Marc HALLET

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Marc HALLET
Marc HALLET
Liège, le 25 août 2013
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( BELGIQUE )
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Bruxelles
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Monsieur,
Je tiens à vous exprimer mon total désaccord avec la grille-programmes que les
responsables de la RTBF nous ont proposée en soirée du samedi 24 août. En effet, un
documentaire de désinformation rempli de mensonges et aux allures pseudo-scientifiques
précédait la seule émission de vulgarisation scientifique que la RTBF diffuse encore. Ce
mélange des genres pose question quant à la manière dont les responsables de la RTBF
conçoivent leur mission.
L’émission sur les ovnis à laquelle j’ai assisté samedi était remplie de contre-vérités et de
mensonges et je vous le démontre...
- L’auteur de cette “enquête” a commencé par présenter une série de témoins qui ont tous
décrit des phénomènes lumineux qu’on pourrait expliquer par toutes sortes de
phénomènes naturels ou artificiels divers. Au lieu de proposer une telle étude analytique,
le journaliste mis ces phénomènes dans un même sac et les qualifia aussitôt d’engins. Cet
abus de langage fut si frappant que chacun pouvait dès lors se rendre compte à quelle
sorte de “journaliste d’investigation” nous avions affaire là. Une brève enquête, ce matin,
via Google, m’a appris que cet homme, bouleversé par la mort de son frère, cherche
depuis lors dans toutes sortes de prétendus mystères des réponses à une angoisse
personnelle relative à l’au-delà. Et il en a fait son fonds de commerce. Ceci éclaire
évidemment cela...
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Faites comme moi, tâchez de voir par vous-mêmes, étudiez les faits pendant des années, sans parti-pris ; et je crois
pouvoir vous prédire que, si vous avez les mêmes exigences critiques, si vous vous faites la même idée de ce que c’est
qu’un fait, vous finirez par conclure comme moi. - Jean Rostand in : Ce que je crois
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- Ce journaliste a ensuite présenté plusieurs cas “en béton” d’une manière complètement
arbitraire. Ainsi, il suffit de taper “Phoenix lights” dans Google pour voir à quel point ce
cas est controversé et loin d’offrir les garanties qui lui furent attribuées dans le reportage.
Pareil pour ce pilote de jet français que l’on peut reconnaître aisément dans tous les
reportages sur les ovnis grâce à sa formidable moustache : comme c’est le SEUL témoin
du genre c’est évidemment toujours lui qu’on montre. Or que dit la règle ? Testis unus,
testis nullus. De même, l’astronaute français qui s’est exprimé est le SEUL de sa
corporation qui tienne de tels propos. Or, alors que des quantités de satellites tournent
autour de la Terre et la photographient sans arrêt et que d’autres engins spatiaux braquent
leurs télescopes sur de nombreuses régions de l’espace, aucune des photographies qu’ils
nous transmettent ne montrent le moindre ovni. Mais alors, par où passent donc les
nombreux engins extraterrestres qui sont censés nous rendre visite au quotidien ?
Comment se fait-il que toutes les observations d’astronautes qui auraient pu faire croire
qu’ils en avaient vus furent expliquées de façon très banale ? Et comment se fait-il que
les radars de la Norad qui sont chargés de surveiller les débris de satellites en orbite
terrestre et capables de détecter sur orbite des objets de dix centimètres n’aient jamais
repéré le moindre de ces véhicules colossaux dont il a été question dans le reportage ?
Comment se fait-il, surtout, que les ovnis soient le plus souvent observés par des gens
non qualifiés et non par les innombrables astronomes professionnels ou amateurs dont
c’est le métier ou la passion d’observer le ciel aussi souvent que possible ? Voilà des faits
non récusables dont évidemment il ne fut pas du tout question dans le reportage. On a
préféré faire croire que les pilotes d’avions sont nécessairement des spécialistes de
l’observation des phénomènes célestes alors que c’est complètement faux puisqu’ils ne
reçoivent pas la moindre formation scientifique ou technique en la matière.
- Ce même journaliste nous a encore présenté, selon ses dires, la personne la plus
qualifiée au monde sur les ovnis : une journaliste américaine. Eh bien, Monsieur, moi qui
m’occupe du phénomène ovni depuis plus de quarante ans, c’était la première fois que
j’entendais le nom de cette dame ! Elle a écrit UN livre “qui fait référence” nous a-t-il été
dit. Il n’a cependant jamais figuré dans ma bibliothèque qui fut une des plus fournies en
la matière ici en Belgique. Et que vaut-il ce livre à côté de ceux écrits par Edward J.
Ruppelt et l’équipe du professeur Condon qui furent respectivement chargés, par le
gouvernement américain, de diriger les deux plus grandes enquêtes officielles sur les
ovnis réalisées à ce jour, à savoir le “Rapport Blue Book” et le “Rapport Condon” (lequel
fut revu et approuvé par l’Académie des Sciences).
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Faites comme moi, tâchez de voir par vous-mêmes, étudiez les faits pendant des années, sans parti-pris ; et je crois
pouvoir vous prédire que, si vous avez les mêmes exigences critiques, si vous vous faites la même idée de ce que c’est
qu’un fait, vous finirez par conclure comme moi. - Jean Rostand in : Ce que je crois
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Que vaut-il ce livre d’une journaliste par rapport au rapport officiel britannique dénommé
Condign ? Que vaut-il par rapport aux trois livres que l’astrophysicien Menzel consacra
au sujet ainsi que celui que l’astrophysicien Carl Sagan et le physicien Page publièrent de
concert ? Que vaut-il enfin par rapport à ceux qu’écrivit Klass, l’ancien directeur
d’Aviation Week ? Ah, bien sûr, notre “journaliste d’investigation” cita le “Rapport
Cometa”français ; mais il omit de dire à son propos qu’il fut écrit par une poignée de
militaires qui s’étaient prononcés sur le sujet à titre privé et personnel après avoir puisé
leurs informations dans une littérature de si bas étage qu’elle les poussa à n’écrire que des
extravagances dont les spécialistes rient depuis lors ! C’est si largement débattu sur
internet qu’on est en droit de nier l’objectivité du journaliste en question qui choisit pour
sa part d’ignorer ces choses.
- Enfin, ce journaliste osa parler de la vague ovni belge sans même citer la Sobeps qui fut
à ce point au coeur de l’événement qu’elle le fabriqua en grande partie. Or, la Sobeps
elle-même dut finalement reconnaître que les fameux échos radars captés par un de nos
F16 n’étaient que ce que les spécialistes appellent des “anges” dans leur jargon, à savoir
de faux échos. C’était d’ailleurs à cela que les pilotes avaient conclu le jour même au
mess des officiers (j’ai interrogé l’un d’eux) et c’est à cette conclusion que l’armée arriva
au terme de sa propre enquête officielle. Aussi doit-on se poser des questions graves au
sujet du témoignage du pilote qui nous a été présenté dans l’émission d’hier. Cet homme
était-il devenu débile, mentait-il pour d’obscures raisons ou son témoignage fut-il
découpé et monté de manière à lui faire dire des choses qu’il n’exprima pas réellement ?
Je pourrais continuer ainsi longtemps, mais il suffit : la volonté de tromper et de
désinformer est patente.
Diffuser un tel programme est déjà faire preuve d’ignorance au point de vue strictement
journalistique ; mais l’associer dans la grille-programme à une émission de vulgarisation
scientifique c’est pratiquer un amalgame dangereux voire scandaleux.
Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations distinguées.
Faites comme moi, tâchez de voir par vous-mêmes, étudiez les faits pendant des années, sans parti-pris ; et je crois
pouvoir vous prédire que, si vous avez les mêmes exigences critiques, si vous vous faites la même idée de ce que c’est
qu’un fait, vous finirez par conclure comme moi. - Jean Rostand in : Ce que je crois