Association entre tuberculose et progression de la maladie VIH
Transcription
Association entre tuberculose et progression de la maladie VIH
Int J Tuberc Lung Dis 2001 ; 5(3) : 225-232 © 2001 IUATLD Association entre tuberculose et progression de la maladie VIH dans une région à haute prévalence de tuberculose M. Badri,* R. Ehrlich,* R. Wood,† T. Pulerwitz,‡ G. Maartens † † ‡ Departments of * Public Health and Medicine, University of Cape Town, South Africa ; Harvard Medical School, Boston, Massachusetts, USA ________________________________________ ____________________ ____RESUME CADRE : Dispensaires pour adultes infectés par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) affiliés à l'Université du Cap, Afrique du Sud. OBJECTIF : Evaluer l'impact de la tuberculose sur la progression de la maladie due au VIH-1 dans une zone à prévalence élevée de tuberculose et à utilisation minimale du traitement antirétroviral. SCHEMA : Etude prospective d'une cohorte de patients. METHODES : L'âge, la race, la situation de risque, les décomptes de lymphocytes-T CD4, les antécédents de SIDA, la prophylaxie au cotrimoxazole et le traitement antirétroviral ont été soumis à contrôle dans un modèle de Cox de régression des risques proportionnels liés au temps. RESULTATS : Une tuberculose répondant à la définition des cas s'est développée chez 158 de 609 patients au cours de la période d'observation de 5 ans. La tuberculose était associée à un accroissement de risque de SIDA (ratio de risque ajusté [RR] = 1,60 ; intervalle de confiance 95% [IC] 1,08-2,41 ; P = 0,02) et de décès (RR ajusté = 2,16 ; IC95% 1,29-3,59 ; P = 0,003). Lors de l'analyse stratifiée, l'augmentation de mortalité associée à la tuberculose n'a été observée que chez les patients dont les décomptes de lymphocytes-T CD4 étaient supérieurs à 200 cellules/µL et chez ceux n'ayant pas de SIDA au point de départ. CONCLUSION : Le développement de la tuberculose chez les patients infectés par le VIH est associé à un risque accru de SIDA et de décès. Bien qu'un lien de causalité ne puisse être établi dans une étude d'observation, nos données soutiennent l'idée qu'une activation immunitaire prolongée induite par la tuberculose entraîne une réplication accrue et prolongée du VIH et par voie de conséquence une progression consécutive accélérée de la maladie. MOTS CLE : infections VIH ; prognostic ; survie ; tuberculose ; SIDA ; lymphocytes-T CDA+ AU NIVEAU MONDIAL, la tuberculose est la maladie la plus fréquemment diagnostiquée chez les patients infectés par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH). Les études in vitro ont démontré que la tuberculose augmente la capacité de réplication du VIH, en activant les lymphocytes-T CD4+ et les macrophages qui hébergent le VIH latent. Le développement de la tuberculose chez les patients infectés par le VIH provoque une libération importante de cytokines pro-inflammatoires qui activent les lymphocytes et les macrophages. Ceci entraîne un accroissement de la charge virale de VIH.1 Les augmentations transitoires de la charge virale surviennent en cas d'infections opportunistes,2 mais deux grandes études africaines de patients atteints de tuberculose et sans accès à une thérapie antitrétrovirale ont démontré que la charge virale ne diminue pas malgré un traitement antituberculeux efficace,3,4 et que les marqueurs d'activation de l'immunité cellulaire persistent. 3 Les résultats des études épidémiologiques évaluant l'effet de la tuberculose sur la progression du VIH sont contradictoires. Il ressort de certaines études qu'il n'y a pas de diminution décelable de la survie ou de preuves d'une accélération importante de la maladie VIH attribuable à la tuberculose chez les patients atteints d'infection par le VIH.5,6 D'autres études ont mis en évidence soit une réduction significative de la survie, 7,8 soit une fréquence accrue de maladies intervenant dans la définition du SIDA, après le diagnostic de la tuberculose Auteur pour correspondance : Professor Gary Maartens, Department of Medicine, Faculty of Health Sciences, University of Cape Town, Observatory 7925, Cape Town, South Africa. Fax: (+27) 21-448 6815. e-mail: [email protected] [Traduction de l'article "Association between tuberculosis and HIV disease progression in a high tuberculosis prevalence area" Int J Tuberc Lung Dis 2001 ; 5(3) : 225-232 ] 2 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease chez les patients infectés par le VIH.9 De plus, alors qu'une méta-analyse10 a relevé une réduction de la mortalité chez les patients tuberculinopositifs infectés par le VIH à la suite de la prévention d'une tuberculose active, une réduction significative n'a pas été observée dans une autre.11 Les études évaluant l'impact de la tuberculose associée au VIH sur la progression de la maladie ont généralement été menées dans des pays industrialisés où il existe une association étroite ente la tuberculose et l'emploi de drogues par voie intraveineuse.12,13 Les résultats observés chez les drogués par voie intraveineuse atteints d'infection VIH peuvent être influencés par des facteurs tels que les surdoses de drogues, la violence ou une piètre adhésion au traitement.14 La tuberculose toutefois survient plus fréquemment dans les pays en développement que dans les pays industrialisés et elle est responsable de plus d'un tiers de la mortalité chez les patients infectés par le VIH en Afrique sous-saharienne.15,16 L'influence de la tuberculose sur l'histoire naturelle de l'infection VIH peut être appréciée de façon plus précise dans un cadre comme l'Afrique, où l'accès à la thérapie antirétrovirale est limité vu le manque de ressources.17 A Cape Town, la prévalence de la tuberculose est très élevée ;18 elle constitue aussi la condition la plus fréquente intervenant dans la définition du SIDA.19 Les institutions locales de soins de santé sont généralement meilleures qu'ailleurs sur le Continent,20 ce qui permet de diagnostiquer et de traiter la plupart des infections opportunistes. Toutefois, dans le secteur public, la thérapie antirétrovirale n'est pas disponible pour le traitement des patients et peu d'entre eux sont à même de se fournir ces médicaments dans le secteur privé. L'objectif de cette étude est d'évaluer l'impact de la tuberculose sur la progression de la maladie VIH-1 dans une cohorte de patients adultes. MATERIEL ET METHODES Il s'agit d'une étude de cohorte prospective de patients adultes ( 18 ans ), infectés par le VIH et fréquentant les deux dispensaires affiliés à l'Université de Cape Town (New Somerset et Groote Schuurs Hospitals ). Au moment où les patients sont admis dans la cohorte, il n'existait dans notre région virtuellement aucune autre institution disponible pour les soins au VIH dans le secteur public. Il était donc improbable que des biais de référence interviennent chez les patients recourant aux institutions du secteur public. L'étude a été approuvée par le Comité d'Ethique de la Recherche de la Faculté des Sciences de Santé à l'Université de Cape Town. Le suivi a été répété à des intervalles de 3-6 mois ou plus fréquemment si c'était cliniquement indiqué. On a mesuré approximativement tous les 6 mois par cytométrie de flux les décomptes de lymphocytes-T CD4+. L'infection VIH a été confirmée par ELISA et/ou Western blot sur deux échantillons séparés de sang (HIV2 est très rare à Cape Town et les Western blot ont dès lors été interrompus21). Les données démographiques, cliniques et de laboratoire ont été introduites de manière prospective dans une base de données établie en 1992. La cohorte étudiée se limite aux patients dont la visite initiale à la policlinique se situe entre 1992 et 1996. Les dossiers de tous les patients diagnostiqués comme atteints de tuberculose au cours de la période d'étude ont été revus. Les patients diagnostiqués comme tuberculeux ont été traités par un régime de courte durée de 6 mois, basé sur la rifampicine. La définition du cas de tuberculose dans cette étude a été : 1) soit une tuberculose confirmée: culture de Mycobacterium tuberculosis ou diagnostic d'autopsie, ou 2) tuberculose probable: une bacilloscopie positive d'un frottis ou un diagnostic histologique associé avec un tableau clinique compatible. Dans la ligne de la politique nationale, les frottis d'expectoration positifs n'ont pas été confirmés par culture. Les patients ont été exclus de l'étude si le diagnostic de la tuberculose ne répondait pas à la définition du cas. La tuberculose pulmonaire a été définie comme une maladie avec expectoration positive à la bacilloscopie ou à la culture, ou avec un infiltrat pulmonaire ou un épanchement pleural au cliché thoracique. La tuberculose extrapulmonaire a été définie comme une affection située en dehors de ces sites. Le SIDA a été défini en utilisant la définition des cas de 1987 provenant du Centers for Disease Control.22 La tuberculose n'a pas été considérée comme une affection intervenant dans la définition du SIDA pour cette analyse, puisque nous examinions l'effet de la tuberculose sur la progression de la maladie. Le taux de densité d'incidence des maladie nouvellement diagnostiquées et définissant le SIDA (défini comme un épisode nouveau ou récidivant) au cours de la période de suivi pour les cas de tuberculose et dans le groupe de comparaison a été défini comme le nombre d'événements intervenant dans la définition du SIDA survenant chez des patients qui n'avaient pas de maladies définissant le SIDA au départ, par 100 mois/patient de suivi.23 Le ratio de densité d'incidence (RDI) a été obtenu en divisant le taux de densité d'incidence du groupe de tuberculose par celui observé dans le groupe de comparaison.23 Le RDI a été ensuite ajusté par stratification selon l'utilisation de traitement antirétroviral, l'âge et les décomptes de Tuberculose et progression de la maladie VIH 3 Tableau 1 Caractéristiques démographiques et cliniques initiales d'une cohorte de patients tuberculeux infectés par le VIH et d'un groupe de comparaison non atteint de tuberculose, 1992-1996 Groupe TB (n = 158) Caractéristique Sexe masculin Age moyen (Déviation standard) Race † Asiatique Noir De couleur Blanc Préférence sexuelle et comportement à risque Homosexuel Hétérosexuel Utilisateur de drogues par voie intraveineuse Transfusion de sang Inconnu Utilisation de thérapie antirétrovirale Utilisation de prophylaxie au cotrimoxazole Lymphocyte-T CD4+ au début‡ 200 cellules/µl 201-400 cellules/µl > 400 cellules/µl Maladie intervenant dans la definition du SIDA au début n (%) Groupe de comparison (n = 451) n (%) 79 (50) 32 (9.1) 251 (58) 32 (8.8) 11 (7) 107 (67.6) 30 (19) 10 (6.3) 19 ( 4.4) 221 (48.8) 10 (6.3) 125 (79) 1 (0.6) 2 (1.3) 20 (12.7) 89 (19.6) 306 (67.6) 7 (1.6) 51 (0.11) 3 (1.93) 71 (44.9) 44 (9.7) 116 (25.6) 71 (45) 45 (29) 42 (26) 17 (10.8) 149 (33) 155 (34) 147 (33) 24 (5.3) Valeur de P* 0.09 — < 0.001 117 (25.5) 96 (21) < 0.01 < 0.001 < 0.001 < 0.001 < 0.001 * test 2 † Classification politique en quatre catégories utilisée pendant l'apartheid et en corrélation étroite avec le statut socio-économique ‡ Décompte des lymphocytes-T CD4+ dans les 3 mois après le diagnostic de tuberculose pour les cas incidents lymphocyte-T CD4+. Les RDI ajustés ont été calculés selon la méthode de Mantel-Haenszel.23 La survie a été définie comme la durée séparant l'inclusion (ou la date du diagnostic de tuberculose pour les cas incidents de tuberculose) et la date de la dernière visite de suivi ou de décès. Les proportions de survie globale pour les cas de tuberculose et les groupes de comparaison ont été estimées selon la méthode de Kaplan-Meier. Le test généralisé log rank a été utilisé pour comparer les courbes de survie. Pour comparer la survie dans les deux groupes à différents niveaux d'immunosuppression, l'analyse de Kaplan-Meier a été stratifiée davantage en tenant compte du décompte de lymphocyte-T CD4 : > 400, 201-400 et <200 cellules/µL, ainsi qu'en fonction des antécédents de maladie antérieure intervenant dans le définition du SIDA. Les modèles de régression proportionnelle de risque ont été adaptés pour déterminer le risque non ajusté de décès associé avec la tuberculose et pour l'ajuster aux variables confondantes potentielles. Les distribution de survie observées ont été conformes aux suppositions de proportionnalité du modèle des risques.24 Les modèles de Cox ont inclus les variables à priori connues ou supposées associées avec les résultats intéressants. L'âge, la race, le statut de risque, le décompte des lymphocyte-T CD4+, les antécédents de maladies intervenant dans la définition du SIDA au début et l'utilisation d'une thérapie antirétrovirale ou d'une prophylaxie au cotrimoxazole ont été inclus comme variables confondantes potentielles. La tuberculose a été modélisée comme une variable dépendante du temps et les décomptes de lymphocytes-T CD4+ chez les patients tuberculeux ont été appréciés au moment du diagnostic de la tuberculose (ou dans les 3 mois du diagnostic). Les intervalles de confiance à 95% (IC 95%) autour du ratio de risque ont été calculés en utilisant la méthode d'approximation de Rothman.23 Pour apprécier dans quelle mesure la tuberculose pouvait avoir induit une lymphopénie-T CD4+ au moment du diagnostic de tuberculose, les 45 cas diagnostiqués pendant le suivi (cas incidents) ont été analysés ultérieurement. Les décomptes de lymphocyte-T CD4+ 3-6 mois avant et après la date du diagnostic ont été comparés avec le décompte au moment du diagnostic en utilisant l'analyse de variance non-paramétrique de Friedman (ANOVA, analyse multivariée) et les tests de degré non-paramètriques de Wilcoxon (analyse bivariée).25 Le choix de ces tests a été basé sur l'observation que les décomptes de lymphocytes T 4 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease Median CD4 T-lymphocyte (Cells/ul) 560 p = 0.35 480 400 p = 0.03 p< 0.01 320 240 160 80 Min-Max 25%-75% 0 CD4 BEFORE CD4 AT Median value CD4 AFTER TB diagnosis date Figure 1 Médiane du décompte des lymphocytes-T CD4+ avant, au moment et après le diagnostic de la tuberculose dans les cas incidents de tuberculose, Cape Town, Afrique du Sud, 1992-1996 CD4+,25 lorsqu'on les testait pour leur normalité en utilisant le test de Shapiro-Wilks, avaient une distribution significativement non-normale. Un autre modèle de régression de risque proportionnel de Cox incluant les décomptes de CD4+ 3-6 mois avant ou après, plutôt qu'au moment de la date du diagnostic de tuberculose, a été ajusté. Par l'utilisation de cette méthode, il a dès lors été possible de déterminer des estimations de l'effet de la tuberculose et des décomptes de lymphocytes-T CD4+ (et d'autres variables inclues dans le modèle) qui « supprimaient » la réduction transitoire des lymphocytes-T CD4+ qui peut avoir été causé par la tuberculose. Tableau 2 Incidence des maladies intervenant dans la définition du SIDA dans une cohorte de patients tuberculeux infectés par le VIH (n = 158) et dans un groupe de comparaison non atteint de tuberculose (n = 451) stratifiée par âge, utilisation d'une rétrothérapie rétrovirale et décompte des lymphocytes-T CD4+ Variable Ensemble Age 32 ans Age >32 ans Utilisation d’antirétroviraux Pas d’utilisation d’antirétroviraux Décompte CD4+ ( 200 cellules/µl ) Décompte CD4+ >200 Densité d’incidence † 10,4 6,8 RDI (95%CI) 1,5 (1,02-2,32) Groupe Groupe TB Groupe de Comparaison Groupe TB Groupe de comparaison Groupe TB Groupe de comparaison Groupe TB (n)* 47 43 Moispersonne 451,7 635 21 11 260,8 210 8,1 5,2 1.6 (0,74-3,19) 26 32 190,9 425 13,6 7,5 1,8 (1,08-3,03) 2 47,7 4,2 0,4 (0,1-1,9) Groupe de comparaison Groupe TB Groupe de comparaison Groupe TB Groupe de comparaison Groupe TB Groupe de comparaison 14 144 9,7 45 29 404 491 11,0 5,9 1,9 (1,18-3,0) 31 31 249,8 421,5 12,4 7,4 1,7 (1,03-2,78) 16 12 201,9 213,5 7,9 5,6 1,4 (0,67-2,98) RDI ajusté‡ (95%CI) 1,71 (1,12-2,0) 1,58 (1,03-2,0) 1,59 (1,06-2,0) * n = nombre de maladies intervenant dans la définition du SIDA nouvellement diagnostiquées † densité d'incidence = n/100 mois-personne ‡ IDR ajusté = statistique selon Mantel-Haenszel ‡ IDR = ratio de densité d'incidence ; IC = intervalle de confiance. Tuberculose et progression de la maladie VIH B. CD4+T-lymphocyte count 201-400 cells/ul Survival Proportion A. CD4+T-lymphocyte count > 400 cells/ul 1.0 1.0 0.8 0.8 0.6 0.6 0.4 0.4 0.2 0.2 p < 0.0001 0.0 0 12 24 36 Group 1 48 p = 0.005 0.0 C. CD4+T-lymphocyte count<200 cells/ul Survival Proportion 5 0 6 12 18 24 30 36 42 48 D. AIDS-defining illness at baseline 1.0 1.0 0.8 0.8 0.6 0.6 0.4 0.4 0.2 0.2 p = 0.39 0.0 0.0 0 6 12 18 24 Time ( Months ) 30 0 6 12 18 24 30 Time ( Months ) Figure 2 Probabilités de survie selon le décompte des lymphocytes-T CD4+ (A, B, C) et les antécédents de maladie intervenant dans la définition du SIDA (D) dans une cohorte de patients tuberculeux ( ) et un groupe de comparaison non atteint de tuberculose (…..), Policliniques VIH pour adultes, Cape Town, Afrique du Sud, 1992-1996. Les décomptes de lymphocytes –T CD4+ des cas incidents de tuberculose ont été faits dans les 3 mois après le diagnostic. RESULTATS Entre 1992 et 1996, au total 647 patients ont fréquenté les policliniques pour leur première visite. Le diagnostic de tuberculose a été porté chez 196 patients. parmi ceux-ci, 38 ont été exclus parce qu'ils ne répondaient pas à la définition de cas pour le diagnostic de tuberculose. La cohorte étudiée comporte donc 609 patients dont 158 (25,6%) cas de tuberculose. Les données de début figurent au Tableau 1. La tuberculose a été diagnostiquée dans 113 cas comme prévalente (diagnostiquées lors de la visite initiale) et dans 45 comme incidente (diagnostiquées après l'inclusion). Il s'agissait de tuberculose pulmonaire dans 90 cas (57%), de pulmonaire et extrapulmonaire dans 37 cas (23,4%) et d'extrapulmonaire isolée dans 31 cas (19,6%). Le diagnostic de tuberculose était confirmé dans 69 cas (43,7%) et probable pour le reste parmi lesquels 80 (50,6%) avaient une bacilloscopie positive et 9 (5,6%) un diagnostic histologique. La tuberculose a provoqué une lymphopénie-T transitoire significative (Figure 1) dans les 35 cas incidents chez lesquels ceci a pu être investigué. Le suivi est comparable dans les deux groupes (moyenne 11,5 et 14,6 mois respectivement ; P = 0,7). La proportion de patients perdus pour le suivi dans les deux groupes (définis comme ne s'étant pas présenté aux policliniques pendant plus de 12 mois avant la fin prévue de l'étude) n'est pas significativement différente (33 [20,9%] dans les cas tuberculeux vs 104 [23,1%] dans le groupe de comparaison, P = 0,57). La durée médiane de progression vers le SIDA, chez les patients sans SIDA au début, est de 6 mois pour les cas de tuberculose vs 14,5 mois pour le groupe de comparaison (P = 0,05). La progression plus rapide vers le SIDA dans les cas de tuberculose reste significative après que l'on ait pris en compte les variables confondantes potentielles (ratio de risque [RR] = 1,60 ; IC 95% 1,08-2,41 ; P= 0,02). Comme autres facteurs associés à la progression vers le SIDA, notons les décomptes de lymphocytes-T CD4+ 200 cellules /µL (RR = 2,36 ; IC 95% 1,59-3,50 ; P<0,001) ainsi que la prophylaxie au cotrimoxazole qui s'avère protéger contre le début du SIDA (RR = 0,21 ; IC 95% 0,14-0,33 ; P<0,01). En outre, 47 maladies intervenant dans la définition du SIDA sont survenues chez 33 patients tuberculeux au cours de 1.803,4 mois-patient (densité d'incidence 6 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease Tableau 3 Facteurs prédictifs de mortalité dans une cohorte de patients infectés par le VIH avant et après prise en compte de la lymphopénie-T CD4+ induite par la tuberculose au moment du diagnostic : modèles multivariés et univariés Variable CD4 200 cellules/µl Thérapie antirétrovirale Prophylaxie cotrimoxazole Tuberculose* Age > 32 ans Maladie définissant le sida, au début Groupe de race blanche Groupe homosexuel† Décompte CD4+ au moment du diagnostic de TB Modèle univarié Modèle multivarié RR (IC 95% ) P RR (IC 95%) P Décomptes CD4+ 3 à 6 mois avant ou après le diagnostic de TB Modèle univarié Modèle multivarié RR (IC 95% ) P RR (IC 95%) P 2,59 (1,61-4,15) 0,79 (0,48-1,31) 0,70 (0,51-0,95) 2,05 (1,38-3,07) 1,04 (0,70-1,54) 2,10 (1,22-3,66) 0,79 (0,48-1,31) 0,70 (0,51-0,95) 2,05 (1,38-3,07) 1,04 (0,70-1,54) 0,01 0,36 0,05 0,01 0,85 2,48 (1,11-5,53) 1,55 (0,18-2,96) 0,49 (0,02-.0,78) 2,16 (1,29-3,59) 1,30 (0,85-1,97) 0,02 0,18 0,002 0,03 0,22 0,01 0,36 0,05 0,01 0,85 1,84 (1,06-3,19) 0,03 1,01 (0,49-2,05) 0,9 0,49 (0,30-0,8) 0,004 1,90 (1,16-3,1) 0,01 1,23 (0,81-1,87) 0,32 1,75 (1,10-2,78) 0,01 2,28 (1,36-3,78) 0,01 1,75 (1,10-2,78) 0,01 2,29 (1,38-3,78) 0,01 0,64 (0,42-0,99) 0,04 0,64 (0,43-0,96) 0,03 0,86 (0,61-1,2) 0,35 0,86 (0,69-1,08) 0,87 0,64 (0,42-0,99) 0,04 0,64 (0,43-0,96) 0,03 0,80 (0,42-1,57) 0,53 0,95 (0,52-1,77) 0,65 Analyses de régression proportionnelle des risques de COX * une variable dépendant de la durée † par comparaison aux autres groupes comme référence (voir Tableau 1) RR = ratio de risque ; IC = intervalle de confiance = 2,6/100 mois-patient), par comparaison avec 43 maladies intervenant dans la définition du SIDA sur 6.618,7 mois-patient chez 34 patients du groupe de comparaison ([densité d'incidence = 0,7/100 mois-patient], [ratio brut d'incidence = 3,7 ; IC 95% 2,85-6,28]). Le Tableau 2 montre les IDRs ajustés des maladies intervenant dans la définition du SIDA dans les différentes strates d'âge, d'utilisation de la thérapie antirétrovirale et de décomptes de début des lymphocytes-T CD4+. Parmi les 609 patients, 103 (17%) sont décédés au cours de la période de 5 ans: 50 (31,7%) parmi les cas de tuberculose et 53 (11,7%) dans le groupe de comparaison. Le taux de mortalité est significativement plus élevé dans les cas de tuberculose par comparaison au groupe de comparaison respectivement (2,8/100 vs 0,8/100 mois-patient ; RR = 2,29 ; IC 95% 1,61-3,25 ; P<0,001). Parmi les 50 décès survenus dans le groupe de tuberculose, deux patients sont morts au cours du premier mois après le début du traitement antituberculeux et pourraient être décédés de tuberculose ;3 24 décès de plus sont survenus dans les 5 mois suivants. Chez 29 des 50 patients décédés, on a diagnostiqué d'autres maladies entrant dans la définition du SIDA après le développement de la tuberculose. Une analyse séparée a été menée pour déterminer la survie des 38 cas qui ont été exclus parce qu'ils ne répondaient pas à la définition des cas. Dans ce groupe, sept cas ont fréquenté les policliniques une seule fois et ont été perdus de vue par la suite. Parmi les 31 cas restants, sept (22,6%) sont décédés au cours d'une période médiane de suivi de 12,7 mois. Leur durée médiane de survie était de 37,2 mois (écarts interquartile 21,6-44,7). La mortalité dans ce groupe n'a pas été significativement différente de celle signalée parmi les cas de tuberculose retenus dans la cohorte étudiée (RR = 0,58 ; IC 95% 0,241,45) ; P = 0,24). La survie médiane des cas de tuberculose est significativement plus brève que celle du groupe de comparaison (23,9 et 47,7 mois respectivement ; P<0,001). la probabilité de survie selon Kaplan-Meier chez les cas de tuberculose est notoirement inférieure à celle du groupe de comparaison (à 1 an, 69% vs 92%, P<0,0001 ; à 2 ans, 49% vs 82%, P<0,0001 ; et à 3 ans, 28% vs 64%, P<0,0001). A l'analyse stratifiée, la différence de survie entre les cas de tuberculose et les groupes de comparaison n'a pas été retrouvée chez les patients se présentant avec un stade avancé de la maladie (décompte de lymphocytes-T CD4+ 200 cellules/µL ou antécédents de maladie intervenant dans la définition du SIDA dès le début (Figure 2). La régression des risques proportionnels multivariée de Cox a révélé que même après avoir pris en compte les différences des caractéristiques de début et les prédicteurs connus de mortalité au cours de l'infection VIH, la tuberculose comporte un risque indépendant accru de décès chez les patients infectés par le VIH (RR = 2,16 ; IC 95% 1,29-3,59 ; P = 0,003) (Table 3). L'association de tuberculose avec une augmentation de la mortalité persiste après avoir "écarté" la réduction transitoire des décomptes de lymphocyte-T CD4+ qui pourrait avoir été induite par la tuberculose (RR = 1,90 ; IC 95% 1,16-3,1 ; P = 0,01) (Table 3). DISCUSSION Cette étude prospective de cohorte a été entreprise pour déterminer l'effet de la tuberculose sur Tuberculose et progression de la maladie VIH l'histoire naturelle de l'infection VIH chez les patients dans un contexte à haute prévalence de tuberculose. Les observations principales sont une réduction significative de la survie et une fréquence accrue des maladies intervenant dans la définition du SIDA chez les patients infectés par le VIH et atteints de tuberculose. A notre connaissance, il s'agit de la première étude qui montre à la fois une réduction significative de la survie et un taux plus élevé de maladies intervenant dans la définition du SIDA chez les patients infectés par le VIH et atteints de tuberculose, par comparaison avec ceux sans tuberculose et la première étude aussi à quantifier et à tenir compte de la lymphopénie transitoire des CD4+ induite par la tuberculose au moment du diagnostic. Les effets confondants d'une thérapie antirétrovirale et de l'injection intraveineuse de drogues 13,14 sur l'histoire naturelle de la maladie VIH étaient largement absents dans cette cohorte. La survie médiane à 24 mois des patients infectés par le VIH et atteints de tuberculose observée dans cette étude est comparable à celle signalée aux Etats-Unis 6,26 et en Europe.8 Il est à noter qu'une survie similaire a été obtenue chez ces patients malgré l'utilisation très réduite d'une thérapie antirétrovirale. La survie de patients atteints de tuberculose associée au VIH est beaucoup plus courte à d'autres endroits d'Afrique sub-saharienne.27,28 Les facteurs contribuant à l'amélioration de la survie des patients de cette étude par comparaison avec celle d'autres séries africaines incluent l'utilisation de la rifampicine,28 l'utilisation étendue d'une prophylaxie au cotrimoxazole29,30 et l'existence d'institutions permettant le diagnostic et le traitement d'autres infections opportunistes. Le ratio de risque de décès chez les patients infectés par le VIH et atteints de tuberculose mis en évidence dans cette étude (2,16 et 1,90 avant et après ajustement pour la lymphopénie transitoire de CD4+ au moment du diagnostic de la tuberculose) est similaire aux observations d'études rétrospectives provenant des Etats-Unis,6 de France7 et de l'ex-Zaïre. 31 Toutefois, chez les patients chez qui le diagnostic de SIDA avait été porté antérieurement, on n'a observé aucune accélération de la maladie VIH attribuable à la tuberculose.32 Ces résultats apparemment contradictoires sont cohérents avec l'observation faite dans la présente étude que l'effet de la tuberculose sur la progression de la maladie VIH n'est pas observé chez les patients où cette dernière a atteint un stade avancé. Ceci suggère que l'effet de la tuberculose comme cofacteur d'accélération du décours clinique de l'infection VIH n'est plus discernable chez les patients dont la maladie VIH 7 est avancée. Le lymphocyte-T CD4+ du sang périphérique est un des facteurs déterminants les plus importants pour la survenue de différentes infections opportunistes et est un indicateur de pronostic fiable pour la progression de l'infection VIH vers le SIDA. 33 Les lymphocytes jouent un rôle central dans les défenses humaines contre les mycobactéries,34 et les lymphocytes-T CD4+ sont les cellules-clé de l'immunité protectrice en tuberculose.35 Toutefois, il n'est pas certain qu'un faible nombre de lymphocytes-T CD4+ au moment du diagnostic de tuberculose implique que ce décompte bas soit un facteur prédisposant pour ou une conséquence de la maladie. En comparant les décomptes de lymphocytes-T CD4+ avant, pendant et immédiatement après le début de la tuberculose chez les patients où celle-ci était incidente, nous avons observé une lymphopénie transitoire de CD4+ chez nos patients atteints de tuberculose incidente et un décompte de lymphocyte-T CD4+ normalisé à la suite du traitement de la tuberculose. Cette observation suggère que la lymphopénie CD4+ était une réaction à l'infection mycobactérienne et non pas une manifestation d'accélération de la déficience immunitaire comme cela avait été suggéré antérieurement,36 et que la tuberculose est une cause réversible de lymphopénie CD4+. Cette étude comporte toutefois plusieurs limitations. En raison de son schéma, il n'est pas possible de distinguer si la tuberculose agit comme marqueur d'une immunodépression sévère (pour laquelle le décompte de lymphocyte-T CD4+ n'est qu'un indicateur incomplet) ou si par contre elle est un facteur indépendant du décours accéléré de la maladie VIH observée dans cette cohorte. La charge virale qui est le meilleur prédicteur de la progression de la maladie VIH 37 n'a pas été mesurée dans la présente étude. Des données précises ne sont pas disponibles sur les causes de mort dans la cohorte atteinte de tuberculose ; il est peu probable que la tuberculose soit une cause majeure de décès en raison du moment où celui-ci est survenu par rapport au début de la chimiothérapie antituberculeuse. Le surcroît de mortalité survenant après le premier mois de traitement antituberculeux est généralement attribuable à d'autres causes. 6,38 Le schéma de notre étude était tel que les cas prévalents de tuberculose avec un VIH récemment diagnostiqué ne pouvaient être inclus que s'ils survivaient jusqu'à la première visite à la policlinique qui se situait typiquement un mois après leur sortie. Deux seulement des 45 cas incidents de tuberculose sont décédés pendant le premier mois après le début de la thérapie antituberculeuse. La tuberculose à germes multirésistants qui est associée à une mortalité élevée 8 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease chez les patients infectés par le VIH39 est rare et n'est pas associée à l'infection VIH dans notre région.40 L'exclusion des 38 patients traités pour tuberculose et qui n'ont pas répondu à la définition de cas n'est pas susceptible d'avoir introduit de biais, puisque leur survie n'a pas été significativement différente de celle de la cohorte de tuberculose. La fréquence plus élevée de maladies intervenant dans la définition du SIDA observée dans les cas de tuberculose a été attribuée dans une étude similaire comme peut-être attribuable à des biais de détection, où les cas auraient été suivis plus étroitement que le groupe de comparaison.7 Dans cette étude, les biais de détection ne constituent pas une explication probable des taux plus élevés de maladies intervenant dans la définition du SIDA et survenant chez les patients atteints de tuberculose par rapport au groupe de comparaison, puisque l'intensité du suivi et la proportion de patients perdus de vue n'était pas significativement différente dans les deux groupes. Le taux relativement élevé de perdus de vue dans cette cohorte constitue une autre limitation, mais il est difficile de maintenir un suivi à long terme dans notre contexte. Nous ne disposons pas d'informa-tion au sujet de la compliance à l'égard du traitement de la tuberculose dans cette étude. Il n'est donc pas possible d'exclure que la non-compliance à l'égard du traitement soit un effet susceptible de modifier l'impact de la tuberculose sur la survie. L'association entre la progression de la maladie VIH et le début de la tuberculose notée dans cette étude est biologiquement plausible.1 Cette observation a une importance à la fois en clinique et en matière de santé publique. Dans le large spectre d'affections associées avec le VIH-SIDA, la tuberculose est une des rares maladies qu'on puisse prévenir et guérir. Une détection précoce et un traitement efficace de la tuberculose, tout comme la mise à disposition d'une prophylaxie contre la tuberculose sont susceptibles d'avoir un impact favorable sur le pronostic des patients infectés par le VIH. Cette stratégie est d'une importance particulière dans des zones de haute prévalence de la tuberculose où actuellement l'accessibilité à la thérapie antirétrovirale est limitée. 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 Remerciements Les auteurs remercient le Dr F Post de son aide dans l'octroi de données de diagnostic sur beaucoup des patients tuberculeux de la cohorte. L'Organisation Mondiale de la Santé a fourni un soutien financier partiel à cette étude. 17 Références 19 1 Del Amo J, Malin A, Pozniak A, De Cock K M. Does tuberculosis accelerate the progression of HIV disease? 18 Evidence from basic science and epidemiology. AIDS 1999; 13: 1151-1158. Donovan R M, Bush C E, Markowitz N P, Baxa D M, Saravolatz L D. Changes in viral load markers during AIDS-associated opportunistic diseases in human immunodeficiency virus-infected persons. J Infect Dis 1996;174: 401-403. Lawn S D, Shattock R J, Acheampong J W, et al. Sustained plasma TNF-alpha and HIV-1 load despite resolution of other parameters of immune activation during treatment of tuberculosis in Africans. AIDS 1999; 13: 2231-2237. Morris L, Martin D J, Sacks L, et al. Persistent elevation of HIV viral load during therapy for tuberculosis. City? 5th Conference on Retroviral Opportunistic Infections, 1998 Feb 1-5; 128 (abstract no. 259). Horsburgh C R, Pozniak A: Epidemiology of tuberculosis in the era of HIV. AIDS 1993; 7 (Suppl 1): S109-114. Whalen C, Horsburgh R C, Hom D, Lahart C, Simberkoff M, Ellner J. Accelerated course of human immunodeficiency virus infection after tuberculosis. Am J Respir Crit Care Med 1995; 151: 129-135. Leroy V, Salmi R, Dupon M, et al. Progression of human immunodeficiency virus in patients with tuberculosis disease. Am J Epidemiol 1997; 145: 293-300. Perneger T V, Sudre P, Lundgren J D, Hirschel B. Does the onset of tuberculosis in AIDS predict shorter survival? BMJ 1995; 311: 1468-1471. Munsiff S S, Alpert P L, Gourevitch M N, Chang C J, Klein R S. A prospective study of tuberculosis and HIV disease progression. J Acquir Immune Defic Syndr Hum Retrovirol 1998; 19: 361-366. Wilkinson D, Squire S B, Garner P. Effect of preventive treatment for tuberculosis in adults infected with HIV: systematic review of randomized placebo controlled trials. BMJ 1998; 317: 625-629. Bucher H C, Griffith L E, Guyatt G H, et al. Isoniazid prophylaxis for tuberculosis in HIV infection: a metaanalysis of randomized controlled trials. AIDS 1999; 13: 501-507. Selwyn PA, Hartel D, Lewis V A, et al. A prospective study of the risk of tuberculosis among intravenous drug users with human immunodeficiency virus infection. N Engl J Med 1989; 320: 545-550. Triol I, Schwoebel V, Delmas M C, Pinget R, Laporte A, Brunet J B. Factors associated with tuberculosis at AIDS diagnosis in France. AIDS 1996; 10: 223-228. Sewlyn P A, Hartel D, Wasserman W, Drucker E. Impact of the AIDS epidemic on morbidity and mortality among intravenous drug users in New York city: methadone maintenance programme. Am J Public Heath 1989; 79:1358-1362. Greenberg A E, Lucas S B, Tossou O, et al. Autopsyproven causes of death in HIV-infected patients treated for tuberculosis in Abidjan, Cote d’Ivoire. AIDS 1995; 9:1251-1254. De Cock K M, Soro B, Coulibaly I M, Lucas S B. Tuberculosis and HIV infection in sub-Saharan Africa. JAMA 1992; 268: 1581-1587. De Cock K M, Lucas S B, Lucas S, Agness J, Kadio A, Gayle H D. Clinical research, prophylaxis, therapy, and care for HIV disease in Africa. Am J Public Health 1993; 83: 1385-1389. Yach D. Tuberculosis in the Western Cape health region of South Africa. Soc Sci Med 1988; 27: 683-689. Maartens G, Wood R, O'Keefe E, Byrne C. Independent epidemics of heterosexual and homosexual HIV infection in South Africa - survival differences. Q J Med Tuberculose et progression de la maladie VIH 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 1997; 90: 449-454. Benatar S R. Medicine and health care in South Africa – five years later. N Engl J Med 1991; 325: 30-36. Martin D J, Blackburn N K, O’Connell K F, Brant E T, Goetsch E A. Evaluation of the World Health Organisation antibody-testing strategy for the individual patient diagnosis of HIV infection (strategy III). S Afr Med J 1995; 85: 877-880. Centers for Disease Control. Revision of the CDC surveillance case definition for acquired immunodeficiency syndrome. MMWR 1987; 36 (Suppl 1S): 3S-14S. Rothman K J. Modern epidemiology. Boston: Little Brown, 1986. Cox D R. Regression models and life tables (with discussion). J R Stat Soc 1972; B. 34: 187-220. Armitage P, Berry G: Statistical methods in medical research. London: Blackwell Scientific Publications, 1994. Whalen C, Horsburgh R C, Hom D, Lahart C, Simberkoff M, Ellner J. Site of disease and opportunistic infection predict survival in HIV-associated tuberculosis. AIDS 1997; 11: 455-460. Lifson A R, Allens J, Wolfson W, et al. Classification of HIV infection and disease in women from Rwanda: evaluation of the World Health Organisation HIVstaging-system and recommended modifications. Ann Intern Med 1995; 22: 262-270. Nunn P, Bridle R, Carpenter L, et al. Cohort study of human immunodeficiency virus infection in patients with tuberculosis in Nairobi, Kenya. Am Rev Respir Dis 1992; 148: 854-859. Witkor S Z, Morokoro M S, Grant A D, et al: Efficacy of trimethoprim-sulphamethoxazole prophylaxis to decrease morbidity and mortality in HIV-1-infected patients with tuberculosis in Abidjan, Cote d’Ivoire: a randomized controlled trial. Lancet 1999; 353: 14691475. Badri M, Maartens G, Wood R, Ehrlich R. Co- 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 9 trimoxazole in HIV-1 infection. Lancet 1999; 354: 334335. Braun M M, Badi N B, Ryder R W, et al. A retrospective cohort study of the risk of tuberculosis among women of childbearing age with HIV infection in Zaire. Am Rev Respir Dis 1991; 143: 501-504. Petruckevitch A, Del Amo J, Phillips A N, et al. Disease progression and survival following specific AIDSdefining conditions: a retrospective cohort study of 2048 HIV-infected persons in London. AIDS 1998, 12:10071013. Stein D S, Korvick J A, Vermond S H. CD4+ lymphocyte cell enumeration for prediction of clinical course of human immunodeficiency virus disease: a review. J Infect Dis 1992; 165: 352-363. Orme I M, Anderson P, Boom W H. T cell response to Mycobacterium tuberculosis. J Infect Dis 1993; 167: 1481-1497. Forte M, Maartens G, Rahelu M, et al. Cytolytic T-cell activity against mycobacterial antigens in HIV. AIDS 1992; 6: 407-411. Martin D J, Sim J G, Sole G J, et al. CD4+ Tlymphocyte count in African patients co-infected with HIV and tuberculosis. J Acquir Immune Defic Syndr Hum Retrovirol 1995; 8: 386-391. Mellors J W, Munzo A, Giorgi J V, et al. Plasma viral load and CD4+ lymphocytes as prognostic markers of HIV-1 infection. Ann Intern Med 1997; 126: 946-954. Nunn P, Brindle R, Carpenter L, et al. Cohort study of human immunodeficiency virus infection with tuberculosis in Nairobi, Kenya, analysis of early 6-month mortality. Am Rev Respir Dis 1992; 146: 849-854. Fischl M A, Daikos G L, Uttamchandani R B, et al: Clinical presentation and outcome of patients with HIV infection and tuberculosis caused by multidrug-resistant bacilli. Ann Intern Med 1992; 117: 184-190. Post F, Wood R. HIV infection is not associated with an increased rate of drug-resistant tuberculosis. S Afr Med J 1997; 87: 903-906.