12.3. Venture capital et private equity, catalyseurs pour

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12.3. Venture capital et private equity, catalyseurs pour
12.3. Venture capital et private equity, catalyseurs pour l’innovation et l’emploi
en Belgique
Par Jean Paul Theunissen, Attaché, Direction général Potentiel économique
private equity qui sont souvent prêtes à prendre de
tels risques financiers.
Le monde change vite, très vite. Les évolutions
économiques, politiques et sociales se succèdent de
plus en plus rapidement. Ce qui est « in » aujourd'
hui
peut ne plus l'
être demain,
Sur le plan économique, ces développements se
traduisent entre autres par une forte mondialisation
de l'
économie [qui ne se limite plus à l'
Europe
occidentale, aux États-Unis et au Japon mais qui
s'
étend à tous les acteurs économiques du monde],
par une libéralisation des marchés économiques
[aussi inspirée par l'
orientation capitaliste de la
Chine communiste] ainsi que par le développement
économique et industriel d'
une série de pays
émergents [Brésil, Russie, Inde et Chine, aussi
appelés pays BRIC).
VENTURE CAPITAL ET PRIVATE EQUITY :
DÉFINITIONS
Venture capital est parfois officieusement traduit par
capital-risque et private equity, par capital-actions
privé, mais, ces deux termes n'
ont pas de définition
juridique. Ces deux formes de financement
appartiennent
au
groupe
du
capital-risque
garantissant le financement des fonds propres [ou
capital actions] d'
une entreprise, par opposition aux
banques qui, elles, assurent le financement de ses
dettes,
Les nombreuses définitions avancées par la
littérature spécialisée nous permettent de déceler une
série de caractéristiques importantes liées au venture
capital et au private equity, Tous deux se rapportent
au financement:
Ces évolutions placent les entreprises belges
devant un énorme défi. Comment peuvent-elles à
terme rester compétitives par rapport à celles qui
sont établies dans des pays où les coûts salariaux
ne représentent qu'
une fraction de ceux en vigueur
en Belgique?
La réponse à cette question est celle de la singularité,
Les entreprises belges doivent se distinguer de la
concurrence. La différenciation ne peut s'
opérer que
si les entreprises innovent dans de nouveaux
produits, services, stratégies entrepreneuriales,
techniques
de
management,
processus
de
production, méthodes organisationnelles ou concepts
de marketing, C'
est pour elles l'
unique façon de
conserver ou d'
augmenter leur chiffre d'
affaires et leur
emploi.
part de marché mais aussi d'
assurer à terme l'
L’innovation est cependant très coûteuse et les
banques ne sont pas toujours disposées à en
assurer le financement car elles la jugent très
risquée. Le développement et le lancement, par
exemple, de nouveaux produits nécessitent en effet
beaucoup de temps et d'
argent et leurs rendements
sont très incertains.
Il existe en revanche d'
autres bailleurs de fonds tels
que les sociétés de venture capital ou de
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•
de sociétés non cotées en bourse ayant un large
besoin de capital d'
exploitation au cours des
différents stades de leur existence [financement
du démarrage, croissance, reprise ou autres
stades du cycle de vie;
•
par des bailleurs professionnels de capitalrisque;
•
via la prise de participation dans les fonds
propres de l'
entreprise [le bailleur de capitalrisque acquiert des parts de l'
entreprise).
Contrairement aux banques [qui octroient les
crédits], le bailleur est partiellement ou
entièrement propriétaire de la société;
•
pour une période moyenne de 5 à 10 ans;
•
par lequel le bailleur de capital-risque fournit
l'
assistance nécessaire en management [les
banques se limitent uniquement à octroyer des
crédits] ;
•
par lequel le bailleur de capital-risque est
rémunéré [pour le risque élevé du financement]
en réalisant une plus-value lors de la vente des
parts.
financiers [mesures telles que des avantages fiscaux
pour les particuliers qui souscrivent à des fonds
d'
investissement dans du capital-risque].
Bien que venture capital soit souvent utilisé comme
synonyme de private equity et de capital-risque, ce
type de financement fait en réalité partie du private
equity. À son tour, le private equity est une sous-partie
du capital-risque. Tandis que le venture capital a trait
aux premiers stades de financement de la vie d'
une
entreprise [comme l'
amorçage ou l'
expansion], le
private equity se rapporte aux phases ultérieures de
financement [acquisitions, capital de remplacementJ.
Un fleuron de la Région flamande en ce qui concerne
le venture capital et le private equity est ARKimedes.
Cette initiative lui a permis de collecter 110 millions
d'
euros auprès des investisseurs privés [durée: 13
ans] par l'
émission d'
actions [75 millions d'
euros] et
d'
obligations [35 millions d'
euros] grâce auxquelles
ces derniers bénéficient d'
une protection du capital [90
% pour les actions et 100 % pour les obligations via
une garantie régionale] et d'
avantages fiscaux
[uniquement pour les actions],
Venture capital et private equity sont fréquemment
associés aux jeunes sociétés spécialisées dans la
haute technologie. D'
autres entreprises, actives dans
des secteurs plus classiques, peuvent toutefois
recourir à ces formes de financement.
Les fonds ainsi récoltés sont [seront) apportés ou
investis dans des fonds spécialisés de capital-risque
[entreprises] et profiteront à des zones spécifiques en
Flandre, à des secteurs bien définis et à certaines
phases de l'
existence d'
une entreprise. Arkafund [axé
sur le capital d'
expansion dans le secteur des médias,
de l'
information, de la communication et des télécoms]
et Qat Arkive [axé sur les PME innovantes dans le
domaine
de
l'
environnement,
de
l'
énergie
renouvelable, de l'
ICT et des soins de santé] en sont
des exemples.
LES FOURNISSEURS DE CAPITAL-RISQUE
Ils se répartissent en trois groupes distincts. Le
premier est constitué des sociétés d'
investissement
privées comme Blackstone, Big Bang Ventures et
CVC Capital Partners Benelux. Le deuxième se
compose des sociétés d'
investissement liées aux
groupes bancaires comme KBC PE et Fortis PE. Enfin, la troisième catégorie regroupe les sociétés
d'
investissement publiques telles que la Gewestelijke
Investeringsmaatschappij voor Vlaanderen [GIMV], la
Participatiemaatschappij Vlaanderen [PMV], la
Société Régionale d'
Investissement de Wallonie
[SRIW] ou la Société Régionale d'
Investissement de
Bruxelles [SRI BJ.
Il existe d'
autres initiatives de venture capital et de
private equity en Belgique, notamment:
Les anciens entrepreneurs qui ont par exemple vendu
leur société, peuvent également jouer le rôle [privé] de
fournisseurs de venture capital ou de private equity,
Dans le jargon, ils sont appelés les « business angels
».
1.
le «Vlaams Innovatiefonds» qui dispense du
capital-risque aux firmes innovantes;
2.
le winwinlening » [prêt gagnant-gagnant en
Région flamande], aussi appelé «vriendenlening»
qui incitent les particuliers à mettre des moyens
financiers à la disposition des starters;
3.
Brustart et B2E [Bruxelles Economie Emploi] par
la Région de Bruxelles-Capitale qui s'
adressent
aux starters et aux entreprises établies;
4.
la Société Wallonne de Financement et de
garantie des PME [Sowalfin] et la Société
Wallonne de gestion et de participation [Sogepa]
qui s'
adressent respectivement aux PME et au
secteur sidérurgique en Wallonie,
INITIATIVES DES POUVOIRS PUBLICS BELGES
Les initiatives en matière de venture capital et de
private equity développées par la Belgique (l'
autorité
fédérale et les trois régions) peuvent être directes ou
indirectes.
Les premières se rapportent à la création de sociétés
de capital-risque [comme la GIMV, la SRIW ou la
SRIB] ou à l'
investissement dans des sociétés de
capital-risque existantes.
LES TENDANCES EN BELGIQUE
Quelques tendances importantes du venture capital et
du private equity en Belgique:
Les secondes se concrétisent dans la réglementation
institutionnelle [comme les règles de placement
imposées par les autorités aux banques, sociétés
d'
assurances et fonds de pension] et les incitants
•
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bien que le montant annuel d'
investissements en
capital-risque par des investisseurs belges évolue
à la baisse, le montant total des investissements
en Belgique augmente [475,1 millions d'
euros en
une quantité croissante
2005] et ce, à la suite d'
d'
investissements étrangers;
•
•
Ainsi, entre 1996 et 2004, le nombre d'
emplois a
augmenté de 17 500 unités dans les entreprises
belges financées par venture capital/private equity.
Entre 2000 et 2004, au niveau européen, l'
augmentation d'
emplois dans ces entreprises financées
par venture capital/private equity atteint le million,
bien que la Belgique a considérablement moins
investi dans le venture capital et le private equity
que les pays voisins, elle a davantage prêté
attention au financement de l'
amorçage et de
l'
expansion, phases qui sont à la base de la
création de capital-risque;
Dans ce contexte, nous pouvons conclure que les
investissements en venture capital et private equity
contribuent en effet à une plus grande croissance
économique et à une augmentation du nombre
d'
emplois. Malheureusement, la Belgique manque
actuellement de bons projets entrant en ligne de
compte pour le financement du capital-risque. En
conséquence, le potentiel de financement offert par le
venture capital et le private equity n'
est pas
suffisamment utilisé.
la part des sociétés publiques belges d'
investissement dans le total des investissements
en capital-risque en Belgique par des
investisseurs belges a chuté depuis 2003 et est
actuellement inférieure à 10%.
Impact du venture capital et du private equity sur
l'
emploi
•
Quel est l'
impact de ces investissements sur la
croissance en Belgique? Sont-ils synonymes d'
emploi
et de prospérité? Des chiffres officiels à ce sujet ne
sont
pas
disponibles.
Selon
des
études
d'
organisations professionnelles belges et européens
regroupant des entreprises de venture capital et de
private equity, il existe une corrélation positive entre
ces types d'
investissement et l'
emploi.
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Carrefour de l’économie 2007/3 4A