Les ailes du serpent Le bestiaire fantastique dans l`art roman

Transcription

Les ailes du serpent Le bestiaire fantastique dans l`art roman
Exposition-parcours sensoriel
Les ailes du serpent
Le bestiaire fantastique dans l’art roman
Abbaye de Flaran, église abbatiale,
du 4 octobre 2013 au 4 janvier 2014
Une création Artesens
Descriptif du parcours muséographique
L’exposition présente les œuvres les plus caractéristiques du bestiaire fantastique des chapiteaux de
l’art roman par le biais d’un parcours sensoriel et ludique. Basilic, griffon, tarasque, centaure, sirène,
chimère, sphinx, licorne, dragon font l'objet d'une exploration tactile dans un scriptorium médiéval; la
visite se poursuit dans un « jardin labyrinthe » qui amène le visiteur à découvrir l'origine de ces animaux
fabuleux dans l'orient antique. L'ensemble du dispositif muséographique est conçu pour être adapté à
tous, enfants et adultes, voyants et non voyants. Il se compose de plusieurs éléments :
- Le scriptorium :
L'ensemble est composé de 9 mobiliers lutrins présentant les
animaux fantastiques suivants : basilic - licorne - griffon - chimère dragon - sphinx - sirène - centaure - tarasque.
Chaque lutrin est à deux pentes et comprend d’un côté, une
réalisation en bas-relief (en résine) de l'animal - le bas-relief caché
sous un tissu peut être exploré tout d'abord tactilement avec l'appui
d'un texte, puis on le découvre visuellement - et de l’autre côté un
puzzle en bois qui permet de recomposer l’animal avec ses diverses
parties : queue, pattes, ailes, tête. Un texte d’accompagnement
raconte la légende de l’animal et son mythe fondateur. Les textes
sont en gros caractère et en braille.
- Les 4 livres :
Quatre livres géants en relief et en braille, posés sur des lutrins, présentent quelques animaux fabuleux
en abordant leurs origines dans l’ancien orient.
- Le chapiteau :
Ce chapiteau de cloître de la période romane présente sur ces faces quatre figures en bas-relief
reconstituant le tétramorphe (les 4 apôtres : Jean, Marc, Luc, Mathieu) avec l'aigle, le lion ailé, le
taureau ailé, l'ange. La réalisation en résine permet une approche tactile.
- Le « jardin labyrinthe» :
Il permet de retrouver les animaux fabuleux présentés dans le
scriptorium en découvrant des représentations issues de différents
édifices sacrés de l'art roman en France et des éléments marquant
leurs origines depuis l'orient antique.
Quatre cubes, illustrant ces carrés de jardin, comprennent diverses
manipulations ludiques qui permettent de découvrir le serpent, le
centaure, le griffon et le sphinx.
Un arbre stylisé avec branches à senteur contient au centre, dans un
nid, le phénix tactile en ronde bosse
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Présentation de la thématique :
le bestiaire fantastique dans l’art roman
Cette exposition présente l’art de la sculpture à l’époque romane (XIème et XIIème siècles).
C’est en effet à cette période que les églises se voient couvrir de véritables bandes
dessinées sculptées où sont racontées notamment des passages de la Bible. Les hommes
du Moyen Âge étant pour la majorité illettrés, les peintures et les sculptures étaient utilisées
comme vecteur d’enseignement.
Le bestiaire est un des thèmes majeurs du registre sculpté de l’époque. Ainsi, les animaux,
qu’ils soient réels ou imaginaires, sont les plus représentés. Images incontournables de tout
système symbolique, ils sont partout les emblèmes de Dieu, du diable et des saints. Les
caractéristiques tirées de l’observation des animaux réels, de leurs défauts et de leurs
qualités permettent de symboliser ce que l’on veut que la population retienne de la parole du
Christ et de la vie des saints. Mais l’esprit fertile de ce temps ajoute quantité d’animaux
légendaires et fantaisistes au bestiaire des légendes, de la littérature, de la peinture et de la
sculpture romanes. Ils présentent les terreurs de l’homme du temps, ses craintes en l’avenir,
la peur de l’inconnu, qui surgit même au détour de la forêt voisine. On leur prête des
pouvoirs incroyables, souvent maléfiques, ainsi qu’une connexion avec l’au-delà.
Heureusement, les saints sont capables de les terrasser, comme la croyance en Dieu
permettra de terrasser, à la fin des temps, le mal.
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Les animaux fantastiques dans l’exposition
Le basilic
A l’origine, le basilic vit en Libye et crée le désert partout où il passe.
Son souffle venimeux brûle herbes et arbres sur son passage. Le
regard de ses yeux rouges tue et pour lui enlever ses pouvoirs, il faut,
par ruse, présenter un miroir qui lui renvoie l’image de ses yeux et
retourne contre lui sa puissance. Il est bien connu en Grèce où
basilicos signifie « petit roi ». Au Moyen Âge, il est figuré par un coq à
queue de serpent. On raconte qu’il est né d’un œuf de coq âgé de sept
ans, œuf rond, déposé dans du fumier, couvé pendant neuf ans par un crapaud. Sur les
chapiteaux romans, on montre le basilic comme l’esprit du Mal mais cette créature sert aussi
d’épouvantail contre les monstres nocturnes.
La chimère
En Grèce, Chimère est née de la femme serpent Échidna et de
Typhon, monstre effrayant couvert d’écailles. Certains disent aussi
qu’elle a été créée en Lycie au sommet d’un volcan, où le gaz naturel
s’embrase entre les crevasses des rochers. Ce lion crachant du feu, à
ventre de chèvre et queue de serpent terrorisait les habitants ; le roi de
Lycie demanda à Bellérophon de le délivrer d’un tel fléau. Celui-ci,
monté sur le cheval ailé Pégase, survolant les mâchoires géantes du
monstre, pointa ses flèches de plomb dans la gueule de la chimère et elle fut étranglée par le
métal brûlant qui fondit dans sa gorge. Sur les chapiteaux romans, l’image de la chimère
symbolise le mal inspiré par les puissances diaboliques.
La tarasque
La tarasque est une sorte de dragon du Midi de la France. Selon la
légende, au premier siècle, elle répandait la frayeur sur les berges du
Rhône, se nourrissant d’êtres humains. Les habitants étaient accablés
et avaient peur de sortir de chez eux. Sainte Marthe, décida de vaincre
la tarasque. Elle l’approcha, lui jeta de l’eau bénite, lui imposa la croix
et le monstre apprivoisé la suivit, attaché par sa ceinture en guise de
laisse. Devenue un animal docile, la tarasque fut ramenée par Sainte
Marthe aux habitants de Tarascon. A l’époque romane, on ne représente généralement sur
les chapiteaux que son visage, hideux, à grandes dents, tandis qu’elle avale tout cru des
hommes dont seules les jambes dépassent de sa gueule. Ceci afin de rappeler aux hommes
qu¹il ne faut pas quitter le bon chemin sinon l’âme va en enfer.
Le griffon
En Scythie, vers la Mer Noire, vit le griffon, animal au corps de lion, aux
ailes, aux serres et à la tête d’aigle. Il garde l’or et les émeraudes des
Monts de l’Or. Cyclopes et géants lui livrent de rudes batailles pour
s’emparer de ces richesses. Bien que fort sauvage, il peut être dressé
si on le capture jeune et le confie à un savant maître. On dit que le roi
des Indes en possédait deux et qu’Alexandre le Grand voulant explorer
les cieux, s’éleva dans les airs, assis dans une cage que portaient ces
griffons. On le rencontre dans toutes les civilisations de la Méditerranée. Sur les chapiteaux
romans, il est parfois un gardien vigilant, mais il porte souvent l’image du diable et lorsqu’il
saisit une tête humaine, cela évoque l’homme livré au péché.
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La licorne
Il était une fois, en Inde, un âne sauvage portant une corne unique au
milieu du front... on a rencontré la licorne sous d’autres formes en
Chine, et aussi chez les Grecs, les Perses et les Mèdes. Apparentée
au cheval, à la gazelle, ou même au rhinocéros, la licorne est la plupart
du temps représentée avec une tête et des pattes de chèvre, une
crinière de cheval et une corne en spirale sur le front. Pour les peuples
antiques cette bête élégante est un animal indomptable et très redoutable. On prêtait des
vertus magiques à sa corne unique, en particulier celle de purifier l’eau et de neutraliser les
poisons. Au Moyen Âge, pour la capturer vivante, les chasseurs plaçaient une jeune fille sur
son passage ; flairant son odeur, la licorne venait s’endormir sur ses genoux. Son image
représente surtout la pureté.
La sirène
En Egypte la sirène symbolisait l’âme du défunt. Tête de femme à corps
d’oiseau elle fut connut dans tous les pays de la Méditerranée par les récits
de l’Odyssée. En Grèce, la sirène oiseau envoûtait par ses chants les
marins qu’elle entraînait ensuite au loin pour les faire périr. Ulysse résista à
leur chant en se faisant attacher au mât de son bateau et protégea ses
marins en leur bouchant les oreilles avec de la cire. Les Argonautes furent
détournés de leur chant grâce à Orphée qui leur joua une musique plus
belle que la leur. Puis la sirène poisson avec un buste de femme et une
queue écailleuse de poisson est apparue durant l’Antiquité romaine. Sur les
chapiteaux romans, tantôt oiseau, tantôt poisson, elle illustre l’idée de la séduction mortelle.
Le centaure
L’origine des centaures remonte à la Grèce antique. Vivant dans les Monts
de Thessalie, les centaures étaient des créatures magiques, mi-hommes,
mi-chevaux qui alliaient la puissance et la vitesse du cheval à l’intelligence
et à l’émotion des hommes. La plupart des centaures étaient des créatures
sauvages, féroces et peu civilisées. Le centaure Chiron lui, était connu
partout pour sa bonté, sa sagesse, ses talents au tir à l’arc, en musique et
en médecine. Il eut comme élève Achille, Thésée, Eros, Jason, Esculape.
Depuis l’Antiquité, le centaure représente la double nature de l’homme, l’une
bestiale, l’autre divine. Sur les chapiteaux romans, il est l’image du pécheur
divisé entre le bien et le mal. Lorsqu’il se retourne et tire de l’arc sur quelque animal, c’est le
Sagittaire du Zodiaque.
Le dragon
Régnant sur la terre et sur l’eau, doté de poumons crachant du feu,
d’ailes d’oiseaux et d’écailles de serpents, le dragon représente les
forces redoutables de la nature. Il n'est ni bon ni mauvais en lui-même
et peut être utilisé pour le bien ou pour le mal. Gardien vigilant des
trésors cachés, il faut le vaincre pour les lui prendre, et se confronter à
cette terrible créature armée de griffes puissantes, hérissée de crêtes
aiguillonnées, foudroyant du regard, qui crache des flammes ou
empeste l'air de son haleine. Sa force est en sa queue et il tue par les coups qu’il en donne
plutôt que par sa morsure. Partout les héros l’ont combattu : Horus en Egypte, Marduk en
Babylonie, Apollon en Grèce, St Michel dans la chrétienté. Sur les chapiteaux romans, il est
l’emblème de Satan, ou bien le gardien qui veille sur le sanctuaire.
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Le sphinx
Dans l’Egypte ancienne, le sphinx est une créature masculine à tête
d’homme et à corps de lion. Divinité solaire, symbole de la lumière, de
l’abondance, de la résurrection et de la vie. Le sphinx s’est répandu sur
tout le bassin méditerranéen. En Grèce, il apparaît le plus souvent
comme une lionne ailée à tête de femme, énigmatique et cruelle : la
Sphinge. Dans la légende grecque, un monstre à moitié lion, à moitié
femme ravageait la région de Thèbes. Il posait des énigmes aux
passants et dévorait ceux qui ne pouvaient y répondre. Oedipe vint, trouva le sens de
l'énigme et tua la sphinge. Sur les chapiteaux romans, le sphinx représente souvent un être
tourmenté entre le bien et le mal, mais il symbolise aussi la double nature divine et humaine
du christ.
L’arbre à phénix
Au cœur de l’arbre aux branches parfumées de cannelle, de myrrhe et d’encens, il y a un
phénix que vous pouvez caresser. Voici la légende de cet oiseau fabuleux, mille ans avant
notre ère, en Egypte. “Il ne vivait jamais qu’un seul phénix sur la terre. Quand il sentait venir
sa cinq centième année, le phénix s’envolait, en passant d’abord par l’Arabie, jusqu’en
Héliopolis. Il se construisait un nid avec des branches et résines aromatiques de cannelle,
encens et myrrhe que les rayons du soleil embrasaient, et sur lequel il était consumé luimême. Mais de ses cendres naissait aussitôt un petit ver qui se changeait avant la fin du jour
en un nouveau phénix plein de vigueur.”
Le chapiteau du tétramorphe
Sur le chapiteau réalisé en résine, vous pouvez toucher les quatre faces où sont figurés un
ange, un aigle, un lion ailé et un taureau ailé. Ces quatre créatures ailées qui sont souvent
sculptées sur les tympans des églises et les chapiteaux de cloître représentent les quatre
Evangélistes. Mathieu a pour symbole l'homme, car son évangile commence par la
généalogie du Christ. Saint Marc est figuré par un lion car son évangile démarre par la
prédication de Jean-Baptiste, le lion du désert. Le taureau représente Luc car son texte
débute par le sacrificateur Zacharie. L'aigle, enfin, est la figure de Jean, qui s’élève dès le
début aux vérités les plus hautes.
Contact et réservations :
Conservation départementale du Patrimoine et des Musées du Gers / Abbaye de Flaran
32310 Valence-sur-Baïse
Service de médiation culturelle : Juliette Monange et Anne Manceau
Tél : 05 62 28 74 13 / Mail : [email protected] ; [email protected]
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© Conservation Départementale du Patrimoine et des Musées / Flaran - octobre 2013
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