Nos soldats morts pour la France de 1914 à 1918.

Transcription

Nos soldats morts pour la France de 1914 à 1918.
Nos soldats morts pour la France de 1914 à 1918.
La première victime est Louis Quentin. Il est né le 18 septembre
1885. Il avait deux frères, Désiré, mobilisé lui aussi et Emile qui était aveugle.
Sa cécité étant due au fait qu'il avait reçu une boule de neige dans l'œil étant
enfant. Il avait aussi une sœur Philomène qui a toujours pris soin d'Émile : ils ne
se sont jamais mariés l'un et l'autre. C'est chez eux qu’était la liste de visite du
docteur Rogeaux.1 Louis était au 223e régiment d'infanterie qui venait d'être
formé à Arras le 4 août 1914 et qui a rejoint sa base dans la région d’Hirson. Le
régiment a été appelé à intervenir en Belgique, près de Dinant, pour arrêter
l'armée allemande qui avait franchi la Meuse. Dinant est resté célèbre par le
nombre d'exécutions de civils auxquelles se sont livrés les envahisseurs. Le
régiment reçoit le baptême du feu le 23 août entre Astières et Onhaye. L'attaque
a lieu à 17h00. Le village d’Onhaye2 est repris à l'ennemi. C'est là que Louis
trouve la mort. Il a 29 ans. Le lendemain, le régiment bat en retraite. On n'a pas
retrouvé le corps de Louis. Il est possible qu'il soit dans l'ossuaire du cimetière
national de Dinant. Deux autres Thélusiens de ce 223 e RI tomberont aussi au
cours de la guerre.
C'est le 84e RI qui comporte le plus de mobilisés de notre village. La
devise de ce régiment est «Un contre dix !». Le 5 août 1914, il quitte ses
garnisons d'Avesnes-sur-Helpe, du Quesnoy et de Landrecies et débarque à la
gare régulatrice d’Hirson. Du 7 au 13 août, il se trouve dans la région de
Charleville-Monthermé où il garde les ponts sur la Meuse. Le 14, il se dirige
vers Dinant où les combats sont engagés. Il se porte ensuite vers Namur et
Charleroi. À partir du 24 août la retraite de Belgique commence. Les 29 et 30
1
Les abonnés au téléphone étant rares.
14 mai 1940. Lors de l’invasion de la Belgique, le char du général Rommel est mis hors
d’usage par les Français à Onhaye. Rommel doit se cacher dans un fossé pour ne pas être fait
prisonnier. (Dominique LORMIER. La bataille de Dunkerque.)
2
août : c'est la bataille de Guise, l’ennemi recule et pourtant l'ordre de se replier
est donné.
2 septembre : Le régiment franchit la Marne.
6 septembre : Ordre du jour du Maréchal Joffre « Se faire tuer sur
place, plutôt que de reculer ! » Entre Seu et Châtillon-sur-Morin, le combat
s'engage. Les mitrailleuses ennemies font de grands ravages. Le 84 e progresse, il
entre dans Châtillon dont les maisons flambent. La guerre de rue commence. Les
combats corps à corps se multiplient. Dans la nuit, le régiment est maître de
Châtillon-sur- Morin et de ses abords.
Les troupes françaises avaient encore à enlever le plateau au pied du
château d’Esternay, ce qui sera effectif le lendemain. C'est ce jour-là que sont
tués Pierre Coin3 et Henri Laurent. Ils recevront tous les deux la Médaille
Militaire et la Croix de Guerre à titre posthume bien entendu. Le régiment
poursuit les Allemands ; après le combat de Montmirail, il repasse la Marne et
se trouve le 12 à Reims puis il prend les forts de Brimont et de Fresnes.
Pierre Coin est né le 16 décembre 1890. Son grand-père était tailleur de pierre
et dans la famille, on s'appelait Pierre de père en fils jusqu'à maintenant. Il avait
une sœur Fidéline et un frère plus jeune, Fernand, mobilisé à la fin de la guerre,
puisque né en 1898 et qui était estafette. Louis Quentin, son cousin et presque
voisin était mort un mois plus tôt. Un autre Thélusien, Edmond Coquidé, devenu
garde champêtre dans les années 1950 racontait qu'il avait vu tomber Pierre à
côté de lui… Pierre est donc mort à Châtillon-sur-Morin. Il avait 23 ans et son
corps n'a jamais été retrouvé. Le QG de Joffre était alors à Châtillon.
3
Les photos des soldats morts au champ d’honneur proviennent des familles.
Son compagnon dans la mort…
Henri Laurent, né à Vimy 18 juin 1888 avait une sœur, Marie, et un frère plus
jeune qui s'appelait Gambetta-Léon... C'était sans doute une famille de patriotes!
Henri s'était marié le 28 décembre 1912 à Thélus avec Fernande Debaillieul, ils
avaient eu un fils, Fernand, l'année suivante ; il exerçait la profession de
menuisier et était musicien.
On l'employait comme brancardier dans les tranchées, ce que précise
son livret militaire ; c'est peut-être en transportant un blessé qu'il est mort, à
Esternay, il avait 26 ans. Son épouse, réfugiée en Vendée à La Taillée avait écrit
aux autorités allemandes en janvier 1916 pour savoir s'il était prisonnier parce
qu'elle n'en avait plus de nouvelles, il lui fut répondu que non…En août 1920, le
maire de Rieux dans la Marne a avisé Marie la sœur d'Henri qu'il avait été
inhumé ainsi que 42 autres corps dans sa commune.
En 1923 est édifié à Soizy-aux-Bois, sur un terrain donné par le
vicomte du lieu, un monument commémoratif où seront transférés les corps :
une cérémonie du souvenir s'y déroule chaque année le 6 septembre.
La veuve d'Henri s'est remariée avec son beau-frère Gambetta, ils ont
eu un fils. Ils habitaient Vimy.
Document :
Commune de
Soizy-aux-Bois.
Augustin Letombe du même 84e RI est né à Thélus le 19 décembre 1892 . Il
est mort à l'hôpital militaire de Laon le 7 septembre à 22 ans. Avait-il été blessé
à la bataille de Guise, ou était-il tombé malade en cours de route ? Fils unique, il
vivait avec sa mère, Clarisse, cultivatrice à Thélus, veuve depuis 1905. Il était
fiancé à Olympe Marche. Sa mère, réfugiée dans sa famille à La Buissière n'est
pas revenue après la guerre. Il est inhumé dans le carré du souvenir de notre
cimetière depuis 1921.
Amédée Dewailly, né à Thélus le 25 avril 1891 est mobilisé au 150 e RI à la
caserne Mac-Mahon de Saint-Mihiel (Meuse), le 30 juillet, le régiment prend la
direction de la frontière. Il stationne à Beaumont (Meurthe-et-Moselle) puis au
défilé de saint Benoît-en-Woëvre. Le 22 août, il mène de durs combats autour de
Joppécourt sur le cours de la Crusne ; après de lourdes pertes, il recule vers
Xivry-Circourt ; il contre-attaque le 24 et s'empare des villages de Duzey et
Noillonpont puis se replie. Après un passage au Mort-Homme du 28 au 31
août, il combat à Rembercourt-Sommaisne du 6 au 13 septembre. Amédée est
tué à Bauzemont le 10 septembre. Il était fils unique de mère célibataire et valet
de charrue dans le civil. Il avait 23 ans. Il est inhumé dans la nécropole nationale
de Rembertcourt- aux-Pots. Tombe numéro 429
Oscar Noreuil, né à Vimy, le 10 décembre 1892 a trouvé la mort à 22 ans, le 19
octobre 1914 à la Ville-au-Bois, près de Chaumont dans l’Aisne, à l'endroit où
sera blessé, en 1916, Guillaume Apollinaire et pour qui, un autre écrivain Yves
Gibeau fera ériger une stèle sur les lieux.
Oscar était au 8e RI à la caserne de la Barre à Saint-Omer. Il a connu la
retraite de Dinant du 21 au 23 août 1914, Guise le 29, une attaque de la ferme du
Choléra, puis Montmirail, à la bataille de la Marne du 5 au 13 septembre, après
laquelle son régiment a poursuivi les Allemands jusqu'à Reims. Le régiment a
été particulièrement éprouvé en ce début de guerre : trois chefs de corps
trouveront successivement la mort ; l'un d'eux, grièvement blessé a reçu un éclat
d'obus sur le brancard qui l'emmenait à l'ambulance.
Henri Agez est né à Thélus, le 2 septembre 1889. Son régiment, le 127e RI était
basé à Valenciennes et à Condé-sur-Escaut. En août, ce régiment a été composé
de jeunes ruraux, de mineurs et d'ouvriers du Nord et du Pas-de-Calais, comme
le 8e RI précédent. Jusqu'à fin décembre 1914, il a opéré dans l’Aisne : à
Gernicourt, puis au combat de Berry-au-Bac à la cote 108 à 1 km au sud-est.
C'est là qu’Henri Agez a trouvé la mort le 13 octobre. Le 15 est tué le lieutenantcolonel Legras, commandant du régiment. Henri était cultivateur, jeune marié du
2 juin 1914 avec Marie Eulalie Haverlant. Ses trois frères étaient mobilisés :
Célestin, Camille et Paul qui était « nettoyeur de tranchées ». Il avait aussi trois
sœurs : Delphine qui sera veuve de guerre, Ambroisine et Zoé. On n'a pas
retrouvé son corps.
Lucien Lefebvre est né à Lens le 3 mars 1887, son régiment, le 272e RI
d’Amiens, est parti pour le front le 10 août 1914. Le premier engagement a eu
lieu le 10 septembre puis il a occupé la Neuville-aux-Bois et combattu au bois
de la Grurie. C'est là que Lucien a été tué, le 30 octobre à 27 ans. Son corps n'a
pas été retrouvé.
Lucien Debaillieul, né à Farbus le 17 juin 1888 était au 84 e RI. Après la bataille
de la Marne, le régiment était épuisé. Il est relevé le 18 septembre et va
cantonner à Ventelay, près de Berry-au-Bac où il reçoit des renforts. Le 4
octobre, il est placé à l'est de Reims dans les tranchées de La Neuville. Le 13
octobre, il combat sur la cote 100. Du 1er novembre au 2 décembre, il reste dans
le secteur de Soupir. Il embarque le 17 à Fère-en-Tardenois pour retourner dans
la Marne où il va relever le 29, le 7e RI dans le secteur de la ferme de
Beauséjour où le 84e RI va livrer jusqu'au 11 mars des combats incessants. Le
secteur tenu par le régiment va du nord de Mesnil-les-Hurlus à l'est du bois de
Beauséjour où se trouve un fortin imprenable. Le 16 février 1915, à 10h00, entre
le bois de la Truie et le bois des Trois Coupures, nos soldats attaquent. À 16h45,
le 1er RI où se trouve un Thélusien, Jules Duchêne vient soutenir le 84 e et ils
reprennent une tranchée. C'est ce jour-là que Lucien est tué. Il avait 27 ans. Il
était marié avec Zoé Mehay. Il était le cousin de Fernande Debaillieul veuve de
Henri Laurent depuis le 6 septembre.
La famille Debaillieul était restée à Farbus malgré l'invasion ; les
Allemands les avaient enfermés quelques jours dans l'église puis ils sont
retournés chez eux jusqu'au 2 juin 1915 et ils ont été évacués de force. Ils étaient
encore 28. En mai, Célestin Debaillieul, un autre frère de Louis, donc oncle de
Lucien, est mort. (C’était le père de Charles tué le même mois à Neuville et dont
j’ai déjà parlé.) On a dit qu'il avait été fusillé ou battu à mort par les
Allemands… Peut-être est-il mort de maladie ? Louis lui a confectionné un
cercueil et l’a enterré au cimetière, sans curé puisque celui-ci était parti. C'est
l'abbé Anatole Dubois qui raconte cette anecdote. Le corps de Lucien
Debaillieul n'a pas été retrouvé.
Aimé Quinet né le 27 mai 1889 à Thélus était lui aussi au 84 e. Il tombe le 18
février (deux jours donc après Lucien Debaillieul) au cours d'une nouvelle
attaque sous le bois des Trois Coupures. Il avait 26 ans et était marié. Il avait été
promu caporal. Son corps n'a pas été retrouvé non plus.
Joseph Quinet, né à Thélus, le 2 avril 1893, le cousin d’Aimé est au 127e RI. En
décembre 1914, après Berry-au-Bac ou Henri Agez a disparu, le régiment arrive
lui aussi entre Beauséjour et Massiges. Le 5 janvier 1915, il attaque le fameux
fortin de Beauséjour tenu par la garde prussienne. Le 9 février, le fortin tombe.
Le 18, le régiment se déplace vers Mesnil-les-Hurlus et le 28, il donne un nouvel
assaut au bois Oblique et au bois en Equerre, au nord de Mesnil. C'est là que
tombe Joseph Quinet. Son corps ne sera pas retrouvé non plus. Sa sœur
Séraphine, née en 1895 a été tuée à Eleu-dit-Lauwette en 1915.
Henri Haverlant, né à Thélus le 18 juin 1888 est le dernier mort pour notre
village de ce 84e RI. Après Beauséjour, où les Allemands exécutent contre-
attaque sur contre-attaque pour reprendre le terrain perdu, le régiment résiste. Le
11 mars, il est relevé et le 25, il est passé en revue par le Maréchal Joffre. Il
vient de revêtir la tenue bleu horizon. Le 3 avril, il arrive à Verdun. C'est ce
jour-là qu’Henri serait mort, à Beauséjour. Peut-être y était-il resté blessé ? Peutêtre y a-t-il une erreur de date. Comme pour les précédents, on n'a pas retrouvé
son corps. Il avait 27 ans. Il exerçait la profession de comptable et s'était marié
lui aussi juste avant la guerre le 26 mai 1914 avec Valentine Debuisson. Un
vitrail de l'église évoque sa mémoire.
Joseph Lefebvre est né à Thélus le 7 novembre 1894. Il a été tué le 24 juin
1915 à 20 ans dans la tranchée Calonne près de Verdun. Il est inhumé dans notre
cimetière. Il était au 9e Bataillon de chasseurs à pied. Son cousin Joseph Quinet
et lui sont morts la même année. C'est à peu près au même endroit qu'est tombé
Alain-Fournier, l'auteur du Grand Meaulnes quelques temps avant. Le régiment
d’Alain-Fournier, le 288e RI, est venu combattre à Roclincourt en 1915. Maurice
Genevoix, futur secrétaire perpétuel de l’Académie Française, qui a raconté sa
guerre dans ceux de 14, était aussi dans la tranchée de Calonne.
Constant Vallet est né à Thélus le 6 février 1879. Il avait une sœur et quatre
frères, ceux ci étaient sans doute mobilisés également… L'un, Charles, né en
1881 était prisonnier en Allemagne, près de Munster. Un autre, Louis né en
1895 était en juillet 1917 à la ferme de Navarin… La famille a encore les cartes
qu'ils ont envoyées de ces endroits-là. Constant était marié depuis 1906 à
Athanaïse Basset. Ils ont eu deux enfants : Gaston décédé en 1907 et Cyprienne
née en 1909. Constant a été tué à Perthes-les-Hurlus le 1er octobre 1915 à 34 ans.
Il est inhumé dans le carré du souvenir de notre cimetière. Son régiment était le
10e RI. Stationné à Dijon en 1914, il avait participé à l'offensive française en
Lorraine du 18 au 20 août, à Sarrebourg ; du 21 août au 1 er septembre, il s'était
battu à La Trouée des Charmes dans les Vosges où il a remporté une victoire ;
puis ce fut à nouveau la Meuse, la bataille de la Woëvre, secteur de SaintMihiel. En septembre 1915, il se trouvait dans la Marne, où Constant a péri.
Benjamin Dewailly né à Thélus le 9 juillet 1884 était le cousin d'Amédée
Dewailly tué en 1914 dans la Meuse. Il s'était marié le 21 août 1910 avec Marie
Haverlant et avait un fils, Roger. Il était mineur. Son régiment, le 233e RI avait
amorcé une retraite après la bataille de Dinant en août 14. Il arrive à Sézanne le
6 septembre puis à Reims le 15, où il reste jusqu'à la fin mai 1915. Il vient en
repos dans la région d'Arras jusqu'au 28 août, date à laquelle on l'envoie sur la
Somme où il doit attaquer Dancourt. Contre-ordre est donné la veille de l'attaque
et le 30 septembre il débarque à Châlons-sur-Marne. Le 2 octobre, il est à
Souain où il attaque la ferme de Navarin ; c'est là que Benjamin trouve la mort le
8 octobre. Son corps ne sera pas retrouvé.
Rémy Néauport né à Thélus le 24 juillet 1884. « houilleur » de profession, il
s'était marié le 4 décembre 1909 avec Olive Bédu, trois enfants étaient nés :
Victoria en 1910, Célestine en 1912 et Augustin en avril 1913 qui est mort en
août. L'épouse de Rémi était décédée en mai toujours de la même année… (On
aurait pu le laisser élever ses deux orphelins !) Le 233e RI dont Rémy fait partie
aussi s'embarque le 16 octobre pour Verdun et Bar-le-Duc où on lui accorde une
période de repos et d'instruction. Le 8 décembre, il est dans le secteur des
Eparges. Le 9 janvier 1916 il effectue des travaux de défense en avant de
Verdun jusqu'au 21 février, jour de l'attaque allemande. Le combat se déroule
autour du bois d’Herlebois. Toute la journée du 22, l'ennemi est tenu en échec.
Le 23, après un bombardement d'une intensité jusqu'alors inconnue, les
Allemands reprennent l'attaque. La résistance est acharnée, les pertes sont
énormes : c'est là que Rémy est tué. Il avait 32 ans, son corps ne sera pas non
plus retrouvé.
Isidore Letombe né à Thélus le 28 avril 1884 faisait partie du 3e Régiment de
génie d'Arras qui s'était entraîné à creuser des tranchées au Polygone, des
souterrains dans les anciens remparts et à construire des ponts sur la Scarpe et le
bassin du rivage. Ce sont eux aussi qui construisaient les voies de chemin de fer
et les plateformes d'artillerie. Parmi ces sapeurs il y avait beaucoup de mineurs,
c'était le cas d'Isidore. Il a été tué le 20 juillet 1916 sur le front de la Somme aux
environs de Soyécourt au cours d'un assaut victorieux de nos troupes et inhumé
provisoirement le 22 juillet au pied d'un calvaire à Herleville. Sur la place de ce
village, est élevée une stèle qui porte ces mots : « Reconnaissance aux
bienfaiteurs et aux défenseurs tombés devant Herleville ». Le corps d’Isidore a
été restitué le 6 octobre 1921 et enterré dans notre cimetière. Son nom est gravé
dans la chapelle de la citadelle d'Arras ; on y précise qu'il était caporal. Il était le
cousin d'Augustin Letombe mort au début de la guerre et le beau-frère de Henri
Agez tué lui aussi en 1914. Parmi sa fratrie, deux frères étaient mobilisés :
Joseph, le mari de Delphine dont j'ai déjà cité le début du journal d'évacuation et
Alphonse, mon grand-père, cuisinier et pourtant blessé dans les Vosges. Isidore
s'était marié en 1909 avec Delphine Agez et avait une fille, Henriette née en
1910. Delphine meurt à son tour avant la fin de la guerre en 1918 et Henriette
sera élevée par son grand-père Denis Agez ; sa grand’mère Alice Comblet va
décéder en 1921.
Isidore Letombe.
Son épouse et sa fille.
Etinehem. Le cimetière où
repose Jules Duchêne.
Cl. M. Sinthomez.
Le calvaire d’Herleville où
Isidore Letombe a été
inhumé provisoirement.
Inscription
dans la
chapelle de la
citadelle
d’Arras.
Cl. M. Sinthomez.
Cl. JPC.
Ces morts de la Somme auraient presque pu apercevoir leur clocher, de l’endroit
où ils ont péri…
Jules Duchêne, né à Thélus en 1891 était fantassin au 1er RI. Il avait deux frères
: Henri, prisonnier, blessé au front, soigné en Suisse puis réformé ; Germain,
trop jeune pour être mobilisé et une sœur, Marie. Blessé au cours de l'attaque de
Maurepas du 11 au 24 août 1916, il avait été soigné à l'ambulance 51
d’Etinehem où le médecin militaire était Georges Duhamel qui raconte l'arrivée
des blessés de cette bataille de Maurepas et l'aménagement du cimetière dans un
livre qui s'appelle Civilisation.
« [Les blessés] avaient l’air éblouis et surmenés. On leur retirait leurs
armes, leurs coutelas, leurs grenades ; ils se laissaient faire, comme des enfants
accablés de sommeil. Puis, on les interrogeait. Le massacre européen veut de
l’ordre. Une comptabilité rigoureuse règle tous les actes du drame.[…] Rangés
côte à côte sur le sol rugueux, ils formaient une mosaïque de souffrance teinte
aux couleurs de la guerre, fange de sang, empuantie des odeurs de la guerre,
sueur et pourriture bruissante des cris, des lamentations, des hoquets qui sont la
voix même et la musique de la guerre. »4
Jules décède le 29 août et c'est dans ce cimetière d’Etinehem qu'il est
inhumé, tombe no 126. Pierre Loti avait d'ailleurs raconté cette bataille de
Maurepas dans un article de « L’Illustration » 5 : « […] Un déluge de fer l’a
tellement criblée (la terre), brassée, retournée, qu’elle ne représente plus qu’une
immonde bouillie brune où tout s’enfonce. »
Une stèle à la mémoire du 1er RI est érigée sur la place de Maurepas.
Le 1er RI était le plus ancien régiment de l'armée française. En 1914, de Cambrai
4
5
Cité par Alain DENIZOT. La bataille de la Somme.
Il pleut sur l’enfer de la Somme. No 3847 du 25/11/1918.
où il était caserné, il est allé en Belgique, a pris part à la bataille de Charleroi,
comme beaucoup d'autres régiments, il a effectué la retraite sur Guise pour aller
participer à la bataille de la Marne du 15 au 20 septembre.
En 1915, il a subi de lourdes pertes en Argonne et sur la Somme. En
1916, il a pris la côte du Poivre à Verdun avant de retourner sur la Somme ou
Jules a été blessé. Après la Somme, le régiment retournera à Verdun où il
contribuera à reprendre Les forts de Vaux et de Douaumont.
François Vallet, est né à Thélus le 20 avril 1893. De cette famille de huit
enfants dont six garçons, il n'y a sans doute eu que le dernier, Désiré, trop jeune
à ne pas être mobilisé. Celui-ci sera plus tard le mécanicien du village. L'un
d’eux, Henri, périra en 1918. François est le cousin de Constant Vallet tué en
octobre 1915. Il était fiancé avec Marie, la sœur de Jules Duchêne. François était
au 73e RI . L'attaque préparatoire de l'armée française avait commencé sur
Maurepas et Combles le 24 août ; à la fin d’août la préparation d'artillerie s'est
amplifiée et l'infanterie a attaqué le 3 septembre ; cette attaque était conjointe
avec l'armée britannique. Le 8, les échanges d'artillerie ont repris et François est
mort le 10 septembre. Ernst Jünger, écrivain allemand, présent à Combles
raconte :
« Le tir incessant d'artillerie qui grondait comme la mer autour de la
bourgade.»
La ville de Combles a nommé une rue « du 73e RI » au pied de l'église. Le
corps de François a été restitué le 28 octobre 1921 et il est inhumé dans notre
carré du souvenir. Le 73e RI était stationné à Béthune. En août 1944, il avait
défendu Dinant puis, passant par Guise, il était venu combattre victorieusement
les Allemands à Esternay dans la Marne du 5 au 13 septembre. Puis il s'est
trouvé au Chemin des Dames en décembre ; en février 1915 à Mesnil-les-Hurlus
; en avril dans la Meuse, à Saint-Mihiel ; de juin 1915 à février 1916, dans
l'Aisne, tranchées de Berry-au-Bac, ferme du Choléra ; en mars, Douaumont,
Froideterre ; d'avril à juillet, à nouveau le Chemin-des-Dames, Craonne et enfin
d'août à octobre, Maurepas et Combles. En novembre 1916, ce sera la ferme de
Beauséjour, sans François.
Victor Haverlant est né à Thélus le 5 juin 1894. Il était l'aîné d'une famille de
cinq enfants qui se composait d'une sœur, Hortense et de trois frères plus
jeunes : Alexandre, Paul et Louis, à qui il envoyait des cartes que la famille
conserve encore, il y parle de sa santé mais surtout des poux et des puces 6 !
Il était au 16e Bataillon de chasseurs à pied. De mars à mai 1916, ce
furent les tranchées du ravin de Froideterre, à Douaumont, le Mort Homme...
Pendant 24 jours dit-ilAprès une période de repos en Lorraine, le bataillon arrive
sur la Somme et monte en ligne dans la nuit du 19 au 20 septembre. Le but est
de prendre Combles, village encaissé dont les hauteurs sont tenues par l'ennemi,
puis Rancourt, ce qui est réalisé les 26 et 27 septembre. Le 27, jour de la mort de
Victor, nos troupes ont encore quelques succès près du bois de Saint-Pierre6
Entre Roclincourt et Thélus, des tranchées étaient nommées « Tranchée des punaises, …des
poux. »
Vaast, au-delà de la grand’route ; puis Fayolle suspend l'offensive. 7 Victor avait
22 ans ; ses restes sont dans l'un des ossuaires de la nécropole nationale de
Rancourt.
Ludovic Vahé né à Vimy le 29 août 1886 s'était marié en 1910 avec Séraphine
Basset ; il avait une fille Florine, née en 1910, un fils, Augustin était né et mort
en 1911.
Son régiment, le 175e RI avait été formé en 1915 et faisait partie du
Corps expéditionnaire d'Orient. Il a embarqué le 14 mai 1915, à Marseille pour
les Dardanelles et n'est rentré qu’en juillet 1918 après l'armistice de Salonique
avec les Bulgares. Ludovic est mort à Margareso en Serbie, le 24 mars 1917.
Pour l'anecdote, ce corps expéditionnaire d'Orient avait mis au jour une statue
antique en creusant une tranchée à Lemnos en Grèce. (L’Illustration du 6
novembre 1915)
Dans son Journal d’un Poilu sur le front d’Orient, Jean Leymonnerie,
originaire de Ribérac en Dordogne, a raconté sa guerre. Il était au 175e RI
comme Ludovic et y a perdu une jambe. Les Anglais et les Français luttaient
contre les Turcs à côté des Grecs. Selon A. Ducasse8, il y aurait eu 145 000
morts. Les soldats du corps expéditionnaire ont faim car les bateaux de
ravitaillement éprouvent des difficultés pour accoster sous le feu ennemi. Ils ont
chaud aussi : on les a dotés d’un casque colonial.
Jean Leymonnerie décrit les autochtones : Presqu’île de Gallipoli.
« Les hommes sont petits et vieux en général, bruns, la figure sale, les yeux très
brillants et enfoncés dans les orbites à sourcils broussailleux ; ils portent de
larges culottes ressemblant à celles des zouaves, des bas percés, des savates
éculées et ont le chef couvert d’une calotte crasseuse rappelant les toques
d’avocats. […] Ils vont, assis sur des ânes, d’affreux petits ânes gris et maigres,
leurs jambes frappant alternativement les flancs de la bête.[…] Sérieux comme
des papes, ils cheminent en fumant leur éternelle cigarette, montés sur leurs
montures pacifiques, sur des pentes accentuées, s’inquiétant parfois de regarder
en arrière pour s’assurer que leur femme les suit, à pied et portant les charges
les plus lourdes et les plus encombrantes. »
7
8
Alain DENIZOT
Balkans. 14-18.
Considérations sur les ennemis turcs : « Le soldat turc commandé par
des officiers allemands est un excellent soldat, courageux, avisé […]. Les
hommes sont fauchés avant d’être hissés sur le parapet par les nombreuses
mitrailleuses et les excellents tireurs que sont les Turcs. […] Les Turcs portent à
leur cou un verset du Coran plié dans un sachet de toile bleue. »
Les tranchées : « Les morts forment les parois des boyaux […]. Le
long de la paroi coule un liquide rougeâtre où nagent les asticots. […]Depuis
trois mois à peine, mon régiment[le 175e] a perdu 1 500 hommes. »
Après l’île de Lemnos, repos à l’île de Ténédos : « La mer est
jolie.[…] devant nous, les hautes montagnes de l’île d’Embros se profilent en
noir sur un fond rouge, rose, violet foncé ou bleuté à l’horizon où disparaît le
soleil. » C’est aussi dans cette île que sont soignés les « dingos », malades de la
denghe, une sorte de grippe ; ce que raconte Pierre Miquel. 9
Jean Giraudoux10 fait lui aussi partie de ce corps expéditionnaire. Il
raconte les bains en mer Egée : « J’abandonne mes chaussettes sur le rivage.
Quelques obus. Tous les hommes nus sur la plage, beaux Anglais, beaux
Sénégalais, Français trapus et agiles. Cure de soleil. […] vais au 175 […]. Il
me raccompagne jusqu’à la plage où des cavaliers nus à cheval se baignent.
Jamais je n’ai vu une mer aussi belle ! »
Après une blessure et une période à Joinville, Jean est promu sergent
et retourne à Salonique en octobre 1916 avec le 175 e RI. Il relate les crises de
paludisme, les prises de quinine…
Il raconte aussi la longue ascension du régiment dans les Balkans vers
la Serbie : Negotchkani, Kenali, Gornitchevo, Florina et enfin la victoire de
Monastir, le 14 novembre, au cours de laquelle il reçoit une balle bulgare.
Prisonnier des Bulgares, il reste sans soins pendant 40 heures, abandonné après
avoir été dévalisé et dépouillé. Un des Sénégalais qui enterrent les morts lui
porte enfin secours. Il sera amputé d’une jambe, la gangrène s’y étant mise et on
le décorera de la Croix de Guerre avec palme. Notre Ludovic a connu tous ces
évènements là...
9
Les Poilus d’Orient.
Carnet des Dardanelles.
10
L’écrivain Roger Vercel qui faisait partie de ce corps expéditionnaire
raconte son retour, à pied jusqu'en Europe centrale où, sur les bords du Danube,
ils apprennent l'armistice du 11 novembre. Je cite une description tirée de son
livre Capitaine Conan 11 :
« Je ne crois pas qu'il existe au monde plus sinistre lieu que ce
morceau de Macédoine. Partout des crêtes en scie, des montagnes coupantes,
des haillons de pierre déchirée, un long amphithéâtre de roc gris fer. Tout y est
cassé, éclaté, craquelé, brûlé ! »
Victor Deligne né à Thélus le 6 février 1896 a été tué le 14 avril 1917.
Incorporé depuis peu, étant donné son âge (21 ans), Craonne, dans l'Aisne a sans
doute été son baptême du feu. Il était au 201e RI.
Craonne, le Chemin-des-Dames, la ferme Hurtebise avaient déjà été le
théâtre de furieux combats en septembre 1914. Craonne est une falaise
quasiment imprenable où les assaillants périssent systématiquement. C'est au
cours de l'offensive Nivelle que Victor a trouvé la mort. Les dures conditions de
cette attaque ont entraîné une mutinerie qui s'est étendue à une partie de l'armée
française. Le corps de Victor n'a pas été retrouvé. Un des brancardiers de cette
époque au 201e était l'abbé Liénard futur cardinal-évêque de Lille.
Jules Bernaux est né à Thélus le 25 février 1897. Caporal au 106e Régiment
d'artillerie lourde, qui tirait des obus de 155, il est mort à l'ambulance 133 à
Couvrelles dans l'Aisne, des suites de ses blessures, le 18 juin 1917. Il avait 20
ans ; sa famille venait de Wanquetin et s'était installée à Thélus pour que le père,
11
p.134.
qui était mineur, soit proche de son travail ; Jules était ouvrier agricole. Il est
inhumé dans la nécropole nationale de Vauxbuin dans la banlieue de Soissons,
sa tombe porte le numéro 1 098.
16 juin : « Le tir ennemi se poursuit très violent. La confiance règne
pleinement dans la batterie, (la 8e) trop pleinement même…car certains hommes
négligent de s’abriter profondément pour éviter les éclats. Les lettres arrivent,
que l’on lit avec entrain à ce moment. La malchance veut qu’un obus de 210
s’amorce par choc sur un arbre ou sur une pierre du petit mur supérieur et
éclate, explosif fusant à l’entrée même de la grotte. Le groupe situé au bas des
escaliers est pris dans la gerbe et sept hommes sont blessés : Bernaux, […]. Le
premier nommé est très grièvement atteint, ayant l’articulation du bras gauche
sectionnée et un éclat à hauteur du bassin. »
Puis :
« P.C. Le 10 juillet 1917.
Ordre du régiment no 340.
En vertu des pouvoirs qui lui sont conférés, le Général Commandant
en chef a confié à la date du 17 juin 1917 par ordre no V.200/D la médaille
Militaire aux militaires dont les noms suivent : Bernaux Jules active no mle312
canonnier 5egroupe du 106e A.L. La nomination ci-dessus comporte la croix de
Guerre. »
Un peu avant, le 25 mai. Oraison funèbre pour un canon :
« La Lilloise qui avait fait l’Argonne, la champagne et l’Aisne a trouvé ce
matin une mort glorieuse […]. La Lilloise est morte au champ d’honneur, la
gueule encore chargée de l’obus qu’elle destinait à l’ennemi. Elle avait tiré le
chiffre énorme de 8 000 coups depuis sa réception à la batterie. »12
La famille de Jules n’est pas revenue après la guerre à Thélus, sauf sa
cousine Olga qui fut longtemps assistante maternelle à l’école.
12
JMO. 26N.1118/19.
Constant Deusy, né à Thélus le 23 décembre 1882 s'était marié en 1909. Il avait
un fils, Charles né en 1910. Malade en 1917, il a été soigné à Saint- Genis-Laval
près de Lyon où il est mort. Il est enterré à Thélus. Il était le grand-père de
Benjamin et Anne-Marie. Il avait fait partie du même régiment de génie
qu’Isidore Letombe.13
Ferdinand Deligne né à Thélus le 24 octobre 1897 était au 208e RI . Il a été tué
par un éclat d'obus à Woesten, sur la route de Furnes à Ypres en Belgique le 18
juillet 1917.
De 1914 à 1918, le front n'a jamais bougé pratiquement ; de furieux
combats s’y sont toujours déroulés pour la possession d’un « saillant » situé à
l'est de la ville. C'est là qu’en 1915, a été utilisé le fameux gaz asphyxiant appelé
plus tard ypérite. 300 000 Alliés ont trouvé la mort au cours de ces combats ; ils
sont enterrés dans 170 cimetières autour d’Ypres. 5 000 soldats français sont
dans un ossuaire sur le versant sud des monts des Flandres ; c'est peut-être là que
sont les restes de Ferdinand. Sa disparition a eu lieu trois mois après celle de son
frère Victor ; leur frère Eugène, né en 1896 s'en est sorti, lui. Il a été longtemps
maire de Thélus après la dernière guerre. Notre stade porte son nom. Ferdinand
n'avait pas encore 20 ans… J'ai souvent lu que les nouvelles recrues étaient les
plus vulnérables.
13
Arch. Dép. Feuillet matricule 1R7119.
Auguste Coquidé né à Thélus le 27 décembre 1892 était infirmier (10 e section)
à l'ambulance 2/10 de Saint-Just-en-Chaussée dans l'Oise. Il a été tué le 29 mai
1918 probablement au cours d'un bombardement de l'ambulance. Son corps n'a
pas été identifié. Il avait 26 ans.
Gustave Coquidé, né le 14 décembre 1898 à Thélus était le plus jeune frère
d'Augustin. Il était au 56e Bataillon de chasseurs à pied et a été tué trois mois
après Augustin le 16 juillet 1918 à Festigny-les-Hameaux, près d'Épernay à 19
ans… Le 17 mai 1918, les Allemands avaient repris le Chemin des Dames (ainsi
nommé parce que les filles de Louis XV s’y promenaient dans leurs beaux
atours, lors de leur séjour au château voisin de la Bove.) 14; le 18, Soissons ; le
20, ils atteignaient la ligne Reims-Épernay et du 15 au 17 juillet, Lüdendorff
avait lancé une nouvelle offensive : c'est là que Gustave a trouvé la mort. Son
corps n'a pas été retrouvé. Augustin et Gustave avaient deux frères jumeaux
Théophile et Paul nés en 1896. Ceux ci se sont fixés après la guerre à Lucheux
où leur famille était réfugiée.
Henri Vallet né à Thélus le 10 mars 1886, était le frère de François tué sur la
Somme en 1916. De parents cabaretiers, lui était boulanger et marié à Adolphine
Vahé. Il était au 4e RI. Son régiment avait débarqué le 6 août 1914 à Sampigny
près de Metz ; le 22, il pénètre en Allemagne à Signeulx où il est décimé par les
mitrailleuses ; du 22 au 26, il bat en retraite jusqu'à la rive gauche de la Meuse ;
du 5 au 10 septembre, il participe à la bataille de la Marne à Vaubécourt ; du 28
octobre au 5 novembre, il est en Argonne, à la butte du Vauquois. En 1915, il se
trouve aux Éparges près de Verdun, puis retourne en Argonne où il repousse
quatre assauts allemands, ceci jusqu'en automne 1916 ; après un mois de repos,
il retourne à Verdun, Haudremont, Douaumont… Le régiment, épuisé, quitte
Verdun le 11 décembre 1916. En janvier-février 1917, il est dans l'Aisne, à
Berry-au-Bac et réussit l'encerclement du Bois des Boches en avril…Février
1918, le régiment se repose à Estrée-Saint-Denis dans l'Oise, avant de participer
à la grande offensive sur la route de Paris où se déroulent des combats sanglants.
Après une période passée en Alsace, il revient en juillet se battre sur la Marne,
c'est là que Henri trouve la mort dans le bois de Courton près de la montagne de
Reims, le 18 juillet. Il avait 32 ans. Le 23 juin 1920, son corps n'avait pas
14
Guide Michelin.
encore été retrouvé. Il est inhumé avec son frère François dans le carré du
souvenir français de notre cimetière.
Jean-Baptiste Leroux, né à Neuville-Saint-Vaast, le 12 juin 1880 était marié à
Augustine Marchandise. Son régiment, le 145e RI était basé à Maubeuge
(caserne Joyeuse). Du 29 août au 7 septembre 1914, il a essayé de contenir
l'avance des Allemands au nord de la ville à Assevent. Le régiment a été fait
prisonnier dans son ensemble après avoir perdu un tiers de ses effectifs. Les
captifs n’ont été libérés qu'en janvier 1919. Jean-Baptiste avait été porté disparu
le 5 novembre 1918 au camp de Rheinberg en Allemagne. Il n'a jamais été
retrouvé.
Camille Wiplier né le 8 décembre 1881 a subi les gaz asphyxiants ; ce dont il
est décédé. Il a été inhumé à Annœulin d'où il était originaire. Il était marchand
forain et avait épousé Émilienne Comblet en 1907. Leurs enfants : Auguste,
Marie et Marguerite nés en 1909, 1910 1914 sont devenus Pupilles de la Nation,
comme tous les orphelins de guerre, par un jugement du tribunal civil de
Doullens en 1924. Sa veuve, réfugiée à Barly-Ponthieu y est restée après la
guerre et s’y est remariée avec un éleveur de chiens qui fournissait un châtelain
du voisinage, le comte d’Occoches, pratiquant encore la chasse à courre.
La liste des militaires « Morts pour la France » pendant la Grande
Guerre s’arrête là.
Je n’ai pas trouvé les ciconstances du décès de toutes les victimes
civiles.
Gérard Comblet est mort lui aussi des suites de l'ypérite. Né le 25 septembre
1897, son décès est survenu le 2 novembre 1924 ; la mention « Mort pour la
France » ne lui a pas été attribuée et son nom n'est donc pas sur le monument
aux morts. L'un de ses frères, Camille s'est vu honoré de la Légion d'honneur
vers la fin de sa vie.
Coll. A. Agez.
François Vallet a envoyé une carte à son ami Toussaint pendant leur service
militaire en 1913. Après la guerre, son ancienne « promise », Marie Duchêne
épousera Toussaint. Marie avait donc perdu son fiancé et son frère Jules en
1916 sur la Somme, le 29 août et le 10 septembre.
Extraits du livre de Jean-Pierre Comblet :
« Thélus à la recherche de son passé »