois si la mauvaise conduite de ses filsTextesBibliques1, appelés à lui succéder, n'avait rendu cela impossible. Sa personnalité et son choix par Dieu dès son enfance font de lui un grand prophèteContextes4 qui révèle le choix de Dieu pour les deux premiers rois d'Israël (Saül et David). Deux livresEspacesTemps2 portent son nom et racontentContextes3 les royautés de Saül et de David. 2. Etre en deuil Rejeté par Dieu, SaülGlossaire3 est considéré comme mort et c'est pour cela que Samuel est entré dans un rite de deuilTextesBibliques2 de la royauté de Saül, deuil qu'il poursuit en ce début de chapitre. Le rite de deuil dans l'Ancien Testament et le Proche Orient Ancien (POA) est accompagné de gestes symboliques de dégradation ou de mortification de la personne vivante qui vit presque réellement la mort de la personne proche. La personne en deuil déchire ses vêtements, se revêt d'un sac, jeûne, se met de la cendre sur la tête, ne se rase plus, ne se lave plus. C'est un temps de non être où tout ce qui fait partie de la vie disparaît. Tant que Samuel sera en deuil de la royauté de Saül, il ne sera plus un moyen d'action pour Dieu. Le texte enseigne que le deuil doit avoir une fin et le retour à la vie doit être manifeste. 3. Roi d'Israël La royautéAllerPlusLoin1 en Israël commence au moment où le peuple désire être comme les autres nations. Pour Samuel cela apparaît comme un rejet de l'action de Dieu à travers lui ; mais Dieu accepte cette demande et invite Samuel à ne pas se sentir rejeté. Comme dans les autres nations, le roi d'Israël devient le fils de Dieu et a un rôle religieux. Dans l'Ancien Testament, le rôle religieux sera tempéré par celui du prophète qui apparaît comme une sorte de contre-pouvoir et une instance critique de la royauté quand celle-ci n'est pas servante du peuple. Le roi reste quelqu'un de très puissant. 4. Rejeter Dans le chapitre précédent, le récit raconte que Saül n'a pas obéit littéralement à la parole de Dieu ; la conséquence est que Dieu le destitue de sa royauté sur Israël. Comme il a rejeté la parole de Dieu, Dieu le rejetteTextesBibliques3. 5. Corne d'huile Récipient d'huile qui était utilisé pour l'onction royale. C'est le plus souvent par un prophèteContextes4 que l'huile était versée sur la tête du futur roi. 6. Il me tuera La destitution dont Saül a été l'objet n'est que virtuelle ; il n'est plus roi sur Israël pour Dieu, mais le reste de fait avec les pouvoirsTextesBibliques4 qui y sont liés. 7. Offrir un sacrifice Il y a de nombreuses occasions d'immoler une bête ; ici, puisqu'ils doivent se mettre à table, c'est un sacrifice de communion ou de paix dont une grande partie est partagée entre les convives, et puisqu'ils doivent attendre l'onction, le sacrifice est une fêteTextesBibliques6 en l'honneur du nouveau roi. 8. Onction Cérémonie qui, en versant de l'huile sur la tête au nom du Seigneur, intronise le roi, le messie de Dieu, une personne sacréeTextesBibliques7 qui participe à la sainteté de Dieu et représente Dieu. 9. En tremblant On se demande bien pourquoi les anciens viennent en tremblant. Mais le prophète représente Dieu, et quand il vient c'est aussi Dieu qui vient ; sa venue est toujours impressionnante et les anciens ne savent pas s'il vient pour exprimer la colère de Dieu ou sa miséricorde. La phrase des anciens peut être une manière de conjurer le mauvais sort qui pourrait s'abattre sur eux. Il y a peutêtre d'autres raisons à cette crainte. En 1 Samuel 21/2, c'est le prêtre Ahimélek qui vient en tremblant à la rencontre de David, homme de guerre à propos duquel il est répété que Dieu est avec lui. 10. Se sanctifier Il s'agit d'accomplir le rite nécessaire pour être à part du monde profane et pouvoir entrer dans une relation à Dieu qui ne peut avoir de relation avec ce qui est profane. 11. Sa haute taille Il est intéressant de comparer le choix de Saül dont on nous dit qu'il dépasse tout le monde d'une tête (1 Samuel 10/20-24, 9/2) et le non choix d'Eliav malgré son apparence et sa haute tailleTextesBibliques5 (1 Samuel 16/6-7) en sachant quelle a été la fin du règne de Saül qui a été rejeté (1 Samuel 15/24-26). La haute taille, imposante aux yeux des hommes, est ici relativisée de manière directe ; on ne peut pas lire cette mention liée au terme de "rejet" sans penser en effet à la description de Saül en 1 Samuel 9/2 & 10/23. Plus tard, le rejet de Saül peut venir préparer cette nouvelle présentation du choix de Dieu qui est fait non en fonction des apparences mais du cœur, de ce qui est caché au fond de l'homme et que seul Dieu peut voir. 12. L'esprit du Seigneur C'est le moyen qu'emploie le narrateur pour dire que Dieu est derrière l'action de l'être humain ou pour signifier qu'une action humaine est, en fait, une action dont Dieu est l'origine (1 Samuel 25/32-35, 36-38). La venue de l'Esprit de Dieu sur l'être humain a très souvent des conséquences visibles (1 Samuel 10/10-11). Il ne faut pas croire que ces actions sont toutes positives. Dans la pensée de l'Ancien Testament, Dieu est aussi bien celui qui fait agir bien que celui qui fait agir mal (1 Samuel 18/10-12) mais le but final reste soit le bien soit une prise de conscience et une évolution (1 Samuel 21/1-10). Contexte 1. Livres de Samuel Les deux livres de Samuel ne formaient qu'un seul ouvrage, ce n'est que sous l'influence de la Bible grecque que l'ouvrage a été divisé. Cette coupure a une logique biographique : le premier livre se termine par la mort du roi Saül, premier roi d'Israël, et le second se termine par la mort du roi David. L'ouvrage présente l'histoire d'Israël depuis les derniers JugesGlossaire2 jusqu'à la mort du roi David, période de moins d'un siècle qui se caractérise par d'importantes modifications institutionnelles. Celles-ci sont mises en évidence par la construction littéraire qui fait alterner narration littéraire et ensembles plus réflexifs. Le texte des livres de Samuel est parmi ceux qui posent le plus de problèmes au traducteur et à l'interprète du fait des divergences entre le texte hébreu et le grec de la SeptanteGlossaire5 ainsi que des variantes qui supposent différents manuscrits hébreux (d'après A.Caquot et P. de Robert). 2. Onction David sera oint deux autres fois : une fois comme roi de Juda en 2 Samuel 2/4, et une autre comme roi d'Israël en 2 Samuel 5/3 ; il sera alors roi de tout le pays. Jusqu'à ces deux onctions, ce sera Saül et jamais David qui sera considéré comme roi d'Israël et David seulement roi en puissance ; et lui-même, David, ne se considère jamais comme roi ou messie de Dieu ; par contre, jusqu'en 2 Samuel 1/21, il considère toujours Saül comme le messie et le roi. 3. Rédaction finale Si la rédaction finale a été faite au moment de l'exil babylonienGlossaire1 ou après, ne peut-on pas faire un parallèle entre la situation du peuple et celle de David ? En effet, le peuple affirme qu'il est le peuple élu, choisi par Dieu et pourtant il se trouve exilé loin de sa terre donnée par Dieu : c'est une contradiction évidente qui est difficilement compréhensible. L'exemple de David peut permettre cette compréhension ; n'a-t-il pas subi la même chose que le peuple ? David est le Messie de Dieu oint par Samuel mais il ne règne pas, il est dominé et reconnaît la seigneurie de Saül qui a été, lui, rejeté par Dieu. Pourtant à terme, il sera le Messie, le roi d'Israël et le peuple peut lire, dans le récit qui raconte son histoire, l'espérance qu'un jour, comme David, il retrouvera ce qui ne lui a pas été donné totalement pour l'instant. 4. Prophète Les prophètes sont des personnages importants dans la structure sociale du Proche Orient ancien. Il semble y avoir deux sortes de prophètes : • celui qui apparaît dans une structure sociale établie, qui est reconnu par la société et dont le but est de défendre et de maintenir l'ordre cosmique (fertilité, fécondité, paix) et social (hiérarchie et justice) ; on peut parler ici de fonction prophétique ou de profession et on trouve ainsi des prophètes de cour (2 Samuel 24/11) et des congrégations prophétiques (1 Samuel 10/5, 19/20). • celui qui n'est pas reconnu d'emblée par la société parce qu'il est indépendant, pouvant sortir de n'importe quelle catégorie sociale (Amos 1/1) car il revendique un contact avec le divin. Ce prophète, critique vis-à-vis du pouvoir, n'existe pratiquement pas hors de l'histoire d'Israël ; il lutte contre l'idolâtrie, les hauts-lieuxGlossaire4, les abus de pouvoir ; il tente donc de promouvoir un changement social, politique et religieux dont le fondement est la prise en compte que tout être est créature de Dieu, les plus élevés dans la hiérarchie étant au service de la justice pour tous, notamment les plus faibles. Ces deux sortes de prophètes peuvent apparaître dans la même société et se trouver en opposition. (1 Rois 22/5s). Espace temps Livres prophétiques Selon l'organisation des livres de la Bible faite par le judaïsme (canon juif), les livres prophétiques sont constitués des Premiers Prophètes : Josué, Juges, 1 et 2 Samuel, 1 et 2 Rois ; des Grands Prophètes : Esaïe, Jérémie, Ezéchiel ; des Petits Prophètes : Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie. L'organisation que l'on trouve dans les traductions en grec conservées par les chrétiens n'a gardé comme livres prophétiques que les Grands et Petits Prophètes. Textes bibliques 1. Samuel 2. Deuil 3. Rejet 4. Pouvoirs 5. Le choix du roi 6. Fête 7. Personne sacrée 1 Samuel 1/1-28, 1 Samuel 8/1-5 1 Samuel 15/35, 2 Samuel 1/4-12, Esther 4/1-3 1 Samuel 15/1-35 1 Samuel 19/8-17 1 Samuel 9/2, 1 Samuel 10/23 1 Samuel 9/14-24, 1 Samuel 11/12-15 1 Samuel 24/1-8, 1 Samuel 26/1-16, 2 Samuel 1/1-16 Aujourd'hui 1. Concevez-vous qu'aujourd'hui un choix politique puisse être fait au nom de Dieu ? La politique nous concerne tous. Il est grand temps surtout pour nous, chrétiens, de nous rappeler que la bataille politique est un élément fondamental dans la construction d’une société plus juste, plus fraternelle, plus humaine (Henri CAZAUX). 2. Peut-on, au nom de convictions religieuses, critiquer les choix et les valeurs qui ont cours dans notre société ? Jusqu'où ? Durant six ans, j’ai cherché à agir pour une société dans laquelle les valeurs de justice et de liberté prennent le pas sur la recherche du profit et du pouvoir, où les valeurs de responsabilité, de solidarité, de respect de chacun l’emportent sur le chacun pour soi, l’exclusion, le racisme. Le souci du service et le combat ne sont-ils pas la pierre de touche de tout engagement de chrétien ? (René SENTRAINE). Aller plus loin 1. Trois onctions royales Il est intéressant de comparer 1 Samuel 16/1-13 avec 1 Samuel 16/14-23 et 1Samuel 17 ; ce sont trois récits qui mettent chacun à sa manière David en évidence et donnent une origine différente à son parcours royal. Dans le premier texte, c'est Dieu qui est à l'origine de tout ce qui se passe et il agit par l'intermédiaire de son prophète. Dans le second, Dieu n'agit pas de manière directe, mais c'est l'envoi par Dieu du mauvais esprit sur Saül qui est à l'origine de la venue de David dans la sphère du pouvoir. Le troisième texte présente David comme celui qui arrive dans la sphère du pouvoir par un fait de guerre par lequel il devient le héros du peuple. La suite de l'histoire de David montre qu'aucune de ces voies ne peut l'amener à une royauté reconnue par le peuple ; Saül reste le roi légitime malgré tout ce qui s'est passé. Par ailleurs, on peut voir que la désignation de Saül est parallèle à celle de David avec trois récits qui donnent une origine différente à son arrivée à la royauté (1 Samuel 9/1-10 & 16, 1 Samuel 9/17-27, 1 Samuel 11). Comme pour David, dans le premier récit, Dieu est à l'origine de tout ce qui se passe et tout est organisé pour que Saül vienne vers Samuel. Dans le deuxième récit, Dieu semble absent car Saül est tiré au sort ; en fait, à cette époque, le hasard n'existe pas car tout ce qui arrive par le sort vient de Dieu. Dans le troisième récit, comme pour David encore, c'est un fait de guerre qui propulse Saül vers la royauté. Contrairement à David, Saül, lui, devient roi effectif sur le peuple. Glossaire du module 1. Exil Il s'agit de l'époque de la déportation du peuple d'Israël à Babylone. Une première grande déportation a lieu en 722 av. JC, après la prise de Samarie par les Assyriens. C'est la fin du Royaume du Nord. A l'Empire assyrien succéda l'Empire babylonien avec le roi Nabuchodonosor qui envahit Jérusalem de 598 à 597 av. JC. Il déporte le roi Yoyakïn ainsi qu'une grande partie de la population, essentiellement la classe dirigeante et l'élite intellectuelle. Le successeur de Yoyakïn, Sédécias, se révolte contre Nabuchodonosor et, en 588, Nabuchodonosor prend Jérusalem, détruit le Temple et déporte la population à Babylone. Il a fallu attendre l'édit de Cyrus, roi de Perse, en 538 pour que les Juifs soient autorisés à rentrer dans leur pays. Théologiquement, l'exil a été vécu par les prophètes comme le jugement de Dieu sur le peuple élu. Les prophètes annonçaient aussi un retour à Jérusalem et la reconstruction du Temple. L'exil est une période importante notamment pour la rédaction des textes bibliques. Beaucoup des textes de l'Ancien Testament ont été écrits après le retour de l'exil. 2. Juges (Livre des) Le livre de la Bible qui est attribué aux juges se présente comme une anthologie de héros qui interviennent après l'installation des tribus d'Israël en Canaan par Josué (successeur de Moïse) et avant l'instauration de la royauté en Israël (Saül, David, Salomon...), royauté qui durera jusqu'à l'ExilGlossaire1. Ces figures appelées "juges" sont des figures héroïques toutes différentes les unes des autres. En tant que chefs d'une ou plusieurs tribus, les juges sont censés, d'une part apporter une autorité en Israël et rétablir le peuple dans son intégrité religieuse, d'autre part délivrer Israël de la domination qu'exercent sur leurs tribus certains peuples comme les Philistins. Il s'agit pour le peuple d'Israël de vivre parmi les autres peuples autochtones en Canaan sans tomber dans la tentation du syncrétisme religieux. Le livre des Juges révèle que règne le désordre parmi les fils d'Israël ("chacun faisait ce qui était juste à ses yeux", Juges 17/6) et que les juges ne parviennent pas à rétablir l'ordre de façon durable ; au contraire, eux-mêmes contribuent encore au désordre. L'intention de l'auteur est de souligner que l'instauration de rois en Israël, élus par des prophètes, devient indispensable. Parmi les juges, il y a ceux qu'on appelle "les petits juges", et les "grands juges" : • "les petits juges" : tous originaires du centre du pays (montagne d'Ephraïm) ; de courtes notices nous informent de leurs actions : ce sont Otniel, Ehoud, Shamgar, Tola, Yaïr, Ibçân, Elôn, Abdôn. • "les grands juges" : Déborah, Baraq, Gédéon, Jephté, Samson. Déborah est aussi désignée comme prophétesse et Samson est un cas particulier. 3. Saül Il est le premier roi d'Israël, on date sa royauté de 1030 à 1010 avant JC, mais on n'est pas sûr de son existence historique dans le sens où il n'y a aucun document autre que l'Ancien Testament qui nous renseigne sur lui. 4. Hauts-lieux Dans l'Ancien Testament, les "hauts-lieux" désignent les endroits de cultes aux divinités païennes. On parle de "hauts lieux" car ils se situent généralement sur les montagnes. Nous en avons un écho dans le Psaume 121 : "Je regarde vers les montagnes. D'où me viendra le secours ?". Et le psalmiste de répondre que ce secours qu'il cherche pour entreprendre le voyage ne lui viendra pas des "hauts lieux" et de leurs dieux, mais bien du Dieu d'Israël. 5. Septante Les premières traductions de la Bible hébraïque en grec furent entreprises par les communautés juives d'Alexandrie en Egypte au 3° siècle av. JC. Elles étaient destinées aux juifs qui ne connaissaient plus l'hébreu. Selon la légende, 72 savants (septante-deux) ont été enfermés séparément pendant 72 jours et sont arrivés à la même traduction. D'où le nom "Septante" que l’on abrège aussi parfois en chiffres romains : LXX. Henri LINDEGAARD, "L’onction de Samuel et l’autre règne", La bible des contrastes — Méditations par la plume et le trait, Réveil Publications, 2003 http://www.artbible.net/1T/1sa1601_David_king/index_5.htm Textes : Genre : Auteur : Source : 1 Samuel 16/1-13, 1 Corinthiens 4/1-5, Matthieu 15/10-20 Prédication Gordon CAMPBELL Culte pour le 10.04.2005 ; liturgie construite autour des Psaumes de David. Chers amis, dans le temps – ou le bon vieux temps – votre professeur de français vous a initié aux richesses de la littérature française. Vous avez dû découvrir alors la grande importance, pour telle pièce de théâtre ou tel roman, que pouvait avoir le contraste entre les apparences et la réalité. Les choses, en effet, ne sont pas toujours ce qu’on y voit à première vue. Les exemples ne manquent pas. Pensez au Bourgeois Gentilhomme, où Molière ridiculise son principal personnage pour ne s’intéresser qu’aux apparences. C’est, en réalité, un homme creux ; le spectateur en rit et, en même temps, que cela lui serve de leçon. Je me souviens avoir lu, « dans le temps », les Liaisons Dangereuses du moraliste Chloderlos Laclos – œuvre adaptée au cinéma voici une dizaine d’années. Dans ce livre, le séducteur Valmont et sa complice Mme de Merteuil soignent une belle façade, mais derrière celle-ci sont dissimulées toutes sortes de manipulations éhontées de leurs victimes. Entre autre, Laclos voulait que son lecteur en arrive à la conclusion : « Sur l’apparence est bien fou celui qui se fonde ». La vie ne nous apprend-elle pas la même chose : que les apparences souvent trompent et la réalité s’avère bien différente de ce qu’on pourrait penser ? Maintenant, au lieu de réfléchir à autrui et à l’écart entre ce qui apparaît et ce qui est chez l’autre, creusons ce matin la question des apparences et de la réalité dans notre propre vie d’homme et de femme. Tous, nous pouvons constater sans peine l’écart entre la belle façade que nous entretenons et ce qui nous habite véritablement. Il y a, dans chacune de nos vies, des choses cachées à la vue des autres et sans doute, à y regarder de près, cachées aussi de nous-mêmes. Les dévoiler, alors que d’ordinaire elles sont bien dissimulées, est inconfortable – pour vous et pour moi. Au cœur du problème se trouve le problème du cœur trompeur. « Le cœur est tortueux plus que tout autre chose, dit Jérémie, il est incurable, qui pourrait le connaître ? » (Jérémie 17/9). L’être humain ne se trompe guère plus que lorsqu’il s’agit de porter son regard sur lui-même. Pour ce qui est de notre opinion de nous-mêmes, nous sommes (comme l’a dit Jean Calvin) bien trop indulgents. Pourtant le Seigneur, lui, ne se trompe pas à notre sujet. Lui est un juge très juste : « Un homme croit que tout ce qu’il fait est juste ; mais c’est le Seigneur qui apprécie les motivations » (Proverbes 21/2). Et le Seigneur voit toujours plus loin que les apparences, pénétrant derrière tous nos écrans de fumée : « Moi, l’Eternel, moi je sonde les cœurs, je scrute le tréfonds de l’être pour donner à chacun ce que lui auront valu sa conduite et les effets de ses agissements » (Jérémie 17/10). Quand bien même il serait prophète, comme Samuel, l’être humain n’arrive pas à scruter le cœur de ses semblables ni son propre cœur. Avant l’épisode que nous avons lu, Samuel – juge et prophète – avait déjà oint un premier roi pour Israël, Saül. Appelé à refaire le geste, on pouvait penser que désormais Samuel saurait quel genre d’homme pouvait intéresser le Seigneur, comme étant apte à régner et, de ce fait, « oignable » comme le futur roi que Dieu se choisirait. Mais Samuel ne pouvait voir plus loin que les apparences. A sept reprises, il devait faire et refaire une seule et même expérience : « L’Eternel n’a pas non plus choisi celui-ci » (v. 8, etc.). Et lorsqu’il fallait reconnaître David comme celui à qui devait s’appliquer l’onction, Samuel a eu besoin d’une parole du Seigneur pour l’éclairer (v. 12). Car seulement Dieu peut juger des dispositions et des pensées du cœur. A lui seul le cœur humain apparaît comme à nu et à découvert (cf. Hébreux 4/13). Lui connaît les profondeurs du cœur humain, ce que nous n’arrivons pas à bien discerner, même lorsqu’il s’agit du nôtre. La Bible a bien des choses à nous raconter au sujet de David. C’est dans l’épisode que nous avons lu que celui-ci apparaît pour la première fois dans les Ecritures, à l’occasion où il est désigné et oint futur roi d’Israël. Et il est très intéressant de voir à quel point notre texte joue sur l’écart entre les apparences, les choses visibles aux yeux des hommes, et la réalité des choses que seul Dieu perçoit. Dans sa prédication à la synagogue d’Antioche de Pisidie, en Actes 13, Paul se réfère à David. Quasiment tous les résumés de la prédication apostolique que les Actes nous présentent, font cela. A cette occasion, Paul veut amener son auditoire à voir, en Jésus de Nazareth, le « Sauveur parmi les descendants de David », c’est-à-dire celui que Dieu avait promis (Actes 13/23). Mais ce qui est très intéressant pour nous, c’est que Paul parle de David comme de celui en qui Dieu trouve quelqu’un qui va correspondre à ses désirs, qui accomplira sa volonté (Actes 13/22). Pour nous, ceci est très instructif. Paul, en fait, se réfère à quelque chose qui est en amont de 1 Samuel 16. En 1 Samuel 13/14, très exactement, il est dit que, contrairement à Saül, qui n’est plus le roi que le Seigneur se cherchait, il y aura un futur roi qui correspondra à ses désirs. David est donc attendu, par le récit, avant qu’il fasse irruption dans l’histoire. L’Eternel ne s’intéresse pas, comme Samuel peut s’intéresser, au teint clair, à la jolie figure ou à la mine agréable. Samuel doit aller jusqu’au bout de la lignée des fils de Jessé et faire venir des champs le petit dernier, avant de découvrir celui que Dieu a choisi. Pour être roi, l’apparence physique et la taille imposante d’un Eliab (v. 6) ou de ses frères, ne suffit pas. Car le Seigneur « ne juge pas de la même manière que les hommes, mais… regarde au cœur » (v. 7). C’est au cœur qu’est caché l’essentiel d’un être humain. Caché, entendons, aux yeux de ses semblables ; mais pas de Dieu. Le premier roi d’Israël, Saül, était justement un beau jeune homme dont la tête dépassait tous les Israélites (1 Samuel 9/2, 10/23) ; c’était un homme à part, il avait vraiment le look d’un roi (1 Samuel 10/24) ! Mais pour qu’il puisse co-régner avec YHWH, le véritable roi d’Israël, il lui a fallu une transformation touchant son être intérieur (1 Samuel 10/9). Et tragiquement, c’est de son cœur que sont venus les défauts qui ont fait que Saül se détourne du Seigneur pour lui désobéir (1 Samuel 15/11). David, lui aussi, est beau. Dans notre texte il est décrit comme un garçon aux cheveux roux, avec de beaux yeux et qui a belle apparence (1 Samuel 16/12). Tout cela est un plus, mais n’est pas l’essentiel. Ce qui compte pour David – et pour tout homme, toute femme – c’est ce qu’il est (c’est ce que nous sommes) dans son (dans notre) for intérieur. Car là, Dieu discerne un cœur fidèle. Non pas, bien entendu, un cœur parfaitement fidèle. Car David est un homme comme nous. Vous connaissez d’ailleurs son histoire. Vous ne pouvez vous empêcher de penser à l’épisode sordide qui a rajouté à l’adultère avec Bath-Chéba, le meurtre d’Urie, mari de celle-ci. Les grandes fautes de David sont connues, tout comme les conséquences lourdes pour lui et pour sa famille (cf. 2 Samuel 12/7-12). 1 Samuel 16 ne dit donc pas que David correspondrait parfaitement aux désirs de Dieu. Les "grands" de la Bible, peuvent être de grands pécheurs aussi. En revanche, tous dans le texte biblique n’apprennent pas leur leçon. David, si. Fort de son humiliation dans l’affaire de Bath-Chéba – vous vous en souvenez (2 Samuel 12/13-23) – David écrira le célèbre Psaume 51 : celui qui nous a servi de confession des péchés ce matin. De David viennent, également, ces paroles-ci : « Sonde-moi, ô mon Dieu, pénètre mon cœur, examine-moi, et pénètre les pensées qui me bouleversent ! Considère si je suis le chemin du mal et dirige-moi sur la voie de l’éternité ! ». Certains y reconnaîtront la fin du Psaume 139 (v. 23-24). Ce Psaume commence par une affirmation, « Eternel, tu me sondes et tu me connais » (v. 1), pour se terminer par une demande tout à fait conséquente : « dans ce cas, sonde-moi ». Dans ce Psaume, comme dans bien d’autres qui lui sont attribués et dont nous meublons aujourd’hui le culte, la profondeur du grand roi d’Israël transparaît. A son Dieu qui voit et sait tout de l’homme, qui sait à la fois ce qu’il pense (v. 2) et ce qu’il va dire (v. 4), devant qui on ne peut donc fuir (v. 7ss) – à ce Dieu-là, omniscient, dont les desseins sont pour l’homme impénétrables, innombrables (v. 17) –, David le chanteur-compositeur demande d’être connu au fin fond de son être. Ce regard du Seigneur qui traverse toute façade, David l’invite. Ce regard de Dieu pénètre tout. Et dans le cœur humain, il décèle – comme le dit Jésus (et comme nous avons lu tout à l’heure) – « les mauvaises pensées qui mènent au meurtre, à l’adultère, à l’immoralité, au vol, aux faux témoignages, aux calomnies, aux blasphèmes » (Matthieu 15/19). Que David ait eu ces pensées-là, il n’y a aucun doute. C’est la preuve de son humanité, c’est tout. Humanité comme la nôtre, humanité déchue et pécheresse. Mais ce qui est très remarquable chez David, c’est sa capacité à faire confiance au Seigneur. Plusieurs séquences dans les Psaumes qui lui sont attribués mériteraient qu’on s’y attarde. A partir du 139, que nous venons de voir, on le voit se confier au Seigneur qui le délivre (140/2), qui veille sur ses lèvres (141/3), qui est, pour lui, le seul abri sûr (142/6), qui lui indique quel sera le chemin à suivre (143/8) – qui, enfin, est celui qui l’aime fidèlement (144/2). Environ la moitié des 150 psaumes sont attribués à David et qui les connaît bien découvre à côté du vaillant guerrier, du grand ami de Jonathan, du grand roi qu’a été David selon les livres de Samuel, quelqu’un d’autre : là, nous sommes à un niveau plus profond, celui de David l’adorateur. Le Psaume 103 nous y donne accès (103/1-5), on y voit David le croyant (103/11-13), David le fidèle partenaire de l’alliance aussi (103/17-18) – David qui met la parole de Dieu en pratique. David, de toute évidence, sait et ne conteste pas comment le cœur humain, dont le sien, peut être tordu. Il ne doute pas que le Seigneur est parfaitement au courant de cela. Et du coup, ses Psaumes ne tentent aucune dissimulation, à aucun moment. Un Psaume de David est plutôt, disons, d’une franchise déroutante et décapante. David ouvre son cœur au regard du Seigneur qui sait d’où il vient et ce qu’il deviendra (103/13-16). Au moment où David écrit le Psaume 51, il a eu à confronter son propre péché. Dieu avait mis au courant le prophète Nathan, qui aide David à voir dans le gouffre de son propre cœur et à se rendre compte que ce qui s’y trouve n’est pas beau à voir (2 Samuel 11/13a). David reconnaît qu’il a besoin de rien de moins qu’un cœur renouvelé, et il sait où le demander : auprès du Dieu de toute miséricorde. Survolons une deuxième petite séquence. Mis à nu devant Dieu, David lui fait confiance (31/1517), il lui avoue ses fautes et il accueille son pardon ; comme nous, ce matin (32/1-5), il a goûté à la grâce du Seigneur et il sait que celui-ci est bon (34/8), que c’est le Seigneur qui est son Sauveur (35/1-3) et son refuge (36/8-10). Frères et sœurs, il ne nous est pas possible, ce matin, d’exploiter toutes les richesse des Psaumes de David, loin de là ! Le texte de 1 Samuel 16 nous permet surtout de constater comment, à compter du moment de son onction par Samuel, David va jouir de la présence de l’Esprit de Dieu (1 Samuel 16/13). Et c’est là l’onction véritable, celle à laquelle correspond comme un signe le geste de l’onction d’huile. Dans l’ancienne alliance, la présence du Seigneur de l’alliance par son Esprit est une denrée rare : chez David, elle témoigne d’un cœur renouvelé où Dieu vient habiter. Sous l’alliance renouvelée, le Christ par l’action du Saint-Esprit, et par la foi, vient résider dans l’intimité du cœur. L’apôtre Jean nous dit que « si notre cœur ne nous condamne pas, nous sommes pleins d’assurance devant Dieu » (1 Jean 3/20-21). Mais, dans son attitude de cœur, David est déjà l’exemple même du croyant. Pierre confirme que c’est par la foi que le Seigneur purifie nos cœurs. Jésus dit que seuls les purs de cœur verront Dieu (Matthieu 5/8). C’est dès les prophètes qu’on célébrait comme un don de Dieu un cœur rénové et disposé à connaître Dieu (Jérémie 24/7), un cœur dur comme de la pierre transformé en cœur de chair, obéissant et fidèle (Ezéchiel 36/26). De David, apprenons avant tout que, devant celui qui sonde les cœurs, il est inutile de feindre ou de dissimuler : tous nos désirs, tous nos soupirs sont connus de Dieu (Psaume 38/10) ; nous pouvons mettre tout notre espoir en lui (v. 16) ; nous pouvons chercher auprès de lui, notre Seigneur et Sauveur, notre secours (v. 23). Nous sommes chrétiens, par la foi au plus grand que David, dont la mort et la résurrection nous garantissent par la foi le pardon et la vie nouvelle qui s’enracinent au cœur de nos vies. C’est pourquoi le Nouveau Testament relie le cœur renouvelé de nos existences indéfectiblement à l’Evangile. Voici trois textes représentatifs : Dans « l’assurance d’un libre accès au sanctuaire par le sang de Jésus… approchons-nous d’un cœur sincère, avec une pleine foi, le cœur purifié d’une mauvaise conscience et le corps lavé d’eau pure » (Hébreux 10/22). Ou Paul aux Ephésiens : « Que le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père glorieux… illumine les yeux de votre cœur, pour que vous sachiez quelle est l’espérance qui s’attache à son appel… » (Ephésiens 1/17-18). Ou encore Paul aux Romains : « Si, avec ta bouche, tu reconnais en Jésus le Seigneur et si, avec ton cœur, tu crois que Dieu l’a réveillé d’entre les morts, tu seras sauvé. Car c’est avec le cœur qu’on a la foi qui mène à la justice, et c’est avec la bouche qu’on fait l’acte de reconnaissance qui mène au salut » (Romains 10/9-10). Enfin, laissons à Jésus lui-même, pendant son ministère, le dernier mot : « L’homme bon, du bon trésor de son cœur, fait sortir du bon… car c’est de l’abondance de son cœur que la bouche parle » (Luc 6/45). En effet ! Amen. Notre manque d'espérance… Abraham et Sara formaient un couple stérile ; pourtant Dieu les a appelés pour devenir les ancêtres d'une grande nation. Moïse avait des difficultés pour s'exprimer ; pourtant Dieu l'a appelé pour aller parler à Pharaon. David était le plus petit des fils de Jessé ; pourtant Dieu l'a appelé pour être roi en Israël. Jérémie était trop jeune pour prendre la parole dans les affaires publiques ; pourtant Dieu l'a appelé pour être son prophète. Pierre était impulsif, il est devenu renégat ; pourtant Dieu l'a appelé pour être le berger de son peuple. Paul persécutait l'Eglise ; pourtant Dieu l'a appelé pour être l'apôtre des nations. Aujourd'hui, Dieu nous appelle pour être témoins ; pour cela, il nous donne sa confiance. Mais parfois, nous manquons d'espérance pour nous, notre monde et nos prochains. Antoine NOUIS, La Galette et la Cruche — Prières et célébrations, 3° tome, Réveil Publications, 2002. Marie-Jeanne HANQUET, 1500 dessins pour la catéchèse et la liturgie, éd. Fidélité, 2010.