La guerre froide

Transcription

La guerre froide
LA GUERRE FROIDE (de 1947 à 1962)
1
Les deux vainqueurs de la guerre s’inquiètent très vite de leur superpuissance respective. La
guerre froide s’installe définitivement après la rupture de 1947, se traduisant par une
bipolarisation de la planète opposant le bloc de l’Est dirigé par l’URSS et le bloc de l’Ouest
par les Etats-Unis. Cet affrontement s’observe dans tous les domaines, idéologique,
économique, culturel, militaire voire même spatial.
La guerre froide impose un ordre international bipolarisé pendant plus de 40 ans (de 1947 à
1991, date de la disparition de l’URSS) entre période de tensions ou de réchauffement des
relations.
Nous étudierons l’ensemble de la période dans le cadre de 3 chapitres :
1 : la guerre froide (de 1947 à 1962)
2 : la détente et les regels (1963-1988)
3 : La disparition du bloc de l’Est et les nouvelles tensions internationales.
Comment le monde s’organise-t-il entre 1947 et 1962 ?
I : La rupture de 1947 et la mise en place des blocs :
A : Deux modèles antagonistes et concurrents :
Le modèle états-unien se caractérise par les idéaux démocratiques, le libéralisme économique
et un rayonnement exceptionnel :
Suite à la déclaration d’indépendance des Etats-Unis d’Amérique le 04 juillet 1776, la
constitution de 1787 ( complétée par la suite par des amendements) reconnaît à chaque
homme les libertés individuelles, garantit la stabilité de la démocratie par la séparation des
pouvoirs afin d’éviter la tyrannie ( pouvoir exécutif : président et gouvernement, pouvoir
législatif : congrès constitué de deux assemblées et pouvoir judiciaire : cour suprême). Enfin,
il s’agit d’un Etat fédéral, au niveau central, le gouvernement fédéral installé à Washington
est compétent dans le domaine militaire, monétaire et diplomatique ; au niveau local, chaque
Etat a sa constitution avec l’élection au suffrage universel du gouverneur ( pouvoir exécutif)
et de deux assemblées (pouvoir législatif), les institutions sont compétentes dans la justice, la
police et l’éducation.
Depuis sa fondation, les EU sont attachés aux libertés individuelles, à la liberté d’entreprise.
La réussite est basée sur le mérite individuel ( « the self made man »). Dès lors, chaque
individu doit être libre dans le cadre de la loi du marché. Ainsi, l’Etat intervient
traditionnellement peu dans l’économie.
Ce modèle connaît un rayonnement exceptionnel après 1945 s’appuyant sur la légitimité du
vainqueur, de la suprématie militaire (nucléaire) et économique. Le soldat est alors souvent le
vecteur dans les pays libérés ou occupés ( Allemagne, Autriche, Japon) de produits
nouveaux : cigarettes « les américaines », coca cola, chewing-gum…ces marques axent
d’ailleurs leur publicité sur l’identification au modèle culturel états-unien, à «l’américan way
of life » ( le rêve américain).
Le modèle soviétique entend mettre en place un modèle alternatif au capitalisme depuis la
conquête du pouvoir par Lénine en octobre 1917. L’URSS créé en 1922 souhaite dépasser les
aspirations nationales ( la IIIème internationale communiste regroupe les partis communistes)
2
et ambitionne d’instaurer une société basée sur l’égalité en s’inspirant de la pensée marxiste
(Marx, auteur en 1848 du « manifeste du parti communiste »). Le régime soviétique est basé
sur le parti unique, la terreur, l’économie planifiée.
Le PCUS ( parti communiste de l’union soviétique) est le parti unique, considéré comme
« l’avant-garde du prolétariat », afin de justifier l’élimination de toute opposition. Le PCUS
est sous la direction d’un secrétaire général qui dirige en fait souvent le pays. Le pays est
entièrement contrôlé par le parti ( monopole des candidatures), si officiellement les
Républiques constituant l’URSS sont libres, elles sont en réalité dépendantes de Moscou.
L’économie est planifiée ( plan quinquennal), l’Etat est le seul propriétaire dans l’industrie, le
commerce, les moyens de transport ou encore l’agriculture ( collectivisation des terres).
Si l’URSS favorise l’accès à l’éducation, à la culture ou aux soins afin de voir l’avènement de
« l’homme nouveau soviétique », d’une société sans classes sociales, la population subit une
propagande permanente au profit du PCUS, les libertés individuelles n’existent pas, la police
politique mène une importante répression
Si le modèle soviétique se met en place dans les années 1920, en 1945, ce modèle est celui
d’un homme, Staline. On assiste alors au renforcement du totalitarisme stalinien :
Staline cumule tous les pouvoirs (chef de gouvernement, chef des armées, secrétaire général
du PCUS, chef de l’Etat…). Il gouverne seul, aucune réunion du congrès par exemple
(pouvoir législatif) excepté en 1952 pour affirmer le culte de la personnalité (l’image du
« chef suprême » est partout).Il mène une répression record : toute culture non russe est
interdite d’où répression des minorités, purges dans l’armée, les intellectuels mais aussi le
parti. Exemple : la purge dans l’armée touche en particulier les généraux populaires qui ont
gagné des victoires, le général Joukov le libérateur de Berlin est exilé. Le totalitarisme
stalinien se caractérise donc par la terreur, tous les opposants sont expédiés au goulag (univers
concentrationnaire soviétique). En 1953, plus de 5 millions de personnes sont dans ces camps.
Au delà des sympathies idéologiques pour ce modèle, marxiste-léniniste ou stalinien, le
prestige de l’armée rouge libératrice de l’Europe victime du nazisme permet à l’URSS de
bénéficier d’un rayonnement mondial : les pays libérés par l’armée rouge adoptant peu à peu
le modèle soviétique, ce sont « les démocraties populaires » ; succès électoraux des partis
communistes à l’ouest de l’Europe (France, Italie…) ; diffusion du modèle en Asie aprèsguerre (Corée du nord, Indochine et surtout en Chine où Mao Zedong crée en 1949 la
République populaire).
Pour conclure, nous pouvons affirmer que les deux superpuissances de l’après-guerre ont un
modèle idéologique opposé, deux modèles à vocation universels qui peu à peu entrent en
conflit à l’échelle planétaire.
B : Les ambiguïtés de l’après-guerre ( 1945-46), entre paix et expansionnisme :
L’opposition grandissante entre URSS et Etats-Unis, la division Est /Ouest de l’Europe sont à
l’origine de la formation des blocs.
L’inquiétude des Etats-Unis face à la politique extérieure soviétique jugée
expansionniste :
- Le rayonnement du modèle communiste apparaît comme une menace : guerre civile en
Chine ou en Grèce, l’URSS revendique le contrôle des détroits (Bosphore et Dardanelles) en
Turquie, en Iran, ils poussent les Kurdes à la révolte, forte influence aussi des partis
communistes dans des pays européens libérés par les Etats-Unis ( en France par exemple, le
PCF est le premier parti de France avec plus de 180 députés en 1946)…
3
- Nouveau rapport de force en Europe avec le maintien de l’armée rouge dans l’Europe de
l’est favorisant dans ces pays la mise en place de nouveaux gouvernements contrôlé par les
communistes pro-soviétiques. Le non respect des élections prévues par la conférence de Yalta
mène à un processus de satellisation (contrôle de l’Etat, de la société, élimination de
l’opposition, propagande et manipulation des élections, création d’une « démocratie
populaire » se caractérisant par le parti unique, la terreur et l’alliance avec l’URSS créant une
dépendance à l’égard de Moscou).
Les pays d’Europe centrale et orientale ( PECO) deviennent tous peu à peu des
« démocraties populaires » : en Bulgarie sous la direction du communiste Dimitrov, en
Hongrie avec Rajk, en Roumanie, Tchécoslovaquie, Hongrie, RDA (République
démocratique Allemande), Pologne…
L’inquiétude soviétique de la puissance états-unienne :
Dès la constitution de la « grande alliance », Staline se méfie de ses alliés, dont Churchill qui
par exemple ordonna au général Montgoméry de «collecter et de stocker les armes prises aux
Allemands, afin qu’elles puissent le cas échéant être distribuées aux soldats de la wermacht, si
l’armée rouge dépasse les limites qui avaient été imparties à son avance lors des conférences
de Téhéran et de Yalta ». Face à l’interventionnisme états-unien dans l’Europe libérée
(occupation militaire, aide financière abordée dans la partie suivante), la priorité de Staline est
la sécurité soviétique d’où la mise en place d’un « glacis protecteur » en Europe avec les
démocraties populaires.
Peur soviétique aussi face au monopole nucléaire états-unien d’où un programme de
recherche nucléaire afin de parvenir à un équilibre des forces (bombe A en 1949, bombe H en
1954) et crainte face au rayonnement économique et culturel de la puissance états-unienne.
La question allemande est au centre de cette opposition entre anciens alliés : dès le début
1946, les Etats-Unis et la Grande Bretagne exercent une occupation plus souple, en mettant
fin au démantèlement d’usines et à la politique de dénazification afin de ne pas appauvrir plus
l’Allemagne, de peur que le peuple ne se tourne vers le communisme. Le président Truman
dit à ce propos « les semences des régimes totalitaires sont nourries par la misère et le
dénuement ». Pour l’URSS ravagée par le nazisme, l’occupation doit être plus dure, enfin
Staline traduit ce changement par la volonté des puissances occupantes à l’Ouest, de refonder
une Allemagne puissante hostile à l’URSS.
C’est donc dans ce contexte de méfiance réciproque, de concurrence de l’hégémonisme des
deux superpuissances que Churchill dénonce en 1946 « le rideau de fer » qui divise l’Europe.
C : La mise en place des blocs :
1947 constitue une année de rupture entre membres de la « grande alliance » et marque les
débuts de la guerre froide.
- la doctrine Truman du « containment »:
Dans un contexte de pénurie d’après-guerre en Europe (inflation importante, marché noir,
maintien du rationnement en France jusqu’en 1949…), les Etats-Unis ont peur que cette
misère ne facilite une « contagion » communiste à l’ensemble de l’Europe. La doctrine
Truman présentée en mars 1947 a pour but de contenir l’expansion soviétique, par une
politique d’endiguement (« containment ») sur la base d’une aide financière : « je crois dit le
président Truman que la politique des Etats-Unis doit être de soutenir les peuples libres qui
résistent à des tentations d’asservissement ». La zone de sécurité des Etats-Unis s’identifie au
monde libre. Cette doctrine est inspirée par le nouveau secrétaire d'Etat le général Marshall, et
4
par George Kennan diplomate, deux partisans d’une grande fermeté face à l’URSS. La
première application de cette stratégie de l’endiguement est décidée en Grèce où une guerre
civile oppose depuis la guerre et l’occupation allemande, résistants communistes (EAM, front
national de libération) et résistants monarchistes partisans du roi George II exilé. Face au
soutien grandissant de l’URSS à l’EAM en 1947, l’aide financière et logistique états-unienne
permet aux forces monarchistes de contrôler en 1949 l’ensemble de la Grèce. Ce durcissement
états-unien permet une stabilisation en Europe et au proche orient (Grèce, Turquie, Iran
intègrent la zone d’influence états-unienne).
La doctrine de Truman est complétée par le plan Marshall en juin 1947, définit comme « un
plan d’assistance américaine pour le relèvement de l’Europe » : 13 milliards de dollars de
dons et prêts à faibles taux d’intérêts vont être répartis entre 16 pays européens réunis dans
l'OECE (organisation européenne de coopération économique) afin de gérer cette aide à la
reconstruction.
Notons que cette aide est essentielle aussi pour les intérêts économiques états-uniens tant
l’effondrement de l’économie en Europe limite la croissance aux Etats-Unis ( en 1946, 42%
de leurs exportations étaient destinés à l’Europe de l’Ouest).
- La riposte soviétique et la doctrine Jdanov :
Alors que certains pays de l’Est étaient prêts à accepter l’aide du plan Marshall (Pologne,
Tchécoslovaquie), ceux-ci la refusent sous pression soviétique. Pour Staline, cette aide
témoigne de « l’impérialisme américain ».
La réponse soviétique à la doctrine Truman est la doctrine Jdanov, collaborateur de Staline
qui oppose deux camps irréconciliables, le monde « démocratique, pacifiste et antiimpérialiste » autour de l’URSS et le monde « impérialiste, antidémocratique et belliciste »
dirigé par les Etats-Unis. Dans ce but, les partis communistes doivent prendre le pouvoir dès
que possible. L’URSS crée le KOMINFORM en octobre 1947, officiellement bureau
d’information communiste, représente en fait le moyen pour Moscou d’imposer davantage ses
directives à l’ensemble des partis communistes. Cette riposte soviétique s’accompagne d’un
renforcement de la satellisation des PECO, dans les démocraties populaires naissantes.
II : L’escalade dans la guerre froide : 1948-1953 :
A : Les débuts de la guerre froide en Europe : 1948-49 :
-
« Le coup de Prague » en février 1948 :
La Tchécoslovaquie est depuis l’après-guerre dirigé par une coalition, un « front national »
sous la présidence de Bénès. L’URSS dispose d’un prestige exceptionnel, l’armée rouge a
libéré une grande partie du pays, Prague a été préservé, de plus l’armée rouge s’est retirée
rapidement. Quant aux puissances de l’Ouest, les Tchèques demeurent méfiants depuis les
accords de Munich de 1938.
Dans ce contexte, le président Bénès nomme Gottwald, chef de gouvernement car il dirige le
parti majoritaire de la coalition gouvernementale, le parti communiste arrivé en tête aux
législatives de 1946 avec plus de 35% des voix. Les ministres modérés démissionnent alors
afin d’alerter l’opinion devant la menace d’une dictature communiste. Avec l’accord de
5
l’URSS, Gottwald fait appel aux milices populaires, aux syndicats pour organiser une grève
générale. Le président Bénès démissionne et Gottwald dirige désormais un gouvernement
communiste pro-soviétique. La Tchécoslovaquie devient une démocratie populaire, un
satellite de l’URSS : parti unique (emprisonnement des opposants, voire élimination avec la
défenestration par exemple de Ian Mazarcyck), Etat policier, soumission à Moscou par
l’intermédiaire du KOMINFORM….
-
La première crise de Berlin :
Le coup d’Etat tchécoslovaque renforce à l’Ouest l’urgence d’une reconstruction efficace et
démocratique de l’Allemagne de l’ouest, face à la menace de l’expansionnisme communiste.
L’Allemagne est dès 1945 au centre de l’opposition grandissante entre vainqueurs : différend
sur la façon d’occuper, de dénazifier, sur les réparations, enfin sur l’avenir de l’Allemagne.
Peu à peu le conseil de contrôle de l’Allemagne constitué des quatre puissances occupantes ne
parvient plus à prendre des décisions (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France à l’ouest et URSS
à l’est). Quelques semaines après « le coup de Prague » en 1948, les puissances occupantes de
l’Ouest décident lors de la conférence de Londres : l’unification des trois zones de l’ouest (la
trizone, dans laquelle est annoncée l’élection d’une assemblée constituante et une réforme
monétaire avec la création du Deutsche mark). La réaction soviétique est rapide avec la
création d’une monnaie à l’est y compris pour Berlin. De plus Staline, qui souhaite remettre
en cause l’occupation quadripartite d’une ville située au cœur de la zone d’occupation
soviétique organise un blocus total de la partie Ouest de Berlin, en bloquant tous les axes
routiers et ferroviaires à partir du 24 juin 1948. La trizone berlinoise (Etats-Unis, GrandeBretagne et France) ne dispose alors que d’un peu plus d’un mois de vivres. Le président
Truman applique sa doctrine d’endiguement en créant un gigantesque pont aérien qui permis
de ravitailler pendant près d’un an deux millions de Berlinois de l’Ouest (un avion cargo
toutes les trois minutes) et en menaçant Moscou en cas d’attaque soviétique sur les « corridors
aériens ». Ce blocus pris fin en juin 1949 à la suite du succès du pont aérien, Staline fait
rétablir la circulation, symbolisant ainsi la victoire de la doctrine Truman sur la stratégie
stalinienne. Il résulte de cette première crise berlinoise, l’accélération de la mise en place de
deux Etats antagonistes en Allemagne (mai 1949) :
- La RFA (République Fédérale Allemande) à l’Ouest, démocratie libérale avec une
structure fédérale (11 länder) dont la capitale est Bonn. Quoique isolée du territoire de la
RFA, Berlin Ouest est intégrée à cet Etat, devenant la « vitrine » de l’Ouest, des
démocraties libérales dans l’Europe communiste.
- La RDA (République Démocratique Allemande) à l’Est, démocratie populaire devenant
rapidement une « vitrine » des satellites de l’URSS dont la capitale est Berlin Est.
L’Allemagne vaincue est donc au centre de l’opposition entre les anciens alliés face au
nazisme. La séparation du peuple allemand par la constitution de deux Allemagnes
idéologiquement opposées symbolise désormais la guerre froide en Europe.
Notons qu’il y a parfois des crises au sein de l’Ouest ou de l’Est de l’Europe, l’URSS doit
faire face par exemple au « schisme yougoslave ». La Yougoslavie a la particularité
européenne de s’être libérée presque exclusivement sans aide extérieure, d’où la volonté du
chef du parti communiste yougoslave Tito de s’affirmer sur la scène internationale, de résister
à toute satellisation de son pays à l’égard de l’URSS. La rupture a lieu en 1947, la
Yougoslavie pourtant communiste est condamnée par l’URSS, par le KOMINFORM,
l’ « ennemi juré » de Moscou.
-
Les Blocs s’organisent pour mieux affronter les crises de la guerre froide :
6
Quelques pays de l’Europe de l’Ouest (France, Royaume Uni, Belgique, Pays Bas,
Luxembourg) réagissent après le « coup de Prague » en signant le traité de Bruxelles en mars
1948 qui met en place un pacte d’assistance militaire en cas d’agression d’un pays signataire.
Dans un contexte d’expansionnisme soviétique et de puissance record de l’armée rouge, les
Etats-Unis sont sollicités par les Européens de l’ouest pour organiser leur défense.
Le 4 avril 1949 est signé le traité de l’Atlantique nord par les pays signataires du traité de
Bruxelles +Italie, Norvège, Danemark, Islande, Portugal + Etats-Unis et Canada + Turquie et
Grèce en 1952. Il s’agit d’un traité d’alliance défensive reprenant les grandes valeurs de
l’ONU : droits de l’homme, droit des peuples à disposer d’eux-mêmes…
Dans un contexte de guerre froide à l’échelle du monde (de la crise berlinoise à la guerre de
Corée étudiée ci-après), est créé une structure politique et militaire permanente :
l’organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN). Les différentes armées sont sous
commandement unique, le commandant suprême des forces intégrés pour l’Europe est un
états-unien, le général Eisenhower symbolisant le « leadership » états-unien au sein de
l’OTAN.
La consolidation du bloc de l’Europe de l’Ouest passe aussi par la volonté de s’unifier, les
débuts de la construction européenne sont motivés par le traumatisme de la seconde guerre
mondiale, la menace soviétique et, l’hégémonisme des deux grandes puissances dans une
Europe qui accepte difficilement d’avoir perdu son rang dans le monde. (Notons que les
étapes de la construction européenne seront étudiées en détail dans le chapitre n°5).
Le plan Marshall a joué un rôle dans cette unification européenne avec la mise en place
d’institutions telle que l’OECE (organisation européenne de coopération économique) dont le
but est de répartir et de gérer l’aide états-unienne, imposant ainsi aux Européens deux ans à
peine après la guerre de dialoguer ensemble.
La création du conseil de l’Europe en 1949 représente une première étape d’une construction
politique mais il s’agit d’une avancée limitée car il s’agit surtout d’un organe de réflexion.
En 1951 est mise en place la CECA, Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier.
L’Europe des 6 est donc née (France, Allemagne, Italie, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg) à
partir d’une coopération économique sectorielle dont le succès est rapide.
Face à la menace soviétique et à la dépendance grandissante à l’égard des Etats-Unis
(OTAN), l’Europe des 6 décide en 1952 de créer une armée commune, la CED, communauté
européenne de défense. Ce projet échoue car la France ne ratifie pas le traité de Paris
instituant la CED. En 1957, l’Europe des 6 relance cependant la construction européenne avec
la signature du traité de Rome qui institue la CEE, communauté Economique Européenne,
étape importante dans l’unification économique et politique de l’Europe.
En parallèle le bloc de l’Est se consolide aussi par une soviétisation totale des démocraties
populaires de l’Europe de l’est. On assiste à une immense vague d’épuration au sein des partis
communistes afin notamment d’éviter toute contagion du « schisme yougoslave ». L’ampleur
de la répression en 1949-1950 se mesure à l’ouverture de camps en Europe, plus de 400 pour
la seule Tchécoslovaquie. Le but est l’élimination les dirigeants des partis communistes
pourtant artisans de la victoire en 1945 par une nouvelle génération formée sur le modèle
stalinien. Ces purges, ces procès sont l’instrument de la « pédagogie des cadavres »,
l’obéissance étant obtenue par la terreur. La terreur soviétique s’est donc exportée à
l’ensemble du bloc de l’est : en particulier sur la police politique omniprésente, la
manipulation de la justice (faux procès avec des accusations ridicules : « titisme »,
« sionisme ») ou encore le traitement des prisonniers soumis aux tortures physiques et
psychologiques. Le « lavage des cerveaux » par exemple contraint les internés à s’infliger
7
entre eux les tortures (lire par exemple le roman de Iouri Dombrovski, « la faculté de
l’inutile »).
La consolidation du bloc de l’Est est aussi économique avec la création en 1949 du CAEM,
conseil d’assistance économique mutuel qui renforce l’interdépendance économique entre
l’URSS et ses satellites. Non seulement l’Europe de l’est assiste à une soviétisation forcée de
son économie (collectivisation agraire, nationalisations, priorité à l’industrie lourde) mais la
dépendance se renforce tant l’URSS est le principal client et le fournisseur unique pour de
nombreux produits en particulier l’énergie.
Le bloc de l’est s’organise enfin sur le plan militaire avec la création du pacte de Varsovie en
1955. Véritable réplique à l’OTAN du bloc ouest, le pacte de Varsovie regroupe l’URSS et les
démocraties populaires (la Yougoslavie refuse d’y adhérer) afin de permettre la défense du
bloc Est sous commandement soviétique.
« Le rideau de fer » divise donc l’Europe en deux blocs, le continent est connaît une réelle
dépendance à l’égard des deux superpuissances. Dès lors les crises de la guerre froide vont se
succéder en Europe.
B : Les débuts de la guerre froide en Asie : 1949-1953
- De la victoire communiste en Chine à la tentation soviétique d’expansion vers l’Asie :
A la suite d’une longue guerre civile commencée dans les années 1920 opposant nationalistes
et communistes, le 01octobre 1949 Mao Zedong proclame la République Populaire de Chine.
Quant aux nationalistes de Tchang Kaï-chek, ils sont refoulés sur l’île de Formose (Taïwan).
Malgré des divergences idéologiques, l’URSS et la Chine adoptent dès 1950 un « traité
d’amitié, d’alliance et d’assistance mutuelle » qui se traduit rapidement par une influence
idéologique ( plans quinquennaux, collectivisation agraire, constitution largement inspirée par
l’URSS), une assistance technique (prise en charge de grands projets industriels), financière (
estimé à plus de 300 millions de dollars) de Moscou à Pékin.
Dans un premier temps le bloc est reconnaît diplomatiquement la République Populaire de
Chine tandis qu’une majorité de pays du bloc de l’Ouest ne reconnaît comme seule Chine, le
gouvernement nationaliste réfugié à Taïwan.
-
La guerre de Corée : 1950-1953
La Corée est une ancienne colonie japonaise libérée au Nord par l’armée rouge au sud par les
Etats-Unis dont la zone de contact est le 38ème parallèle. Il en résulte dès 1948 la création au
nord d’une République populaire de Corée pro-soviétique dirigée par le général Kim II Sung
et, la Corée du sud pro états-unienne dirigée par Syngman Rhee. A la veille de la guerre de
Corée, les armées états-uniennes et soviétiques s’étaient presque totalement retirées.
A : La guerre commence par une offensive communiste rapide, la ville de Séoul est prise en
trois jours comme une grande partie de la Corée du Sud.
Dans un contexte d’expansion du communisme en Asie (Chine), Staline soutient l’initiative
de Kim II Sung, ces deux leaders communistes pensant sans doute que le risque
d’élargissement du conflit était faible.
8
B : En réalité, le président appliqua une fois de plus sa doctrine d’endiguement du
communisme en demandant à l’ONU de condamner l’offensive illégale de la Corée du nord et
d’envoyer une force armée. En l’absence du représentant de l’URSS qui boycottait l’ONU en
raison du refus des Etats-Unis de reconnaître la Chine populaire dans les organisations
internationales, l’ONU vote en faveur des propositions états-uniennes.
La contre-offensive dirigée par le général états-unien MacArthur est efficace, non seulement
la Corée du sud est libérée mais le 38ème parallèle est franchit, la capitale du nord Pyongyang
est prise et s’approche même de la frontière chinoise.
C : La chine envoie alors des centaines de milliers de soldats et le soutien technique massif
des Russes en particulier des avions (Mig15) permet aux troupes communistes de franchir le
38ème parallèle et de contrôler Séoul.
D : Les troupes onusiennes lancent une nouvelle contre-offensive qui se traduit par une
stabilisation du front autour du 38ème parallèle. La dernière phase de la guerre est une véritable
guerre de positions. L’armistice de Pan Mun Jon en juillet 1953 constate le statu quo militaire
et le maintien de deux Corées de part et d’autre du 38ème parallèle.
Cette guerre de Corée est le reflet des conflits durant la guerre froide :
Une guerre localisée dont les alliances sont à l’origine d’un risque de guerre mondiale. Le
débat en 1951 entre le général Mac Arthur et le président Truman est révélateur d’une telle
crainte : Le général Mac Arthur propose d’utiliser la bombe nucléaire sur la Chine populaire
pour terminer la guerre, le président Truman refuse car selon lui, « nous risquerions de
déclencher une guerre générale […]nous aurions provoqué la situation même que nous
cherchions à éviter » (discours du président Truman le 11 avril 1951 où il justifie sa stratégie
en Corée et le remplacement à la tête du commandement militaire de Mac Arthur par
Ridgway).
Une guerre au lourd bilan : humain (sans doute 5 millions de morts dont les 2/3 de civils),
économique ( Corée ruinée, course à l’armement lancée par les deux grands, les crédits
militaires états-uniens dépassent les 13% du PNB, ce qui constitue un record pour ce pays) et
psychologique avec le renforcement d’un «traumatisme prospectif », face au risque d’une
troisième guerre mondiale. Alors qu’en URSS, le totalitarisme stalinien se renforce par des
purges énormes pour « trahison » dont sont victimes 25% des communistes des démocraties
populaires, on assiste aux Etats-Unis à une vague anti-communiste, véritable « chasse aux
sorcières » organisée par le sénateur Mac Carthy dans les milieux artistiques (exil de Chaplin,
Losey…) ou chez les fonctionnaires.
Une guerre qui renforce la bipolarisation de la planète : soviétisation des satellites de l’URSS,
expansion du communisme en Asie (Chine populaire, Corée du Nord, Vietnam du Nord à
partir de 1954) et dans le bloc ouest renforcement de la politique d’endiguement par une
multiplication de pactes :
- Le pacte de Rio dès 1947 réunit une vingtaine d’Etats d’Amérique.
- L’ANZUS, ce « pacte pacifique » en 1951 réunit l’Australie, la Nouvelle Zélande puis les
Etats-Unis.
9
-
L’OTASE en 1954, organisation des territoires de l’Asie du sud-est = ANZUS + Pakistan,
Philippines, Thaïlande, Grande Bretagne et France.
- Le pacte de Bagdad en 1955 est signé par la Turquie, l’Iran, l’Irak, le Pakistan et la
Grande Bretagne.
Cette véritable « pactomanie » du bloc de l’Ouest a pour but d’encercler l’URSS et le bloc
communiste.
III : Les illusions de la coexistence pacifique : 1953-1962 :
A : La coexistence pacifique, une stabilisation de la guerre froide :
La mort de Staline le 5 mars 1953 marque une rupture tant dans la politique interne de
l’URSS que dans sa diplomatie. Khrouchtchev, successeur de Staline, dénonce les crimes de
Staline, son culte de la personnalité dans un rapport secret lors du XX ème congrès du PCUS.
Cette politique de destalinisation passe par des actes symboliques (corps de Staline retiré du
mausolée de Lénine, localités débaptisées…) et des actes politiques (reconnaissance de la
pluralité des voies menant au socialisme, réconciliation avec Tito…). Lors de ce XX ème
congrès du PCUS, il présente « la coexistence pacifique » comme nouvelle politique étrangère
de l’URSS. Si le modèle soviétique (marxiste-léniniste) a toujours vocation à s’étendre, cela
ne doit pas passer par les armes. Cette politique est rendue possible par le nouveau rapport de
force militaire dans le monde. Les Soviétiques sont alors en possession de la bombe atomique
(bombe A en 1949 et bombe H en 1953) et de ses différents types de «vecteurs » (sousmarins, bombardiers, fusées porteuses) d’où un équilibre de la terreur avec les Etats-Unis.
Cette politique est aussi pour Khrouchtchev le moyen de bénéficier d’un répit afin de
développer l’économie soviétique alors largement en retard sur le bloc Ouest. La
« coexistence pacifique » a pour but de réduire les crédits d’armement pour multiplier de
gigantesques travaux (barrages, irrigation, recherche spatiale…) si bien que le leader
soviétique annonça en 1957 que l’URSS allait dépasser les Etats-Unis sur le plan économique
dès 1980.
Ainsi la « coexistence pacifique » a tendance à déplacer la bipolarisation de la planète sur le
terrain idéologique (volonté de séduire par exemple les peuples récemment décolonisés) voire
technique (premier satellite, Spoutnik 1 en 1957 et en 1961 Youri Gagarine, premier homme
dans l’espace). Cette avance technologique russe constitue un choc aux Etats-Unis d’où en
réaction la création de la NASA, National Aeronautics and Space Administration, en 1958
aboutissant à des vols habités dans l’espace et les premiers pas sur la lune en 1969.
Face à la politique de «coexistence pacifique » de l’URSS, les Etats-Unis ne choisissent pas la
rupture dans leur diplomatie. Dans un contexte de perte du monopole nucléaire, de
démonstration de la puissance spatiale soviétique (voir ci-dessus) et d’élections présidentielles
en 1952 alors que l’opinion est sensible au maccarthysme, le président Eisenhower adopte la
doctrine des « représailles massives » :
- Toute attaque du bloc communiste contre un membre du bloc Ouest se traduira par
l’emploi de la bombe atomique
- Une réplique immédiate et au delà des cibles militaires.
En fait la diplomatie états-unienne ne sera pas aussi dogmatique, certes la doctrine des
représailles massives est l’instrument d’une politique de la « dissuasion », mais en
pragmatique le président Eisenhower va s’appuyer sur la consolidation du bloc Ouest
10
(pactomanie étudiée précédemment, possession de bases militaires autour de l’URSS :
Europe, Turquie, Japon…), sur les investissements à l’étranger et de plus en plus sur la CIA
qui finance, voire organise des coups d’Etat afin de renverser des gouvernements hostiles (
renversement de Mossadegh en Iran en 1953 par exemple).
B : Caractéristiques et limites de la coexistence pacifique :
Dans ce contexte de prise de conscience réciproque de « l’équilibre de la terreur », s’installe
donc une fragile « coexistence pacifique » dont les premiers signes sont une reprise du
dialogue, un « dégel » des relations entre les deux grandes puissances : pour la première fois
depuis les conférences de paix en 1945, les grands se retrouvent pour négocier, conférence sur
l’Allemagne en 1954 sur l’Autriche en 1955, visite de Khrouchtchev à Londres en 1956 ou
encore visite d’Adenauer, chancelier de la RFA à Moscou pour obtenir la libération des
derniers soldats allemands prisonniers en URSS.
Ce dégel des relations entre les deux blocs est toutefois ambigüe tant Etats-Uniens et
soviétiques se soupçonnent l’un l’autre. Malgré une volonté de « coexistence pacifique », de
graves crises de la guerre froide apparaissent.
- Les deux grands dans la crise de Suez en 1956 :
A la suite de la nationalisation du canal de Suez par le président Egyptien Nasser afin de
financer un grand barrage sur le Nil, les puissances traditionnelles dans la région et
actionnaires principaux du canal décident d’intervenir militairement. L’intervention militaire
franco-anglaise et israélienne est une réussite. Les Etats-Unis et l’URSS vont faire pression
pour faire capituler Français et Anglais. La spéculation sur la livre anglaise par les Etats-Unis
et la menace nucléaire soviétique vont faire reculer Paris et Londres. Cet échec politique des
puissances européennes témoigne de leur nouveau statut de puissance moyenne dans le
monde bipolaire après 1945.
- La seconde crise de Berlin : 1958-1961
Khrouchtchev relance la question de Berlin dans le but de faire partir Anglais, Etats-Uniens et
Français de la partie ouest de la ville. Les Soviétiques rendent difficile la circulation entre
RFA et Berlin Ouest, le président Kennedy répond par un renforcement des militaires étatsuniens en Allemagne. Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, le gouvernement de la RDA
construit un mur séparant Berlin Ouest de la zone soviétique avec l’accord de l’URSS.
Les autorités de la RDA justifie l’édification de ce mur de 46km, de deux mètres d’épaisseur,
de 4 à 6 mètres de haut, pour stopper « l’invasion de la RDA par les espions et les saboteurs
envoyés par l’Allemagne revancharde et par les puissances impérialistes » ( sous-entendu la
RFA et le bloc ouest). En fait, le mur a pour fonction d’arrêter l’hémorragie, plus de deux
millions d’Allemands de l’est ont en effet quitté la RDA entre 1950 et 1960, le plus souvent à
partir de Berlin. Il s’agit en grande majorité de jeunes actifs qualifiés. Très vite c’est toute la
frontière entre RDA et RFA qui est séparée par un réseau de barbelés, gardé par des militaires
ayant l’ordre de tirer y compris en cas de fuite vers l’Ouest.
Cette nouvelle crise de Berlin s’arrête ainsi car le bloc Ouest ne réagit pas hormis des
protestations et l’envoi de troupes supplémentaires à Berlin Ouest, l’URSS semble de son
côté renoncer à leur revendication sur la totalité de la ville.
Le « mur de la honte » est un choc pour la population, en particulier pour les Berlinois de
l’ouest qui se sentent isolés, sentiment quelque peu estompé lorsque le président Kennedy
affirme lors d’une visite à Berlin en 1963, « ich bin ein Berliner » ( je suis un Berlinois).
11
- La crise de Cuba en 1962 :
En janvier 1959 la révolution castriste met fin à la dictature de Batista sur l’île de Cuba. Ce
dernier dirigeait son pays de manière autoritaire avec le soutien des grands propriétaires
terriens et des Etats-Unis. Les guérilleros et leur chef Castro ne sont pas au départ
communistes mais désirent mettre en place des réformes sociales (réforme agraire, baisse des
services publics, mesures pour réduire la pauvreté…) et être moins dépendant à l’égard de la
grande puissance voisine, les Etats-Unis. Alors que ceux-ci préfèrent soutenir les anticastristes
qui se réfugient en Floride, Castro se rapproche de l’URSS avec un premier accord
commercial signé en 1960 portant sur la vente de la principale production d’exportation de
l’île, le sucre. Castro annonce ensuite intégrer le bloc communiste. Les relations entre La
Havane et Washington se détériorent un peu plus à la suite de la nationalisation (sans
indemnités) des intérêts états-uniens à Cuba (plus de 1,5 million d’hectares de terres
cultivées). La réponse du président Eisenhower est immédiate en imposant un embargo total
sur le commerce vers cuba. Son successeur le président Kennedy accepte un projet d’invasion
de l’île préparé par la CIA et des exilés cubains anticastristes, mais ce débarquement dans la
1961 est un cuisant échec.
La crise de Cuba connaît de nouvelles tensions le 14 octobre 1962 après la découverte de
rampes de lancement soviétiques (à moins de 150km des Etats-Unis) par un avion-espion U2,
d’autre part des bateaux soviétiques porteurs d’ogives nucléaires sont repérés en direction de
Cuba. Le 22 octobre le président Kennedy annonce la mise en quarantaine de l’île par la flotte
états-unienne, mission d’interception des navires contenant des armes en direction de Cuba,
préparation d’une attaque aérienne sur le site des rampes de lancement. La menace d’une
guerre de grande ampleur est très forte, le bloc ouest est solidaire derrière les Etats-Unis y
compris De Gaulle. Le 28 octobre, les deux superpuissances mettent fin à la crise à la suite du
recul soviétique (démantèlement des installations militaires à Cuba)et de la promesse étatsunienne de ne plus attaquer le régime castriste cubain.
Cette crise des fusées à Cuba en 1962 représente l’une des tensions les plus grave durant la
guerre froide, se traduisant par une prise de conscience à Washington et Moscou que toute
crise locale peut dans un monde bipolaire se terminer en « apocalypse nucléaire ».
La bipolarisation de la planète, c’est à dire l’affrontement des deux superpuissances dans le
monde, va donc s’imposer après la disparition des puissances de l’Axe en 1945 et
l’effacement des puissances européennes. La guerre froide est donc un conflit d’un type
nouveau, les tensions sont multiples parfois militaires (avec des millions de morts sur toute la
période dans les différentes crises ou guerres locales) mais sans affrontement direct. Au delà
de la logique d’affrontements, la conscience des deux grands d’une capacité nouvelle de
détruire l’humanité entière par la puissance inégalée de l’armement nucléaire, impose un
« équilibre de la terreur ». Dans les périodes de tensions, cette peur d’un troisième conflit
mondial est omniprésente, Kennedy évoque à quelques minutes de son discours le 22 octobre
1962 « d’une politique au bord du gouffre » d’où une volonté progressive de dégel dans les
relations Est/Ouest, voire de « détente » après la crise de Cuba.
12
Annexes :
I : La rupture de 1947 et la mise en place des blocs :
-
sur le modèle états-unien, dossier sur les institutions états-uniennes p66-67
sur le modèle soviétique, dossier sur Staline et les institutions p86-87+p89
Le discours de Fulton de Churchill doc1 p106
La doctrine Truman doc4 p107
Le plan Marshall doc3 p107
La doctrine Jdanov doc5 p107
Carte de l’Europe en 1947 doc2 p107
L’extension du communisme en Europe de l’est en 1945-47 doc3 p225
II : L’escalade de la guerre froide entre 1948-53 :
-
Elections truquées à l’est doc1 p224
Les aveux, lors des procès de Prague en 1952 doc5 p225
Le blocus de Berlin doc1 p108
La guerre de Corée doc3 p109
Carte de la menace soviétique vue par les états-uniens doc1 p114 et de la
menace états-unienne vue par les soviétiques doc3 p115, synthèse des
alliances doc2 p115
- La propagande, une arme dans la guerre froide doc p104-105-119
+doc5p71+p84
III : Les illusions de la coexistence pacifique 1953-62 :
- La définition de la coexistence pacifique par Khrouchtchev doc4 p109
- La crise de Suez doc2 p108
- Le mur de Berlin doc1 p220 + cartes de l’Allemagne de 1945 à 1991 doc2
p220 + photo de la construction du mur doc5 p109
- La crise de Cuba p122-123
13