l`empereur d`atlantis - La Comédie de Valence

Transcription

l`empereur d`atlantis - La Comédie de Valence
L’EMPEREUR D’ATLANTIS
OU LE REFUS DE LA MORT
VIKTOR ULLMANN
JEAN-MICHAËL LAVOIE
RICHARD BRUNEL
L’EMPEREUR D’ATLANTIS
ou le Refus de la Mort
Der Kaiser von Atlantis oder Die Todverweigerung
Opéra en un acte de Viktor Ullmann
Pièce en un acte, répétée en 1943 et créée en 1975
Livret de František Pietr Kien
Direction musicale Jean-Michaël Lavoie
Mise en scène Richard Brunel
Avec
Christian Miedl Kaiser Overall / Empereur Overall (Baryton)
Stephen Owen Der Tod / La Mort (Basse)
Lucy Schaufer Der Trommler / Le Tambour (Alto-mezzo soprano)
Rui Dos Santos* Ein Soldat, Harlekin / Un Soldat, Arlequin (Ténor)
Ivi Karnezi* Bubikopf / La Fille coiffée à la garçonne (Soprano)
Jean-Baptiste Mouret* Der Lautsprecher / Le Haut-parleur (Basse)
Et l’Orchestre de l’Opéra de Lyon
Dramaturgie Catherine Ailloud-Nicolas
Scénographie Marc Lainé
Costumes Claire Risterucci
Lumières Christian Pinaud
Assistant à la mise en scène Julien Fišera
Chef de chant Agnès Melchior
Création du 26 au 29 novembre 2012 à la Comédie de Valence
Représentations du 12 au 17 février 2013 au Théâtre de la Croix-Rousse, Lyon
Production Opéra national de Lyon
Coréalisation Comédie de Valence, Centre dramatique national
Drôme-Ardèche / Théâtre de la Croix-Rousse
Durée 1h
* Solistes du Studio de l’Opéra de Lyon
Musiciens de l’Orchestre de l’Opéra de Lyon
Flûte Catherine Puertolas
Claviers Futaba Oki, Agnès Melchior
Hautbois Frédéric Tardy
Guitare et banjo Bruno Simon
Clarinette Sandrine Pastor
Violons Kazimierz Olechowski,
Karol Miczka
Saxophone Sergio Menozzi
Alto Daniel Formentelli
Trompette Pascal Geay
Violoncelle Ewa Miecznikowska
Percussions Guillaume Séré,
Yi-Ping Yang
Contrebasse Cédric Carlier
Régie de scène Aurélie Valle
Régie d’orchestre Sylvain Barnéoud, Camille Marchalot
Régie plateau Vlad Trandafilov
Régie vidéo Marina Masquelier, Frédéric Tell
Régie son François Chabrier, Mathieu Plancher
Régie lumière Maël Fabre
Régie surtitrage Marion Jacquard
Techniciens lumière Samuel de Arriba, Julie Berthon, Éric Guillamot,
Samuel Kleinmann Lebourges
Machinistes Philippe Clarin, Jan Crouzet, Pierre Edward Victory
Coiffeur Romain Marietti
Habilleuse Anne Theodore
Maquilleuse Christelle Paillard
Traduction du livret Laurent Muhleisen
Stagiaire à la dramaturgie Thomas Tressy (C.N.R. de Lyon)
Décors, costumes, accessoires Ateliers de l’Opéra de Lyon
À la Comédie, autour de la création
Exposition : « Le Masque de la barbarie », fac-similes de dessins réalisés à Terezín,
en collaboration avec le Centre du Patrimoine Arménien
Ouverture musicale : mardi 27 novembre à 18h, avec les élèves du Conservatoire à
Rayonnement Départemental de Valence Agglo
« Les coulisses de l’opéra » : mercredi 28 novembre à 18h, rencontre avec Richard
Brunel, Jean-Michaël Lavoie et Catherine Ailloud-Nicolas
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L’EMPEREUR D’ATLANTIS : ARGUMENT
PROLOGUE
TROISIÈME TABLEAU
Les personnages de l’opéra sont
présentés successivement.
Le thème et la situation du premier
tableau sont annoncés.
Une jeune fille, enrôlée dans
l’armée, tente d’obéir aux ordres
de l’Empereur et de se battre. Sa
première victime ressuscite, elle
en tombe amoureuse. Le Tambour
essaie en vain de transmettre
les ordres et d’inciter au combat.
L’amour a remplacé la violence.
PREMIER TABLEAU
Arlequin, symbole de la vie et du
théâtre, converse avec la Mort. Tous
deux se plaignent de leur époque
car elle ne laisse place ni au rire de
la vie ni à l’héroïsme des guerres
d’antan. Le Tambour, porte-parole
de l’Empereur, intervient pour
transmettre un appel à la guerre
générale et totale. La Mort, ulcérée
de se faire déposséder de sa
mission, y renonce : désormais, les
hommes ne pourront plus mourir.
QUATRIÈME TABLEAU
Le chaos gagne, la révolte
gronde, et le pouvoir est menacé.
L’Empereur supplie la Mort de
reprendre sa mission. Elle accepte
à une condition : qu’il donne sa vie
en échange.
La musique et le chant survivent
à l’Empereur, mais tout peut-il
vraiment reprendre son cours ?
DEUXIÈME TABLEAU
Le Haut-parleur donne à l’Empereur,
retranché dans ses appartements,
des nouvelles du théâtre des
opérations. Mais soudain des
événements étranges sont
rapportés : un condamné à mort
survit à son exécution, les soldats
ne parviennent pas à mourir.
L’Empereur tente de reprendre
la situation en mains : il se vante
d’avoir donné l’immortalité à
son peuple et envoie le Tambour
l’annoncer. Rien, à présent,
n’empêchera les hommes de
participer à la guerre.
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VIKTOR ULLMANN
il est déporté au « camp modèle »
de Terezín à près de soixante
kilomètres de Prague. Dispensé de
travail obligatoire, il se consacre
à la composition, organise des
manifestations musicales et écrira
même des critiques de concerts
donnés à l’intérieur du camp. Il écrit
pour les musiciens internés et de
cette période sortiront, entre autres,
trois sonates pour piano, des lieder,
un quatuor à cordes, et L’Empereur
d’Atlantis ou le refus de la Mort qui
peut être considéré comme son
œuvre maîtresse.
Né à Teschen, ville alors autrichienne
(aujourd’hui divisée entre la Pologne
et la République Tchèque), Viktor
Ullmann étudie la composition à
Vienne et a, parmi ses professeurs,
Arnold Schönberg. En 1920, il est
engagé comme chef de chant et
chef de chœur au Nouveau Théâtre
allemand de Prague. Il voyage en
Suisse et en Allemagne, découvre le
mouvement anthroposophique de
Steiner puis s’installe de nouveau
à Prague en 1933 où il exerce les
professions de chef d’orchestre,
d’enseignant et de critique musical.
Il développe parallèlement une
intense activité de compositeur.
On perd sa trace dès son entrée au
camp d’extermination d’Auschwitz
le 16 octobre 1944.
Son œuvre, publiée à compte
d’auteur, comporte trois opéras :
Peer Gynt d’après Ibsen, Der Sturz
des Antichrist (Albert Steffens), Der
Kaiser von Atlantis.
Lorsque les Allemands occupent
Prague en 1939, malgré d’énormes
mesures de restrictions, il continue
à composer. En septembre 1942,
Quelques pièces d’orchestre :
cinq Variations sur un thème
de Schönberg, un concerto pour
orchestre, un concerto pour piano,
une ouverture (Don Quichotte), des
pièces de musique de chambre :
trois quatuors à cordes, un octuor,
plusieurs sonates dont une
pour clarinette en quart de ton
(instrument construit à la demande
d’Alois Hába pour le Conservatoire
de Prague) et d’innombrables pièces
vocales sur des textes de Rilke, Trakl,
Steffens, Hölderlin, Wedekind.
Stephen Owen, Ivi Karnezi
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L’EMPEREUR D’ATLANTIS, « UN ACTE
DE CRÉATION AU CŒUR DE LA TYRANNIE »
Demain
Âgé de cent mille ans, j’aurais encore la force
De t’attendre, ô demain pressenti par l’espoir.
Le temps, vieillard souffrant de multiples entorses
Peut gémir : Le matin est neuf, neuf est le soir.
Mais depuis trop de mois nous vivons à la veille,
Nous veillons, nous gardons la lumière et le feu,
Nous parlons à voix basse et nous tendons l’oreille
À maint bruit vite éteint et perdu comme au jeu.
Or, du fond de la nuit, nous témoignons encore
De la splendeur du jour et de tous ses présents.
Si nous ne dormons pas c’est pour guetter l’aurore
Qui prouvera qu’enfin nous vivons au présent.
Robert Desnos (État de veille, 1942)
Repris dans Destinée arbitraire, Robert Desnos, Paris, Gallimard, 1975
dissimulée sous la simplicité du
conte. Jouer la vitalité de la musique
sans se laisser piéger par elle, sans
aller jusqu’au vide du divertissement.
Comment la beauté peut-elle naître
de l’horreur ? Comment, dans le camp
de Terezín, face à l’omniprésence
de la mort, Viktor Ullmann a-t-il
trouvé la force d’imaginer une œuvre
insolente, vibrante, incroyablement
vivante ? Être face au Kaiser von
Atlantis, c’est être face au mystère
intime de la création. C’est mesurer
aussi l’étendue de la responsabilité
de la mise en scène, celle de
faire entendre avec respect, avec
précaution, ce qui se dit au-delà des
notes, au-delà des mots.
Pour cela, nous avons fait un travail
d’archéologue, comblé les vides,
approfondi les relations, imaginé des
situations pour que les personnages
s’épaississent, deviennent des êtres
de chair et de sang, puissent raconter
une histoire. Nous avons redonné de
la vie à des fantômes.
Dans un théâtre détruit, un vieil
homme ou peut-être la Mort, réveillera les survivants d’un orchestre
dévasté. Et tout recommencera.
La guerre, la tyrannie. Un éternel
retour ? Comme le chante le Kaiser
avant de mourir : « Le feu n’est
qu’étouffé, mais pas éteint ! Il se
remettra bientôt, le meurtre sévira
de nouveau ».
Il y a une dimension politique
dans cet opéra. On y dénonce la
toute puissance d’un tyran qui ne
communique avec son peuple que
par médias interposés, un monstre
qui déclare la guerre totale comme
on crée un nouveau jeu. Il y a aussi
une force poétique qui va trouver des
accents sublimes pour dire l’amour
ou la mort.
Richard Brunel, metteur en scène
Faire entendre l’œuvre dans tous
les sens du terme. Faire résonner la
virtuosité de la musique, ses détours,
ses fractures, ses citations mais
aussi les douleurs humaines, les
destins brisés qui se cachent derrière
la fable philosophique.
Propos recueillis par Catherine
Ailloud-Nicolas, dramaturge
Octobre 2012
Garder en mémoire les conditions
inouïes dans lesquelles l’opéra a été
conçu. Révéler la force de subversion
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milan kundera TEL FUT LEUR PARI
(…) À Terezín se sont rencontrés des
Juifs d’Europe centrale, notamment
de la partie austro-tchèque ; j’en ai
connu ou croisé de nombreux : ma
tante Sonia qui, à Terezín, rendit
plusieurs fois visite, clandestinement,
à son grand amour juif, jusqu’au jour
où on l’attrapa et l’envoya mourir
à Auschwitz ; Pavel Haas, mon
compositeur adoré ; le très jeune
Gideon Klein qui n’a pas survécu
et créa à Terezín presque toute son
œuvre ; Karel Ancerl, un des plus
grands chefs d’orchestre de l’aprèsguerre ; Karel Polácek, romancier d’un
curieux humour tchéco-juif dont je
me sens redevable ; et Alfréd Radok !
Il échappa à Terezín mais toute sa
famille y passa ; devenu metteur en
scène, le plus grand que j’aie jamais
connu, il raconta l’Holocauste dans
un film d’une immense poésie, Le
Voyage lointain, qui secoua après la
guerre toute ma génération.
déployé l’éventail des sentiments,
des idées, des sensations pour que
la vie ne fût pas réduite à la seule
dimension de l’horreur. (…)
Les Juifs de Terezín ne se faisaient
pas d’illusion : ils vivaient dans l’antichambre de la mort ; leur vie culturelle était étalée par la propagande
nazie comme alibi. Auraient-ils dû
pour autant renoncer à cette liberté
précaire et abusée ? Leur réponse
fut d’une totale clarté. Leur vie,
leurs créations, leurs expositions,
leurs quatuors, leurs amours, tout
l’éventail de leur vie avait, incomparablement, une plus grande importance que la comédie macabre des
geôliers. Tel fut leur pari. Tel devrait
être le nôtre. D’horribles crimes,
l’humanité en verra tant qu’elle vivra.
Ce qui, par contre, est unique et ne
se répétera plus c’est l’œuvre que
les Juifs européens créèrent durant
ce siècle, qu’ils portèrent à travers
l’enfer de ce siècle, et sans laquelle
l’Europe, son art, sa pensée, son être
même ne seraient pas ce qu’ils sont.
Ce n’est pas seulement l’art créé
à Terezín qui nous laisse interdits
d’admiration mais peut-être plus
encore cette soif de vie culturelle,
cette soif d’art que manifestait
la communauté térézinienne qui,
dans des conditions effroyables,
fréquentait des théâtres, des concerts,
des expositions. Que fut l’art pour eux
tous ? Une façon de tenir pleinement
Ivi Karnezi
Milan Kunderan – extraits de la préface ;
Le Masque de la barbarie – Le ghetto de
Theresienstadt 1941-1945 de Dominique
Foucher et Sabine Zeitoun, édition du
Centre d’Histoire de la Résistance
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L’Empereur
d’Atlantis
ou Le Refus
de La Mort
Livret de
František Petr Kien
Traduit de l’allemand par
Laurent Muhleisen
Personnages
L’Empereur Overall
Le Haut-parleur
Un soldat
La Fille coiffée à la garçonne
La Mort
Arlequin
Le Tambour
Prologue
Premier tableau
La Mort
Allô, allô ! Vous allez entendre :
L’Empereur d’Atlantis, un genre d’opéra
en quatre tableaux. Se produiront sur
scène : L’empereur Overall d’Atlantis
en personne, qu’on n’a pas vu depuis
des années, car il est enfermé dans son
immense palais, tout seul, pour pouvoir
mieux régner.
Le Tambour, une apparition pas tout à fait
réelle, comme la radio.
Le Haut-parleur, qu’on ne voit pas, qu’on
ne fait qu’entendre.
Un soldat et une fille.
La Mort, sous les traits d’un soldat
congédié, et Arlequin, qui sait rire en
pleurant, il est la vie.
Le premier tableau se passe quelque
part ; La Mort et Arlequin ont été mis sur
la touche, la vie, qui ne sait plus rire et
la mort, qui ne sait plus pleurer, dans un
monde qui a désappris à se réjouir de la
vie et à mourir de mort.
La Mort, gravement offensée par
le rythme empressé, l’agitation, la
mécanisation de la vie moderne, brise son
épée pour donner une leçon à l’humanité,
et décide, désormais, de ne plus faire
mourir personne.
Allô, allô ! Nous commençons !
Arlequin et La Mort sont assis.
Arlequin, un vieillard barbu, chante.
Arlequin
Mardi peut-être ? Mercredi ? Vendredi ?
Du pareil au même.
Air d’Arlequin
Duo : allegretto misurato
Arlequin
La lune sur ses échasses se lève
au-dessus des crêtes,
les garçons aspirent à l’amour, au vin.
Elle les a emportés,
ils ne reviendront plus.
Qu’allons-nous boire à présent ?
Nous allons boire du sang.
Qu’allons-nous embrasser ?
Les fesses du diable.
Le monde arbore mille couleurs
et tourne comme tourne un manège.
Nous allons au Sabbat.
La lune est blanche, le sang est chaud,
le vin est doux, l’amour est au paradis.
Que nous reste-t-il à nous, pauvres gens ?
Nous mettre en vente à la foire.
Il n’y a personne pour nous acheter ?
C’est que chacun veut se débarrasser
de soi-même.
Nous devons courir aux quatre coins
du monde. Ah !
La Mort
Des jours, des jours, qui veut acheter
des jours ?
La Mort, Arlequin
Des jours, des jours, qui veut acheter
des jours ?
Beaux, nouveaux, inconnus.
Ils sont du pareil au même.
L’un d’entre eux sera peut-être un
jour de chance,
alors tu deviendras roi.
Vieux jours, jours au rabais, qui veut
acheter des jours ?
Récitatif
Arlequin
Je me sens moins bien dans ma peau
depuis que j’en ai par-dessus la tête de
moi. Tu devrais me tuer, après tout c’est
ton métier, et moi je m’ennuie, c’est
insupportable.
Récitatif
La Mort
Fiche-moi la paix. On ne peut pas te
tuer. Le rire qui se moque de lui-même
est immortel. Tu ne peux pas échapper à
toi-même, tu resteras Arlequin, en dépit
de tout.
La Mort
Laisse tomber. Que chantes-tu là ?
Arlequin
Je chante, c’est tout.
La Mort
Quel jour sommes-nous ?
Aria : tranquillo molto
Arlequin
Et Arlequin, qu’est-ce que c’est ? Un
souvenir, plus pâle que les photographies
jaunies de ces gens qui ne savent plus
sourire. Je ne fais rire personne. Si je
pouvais oublier le goût du vin nouveau,
si je pouvais à nouveau frémir au contact
d’une femme.
Arlequin
Je ne change plus de jour tous les jours
depuis que je ne peux plus le faire avec
ma chemise, et n’en prends de nouveau
que quand je mets du linge propre.
La Mort
Tu es donc sûrement encore au beau
milieu de l’année dernière !
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Deuxième tableau
La Mort
En t’entendant j’ai envie de rire. Tu as trois
cents ans à peine, alors que moi, j’endure
cette comédie depuis que le monde existe.
Aujourd’hui je suis vieux et je ne peux plus
suivre. Tu aurais dû me voir autrefois !
dans notre infaillible et pénétrante
sagesse, de décréter sur l’ensemble de
notre territoire la grande et salutaire
guerre de tous contre tous.
Passacaille : andante misurato
Chaque enfant, garçon ou fille, chaque
pucelle, épouse, mère, chaque homme,
torve ou droit, portera les armes dans
ce combat sacré, qui se terminera par
la victoire de sa Majesté apostolique et
la destruction du mal dans nos contrées.
En cet instant, nous déclarons ouverte
la campagne victorieuse.
Air de La Mort
Blues – Allegro maestoso
La Mort
C’étaient des guerres où l’on portait
ses plus beaux habits pour m’honorer !
L’or et la pourpre, des harnais étincelants,
on se parait pour moi comme une fiancée
pour son époux.
Des étendards de toutes les couleurs
flottaient au-dessus des chevaux,
les mercenaires jouaient aux dés sur
les tambours, et quand ils dansaient,
ils faisaient craquer les os des femmes,
que la sueur de leurs cavaliers rendaient
poisseuses.
J’ai fait tant de fois la course avec les
petits chevaux d’Attila, les éléphants
d’Hannibal et les tigres de Jahângir, que
mes jambes sont trop faibles pour pouvoir
suivre les cohortes motorisées.
Que me reste-t-il d’autre que de
claudiquer derrière les nouveaux anges
de la mort, en petit artisan du mourir que
je suis.
Récitatif
Notre vieil allié, la Mort, nous précédera
avec sa bannière glorieuse, qu’elle portera
au nom de notre grand avenir et de son
grand passé. Combattez avec courage !
Promulgué en l’an quinze de notre règne
bienfaisant. Signé : Overall !
La Mort
Tu entends comme ils se moquent de
moi ! Moi seul peux ravir les âmes ! Porter
l’étendard ! Mon grand passé ! Votre grand
avenir ! Successeur de la Camarde !
Arlequin
Ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha !
Le Tambour
Nous, par la grâce de Dieu Overall
l’unique...
Aria : Allegro con brio
Il sort.
Le Tambour
Allô, allô ! Attention ! Attention ! Au nom
de Sa Majesté l’empereur Overall !
Nous, par la grâce de Dieu Overall
l’unique, gloire de la patrie, bénédiction
de l’humanité, empereur des deux Indes,
empereur d’Atlantis, duc régnant d’Ophir
et véritable sénéchal d’Astarté, vice-roi
de Hongrie, prince-cardinal de Ravenne,
roi de Jérusalem.
La Mort
Hi, hi ! Au nom de votre grand avenir !
Arlequin
Mais que fais-tu ?
La Mort
Je rends l’avenir des hommes grand et
long !!
Rideau.
Récitatif
Pour la glorification de notre nature
divine, nous, archi-pontife, avons décidé,
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Le palais impérial vide. L’empereur Overall
est assis avec raideur à son bureau ; il
écrit. Soudain, il rentre la tête dans ses
épaules, tressaille et jette un rapide coup
d’œil derrière lui. Au téléphone :
Le Haut-parleur
Pendu, conformément aux ordres, à quatre
heures treize.
L’Empereur Overall
Il est donc mort ?
Récitatif et air
Le Haut-parleur
La mort doit survenir d’un moment à
l’autre !
L’Empereur Overall
Quelle heure est-il ?
Le Haut-parleur
Cinq heures trente-deux.
Allô, allô ! Ici la garde impériale !
Le commandant de la garde de nuit.
Le cordon entourant le palais a été
triplé, conformément aux ordres.
L’Empereur Overall
Comment cela, doit ? Quand le jugement
a-t-il été exécuté ?
Le Haut-parleur
À quatre heures treize.
L’Empereur Overall
Mais il est cinq heures trente-cinq !
L’Empereur Overall
Chargé à balles réelles ?
Le Haut-parleur
La mort doit survenir d’un moment
à l’autre.
Le Haut-parleur
Chargé à balles réelles.
L’Empereur Overall
Bien.
L’Empereur Overall
Êtes-vous devenus fous ? En quatrevingt-deux minutes, le bourreau ne
parvient pas à donner la mort ?!
Le Haut-parleur
Allô, allô !
Des hordes armées, des avions, des
torpilles souterraines ont rasé les
fortifications de la troisième ville.
Les habitants sont morts. Les corps
ont été livrés au centre de recyclage.
Le Haut-parleur
La mort doit survenir d’un moment à
l’autre !
Overall bondit sur ses pieds.
L’Empereur Overall
Combien ?
L’Empereur Overall
Suis-je devenu fou ? M’arrache-t-on la
mort des mains ? Qui me craindra encore
à l’avenir ? La Mort refuse-t-elle de me
servir ? Elle a brisé sa vieille épée ? Qui
obéira encore à l’empereur d’Atlantis ?!
Allô ! Exécution par balles !
Le Haut-parleur
Dix-mille kilos de phosphore.
L’Empereur Overall
Oui !
Il compose un numéro.
Le tribunal.
Le Haut-parleur
Ordre exécuté.
Le Haut-parleur
Allô, allô, ici le tribunal.
L’Empereur Overall
Alors ?
L’Empereur Overall
Le terroriste ?
Le Haut-parleur
La mort doit survenir d’un moment à
l’autre.
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Troisième tableau
Récitatif et trio
Un champ de bataille. Un simple soldat et
La Fille coiffée à la garçonne.
L’Empereur Overall
Qu’est-ce que ça veut dire ? Le médecin !
Le Haut-parleur
Allô, ici le médecin.
Le Soldat
Le poids de tes armes n’écrase-t-il pas
tes tendres épaules ? Je ne le veux pas, il
ne faut pas que tu souffres, vois, le monde
est lumineux - et plein de couleurs.
Le Soldat
Qui va là ?
L’Empereur Overall
Alors ?
La Fille coiffée à la garçonne
Tu dois être aussi vieux que le monde...
Je ne te comprends pas.
La Fille coiffée à la garçonne
Halte ! Ne bouge plus ! Un être humain ?
Le Haut-parleur
Il vit encore. Une étrange maladie s’est
déclarée. Les soldats ne parviennent pas
à mourir.
Le Soldat
Un être humain !
Il l’embrasse. Elle lève son arme, puis la
jette au loin et se jette dans ses bras.
La Fille coiffée à la garçonne
Mais un ennemi !
L’Empereur Overall
Trouvez l’origine de cette maladie.
Combien de morts depuis le début de
l’épidémie ?
Aria
La Fille coiffée à la garçonne
Est-il vrai qu’il existe des paysages
qui ne sont pas dévastés par des trous
d’obus ?
Est-il vrai qu’il existe des mots
qui ne sont pas rudes et cassants ?
Est-il vrai qu’il existe des prairies
qui sont pleines de couleurs et de
senteurs ?
Est-il vrai qu’il existe des montagnes
aux reflets bleus dans l’air étincelant ?
Elle appuie sur la gâchette de son revolver,
il se jette par terre. Elle se précipite sur lui,
persuadée de l’avoir touché. Il se relève
d’un bond, ils se battent, il a le dessus.
Le Haut-parleur
Aucun. Ils sont des milliers à lutter contre
la vie, afin de pouvoir mourir.
Le Tambour
... offrons à nos valeureux soldats le secret
de la vie éternelle...
L’Empereur Overall
Merci. Je vais prendre des dispositions.
Le Soldat
Une peau si blanche !
Le Haut-parleur
Les Affaires étrangères ! Affiches à tous
les coins de rue ; communiqués radio ;
crieurs publics dans les villages.
La Fille coiffée à la garçonne
Tais-toi et tire !
Entre Le Tambour.
Duo
Le Tambour
… est armé contre la mort...
Aria : Allegro sostenuto
L’Empereur Overall
Nous, Overall l’unique, offrons à nos
valeureux soldats le secret de la vie
éternelle. Qui le possède est armé contre
la mort, aucune blessure, aucune maladie
ne pourra désormais l’empêcher de
brandir son épée pour son maître et pour
sa patrie. Mort, où est ton aiguillon ?
Enfer, où est ta victoire ?
Le Soldat
Quand j’étais jeune, je me suis promené
un jour le long du fleuve avec une fille ;
elle avait des yeux aussi clairs que les
tiens !
Rideau.
Le Tambour
… Mort, où est ton aiguillon,
Enfer, où est ta victoire ?
Le Tambour
Allons, hors d’ici, viens avec moi ! Viens
avec moi !
La Fille coiffée à la garçonne
Allons, hors d’ici, viens avec moi ! Viens
avec moi !
La Fille coiffée à la garçonne
Je ne suis pas assez vieille pour avoir des
souvenirs... Finis-en !
Intermezzo : tempo di minuetto
Le Tambour
L’Empereur t’appelle, et ton devoir aussi !
La Fille coiffée à la garçonne
C’est la lumière lointaine du soleil qui
nous attire !
La Mort est morte, les malheurs de la
guerre sont finis !
La Fille coiffée à la garçonne
L’Empereur a ordonné de tuer, alors tue !
Jean-Baptiste Mouret, Christian Miedl
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Le Tambour
C’est le combat qui t’appelle, c’est la
Mort !
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Quatrième tableau
Aria et trio
Le palais impérial. Overall à son bureau.
Le Tambour
Le tambour, le tambour roule et gronde,
un homme ne s’amourache que du
tambour.
Ah ! Sa peau est lisse comme celle d’une
femme
et son corps tout en rondeurs,
et il parle haut et fort !
Un homme, ça ne court qu’après le
tambour !
Le Haut-parleur
Allô, allô, ici le chef d’état-major.
L’hôpital 34 pour morts-vivants a été pris
d’assaut par les rebelles à trois heures,
les médecins et les instructeurs sont
passés en masse à l’ennemi. Les insurgés
portent des drapeaux noirs et leur blason
représente une charrue ensanglantée. Ils
combattent sans cris de guerre, muets et
acharnés. Les généraux de la douzième
armée n’ont pas encore transmis leur
rapport.
Le Soldat, La Fille coiffée
à la garçonne
Elle est enfin éclose, celle qui rend
la mort belle,
la fleur de l’amour, qui réconcilie
tout, tout.
L’Empereur Overall
Quoi d’autre ?
Le Haut-parleur
C’est tout.
Le Tambour sort. La Fille coiffée à la
garçonne et Le Soldat s’étreignent.
L’Empereur Overall
Bien !
Allô, les Affaires étrangères ! Quelles
stations sont aux mains des insurgés ?
Duettino
Le Soldat, La Fille coiffée
à la garçonne
Vois, les nuages ont disparu
qui longtemps obscurcissaient nos
regards,
et le paysage voilé gris
d’un coup s’est illuminé.
Les ombres profondes se dissolvent
quand le soleil resplendit
et la Mort se fait poète
quand elle s’unit à l’amour.
Le Haut-parleur
57 – 3 - VIII en chiffres romains – 120 XXXII/1 en chiffres romains - 1011/B
L’Empereur Overall
La proclamation est-elle imprimée ?
Le Haut-parleur
Imprimée et expédiée.
L’Empereur Overall
Oui !
Le rideau tombe.
Le Haut-parleur
Un médecin terrible nous a opérés de la
cataracte et nous a guéris de la cécité.
Aussi grande que la folie de nos péchés
est la punition, terribles sont les douleurs
que nous devons endurer. Nous voulons
les supporter avec humilité, et nous
n’aurons de cesse que nous ayons extirpé
de nos cœurs le dernier germe de haine
et d’intolérance. De nos mains nues, nous
détruirons les repaires d’acier du diable...
Intermezzo dansé :
« Les morts-vivants»
16
Overall continue d’écrire et de faire des
calculs, à moitié dément, comme dans
un rêve.
L’Empereur Overall
Cinq, six, sept, huit, neuf, dix, cent, mille
bombes, un million de canons. Je me
suis entouré de murailles aveugles.
Même cette position était comprise
dans le calcul ! À quoi ressemble un
être humain ? Et suis-je encore un être
humain, ou la machine à calculer de
Dieu ? Suis-je encore un être humain ?
Un être humain ?
Arlequin
Nous sommes allés acheter pour un sou
de sucreries,
nous projetions de suivre le cirque,
nous sommes montés ensemble sur des
chevaux de bois,
nous avons fait de la luge avec nos
cartables.
Nous avons frémi sous les regards des
petites filles,
grâce à nos pensées pures, toute
l’injustice du monde a volé en éclats.
Arlequin
N’y pense pas, n’y pense pas. Ha, ha, ha,
ha, n’y pense pas. Allô, allô, oui, il s’est
entouré de murailles. Allô, allô, à quoi
ressemble un être humain ? Oui, à quoi
ressemble un être humain ? Suis-je
encore un être humain ? La machine à
calculer de Dieu ? Suis-je encore un être
humain ? Un être humain ?
Le Tambour
Nous Overall, nous Overall, le monde
déborde,
le monde déborde de nos actions.
Sur terre jamais nous ne les révélerons,
jamais, car nous avons trop peur.
L’intelligence égale la bêtise, la sagesse
égale la folie,
nous Overall.
Le Tambour
Ha, ha, ha, ha, n’y pense pas, n’y pense
pas. Oui, il s’est entouré de murailles,
de murailles aveugles. Allô, allô, à quoi
ressemble un être humain ? Depuis des
années, le miroir est recouvert d’un voile !
La machine à calculer de Dieu ? Suis-je un
être humain ? Suis-je un être humain ?
Arlequin
Dors l’enfant, dors,
je suis une épitaphe.
Ton père a péri à la guerre,
ta mère a mangé ses lèvres rouges,
dors l’enfant, dors.
Tard, l’enfant, tard,
l’homme de la lune fauche.
Il fauche le bonheur,
le fauche à la racine,
et quand vient le soleil
le bonheur est desséché !
Alors tu mets ta petite robe rouge
et tu reprends la chanson du début.
Le Tambour, LE HAUT-PARLEUR
Un mort-vivant !
L’Empereur Overall
Qui es-tu ?
Air de La Mort.
La Mort
Je suis la Mort, le jardinier
qui sème le sommeil dans des sillons
creusés par la douleur.
Je suis la Mort, le jardinier qui arrache les
mauvaises herbes des êtres fatigués.
Je suis la Mort, le jardinier qui fauche
le grain mûr de la souffrance dans les
campagnes.
Je suis celui qui libère de la peste,
et non la peste.
Trio : Shimmy
Vivace, ma non troppo presto
Overall se lève d’un bond et se précipite
vers l’avant-scène.
17
Je suis celui qui délivre de la souffrance,
et non celui qui vous laisse souffrir.
Je suis le nid chaud et douillet,
où vient se réfugier la vie harcelée par la
peur
Je suis la grande fête de la liberté.
Je suis l’ultime berceuse.
Ma demeure accueillante est calme et
paisible !
Venez, venez vous reposer !
et moi qui aspirais à la paix du tombeau.
Oh, si mon entreprise avait réussi !
Libérés de ce joug qu’est l’humanité
des champs en friche s’étendraient
partout.
Les fleurs s’épanouiraient.
Là où tu n’es pas, tombe la neige.
Là où tu n’es pas, la pluie d’été tombe à
flots.
Là où tu n’es pas, il y a beaucoup.
Ah, si nous nous étions desséchés.
Les forêts pousseraient librement,
que nous ne faisons qu’asphyxier,
personne n’entraverait plus le cours
des rivières.
Mort s’en revient, faim, amour, vie !
Mort s’en revient, faim, amour, vie !
Nuages parfois, et parfois un éclair,
mais jamais plus meurtre.
Notre vie est entre tes mains,
emporte-la, emporte-la !
L’Empereur Overall
Ainsi tu nous reviens ? Nous autres
humains ne pouvons pas vivre sans toi.
La Mort
Je me réconcilierai avec toi si tu es
capable de te sacrifier et d’être le premier
à mourir de la nouvelle mort.
L’Empereur Overall
J’aurais la force de me sacrifier. Mais les
hommes ne le méritent pas.
Lucy Schaufer, Jean-Baptiste Mouret, Christian Miedl
La Mort prend doucement L’Empereur
par la main.
La Mort
Alors je ne puis revenir parmi vous.
La Fille coiffée à la
garçonne, Le Tambour,
Arlequin, Le Haut-parleur
Viens, Mort, notre hôte honoré,
dans la demeure de notre cœur.
Soulage-nous du fardeau de la vie,
Conduis-nous au repos après la
souffrance et la misère.
Apprends-nous à respecter en nos frères
les plaisirs et les malheurs de la vie.
Apprends-nous le commandement
suprême :
Tu ne conjureras en vain
le grand nom de la Mort.
L’Empereur Overall
Dois-je refuser de me plier à ce que tous
les êtres souffrants te réclament ?... Non,
j’accepte.
La Mort
Alors serrons-nous la main pour sceller
le pacte.
Les adieux de L’Empereur
Aria : andante moderato
L’Empereur Overall
La guerre est finie, tu le dis avec tant
de fierté.
Seule cette guerre est finie, la dernière ?
Des drapeaux blancs flotteront dans le
vent,
tous les clochers retentiront de carillons
solennels,
et les fous danseront, chanteront,
cabrioleront.
Ah, pour combien de temps ?
Le feu n’est qu’étouffé, il n’est pas éteint !
Bientôt les flammes reprendront,
le meurtre sévira de nouveau
Christian Miedl, Lucy Schaufer, Jean-Baptiste Mouret
19
Jean-Michaël Lavoie
Pendant la saison 2009-2010, il a affirmé
sa présence en Europe, faisant ses débuts
avec
l’Ensemble
intercontemporain,
l’Orchestre de Bretagne et l’Ensemble
Orchestral de Paris. Il a été chef assistant
de l’Ensemble intercontemporain de 2008
à 2010, travaillant avec Pierre Boulez qui
l’a invité à être son Premier chef assistant
à l’Académie du Festival de Lucerne
(2010). Il a travaillé avec Accentus comme
chef associé lors du Festival Musica à
Strasbourg et à la Biennale de Venise.
Jean-Michaël Lavoie, chef québécois, est
co-directeur artistique de l’Ensemble
Multilatérale à Paris.
Ses engagements cette saison incluent des
débuts avec l’Orchestre Symphonique de
Montréal et le Toronto Symphony Orchestra
et un retour à l’Orchestre Symphonique
de Québec, alors qu’il fera en Europe des
débuts avec le BBC National Orchestra of
Wales et l’Orchestre Philharmonique de
Radio France. Il sera chef invité à Bogota,
Wroclaw et Limoges et fera ses débuts
avec Klangforum Wien, l’Ensemble Modern,
l’Orchestre National de Lille et l’Orchestre
Métropolitain de Montréal.
Jean-Michaël Lavoie était le lauréat 2010
du Prix Opus « Découverte de l’année »,
distinction remise par Radio Canada
et soulignant ses succès sur la scène
internationale. Né au Québec (Canada) en
1982, Jean-Michaël Lavoie complète ses
études musicales à Montréal à la Schulich
School of Music de l’Université McGill. Il
étudie le piano avant de se spécialiser en
direction d’orchestre, analyse et histoire
musicale. Pianiste talentueux, il remporte
plusieurs premiers prix de concours. Il a
été chef assistant du McGill Contemporary
Music Ensemble de 2003 à 2007 et chef
assistant à l’Opéra McGill en 2005 et 2006.
Il a dirigé deux créations nord-américaines
lors du Festival international Montréal/
Nouvelles Musiques en 2007, et a été
directeur musical associé du Chœur de
Radio-Canada en 2007-2008.
En 2011, Jean-Michaël Lavoie a collaboré
au Teatro alla Scala, Milan, à la création
du nouvel opéra de Luca Francesconi –
Quartett, repris au Wiener Festwochen. Il
dirigera Der Kaiser von Atlantis à l’Opéra
de Lyon, Die Entführung aus dem Serail à
l’Opéra de Rouen, ainsi que la création du
nouvel opéra de Christian Lauba, La Lettre
des Sables, à l’Opéra National de Bordeaux.
La saison dernière, il faisait ses débuts
avec le Los Angeles Philharmonic dans
le cadre d’une résidence qui l’amenait
à diriger en concert Green Umbrella
(œuvres de George Crumb) et des concerts
jeunesse. Il a également dirigé des
concerts avec l’Orchestre Symphonique
de Québec et le National Arts Center
Orchestra à Ottawa, à l’Opéra de Rennes
et avec l’Orchestre d’Auvergne en France.
En musique contemporaine, il a dirigé de
nouveau l’Ensemble intercontemporain
(dans la création française de la nouvelle
version du film de Fritz Lang, Metropolis,
sur une musique de Martin Matalon) et le
McGill Contemporary Music Ensemble à
Montréal, et a fait ses débuts avec le Israël
Contemporary Players.
RICHARD BRUNEL
de Haydn au Festival International d’Aixen-Provence et retrouve Jérémie Rhorer
à la direction musicale. En 2009, à l’Opéra
National de Lyon, il met en scène pour
la première fois en France In the Penal
Colony de Philip Glass d’après la nouvelle
éponyme de Franz Kafka, présenté au
théâtre de l’Athénée en 2010. La même
année, il met en scène Albert Herring de
Benjamin Britten dirigé par Laurence
Equilbey à l’Opéra de Rouen et l’OpéraComique.
Richard Brunel est issu de l’École du Centre
Dramatique National de Saint-Étienne.
Comédien, il crée la Compagnie Anonyme
avec un collectif en 1993, et en devient
le metteur en scène en 1995. Basée
en Rhône-Alpes, la Compagnie sera en
résidence au théâtre de la Renaissance à
Oullins de 1999 à 2002. En 2003, Richard
Brunel poursuit sa formation de metteur
en scène à l’Unité Nomade, auprès de
Robert Wilson aux États-Unis ; de Kristian
Lupa à Cracovie ; d’Alain Françon. Il a suivi
un stage technique au Théâtre National
de Strasbourg, un stage de mise en scène
d’opéra au Festival International d’Art
lyrique d’Aix-en-Provence et un atelier
auprès de Peter Stein à l’Opéra de Lyon.
Nommé en janvier 2010 directeur de la
Comédie de Valence, Centre dramatique
national Drôme-Ardèche, il a, depuis, mis
en scène : en 2011, L’Élixir d’amour de
Donizetti (Opéra de Lille), Les Criminels de
Ferdinand Bruckner (Comédie de Valence ;
reprise au Théâtre de la Colline en 2013) ;
avec le Collectif artistique de la Comédie de
Valence, Les Tribunes (grands discours du
XIXème et XXème siècles) et Une chambre
en ville (textes de Naomi Wallace, Lancelot
Hamelin, Daniel Keene, Marie Desplechin,
Olivier Balazuc, Lucy Caldwell Philipp
Löhle) ; en 2012, Re Orso de Marco Stroppa
(Opéra-Comique ; reprise à la MonnaieBruxelles en 2015), Les Noces de Figaro
de Mozart (ouverture du Festival d’Art
Lyrique d’Aix-en-Provence) et L’Empereur
d’Atlantis de Victor Ullmann (Comédie de
Valence et Opéra de Lyon).
Depuis 1995, au théâtre il a monté des
textes de Ramon Valle-Inclan, Stanislas
Ignacy Witkiewicz, Franz Kafka, Witold
Gombrowicz, Eugène Labiche, Mikhail
Boulgakov, Ödön von Horváth, Cyril
Tourneur, Pauline Sales, Peter Handke…
En 2007, il met en scène Hedda Gabler
d’Ibsen, nommé aux Molières 2007 dans
la catégorie Théâtre en Région. Durant la
saison 2007-2008, il monte Le Théâtre
ambulant Chopalovitch de Liouboumir
Simovitch à l’École du Théâtre National
de Strasbourg. Il a été artiste associé à
la Manufacture CDN de Nancy de 2004 à
2007. Parallèlement, il a dirigé des ateliers
et stages de formation professionnelle,
notamment à l’Atelier du Rhin de Colmar,
au Nouveau Théâtre d’Angers, au Théâtre
de la Manufacture de Nancy, au Maroc, en
Italie et en Roumanie.
Pour le théâtre lyrique, il met en scène
en 2006, à l’Opéra National de Lyon Der
Jasager de Bertolt Brecht et Kurt Weill,
direction musicale Jérémie Rhorer. En
2008, il met en scène L’Infedeltà delusa
20
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CHRISTIAN MIEDL Baryton (Empereur Overall)
Christian Miedl a étudié le chant au Mozarteum Salzburg. Entre autres distinctions,
il a reçu l’Oratorio-Lied Prize du prestigieux concours de l’International FranciscoVinas Voice. Christian est l’un des invités réguliers des salles de concerts telles que le Amsterdam Concertgebouw, le festival de Lucerne ou la Cité de la musique à Paris. Il a été soliste
aux World Premieres de Der Maler Traumt de Wolfgang Rihm avec la radio néerlandaise
(Zadermatinee), dans le Jerusalem d’Ennio Morricone avec la RAI de Turin et dans la nouvelle version d’Atlantis de Peter Eötvös avec Radio France, sur l’invitation du compositeur.
Cette saison, il débute au Teatro alla Scala de Milan, dans le Frau ohne Schatten de Richard
Strauss et a un rôle de premier plan dans Mama Dolorosa de Kim à la Biennale de Munich.
Il a également chanté à l’Opéra de Francfort et celui de Seattle, au Bayerische Staatsoper
de Munich. Sans oublier des rôles plus traditionnels, il a été salué par la critique dans ses
prestations plus contemporaines notamment dans Luci mie Traditrici de Sciarrino (à l’Opéra
de Francfort) et Kaiser von Atlantis de Viktor Ullmann au Bayerische Staatsoper.
STEPHEN OWEN Basse (La Mort)
Né à Kunming en Chine, il grandit en Californie où il effectue ses études et chante pendant
de nombreuses années. Il débute une carrière internationale en 1990 en Gunther (Götterdämmerung) à Salzbourg, Pizarro (Fidelio) à Graz, Pise, Weimar, Tours et Reims. Il chante aussi
Fernando (Fidelio) à Rio de Janeiro et au Carnegie Hall de New York. Il chante le Hollandais (Der
fliegende Holländer) en Allemagne et à Rennes, Jochanaan (Salomé) à Las Vegas, Palerme,
Nantes et Graz, Kaspar (Der Freischütz) à Tours, Kurvenal (Tristan und Isolde), Orest (Elektra)
à Graz, Alberich (Rheingold) à Dortmund, le Héraut (Lohengrin) à Spoleto, Kurvenal et Musiklehrer (Ariadne auf Naxos) à Kassel. Il chante Lulu de Berg à Buenos Aires et à Palerme, Le
Château de Barbe-bleue à Graz et Salzbourg, Nixon in China à l’English National Opera, Peter
Grimes à Kassel, In The Penal Colony de Philip Glass à Lyon, Prova d’Orchestra à Linz, Anvers,
Gand et Nuremberg. Il chante aussi les rôles de Schaunard, Colline (la Bohème), Amonasro,
Sharpless, Alfio, Leporello, Sparafucile, Scarpia (Tosca), Escamillo (Carmen). En 2009, il intègre
la troupe de l’Opéra d’Augsbourg. Parmi ses projets figurent Der fliegende Holländer, Ritter
Blaubart de Reznicek, Orest (Elektra) et Simone Troval (Violanta) de Korngold.
LUCY SCHAUFER Alto-Mezzosoprano (Le Tambour)
Lucy Schaufer s’est construit une solide réputation de chanteuse lyrique, tant auprès du public
que de la critique. Elle a pu faire connaître l’étendue de son répertoire, à la fois varié et singulier, notamment au Washington National Opera, au Los Angeles Opera, au New York City Ballet,
au English National Opera, au Grand Théâtre de Genève, à l’Opéra du Rhin Strasbourg, à Opéra
de Monte Carlo, au Théâtre du Châtelet… Sa carrière l’a amenée à interpréter des œuvres qui
vont de Mozart, Puccini, de Sondheim à Bernstein, en passant par Schönberg ou Kurt Weill.
Très récemment, elle a interprété le rôle-titre de Jennie dans le Higglety Pigglety Pop d’Oliver
Knussen dans le cadre du Festival d’Aldeburgh dirigé par Ryan Wigglesworth avec le Britten
Sinfonia, la Grand-mère dans la nouvelle production de John Adams, The Death of Klinghoffer
(première londonienne) à l’English national Opera. Productrice des Productions Turn the Page,
Lucy s’emploie à promouvoir des œuvres nouvelles. Elle a récemment enregistré son premier
CD en solo, Carpentersville chez ABC Classics, à paraître au printemps 2013.
Jean-Baptiste Mouret, Rui Dos Santos, Christian Miedl
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RUI DOS SANTOS Ténor (Un Soldat, Arlequin)
Ténor portugais, Rui Dos Santos a étudié le piano et le chant au Conservatoire de Porto et à
l’Université Evora (avec Elizabeth Allen). Il poursuit sa formation musicale à l’Universität der
Künste de Berlin avec Robert Gambill et Siegfried Lorenz, et plus récemment avec Dagmar
Schekkenberg. Il a interprété le rôle du Commissaire et de l’Aumônier dans Le Dialogue des
Carmélites (direction Errico Fresis), ainsi que plusieurs rôles dans Les Illuminations de Britten et Rita de Donizetti. Ses récents engagements l’ont amené à interpréter Tamino dans La
Flûte enchantée (Kulturhaus de Rüdersdoorf et Chorin Monastery, avec le Brandenbirgisches
Konzertorchester d’Eberswalde), Rita (Château de Bellver, à Palma de Majorque ; Festival
International de musique d’Estiu) et Arlecchino de Busoni (Théâtre de l’Université de Berlin
(direction Errico Fresis). En 2011/2013, il interprète le rôle du Jeune homme dans Von Heute
auf Morgen à l’Opéra de Lyon où il participe également au Studio de l’Opéra de Lyon.
IVI KARNEZI Soprano (La Fille coiffée à la garçonne)
Soprano norvégienne, Ivi Karnezi a étudié la musique et le chant à l’Académie de Musique
d’Oslo, avec le concours de Kirsten Taranger. Elle a poursuivi ses études à la Hanns Eisler
Hochschule für Musik de Berlin, avec le Professeur Norma Sharp. Elle a acquis de l’expérience
au fil de plusieurs productions, en interprétant notamment Rosina dans Le Barbier de Séville
(Hanns Eisler Hochschule), Rita dans le Zarzuela La Virgen de la Paloma de Tomás Bretón
(Hebbel Theater de Berlin), Lauretta dans Gianni Schicchi, et Rosalinde dans Die Fledermaus.
Ivi Karnezi a participé à des master classes avec Rolf Reuter, Christian Ehwald, Willy Decker,
Julia Varady et Claar Ter Horst. En 2010, elle a intégré le programme des jeunes artistes à
l’Opéra de Lyon et elle a fait ses débuts en interprétant Donna Anna dans Don Giovanni (Opera
Festival Gut Immling). Pendant la saison 2011/2012, elle apparaît à l’Opéra de Lyon en interprétant Freudin dans le Von Heute auf Morgen de Schönberg dirigé par Lothar Koenigs et
Blumenmädchen dans Parsifal dirigé par Kazushi Ono.
JEAN-BAPTISTE MOURET Baryton / Basse (Le Haut-parleur)
Né à Compiègne en 1987. Après avoir obtenu son CFEM de piano à 15 ans à l’E.N.M.
de Vannes, il a commencé le chant au sein de la Maîtrise de Bretagne dirigé par
Jean-Michel Noël. Il a étudié avec Yves Sotin au Conservatoire d’Angers et SaintMaur-des-Fossés puis à la Guildhall School of Music and Drama (GSMD) de Londres
avec David Pollard, auprès duquel il poursuit actuellement son apprentissage. À
Londres, il chante Bartholo dans Les Noces de Figaro (British Youth Opera), un Soldat mongol dans A Night at the Chinese Opera de Judith Wier (British Youth Opera),
Pontifex dans une version mise en scène par Jonathan Miller de la Passion selon SaintMatthieu de J.-S. Bach au National Theatre de Londres. Il se produit aussi en tant que soliste
pour Le Messie de Haendel avec le East Surrey Choral Society et le Requiem de Mozart avec
la Maîtrise de Bretagne. En récital, il se produit en France, en Angleterre et en Allemagne
dans un répertoire de mélodies françaises, anglaises, allemandes et russes.
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LE STUDIO DE L’OPÉRA DE LYON
Créé en 2003, le Studio de l’Opéra de Lyon est l’héritier de l’Atelier d’interprétation vocale et
dramatique (1982-1991) dirigé par Éric Tappy, et de l’Atelier lyrique (1991-1998) dirigé par Claire
Gibault. Son objectif est de concrétiser et d’affirmer la vocation d’insertion professionnelle
de l’Opéra de Lyon. Les jeunes artistes travaillent sous la conduite de chefs et de metteurs
en scène reconnus - les metteurs en scène Richard Brunel, Jean Lacornerie, Antonio Latella,
Bruno Meyssat, Adrian Noble, Laurent Pelly, Christophe Perton, Bernard Sobel, Émilie Valantin
et les chefs d’orchestre William Christie, Mirella Giardelli, Dominic Grier, Benjamin Lévy, Philip
Pickett, Jérémie Rhorer. En 2011, Jean-Paul Fouchécourt devient directeur artistique du Studio.
En 2012-13, on retrouvera les artistes du Studio dans La Petite renarde rusée de Janácek,
L’Empereur d’Atlantis d’Ullmann et La Flûte enchantée de Mozart.
L’ORCHESTRE DE L’OPÉRA DE LYON
Créé en 1983, l’Orchestre de l’Opéra de Lyon a comme premier directeur musical John Eliot
Gardiner. Kent Nagano, Louis Langrée et Iván Fischer lui succèdent jusqu’en 2003. Depuis lors,
il a été dirigé par des chefs tels que William Christie, Leopold Hager, Emmanuel Krivine, Kirill
Petrenko, Lothar Koenigs, Gerard Korsten, Evelino Pidò ou encore Sebastian Weigle. En septembre 2008, Kazushi Ono en devient chef permanent. Il est régulièrement invité en France et
à l’étranger : en 2009, il a joué au Festival d’Édimbourg, au Festival d’Athènes, à Amsterdam,
au Théâtre des Champs-Élysées et à l’Opéra Comique notamment et a effectué une tournée au Japon avec Kazushi Ono. En 2012, l’Orchestre, sous la direction de Kazushi Ono, s’est
notamment illustré dans une nouvelle production de Parsifal de Wagner, en coproduction avec
le Metropolitan Opera de New York et la Canadian Opera Company.
CATHERINE AILLOUD-NICOLAS Dramaturgie
Maître de conférences, agrégée de Lettres Modernes, membre de l’UMR LIRE, Catherine
Ailloud-Nicolas est spécialiste de Marivaux et de la dramaturgie classique. Ses recherches
portent aussi sur la représentation théâtrale et en particulier sur le passage du texte à la
scène. Elle enseigne à l’Université Lyon 1 (IUFM) et elle est également professeur de dramaturgie dans la classe de théâtre du Conservatoire de Lyon. Dramaturge pour des spectacles de
théâtre, d’opéra, de marionnettes et de danse, elle a collaboré avec Éric Massé (L’île des esclaves, Macbeth…), Hervé Dartiguelongue (Les Précieuses ridicules) et Johanny Bert (L’Opéra
de quat’sous). Elle travaille régulièrement avec Richard Brunel pour le théâtre (Hedda Gabler)
et l’opéra : L’Infedeltà delusa (Haydn), Lakmé (Delibes), Dans la Colonie pénitentiaire (Glass),
Les Noces de Figaro (Mozart) et Re Orso (Marco Stroppa) dont elle a coécrit le livret. Elle est
membre du Collectif artistique de la Comédie de Valence.
JULIEN FIŠERA Assistant à la mise en scène
Né en 1978 à Portsmouth, en Grande-Bretagne, de nationalités française et britannique. Suite
à des études d’histoire de l’art, de littérature et d’art dramatique à l’université de la Sorbonne
à Paris mais aussi à Londres et Austin, USA, il se spécialise dans les écritures contemporaines. Il aborde le travail de mise en scène en collaborant comme dramaturge ou assistant,
plus particulièrement à l’opéra. Il a travaillé notamment à O Mensch !, dernière création du
compositeur Pascal Dusapin et assisté en 2012 Joël Pommerat sur Thanks to my eyes d’Oscar
Bianchi. Il fonde en 2006 la compagnie Espace commun et se consacre aux écritures contemporaines ; il met en scène Pinter, Crimp, Genet et Minyana. Il dirige également des ateliers en
France comme à l’étranger (Mexique, Brésil, Maroc) et intervient régulièrement à l’École de la
Comédie de Saint-Étienne.
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MARC LAINÉ Scénographie
Diplômé de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, Marc Lainé travaille régulièrement pour le théâtre et l’opéra en tant que scénographe et assistant à la mise en scène. Il
a notamment collaboré avec Richard Brunel (au théâtre : Gaspard, Hedda Gabler ; à l’opéra :
Albert Herring, L’Élixir d’amour), Jacques Lassalle, Bruno Geslin, Pierre Maillet, Thierry Bedard,
Christophe Perton, Madeleine Louarn et Jean-François Auguste… Depuis 2008, il met en
scène ses propres spectacles. Avec l’auteur britannique Mike Kenny, il crée La Nuit électrique,
nommé aux Molières 2009 et Un Rêve féroce. Depuis 2009, il est metteur en scène associé au
C.D.N. de Lorient. En 2010, il entame un cycle sur les grandes figures de la culture populaire.
Norman Bates est-il ?, Break Your Leg !, Just For One Day ! et Memories From The Missing
Room, inspiré par un album du groupe Moriarty. Il co-écrit et réalise avec Jean-François
Auguste Enjoy The Silence, une série pour le site de la Ferme du Buisson (Prix Reflet d’Or pour
la meilleure série produite pour le Web du festival Cinéma tous écrans, Genève 2009).
CLAIRE RISTERUCCI Costumes
Elle travaille dans un atelier de coupe industrielle, puis crée à Montélimar un atelier de styliste.
Elle y rencontre le metteur en scène Yves Faure qui lui propose en 1985 de créer les costumes pour La Double Inconstance de Marivaux. Elle collabore au théâtre avec Émilie Valantin,
Alain Ollivier, Jean-Michel Martial, Claudia Stavisky, Claude Yersin, Hamou Graïa et Laurent
Fréchuret. Aujourd’hui, elle travaille étroitement avec plusieurs metteurs en scène, notamment Marc Paquien et Jacques Vincey. Elle a collaboré à plusieurs opéras avec Richard Brunel
(Albert Herring de B. Britten et L’Élixir d’Amour de G. Donizetti), Marc Paquien (Les Aveugles de
M. Maeterlinck et Le Mariage secret de D. Cimarosa, L’Heure espagnole de Ravel) et Laurent
Fréchuret (L’Opéra de quatre sous de Brecht). Elle réalise aussi des costumes pour le cinéma :
Border Line de Danièle Ducroux (1992) ; Le Cri de la soie d’Ivon Marciano (1996) ; Vive la mariée
ou la libération du Kurdistan de Iner Salem (1997) ; Ainsi soit-il de Gérard Blain (2000), Bandits
d’amour de Pierre Lebret (2001), Mission sacrée de Daniel Vigne (2010). Elle a obtenu en 2009
le Molière du créateur de costumes pour Madame de Sade de Yukio Mishima.
CHRISTIAN PINAUD Lumières
Formé à l’école de la rue Blanche à Paris, Christian Pinaud a travaillé pour le théâtre et
l’opéra avec Alain Françon, Lorenzo Mariani, Michel Didym, Philippe Berling, Moshé
Leiser, Guillaume Lévêque, Charles Tordjman, Vincent Garanger, Gérard Watkins, Bernard
Lévy, Patrick Haggiag, Dag Jeanneret et Richard Mitou. Il fonde en 2001 avec Jean Varela
la compagnie In Situ. Il a créé les lumières de Résumons-nous d’après les chroniques
d’Alexandre Vialatte mises en scène par Charles Tordjman au Théâtre Vidy-Lausanne,
La Fanciulla del West de Puccini à L’Opéra de Liège, mise en scène de Lorenzo Mariani. Ses
dernières créations : En attendant Godot de Beckett, mise en scène de Bernard Lévy ;
Le Barbier de Séville, mise en scène Patrick Haggiag ; Radio clandestine, mise en scène de
Dag Jeanneret ; Il Trovatore, mise en scène de Lorenzo Mariani, Tosca, mise en scène de
Lorenzo Mariani, La Finta Giardiniera, mise en scène de Stephen Taylor et Didon et Enée mise
en scène de Bernard Lévy.
Jean-Baptiste Mouret
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« Je rapporte ici ce que j'ai vécu. L'horreur n'y est pas
gigantesque. Il n'y avait à Gandersheim ni chambre à gaz,
ni crématoire. L'horreur y est obscurité, manque absolu de
repère, solitude, oppression incessante, anéantissement lent.
Le ressort de notre lutte n'aura été que la revendication
forcenée, et presque toujours elle-même solitaire, de rester
jusqu'au bout, des hommes. »
Robert Antelme, L'Espèce humaine, Gallimard, Paris 1957.
Photo de couverture : Ballroom, Lee Plaza Hotel
(The Ruins of Detroit) © Yves Marchand
Pages intérieures : photos de répétition
© Jean-Louis Fernandez
Imprimé à 2500 exemplaires par Baylon Villard
à Annonay en novembre 2012
Place Charles-Huguenel
26000 Valence fr.
Tél. +33 (0)4 75 78 41 71
Fax. +33 (0)4 75 78 41 70
2 € / ISBN en cours