La bataille aérienne de Verdun
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La bataille aérienne de Verdun
Georges Pagé La bataille aérienne de Verdun 1916 Chapitre 1 L’engagement Verdun, la bataille d’usure Le 21 février 1916, la ceinture de tranchées qui entoure Verdun s’enflamme soudainement et résonne comme un gong. Heureusement pas de véritable surprise du côté Français, l’aviation d’observation a signalé les concentrations allemandes, la circulation sur les routes et les voies ferrées. Le 21, il est 7 h 15 du matin, lorsque l’armée allemande fait donner toute son artillerie sur les lignes françaises. De différentes sources, les renseignements parviennent à l’état-major sur l’ampleur de l’attaque, la défense s’organise avec volonté et courage. La préparation allemande De plus, la région meusienne, avec ses vallonnements et ses bois, était particulièrement propice pour masquer les préparatifs d’une attaque : transport et déploiement d’artillerie, mouvements des troupes, accumulation des réserves de munitions, etc. Et c’est à cette 9 La bataille aérienne de Verdun préparation savante et méthodique que nos ennemis s’employèrent de décembre 1915 à février 1916. Malgré les soins apportés à dissimuler leurs projets, grâce à notre aviation d’observation, il en transpira quelque chose et notre état-major ne fut pas pris au dépourvu. En plus de l’aviation à partir du mois de décembre 1915, il est connu par l’interrogatoire des prisonniers que quelque chose se prépare ; on signale le développement des chemins de fer à voie étroite dans la forêt de Spincourt et dans les bois Barinveaux et des Clairs Chênes. En janvier, les photographies prises de nos avions se précisent. L’ennemi installe de nombreuses pièces de gros calibre et d’importants dépôts de munitions. Des troupes retirées du front serbe arrivent devant Verdun. Une animation inhabituelle est signalée dans les boyaux et les tranchées. Des prisonniers du 98e régiment d’infanterie allemande avouent lors d’un interrogatoire, le récit de la proclamation du Kronprinz dans lequel il aurait dit : « Mes amis, il nous faut prendre Verdun. Il faut qu’à la fin de février tout soit terminé. L’empereur viendra passer une grande revue sur la place de Verdun et la paix sera signée. » Des déserteurs allemands qui sentent venir l’orage et se défilent affirment le 15 février que l’offensive allemande n’a été retardée que par le mauvais temps. Il est, en effet, effroyable le temps, avec bourrasques et tempêtes qui interdisent tout emploi de l’aviation. Mais si la certitude d’une attaque prochaine sur Verdun se confirme, un doute subsiste. Cette offensive sur notre front sera-telle unique ? Peut-être n’est elle-même qu’une feinte. Néanmoins, et en tout état de cause, l’état-major se tient sur le qui-vive et des mesures sont prises pour mettre, le cas échéant, des renforts à la disposition de la région fortifiée de Verdun et assurer le service des transports par de nouveaux moyens, afin de suppléer à l’insuffisance manifeste des voies ferrées qui desservaient la région menacée. Les meilleures escadrilles d’observation, de chasse, de bombardement, avec leurs vaillants pilotes, veillent sur Verdun. En effet, la grande ligne de Verdun par Sainte-Menehould, très vulnérable en certains points à cause de sa proximité du front, et le petit chemin de fer 10 L’engagement meusien, à voie étroite, de Bar-le-Duc à Verdun, assuraient seuls les communications depuis que la perte de Saint-Mihiel avait coupé la ligne de Commercy-Verdun. Aussi avait-on donné une grande extension au service des transports automobiles. En mars 1915, la route de Bar-le-Duc à Verdun avait été refaite et élargie à 7 mètres pour permettre le passage de trois voitures de front. Dès le début de la grande offensive du 21 février, comme cela était à prévoir, la grande ligne de Sainte-Menehould fut coupée au coude d’Aubreville par la grosse artillerie allemande et la gare de Verdun contrainte de refaire d’autres voies, ce qui bouleversa les aiguillages. C’est alors qu’entre en jeu le fonctionnement intensif des convois automobiles. 1 700 camions par jours circulent dans chaque sens, une voiture toutes les 25 secondes… Des territoriaux, des coloniaux, toute une armée de travailleurs se mettent à l’ouvrage. De nuit comme de jour, on procède aux réparations à mesure que les dégradations se produisent. On répand les matériaux, on les compresse sans arrêter la marche des convois. Jusqu’à 30 000 hommes sont employés à l’entretien de cette voie précieuse dont dépend le salut de Verdun, la « Voie sacrée » comme on l’a dénommée. Par la suite, tant que dura la bataille de Verdun, elle ne cessa d’être l’objet de la sollicitude la plus attentive. De multiples embranchements sont venus se souder au tronc principal, propageant partout en éventail la circulation et la vie. Un effort énorme fut fourni. Il fallut ouvrir les carrières, concasser les pierres, les transporter, les répandre, les compresser : 2 000 tonnes par jour en moyenne furent fournies, et certains jours le chiffre atteignit même 2 600 tonnes ! Honneur à nos ingénieurs militaires, aux pionniers et aux travailleurs de tous grades dont l’effort persévérant, l’ingéniosité, la science ont sauvé la situation. Sur les champs de bataille de la Marne, la ruée allemande avait été arrêtée une première fois et, depuis lors, toutes les tentatives de nos ennemis sur le front français avaient échoué. Nous avions eu une première victoire le 24 et 25 août 1914 dans la banlieue d’Étain. Les troupes françaises commencent, le 21 août 1914, leur progression en direction de la frontière belge pour prendre 11 La bataille aérienne de Verdun de flanc les troupes allemandes qui ont pénétré en Belgique et au Luxembourg. Dans la journée du 21, la progression française se déroule sans gros problème, elles se cantonnent, dans un arc de cercle allant de Virton à Xivry-Circourt. Les premières heures du lendemain marquent un début d’incertitudes. Un épais brouillard recouvre la région le 22 août, les premiers bataillons qui ouvrent la marche tombent sur les positions allemandes, pour les soldats ennemis c’est également la surprise, mais ils savent mieux organiser le terrain. Notre aviation par ce temps brumeux, où la visibilité est nulle, n’est d’aucune utilité pour renseigner sur les positions ennemies. Nos avant-gardes sont littéralement massacrées par les tirs allemands. Nos soldats résistent bien : en fin de journée, les pertes sont importantes dans les deux camps. Le 23 août, nos troupes résistent et progressent. Le 24 août, notre aviation réussit une sortie et donne de précieux renseignements sur la position allemande à nos fantassins. L’état-major annonce notre victoire et la déroute de l’ennemi. Malheureusement, déroute provisoire. Monsieur Nicolas Czubak dans son livre Étain-Buzy première victoire devant Verdun revient en détail avec talent sur cette bataille méconnue, première victoire dans la Meuse : L’année 1915 tout entière s’était écoulée sans leur apporter la moindre victoire. Après l’Yser, l’Artois et la Champagne, les Allemands ne pouvaient guère conserver d’illusions sur leurs chances d’enfoncer le front français et ils avaient pu, d’autre part, apprécier nos qualités d’offensive sur terre et dans les airs. Cependant il leur fallait, de toute nécessité, tenter quelque suprême effort sur le front occidental puisqu’ils n’avaient pu, ni en Russie ni en Serbie, nulle part obtenir la décision tant recherchée. Qu’offrir en pâture à l’opinion allemande qui commençait à perdre sa belle assurance de jadis ? Pour la satisfaire et la galvaniser de nouveau il était urgent d’obtenir, coûte que coûte, un succès retentissant. Le grand état-major allemand crut pouvoir le trouver à Verdun. Ce n’était pas là, en vérité, le point faible du front français. En outre, la conquête de Verdun n’aurait guère avancé une offensive 12 L’engagement sur Paris. Mais Verdun était en soi un but. Pour le peuple allemand, Verdun c’est la barrière française. La renverser, et terrasser l’ennemi sous les murs de sa plus solide forteresse, c’était rehausser à jamais le prestige de l’armée allemande si fortement atteint depuis la Marne. Ce 21 février, un ouragan de fer s’abat sur les défenses de Verdun. Les Allemands attaquent avec une puissance et une violence jusqu’alors inégalées. Les Français relèvent le défi, car Verdun n’est pas seulement la grande forteresse de l’Est destinée à barrer la route à l’invasion, c’est le boulevard moral de la France. Ce 21 février s’engagea une bataille qui, à elle seule, devait durer beaucoup plus que la guerre de 1870 tout entière, une bataille qui absorba, pendant toute l’année 1916, l’effort offensif de l’Allemagne sur le front occidental. Sur Verdun même, les premiers obus tombent à 8 h 15, visent la gare et les ponts ainsi que le centre-ville. Fidèle à une stratégie propre à toutes les armées du monde, l’artillerie « prépare le terrain » en pilonnant les lignes françaises pendant plusieurs heures. Après un déluge d’acier sur les forces françaises, en fin d’après-midi l’assaut est lancé sur les troupes que l’état-major allemand croit à l’agonie. La ruée allemande submerge tout, d’abord nos positions avancées, mais nous ne tardons pas à nous ressaisir et, seuls, les Français tiendront en échec le formidable effort que les Allemands renouvelleront sans interruption pendant dix mois. Dans ce début d’année 1916, les Allemands désiraient aussi impressionner l’opinion mondiale qui commençait à douter de leur victoire ; la Grèce, la Roumanie semblaient vouloir sortir de leur neutralité ; il était temps de leur prouver par un succès éclatant que la force allemande n’avait point diminué. Rappelons que l’artillerie allemande disposait sur la nôtre d’une supériorité que l’on peut taxer d’écrasante, avec ses innombrables pièces lourdes, à tir rapide, abondamment pourvues de projectiles explosifs et d’obus toxiques aux effets redoutables. L’artillerie française lourde ne comprenait que quelques batteries Rimailho et les vieux canons de Bange retirés des places fortes, avec un approvisionnement en munitions insuffisant, les pièces dites 13 La bataille aérienne de Verdun modernes de Saint-Chamond et du Creusot commençaient à peine à sortir, et nos usines chimiques, tardivement lancées, ne permettaient aux Français de lutter à moyens égaux sur l’emploi des gaz. Les Allemands, qui dans une longue et minutieuse préparation, avaient concentré 7 corps d’armée avec une artillerie extraordinairement puissante, au moins 3 000 canons de tous calibres, et qui disposaient de 14 voies ferrées, imposaient aux Français le combat avec une rivière à dos. Avant 1914, on aurait pu, on aurait dû prévoir que la mitrailleuse, le canon à tir rapide et l’avion pouvaient changer totalement la tactique de la guerre. Nous n’avions néanmoins au début des hostilités que 5 000 mitrailleuses pour toute l’armée française, alors que l’Allemagne en possédait 6 fois plus et aussi pratiquement le double d’avions. L’importance du matériel n’est apparue qu’après la défaite de Charleroi, et peu de gens l’avaient soupçonnée. La stabilisation du front a permis la fabrication des armes et des avions qui nous manquaient, mais nous avons payé de la vie de centaines de milliers d’hommes l’imprévoyance des politiques, des chefs militaires et leur manque d’imagination créatrice. Malgré cette infériorité en matériel, nos troupes résistent, le choc est effroyable. La débandade attendue par l’ennemi n’a pas lieu. Les survivants des deux divisions françaises, qui sont en premières lignes, ne battent pas en retraite, ni ne se rendent. La défense française s’organise. Les troupes de l’infanterie allemande, dix fois supérieures dans ce lieu par rapport à nos troupes, procèdent par assauts espacés, mais réguliers. Toutefois les difficultés de terrain les obligent souvent à progresser par colonnes compactes, désorganisant leur montée en ligne. L’état-major allemand n’avait pas envisagé la capacité de résistance de nos troupes, nos soldats encore debout les prennent à revers, une lutte impitoyable oppose les deux camps dès les premières heures. Elle se prolongera pendant des mois, sur ce territoire proche de Verdun, causant la perte dès les premières semaines, de 163 000 Français et 143 000 Allemands, tués ou disparus ; 215 000 Français et 195 000 Allemands seront blessés. 14 L’engagement En 1916, c’est près des deux tiers de l’armée française qui combattent pour sauver Verdun. C’est aussi les deux tiers de l’aviation qui sont présents dans la bataille. Les combats sont particulièrement durs, meurtriers, les soldats qui en réchappent peuvent bénéficier après quatre jours de combats de deux jours de repos à l’arrière. Du côté allemand, déçues par la résistance française les troupes ne sont pratiquement jamais relevées, sauf cas extrême. Des villages entiers sont détruits, les champs sont abondamment parsemés de cratères d’obus, l’air est vicié par les gaz toxiques, les buissons, les bois disparaissent pour laisser place à un paysage lunaire, fait de trous et tranchées dans lesquels combattent nos troupes. Les villages perdus le matin sont reconquis le soir : celui de Fleury devant Douaumont sera pris et repris près de vingt fois ; celui de Vaux, treize fois. La ligne de front ne cesse de bouger mais ne cède jamais. Avant la guerre Ce n’est un mystère pour personne qu’avant la guerre notre aviation militaire, en dépit de modifications incessantes, fut toujours soumise au même régime : « l’anarchie ». Les services techniques se préoccupaient surtout d’accaparer l’aéroplane, que chacun considérait comme sa propriété et voulait faire entrer dans un compartiment administratif à sa convenance ; nombre d’esprits distingués, respectueux des traditions, se préoccupaient même de retirer aux usines privées, pour l’organiser dans les arsenaux, la construction des avions militaires. Il y eut aussi la rivalité entre l’avion et le dirigeable, puis parmi les partisans de ce dernier, la bataille du souple et du demi-souple contre le rigide, etc. Bref, un an avant le début des hostilités, nous possédions une quinzaine d’escadrilles de quatre avions, et l’on peut se demander combien nous en aurions eu sans la souscription publique, organisée par la presse, qui permit de recueillir 3 millions de francs pour offrir à l’armée les avions que le gouvernement tardait à lui donner. Dans cette soixantaine d’avions que l’armée possédait avant le début de la guerre, on remarquait quatorze ou quinze types différents, c’était 15 La bataille aérienne de Verdun une véritable flottille d’échantillons. Chose d’ailleurs assez normale, vu l’état de l’aviation de cette époque. Quant aux avions armés, il en existait trois ou quatre en projet. Nous nous trouvions dans un état d’infériorité manifeste vis-à-vis d’un adversaire qui, venu plus tardivement à l’aviation, avait apporté plus de méthode à son développement dans le sens militaire. En 1916 La situation au moment de la bataille de Verdun était fort différente. Sans doute, la France avait fait un progrès considérable, surtout pendant les premiers mois de 1915. Mais, depuis qu’au point de vue administratif le service de l’aviation était devenu autonome, il semblait que le progrès se fût arrêté pendant quelques mois et que les nouveaux grands chefs responsables eussent plutôt contribué à diminuer le rendement. Le sous-secrétaire de l’État de l’époque, désireux d’annexer à sa compétence administrative une compétence technique pour laquelle il se récusait, s’était entouré d’une commission de mathématiciens et autres spécialistes dans diverses branches de la science à la presque unanimité desquels on ne reprocha que d’ignorer complètement la pratique de l’aéronautique. D’autre part, au nom du principe hiérarchique, on avait peut-être laissé trop à l’écart les officiers pilotes dont la très grande majorité n’avait que trois galons, mais qui, presque tous, en dehors de leur expérience professionnelle, possédaient une culture scientifique plus que suffisante pour apprécier les éléments techniques qui les intéressaient avec autant de sûreté que le plus éminent mathématicien de l’Institut. De façon générale, ici comme ailleurs, la liaison et l’unité de vues entre l’avant et l’arrière furent un instant mal assurées, et la hantise du mieux a fait perdre du temps. Pourtant il ne faut rien exagérer. Remarquons plutôt que les quinze types d’avions, en service au début de la Grande Guerre, se trouvent deux ans plus tard réduits à cinq ou six constructeurs. On peut constater que quelques-uns des constructeurs évincés 16 L’engagement fabriquent pour l’État les modèles de leurs heureux concurrents ; d’autres se refusent à un tel sacrifice. Or, tout constructeur, tout inventeur, juge fatalement, et de très bonne foi, sa marchandise au moins égale, sinon supérieure, à celle du voisin ; il n’est donc par interdit de penser que, pour quelques-uns, la crise de l’aviation, c’est un peu le naufrage de leurs intérêts. Il ne saurait y avoir dans la Grande Guerre d’avion universel, c’est-à-dire réalisant au maximum les qualités requises pour les divers objectifs militaires, car certaines de ces qualités sont contradictoires. La puissance du moteur, par exemple, doit être employée à donner de la vitesse ou à enlever du poids ; il faut choisir entre les deux modes d’utilisation ou établir entre eux un compromis. Et ainsi de suite. Les exigences de la tactique ont dès lors amené l’état-major à classer les avions en trois catégories : - avion de chasse ; - avion de reconnaissance ; - avion de bombardement. L’avion de chasse proprement dit a pour mission de barrer nos lignes ; contrairement à l’opinion générale, il s’éloigne peu. D’où nécessité de monter vite et d’être très rapide. On choisit dans ce cas-là avant tout un moteur léger sur un appareil de grande vitesse, offrant par conséquent peu de surface et dont la vulnérabilité importe moins que pour les appareils chargés d’autres missions. L’avion de reconnaissance, employé pour le réglage du tir et la photographie, vole surtout au-dessus des lignes adverses ; il lui faut un moteur plus sûr et moins vulnérable. L’appareil sera plus lourd et moins rapide que l’avion de chasse. L’avion de bombardement, qui exécute de longs parcours chez l’ennemi, exige le moteur le plus sûr, et en même temps qu’une grande puissance, à cause du poids emporté en bombe ou en canon et en essence. Il sera forcément moins rapide que les autres. 17 La bataille aérienne de Verdun Pour répondre à ces divers besoins, l’armée utilise en ce début de 1916, quatre types principaux d’appareils : - le biplan Farman, modèle perfectionné du Farman des débuts de l’aviation, relativement léger, très rapide, est caractérisé par l’avance de la nacelle, véritable balcon qui donne de grandes facilités d’observation ; - le biplan Voisin, à armature métallique, est en 1915 le plus utilisé pour le bombardement des villes allemandes ; et surtout employé début 1916 comme avion canon ; - le biplan Caudron, capable à la fois de monter très vite et d’avancer avec une lenteur relative, sert, comme le Farman, pour les reconnaissances ; - le biplan Nieuport, enfin d’une rapidité d’envolée stupéfiante, dont certains types atteignent en quelques minutes les hauteurs où les plus rapides monoplans de 1914 arrivaient à peine en une heure, est par excellence l’avion de chasse. Comme on peut le voir, en ce début de la grande bataille de Verdun, le monoplan est délaissé. L’armée utilise encore quelques appareils type Morane, sur lequel s’illustrèrent Garros et l’aviateur anglais Warneford. Le Morane a inspiré le monoplan allemand Fokker qui reste fortement inférieur aux types nouveaux des avions français. Les progrès sont dus, en grande partie, aux progrès des moteurs. Le moteur rotatif « Gnome », le triomphateur du premier meeting de Reims et de nombreuses grandes courses d’avant la Grande Guerre, n’est plus seul roi. Des moteurs fixes, un peu plus lourds, mais présentant d’autres qualités de puissance ou de résistance, sont adaptés aux appareils qui leur conviennent. Un très petit nombre de moteurs en ce début de 1916 sont inférieurs à 100 chevaux ; des moteurs d’une puissance de plus du double sont au point et équiperont les avions quelques mois plus tard. Au début de cette grande bataille, dans le secteur de Verdun, la question des pilotes parut un instant la plus inquiétante. Comment trouver et renouveler ces soldats d’élite, dont la bravoure est inutile s’ils ne possèdent des aptitudes spéciales ? Comment surtout former 18 L’engagement les nouvelles recrues dans un délai convenable ? Le problème a été assez bien résolu, et dans la circonstance, l’enseignement militaire, aidé sans doute par l’évolution de l’aviation, a montré une supériorité à laquelle il faut rendre hommage. Avant la guerre, dans les écoles civiles, on comptait en moyenne 6 mois pour former un pilote. Dans les écoles militaires, ce délai se trouve en 1916 réduit à 45 ou 50 jours ; l’élève qui n’a pas obtenu son brevet au bout de 3 mois est reconnu définitivement inapte et renvoyé à d’autres exercices. Il y avait beaucoup de casse, les statistiques officielles ou semiofficielles dont les résultats ne correspondent pas aux notes et renseignements laissés par les moniteurs cadrent mal avec la vérité et l’hécatombe dans certains centres. Les accidents d’ailleurs étaient plus nombreux à l’école qu’au feu ; la majorité résultait d’étourderies, d’imprudences, de forfanteries ou d’inobservation des règlements. Il y avait aussi une question délicate qui se posait. Le relâchement de la discipline dans les camps d’aviation était discutable par sa situation. Dans les autres armes, à courage égal, l’officier conserve sur le soldat au moins théoriquement, la supériorité que lui donnent le rôle et les responsabilités de chef. Dans l’aviation rien de semblable. Non seulement le soldat et l’officier dépensent le même courage, mais ils fournissent exactement le même travail. Une fois en l’air, l’officier observateur, lieutenant ou capitaine, voit son autorité subordonnée à celle du pilote simple soldat, suivant les termes du règlement dont voici le texte : « Quel que soit le grade de l’observateur, le pilote est seul maître à bord. » Dans ces conditions, les distances hiérarchiques s’estompent comme les distances sociales ; la camaraderie au camp d’aviation est encore plus grande que la camaraderie du matelot et des officiers dans les îles lointaines. Et le prestige de l’aviateur est plus grand que jamais. Dans la plupart des écoles militaires après deux ans de guerre, on emploie avec beaucoup de discernement le système d’instruction dit de « la double commande ». Ce système diffère de celui du « rouleur » ou « pingouin » encore adopté pour l’apprentissage sur monoplan, lequel consiste à installer l’élève seul sur l’appareil dont 19 La bataille aérienne de Verdun on lui a enseigné le maniement, et à laisser le néophyte voler « à terre ». À double commande dans les écoles de la Grande Guerre, il n’y a en réalité qu’un levier de commande, mais ce levier a deux poignées. Le moniteur s’assied derrière l’élève ; ses bras placés sous ceux de l’apprenti ; les deux hommes font en quelque sorte un seul corps, et, par un phénomène d’innervation facile à comprendre, les mouvements de l’élève deviennent peu à peu réflexes. Celui-ci prend alors le rôle du pilote qui le laisse diriger la commande, n’intervenant avec la seconde poignée que pour corriger les erreurs de la première. Au bout de 12 ou 15 jours de cet exercice, le nouvel aviateur part seul ; après 28 ou 30 heures de vol, il obtient son brevet. Mais il faut parfois autant de temps, sinon plus qu’en a demandé l’instruction, pour déclencher la signature qui homologue le brevet. L’aviation participe activement aux sanglantes batailles de Verdun. Les avions de chasse allemands Fokker, toujours avantagés par leur armement, infligent des pertes élevées à notre aviation d’observation. Cependant, l’organisation d’un premier groupement de quatre escadrilles comprenant d’excellents pilotes comme Navarre, Nungesser, Deullin, Boillot, Guynemer, Chaput, Lenoir, de Kérillis, de Beauchamp, Fonck et beaucoup d’autres, animés par le commandant de Rose pallie un peu cette situation. Pendant l’année 1915, l’Allemagne s’est surtout défendue, en Artois et en Champagne. Ses succès de Serbie et en Russie n’ont pas amené la victoire finale qui ne peut s’obtenir que sur le front occidental. L’Allemagne craint une offensive des alliés et s’inquiète de l’accroissement continu de leurs forces en hommes et en matériel. Devancer cette offensive, c’est la faire avorter et conserver l’initiative des opérations. Les Allemands désirent aussi impressionner l’opinion mondiale qui commence à douter de leur victoire. Enfin, ils obéissent à des préoccupations de politique intérieure ; le rationnement alimentaire de la population a déprimé le moral public ; le prestige du Kronprinz, après ses insuccès en Argonne, a fortement baissé. Une grande victoire est nécessaire pour retremper le moral allemand, apaiser les polémiques et rehausser le prestige dynastique. Le haut commandant allemand choisit Verdun. Le choix de ce terrain est-il 20 L’engagement aussi paradoxal qu’on l’a dit ? « Verdun dans toute la guerre est le gond de la porte qui roule et qui s’ouvre tantôt sur la France, tantôt sur l’Allemagne » (Louis Gillet, La Bataille de Verdun). Prendre Verdun, c’est menacer toute l’aile droite française, s’emparer de cette ville face au riche bassin de Briey permet de profiter d’un gros effet sur le moral. Le saillant de Verdun facilite les attaques ennemies convergentes et les concentrations de feux. Sur la rive droite, les défenseurs combattent le dos à la Meuse. La région de Verdun, avec ses vallonnements et ses bois, se prête au déplacement des troupes et aux concentrations d’artillerie à l’abri des vues. Du côté de l’ennemi, un réseau ferré très dense (quatorze voies) et la proximité de Metz favorisent les transports et les approvisionnements. Du côté français, Verdun ne dispose que d’une seule grande voie reliant la place, par Sainte-Menehould, au reste du pays. Cette voie peutêtre facilement coupée par les bombardements. Les plateaux de Verdun, où va s’engager la bataille, sont les derniers d’une série de hauteurs qui forment la cuvette du bassin de Paris. La Meuse, qui souvent déborde en hiver, les partage du nord au sud. La terrasse des plateaux de la rive droite, d’une dizaine de kilomètres de large, sépare la vallée de la Meuse de la plaine marécageuse de la Woëvre. De nombreux ruisseaux qui se jettent vers l’ouest dans la Meuse qui coule vers l’est dans la vallée de la Woëvre, s’enfonce de plus de 100 mètres en un très court trajet, creusant ainsi de profonds ravins qui donnent aux côtes de la Meuse un contour festonné comme modelé au pouce dans une matière grasse. La ligne de faîte, non ébréchée, porte les points culminants : 388 mètres, clefs du champ de bataille. « Tout ce passage cloisonné et compartimenté semble construit comme une forteresse naturelle. Les couverts, les ravins y offrent des cheminements, d’excellentes positions d’artillerie. Chaque bois, chaque taillis peuvent être transformés en redoute. Si les branchements des vallées, si leurs ramifications multiples prêtent aux dangers de la manœuvre et de l’infiltration, aux progressions par surprise, les crêtes, d’autre part, présentent de merveilleux observatoires ; partout des escarpements, des 21 La bataille aérienne de Verdun glacis, des flanquements comme ceux qui recherchent les ingénieurs. » (Louis Gillet, La Bataille de Verdun). Instruit par les offensives d’Artois (mai 1915) et de Champagne (septembre 1915), le Commandement allemand va appliquer la méthode française, mais en lui donnant, par l’action de l’artillerie, un caractère de brutalité extrême. Concentrer une énorme artillerie, couper par le canon la seule voie ferrée qui relie Verdun à la France, écraser les défenses françaises, isoler leurs occupants par des barrages de gros calibre, puis foncer droit sur la ville et supprimer les dernières résistances en lançant en avant, sans souci des pertes, des masses irrésistibles ; tel est le plan que les Allemands mettent à exécution le 21 février 1916. La bataille de Verdun est une bataille d’écrasement, d’écrasement mutuel, la méthode consiste à concentrer à la fois le tir de pièces de tous les calibres, non pas sur une ligne, mais sur une zone ; non pas seulement sur la position que l’on veut emporter, mais aussi loin que possible en arrière sur tout ce qui peut l’étayer. L’image expressive du système n’est plus celle du bélier qui frappe contre une muraille, mais celle du pilon qui tombe d’aplomb et qui martèle la zone encerclée. La zone encerclée a pour limite une étroite bande de terrain que les deux artilleries essayent d’épargner, parce que les infanteries y luttent, emmêlées, à la grenade, à la mitrailleuse, au lance-flammes, et s’y disputent l’avance, au mètre carré. Nos victoires augmentent, mais il faudra encore de nombreuses semaines pour que la maîtrise du ciel soit dans notre camp, et avant que la tactique offensive adoptée produise tous ses effets. De nombreux ballons d’observation sont aussi choisis mais vite détruits, de part et d’autre ; notamment chez les Allemands, grâce aux fusées électriques du lieutenant de vaisseau Le Prieur. Finalement, et malgré des pertes dont certaines sont particulièrement ressenties, une certaine égalité s’établit entre les deux camps. Entre-temps, le crédit accordé à l’aviation d’observation, désormais adaptée aux secteurs terrestres, s’accroît sous l’impulsion de remarquables chefs de secteurs aéronautiques comme Wateau, Boucher, Cheutin, 22 L’engagement Challe, etc. Notre action aérienne sur toute la bataille de Verdun est déterminante, notre supériorité s’affirme, l’aviation allemande, moins nombreuse, ne pouvait s’opposer à l’action des fortes patrouilles du groupement de Cachy. Le « bébé » Nieuport, très maniable et équipé d’un 110 chevaux, fait merveille, mais de nouveaux avions allemands biplans Halberstadt et Albatros de 200 chevaux apparaissent en septembre dans le ciel. Avant de développer, cette grande bataille aérienne dans le ciel de Verdun, permettez-moi chers lecteurs de faire un petit tour en arrière. Les prétendues incursions d’avions français en Allemagne avaient été l’un des prétextes de la déclaration de la Grande Guerre. Aujourd’hui les archives ne permettent pas d’affirmer si les accusations étaient fondées. Dès le 2 août 1914, la presse écrite était pleine de fausses nouvelles prêtant à tel pilote ou tel autre des exploits invraisemblables, ainsi l’aviation rentrait-elle dans la légende. Avec modestie et beaucoup de difficulté d’adaptation, elle prenait sa part de l’histoire qui s’écrivait avec le sang. Époque bien étrange, pour ceux qui sont venus un peu plus tard à l’aviation organisée, que celle de ces reconnaissances sans appareil photographique, de ces bombardements sans viseur, de ces improvisations, de ces méprises, de ces surprises tragiques. L’année 1914, c’est aussi le temps des attaques au sol, des boîtes de fléchettes lancées en pluie sur l’armée allemande. Peu à peu les équipages s’arment et s’affrontent à de rapides « passes » au revolver ou à la carabine, voir quelques mois plus tard à la mitrailleuse. Les exploits sont retentissants, ils triomphent sur les avions Taube que leurs incursions sur Paris ont fait connaître. La liberté de l’avion, l’étendue possible de ses reconnaissances, plus, la rapidité avec laquelle il pouvait rendre compte de ses observations lui donnait le premier rôle dans la recherche du renseignement. On pouvait même penser qu’il était, pour ces mêmes raisons, un élément nouveau de la sûreté et de la manœuvre, capable de substituer des données positives aux intuitions et aux hypothèses. Dès les premiers jours de la guerre, la principale activité de l’aviation en liaison permanente a été l’exécution des 23 La bataille aérienne de Verdun reconnaissances stratégiques, il s’agissait de déceler les intentions de l’adversaire. On ne se bat pas encore dans le ciel : les feux dirigés de terre sur les avions volant, même bas, sont peu efficaces. Quelques escadrilles poussent leurs reconnaissances quand le vent est favorable jusqu’à 100 kilomètres dans les lignes ennemies. C’est ainsi que, dès le 21 août, l’importance de l’avancée allemande sur la Belgique est connue, ainsi que sa progression sur le sud-ouest. Un renseignement d’un avion observateur sera, sur la région de Mortagne, à l’origine d’une contre attaque victorieuse de la 11e armée française. Du 1er au 4 septembre, les équipages alliés suivront la progression des colonnes allemandes filant droit sur Paris, puis vers le sud-est enfin, laissant à l’ouest la capitale, vers La Ferté-sousJouarre et Château-Thierry. C’est renseigné par l’aviation que le général Joffre, le 5 septembre, prendra la décision d’où résultera la victoire de la Marne. Cette œuvre de coordination, indispensable, a fait de l’aviation militaire un grand service national. Naturellement, l’ennemi savait se procurer des renseignements analogues et la reconnaissance stratégique aérienne allemande passe pour avoir été, sur le front russe, à l’origine de la victoire de Tannenberg. Les équipages allemands observèrent aussi le 5 septembre, le long de la vallée de la Seine et d’est en ouest, nos mouvements intenses de trains qui, à la veille de la bataille de la Marne, révélaient, ou du moins découvraient dans les grandes lignes, les intentions du général Joffre. Malheureusement pour l’armée allemande, ces observations capitales restèrent vaines faute d’avoir été transmises à temps jusqu’au commandement supérieur. L’aviation ennemie, dès ces jours d’août 1914, fut d’ailleurs moins exclusivement consacrée que la nôtre à l’observation stratégique. Il semble que la tâche confiée à nos escadrilles ait été triple : - exploration lointaine ; - observation permanente au niveau des éléments avancés ; - liaison et transmission d’ordres entre les états-majors des armées et corps d’armée marchant vers le sud-est, puis vers le sud. Naturellement, les effectifs aéronautiques très faibles pendant cette période, partagés entre ces missions, eurent bien de la peine à y satisfaire. Une fois la bataille engagée, aussi bien en Lorraine que 24 L’engagement sur la Marne, l’aviation devenait disponible pour d’autres emplois. Ceux-ci se sont révélés très vite ; leurs méthodes se sont définies plus lentement. Il faut cependant noter que, dès le 10 septembre 1914, une note du G.Q.G. recommandait d’affecter des avions aux artilleries de corps d’armée. Le 9 novembre, les fronts à peine stabilisés, le G.Q.G. prescrivait de « ne déclencher d’attaque importante que quand l’état de l’atmosphère permet l’utilisation des avions ». À la fin de l’année 1914, toute cette activité aérienne n’allait pas sans combats ni sans deuils. On a pu évaluer à près de 100 le nombre des avions ennemis qui sur tous les fronts auraient été abattus, il est logique de penser que nos pertes n’ont pas dû être inférieures. Table des matières Préface Une autre Voie sacrée, celle du cœur..................................................... 7 Chapitre 1 L’engagement....................................................................................... 9 Verdun, la bataille d’usure...................................................................9 La préparation allemande....................................................................9 Avant la guerre..................................................................................15 En 1916............................................................................................16 Chapitre 2 Verdun, février 1916.......................................................................... 27 L’aviation : la cinquième arme...........................................................41 Chapitre 3 Jean Chaput, charmeur de nuages...................................................... 53 Chapitre 4 Les gardiens de nos aérodromes : les canons de 75............................. 59 Chapitre 5 Comment se dirige-t-on en avion en 1916 dans la Meuse ?................ 61 Bureau des cartes...............................................................................62 Ce qu’on voit la nuit.........................................................................67 Chapitre 6 Les batailles d’escadres aériennes d’Habsheim, de Mauser et de Vaulx-Vraucourt......................................................................... 69 L’héroïsme du lieutenant Floch..........................................................69 La bataille continue...........................................................................71 Chapitre 7 L’escadrille La Fayette dans la bataille de Verdun................................ 75 Les Américains qui voulaient mourir pour la France..........................75 Encore des exploits de l’escadrille La Fayette......................................81 Succès et deuils..................................................................................85 Chapitre 8 Dans l’enfer du ciel de Verdun............................................................ 93 Toujours dans le ciel de Verdun.........................................................97 L’indispensable service de l’aviation à Verdun..................................100 Chapitre 9 Fusillé pour l’exemple...................................................................... 105 Chapitre 10 Le drame du lieutenant Carlier......................................................... 109 Chapitre 11 Dans les airs avec la mort................................................................. 119 Chapitre 12 Les terrains d’atterrissage................................................................. 123 Chapitre 13 Les sentinelles vigilantes du champ de bataille de Verdun................. 125 L’œil de l’artillerie............................................................................128 Chapitre 14 Une escadrille basée à Souilly........................................................... 139 Chapitre 15 La vie en escadrille sur le front de Verdun......................................... 145 La protection d’une mission............................................................145 Un défenseur de Verdun, René David : sa vie de combattant, sa mort en héros......................................................150 Chapitre 16 Des joies, des peines, des larmes....................................................... 155 Chapitre 17 La bataille de Verdun vue du côté allemand...................................... 167 Du rififi dans l’armée allemande......................................................173 Courage d’un pilote allemand devant la mort..................................176 L’attaque d’un train par l’escadrille M. 18 et l’héroïsme d’un mécanicien allemand...............................................................177 Chapitre 18 Dans l’arène du ciel.......................................................................... 183 Toujours dans l’arène du ciel...........................................................186 Chapitre 19 Jules Védrines dans les lignes ennemies............................................ 189 Chapitre 20 Le capitaine Robert de Beauchamp, chef de l’escadrille N. 23, dans la bataille de verdun..................................... 197 Chapitre 21 Héros anonymes : les régleurs d’artillerie......................................... 207 Chapitre 22 Les mécaniciens................................................................................ 211 Chapitre 23 Les mascottes de nos pilotes, poilus et mécaniciens.......................... 221 Le chien-espion...............................................................................222 L’âne au service des poilus...............................................................223 La souris blanche.............................................................................223 La brebis sentinelle..........................................................................223 Follette............................................................................................224 Abandonné dans les ruines..............................................................224 Histoire de Minette, la petite chatte noire.......................................225 Dans les escadrilles..........................................................................226 Le fétiche en laine Anastor..............................................................227 Chapitre 24 Leur peur, leur joie, leur émotion sur le front de Verdun.................. 229 Des espions dans les environs de l’escadrille.....................................230 Chapitre 25 Les femmes pendant la guerre.......................................................... 233 Nicole Girard-Mangin : une femme d’exception, médecin-major du service de santé..................................................237 Chapitre 26 La Section technique de l’Aéronautique........................................... 241 Chapitre 27 Un drame de la photographie........................................................... 245 Chapitre 28 Les longues et douloureuses batailles................................................ 249 Chapitre 29 Nos artistes dans la guerre................................................................ 253 Des artistes d’aujourd’hui qui font revivre la Grande Guerre par leur talent..................................................................................258 Chapitre 30 Dans les coulisses de l’aviation......................................................... 261 Un As, René Fonck ........................................................................261 Jean Navarre, la sentinelle, le nettoyeur du ciel de Verdun...............268 Navarre dans la bataille aérienne de Verdun.....................................274 Sentinelle aérienne..........................................................................278 La blessure fatale.............................................................................279 Du côté des Allemands....................................................................281 Chapitre 31 La victoire de la bataille de Verdun vue d’avion................................ 283 Après la victoire dans les territoires occupés.....................................287 Références bibliographiques............................................................. 290 Remerciements���������������������������������������������������������������������������������291