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Janvier 2014 N°24 Maires en Nord $662&,$7,21 '(60$,5(6 '8125' Mensuel de l’Association des Maires du Nord Tirage moyen 11 000 exemplaires No 8622 - Du 11 au 17 janvier 2014 © Sergey Nivens - Fotolia.com Supplément au n°8622 www.gazettenpdc.fr La sécurité informatique des collectivités Cotisation Foncière des Entreprises : édito l’AMF dénonce un mauvais coup porté aux finances locales Alors que les collectivités locales doivent délibérer d’ici le 21 janvier, elles ne sont toujours pas en mesure d’évaluer l’impact de la loi de finances 2014 (article 57) sans préparation suffisante et sans simulation claire sur ses conséquences. La réforme de la CFE est souhaitée par l’Association des maires de France car il est nécessaire de mieux adapter le barème de CFE à la capacité contributive du contribuable. Cependant, la délimitation des six nouvelles tranches n’est pas satisfaisante. Ce dispositif engendre en effet une perte de ressources pour les collectivités évaluée par les services de Bercy à 160 millions d’euros. Certaines collectivités, pour maintenir leurs ressources, devront voter des augmentations de 10 à 40% (pour celles qui ont réussi à mesurer l’impact de l’article 57). La décision du Conseil Constitutionnel du 29 décembre a confirmé partiellement nos inquiétudes, notamment au regard du principe de l’égalité devant les charges publiques concernant le dispositif initial visant les bénéfices non commerciaux (BNC), mais l’essentiel de la réforme demeure, avec les mêmes inconnues, lesquelles s’ajoutent aux mauvaises surprises de la CVAE («cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises»), en forte baisse. Dans le souci du respect du principe de sincérité budgétaire, et afin de permettre aux collectivités locales d’effectuer leurs prévisions budgétaires comme c’est le cas pour les taxes directes locales, l’AMF sollicite le report de l’ensemble du dispositif au 1er janvier 2015, ainsi qu’une poursuite de la réflexion où elle espère être entendue. Patrick Masclet, Président de l’Association des Maires du Nord Sommaire Dossier Sécurité informatique des collectivités Arnaud Benoît, chargé de mission TIC auprès du SGAR : «Pour être plus efficace, il faudra travailler avec la Région et les Conseils généraux !» �������������������������������������������� page 3 Une veille permanente des services de l’Etat sur les agressions contre les systèmes d’information numérique Un état des lieux disponible pour les collectivités chaque semaine ������������������������������������������������������������������������ page 4 Premiers retours d’expérience sous le regard d’experts ����������������������������������������������������������������������������������� pages 5-6 Maurice De Bosscher, responsable de Créatic «La dématérialisation avance mais il faut maintenant plus de cohérence et de transparence au niveau national !» ������������������������������������������������������������������������������������������ pages 7-8 Michel Decool, maire de Cappellebrouck «Dématérialiser permet de se consacrer à des tâches plus valorisantes !» �������������������������������������������������������� pages 9-10 Actualité La résiliation des marchés publics d’assurance : la primauté du code des assurances ������������������������������ pages 11-12 Carnet L’AMN à la Voix du Nord La Voix du Nord a invité les membres du Conseil d’administration pour une présentation et un débat autour du dispositif déployé par le quotidien régional pour les prochaines élections municipales : bilans des Maires, plate-forme internet, forums citoyens, mais aussi un plan TV avec la présentation d’un reportage sur la fonction de Maires et des débats télévisés sur WEO. «Je vote !!». Une opération pour accompagner le vote des personnes en situation de handicap intellectuel Le projet de l’amicale des Secrétaires de Mairie et des Directeurs Généraux des Collectivités Locales des arrondissements de Lille et Dunkerque, au profit des adhérents de l’association «Nous Aussi». «Je Vote !!» est un projet Jean-Pierre Decool, Député-Maire de Brouckerque, représentant qui prend en considération l’AMN et Vincent Pessemier, les contraintes en termes Président de l’Amicale des d’organisation des opéraDGS, lors de la présentation de tions électorales, de la gesl’opération tion des listes électorales à à Coudekerque-Branche. la publication des résultats tout en veillant à l’accessibilité physique des locaux. Une affiche a donc été conçue sur les textes de l’amicale par le dessinateur dunkerquois, et éducateur spécialisé de métier, Pierre Echevin. Voir renseignements complets et bon de commande sur le site de l’AMN. Conjoncture sur les finances locales : quelles tendances pour 2013 et quelles évolutions attendre ? Une réunion avec la Banque Postale Dans un contexte de resserrement des budgets locaux, Les experts nationaux de La Banque Postale, sont venus exposer les clés de décryptage de la situation financière actuelle des collectivités et quelques éléments de perspectives, selon les analyses économiques d’aujourd’hui, pour 2014. Madame Ringeval, Maire de RaillencourtSainte-Olle à l’honneur ! Elue conseillère municipale de Raillencourt-Sainte-Olle depuis 1977, Maire depuis 2001, Madame Maryvonne Ringevalle s’est vue remettre la médaille d’honneur régionale, départementale et communale, en présence de Patrick Masclet, Président de l’AMN, de François-Xavier Villain, Député-Maire de Cambrai, de Jacques Legendre, Sénateur du Nord et de Thierry Hegay, Sous-Préfet de Cambrai. Le Guide des élections municipales et intercommunales, une publication de l’Association des Maires du Nord Le guide pratique des élections, sorti début décembre 2013, est un outil de travail destiné aux élus locaux. Résolument pédagogique et largement inspiré par les questions soulevées par les élus eux-mêmes, il s’articule autour de 3 chapitres consacrés successivement à la candidature, à l’élection et aux lendemains du scrutin. Dossier Sécurité informatique des collectivités Arnaud Benoît, chargé de mission TIC auprès du SGAR : «Pour être plus efficace, il faudra travailler avec la Région et les Conseils généraux !» L’Etat n’est pas du tout inactif dans la mise en place de procédures sécurisant les systèmes informatiques publics. Veilles et aides financières aux collectivités territoriales sont en effet prises en charge par le SGAR en préfecture de Région. C hargé de mission TIC au Service général des affaires régionales (SGAR) en préfecture de Région, Arnaud Benoît doit gérer des fonds européens et promouvoir les nouvelles TIC1 auprès des collectivités du Nord-Pas de Calais. Il occupe avec Michèle Maret chargée, elle, de la veille informatique dans les territoires de la Zone de Défense (voir article page 4), une place clé dans l’observation des agressions informatiques contre ces collectivités. «Tout d’abord, explique-t-il, les collectivités ne sont pas du tout désarmées contre ces attaques, elles disposent si elles le demandent, des résultats et des analyses des veilles que Michèle Marlet, déléguée 0ZSSI Zone Nord et son service, effectuent quotidiennement.» Ce qui préoccupe l’Etat c’est un certain nombre de dangers potentiels… «D’abord, poursuit-il, la sécurité informatique concerne tout le monde y compris les particuliers travaillant des entreprises ou collectivités qui transportent de plus en plus d’informations. La principale menace vient de là, elle est indirecte et vise les employés et les cadres d’autant que l’informatique fait partie de notre vie quotidienne, citons par exemple le télé travail, les réseaux sociaux etc. Donc l’informatique sort des murs de l’entreprise chaque jour un peu plus et ce sont les cadres le plus souvent qui sont détenteurs d’un savoir qui en intéresse plus d’un à l’extérieur…Ce nomadisme se manifeste par exemple par le fait d’emporter chez soi, via des moyens de transports publics ou parfois aléatoires, toute voiture peut avoir un accident ou une panne fragilisant son occupant, des applications parfois extrêmement sophistiquées et sensibles.» Pour lutter contre ces conséquences, il existe des moyens… «Absolument, confirme Arnaud Benoît, le cryptage des clés USB par exemple. Mais aussi toutes les recommandations contenues dans les thématiques de l’intelligence économique. Il est possible par ailleurs de subventionner la sécurité et les collectivités doivent se manifester et mieux communiquer entre elles et avec nous, je pense à la Région et aux Conseils généraux.. Il faudra mutualiser des moyens pour créer des outils nouveaux. Les communes dont certaines sont parfois placées près d’entreprises «sensibles», dématérialisent de plus en plus de documents : sur les familles, sur des échanges Il arrive que mairie et entreprise soient situées si près l’une de l’autre qu’assurer la sécurité informatique de l’une rejaillit sur l’autre… comme ici dans l’Amandinois. d’informations avec l’Etat ou des ministères etc, et cela prend un volume significatif depuis 10 ans. Donc le danger augmente d’autant que ces communes sont de plus en plus en réseaux et qu’elles n’ont pas toutes les mêmes moyens de se protéger.» Il existe des codes de bonnes pratiques, des référentiels et des procédures : animation régionale dues au réseau de veille de l’Etat par exemple. Dans ses priorités nationales, le Gouvernement a sorti une feuille de route informatique sur les 4 à 5 ans à venir : le volet Sécurité y occupe une place assez importante. «Il est certain, poursuit Arnaud Benoît, que l’émergence d’intercommunalités plus puissantes qu’avant et couvrant un territoire plus cohérent et plus volumineux est de nature à faciliter la façon dont nous allons travailler à tout cela. Moins d’interlocuteurs, dont plus de rapidité dans la décision, plus d’efficacité dans l’application, voilà les avantages de ces intercommunalités agrandies ou nouvelles. Sachant que les communes ne peuvent pas seules financer des investissements lourds en matière de protection. Il existe pour cela des fonds régionaux, nationaux et européens. N’oublions pas non plus qu’il y va de la protection des droits et des libertés. Enfin, il faudra hiérarchiser les priorités d’intervention en fonction d’urgences définies au plus près du terrain. C’est là que nous devons travailler, nous l’Etat, plus près de la Région et des deux Conseils généraux.» 1. Technologies de l’information et de la communication. 3 Dossier Sécurité informatique des collectivités Une veille permanente des services de l’Etat sur les agressions contre les systèmes d’information numérique Un état des lieux disponible pour les collectivités chaque semaine Les maires et les présidents d’EPCI peuvent être informés à leur demande sur ces menaces qui sont recensées et analysées par un service dépendant du Premier ministre et du ministre de l’Intérieur, l’Oz SSI (Observatoire zonal de la sécurité des systèmes d’information numérique). L ’Oz SSI du Nord (zone de Défense) est situé en préfecture de Région à Lille, une fonctionnaire, Mme Michèle Marlet, est chargée de cette mission et de l’observatoire en général. La protection par l’Etat est locale et centrale, elle a été décidée à la suite de la parution du «Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale», elle se fait dans le cadre de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information. Régulièrement dans notre région, ont lieu des conférences, des échanges et des colloques sur ces thématiques. En octobre 2011 à Marcq-en-Baroeul, l’un d’eux a traité des collectivités locales et de la sécurité des systèmes d’information, c’est dire si le problème est préoccupant même à l’échelon local. D’ailleurs les entreprises et les opérateurs figurent dans la liste des acteurs que l’Etat a retenus pour relayer partout les mesures qu’il a prises pour améliorer ce type de sécurité. Une entreprise de chimie-pharmaceutique hautement Sévéso de l’Amandinois est évidemment une cible privilégiée sous surveillance constante. Mme Marlet peut être jointe1 puisqu’elle est en contact avec ces acteurs à la fois pour recueillir des informations et en diffuser. Elle peut renseigner sur un certain nombre Toute entreprise située le long d’une voie de communication vitale, ici la ligne SNCF Lille-Valenciennes-Maubeuge, peut être la cible d’attaques visant à neutraliser les communications. 4 de déclinaisons de la problématique: les réglementations, les bonnes pratiques sécuritaires, les certifications et qualifications, et bien entendu la veille elle-même diffusée à tous les ministères mais aussi aux collectivités qui l’auront demandée. Le pointage des agressions dans la «bulle informatique» (entre autres informations car il n’y a pas que les menaces) est fait chaque semaine, il surprendra ceux qui pensent que la question est anecdotique. Pour information, ce n’est ici qu’un exemple, la synthèse de veille SSI du 4 mai 2012 comportant les chapitres : attaques informatique et cyber criminalité, protection et sécurité, tendances actuelles des menaces sur la sécurité des systèmes d’information, relaie l’information suivante: «France-Belgique : Un groupe d’attaquants exige 150 000 € pour des données bancaires : ils menacent de mettre en ligne ces informations dérobées depuis des serveurs d’une filiale de la banque Dexia si celle-ci ne verse pas une rançon.» 1. [email protected] et 03 20 30 59 20. Dossier Sécurité informatique des collectivités Premiers retours d’expérience sous le regard d’experts Sur l’initiative de l’AMN et de Créatic (CDG 59), un élu de la ville de La Madeleine et un officier de gendarmerie chargé des missions d’intelligence économique ont confronté leurs expériences innovantes d’administration numérique, avec en toile de fond les directives officielles à appliquer. Très instructif ! B ernard Debrabant, adjoint de La Madeleine (métropole lilloise) délégué aux Ressources municipales et le lieutenant-colonel Pascal Leplongeon de la Région de gendarmerie du Nord-Pas de Calais ont échangé en compagnie de Maurice De Bosscher (Créatic) sur de nombreuses thématiques. Ainsi la façon dont se pilote dans les communes notamment mais aussi avec les administrations, la dématérialisation des actes, la mise en œuvre de la signature électronique, la mise en place de procédures de sécurité, les freins à tout cela, les difficultés de conception de l’édifice, et quelles étaient les nouveautés apparues récemment dans les systèmes électroniques eux-mêmes. A La Madeleine, ville en avance de quelques années, Bernard Debrabant témoigne de ses pratiques au quotidien : «La dématérialisation concerne la paye en priorité mais s’est étendue à d’autres secteurs. Il existe différents niveaux de moyens selon les réseaux utilisés, par exemple avec les préfectures, ou plus basiques. Le «parapheur électronique» municipal me permet de chez moi de signer des mandats mais seulement parce que je suis adjoint aux finances…Je me connecte, je suis identifié grâce à un certificat et à un code personnel et j’accède aux bordereaux que je consulte puis je clique sur signer mais ensuite il me faut des informations supplémentaires, autoriser l’opération etc, ça devient plus complexe, car chaque étape comporte des contrôles. Certes çà s’améliore grâce à quelques mises à jour récentes. Mais on voit quand-même que la sécurité a pour corollaire une utilisation plus lourde.» «Oui mais n’oubliez pas que vous signez des ordres de virements sur des comptes bancaires, ce qui impose des règles de sécurité importantes, si un jour il arrive un problème c’est la confiance dans tout le système qui sera remise en cause» rappelle Maurice De Bosscher. En positif, l’élu peut consulter le document et le signer de où bon lui semble, chez lui ou en déplacement... «Mais, reconnaît Bernard Debrabant, on voit que mobilité de l’élu et sécurité s’opposent encore !». Ce que confirme Pascal Leplongeon : «Oui, la question est de savoir qui peut entrer dans ce flux informatique qui circule par le web ouvert à tous, le danger est grand ! N’oublions pas qu’on entre par htpp:// qui est fragile.» Pour Bernard Debrabant, «Il faut de nouvelles sécurités pour favoriser la mobilité !». «C’est faisable par un VPN (réseau privé virtuel), poursuit M.Leplongeon, on peut le faire installer par un prestataire.» «Oui, mais quid du serveur qui héberge tout ça ?» demande Maurice Debosscher. Pascal Leplongeon rappelle une règle de sécurité importante : il faut que tout soit hébergé en France. D’ailleurs un projet de cloud souverain réservé aux administrations publiques est à l’étude. La souplesse d’utilisation attire d’autres remarques. Un élu peutil disposer d’autres signatures que celle qui lui est attribuée pour sa délégation ? «Non pas à La Madeleine en tout cas, répond Bernard Debrabant. Il faut une signature pour chaque opération différente.» Faut-il doter chaque élu d’une cartouchière de signatures alors, demande M. De Bosscher ? Impossible et pas souhaitable et pourtant dans les 3 exemples de dématérialisation du contrôle de légalité proposés par l’Etat 3 types de certificats et 3 supports différents sont proposés. Bref, est finalement posé le problème de l’identité numérique. Devant les maires du Nord en congrès à Lille, la ministre Fleur Pellerin avait évoqué la question mais Bernard Debrabant constate que l’Etat n’est toujours pas acteur fédérateur dans ce dossier et que pour l’instant les initiatives de dématérialisations partent un peu dans tous les sens. De plus en 2014, la grande thématique étatique sera la sécurité et la protection. Donc rien de surprenant à ce qu’aujourd’hui, 3 ministères organisent le contrôle de légalité mais chacun via son propre système. Pour l’élu madeleinois cependant, des choses avancent mais sont assez méconnues : «Nos relations dématérialisées avec LMCU fonctionnent déjà, lors du prochain mandat, cela va monter en puissance. De même avec des villes métropolitaines, Marcq-enBaroeul ou Lambersart par exemple, s s s 5 s s s des choses se mettent en place. Mais par exemple pour l’archivage définitif des documents électroniques, cela reste compliqué, car archiver pour 90 ans et même plus ne s’improvise pas. Il faut donc mutualiser et l’initiative du CDG en matière d’archivage électronique est intéressante.» Maurice De Bosscher constate que «Les petites et moyennes communes n’ont pas les moyens techniques et humains contrairement aux intercommunalités ou certains établissements publics comme le CDG.» Monsieur Debrabant renchérit : «On voit en fait que chaque commune est compétente dans un domaine, en fait c’est d’harmonie globale dont nous avons besoin. » A La Madeleine toujours, une vaste démarche Qualité a été entreprise. Pour la partie accueil du public, la certification minimale de la collectivité territoriale a trouvé là sa justification via la «charte Marianne». Pour la gestion interne des mesures techniques : un antivirus par poste, un pare-feu, des sauvegardes locales et à distance et des mesures organisationnelles : une charte informatique, des procédures écrites pour traiter les incidents… font partie de cette démarche qualité. Pascal Leplongeon et Bernard Debrabant ont fait le point sur la sécurité informatique avec acuité et pertinence. Les perspectives Le diagnostic Sécurité vu de Créatic «Nous avons défini un diagnostic sécurité simplifié en 10 points qui fait l’unanimité pour tous ceux qui mettent en place des procédures dématérialisées comme dans le cas de COMEDEC. Cette procédure de dématérialisation de la vérification des pièces d’état civil présentées en appui d’une demande de documents d’identité impose par convention le respect de règles de sécurité qui sont en grande partie celles que nous préconisons. Un partenariat avec la Région propose un diagnostic plus complet (EBIOS) avec un financement partiel.» La sensibilisation des élus aux problèmes de sécurité «Si l’on prend en compte la connaissance des risques chez les élus, ce que fait La Madeleine est magnifique, explique Maurice De Bosscher. La sensibilisation à la sécurité informatique est faite pour éviter la catastrophe en mairie , quand on a évoqué des aspects très concrets, quand on a réussi à atteindre les maires, notamment grâce à l’AMN, quand on a fait prendre conscience des dangers, alors le maire finit par se responsabiliser. A cela une raison supplémentaire: le manque de moyens techniques, humains et financiers. Mais l’intercommunalité n’en a pas forcément plus !». Commentaire de Pascal Leplongeon : «Quand la dématérialisation des appels d’offres sera généralisée, il y aura du danger…Il faut aussi apprendre à travailler avec les entreprises. En 2014, de nouvelles directives européennes vont obliger à rendre publiques certaines données jusque-là confidentielles». 6 Dossier Sécurité informatique des collectivités Maurice De Bosscher, responsable de Créatic «La dématérialisation avance mais il faut maintenant plus de cohérence et de transparence au niveau national !» Responsable de Créatic depuis 2006, Maurice De Bosscher a vécu les étapes de l’avancée de la dématérialisation dans les collectivités de la région : 2006 première expérience positive en Hainaut (CAPH), 2010 la dématérialisation du contrôle de légalité (le déclic), aujourd’hui demande de clarté dans les intentions de l’Etat et d’harmonisation de tous les systèmes pour mieux revenir travailler dans les territoires. E n 2006, Marc Montuelle, président du CDG 59 et son directeur JeanLouis Baju ont souhaité aider les collectivités à prendre l’outil informatique en mains d’autant qu’ils leur avaient demandé d’utiliser un tableur pour le bilan social un peu avant, avec un résultat décevant... Des partenariats avec la Région et le FEDER sont alors signés pour mieux atteindre les collectivités. D’autant que cette «mission informatique» que s’est confiée de lui-même le Centre de Gestion du Nord dès 2005 doit trouver ses propres financements. Un pas supplémentaire est fait avec la création de Créatic en 2006 qui va s’emparer de cette tâche, et avec l’arrivée de Maurice De Bosscher qui vient du privé, de l’horizon associatif dans la formation en informatique. Il a dans ses compétences la maîtrise de la formation professionnelle – d’agents déjà –, la connaissance des équipements en informatique, un acquis avec des projets fédérateurs menés à bien et enfin beaucoup de contacts dans le privé et le public. Dans un premier temps, il agit sur le Centre de Ressources du CDG 59 mais, très vite, sa mission va déborder. «Il fallait d’abord en 2007 nouer les premiers contacts avec le monde des élus, explique-t-il, s’en faire des partenaires dans un plan d’action consensuel et réaliste. La CA Porte du Hainaut se prête au jeu avec un certain succès puisque des collectivités ont accepté pendant 2 ans d’expliquer leurs attentes et de se mettre en route concrètement.» Créatic va en 2010 s’appuyer sur l’impulsion donnée par l’Etat de dématérialiser le contrôle de légalité auprès des préfectures. Le CDG 59 va donc agir en signant une convention avec l’Association des Maires du Nord et le préfet de Région pour aider les collectivités à dématérialiser. Le département du Nord était alors en la matière au 93e rang national avec seulement 16 collectivités nordistes dématérialisant déjà les actes à transmettre. «Ce fut une réussite, on peut même dire le déclic, se souvient Maurice De Bosscher, Jean-Louis Baju avait vu juste, la dématérialisation venait de signer son acte fondateur et nous, Créatic, on commençait à mieux s’organiser. Par exemple en constituant un groupement de commandes, et donc d’appels aux prestations du privé s’appuyant sur les marchés que nous passons. Ce grand groupement a rassemblé 550 collectivités (60%) du Nord !». L’outil Créatic moderne était sur les rails avec jusqu’à une dizaine de collaborateurs au CDG 59 sur la zone du Hellu. «L’idée était alors de fournir aux collectivités, explique M. De Bosscher, un accompagnement complet dans leurs efforts de dématérialisation : un logiciel efficace, des formations et une assistance. Un service aussi puisqu’il leur suffit de nous appeler en cas de problème, d’aller sur notre site où nous donnons les réponses aux questions les plus fréquentes, nous organisons des réunions de toutes sortes avec elles, des stages de formation sur place avec des ordinateurs portables, nous simulons des situations avec tests d’évaluation, c’est vraiment un accompagnement complet et permanent. Nous avons du temps, de la patience, du matériel et des compétences remises à Maurice De Bosscher, responsable de Créatic, a beaucoup de recommandations à adresser aux élus. jour régulièrement puisque l’informatique évolue chaque jour.» Créatic veut aujourd’hui avoir pignon sur rue et une vraie identité pour être écouté des décideurs institutionnels. D’abord attendre après les élections municipales la nouvelle composition du conseil d’administration du CDG 59. Mais aussi quelles orientations le Syndicat mixte du Très Haut Débit prendra et quelle place aura dans le dispositif Créatic ou le CDG. «Nous continuons, rappelle Maurice De Bosscher, à accompagner la dématérialisation : les titres et bordereaux de paiement notamment (à destination s s s 7 s s s des Trésoreries), après les élections, on verra…». Créatic a déjà préparé un «Pack de services minimum» dans lequel il a sagement inclus la sécurité informatique. «En effet, Créatic a fait depuis longtemps des diagnostics dans les collectivités qui ont montré qu’il y avait souvent des problèmes. Donc la sécurité est primordiale d’autant que des collectivités ne sont pas au point et que les dématérialisations vont prendre de l’ampleur ce qui va multiplier les risques de toutes sortes. Au point que l’on se dit que les collectivités qui en sont au stade zéro, il vaut mieux temporiser la dématérialisation en attendant d’être au point bien entendu.» Pour Jean-Louis Baju, les enjeux et les priorités dans le domaine du numérique reposent sur 3 axes de travail : la Sécurité des Systèmes d’Informations, le pack de services minimum et l’archivage électronique. Créatic négocie actuellement un virage décisif. Faire descendre à Paris le vécu de la dématérialisation mais aussi faire remonter des ministères, de Matignon ou du Parlement des informations sur ce que veut faire l’Etat, est devenu primordial.… «Aujourd’hui, rappelle Maurice De Bosscher, la décentralisation est en discussion au Parlement Nous voudrions que les CDG soient eux aussi partie prenante sur ces questions. Allons plus loin : la mutualisation doit être d’abord nationale pour ensuite mieux servir les régions. Il faut s’entendre entre structures pour avoir les mêmes pratiques, un kit unique ou au moins interopérable. Exemple au sujet des groupements de commandes. Pourquoi ne pas tous commander massivement au même fournisseur un même produit ou service et ainsi obtenir des prix ?». Hélas demeurent encore quelques inconnues : «Oui, regrette Maurice De Bosscher. Nous ne savons pas exactement ce que l’Etat veut faire. Certains organismes de mutualisation nationaux partent dans des directions différentes les uns des autres. Donc en matière de logiciels notamment, on va vers la disparité. Nous sommes à la croisée des chemins.» Rappel des enjeux de l’administration électronique pour l’AMF Convergence technologique : pour assurer la sécurité juridique et technique des télétransmissions, et pour éviter la dispersion des moyens financiers, l’AMF demande une convergence technologique des solutions de dématérialisation de l’Etat vers les solutions les plus abouties et systématiquement conformes aux règlementations en vigueur (certificats le signature conformes au RGS, plateforme d’échange et de confiance, parapheur unique, flux de données structurées XML, appui sur des référentiels transversaux). Impacts financiers : l’administration électronique ne saurait conduire à des transferts de charge vers les collectivités et leurs groupements. L’AMF recherche l’efficacité dans les meilleures conditions financières pour les collectivités et se prononce en particulier pour la mise en place d’un portail d’échanges des flux gratuit, géré par l’Etat. L’AMF rappelle également son souhait que la carte de signature électronique, qui sera bientôt délivrée par l’Etat à tous les officiers d’état civil dans le cadre de la vérification dématérialisée des données d’état civil, constitue l’unique outil de signature électronique des premiers magistrats des communes et de leurs adjoints. Mais il lui paraîtrait aussi opportun et équitable d’en prévoir la délivrance, dans les mêmes conditions de gratuité, aux présidents et aux vice-présidents des EPCI de façon à ce que cette carte sécurisée soit l’unique instrument de signature pour tous les domaines de l’administration impliquant l’Etat, les communes et les EPCI. Rien ne serait en effet plus fâcheux pour la sécurité des échanges dématérialisés entre l’Etat et les communes ou communautés, dont les projets sont fort nombreux (contrôle de légalité, contrôle budgétaire, inscription en ligne sur les listes électorales, recensement citoyen en ligne, dématérialisation des autorisations d’urbanisme,...), de prévoir des modes de signature différents pour chaque procédure et moins sécurisés. La simplicité d’utilisation de ces nouveaux modes d’échanges entre toutes les administrations publiques reste en effet la clé de leur succès futur. De plus, en ces temps de restrictions budgétaires, il est plus que jamais nécessaire de rationnaliser ces outils et de les mutualiser. Voir article paru page 5 dans Maires en Nord no 15. Maires en Nord - Périodique de l’Association des Maires du Nord 10, rue Alexandre Desrousseaux B.P.1179 - 59013 LILLE Cedex Tél. : 03 20 42 99 41 - FAX : 03 20 42 88 19 E-mail : [email protected] Directeur de Publication : Patrick MASCLET Création, réalisation et impression : Publicité commerciale : Aurore BURNEL au 06 22 60 75 80 [email protected] - Dépôt légal à parution 100% Produkt certyfikowany Certifié PEFC przez PEFC Tenproduit produktestpochodzi Ce issu de forêts z lasówdurablement zarządzanych w trwały gérées et de sources contrôlées i zrównoważony sposób oraz z kontrolowanych źródeł. www.pefc.org www.pefc.org 100% 75% 8 70% Dossier Sécurité informatique des collectivités Michel Decool, maire de Cappellebrouck «Dématérialiser permet de se consacrer à des tâches plus valorisantes !» Maire de Cappellebrouck, cet ex-ingénieur d’Arcelor est un inconditionnel de la dématérialisation et de l’informatique en général dans le secteur public. Il se transforme souvent en avocat d’une cause mal comprise de ses pairs et des syndicats d’agents de la FPT. Et pourtant, que d’avantages… L a Communauté de communes de la Colme (proche de Bergues) fusionne avec 4 autres devenant la Communauté de communes des Hauts de Flandre et Michel Decool, une fois les élections municipales passées, aimerait prendre en charge une délégation nouvelle, la modernisation de la vie publique dans laquelle, évidemment, l’informatisation occupe une place prépondérante. Voilà résumé cet élu attachant et passionné dont la particularité est d’être capable d’avoir une vision privée et publique de la vie de ses concitoyens et de la façon de la gérer. Il fut longtemps ingénieur chez Arcelor et le dit tout net : «En matière d’informatique, le public a 10 ans de retard sur le privé !». Il faut dire qu’il s’y est pris tôt en matière de dématérialisation des actes dans son intercommunalité, il fut même précurseur dans le département et pour l’instant il souffre d’être pratiquement le seul élu dans son cas dans le pays de Bergues… «C’est arrivé comme ça, sourit-il, ma secrétaire de mairie trouvait que l’informatique c’était bien mais difficile et coûteux, entre 1 000 et 2 000€ un bon logiciel, ça faisait beaucoup pour Cappellebrouck… Président de la Colme, j’ai abordé la question avec mes conseillers communautaires. On avait les mêmes logiciels sauf un sur 11 communes. Alors pourquoi pas un serveur central et négocier des prix avec une société spécialisée ?». Voilà donc 4 ans de cela que l’aventure a commencé, il y eu de grosses difficultés avec cette société car de 11 contrats elle passait à un seul, certes plus important mais les vendeurs de logiciels connaissaient des problèmes commerciaux croissants… «Lors d’un congrès des maires de France à Paris, se souvient Michel Decool, le hasard m’a fait rencontrer dans son stand le directeur commercial de cette même société. On en a reparlé et finalement on a trouvé un terrain d’entente : un seul serveur, une personne pour les mises à jours et moins 30% du coût total, et au lieu de 11 contrats, un seul.» Chaque commune avait son logiciel, on sauvegardait avec une disquette. Mais là à la Communauté de communes, tout était sécurisé : une mise à jour automatique et une sauvegarde en cas de vol ou de sinistre. Il a fallu demander l’aide de Créatic qui mit un technicien à disposition. «Tout est très simple désormais, explique le maire-président, on passe par Internet, des liens sont en place, un mot de passe et on navigue. J’ai présenté tout cela au Conseil régional et les remarques sont surtout venues des… syndicats d’agents. Ils craignaient que je n’enlève du travail aux agents en volume. J’ai donc expliqué à Daniel Michel Decool face à un nouveau pari : convaincre ses collègues du bien fondé de l’informatisation de la prochaine grande Communauté de communes. Percheron et Jean-Louis Baju qu’au contraire, je rééquilibrais les tâches et que je montais en puissance en formation professionnelle des agents ce qui est toujours une bonne chose.» Michel Decool a surtout dû organiser la maintenance, point assez délicat. «Il nous a fallu des formations complémentaires, dit-il, grâce encore une fois au CDG 59-Créatic qui travaille mais s s s 9 s s s sans prendre le marché à l’entrepreneur. Il a délimité trois niveaux d’intervention : c’est-à-dire maintenance simple, ensuite si c’est plus complexe c’est Créatic lui-même qui intervient et si c’est vraiment plus important, nous faisons appel à une entreprise. Mais c’est une personne spécifique qui assure la maintenance.» Avec la prochaine fusion entre communes (41 pour 54 000 habitants), la donne change. «Je suis trop en avance par rapport aux autres intercommunalités et communes, explique Michel Decool. J’allais avoir un logiciel polyvalent, un ERP qui prend en compte tous les domaines sauf l’Etat civil. Donc il faudra 2 ans pour y arriver d’autant que ce n’est pas donné financièrement.» En fait le plus gros travail pour notre élu est maintenant de convaincre ses collègues des bienfaits de l’informatisation. «J’ai déjà commencé, j’ai fait des démonstrations, sourit-il, mais il 10 y en a qui sont très conservateurs, ils aiment le papier… et ils ont peur des changements que cela entraînerait.» Michel Decool a la réponse : le travail de l’agent en est valorisé, la proximité est conservée et l’intelligence triomphe. «En interco, on partage les charges, note-t-il, mais les compétences aussi. Chaque Communauté de communes a sa petite spécialité chez nous, nous à la Colme c’est l’Enfance et la Jeunesse et bien sûr l’Informatique. On peut aider mais il est clair que les affectations des personnels bougent. Et n’oublions pas d’autres effets comme la promotion du télé travail. Il y en a qui ne veulent même pas en entendre parler. Quant aux syndicats, ils veulent des verrous partout. L’ERP on va l’avoir dans une société spécialisée, comme cela on ne gère même plus notre serveur. Et on attend avec impatience la fibre optique, d’ailleurs la Région et les deux départements créent un syndicat mixte et nous aurons l’enfouissement des réseaux et la pose des fourreaux dans le cadre du Plan régional Haut Débit.» Bref, Michel Decool pose des jalons un peu partout pour entraîner ses collègues dans cette aventure qui n’en est plus vraiment une. S’il a la responsabilité de la modernisation publique dans la prochaine grande intercommunalité, il devra pouvoir aller dans toutes les applications de ses collègues. Quid de la sécurité dans un tel contexte ? «J’ai demandé à Créatic, répond-t-il, une clé électronique sécurisée avec un code qui change et je reçois le document demandé sur ma messagerie. J’ai accès au logiciel et je consulte, annote et valide comme pour les bordereaux de mandat.» Optimiste Michel Decool ? «Oui, avec le temps tout cela se mettra en place. On a un avantage dans les intercommunalités, c’est que les sites Internet sont acceptés sans problème, c’est un bon début, donc le reste viendra tout naturellement en son temps !». Actualité La résiliation des marchés publics d’assurance : la primauté du code des assurances L’Association des Maires de France a pris connaissance de difficultés rencontrées par certaines communes dans l’exécution de leurs marchés publics d’assurance, qui s’inquiètent de ce que les assureurs peuvent décider, unilatéralement, de mettre fin à leurs obligations en raison de l’évolution de leur taux de sinistralité. Cette situation nous donne l’occasion de rappeler, par la présente note, les règles relatives à la résiliation des marchés publics d’assurance. Ce n’est que dans l’hypothèse d’une «aggravation du risque» que l’assureur peut décider de résilier le marché, la difficulté étant de définir ce que recouvre cette notion non définie par le code des assurances. T out d’abord, le code des assurances prime sur le droit des marchés publics. En principe, les parties à un marché public ont la possibilité d’encadrer, par les clauses du contrat, les modalités de sa résiliation. Cette possibilité est néanmoins contrôlée par le juge : il a ainsi récemment été jugé que la clause d’un marché public permettant au contractant de l’administration de prendre l’initiative de sa résiliation était de nature à porter atteinte à la continuité du service public et était donc contraire à l’ordre public (CAA Nancy 27 mai 2013, MuCEM, req. n° 12NC01396). Cependant, ce principe protecteur des intérêts poursuivis par les personnes publiques ne s’applique pas aux marchés publics d’assurances, soumis aux dispositions spéciales du code des assurances. En effet, en vertu de la hiérarchie des normes, un texte de valeur législa- s s s 11 s s s tive – c’est le cas d’une partie du code des assurances – prime sur un texte de nature réglementaire – c’est le cas du code des marchés publics. Pour autant, les règles de résiliation des contrats ne sont pas spécifiquement réglementées par les dispositions du code des marchés publics. Ces règles résultent de principes généraux érigés par la jurisprudence administrative qui n’ont, en tout état de cause, qu’une valeur «infra-législative», c’est-à-dire que la loi peut toujours les mettre en échec. Il en résulte que la partie législative du code des assurances l’emportera sur ces principes définis par la jurisprudence administrative. Le code des assurances autorise les assureurs à résilier de façon anticipée leurs contrats en cas d’aggravation du risque. En droit, le code des assurances permet à l’assureur de résilier le contrat en cas d’évolution du risque1. L’article L 113-4 dispose à cet égard : «En cas d’aggravation du risque en cours de contrat, telle que, si les circonstances nouvelles avaient été déclarées lors de la conclusion ou du renouvellement du contrat, l’assureur n’aurait pas contracté ou ne l’aurait fait que moyennant une prime plus élevée, l’assureur a la faculté soit de dénoncer le contrat, soit de proposer un nouveau montant de prime. Dans le premier cas, la résiliation ne peut prendre effet que dix jours après notification et l’assureur doit alors rembourser à l’assuré la portion de prime ou de cotisation afférente à la période pendant laquelle le risque n’a pas couru. Dans le second cas, si l’assuré ne donne pas suite à la proposition de l’assureur ou s’il refuse expressément le nouveau montant, dans le délai de trente jours à compter de la proposition, l’assureur peut résilier le contrat au terme de ce délai, à condition d’avoir informé l’assuré de cette faculté, en la faisant figurer en caractères apparents dans la lettre de proposition». Ce n’est donc que dans l’hypothèse d’une «aggravation du risque» que l’assureur peut décider de résilier le marché, la difficulté étant de définir 12 ce que recouvre cette notion non définie par le code des assurances. C’est la raison pour laquelle il est conseillé aux acheteurs publics de «s’assurer que la notion d’aggravation du risque est clairement définie et délimitée dans le contrat. Pour ne pas donner un avantage trop déséquilibré au profit de l’assureur, la cause d’aggravation devrait être liée au comportement de la personne publique ou aux évènements sur lesquels elle a une prise²». Dans le même sens, il a été souligné qu’«un tel dispositif suscite de nombreuses questions : on relèvera tout d’abord que l’aggravation du risque devrait être nécessairement intimement liée à l’assuré (sinistralité dégradée, acquisition d’un bien meuble ou immeuble présentant un risque particulier, prise en charge d’une nouvelle activité à risques, etc) (…). Il ne semble pas acceptable d’admettre une conception extensive de cette notion qui serait préjudiciable aux intérêts de la collectivité ; or les assureurs ont une propension à vouloir exploiter tous les évènements, comme les catastrophes naturelles ou industrielles (…) pour prétexter une aggravation des risques quand bien même la situation personnelle de l’assuré (y compris sa sinistralité) ne serait-elle pas affectée directement par ces évènements, et «proposer» de fortes augmentations de prime à leurs assurés. De ce point de vue, il appartient aux pouvoirs adjudicateurs de stipuler des clauses qui définissent et délimitent précisément le contenu de la notion d’aggravation des risques : ce n’est qu’en donnant une acception contractuelle restrictive de cette notion que l’assureur se trouvera limiter dans son droit à éventuellement résilier le contrat sans que par ailleurs cela ne préjudicie à son droit de réclamer une indemnisation3». Les marchés d’assurance font donc figure d’exception parmi les contrats publics, pour lesquels le droit de résiliation unilatérale n’appartient en droit qu’à la personne publique pour un motif légitime reposant sur la faute du titulaire ou la sauvegarde de l’intérêt général. Or, l’exercice de ce droit de résiliation par les assureurs est susceptible de porter préjudice aux collectivités territoriales. D’une part, il se concilie mal avec les obligations de mise en concurrence des entreprises et au choix de l’offre économiquement la plus avantageuse qui s’imposent à elles. Il peut paraître contradictoire que le candidat sélectionné ayant présenté l’offre la plus intéressante, notamment financièrement, puisse en cours d’exécution mettre fin à ses obligations car le montant de la prime n’est plus assez élevé. D’autre part, le délai de prise d’effet de la résiliation de dix jours fixé par l’article L. 113-4, se combine mal avec les délais des procédures de consultation des marchés publics, de sorte que les collectivités se trouvent ipso facto non assurées pendant le temps nécessaire à la conclusion de son nouveau contrat. Outre les coûts induits par cette nouvelle consultation, il fait donc courir à la collectivité le risque de prendre à sa charge les frais liés à la survenance d’éventuels sinistres. C’est la raison pour laquelle, en l’état actuel du droit, il est important que les collectivités rédigent soigneusement leurs contrats d’assurance pour délimiter la notion d’aggravation du risque en cours de contrat et par voie de conséquence, l’étendue du droit de résiliation des assureurs. Source : AMF. 1. L’assureur dispose également du droit de résilier le contrat de manière unilatérale, à l’échéance annuelle de celui-ci (article L. 113-12 du code des assurances). Ce droit est également ouvert à l’assuré. 2. Dictionnaire Permanent «Commande Publique», Etude Marché d’assurances, Editions législatives. 3. De la résiliation appliquée aux marchés publics d’assurance, Eric Pourcel, Revue Contrats et Marchés publics, février 2008.