UNIVERSITE D`ALGER
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Evaluation des structures et de la production des banques commerciales suite à la loi 90/10 Chabha BOUZAR Maitre de conférences FSEG UMMTO Le système bancaire algérien a connu depuis sa création une histoire mouvementée qui suscite à la fois intérêt et critique. En effet, loin d’être figé dans le temps, il fait l’objet de transformations plus ou moins rapides, qui procèdent à des évolutions sur de nombreux plans. Il semble aujourd’hui pertinent de faire un bilan des changements opérés et de leurs effets sur l’économie et ce, afin de procéder comme l’exigent aussi bien les pouvoirs publics que les opérateurs économiques à une nouvelle génération de réformes qui passent nécessairement par sa modernisation et sa privatisation. La présente communication se fixe alors pour objet de contribuer aussi modestement que possible à cette évaluation. Cependant, celle-ci ne saurait prétendre remonter totalement dans le temps mais se limite à la période qui coïncide avec la mise en œuvre de la loi 90 /10 qui portent sur la monnaie et crédit. De plus, elle ne saurait être exhaustive puisqu’elle s’intéresse principalement aux mutations structurelles des banques commerciales et à leurs innovations en termes de produits et services. 1- Les banques commerciales : aspects structurels Les aspects structurels sont relatifs aux restructuration des banques déjà existantes, à l’implantation d’une série de banques privées ayant reçu l’agrément du conseil de la monnaie et du crédit et finalement au taux de bancarisation du tissu socio-économique algérien.. 1-1 Les restructurations des banques : L’introduction d’une vraie discipline financière par les banques algériennes ne peut s’exercer tant qu’un grand nombre de prêts douteux ou irrévocables menace leur solvabilité. L’assainissement du système bancaire algérien est donc un processus incontournable. Différents chantiers sont ouverts : audit, mise en place d’un nouveau plan de compte, assainissement de portefeuilles, recapitalisation … 1 Created by Neevia Personal Converter trial version http://www.neevia.com Created by Neevia Personal Converter trial version 1-1-1 L’assainissement Le processus d’assainissement du portefeuille financier des banques publiques déjà en place à savoir la BNA , la BEA, le CPA, la BADR et la BDL et de la caisse d’épargne CNEP s’est grosso-modo opéré en deux phases: - Durant la première phase, il fut procédé au double assainissement financier des banques et des entreprises. Ainsi, l’assainissement des entreprises opérait simultanément l’apurement du portefeuille des banques. - La deuxième phase porte sur la restructuration des banques ainsi que l’assainissement progressif de leurs actifs. 1-1-2 La transformation de la CNEP en banque et de la CNMA en banque mutualiste Outre ces opérations, la CNEP fut érigée à partir de 1997 en SPA et s’est vue dotée d’une capacité d’exécution de toute opération bancaire ou commerciale conformément à la législation bancaire et au code de commerce. La CNMA, en ce qui la concerne, a été autorisée depuis 1995 à effectuer des opérations de banque. 1-1-3 Les recapitalisations Par ailleurs, les différentes recapitalisations des banques, qui ont été effectuées, ont permis d’augmenter leur capital pour d’améliorer leur niveau de fonds propres et restaurer leur solvabilité et, d’obtenir leur agrément du CNMC. Il s’agit de toutes les banques publiques (BNA, BEA, CPA, BADR, BDL) mais également des banques privées dont le capital est inférieur à 2,5 milliards de dinars, montant exigé par le règlement n° 04/01 du 04 mars 2004 qui définit les conditions d’installation des banques privées à savoir : BNP Paribas, SGA, Banque Natexis Algérie , Cetelem Algérie, Maghreb leasing….. Précisons enfin, que les restructurations du système bancaire ne sont pas encore achevées et que dans un avenir proche des fusions, des filialisations et des privatisations paraissent imminentes pour mieux répondre aux besoins du secteur réel. 1-2 L’introduction de banques privées La réhabilitation du secteur privé en Algérie, la démonopolisation de l’Etat du secteur bancaire et financier, le nouveau code des investissements et l’ouverture au capital étranger ont permis une extension en terme d’institutions du paysage bancaire en Algérie. le règlement n° 90/01 du 04/07/1990 et l’instruction n° 06/96 en application du règlement du 03 janvier 1993, par l’instruction n° 01/99 du 07 avril 1999 portant modalités d’application du règlement n° 97/02 du 06 avril 2 Created by Neevia Personal Converter trial version http://www.neevia.com 1997 définissent les conditions d’installation des banques privées et établissements financiers de nature nationale, étrangère ou mixte en Algérie. Suite à l’ordonnance de 2003, le règlement n° 04/01 du mars 2004 réactualise ces conditions . A ce titre, nous pouvons citer : Les banques privées à capitaux étrangers comme : la Citibank Algeria, la Société générale Algérie (SGA), l’Arab Bank PLC Algérie, Natexis Banque Algérie, Ryan Bank Algeria NK…. Les banques privées à capitaux mixtes : La banque El Baraka, l’Arab Banking Company (ABC), la Banque de Coopération Maghreb Arabe (BCMA), Algerian International Bank (AIB), la Banque Générale de la Méditerranée (BGM)... Les banques privées à capitaux algériens : l’Union Bank, la Banque commerciale et industrielle d’Algérie (BCIA), El Khalifa Bank, la Compagnie Algérienne de Banque (CAB)…. A leur démarrage, l’ensemble des banques privées algériennes avaient des capitaux propres dont le montant global avoisinait 3,6 milliards de dinars, soit approximativement à peine le double du capital de la BDL, ce qui est insignifiant. Il faut souligner que leur activité s’oriente davantage vers le financement des PME. En ce qui concerne les banques privées étrangères, leur investissement global avait atteint prés de 100 millions de dollars US au départ. Celles-ci ciblent un segment de marché beaucoup plus spécialisé dont les hydrocarbures et les opérations extérieures. Leur compétence leur permet de faire une meilleure utilisation des techniques bancaires et monétaires Le responsable de l’ABC Algérie disait en 1997 dans le journal le matin: « La création de banques privées va introduire la transparence économique, la concurrence. Elle poussera le système bancaire national à se hisser aux normes internationales en termes de prestations. Ce sont les meilleures qui prendront les meilleurs clients»1. La réalité nous apprend qu’il en est autrement puisque certaines banques privées notamment de capitaux algériens meurent l’une après l’autre. le CNMC leur retire l’agrément faute de mauvaise gestion, de résultats négatifs ou de non recapitilisation. Il s’agit entre autres de Khalifa Bank, Union Bank, BCIA, CAB, Mouna bank, Arco Bank, Algerian International et récemment la BGMA. 1In Matin : rubrique du lundi 22/09/97. 3 Created by Neevia Personal Converter trial version http://www.neevia.com Pourtant, l’histoire des pays de l’Europe de l’Est et notamment la Russie nous a appris qu’il ne faut pas une pléthore de banques de faible envergure. 1-3- Un réseau bancaire insufisant Malgré la naissance de banques privées, le nombre de banques commerciales composant le système bancaire algérien demeure encore largement dominé par les banques publiques, ce qui traduit sa nature oligopolistique et son éloignement des logiques de compétition et de concurrence que la politique actuelle cherche à instaurer. Par ailleurs, les banques commerciales ont été durant de longues années centralisées dans les grandes villes, leur réseau, très peu étendu dans les grandes zones rurales, n’a pas permis le rapprochement avec la clientèle. Il existe des nombreuses régions qui, possédant de forte potentialité en clientèles, ne sont pas encore dotées d’agences. A cela, s’ajoute le fait que les banques privées ont pour la plupart leur siège respectif au niveau de la capitale et, que leurs succursales s’implantent dans les grandes villes de moindre importance telles que Blida, Bejaia, Tizi-Ouzou et Bouira. Des études effectuées par des experts montrent qu’un système bancaire, même sophistiqué, n’est viable que s’il est varié, et que ses banques possèdent des succursales pour permettre la concurrence et la compétitivité bancaire. La norme admise dans ce domaine est qu’il y ait au une succursale pour 3000 à 3500 habitants. Or, l’Algérie est au stade d’une succursale pour plus de 500 000 habitants et d’une agence pour 27 500 habitants. Situation des banques publiques algériennes au 31/12/1996. Unité :millions de DA Banque Nombre d’agences Ressources (millions de DA) 113 45,6 CPA 76 192,0 BEA 162 53,6 BNA 265 47,9 BADR 148 24,3 BDL 166 113,7 CNEP 923 477,1 T O TA L Source : Rapport d’activité CPA (1996). Effectif global Part dans les ressources 3 590 3 498 4 679 6 292 2 488 2 965 23 512 10 % 40 % 11 % 10 % 05 % 24 % 100 % Moyenne ressources par agence 0,403 2,526 0,330 0,185 0,164 0,685 4 Created by Neevia Personal Converter trial version http://www.neevia.com 2- Les nouveaux produits bancaires : Jusqu’en 1988, les banques s’étaient cantonnées dans une situation de mono-produit (compte chèque) et mono-client (domiciliation des entreprises publiques). Elles n’avaient pas de comportement innovateur et leurs procédés furent archaïques puisqu’elles enregistrent à la fois un retard technologique en informatique et un handicap dans la maîtrise des techniques de marketing Etant maintes fois décriées par les opérateurs économiques, les banques devenues universelles essaient d’apporter les correctifs tant sur le plan qualitatif que diversification des produits et services afin d’améliorer leur relation avec leurs clients. 2-1 Sur le plan des emplois : Les banques tentent de prendre en charge les financements aussi bien de l’exploitation que de l’investissement en direction des entreprises, elles élargissent aussi leur contribution aux particuliers qui, jusqu’au milieu des années 90, ne bénéficiaient d’aucun crédit bancaire. Ils n’avaient de possibilité qu’auprès de la CNEP pour le financement du logement et ce, dans des conditions draconiennes. 2-1-1 Les crédits en direction des particuliers 2-1-1-1 Les crédits immobiliers : Jusqu’à la mise en œuvre de la réforme de 1990, le logement était en grande partie financé par l’Etat sur concours budgétaires et à fonds perdus mais aussi par l’épargne des ménages collectée par la CNEP. Cette politique a permis l’offre d’un peu plus d’un million de logements entre 1967 et 1987. Or, la forte croissance démographique, les restrictions budgétaires dans le cadre du PAS ont aggravé le déficit en matière de logements par rapport à la demande. Les statistiques publiées2 font état d’une population estimée à 30 millions (maintenant 32) d’habitants qui se partage un parc immobilier de 3,7 millions de logements (5 millions selon d’autres sources). Ce parc qui ne répond qu’à 17% des besoins. Ce déséquilibre flagrant a donné lieu à la politique de relance de l’immobilier qui a nécessité la refonte complète du schéma de financement de l’habitat lequel obéit aux facteurs suivants : - Une distinction opérée entre logement social et logement promotionnel. 2 Revue convergence BEA, N°5, juillet-août 2000. 5 Created by Neevia Personal Converter trial version http://www.neevia.com - Une banalisation du crédit immobilier en tant que produit classique, pouvant être offert par n’importe quelle banque. C’est un produit économique dont la production doit répondre aux normes de rentabilité financière et économique. - Notons enfin que la politique des crédits immobiliers, est supposée avoir un effet d’entraînement en relançant l’activité des entreprises du BTP, secteur qui connaît de nombreuses difficultés. - Le crédit hypothécaire initié par le CPA et adopté par les autres banque Le crédit immobilier lancé par le CPA en 1998 a pour finalité de permettre aux ménages à revenu moyen d’acquérir un logement. A son lancement cette forme de crédit n’a pas connu de panacée, parce que les conditions exigées ( taux d’intérêt, hypothèque..) pour être éligible à ce prêt étaient pratiquement inaccessibles par les catégories sociales auxquelles il était destiné. Par la suite les conditions ont été un peu plus assouplies, il est aussi adopté par les autres banques. - Le crédit au logement de la CNL : L’action de la CNL dans le cadre du crédit au logement est conjointe à celle du CPA, mais celle-ci vise une catégorie spécifique de clients à savoir, celle dont le salaire est à la limite inférieure de 24 000 DA. L’aide apportée par la CNL est fixée en fonction des fourchettes des revenus des ménages : Aide de la CNL Montant de l’aide de la CNL Fourchette de revenus 350 000 DA SNMG < R < SNMG x 2 300 000 DA SNMG x 2 <R< SNMG x 3 250 000 DA SNMG x3 < R < SNMG x 4 SNMG: Salaire national minimum garanti. 2-1-1-2 Le crédit à la consommation : 6 Created by Neevia Personal Converter trial version http://www.neevia.com Le crédit à la consommation a connu une montée fulgurante dans les pays développés, parce qu’il constitue un facteur de développement dont la mesure où il incite la demande et induit la croissance. En Algérie, le crédit à la consommation était inexistant. Il fut lancé par la BEA en 1998 puis adopté par les autres banques. Le créneau concerne les produits électroménagers et l’ameublement exclusivement fabriqués ou montés en Algérie. Pour y arriver, de grands efforts d’intéressement en direction des protagonistes (commerçants, consommateurs, banques) ont été déployé ; Notons que le montant autorisé M est: 10 000,00 DA < M < 100 000,00 DA sans dépasser les plafonds suivants : Articles électroménagers : 50 000,00 DA. Articles d’ameublement : 100 000,00 DA. Une fois le crédit accordé, une convention s’établit entre le client et la banque. Cette dernière pour se couvrir contre le risque de contrepartie, signe également des conventions d’assurance de nature classique ou de partenariat avec une compagnie d’assurance. 2-1-1-3 Le crédit Adouet : Devenue banque de proximité la CNEP a introduit le crédit spécifique Adouet destiné aux ménages pour les aider à faire face aux dépenses difficiles. En réalité, ce produit n’est pas connu du grand public par manque de publicité. Ce sont les fonctionnaires de la CNEP qui en bénéficie le plus. 2-1-1-4 Le crédit véhicule : La Caisse Nationale d’Epargne et de Prévoyance avait mis en place le crédit véhicule. Les autres banques l’ont également adopté. Leur part de financement a été fixée à 70% du coût de l’acquisition d’un véhicule de tourisme neuf et l’achat de celui-ci se fait auprès d’un concessionnaire agrée. Il a connu un engouement considérable ce qui a permis au parc automobile de se multiplier et de se diversifier. 2-1-2 Les nouveaux crédits en direction des entreprises Outre les crédits classiques, les banques ont introduit une gamme de nouveaux produits en direction des entreprises. 7 Created by Neevia Personal Converter trial version http://www.neevia.com 2-1-2-1 Le crédit de l’Agence Nationale de Soutien à l’Emploi des Jeunes (ANSEJ) 3: Dans le cadre de la politique de résorption du chômage des jeunes, le décret présidentiel N° 96 - 234 signé le 2 juillet 1996 permet à cette frange de la population active des possibilités d’investissement. A cet effet, le financement peut revêtir 3 formes : - L’autofinancement de la totalité des investissements ; - Le financement mixte qui consiste dans l’apport du promoteur et qui peut être complète par un crédit accordé par l’ANSEJ, caractérisé par le nonpaiement des intérêts. - En plus de ces différentes possibilités, la loi de finances pour 1996 prévoit des aides qui peuvent être octroyées par le fonds national de soutien de l’emploi (FNSEJ) des jeunes. 2-1-2-2 Le crédit d’investissement aux PME-PMI : Il s’agit du financement de l’investissement et de l’exploitation des petites et moyennes entreprises et des petites et moyennes industries (PMEPMI), dont le projet a été élaboré en 1999 par la CNEP avec le concours des consultants belges. Cette formule s’est étendue aux autres banques. Au total, nous pouvons dire que, malgré tous les efforts fournis en vue de l’épanouissement de ces nouveaux crédits, leurs distributions restent paradoxalement limitées. Ceci est dû au manque de marketing, à la lourdeur des procédures administratives et à la rigidité dans l’étude des dossiers de crédit. 2-1-3 Les critères d’éligibilité au financement bancaire Les critères d’éligibilité au financement bancaire ont été progressivement mis en application après la promulgation de la LMC, aussi bien pour les crédits d’exploitation que pour les crédits d’investissement. S’agissant du crédit à court terme, la banque se préoccupe de variables d’exploitation comme les stocks, les créances. La banque évalue le besoin de financement à un niveau normatif tout en assurant le suivi durant la période d’utilisation du concours octroyé. Quant au crédit d’investissement, le banquier s’intéresse beaucoup plus à la rentabilité économique et financière du projet et aux garanties réelles donc aux hypothèques que peut offrir le client. 3 ANSEJ : Agence Nationale de Soutien à l’Emploi de Jeunes. 8 Created by Neevia Personal Converter trial version http://www.neevia.com Les entreprises pour leur part, tentent de constituer les dossiers nécessaires à l’obtention de leur crédit, elles essaient d’optimiser leurs données et leurs projections financières (rentabilité, équilibre financier, niveau de liquidité) de façon à ce que leur demande soit recevable. Il est souvent constaté que le niveau d’activité, le chiffre d’affaires ainsi que les résultats projetés sont loin de refléter les réalités. En plus du diagnostic financier que les banques effectuent pour évaluer les risques, celles-ci exigent pour s‘en couvrir des garanties, qui, la plupart du temps sont difficiles à mettre en exécution. 2-1-3 La gestion des risques Le capital confiance constitue une problématique entre le banquier algérien et ses clients, d’autant plus que les règlements à l’amiable sont souvent faussés par la mauvaise gestion des crédits (échéances, capital, intérêt…). En effet, certains clients peuvent parfois être réticents à payer leur dette à échéance ou parfois refusent même de reconnaître l’endettement de manière explicite. Dans les cas de non remboursement le contentieux se complique pour la banque car la réquisition des biens par la mise en pratique de l’hypothèque n’aboutit généralement pas. Dans la plupart des cas, les actes de propriétés sont inexistants notamment en ce qui concerne le foncier. S’il existe des documents, ils semblent souvent peu fiables. Sur l’ensemble des postulants aux crédits immobiliers auprès des banques, seuls 10% sont en possession d’actes de propriété. La difficulté est encore plus grande lorsqu’il s’agit des crédits accordés aux importations et ceux débloqués pour les exportations. Les risques peuvent dépasser le stade de non-remboursement ou celui des retards des paiements, et touchent la rédaction des contrats et avenants liant les partenaires étrangers aux algériens qui demandent des délais souvent très longs. Il s’agit pour les banques commerciales algériennes d’une contrainte de nature internationale, si un risque devait avoir lieu, celles-ci sont dans l’obligation de recourir aux juridictions internationales et de supporter de nombreux frais (d’arbitrage, de déplacement, de justice…) ainsi que des dommages et intérêts, en cas de perte de procès. Outre les risques propres aux crédits, les banques sont également confrontées, comme nous le verrons plus bas, aux chèques sans provisions, et ce, malgré l’instauration des centrales des risques et des impayés installées par la Banque d’Algérie. Les dysfonctionnements organisationnels affectent la plupart 9 Created by Neevia Personal Converter trial version http://www.neevia.com du temps la flexibilité de l’information entre les centrales et les banques commerciales. Ces dernières peuvent attendre de longs mois pour obtenir les informations nécessaires concernant les clients mis à l’index. C’est alors que pour suppléer les banques dans la prise en charge de certains risques jugés importants, un ensemble d’établissements spécialisés ont été mis en place ces dernières années. Il s’agit de la caisse de garanties de marchés publics (CGMP), la société de refinancement hypothécaire (SRH), la caisse nationale du logement (CNL), la société de garantie de crédits immobiliers (SGCI), le fonds de garantie des crédits aux PME/PMI (FGAR) ….. 2-2 Sur le plan des ressources : Les nouveaux produits d’épargne mis sur le marché par les banques n’expriment pas seulement une politique de collecte des ressources, mais aussi une volonté réelle de s’impliquer efficacement dans le nouveau processus induit par l’orientation économique. Les principaux sont les suivants : - Le livret épargne junior de la BADR ; Le nouveau livret de la CNEP ; Le bon à intérêt capitalisé (BIC) de la BADR ; Les nouveaux produits de la BEA4 : • La rente mensuelle : Elle représente une formule d’épargne et de placement spécifique, elle répond aux avantages : Une conservation en l’état du capital ; Un revenu mensuel ; • Le compte avenir Il constitue une formule d’épargne à long terme. Les sommes déposées fixes ou variables demeurent bloquées jusqu’à la majorité de l’enfant. Le rendement varie en fonction du temps restant à l’enfant pour atteindre sa majorité. Les intérêts sont calculés et capitalisés annuellement. • Le compte accumulation Cette formule de placement permet d’accumuler les produits de placement déjà effectués. Les intérêts sont annuels et réinvestis. 2-3 Un taux de bancarisation encore faible en Algérie 4 Revue convergence n°0, éditée par la BEA, octobre 1997, P28 et 29. 10 Created by Neevia Personal Converter trial version http://www.neevia.com De manière générale, la bancarisation d’une économie ne se mesure pas seulement par le nombre de banques par rapport à la population d’un pays déterminé mais elle conduit les agents économiques à ouvrir des comptes auprès des établissements bancaires afin d’utiliser la monnaie scripturale comme moyen de paiement. C’est ainsi, que les monnaies fiduciaires voient leur importance se réduire considérablement au profit de l’utilisation des mouvements des comptes 2-3-1 Les moyens de paiement Le pourcentage d’agents titulaires d’au moins un compte courant, s’il avoisine 100% dans les pays développés, demeure faible dans les pays en voie de développement dont l’Algérie. On peut le mesurer grâce au rapport entre le nombre de comptes clients des banques au nombre de ménages. Ainsi, plus un pays est développé plus il est bancarisé et utilise de ce fait la monnaie scripturale grâce à ses supports (chèques, virements, cartes bancaires et actuellement monnaie virtuelle). En Algérie, l’utilisation des moyens de paiement traditionnel (chèques, prélèvement…) est faible. Le nombre d’opérations effectuées grâce à ces instruments est de loin inférieur par rapport à nos voisins marocain et tunisien. Les moyens de paiement modernes sont à l’état embryonnaire et ce, malgré l’importance de la masse monétaire. Leur développement ne peut se faire sans l’informatisation du système bancaire dans son ensemble. 2-3-1 Les nouveaux moyens de paiement : Le CPA puis la BNA tentent l’expérience à travers la diffusion de quelques produits. - L’introduction des cartes de retraits restent au niveau expérimentale. - La carte fidélité : La carte de fidélité est délivrée par la BNA aux clients qui n’ont pas connu d’incidents de paiements ou de crédits. Elle permet à son détenteur d’effectuer des retraits pouvant aller jusqu’à 500 000 dinars sans vérification d’avoir. Son propriétaire peut également bénéficier de certains privilèges bancaires. - Chèque à valeur nominale plafonnée non endossable : La BNA offre également à ses clients réguliers un nouveau produit : le chèque à valeur nominale plafonnée non endossable. Celui-ci se présente sous forme de 3 coupons de 5000 DA, 10 000 DA et 50 000 DA. Il permet à ses 11 Created by Neevia Personal Converter trial version http://www.neevia.com détenteurs passagers dans un endroit, de l’échanger auprès des agences de la BNA se trouvant en ce lieu, en contre partie de sa valeur nominale. Notons que ces nouveaux produits offrent des avantages : - La sécurité ; - La commodité ; - La sûreté des paiements. 2-3-2 Les instruments traditionnels 2-3-2-1 Le chèque En ce qui concerne le chèque, la désaffection à son égard provient de plusieurs facteurs parmi lesquels : - La lenteur d’exécution des opérations de banque ; - L’inefficacité dans l’encaissement ; - L’absence d’informations à destination du titulaire du compte (pas de relevés ni d’avis bancaires) Si les banques le font, elles le réalisent dans des délais longs, inopportuns, ce qui rend l’information désuète. - Le rejet pour absences ou insuffisances de provisions ; - L’inefficacité du traitement des incidents de paiements. La banque fait reposer la lutte contre les émissions de chèques sans provisions exclusivement sur des sanctions pénales qu’il s’agisse du premier incident ou de la récidive. Ceci reste très peu dissuasif à l’égard des émetteurs de chèques non provisionnés. - L’exiguïté des agences bancaires, leur sous équipement en moyens informatiques ainsi que l’accueil réservé à la clientèle. A tous ces facteurs d’origine bancaire, s’en ajoutent d’autres d’origine socio-économique. Soulignons à ce propos : - Les difficultés de trésorerie des entreprises qui poussent à favoriser les paiements au comptant et en espèces ou par chèque certifié lorsqu’il s’agit de sommes importantes. - La perturbation des circuits de distribution.. - L’évasion fiscale, ce qui explique le développement de l’économie souterraine dont les opérations s’effectuent en grande majorité avec des liquidités, qui malgré les risques, permettent contrairement au chèque de ne pas laisser de trace. - L’insuffisance de culture bancaire et financière de la population qui privilégie, dans ses transactions, le recours à la monnaie fiduciaire. 2-3-2-2 Le virement 12 Created by Neevia Personal Converter trial version http://www.neevia.com Le virement n’existe que sous sa forme la plus simple, à savoir le «virement papier» par opposition au «virement automatisé» qui lui est dématérialisé. 2-3-3 Le système de compensation encore archaïque Alors que les pays avancés sont au stade de paiement virtuel grâce aux canaux d’Internet, en Algérie le système de compensation se faisait jusqu’à fin 2005 encore de manière manuelle, ce qui entraîne des délais parfois irréparables dans les échanges interbancaires. Ainsi, une simple opération de virement peut nécessiter des délais : - De quinze (15) jours entre deux agences d’une même banque dans une même wilaya. - De vingt (20) jours entre deux agences de banques différentes dans une même wilaya. - Plus de trente jours entre deux agences, deux banques différentes et wilayas différentes. Que dire d’un virement s’effectuant entre une agence de la BADR et une autre agence de la BDL se trouvant, l’une à Tizi-Ouzou et l’autre à Tamanrasset ! La télé-compensation qui constitue un but primordial, pour un pays aussi étendue que l’Algérie n’est qu’au stade de démarrage. Un réseau reliant toutes les banques et autre établissements financiers, qui puisse permettre une plus grande densité de services à la fois intra-bancaires, interbancaires et également entre les banques et les clients, est en voie de réalisation mais n’est pas encore opératoire Au total, si l’on se réfère au montant des règlements effectués lors des opérations commerciales et financières (voir les opérations interbancaires) et à la gestion des flux de moyens de paiement, on peut aisément affirmer que l’Algérie vit une crise de bancarisation. La question de moyens de paiement et de leur gestion doit donc inciter une démarche globale pour mener des actions combinées concernant : - L’amélioration du traitement du chèque par la généralisation de sa normalisation mais aussi des autres moyens de paiement. - L’efficacité de la centrale des impayés et du dispositif de prévention et de lutte contre l’émission de chèques sans provisions. Conclusion En dépit des changements apportés dans la dernière décennie, le système bancaire algérien reste encore tributaire de son passé et des profonds déséquilibres hérités de la période de gestion centralisée. La planification 13 Created by Neevia Personal Converter trial version http://www.neevia.com centrale et l’encadrement administratif l’ont fortement imprégné dans ses activités, dans son fonctionnement et dans son comportement. De nombreuses innovations ont été introduites dans les textes de loi, dans la réalité, elles se produisent à un rythme lent et le système bancaire reste, malgré les aménagement opérés, dominé par les banques publiques tant en ce qui concerne la collecte des ressources que l’allocation des fonds prêtables. D’ailleurs, le système bancaire commence à nouveau à soulever des questions teintées d’inquiétude. En effet, dans l’analyse des performances économiques de ces dernières années, beaucoup imputent au système bancaire l’origine des goulots d’étranglement de la relance alors que les banques sont depuis 2002 en situation de surliquidités. En réalité, l’efficacité du système bancaire devra s’organiser autour de (03) trois volets interdépendants : - Sa remise à nouveau ; - Sa modernisation ; - La formation des hommes. Il faut également ajouter que le système bancaire conserve toute sa crédibilité, la question de transparence paraît primordiale. Elle est indispensable au rôle qui lui est dévolu dans la transformation de l’économie algérienne. 14 Created by Neevia Personal Converter trial version http://www.neevia.com