Stratégie de développement durable des hôtels Accor en Tunisie

GIZC2060 – octobre 2015 – Alexandre Scheuer
https://alexandrescheuer.wordpress.com
Stratégie de développement durable des hôtels Accor en Tunisie
Introduction contextuelle
La Tunisie est un pays méditerranéen du Maghreb comptant
environ 11millions d’habitants. En 2010-2011 la Révolution, dans
le mouvement des printemps arabes, provoque la chute du régime
de Ben-Ali et mène à l’adoption d’une nouvelle Constitution en
2014. Destination de nombreux touristes, dont une grande
proportion d’européens, les évènements précédemment cités ne
sont pas sans influence. Le recul historique reste toutefois insuffisant pour s’avancer sur
l’évolution du secteur touristique qui affichait 7 millions de visiteurs et 38 millions de nuitées
en 2008 dans une dynamique de croissance économique (Babnet, 2009).
Dans le contexte d’un secteur économique ayant une empreinte
écologique négative marquée par des externalités, dans un pays
avec une population peu sensible aux enjeux du Développement
Durable (DD), nous allons nous intéresser à la stratégie de
valorisation et de mise en pratique de ces problématiques dans les
hôtels Accor en Tunisie. Le groupe français Accor Hotels,
possédant deux hôtels en Tunisie, est le 1er de son secteur en
Europe et le 6ème dans le monde (Le Monde.fr, 2013) avec 2,7
milliards de chiffre d’affaire en 2015.
En première partie sont abordés les enjeux du développement durable en Tunisie, ensuite
sont présentées les démarches adoptées en ce sens à l’extérieur et par le groupe Accor, une
troisième partie aborde les répercussions du projet, puis vient l’analyse du succès et
l’inscription de la démarche dans le milieu côtier avant la conclusion.
1 – Enjeux
Les enjeux de développement durable en Tunisie tournent autour de la gestion des ressources
en eau qui sont très limitées. En effet le potentiel hydrique utilisable par habitant est de 450
à 500m3/an, soit la moitié du seuil de stress hydrique (évalué généralement à 1000m3). La
consommation en eau du secteur touristique (hôtels, golfs luxuriants…) est d’environ 550L
par jour et par touriste, soit dix fois plus que celle des tunisiens. Cette consommation
excessive d’eau, inscrite dans un modèle occidental d’abondance de ce type de ressource,
conduit à des prélèvements croissant dans les nappes fossiles.
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2 – Démarches adoptées
2.1 – Démarches adoptées extérieures
Le « Passeport Vert » édité par le PNUE vise à sensibiliser les touristes au
Développement Durable autour de recommandations délivré par écrit dans
l’optique d’un écotourisme (PNUE, 2008).
Le gouvernement de son côté impose des mesures de restriction d’usage
de l’eau autour de stratégies de mobilisation, d’exploitation rationnelle et
de gestion intégrée et durable. L’exigence de la préservation des ressources
en eau et de l’environnement plus généralement a conduit au passage à une stratégie de
gestion de la demande et non plus de l’offre. Par ailleurs le tarif touristique est le plus élevé
dans la grille d’eau potable (890 milimes) et les hôtels ont l’obligation d’utiliser des
autocollants de sensibilisation à la préciosité de l’eau à destination des touristes.
2.2 – Démarche adoptée dans le projet
À la différence de la majorité des hôtels tunisiens, ceux du groupe Accor se caractérisent par
la mise en place d’actions dans l’optique de développement durable auprès des
collaborateurs, des clients et de l’environnement sociétal. Ces actions se traduisent par la
production et l’utilisation d’affiches de sensibilisation, d’une charte
environnement, d’un rapport annuel de DD et d’analyses et de prélèvements
quotidiens de la qualité de l’eau. Le rapport d’activité est libre d’accès et
distribué largement. Des documents écrits adaptés sur les thématiques du
DD, tels que des encarts et guide de bonne conduite, participe à la formation
continue du personnel et à la sensibilisation auprès des clients.
Des engagements sont également pris auprès de la population afin de promouvoir les valeurs
de DD défendus par l’entreprise. Cela s’est traduit concrètement par la location de bus pour
faire participer des écoliers à la journée mondiale de la terre, des donations de plants d’arbre
et de livrets de sensibilisation pour toucher l’entourage.
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Des solutions techniques comme des boutons poussoirs dans les douches, le traitement et la
réutilisation des eaux usées et eau de pluie à l’aide de bâche à eau pour l’arrosage, des
systèmes de goutte à goutte, des robinets spécialisés et des chasses d’eau divisées contribuent
à la diminution de la consommation en eau dans les hôtels.
Le groupe a une démarche globale d’engagement en différents points traités partout où il est
présent dans le monde, certains points ayant plus d’importance dans le cas tunisien (les points
4, 16, 19 et 21 étant particulièrement travaillés).
3 – Répercussions du projet
Une insouciance de la part des clients est observable envers les mesures prise par le groupe
Accor en direction du DD. Cela peut s’expliquer par le fait que la Tunisie est une destination
de vacances à moindre coût pour nombre d’européens dont les préoccupations ne dépassent
pas le cadre du loisir. Pour autant, le niveau d’exigence de développement durable et de
gestion de l’eau est bien plus supérieur à la législation, ce qui met en évidence de marges
d’avancement. Faute de services suffisants de l’État, des entreprises privées se développent
et accompagnent l’hôtel dans la mise en place d’actions qui minimisent leur empreinte
écologique.
Les interactions avec la population autour, par exemple, de la journée mondiale de la terre
permettent des implications locales dans la démarche de DD. Le programme « Plant for the
planet » se traduit par la plantation d’arbres (4 million depuis 2008, 2000 arbres/jour dans le
monde) permettant, en plus de l’aspect pédagogique auprès des autochtones, de restaurer des
milieux naturels.
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4 – Analyse du succès du plan
Le Développement Durable n’est pas encore entré dans les mœurs des entreprises tunisiennes
en raison, entre autre, de l’inexistence de textes règlementaires ou de normes sectorielles. Le
plan est un succès pour l’entreprise Accor qui maintient ses normes mondiales dans un pays
qui ne l’impose pas. C’est une réussite interne dont les rayonnements à l’extérieur sont très
limités mais qui peuvent sensibiliser au Développement Durable des autochtones qui ne
l’auraient pas été sans cela.
L’action effective de l’entreprise lui sert beaucoup dans sa communication autour d’un
concept à la mode et vendeur pour les clients et collaborateurs. Ce « greenwashing » est très
présent sur son site internet et dans la vidéo de promotion de son programme.
http://www.accorhotels-group.com/fr/developpement-durable.html
5 – La démarche dans le milieu côtier
La démarche de sensibilité continue aux enjeux du
Développement Durable par le partenariat avec une
entreprise privé d’assainissement permet d’éviter des
incidents pouvant porter préjudice à l’environnement,
à la santé et à l’image de l’hôtel. Les enjeux des eaux
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usés sont importants dans le secteur touristique et l’exigence moindre des normes nationales
et de la surveillance induisent des incidents pouvant entacher la notoriété des hôtels. Ce fut
le cas l’été 2015 dans un hôtel tunisien avec le déversement d’eaux usées sur une plage
fréquentée par des touristes (Gharbi, 2015).
http://www.huffpostmaghreb.com/2015/08/04/tunisie-palm-beachvideo_n_7931992.html
Conclusion et reproductibilité du projet
Au niveau hôtelier Accor tient son cahier des charges partout dans la monde, le projet de
promotion du développement durable et de sensibilisation à une bonne gestion de l’eau
s’applique donc partout où est présente l’entreprise. Les pays ayant différentes normes, plus
ou moins exigeantes, l’impact des mesures d’Accor sera donc plus ou moins fort.
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A l’échelle tunisienne, la faiblesse des lois n’incite pas à la reproduction de ce type de
démarche sans volonté claire et déterminée d’y participer. Les hôtels tunisiens ne se
préoccupent pas du Développement Durable, qui est vu comme une source de contrainte, et
se contentent d’appliquer à la marge les obligations formulées par l’État. Ce type de projet
se développe chez les collaborateurs d’Accor et les autochtones sensibilisés peuvent songer
à s’investir en ce sens. Malheureusement, comme dans la plupart des « pays en
développement », la préoccupation environnementale est secondaire chez des personnes
ayant des conditions de vie bien moins confortables que dans les « pays développés » (ceuxlà dont viennent les touristes).
Ressources :
Accor
Hotels,
Section
Développement
group.com/fr/developpement-durable.html
Durable,
http://www.accorhotels-
Accor Hotels, Vidéo de promotion du programme de DD du groupe http://www.accorhotelsgroup.com/media/video/planet21_fr.mp4
Babnet, 2009, Tunisie : l'année touristique 2008 en
chiffres http://www.babnet.net/rttdetail-14985.asp
Gharbi A., 2015, Tunisie - Des eaux usées déversées sur une plage d'Hammamet: L'hôtel
s'excuse après l'indignation des internautes, Huffington Post Maghreb – Tunisie
http://www.huffpostmaghreb.com/2015/08/04/tunisie-palm-beach-video_n_7931992.html
Ghozzi-Nékhili C., 2011, Quelle stratégie de développement durable dans les hôtels en
Tunisie ?, VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement, Volume 11
Numéro 3 | décembre 2011, http://vertigo.revues.org/11559
Le Monde.fr, 28 Août 2013, http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/08/28/accorrenoue-avec-les-benefices-au-premier-semestre_3467455_3234.html
Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), 2008, Lancement de la
campagne « Le Passeport vert »
http://www.unep.org/Documents.Multilingual/Default.asp?DocumentID=528&ArticleID=5
757&l=fr
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