l`empereur d`atlantis - La Comédie de Valence
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l`empereur d`atlantis - La Comédie de Valence
L’EMPEREUR D’ATLANTIS OU LE REFUS DE LA MORT VIKTOR ULLMANN JEAN-MICHAËL LAVOIE RICHARD BRUNEL L’EMPEREUR D’ATLANTIS ou le Refus de la Mort Der Kaiser von Atlantis oder Die Todverweigerung Opéra en un acte de Viktor Ullmann Pièce en un acte, répétée en 1943 et créée en 1975 Livret de František Pietr Kien Direction musicale Jean-Michaël Lavoie Mise en scène Richard Brunel Avec Christian Miedl Kaiser Overall / Empereur Overall (Baryton) Stephen Owen Der Tod / La Mort (Basse) Lucy Schaufer Der Trommler / Le Tambour (Alto-mezzo soprano) Rui Dos Santos* Ein Soldat, Harlekin / Un Soldat, Arlequin (Ténor) Ivi Karnezi* Bubikopf / La Fille coiffée à la garçonne (Soprano) Jean-Baptiste Mouret* Der Lautsprecher / Le Haut-parleur (Basse) Et l’Orchestre de l’Opéra de Lyon Dramaturgie Catherine Ailloud-Nicolas Scénographie Marc Lainé Costumes Claire Risterucci Lumières Christian Pinaud Assistant à la mise en scène Julien Fišera Chef de chant Agnès Melchior Création du 26 au 29 novembre 2012 à la Comédie de Valence Représentations du 12 au 17 février 2013 au Théâtre de la Croix-Rousse, Lyon Production Opéra national de Lyon Coréalisation Comédie de Valence, Centre dramatique national Drôme-Ardèche / Théâtre de la Croix-Rousse Durée 1h * Solistes du Studio de l’Opéra de Lyon Musiciens de l’Orchestre de l’Opéra de Lyon Flûte Catherine Puertolas Claviers Futaba Oki, Agnès Melchior Hautbois Frédéric Tardy Guitare et banjo Bruno Simon Clarinette Sandrine Pastor Violons Kazimierz Olechowski, Karol Miczka Saxophone Sergio Menozzi Alto Daniel Formentelli Trompette Pascal Geay Violoncelle Ewa Miecznikowska Percussions Guillaume Séré, Yi-Ping Yang Contrebasse Cédric Carlier Régie de scène Aurélie Valle Régie d’orchestre Sylvain Barnéoud, Camille Marchalot Régie plateau Vlad Trandafilov Régie vidéo Marina Masquelier, Frédéric Tell Régie son François Chabrier, Mathieu Plancher Régie lumière Maël Fabre Régie surtitrage Marion Jacquard Techniciens lumière Samuel de Arriba, Julie Berthon, Éric Guillamot, Samuel Kleinmann Lebourges Machinistes Philippe Clarin, Jan Crouzet, Pierre Edward Victory Coiffeur Romain Marietti Habilleuse Anne Theodore Maquilleuse Christelle Paillard Traduction du livret Laurent Muhleisen Stagiaire à la dramaturgie Thomas Tressy (C.N.R. de Lyon) Décors, costumes, accessoires Ateliers de l’Opéra de Lyon À la Comédie, autour de la création Exposition : « Le Masque de la barbarie », fac-similes de dessins réalisés à Terezín, en collaboration avec le Centre du Patrimoine Arménien Ouverture musicale : mardi 27 novembre à 18h, avec les élèves du Conservatoire à Rayonnement Départemental de Valence Agglo « Les coulisses de l’opéra » : mercredi 28 novembre à 18h, rencontre avec Richard Brunel, Jean-Michaël Lavoie et Catherine Ailloud-Nicolas 2 L’EMPEREUR D’ATLANTIS : ARGUMENT PROLOGUE TROISIÈME TABLEAU Les personnages de l’opéra sont présentés successivement. Le thème et la situation du premier tableau sont annoncés. Une jeune fille, enrôlée dans l’armée, tente d’obéir aux ordres de l’Empereur et de se battre. Sa première victime ressuscite, elle en tombe amoureuse. Le Tambour essaie en vain de transmettre les ordres et d’inciter au combat. L’amour a remplacé la violence. PREMIER TABLEAU Arlequin, symbole de la vie et du théâtre, converse avec la Mort. Tous deux se plaignent de leur époque car elle ne laisse place ni au rire de la vie ni à l’héroïsme des guerres d’antan. Le Tambour, porte-parole de l’Empereur, intervient pour transmettre un appel à la guerre générale et totale. La Mort, ulcérée de se faire déposséder de sa mission, y renonce : désormais, les hommes ne pourront plus mourir. QUATRIÈME TABLEAU Le chaos gagne, la révolte gronde, et le pouvoir est menacé. L’Empereur supplie la Mort de reprendre sa mission. Elle accepte à une condition : qu’il donne sa vie en échange. La musique et le chant survivent à l’Empereur, mais tout peut-il vraiment reprendre son cours ? DEUXIÈME TABLEAU Le Haut-parleur donne à l’Empereur, retranché dans ses appartements, des nouvelles du théâtre des opérations. Mais soudain des événements étranges sont rapportés : un condamné à mort survit à son exécution, les soldats ne parviennent pas à mourir. L’Empereur tente de reprendre la situation en mains : il se vante d’avoir donné l’immortalité à son peuple et envoie le Tambour l’annoncer. Rien, à présent, n’empêchera les hommes de participer à la guerre. 3 VIKTOR ULLMANN il est déporté au « camp modèle » de Terezín à près de soixante kilomètres de Prague. Dispensé de travail obligatoire, il se consacre à la composition, organise des manifestations musicales et écrira même des critiques de concerts donnés à l’intérieur du camp. Il écrit pour les musiciens internés et de cette période sortiront, entre autres, trois sonates pour piano, des lieder, un quatuor à cordes, et L’Empereur d’Atlantis ou le refus de la Mort qui peut être considéré comme son œuvre maîtresse. Né à Teschen, ville alors autrichienne (aujourd’hui divisée entre la Pologne et la République Tchèque), Viktor Ullmann étudie la composition à Vienne et a, parmi ses professeurs, Arnold Schönberg. En 1920, il est engagé comme chef de chant et chef de chœur au Nouveau Théâtre allemand de Prague. Il voyage en Suisse et en Allemagne, découvre le mouvement anthroposophique de Steiner puis s’installe de nouveau à Prague en 1933 où il exerce les professions de chef d’orchestre, d’enseignant et de critique musical. Il développe parallèlement une intense activité de compositeur. On perd sa trace dès son entrée au camp d’extermination d’Auschwitz le 16 octobre 1944. Son œuvre, publiée à compte d’auteur, comporte trois opéras : Peer Gynt d’après Ibsen, Der Sturz des Antichrist (Albert Steffens), Der Kaiser von Atlantis. Lorsque les Allemands occupent Prague en 1939, malgré d’énormes mesures de restrictions, il continue à composer. En septembre 1942, Quelques pièces d’orchestre : cinq Variations sur un thème de Schönberg, un concerto pour orchestre, un concerto pour piano, une ouverture (Don Quichotte), des pièces de musique de chambre : trois quatuors à cordes, un octuor, plusieurs sonates dont une pour clarinette en quart de ton (instrument construit à la demande d’Alois Hába pour le Conservatoire de Prague) et d’innombrables pièces vocales sur des textes de Rilke, Trakl, Steffens, Hölderlin, Wedekind. Stephen Owen, Ivi Karnezi 5 L’EMPEREUR D’ATLANTIS, « UN ACTE DE CRÉATION AU CŒUR DE LA TYRANNIE » Demain Âgé de cent mille ans, j’aurais encore la force De t’attendre, ô demain pressenti par l’espoir. Le temps, vieillard souffrant de multiples entorses Peut gémir : Le matin est neuf, neuf est le soir. Mais depuis trop de mois nous vivons à la veille, Nous veillons, nous gardons la lumière et le feu, Nous parlons à voix basse et nous tendons l’oreille À maint bruit vite éteint et perdu comme au jeu. Or, du fond de la nuit, nous témoignons encore De la splendeur du jour et de tous ses présents. Si nous ne dormons pas c’est pour guetter l’aurore Qui prouvera qu’enfin nous vivons au présent. Robert Desnos (État de veille, 1942) Repris dans Destinée arbitraire, Robert Desnos, Paris, Gallimard, 1975 dissimulée sous la simplicité du conte. Jouer la vitalité de la musique sans se laisser piéger par elle, sans aller jusqu’au vide du divertissement. Comment la beauté peut-elle naître de l’horreur ? Comment, dans le camp de Terezín, face à l’omniprésence de la mort, Viktor Ullmann a-t-il trouvé la force d’imaginer une œuvre insolente, vibrante, incroyablement vivante ? Être face au Kaiser von Atlantis, c’est être face au mystère intime de la création. C’est mesurer aussi l’étendue de la responsabilité de la mise en scène, celle de faire entendre avec respect, avec précaution, ce qui se dit au-delà des notes, au-delà des mots. Pour cela, nous avons fait un travail d’archéologue, comblé les vides, approfondi les relations, imaginé des situations pour que les personnages s’épaississent, deviennent des êtres de chair et de sang, puissent raconter une histoire. Nous avons redonné de la vie à des fantômes. Dans un théâtre détruit, un vieil homme ou peut-être la Mort, réveillera les survivants d’un orchestre dévasté. Et tout recommencera. La guerre, la tyrannie. Un éternel retour ? Comme le chante le Kaiser avant de mourir : « Le feu n’est qu’étouffé, mais pas éteint ! Il se remettra bientôt, le meurtre sévira de nouveau ». Il y a une dimension politique dans cet opéra. On y dénonce la toute puissance d’un tyran qui ne communique avec son peuple que par médias interposés, un monstre qui déclare la guerre totale comme on crée un nouveau jeu. Il y a aussi une force poétique qui va trouver des accents sublimes pour dire l’amour ou la mort. Richard Brunel, metteur en scène Faire entendre l’œuvre dans tous les sens du terme. Faire résonner la virtuosité de la musique, ses détours, ses fractures, ses citations mais aussi les douleurs humaines, les destins brisés qui se cachent derrière la fable philosophique. Propos recueillis par Catherine Ailloud-Nicolas, dramaturge Octobre 2012 Garder en mémoire les conditions inouïes dans lesquelles l’opéra a été conçu. Révéler la force de subversion 6 7 milan kundera TEL FUT LEUR PARI (…) À Terezín se sont rencontrés des Juifs d’Europe centrale, notamment de la partie austro-tchèque ; j’en ai connu ou croisé de nombreux : ma tante Sonia qui, à Terezín, rendit plusieurs fois visite, clandestinement, à son grand amour juif, jusqu’au jour où on l’attrapa et l’envoya mourir à Auschwitz ; Pavel Haas, mon compositeur adoré ; le très jeune Gideon Klein qui n’a pas survécu et créa à Terezín presque toute son œuvre ; Karel Ancerl, un des plus grands chefs d’orchestre de l’aprèsguerre ; Karel Polácek, romancier d’un curieux humour tchéco-juif dont je me sens redevable ; et Alfréd Radok ! Il échappa à Terezín mais toute sa famille y passa ; devenu metteur en scène, le plus grand que j’aie jamais connu, il raconta l’Holocauste dans un film d’une immense poésie, Le Voyage lointain, qui secoua après la guerre toute ma génération. déployé l’éventail des sentiments, des idées, des sensations pour que la vie ne fût pas réduite à la seule dimension de l’horreur. (…) Les Juifs de Terezín ne se faisaient pas d’illusion : ils vivaient dans l’antichambre de la mort ; leur vie culturelle était étalée par la propagande nazie comme alibi. Auraient-ils dû pour autant renoncer à cette liberté précaire et abusée ? Leur réponse fut d’une totale clarté. Leur vie, leurs créations, leurs expositions, leurs quatuors, leurs amours, tout l’éventail de leur vie avait, incomparablement, une plus grande importance que la comédie macabre des geôliers. Tel fut leur pari. Tel devrait être le nôtre. D’horribles crimes, l’humanité en verra tant qu’elle vivra. Ce qui, par contre, est unique et ne se répétera plus c’est l’œuvre que les Juifs européens créèrent durant ce siècle, qu’ils portèrent à travers l’enfer de ce siècle, et sans laquelle l’Europe, son art, sa pensée, son être même ne seraient pas ce qu’ils sont. Ce n’est pas seulement l’art créé à Terezín qui nous laisse interdits d’admiration mais peut-être plus encore cette soif de vie culturelle, cette soif d’art que manifestait la communauté térézinienne qui, dans des conditions effroyables, fréquentait des théâtres, des concerts, des expositions. Que fut l’art pour eux tous ? Une façon de tenir pleinement Ivi Karnezi Milan Kunderan – extraits de la préface ; Le Masque de la barbarie – Le ghetto de Theresienstadt 1941-1945 de Dominique Foucher et Sabine Zeitoun, édition du Centre d’Histoire de la Résistance 9 L’Empereur d’Atlantis ou Le Refus de La Mort Livret de František Petr Kien Traduit de l’allemand par Laurent Muhleisen Personnages L’Empereur Overall Le Haut-parleur Un soldat La Fille coiffée à la garçonne La Mort Arlequin Le Tambour Prologue Premier tableau La Mort Allô, allô ! Vous allez entendre : L’Empereur d’Atlantis, un genre d’opéra en quatre tableaux. Se produiront sur scène : L’empereur Overall d’Atlantis en personne, qu’on n’a pas vu depuis des années, car il est enfermé dans son immense palais, tout seul, pour pouvoir mieux régner. Le Tambour, une apparition pas tout à fait réelle, comme la radio. Le Haut-parleur, qu’on ne voit pas, qu’on ne fait qu’entendre. Un soldat et une fille. La Mort, sous les traits d’un soldat congédié, et Arlequin, qui sait rire en pleurant, il est la vie. Le premier tableau se passe quelque part ; La Mort et Arlequin ont été mis sur la touche, la vie, qui ne sait plus rire et la mort, qui ne sait plus pleurer, dans un monde qui a désappris à se réjouir de la vie et à mourir de mort. La Mort, gravement offensée par le rythme empressé, l’agitation, la mécanisation de la vie moderne, brise son épée pour donner une leçon à l’humanité, et décide, désormais, de ne plus faire mourir personne. Allô, allô ! Nous commençons ! Arlequin et La Mort sont assis. Arlequin, un vieillard barbu, chante. Arlequin Mardi peut-être ? Mercredi ? Vendredi ? Du pareil au même. Air d’Arlequin Duo : allegretto misurato Arlequin La lune sur ses échasses se lève au-dessus des crêtes, les garçons aspirent à l’amour, au vin. Elle les a emportés, ils ne reviendront plus. Qu’allons-nous boire à présent ? Nous allons boire du sang. Qu’allons-nous embrasser ? Les fesses du diable. Le monde arbore mille couleurs et tourne comme tourne un manège. Nous allons au Sabbat. La lune est blanche, le sang est chaud, le vin est doux, l’amour est au paradis. Que nous reste-t-il à nous, pauvres gens ? Nous mettre en vente à la foire. Il n’y a personne pour nous acheter ? C’est que chacun veut se débarrasser de soi-même. Nous devons courir aux quatre coins du monde. Ah ! La Mort Des jours, des jours, qui veut acheter des jours ? La Mort, Arlequin Des jours, des jours, qui veut acheter des jours ? Beaux, nouveaux, inconnus. Ils sont du pareil au même. L’un d’entre eux sera peut-être un jour de chance, alors tu deviendras roi. Vieux jours, jours au rabais, qui veut acheter des jours ? Récitatif Arlequin Je me sens moins bien dans ma peau depuis que j’en ai par-dessus la tête de moi. Tu devrais me tuer, après tout c’est ton métier, et moi je m’ennuie, c’est insupportable. Récitatif La Mort Fiche-moi la paix. On ne peut pas te tuer. Le rire qui se moque de lui-même est immortel. Tu ne peux pas échapper à toi-même, tu resteras Arlequin, en dépit de tout. La Mort Laisse tomber. Que chantes-tu là ? Arlequin Je chante, c’est tout. La Mort Quel jour sommes-nous ? Aria : tranquillo molto Arlequin Et Arlequin, qu’est-ce que c’est ? Un souvenir, plus pâle que les photographies jaunies de ces gens qui ne savent plus sourire. Je ne fais rire personne. Si je pouvais oublier le goût du vin nouveau, si je pouvais à nouveau frémir au contact d’une femme. Arlequin Je ne change plus de jour tous les jours depuis que je ne peux plus le faire avec ma chemise, et n’en prends de nouveau que quand je mets du linge propre. La Mort Tu es donc sûrement encore au beau milieu de l’année dernière ! 10 11 Deuxième tableau La Mort En t’entendant j’ai envie de rire. Tu as trois cents ans à peine, alors que moi, j’endure cette comédie depuis que le monde existe. Aujourd’hui je suis vieux et je ne peux plus suivre. Tu aurais dû me voir autrefois ! dans notre infaillible et pénétrante sagesse, de décréter sur l’ensemble de notre territoire la grande et salutaire guerre de tous contre tous. Passacaille : andante misurato Chaque enfant, garçon ou fille, chaque pucelle, épouse, mère, chaque homme, torve ou droit, portera les armes dans ce combat sacré, qui se terminera par la victoire de sa Majesté apostolique et la destruction du mal dans nos contrées. En cet instant, nous déclarons ouverte la campagne victorieuse. Air de La Mort Blues – Allegro maestoso La Mort C’étaient des guerres où l’on portait ses plus beaux habits pour m’honorer ! L’or et la pourpre, des harnais étincelants, on se parait pour moi comme une fiancée pour son époux. Des étendards de toutes les couleurs flottaient au-dessus des chevaux, les mercenaires jouaient aux dés sur les tambours, et quand ils dansaient, ils faisaient craquer les os des femmes, que la sueur de leurs cavaliers rendaient poisseuses. J’ai fait tant de fois la course avec les petits chevaux d’Attila, les éléphants d’Hannibal et les tigres de Jahângir, que mes jambes sont trop faibles pour pouvoir suivre les cohortes motorisées. Que me reste-t-il d’autre que de claudiquer derrière les nouveaux anges de la mort, en petit artisan du mourir que je suis. Récitatif Notre vieil allié, la Mort, nous précédera avec sa bannière glorieuse, qu’elle portera au nom de notre grand avenir et de son grand passé. Combattez avec courage ! Promulgué en l’an quinze de notre règne bienfaisant. Signé : Overall ! La Mort Tu entends comme ils se moquent de moi ! Moi seul peux ravir les âmes ! Porter l’étendard ! Mon grand passé ! Votre grand avenir ! Successeur de la Camarde ! Arlequin Ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha ! Le Tambour Nous, par la grâce de Dieu Overall l’unique... Aria : Allegro con brio Il sort. Le Tambour Allô, allô ! Attention ! Attention ! Au nom de Sa Majesté l’empereur Overall ! Nous, par la grâce de Dieu Overall l’unique, gloire de la patrie, bénédiction de l’humanité, empereur des deux Indes, empereur d’Atlantis, duc régnant d’Ophir et véritable sénéchal d’Astarté, vice-roi de Hongrie, prince-cardinal de Ravenne, roi de Jérusalem. La Mort Hi, hi ! Au nom de votre grand avenir ! Arlequin Mais que fais-tu ? La Mort Je rends l’avenir des hommes grand et long !! Rideau. Récitatif Pour la glorification de notre nature divine, nous, archi-pontife, avons décidé, 12 Le palais impérial vide. L’empereur Overall est assis avec raideur à son bureau ; il écrit. Soudain, il rentre la tête dans ses épaules, tressaille et jette un rapide coup d’œil derrière lui. Au téléphone : Le Haut-parleur Pendu, conformément aux ordres, à quatre heures treize. L’Empereur Overall Il est donc mort ? Récitatif et air Le Haut-parleur La mort doit survenir d’un moment à l’autre ! L’Empereur Overall Quelle heure est-il ? Le Haut-parleur Cinq heures trente-deux. Allô, allô ! Ici la garde impériale ! Le commandant de la garde de nuit. Le cordon entourant le palais a été triplé, conformément aux ordres. L’Empereur Overall Comment cela, doit ? Quand le jugement a-t-il été exécuté ? Le Haut-parleur À quatre heures treize. L’Empereur Overall Mais il est cinq heures trente-cinq ! L’Empereur Overall Chargé à balles réelles ? Le Haut-parleur La mort doit survenir d’un moment à l’autre. Le Haut-parleur Chargé à balles réelles. L’Empereur Overall Bien. L’Empereur Overall Êtes-vous devenus fous ? En quatrevingt-deux minutes, le bourreau ne parvient pas à donner la mort ?! Le Haut-parleur Allô, allô ! Des hordes armées, des avions, des torpilles souterraines ont rasé les fortifications de la troisième ville. Les habitants sont morts. Les corps ont été livrés au centre de recyclage. Le Haut-parleur La mort doit survenir d’un moment à l’autre ! Overall bondit sur ses pieds. L’Empereur Overall Combien ? L’Empereur Overall Suis-je devenu fou ? M’arrache-t-on la mort des mains ? Qui me craindra encore à l’avenir ? La Mort refuse-t-elle de me servir ? Elle a brisé sa vieille épée ? Qui obéira encore à l’empereur d’Atlantis ?! Allô ! Exécution par balles ! Le Haut-parleur Dix-mille kilos de phosphore. L’Empereur Overall Oui ! Il compose un numéro. Le tribunal. Le Haut-parleur Ordre exécuté. Le Haut-parleur Allô, allô, ici le tribunal. L’Empereur Overall Alors ? L’Empereur Overall Le terroriste ? Le Haut-parleur La mort doit survenir d’un moment à l’autre. 13 Troisième tableau Récitatif et trio Un champ de bataille. Un simple soldat et La Fille coiffée à la garçonne. L’Empereur Overall Qu’est-ce que ça veut dire ? Le médecin ! Le Haut-parleur Allô, ici le médecin. Le Soldat Le poids de tes armes n’écrase-t-il pas tes tendres épaules ? Je ne le veux pas, il ne faut pas que tu souffres, vois, le monde est lumineux - et plein de couleurs. Le Soldat Qui va là ? L’Empereur Overall Alors ? La Fille coiffée à la garçonne Tu dois être aussi vieux que le monde... Je ne te comprends pas. La Fille coiffée à la garçonne Halte ! Ne bouge plus ! Un être humain ? Le Haut-parleur Il vit encore. Une étrange maladie s’est déclarée. Les soldats ne parviennent pas à mourir. Le Soldat Un être humain ! Il l’embrasse. Elle lève son arme, puis la jette au loin et se jette dans ses bras. La Fille coiffée à la garçonne Mais un ennemi ! L’Empereur Overall Trouvez l’origine de cette maladie. Combien de morts depuis le début de l’épidémie ? Aria La Fille coiffée à la garçonne Est-il vrai qu’il existe des paysages qui ne sont pas dévastés par des trous d’obus ? Est-il vrai qu’il existe des mots qui ne sont pas rudes et cassants ? Est-il vrai qu’il existe des prairies qui sont pleines de couleurs et de senteurs ? Est-il vrai qu’il existe des montagnes aux reflets bleus dans l’air étincelant ? Elle appuie sur la gâchette de son revolver, il se jette par terre. Elle se précipite sur lui, persuadée de l’avoir touché. Il se relève d’un bond, ils se battent, il a le dessus. Le Haut-parleur Aucun. Ils sont des milliers à lutter contre la vie, afin de pouvoir mourir. Le Tambour ... offrons à nos valeureux soldats le secret de la vie éternelle... L’Empereur Overall Merci. Je vais prendre des dispositions. Le Soldat Une peau si blanche ! Le Haut-parleur Les Affaires étrangères ! Affiches à tous les coins de rue ; communiqués radio ; crieurs publics dans les villages. La Fille coiffée à la garçonne Tais-toi et tire ! Entre Le Tambour. Duo Le Tambour … est armé contre la mort... Aria : Allegro sostenuto L’Empereur Overall Nous, Overall l’unique, offrons à nos valeureux soldats le secret de la vie éternelle. Qui le possède est armé contre la mort, aucune blessure, aucune maladie ne pourra désormais l’empêcher de brandir son épée pour son maître et pour sa patrie. Mort, où est ton aiguillon ? Enfer, où est ta victoire ? Le Soldat Quand j’étais jeune, je me suis promené un jour le long du fleuve avec une fille ; elle avait des yeux aussi clairs que les tiens ! Rideau. Le Tambour … Mort, où est ton aiguillon, Enfer, où est ta victoire ? Le Tambour Allons, hors d’ici, viens avec moi ! Viens avec moi ! La Fille coiffée à la garçonne Allons, hors d’ici, viens avec moi ! Viens avec moi ! La Fille coiffée à la garçonne Je ne suis pas assez vieille pour avoir des souvenirs... Finis-en ! Intermezzo : tempo di minuetto Le Tambour L’Empereur t’appelle, et ton devoir aussi ! La Fille coiffée à la garçonne C’est la lumière lointaine du soleil qui nous attire ! La Mort est morte, les malheurs de la guerre sont finis ! La Fille coiffée à la garçonne L’Empereur a ordonné de tuer, alors tue ! Jean-Baptiste Mouret, Christian Miedl 14 Le Tambour C’est le combat qui t’appelle, c’est la Mort ! 15 Quatrième tableau Aria et trio Le palais impérial. Overall à son bureau. Le Tambour Le tambour, le tambour roule et gronde, un homme ne s’amourache que du tambour. Ah ! Sa peau est lisse comme celle d’une femme et son corps tout en rondeurs, et il parle haut et fort ! Un homme, ça ne court qu’après le tambour ! Le Haut-parleur Allô, allô, ici le chef d’état-major. L’hôpital 34 pour morts-vivants a été pris d’assaut par les rebelles à trois heures, les médecins et les instructeurs sont passés en masse à l’ennemi. Les insurgés portent des drapeaux noirs et leur blason représente une charrue ensanglantée. Ils combattent sans cris de guerre, muets et acharnés. Les généraux de la douzième armée n’ont pas encore transmis leur rapport. Le Soldat, La Fille coiffée à la garçonne Elle est enfin éclose, celle qui rend la mort belle, la fleur de l’amour, qui réconcilie tout, tout. L’Empereur Overall Quoi d’autre ? Le Haut-parleur C’est tout. Le Tambour sort. La Fille coiffée à la garçonne et Le Soldat s’étreignent. L’Empereur Overall Bien ! Allô, les Affaires étrangères ! Quelles stations sont aux mains des insurgés ? Duettino Le Soldat, La Fille coiffée à la garçonne Vois, les nuages ont disparu qui longtemps obscurcissaient nos regards, et le paysage voilé gris d’un coup s’est illuminé. Les ombres profondes se dissolvent quand le soleil resplendit et la Mort se fait poète quand elle s’unit à l’amour. Le Haut-parleur 57 – 3 - VIII en chiffres romains – 120 XXXII/1 en chiffres romains - 1011/B L’Empereur Overall La proclamation est-elle imprimée ? Le Haut-parleur Imprimée et expédiée. L’Empereur Overall Oui ! Le rideau tombe. Le Haut-parleur Un médecin terrible nous a opérés de la cataracte et nous a guéris de la cécité. Aussi grande que la folie de nos péchés est la punition, terribles sont les douleurs que nous devons endurer. Nous voulons les supporter avec humilité, et nous n’aurons de cesse que nous ayons extirpé de nos cœurs le dernier germe de haine et d’intolérance. De nos mains nues, nous détruirons les repaires d’acier du diable... Intermezzo dansé : « Les morts-vivants» 16 Overall continue d’écrire et de faire des calculs, à moitié dément, comme dans un rêve. L’Empereur Overall Cinq, six, sept, huit, neuf, dix, cent, mille bombes, un million de canons. Je me suis entouré de murailles aveugles. Même cette position était comprise dans le calcul ! À quoi ressemble un être humain ? Et suis-je encore un être humain, ou la machine à calculer de Dieu ? Suis-je encore un être humain ? Un être humain ? Arlequin Nous sommes allés acheter pour un sou de sucreries, nous projetions de suivre le cirque, nous sommes montés ensemble sur des chevaux de bois, nous avons fait de la luge avec nos cartables. Nous avons frémi sous les regards des petites filles, grâce à nos pensées pures, toute l’injustice du monde a volé en éclats. Arlequin N’y pense pas, n’y pense pas. Ha, ha, ha, ha, n’y pense pas. Allô, allô, oui, il s’est entouré de murailles. Allô, allô, à quoi ressemble un être humain ? Oui, à quoi ressemble un être humain ? Suis-je encore un être humain ? La machine à calculer de Dieu ? Suis-je encore un être humain ? Un être humain ? Le Tambour Nous Overall, nous Overall, le monde déborde, le monde déborde de nos actions. Sur terre jamais nous ne les révélerons, jamais, car nous avons trop peur. L’intelligence égale la bêtise, la sagesse égale la folie, nous Overall. Le Tambour Ha, ha, ha, ha, n’y pense pas, n’y pense pas. Oui, il s’est entouré de murailles, de murailles aveugles. Allô, allô, à quoi ressemble un être humain ? Depuis des années, le miroir est recouvert d’un voile ! La machine à calculer de Dieu ? Suis-je un être humain ? Suis-je un être humain ? Arlequin Dors l’enfant, dors, je suis une épitaphe. Ton père a péri à la guerre, ta mère a mangé ses lèvres rouges, dors l’enfant, dors. Tard, l’enfant, tard, l’homme de la lune fauche. Il fauche le bonheur, le fauche à la racine, et quand vient le soleil le bonheur est desséché ! Alors tu mets ta petite robe rouge et tu reprends la chanson du début. Le Tambour, LE HAUT-PARLEUR Un mort-vivant ! L’Empereur Overall Qui es-tu ? Air de La Mort. La Mort Je suis la Mort, le jardinier qui sème le sommeil dans des sillons creusés par la douleur. Je suis la Mort, le jardinier qui arrache les mauvaises herbes des êtres fatigués. Je suis la Mort, le jardinier qui fauche le grain mûr de la souffrance dans les campagnes. Je suis celui qui libère de la peste, et non la peste. Trio : Shimmy Vivace, ma non troppo presto Overall se lève d’un bond et se précipite vers l’avant-scène. 17 Je suis celui qui délivre de la souffrance, et non celui qui vous laisse souffrir. Je suis le nid chaud et douillet, où vient se réfugier la vie harcelée par la peur Je suis la grande fête de la liberté. Je suis l’ultime berceuse. Ma demeure accueillante est calme et paisible ! Venez, venez vous reposer ! et moi qui aspirais à la paix du tombeau. Oh, si mon entreprise avait réussi ! Libérés de ce joug qu’est l’humanité des champs en friche s’étendraient partout. Les fleurs s’épanouiraient. Là où tu n’es pas, tombe la neige. Là où tu n’es pas, la pluie d’été tombe à flots. Là où tu n’es pas, il y a beaucoup. Ah, si nous nous étions desséchés. Les forêts pousseraient librement, que nous ne faisons qu’asphyxier, personne n’entraverait plus le cours des rivières. Mort s’en revient, faim, amour, vie ! Mort s’en revient, faim, amour, vie ! Nuages parfois, et parfois un éclair, mais jamais plus meurtre. Notre vie est entre tes mains, emporte-la, emporte-la ! L’Empereur Overall Ainsi tu nous reviens ? Nous autres humains ne pouvons pas vivre sans toi. La Mort Je me réconcilierai avec toi si tu es capable de te sacrifier et d’être le premier à mourir de la nouvelle mort. L’Empereur Overall J’aurais la force de me sacrifier. Mais les hommes ne le méritent pas. Lucy Schaufer, Jean-Baptiste Mouret, Christian Miedl La Mort prend doucement L’Empereur par la main. La Mort Alors je ne puis revenir parmi vous. La Fille coiffée à la garçonne, Le Tambour, Arlequin, Le Haut-parleur Viens, Mort, notre hôte honoré, dans la demeure de notre cœur. Soulage-nous du fardeau de la vie, Conduis-nous au repos après la souffrance et la misère. Apprends-nous à respecter en nos frères les plaisirs et les malheurs de la vie. Apprends-nous le commandement suprême : Tu ne conjureras en vain le grand nom de la Mort. L’Empereur Overall Dois-je refuser de me plier à ce que tous les êtres souffrants te réclament ?... Non, j’accepte. La Mort Alors serrons-nous la main pour sceller le pacte. Les adieux de L’Empereur Aria : andante moderato L’Empereur Overall La guerre est finie, tu le dis avec tant de fierté. Seule cette guerre est finie, la dernière ? Des drapeaux blancs flotteront dans le vent, tous les clochers retentiront de carillons solennels, et les fous danseront, chanteront, cabrioleront. Ah, pour combien de temps ? Le feu n’est qu’étouffé, il n’est pas éteint ! Bientôt les flammes reprendront, le meurtre sévira de nouveau Christian Miedl, Lucy Schaufer, Jean-Baptiste Mouret 19 Jean-Michaël Lavoie Pendant la saison 2009-2010, il a affirmé sa présence en Europe, faisant ses débuts avec l’Ensemble intercontemporain, l’Orchestre de Bretagne et l’Ensemble Orchestral de Paris. Il a été chef assistant de l’Ensemble intercontemporain de 2008 à 2010, travaillant avec Pierre Boulez qui l’a invité à être son Premier chef assistant à l’Académie du Festival de Lucerne (2010). Il a travaillé avec Accentus comme chef associé lors du Festival Musica à Strasbourg et à la Biennale de Venise. Jean-Michaël Lavoie, chef québécois, est co-directeur artistique de l’Ensemble Multilatérale à Paris. Ses engagements cette saison incluent des débuts avec l’Orchestre Symphonique de Montréal et le Toronto Symphony Orchestra et un retour à l’Orchestre Symphonique de Québec, alors qu’il fera en Europe des débuts avec le BBC National Orchestra of Wales et l’Orchestre Philharmonique de Radio France. Il sera chef invité à Bogota, Wroclaw et Limoges et fera ses débuts avec Klangforum Wien, l’Ensemble Modern, l’Orchestre National de Lille et l’Orchestre Métropolitain de Montréal. Jean-Michaël Lavoie était le lauréat 2010 du Prix Opus « Découverte de l’année », distinction remise par Radio Canada et soulignant ses succès sur la scène internationale. Né au Québec (Canada) en 1982, Jean-Michaël Lavoie complète ses études musicales à Montréal à la Schulich School of Music de l’Université McGill. Il étudie le piano avant de se spécialiser en direction d’orchestre, analyse et histoire musicale. Pianiste talentueux, il remporte plusieurs premiers prix de concours. Il a été chef assistant du McGill Contemporary Music Ensemble de 2003 à 2007 et chef assistant à l’Opéra McGill en 2005 et 2006. Il a dirigé deux créations nord-américaines lors du Festival international Montréal/ Nouvelles Musiques en 2007, et a été directeur musical associé du Chœur de Radio-Canada en 2007-2008. En 2011, Jean-Michaël Lavoie a collaboré au Teatro alla Scala, Milan, à la création du nouvel opéra de Luca Francesconi – Quartett, repris au Wiener Festwochen. Il dirigera Der Kaiser von Atlantis à l’Opéra de Lyon, Die Entführung aus dem Serail à l’Opéra de Rouen, ainsi que la création du nouvel opéra de Christian Lauba, La Lettre des Sables, à l’Opéra National de Bordeaux. La saison dernière, il faisait ses débuts avec le Los Angeles Philharmonic dans le cadre d’une résidence qui l’amenait à diriger en concert Green Umbrella (œuvres de George Crumb) et des concerts jeunesse. Il a également dirigé des concerts avec l’Orchestre Symphonique de Québec et le National Arts Center Orchestra à Ottawa, à l’Opéra de Rennes et avec l’Orchestre d’Auvergne en France. En musique contemporaine, il a dirigé de nouveau l’Ensemble intercontemporain (dans la création française de la nouvelle version du film de Fritz Lang, Metropolis, sur une musique de Martin Matalon) et le McGill Contemporary Music Ensemble à Montréal, et a fait ses débuts avec le Israël Contemporary Players. RICHARD BRUNEL de Haydn au Festival International d’Aixen-Provence et retrouve Jérémie Rhorer à la direction musicale. En 2009, à l’Opéra National de Lyon, il met en scène pour la première fois en France In the Penal Colony de Philip Glass d’après la nouvelle éponyme de Franz Kafka, présenté au théâtre de l’Athénée en 2010. La même année, il met en scène Albert Herring de Benjamin Britten dirigé par Laurence Equilbey à l’Opéra de Rouen et l’OpéraComique. Richard Brunel est issu de l’École du Centre Dramatique National de Saint-Étienne. Comédien, il crée la Compagnie Anonyme avec un collectif en 1993, et en devient le metteur en scène en 1995. Basée en Rhône-Alpes, la Compagnie sera en résidence au théâtre de la Renaissance à Oullins de 1999 à 2002. En 2003, Richard Brunel poursuit sa formation de metteur en scène à l’Unité Nomade, auprès de Robert Wilson aux États-Unis ; de Kristian Lupa à Cracovie ; d’Alain Françon. Il a suivi un stage technique au Théâtre National de Strasbourg, un stage de mise en scène d’opéra au Festival International d’Art lyrique d’Aix-en-Provence et un atelier auprès de Peter Stein à l’Opéra de Lyon. Nommé en janvier 2010 directeur de la Comédie de Valence, Centre dramatique national Drôme-Ardèche, il a, depuis, mis en scène : en 2011, L’Élixir d’amour de Donizetti (Opéra de Lille), Les Criminels de Ferdinand Bruckner (Comédie de Valence ; reprise au Théâtre de la Colline en 2013) ; avec le Collectif artistique de la Comédie de Valence, Les Tribunes (grands discours du XIXème et XXème siècles) et Une chambre en ville (textes de Naomi Wallace, Lancelot Hamelin, Daniel Keene, Marie Desplechin, Olivier Balazuc, Lucy Caldwell Philipp Löhle) ; en 2012, Re Orso de Marco Stroppa (Opéra-Comique ; reprise à la MonnaieBruxelles en 2015), Les Noces de Figaro de Mozart (ouverture du Festival d’Art Lyrique d’Aix-en-Provence) et L’Empereur d’Atlantis de Victor Ullmann (Comédie de Valence et Opéra de Lyon). Depuis 1995, au théâtre il a monté des textes de Ramon Valle-Inclan, Stanislas Ignacy Witkiewicz, Franz Kafka, Witold Gombrowicz, Eugène Labiche, Mikhail Boulgakov, Ödön von Horváth, Cyril Tourneur, Pauline Sales, Peter Handke… En 2007, il met en scène Hedda Gabler d’Ibsen, nommé aux Molières 2007 dans la catégorie Théâtre en Région. Durant la saison 2007-2008, il monte Le Théâtre ambulant Chopalovitch de Liouboumir Simovitch à l’École du Théâtre National de Strasbourg. Il a été artiste associé à la Manufacture CDN de Nancy de 2004 à 2007. Parallèlement, il a dirigé des ateliers et stages de formation professionnelle, notamment à l’Atelier du Rhin de Colmar, au Nouveau Théâtre d’Angers, au Théâtre de la Manufacture de Nancy, au Maroc, en Italie et en Roumanie. Pour le théâtre lyrique, il met en scène en 2006, à l’Opéra National de Lyon Der Jasager de Bertolt Brecht et Kurt Weill, direction musicale Jérémie Rhorer. En 2008, il met en scène L’Infedeltà delusa 20 21 CHRISTIAN MIEDL Baryton (Empereur Overall) Christian Miedl a étudié le chant au Mozarteum Salzburg. Entre autres distinctions, il a reçu l’Oratorio-Lied Prize du prestigieux concours de l’International FranciscoVinas Voice. Christian est l’un des invités réguliers des salles de concerts telles que le Amsterdam Concertgebouw, le festival de Lucerne ou la Cité de la musique à Paris. Il a été soliste aux World Premieres de Der Maler Traumt de Wolfgang Rihm avec la radio néerlandaise (Zadermatinee), dans le Jerusalem d’Ennio Morricone avec la RAI de Turin et dans la nouvelle version d’Atlantis de Peter Eötvös avec Radio France, sur l’invitation du compositeur. Cette saison, il débute au Teatro alla Scala de Milan, dans le Frau ohne Schatten de Richard Strauss et a un rôle de premier plan dans Mama Dolorosa de Kim à la Biennale de Munich. Il a également chanté à l’Opéra de Francfort et celui de Seattle, au Bayerische Staatsoper de Munich. Sans oublier des rôles plus traditionnels, il a été salué par la critique dans ses prestations plus contemporaines notamment dans Luci mie Traditrici de Sciarrino (à l’Opéra de Francfort) et Kaiser von Atlantis de Viktor Ullmann au Bayerische Staatsoper. STEPHEN OWEN Basse (La Mort) Né à Kunming en Chine, il grandit en Californie où il effectue ses études et chante pendant de nombreuses années. Il débute une carrière internationale en 1990 en Gunther (Götterdämmerung) à Salzbourg, Pizarro (Fidelio) à Graz, Pise, Weimar, Tours et Reims. Il chante aussi Fernando (Fidelio) à Rio de Janeiro et au Carnegie Hall de New York. Il chante le Hollandais (Der fliegende Holländer) en Allemagne et à Rennes, Jochanaan (Salomé) à Las Vegas, Palerme, Nantes et Graz, Kaspar (Der Freischütz) à Tours, Kurvenal (Tristan und Isolde), Orest (Elektra) à Graz, Alberich (Rheingold) à Dortmund, le Héraut (Lohengrin) à Spoleto, Kurvenal et Musiklehrer (Ariadne auf Naxos) à Kassel. Il chante Lulu de Berg à Buenos Aires et à Palerme, Le Château de Barbe-bleue à Graz et Salzbourg, Nixon in China à l’English National Opera, Peter Grimes à Kassel, In The Penal Colony de Philip Glass à Lyon, Prova d’Orchestra à Linz, Anvers, Gand et Nuremberg. Il chante aussi les rôles de Schaunard, Colline (la Bohème), Amonasro, Sharpless, Alfio, Leporello, Sparafucile, Scarpia (Tosca), Escamillo (Carmen). En 2009, il intègre la troupe de l’Opéra d’Augsbourg. Parmi ses projets figurent Der fliegende Holländer, Ritter Blaubart de Reznicek, Orest (Elektra) et Simone Troval (Violanta) de Korngold. LUCY SCHAUFER Alto-Mezzosoprano (Le Tambour) Lucy Schaufer s’est construit une solide réputation de chanteuse lyrique, tant auprès du public que de la critique. Elle a pu faire connaître l’étendue de son répertoire, à la fois varié et singulier, notamment au Washington National Opera, au Los Angeles Opera, au New York City Ballet, au English National Opera, au Grand Théâtre de Genève, à l’Opéra du Rhin Strasbourg, à Opéra de Monte Carlo, au Théâtre du Châtelet… Sa carrière l’a amenée à interpréter des œuvres qui vont de Mozart, Puccini, de Sondheim à Bernstein, en passant par Schönberg ou Kurt Weill. Très récemment, elle a interprété le rôle-titre de Jennie dans le Higglety Pigglety Pop d’Oliver Knussen dans le cadre du Festival d’Aldeburgh dirigé par Ryan Wigglesworth avec le Britten Sinfonia, la Grand-mère dans la nouvelle production de John Adams, The Death of Klinghoffer (première londonienne) à l’English national Opera. Productrice des Productions Turn the Page, Lucy s’emploie à promouvoir des œuvres nouvelles. Elle a récemment enregistré son premier CD en solo, Carpentersville chez ABC Classics, à paraître au printemps 2013. Jean-Baptiste Mouret, Rui Dos Santos, Christian Miedl 22 23 RUI DOS SANTOS Ténor (Un Soldat, Arlequin) Ténor portugais, Rui Dos Santos a étudié le piano et le chant au Conservatoire de Porto et à l’Université Evora (avec Elizabeth Allen). Il poursuit sa formation musicale à l’Universität der Künste de Berlin avec Robert Gambill et Siegfried Lorenz, et plus récemment avec Dagmar Schekkenberg. Il a interprété le rôle du Commissaire et de l’Aumônier dans Le Dialogue des Carmélites (direction Errico Fresis), ainsi que plusieurs rôles dans Les Illuminations de Britten et Rita de Donizetti. Ses récents engagements l’ont amené à interpréter Tamino dans La Flûte enchantée (Kulturhaus de Rüdersdoorf et Chorin Monastery, avec le Brandenbirgisches Konzertorchester d’Eberswalde), Rita (Château de Bellver, à Palma de Majorque ; Festival International de musique d’Estiu) et Arlecchino de Busoni (Théâtre de l’Université de Berlin (direction Errico Fresis). En 2011/2013, il interprète le rôle du Jeune homme dans Von Heute auf Morgen à l’Opéra de Lyon où il participe également au Studio de l’Opéra de Lyon. IVI KARNEZI Soprano (La Fille coiffée à la garçonne) Soprano norvégienne, Ivi Karnezi a étudié la musique et le chant à l’Académie de Musique d’Oslo, avec le concours de Kirsten Taranger. Elle a poursuivi ses études à la Hanns Eisler Hochschule für Musik de Berlin, avec le Professeur Norma Sharp. Elle a acquis de l’expérience au fil de plusieurs productions, en interprétant notamment Rosina dans Le Barbier de Séville (Hanns Eisler Hochschule), Rita dans le Zarzuela La Virgen de la Paloma de Tomás Bretón (Hebbel Theater de Berlin), Lauretta dans Gianni Schicchi, et Rosalinde dans Die Fledermaus. Ivi Karnezi a participé à des master classes avec Rolf Reuter, Christian Ehwald, Willy Decker, Julia Varady et Claar Ter Horst. En 2010, elle a intégré le programme des jeunes artistes à l’Opéra de Lyon et elle a fait ses débuts en interprétant Donna Anna dans Don Giovanni (Opera Festival Gut Immling). Pendant la saison 2011/2012, elle apparaît à l’Opéra de Lyon en interprétant Freudin dans le Von Heute auf Morgen de Schönberg dirigé par Lothar Koenigs et Blumenmädchen dans Parsifal dirigé par Kazushi Ono. JEAN-BAPTISTE MOURET Baryton / Basse (Le Haut-parleur) Né à Compiègne en 1987. Après avoir obtenu son CFEM de piano à 15 ans à l’E.N.M. de Vannes, il a commencé le chant au sein de la Maîtrise de Bretagne dirigé par Jean-Michel Noël. Il a étudié avec Yves Sotin au Conservatoire d’Angers et SaintMaur-des-Fossés puis à la Guildhall School of Music and Drama (GSMD) de Londres avec David Pollard, auprès duquel il poursuit actuellement son apprentissage. À Londres, il chante Bartholo dans Les Noces de Figaro (British Youth Opera), un Soldat mongol dans A Night at the Chinese Opera de Judith Wier (British Youth Opera), Pontifex dans une version mise en scène par Jonathan Miller de la Passion selon SaintMatthieu de J.-S. Bach au National Theatre de Londres. Il se produit aussi en tant que soliste pour Le Messie de Haendel avec le East Surrey Choral Society et le Requiem de Mozart avec la Maîtrise de Bretagne. En récital, il se produit en France, en Angleterre et en Allemagne dans un répertoire de mélodies françaises, anglaises, allemandes et russes. 24 LE STUDIO DE L’OPÉRA DE LYON Créé en 2003, le Studio de l’Opéra de Lyon est l’héritier de l’Atelier d’interprétation vocale et dramatique (1982-1991) dirigé par Éric Tappy, et de l’Atelier lyrique (1991-1998) dirigé par Claire Gibault. Son objectif est de concrétiser et d’affirmer la vocation d’insertion professionnelle de l’Opéra de Lyon. Les jeunes artistes travaillent sous la conduite de chefs et de metteurs en scène reconnus - les metteurs en scène Richard Brunel, Jean Lacornerie, Antonio Latella, Bruno Meyssat, Adrian Noble, Laurent Pelly, Christophe Perton, Bernard Sobel, Émilie Valantin et les chefs d’orchestre William Christie, Mirella Giardelli, Dominic Grier, Benjamin Lévy, Philip Pickett, Jérémie Rhorer. En 2011, Jean-Paul Fouchécourt devient directeur artistique du Studio. En 2012-13, on retrouvera les artistes du Studio dans La Petite renarde rusée de Janácek, L’Empereur d’Atlantis d’Ullmann et La Flûte enchantée de Mozart. L’ORCHESTRE DE L’OPÉRA DE LYON Créé en 1983, l’Orchestre de l’Opéra de Lyon a comme premier directeur musical John Eliot Gardiner. Kent Nagano, Louis Langrée et Iván Fischer lui succèdent jusqu’en 2003. Depuis lors, il a été dirigé par des chefs tels que William Christie, Leopold Hager, Emmanuel Krivine, Kirill Petrenko, Lothar Koenigs, Gerard Korsten, Evelino Pidò ou encore Sebastian Weigle. En septembre 2008, Kazushi Ono en devient chef permanent. Il est régulièrement invité en France et à l’étranger : en 2009, il a joué au Festival d’Édimbourg, au Festival d’Athènes, à Amsterdam, au Théâtre des Champs-Élysées et à l’Opéra Comique notamment et a effectué une tournée au Japon avec Kazushi Ono. En 2012, l’Orchestre, sous la direction de Kazushi Ono, s’est notamment illustré dans une nouvelle production de Parsifal de Wagner, en coproduction avec le Metropolitan Opera de New York et la Canadian Opera Company. CATHERINE AILLOUD-NICOLAS Dramaturgie Maître de conférences, agrégée de Lettres Modernes, membre de l’UMR LIRE, Catherine Ailloud-Nicolas est spécialiste de Marivaux et de la dramaturgie classique. Ses recherches portent aussi sur la représentation théâtrale et en particulier sur le passage du texte à la scène. Elle enseigne à l’Université Lyon 1 (IUFM) et elle est également professeur de dramaturgie dans la classe de théâtre du Conservatoire de Lyon. Dramaturge pour des spectacles de théâtre, d’opéra, de marionnettes et de danse, elle a collaboré avec Éric Massé (L’île des esclaves, Macbeth…), Hervé Dartiguelongue (Les Précieuses ridicules) et Johanny Bert (L’Opéra de quat’sous). Elle travaille régulièrement avec Richard Brunel pour le théâtre (Hedda Gabler) et l’opéra : L’Infedeltà delusa (Haydn), Lakmé (Delibes), Dans la Colonie pénitentiaire (Glass), Les Noces de Figaro (Mozart) et Re Orso (Marco Stroppa) dont elle a coécrit le livret. Elle est membre du Collectif artistique de la Comédie de Valence. JULIEN FIŠERA Assistant à la mise en scène Né en 1978 à Portsmouth, en Grande-Bretagne, de nationalités française et britannique. Suite à des études d’histoire de l’art, de littérature et d’art dramatique à l’université de la Sorbonne à Paris mais aussi à Londres et Austin, USA, il se spécialise dans les écritures contemporaines. Il aborde le travail de mise en scène en collaborant comme dramaturge ou assistant, plus particulièrement à l’opéra. Il a travaillé notamment à O Mensch !, dernière création du compositeur Pascal Dusapin et assisté en 2012 Joël Pommerat sur Thanks to my eyes d’Oscar Bianchi. Il fonde en 2006 la compagnie Espace commun et se consacre aux écritures contemporaines ; il met en scène Pinter, Crimp, Genet et Minyana. Il dirige également des ateliers en France comme à l’étranger (Mexique, Brésil, Maroc) et intervient régulièrement à l’École de la Comédie de Saint-Étienne. 25 MARC LAINÉ Scénographie Diplômé de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, Marc Lainé travaille régulièrement pour le théâtre et l’opéra en tant que scénographe et assistant à la mise en scène. Il a notamment collaboré avec Richard Brunel (au théâtre : Gaspard, Hedda Gabler ; à l’opéra : Albert Herring, L’Élixir d’amour), Jacques Lassalle, Bruno Geslin, Pierre Maillet, Thierry Bedard, Christophe Perton, Madeleine Louarn et Jean-François Auguste… Depuis 2008, il met en scène ses propres spectacles. Avec l’auteur britannique Mike Kenny, il crée La Nuit électrique, nommé aux Molières 2009 et Un Rêve féroce. Depuis 2009, il est metteur en scène associé au C.D.N. de Lorient. En 2010, il entame un cycle sur les grandes figures de la culture populaire. Norman Bates est-il ?, Break Your Leg !, Just For One Day ! et Memories From The Missing Room, inspiré par un album du groupe Moriarty. Il co-écrit et réalise avec Jean-François Auguste Enjoy The Silence, une série pour le site de la Ferme du Buisson (Prix Reflet d’Or pour la meilleure série produite pour le Web du festival Cinéma tous écrans, Genève 2009). CLAIRE RISTERUCCI Costumes Elle travaille dans un atelier de coupe industrielle, puis crée à Montélimar un atelier de styliste. Elle y rencontre le metteur en scène Yves Faure qui lui propose en 1985 de créer les costumes pour La Double Inconstance de Marivaux. Elle collabore au théâtre avec Émilie Valantin, Alain Ollivier, Jean-Michel Martial, Claudia Stavisky, Claude Yersin, Hamou Graïa et Laurent Fréchuret. Aujourd’hui, elle travaille étroitement avec plusieurs metteurs en scène, notamment Marc Paquien et Jacques Vincey. Elle a collaboré à plusieurs opéras avec Richard Brunel (Albert Herring de B. Britten et L’Élixir d’Amour de G. Donizetti), Marc Paquien (Les Aveugles de M. Maeterlinck et Le Mariage secret de D. Cimarosa, L’Heure espagnole de Ravel) et Laurent Fréchuret (L’Opéra de quatre sous de Brecht). Elle réalise aussi des costumes pour le cinéma : Border Line de Danièle Ducroux (1992) ; Le Cri de la soie d’Ivon Marciano (1996) ; Vive la mariée ou la libération du Kurdistan de Iner Salem (1997) ; Ainsi soit-il de Gérard Blain (2000), Bandits d’amour de Pierre Lebret (2001), Mission sacrée de Daniel Vigne (2010). Elle a obtenu en 2009 le Molière du créateur de costumes pour Madame de Sade de Yukio Mishima. CHRISTIAN PINAUD Lumières Formé à l’école de la rue Blanche à Paris, Christian Pinaud a travaillé pour le théâtre et l’opéra avec Alain Françon, Lorenzo Mariani, Michel Didym, Philippe Berling, Moshé Leiser, Guillaume Lévêque, Charles Tordjman, Vincent Garanger, Gérard Watkins, Bernard Lévy, Patrick Haggiag, Dag Jeanneret et Richard Mitou. Il fonde en 2001 avec Jean Varela la compagnie In Situ. Il a créé les lumières de Résumons-nous d’après les chroniques d’Alexandre Vialatte mises en scène par Charles Tordjman au Théâtre Vidy-Lausanne, La Fanciulla del West de Puccini à L’Opéra de Liège, mise en scène de Lorenzo Mariani. Ses dernières créations : En attendant Godot de Beckett, mise en scène de Bernard Lévy ; Le Barbier de Séville, mise en scène Patrick Haggiag ; Radio clandestine, mise en scène de Dag Jeanneret ; Il Trovatore, mise en scène de Lorenzo Mariani, Tosca, mise en scène de Lorenzo Mariani, La Finta Giardiniera, mise en scène de Stephen Taylor et Didon et Enée mise en scène de Bernard Lévy. Jean-Baptiste Mouret 27 « Je rapporte ici ce que j'ai vécu. L'horreur n'y est pas gigantesque. Il n'y avait à Gandersheim ni chambre à gaz, ni crématoire. L'horreur y est obscurité, manque absolu de repère, solitude, oppression incessante, anéantissement lent. Le ressort de notre lutte n'aura été que la revendication forcenée, et presque toujours elle-même solitaire, de rester jusqu'au bout, des hommes. » Robert Antelme, L'Espèce humaine, Gallimard, Paris 1957. Photo de couverture : Ballroom, Lee Plaza Hotel (The Ruins of Detroit) © Yves Marchand Pages intérieures : photos de répétition © Jean-Louis Fernandez Imprimé à 2500 exemplaires par Baylon Villard à Annonay en novembre 2012 Place Charles-Huguenel 26000 Valence fr. Tél. +33 (0)4 75 78 41 71 Fax. +33 (0)4 75 78 41 70 2 € / ISBN en cours