La Mère du Monde comme Idéal et comme Fait

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La Mère du Monde comme Idéal et comme Fait
LA MÈRE DU MONDE COMME IDÉAL ET COMME FAIT
Par Charles Webster LEADBEATER (1854-1934) — 1928
Traduit et annoté de l'anglais par André LHOTE
Original : Cahiers de l'Institut Libéral d'Études Théologiques — 1981
—
Droits : domaine public
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Édition numérique finalisée par GIROLLE (www.girolle.org) — 2014
Remerciements à tous ceux qui ont contribué
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LIVRE
LA MÈRE DU MONDE COMME SYMBOLE ET RÉALITÉ
Extraits d'un article de Monseigneur C. W. Leadbeater
La publication de l'article L'appel de la Mère du Monde, du Dr Annie
Besant, n'a probablement attiré que très peu d'attention en dehors des cercles
théosophiques. Mais c'est un sujet d'une très grande importance pour le
monde. Non seulement cet article nous présente une forme de travail très
utile, un champ immense de travail, mais aussi nous fait connaitre un
département du Gouvernement Intérieur du Monde, sur lequel nous ne
savions que peu de choses auparavant. Précisément parce que le Dr Annie
Besant nous a donné cette nouvelle information et nous a indiqué une
activité originale, il me parait qu'il est de la plus grande importance que nous
ayons ces données fixées très clairement dans notre mental et que nous
sachions, en toute exactitude, ce qu'on nous demande de faire.
Comme une certaine incompréhension s'est déjà manifestée, que des
déclarations irréfléchies ont été faites, et qu'un véritable mythe est en train
de se constituer, nous avons actuellement quelque difficulté pour éviter les
erreurs. Permettez-moi de citer un excellent article, écrit par ailleurs sur un
thème un peu différent, par mon ami et collègue, le Rd Byron W.
Casselberry, très connu de nous tous, et d'y insister :
"Il est d'une importance capitale que, en tant qu'aspirants
disciples de Notre Seigneur qui est l'Instructeur du Monde,
nous devions commencer à comprendre quelque chose de
la parfaite harmonie et unité qui existe derrière les
apparentes oppositions des nombreux départements de
Son œuvre dans le Monde extérieur. L'on s'attendait bien
à ce que de fausses conceptions surgissent dans la pensée
de beaucoup de personnes. Mais nous qui sommes
comparativement peu nombreux dans cette situation,
avons le devoir de nous tromper le moins possible. Je ne
dis pas que nous comprenons tout à fait ce que nous
voyons ou entendons, mais je dis que nous devons éviter
le plus possible de nous faire une idée ou un jugement
erronés. Pour le moins devrions-nous tous éviter de le
faire, et grâce à l'effort que nous faisons pour ne pas
tomber dans une fausse compréhension, celle-ci nous
viendra rapidement, profonde et permanente, comme de
l'intérieur…
Si ce que nous réalisons des Paroles du Seigneur se colore
de nos mesquines erreurs ou de nos opinions personnelles,
nous perdrons tragiquement cette brève opportunité. Il
s'est donné à nous. Si nous Lui maintenons ouvert notre
Moi le plus intime, si nous déracinons en nous toute
tendance au préjugé, nous pouvons être certains que la
blanche lumière de la compréhension pénètrera en nous et
en ceux auxquels il est de notre privilège de transmettre
Son Message."
Comment pourrons-nous venir à bout de cette tâche particulière de nous
efforcer de ne pas comprendre mal Ses Paroles ? Dans ces matières comme
en d'autres, nous appliquer au sentiment d'un honnête bon sens nous
conduira très loin. Mais il vient un moment précis pour lequel nous devons
mettre de côté le sens commun de la raison et mettre en œuvre l'Intuition.
Raison et Intuition sont, de concert, les instruments de la véritable
compréhension. Mais il faut que nous possédions une certaine "réalisation"
pour savoir où se termine l'une et où commence l'autre… Sans cette
réalisation, nous ne ferons que de très petits progrès dans la véritable
connaissance…
Bien que ceci ait été écrit en relation avec le Message et les Paroles de
l'Instructeur du Monde, chaque terme en est également applicable à cet autre
sujet de "La Nature et l'Œuvre de la Mère du Monde". Ici, c'est aussi notre
devoir pressant de savoir, et s'il n'en est pas ainsi, nous perdrons tout
l'avantage de saisir cette merveilleuse opportunité qui s'offre à nous. Je
pense donc qu'il peut être utile d'exposer clairement ce que l'on sait jusqu'à
présent à ce sujet, de séparer le mythe des faits, et d'essayer de faire voir
combien ils sont merveilleusement beaux. Ce faisant, j'aurai nécessairement
à rassembler et à répéter très souvent ce qui s'est dit dans d'autres écrits ;
mais, même ainsi, je crois qu'il vaut la peine de faire la pleine lumière sur
les connaissances les plus importantes dont nous disposons actuellement.
Peut-être vaudrait-il mieux pour moi de commencer en vous exposant
ce que je connais personnellement sur la Mère du Monde, en vous exposant
les faits tels qu'ils sont et le sentiment que j'ai sur le travail que nous devons
faire, laissant provisoirement de côté l'étude des mythes qui se sont
accumulés autour d'Elle.
La Mère du Monde est un puissant Être spirituel qui est à la tête d'un
grand département de l'Organisation du Gouvernement Intérieur du Monde.
En vérité, Elle est un Ange puissant qui a sous ses ordres une vaste armée
d'Anges subordonnés qu'Elle tient constamment occupés à Son Œuvre et qui
rivalisent de mérite. Ce travail a tant et tant de merveilleuses ramifications,
qu'il n'est pas possible d'en décrire en quelques traits de plume, la grandeur
et la générosité.
Pour le moment, il suffit de dire qu'Elle a en charge toutes les femmes
du monde entier, en particulier lorsqu'accomplissant la suprême fonction
pour laquelle Dieu les a créées, elles deviennent mères.
On a conté beaucoup d'anecdotes au sujet de femmes qui ont vu la Mère
du Monde, en particulier parmi des femmes de la campagne. Elle était
debout auprès d'elles dans les heures où elles éprouvaient ces terribles
souffrances de l'enfantement, et bien des femmes qui n'ont pas eu le
privilège de La voir, ont senti cependant, l'aide et la force qu'Elle leur avait
infusée. Pour quelles raisons, des femmes de la campagne La verraient-Elle
plus volontiers que celles qui sont des intellectuelles ? Précisément parce
que ces dernières, ayant un développement de l'intellect, sont souvent
dominées par cette partie de leur conscience qui leur faire perdre beaucoup
de la sensitivité que possèdent les autres femmes qui vivent en contact
intime avec la Nature, bien que des femmes parfois ayant un grand
développement intellectuel L'aient vue aussi. Une dame de l'aristocratie
anglaise m'a raconté que, dans des circonstances semblables, elle avait vu,
debout au pied de son lit, un grand Ange d'une beauté merveilleuse, qui
déversait sur elle comme une insensibilisation, un amortissement de la
douleur, dans ces moments de l'accouchement.
C'est peut-être là Sa plus grande et solennelle fonction. Elle en a
cependant une qui la met en contact plus intime avec l'humanité et consistant
à adoucir les souffrances du monde, à agir comme consolatrice, à fortifier et
encourager ceux qui sont dans le besoin, les tribulations, la tristesse, la
maladie et toute autre adversité.
À ceux à qui ce genre d'idées n'est pas familier, je recommande la
lecture d'une touchante histoire : "Consolatrix Afflictorum", tirée du livre
de Mgr RH, The Light invisible (La lumière invisible), et aussi un petit
volume de Lady Emily Luttyens, The Call of the Mother (L'Appel de la
Mère). Les étudiants de la Théosophie connaissent l'existence de la
Puissante et Glorieuse Hiérarchie, qui est le Gouvernement Intérieur et
Spirituel du Monde. Ceux qui désirent comprendre quelque chose de
l'Organisation de ce Gouvernement Intérieur, feraient bien de consulter le
diagramme très clair et très utile qui se trouve dans le livre L'Évolution
Occulte de l'Humanité, de M. C. Jinarajadasa.
D'après ce diagramme, nous voyons que le Roi Spirituel, le Seigneur du
Monde 1 est le suprême Seigneur et se trouve au-dessus de tous 2, que le Chef
du Second Rayon vient ensuite, et que les cinq autres Rayons (bien que
chaque Rayon soit dirigé par son propre Recteur) se trouvent sous la
direction d'un chef unique appelé le Mahachohan. Nous voyons aussi que le
Manou, le Christ et le Mahachohan travaillent sur un même niveau, comme
Représentant respectivement les Trois aspects du Logos Solaire, en ce qui
concerne le Travail sur les plans inférieurs. Nous ne savons pas si d'autres
Grands Êtres peuvent se trouver à ce niveau, sauf ceux qui, ayant dans le
passé occupé une importante fonction, travaillent maintenant ailleurs.
Les degrés de la Hiérarchie sont ainsi clairement décrits, ainsi que la
disposition des divers Rayons et de leurs chefs les Chohans, et nous pouvons
comprendre que leurs activités ne peuvent trouver place au milieu de celles
qui constituent le Travail de la Mère du Monde, parce que ce Travail
n'appartient en propre à aucun de ces Rayons, bien qu'un sentiment de
protection féminine puisse intervenir dans tous les Rayons. De plus, ces
activités qui nous sont signalées indiquent des lignes de travail que nous
pourrions caractériser comme la partie uniquement Humaine de la
Hiérarchie. Il nous faut cependant nous souvenir que le Seigneur Christ est
l'Instructeur des Anges ainsi que des Hommes, et que, de même, le Seigneur
du Monde est le grand Roi Spirituel non seulement de l'évolution humaine,
1
Il est fait allusion aux fonctions dans le Gouvernement Intérieur du Monde et à leurs titulaires, en
de nombreux passages des Écritures Chrétiennes. Le Roi Spirituel, c'est l'Ancien des Jours, le
Melchisédech dont il est dit dans l'Épitre aux Hébreux que le Christ est "Prêtre pour l'éternité, selon
l'ordre de Melchisédech". Le Chef du Second Rayon, le Bouddha, est l'un des Vingt-Quatre Vieillards
de notre Tradition. Le Manou, le représentant de Dieu le Père, est symbolisé par Noé, le père de la
Race Humaine. Quant au Mahachohan, responsable du développement intellectuel de la Civilisation,
c'est le Paraclet, véritable hypostase de l'Esprit Saint. L'étrangeté du vocabulaire oriental ne doit pas
nous cacher que les mêmes Êtres nous sont plus familiers sous d'autres noms. (NDT) Mais notre
connaissance de tout ceci est limitée et fragmentaire, et la géographie politique du monde, du point
de vue des Armées Angéliques, demeure encore à relever. Il serait pour le moins téméraire d'essayer
d'établir une comparaison ayant quelque signification entre les Personnages les plus avancés de ces
deux Évolutions. Je pense, cependant, que nous pourrions, sans craindre de nous tromper, considérer
la Mère du Monde, Notre Dame de Lumière, comme un Être d'une dignité égale à celle des "Chohans"
qui sont les recteurs d'un des sept Rayons.
2
Il est aussi le Chef Suprême du Premier Rayon sur la terre. (NDT)
mais aussi du Règne Angélique de cette planète. Nous savons qu'il existe un
aspect Angélique de la Hiérarchie, mais nous n'avons encore aucune
information permettant d'établir un classement de même nature.
Nous savons aussi comment tous les Adeptes 3 ont divisé le monde en
"paroisses", de manière que toute Nation ait une sorte d'Adepte-Guide ;
également, que chaque nation a son Ange qui préside à son évolution. De
plus, nous savons que les Anges prennent une part très importante dans la
direction de cette Évolution.
Des Anges aussi, sont à la tête de certains territoires. Il existe toute une
organisation d'Anges ou Dévas majeurs et mineurs qui ont hiérarchiquement
autorité sur les Esprits-Dévas locaux, gardiens d'une forêt, d'une vallée ou
d'un lac.
Je crains que dans la majeure partie des pays de langue anglaise, la
principale difficulté que nous trouverons sur notre chemin, en essayant
d'expliquer le rôle et le Travail de la Mère du Monde, sera l'extraordinaire
préjugé, pénible et déraisonnable, que la généralité des protestants conserve
à l'égard de la doctrine catholique de la Bienheureuse Vierge Marie.
Inévitablement, nous serons accusés de nous efforcer d'introduire
l'Hyperdulie (Culte qui est rendu à la Mère de Dieu, chez les Catholiques
Romains), et d'avoir secrètement l'intention d'influencer nos lecteurs dans le
sens des enseignements de l'Église de Rome, puisqu'il y a tant de fausses
conceptions à ce sujet.
Les Églises Romaine et Grecque ont une profonde révérence pour le
Nom de la Très Sainte Vierge Marie, bien que la plupart de leurs membres
connaissent bien peu de la signification réelle du symbolisme magnifique et
poétique qui s'y rattache. L'Église Anglicane a restreint l'hommage qui Lui
est dû, tandis que les Chrétiens qui ne sont pas en communion avec Elle,
s'en détournent généralement, trouvant idolâtre d'adorer une femme, attitude
mentale, résultat simplement de la bigoterie et de l'ignorance.
Si nous désirons réellement comprendre la vérité à ce sujet, nous devons
commencer par libérer complètement notre mental de nos préjugés. Et le
premier point à comprendre est que personne n'a jamais adoré une femme
(ou un homme) dans le sens que les Protestants fanatiques attribuent à ce
terme. Ils sont incapables de comprendre l'attitude des Catholiques envers
3
La Communion des Saints de notre tradition. (NDT)
Notre Dame et les Saints. Nous qui sommes des étudiants de la Théosophie,
nous devons adopter une position plus claire que celle que nous avions et
essayer de découvrir quelle est réellement celle des Catholiques, avant de la
condamner. Voyons ce que dit l'Encyclopédie Catholique, à l'article
"Adoration" qui peut passer pour un exposé approuvé et autorisé, du point
de vue Romain, à ce sujet :
"Il y a de grandes variétés d'adoration. Si celle-ci est
adressée : directement à Dieu, elle est supérieure, absolue
et suprême. C'est un véritable culte d'adoration, ou pour
employer le terme théologique consacré, un culte de
Latrie. Ce culte suprême s'adresse seulement à Dieu ;
adressé à une créature, il devient de l'idolâtrie. Quand le
culte est adressé indirectement à Dieu, c'est à dire quand
son objet est la vénération des martyrs, des anges et des
saints, c'est un culte subordonné, dépendant du premier et
relatif, car il honore des créatures de Dieu à cause de leurs
relations particulières avec Lui. Ce culte est nommé par
les théologiens : culte de Dulie. Ce terme dénote une
servitude, signifiant, quand on l'utilise, qu'il est rendu à
des serviteurs distingués de Dieu, que ce sont leurs
services qui leur donnent droit à notre vénération.
Comme la Bienheureuse Vierge a un rang à part et une
suréminence absolue entre les saints, on désigne
l'adoration qui lui est adressée, sous le nom
"d'Hyperdulie".
Il me semble qu'après ce qui vient d'être exprimé, le sujet parait, dans
son ensemble, admirablement clair et présente une attitude correcte et
défendable. La traduction des trois mots grecs : "latria", "dulia" et
"hyperdulia", d'une signification délicatement nuancée, par un seul mot
anglais "worship" – qui signifie à la fois "culte" et "adoration" – a apporté
parmi nous beaucoup de confusion. Je pense que cette incompréhension,
jointe à une ignorance substantielle, chez la majeure partie des gens qui
méconnaissent les subtilités des distinctions théologiques, et ont une
fâcheuse prédisposition à considérer comme non habilités ceux qui ne
pensent pas comme eux, sont précisément les responsables de ce manque
d'intelligence de la question et des sentiments d'aversion dont elle est la
cause. Je suggère qu'entre nous, et dans notre littérature, nous distinguions
les sens des mots de la façon suivante : Seul, le terme "Latria" exprimerait
l'Adoration, "dulia" pourrait être traduit par révérence ou vénération et
"hyperdulia" comme profonde révérence. Mais le point que nous devons
bien avoir présent à l'esprit est que, jamais, une personne instruite, en aucun
temps et en aucun lieu, n'a confondu une révérence de cette nature – telle
que celle qui doit être fort justement offerte, en propre, à tous les Grands et
Saints Êtres – avec cette suprême adoration qui est due seulement à Dieu.
Ne nous y trompons pas !
Bien des choses ont été dites sans beaucoup de discernement, à propos
de l'idolâtrie… en particulier par des gens qui avaient intérêt à imposer leurs
croyances aux autres, afin de leur enlever le désir et l'opportunité de
comprendre le point de vue de personnes plus sages et plus tolérantes. Si ces
gens-là avaient compris quelque chose à l'étymologie, ils se seraient rendu
compte que le mot idole signifie image ou représentation, et peut-être se
seraient-ils demandé ce que représentait l'image. Qu'ils le veuillent ou non,
ce n'est pas l'idole, mais la réalité qui est derrière elle, que les "sauvages", si
calomniés, adorent ; ce ne sont pas le bois ou la pierre dont les missionnaires
parlent avec tant de complaisance.
L'image, le tableau, la Croix, le Lingam du Shivaïte, le livre sacré du
Sikh, toutes ces choses sont des symboles et non des objets d'adoration par
eux-mêmes, mais que ceux qui comprennent révèrent, parce que ces choses
nous rappellent précisément certains aspects de Dieu, afin que nous
tournions nos pensées vers Lui. En Inde, ces Aspects se désignent par
beaucoup de noms, et les missionnaires se hâtent de dénigrer l'Indou, en le
traitant de polythéiste. Cependant, le Coolie qui laboure son champ est
capable de leur dire qu'il n'y a qu'un Dieu, et que toutes ces images ne sont
que des aspects de Lui, sont des chemins pour L'approcher, divisés et
matérialisés, afin que l'Infini puisse être attiré plus près de nous et que nos
pensées puissent finalement L'appréhender.
Nous ne devons pas manquer de charité et de compréhension ; il nous
faut avoir une meilleure attitude et plus de sympathie envers ceux qui
suivent un autre sentier pour arriver aux pieds de Dieu en Qui tous croient
également, au Père aimant dont le Christ nous a parlé, la Vérité Une de Dieu
qui a dit, dans une autre Manifestation que la Révélation Chrétienne : "Toute
véritable adoration vient à Moi, quel que soit le Nom auquel elle est offerte",
et encore : "Lorsque les hommes s'approchent de Moi, toujours, en vérité, je
vais au-devant d'eux ; quelque sentier que suivent les hommes, c'est Mon
sentier". Il n'EST rien d'autre que Dieu ; et pour quiconque nous ressentons
du respect, de l'adoration, de l'amour, c'est au Dieu qui se manifeste à travers
lui que, partiellement, ce respect, cette adoration, cet amour sont offerts.
"J'ai beaucoup de brebis qui ne sont pas de ce troupeau ; il faut aussi que Je
les amène, et ils entendront Ma voix, et il y aura un seul troupeau et un seul
berger." Nous étant ainsi efforcés de nous élever au-dessus des miasmes de
l'ignorance et de la bigoterie, jusqu'à l'air plus pur de la justice, et de la
compréhension, considérons, dans cet état d'esprit, la manifestation pleine
de beauté et merveilleuse de l'amour et de la puissance divine qui sont
enchâssés dans le nom de la Mère du Monde. Je ne pense pas qu'une
personne ayant reçu notre éducation occidentale trouvera facile à
comprendre la richesse du symbolisme en usage dans les religions
orientales. Et l'on oublie que le Christianisme est une religion orientale,
exactement comme le Bouddhisme, l'Indouisme ou le Zoroastrisme. Le
Christ a pris un corps Juif… un corps oriental ; et ceux auxquels Il
s'adressait, avaient les façons orientales de penser, et pas du tout les nôtres.
Ils avaient, dans toutes ces religions, une Méthode très complexe de
symbolisme, et ils prônaient une grande satisfaction de leurs symboles ; ils
les tissaient dans tous les sens et les combinaient et les exprimaient
adorablement dans la poésie et l'art. Mais notre propre tendance est d'aller
vers ce que nous appelons l'esprit pratique, et nous avons tendance à
matérialiser toutes ces idées et souvent, par-là, de beaucoup les dégrader.
N'oublions jamais que notre religion vient de l'orient et que, si nous
voulons la comprendre, nous devons d'abord considérer tout, comme le
ferait un oriental, et ne pas appliquer nos théories scientifiques modernes,
jusqu'à ce que nous soyons capables de voir à quel point elles s'adaptent. Il
se peut qu'elles puissent s'adapter ; mais à moins que nous ne sachions
comment, nous sommes tout près de faire naufrage à propos de l'ensemble,
et nous courons un risque sérieux de prétendre que ceux qui proposeront
l'allégorie ne connaissaient rien à rien et se trompaient sans espoir. Ils ne se
trompaient pas du tout. Ces mythes anciens, pleins de beauté, transmettent
leur signification, sans placer nécessairement de froids faits scientifiques
devant ceux qui n'ont pas suffisamment développé leur mental pour les saisir
sous cette forme. Ceci était bien compris de l'Église Primitive.
Il y a toujours beaucoup plus, derrière ces pensées étranges et poétiques
des hommes du passé, que la plupart des gens ne le croient. C'est folie que
d'être imbu d'un préjugé ignorant ; il vaut mieux, de très loin, essayer de
comprendre. Tout ce qui, en matière de religion, et partout, a pu aider
l'humanité au moyen de l'art, a toujours derrière soi une réelle vérité. C'est
à nous d'exhumer cette vérité, à nous d'enlever le dépôt laissé par les âges,
pour faire resplendir la vérité.
Cela est vrai en ce qui concerne le glyphe plein de beauté de la
Bienheureuse Vierge Marie. Il y a trois idées distinctes, impliquées dans ce
que, généralement, on pense à Son sujet :
1.
L'histoire de la mère du disciple Jésus, ce qu'elle fut et ce qu'elle
devint par la suite.
2.
La mer de matière vierge, la Grande Profondeur, l'eau sur la face
de laquelle l'Esprit de Dieu se mouvait.
3.
L'Aspect Féminin de la Divinité.
Ces idées, au cours des siècles, se sont confondues, dégradées et
matérialisées, jusqu'à ce que, sous la forme dans laquelle le récit est présenté
actuellement, il soit devenu impossible pour tout homme sensé. Mais il n'en
est pas ainsi, si nous l'analysons et comprenons sa signification réelle, si
nous séparons le mythe et le symbole de l'histoire d'une personne ayant vécu.
L'Église Romaine enseigne à ses enfants la Naissance Virginale de Jésus et
l'Immaculée Conception de la Vierge Elle-Même par Sa mère Sainte Anne.
Le premier de ces événements est contraire aux lois de la Nature (qui sont
les lois de Dieu, l'expression de Sa volonté), et il n'est donc pas possible qu'il
ait eu lieu. Le second, je pense, est généralement supposé signifier (au moins
pour ceux qui n'ont pas fait d'étude spéciale en théologie) que Notre Dame
a été conçue, comme, son Divin Fils, par l'adombrement du Saint-Esprit ;
mais en se référant à des publications Catholiques Romaines autorisées, on
voit qu'il n'en est pas ainsi, car ce qui est enseigné, c'est qu'Elle fut conçue
de la manière ordinaire, comme le reste de l'humanité, Ses parents étant
Saint Joachim et Sainte Anne. Il y est expliqué que la doctrine de
l'Immaculée conception signifie seulement que le mythique cours de ce
qu'on appelle le péché originel (supposé avoir été hérité d'Adam) n'avait pas
été imposé par Dieu à l'embryon de Notre Dame.
Je désire être absolument loyal dans mon exposé de cette étonnante
doctrine, mais je dois admettre qu'elle me parait une invention théologique
inutile et même fantastique. Je n'ai jamais trouvé la moindre valeur
historique à la curieuse histoire d'Adam, d'Ève et de la pomme. Et je crois
que toute la théorie du péché originel est une mauvaise façon d'expliquer le
fait que l'homme apporte avec lui, de ses existences précédentes, une
certaine quantité de "karma" 4 Si on essaie d'interpréter cela en suivant cette
ligne, peut-être que la doctrine de l'Immaculée Conception pourrait être
considérée comme revenant à dire que Notre Dame avait déjà éliminé tout
mauvais karma et, par conséquent, était née dans Sa vie en Palestine,
pratiquement sans karma. Je n'ai pas d'information à ce sujet.
Présenter ces idées comme des faits s'étant réellement passés dans la vie
d'une dame de l'aristocratie juive est une erreur ; ils n'auraient pas pu se
passer donc ils ne se sont pas passés. Mais si nous les considérons comme
des symboles d'un certain stade dans le processus de la création et de
l'évolution d'un système solaire, ils trouvent tout naturellement leur place et
apparaissent beaux et pleins de signification. L'histoire d'une vie, dépouillée
de ces symboles, devient cohérente.
La même Église représente la Fête de Son Assomption comme
commémorant l'enlèvement d'un corps physique dans le monde céleste…
une fois de plus une impossibilité manifeste. Mais lorsque nous réalisons
que ce n'est rien d'autre qu'une description poétique de l'entrée de l'Adepte
triomphant dans le Royaume Angélique, nous voyons tout de suite à quel
point sont justes beaucoup de choses qui ont été écrites à ce sujet, et quelles
merveilleuses descriptions elles ont inspirées.
Examinons tout d'abord la dernière vie physique de Notre Dame de
Lumière, et les conséquences qui L'ont suivie et qui L'ont conduite, plus
tard, à accepter la Charge qu'Elle assume à présent.
On doit comprendre que le disciple Jésus naquit comme naissent les
autres hommes. Cette étrange doctrine de l'Immaculée Conception que nous
venons d'essayer d'expliquer, le récit de l'adombrement de la Bienheureuse
Vierge par le Saint-Esprit, et de la Naissance Virginale, tout ce groupe
d'idées se réfère à des mythes, à des symboles. Il a une réelle signification
et est susceptible d'une interprétation pleine de beauté, comme je vais
maintenant essayer de le montrer… mais n'a pas de rapport avec le corps
physique de Jésus.
La mère de ce corps physique fut une dame juive de noble naissance,
mais, s'il faut en croire la tradition, peu fortunée. Il ne faut pas penser à
Joseph (qui, ne l'oublions pas, était de la lignée de David), comme à un
charpentier, car cela fait partie du symbolisme et non de l'histoire. Selon ce
symbolisme, Joseph est le gardien de la Bienheureuse Vierge… de l'âme,
4
Terme sanscrit qui signifie "action", et, par extension, "résultat" des actions passées. (NDT)
dans l'homme. Il représente l'intellect, et parce que l'intellect n'est pas le
créateur de l'âme – mais la meuble et la décore seulement, – Joseph n'est pas
un Maçon, comme le Grand Architecte de l'Univers, mais un charpentier.
Nous ne devons pas penser à Notre Seigneur comme travaillant dans la
boutique d'un charpentier… ceci est tout simplement un exemple de la
confusion et la matérialisation introduites par ceux qui ne comprennent pas
le symbolisme.
La mère de Jésus, cependant, fut une noble dame de Judée, une
descendante de la maison royale de David. En vérité, celle qui fut choisie
pour un si grand honneur doit avoir été pure et sincère et d'un caractère sans
défaut… une grande sainte. Car, seule, une sainte pouvait donner naissance
à un corps si pur, merveilleux et glorieux. Elle vécut une vie sainte et pieuse,
et aussi de terribles souffrances, qu'Elle supporta avec une patience et une
noblesse d'âme merveilleuses, avec des consolations extraordinaires. Nous
ne connaissons que peu de détails, nous n'en saisissons
qu'occasionnellement, dans les minces récits contemporains ; mais ce fut
une vie qu'il nous ferait du bien d'imaginer pour nous-mêmes, un exemple
pour lequel nous pouvons bien remercier Dieu. Cette vie La conduisit très
loin sur le sentier ascendant, assez loin pour rendre possible un
développement ultérieur étrange et plein de beauté que je vais maintenant
expliquer.
Ceux qui étudient la vie intérieure savent que, lorsque l'homme a atteint
la fin de la partie purement humaine de son évolution – lorsque le pas suivant
l'élèvera à la condition surhumaine de l'Adeptat – dans un règne élevé d'une
façon aussi définie au-dessus de l'humanité que l'homme l'est, au-dessus du
règne animal, "Lorsque le dessein qui a fait de lui un homme, a été
parachevé…" plusieurs lignes de croissance s'ouvrent devant lui, et il lui est
laissé de choisir celle qu'il prendra. Occasionnellement aussi existent des
conditions selon lesquelles ce choix, dans une certaine mesure, peut être
anticipé. Ce n'est pas ici le lieu de discuter cette alternative ; qu'il suffise de
dire que l'une des possibilités est de devenir un grand Ange ou messager de
Dieu… de joindre l'évolution Deva, comme dirait un Indou. Et ce fut cette
ligne que Marie Notre Dame choisit, lorsqu'elle atteignit le niveau où une
naissance humaine ne lui était plus nécessaire.
Un très grand nombre d'Anges n'ont jamais été humains parce que leur
évolution s'est poursuivie sur une autre ligne, mais il y a des Anges qui ont
été des hommes qui, à un certain stade de ce développement, ont choisi de
suivre la ligne Angélique, qui est une ligne des plus glorieuses, magnifiques
et secourables. Ainsi, Celle qui, il y a deux mille ans, porta le corps de Jésus
afin qu'il puisse, plus tard, être pris par le Christ, est un puissant Esprit.
Beaucoup de bel enthousiasme et de dévotion ont été, de par les siècles,
déposés à Ses pieds ; des milliers et des milliers de moines et de nonnes, des
milliers et des milliers d'hommes et de femmes sont venus à elle parce qu'ils
souffraient, et Lui ont présenté leurs peines, et ont prié afin qu'à Son tour
elle présente leurs demandes à Son Fils. Cette dernière forme de prière vient
d'une erreur de jugement, parce que Lui, qui est le Fils Éternel de Dieu, et
en même temps le Christ en chacun de nous, n'a besoin que personne
n'intercède pour nous auprès de Lui. Il sait, avant que nous ayons parlé,
beaucoup mieux que nous, ce qui est le mieux pour nous. Nous sommes en
Lui, et nous avons été créés par Lui, et sans Lui rien n'a été fait, pas plus
nous-mêmes que le plus petit grain de poussière, dans tout l'univers. "Il est
plus proche que notre souffle, plus près que nos mains et nos pieds". On ne
prie pas les grands Anges pour qu'ils intercèdent, si on comprend, si l'on sait
que Lui, le Fils de Dieu, en qui tous les Anges vivent, se meuvent et ont leur
être, accomplit déjà pour nous ce qui peut être fait de mieux.
Mais, de même que l'on peut demander du secours à un ami humain
dans la chair – comme, par exemple, on peut lui demander de nous
encourager de sa pensée – et qu'on peut demander une aide à ce même ami
humain, lorsqu'il a rejeté son vêtement de chair, de même peut-on, de la
même manière, demander le même genre de secours à ces Grands Esprits,
au niveau plus élevé où ils se trouvent.
Il n'y a rien de déraisonnable ou d'antiscientifique. J'ai personnellement
reçu des lettres de gens qui avaient étudié ce genre de sujet, me disant qu'à
tel ou tel moment, devant passer par telle difficulté… une opération
chirurgicale, par exemple, ou peut-être par quelque autre expérience
particulièrement éprouvante, ils me demandaient de penser à eux à ce
moment-là, de leur envoyer une pensée d'aide. Naturellement, je le faisais
toujours. Et comme je sais qu'il ne peut y avoir d'effet sans cause, et que, de
même, il n'y a pas de cause effective qui ne produise un résultat, je sais que
si moi – ou l'un d'entre vous – prenons la peine de fixer notre pensée sur
quelqu'un qui est dans la peine ou les difficultés et de lui envoyer des idées
secourables, d'essayer de placer devant lui quelque chose qui le fortifiera
dans sa peine, nous pouvons être tout à fait certains que cette force de pensée
produira son effet, qu'elle se dirigera vers cette personne et réagira sur elle.
À quel point cela aidera cette personne, dépend de sa réceptivité, de la force
de la pensée envoyée et de diverses autres circonstances ; mais il est
absolument sûr qu'un effet est produit. Et ainsi, lorsque nous adressons une
requête pour obtenir de l'un de ces Grands Êtres une pensée amicale,
secourable ou qui nous réconforte – qu'il s'agisse d'un Saint vivant en ce
monde ou ayant déposé son vêtement de chair, ou de l'un des Grands Anges,
assurément ce secours viendra à nous et nous donnera de la force. C'est le
cas, avec la Mère du Monde. Il y a pourtant des gens qui voudraient nous
faire croire que tous ces sentiments splendides pour le Bien, tout cet amour
et cette extrême dévotion, ont été répandus pour se perdre et ne servir à rien.
À nous qui sommes habitués à des pensées plus larges et plus saines, cela
parait incroyable mais je pense réellement que, dans leur curieuse ignorance,
les ennemis les plus enragés de l'Église pensent cela véritablement. Ils vont
même encore plus loin et disent qu'il est mauvais, impie et blasphématoire
pour un homme, d'éprouver pour Elle cet amour et cette dévotion ! Cela
parait une folie, mais je crains qu'il n'y ait vraiment de tels gens.
Naturellement, la vérité est qu'il n'y a pas de dévotion, pas d'amour, pas
de bons sentiments qui puissent jamais avoir été mauvais, à qui que ce soit
qu'ils aient pu être adressés. La dévotion et l'affection ont été souvent
prodiguées à des objets indignes, mais, ce ne fut pas un acte mauvais de la
part de ceux qui les prodiguaient, seulement un manque de discernement. Il
en a toujours résulté un bien pour celui qui déverse son amour, et par là
développe son âme.
Souvenons-nous que, si nous aimons une personne, c'est le Dieu qui est
en cette personne que nous aimons. Le Dieu qui est en nous reconnait le
Dieu qui est en elle. La profondeur appelle la profondeur, et la
reconnaissance de la Divinité est une bénédiction. L'amoureux voit souvent
dans l'objet de son amour, des qualités que personne d'autre ne peut
discerner ; mais ces bonnes qualités sont présentes à l'état latent, parce que
l'Esprit de Dieu est au-dedans de celui qui aime, tend à appeler ces qualités
latentes à se manifester. Celui qui en idéalise un autre, tend à faire de cet
autre ce qu'il pense qu'il est.
Pourrions-nous donc supposer que toute la belle et merveilleuse
dévotion adressée à la Mère du Monde ait pu être perdue ? Tout homme qui
pense ainsi a une pauvre compréhension de l'économie divine. Aucun
sentiment vrai et saint n'a jamais été perdu, depuis le commencement jusqu'à
la fin des temps. Car Dieu, qui nous connait tous, s'arrange pour que le
moindre trait de dévotion, le moindre sentiment de compréhension, la
moindre pensée de dévotion, puissent toujours être reçus, puissent toujours
élaborer leur plus complète possibilité, et rapporteront toujours Sa réponse.
Dans ce cas particulier, et dans Son Amour Infini, Il a désigné la Mère de
Jésus – agissant comme un puissant Ange – pour qu'Elle reçoive ces prières,
qu'Elle en soit le canal, qu'Elle accepte cette dévotion et la fasse parvenir
jusqu'à Lui. C'est pourquoi la révérence qui est offerte à Marie, et l'amour
déversé à Ses pieds, n'ont jamais été perdus. Ils ont produit leur résultat, ils
ont accompli leur œuvre.
Siècle après siècle, les plus riches trésors de l'art ont tiré leur inspiration
de la beauté de Sa divine maternité ; Sa gloire a été chantée dans les strophes
de la musique la plus magnifique ; Sa sagesse a inspiré les plus grands
docteurs et instructeurs de l'Église, car Elle est le Cœur de la Sagesse, la
Mère du Véritable Amour, de la patience, de la persévérance et de la sainte
espérance. Elle qui a gardé dans Son cœur toutes les paroles de Jésus.
Si nous essayons de comprendre cela, nous verrons combien plus
grande est la réalité, que les conceptions stériles selon lesquelles toute
pensée élevée, toute dévotion, toute louange qui ne sont pas dirigées vers un
Nom particulier, doivent inévitablement s'égarer. Pourquoi Dieu Se
limiterait-Il, à cause de nos erreurs ayant trait aux noms ? Il regarde le cœur,
non les paroles. Les paroles sont conditionnées par les circonstances
extérieures… par le lieu de naissance de celui qui parle, par exemple. Nous
sommes chrétiens, parce qu'il nous est arrivé de naitre en Angleterre, en
Amérique ou dans quelque autre pays chrétien, et non pas parce que nous
avons comparé et examiné toutes les autres religions, et choisi délibérément
le Christianisme. Nous sommes Chrétiens parce que c'était la foi de
l'entourage que nous avons trouvé, et que nous l'avons acceptée.
Cette idée ne s'est-elle jamais présentée à vous, que si nous étions nés
en Inde, nous aurions été Indous ou Mahométans, tout naturellement, et que
nous aurions déversé notre dévotion envers Dieu sous les noms de Shiva,
Krishna ou Allah, au lieu du nom de Christ ? Si nous étions nés à Ceylan ou
en Birmanie, nous aurions été d'ardents Bouddhistes… Quelle importance
ces considérations locales peuvent-elles avoir pour Dieu ? C'est à cause de
Sa Loi de parfaite justice, à cause de Son plan d'évolution, que telle de Ses
créatures est née en Angleterre, telle autre en Inde ou à Ceylan, en raison de
leurs besoins et de leurs mérites.
Quand la dévotion est adressée par un homme à Dieu, Dieu la reçoit par
le canal qu'il a désigné à cet homme ; chacun est gratifié de la même façon,
et justice est rendue. Ce serait une immense et choquante injustice, si une
dévotion honnête pouvait être mise de côté ou rejetée. Jamais la moindre
obole n'a été rejetée. Les Voies de Dieu sont différentes des nôtres, et Sa
compréhension de toutes ces choses, plus large et plus grande que la nôtre.
Comme Faber l'a écrit :
"Car nous avons fait Son amour trop étroit
Par nos propres et fausses limitations
Et nous avons glorifié Sa rigueur
Avec un zèle qui n'est pas le Sien."
Les récits que nous entendons faire sur la Mère du Monde peuvent être
bien basés sur des faits. Nous avons entendu parler de Son apparition à de
nombreuses personnes et en des lieux divers… à Jeanne d'Arc, par exemple.
Il est plus que probable de la part de ce grand Ange qu'Elle ou Il (car il n'y
a rien qui rappelle le sexe, à un niveau aussi élevé) soit apparu en personne.
Il n'y a, à cela, aucune impossibilité, et il est bien peu vraisemblable que
tous les gens qui rendent témoignage de ces apparitions aient été trompés,
hypnotisés ou victimes d'une étrange erreur. Tous ceux qui étudient ces
choses, savent que des pensées dirigées avec persévérance, sur un sujet
déterminé, produisent de puissantes formes-pensées qui sont très près de la
limite de la visibilité. Des milliers de ce genre de formes ont été faites, au
sujet de Notre Dame de Lumière, et nous pouvons être surs qu'Elle n'a
jamais manqué de répondre, en les remplissant le plus complètement et de
la façon la plus effective.
De toutes les façons, il, est certain que certaines de ces formes-pensées
pourraient, en des circonstances favorables, devenir physiquement visibles,
et même si elles demeurent "astrales" – c'est à dire émotionnelles – des
personnes sensitives sont souvent capables de les voir. La terrible tension
sans précédent de la guerre, a rendu beaucoup de gens sensibles aux
impressions psychiques, comme ils ne l'avaient jamais été auparavant. C'est
ainsi qu'il nous arrive d'entendre actuellement beaucoup de récits
d'apparitions, de visions, où des manifestations de la Mère du Monde y
tiennent la meilleure place.
On dit également que des cures merveilleuses se sont produites à
Lourdes et en d'autres lieux, à cause de la Foi qu'on avait en Elle. Il est
probable que ces cures ont eu lieu. Il n'y a là rien qui soit antiscientifique,
rien qui s'écarte de la raison et du bon sens. Nous savons parfaitement qu'un
fort déversement de forces mesmériques produit certaines cures.
Nous ne connaissons pas les limites de ce genre de force, mais il est bon
de se rappeler qu'il y a une vérité derrière toutes ces choses.
C'est ainsi que c'est Elle qui a adressé, par le Dr Besant, ce merveilleux
Appel aux Femmes, à travers le monde. Dans La Fraternité des Anges et des
Hommes, Geoffrey Hodson écrit à Son sujet :
"Elle œuvre sans cesse pour la cause de la maternité dans
l'humanité, et toujours Elle fait appel à la cour de Ses
Anges, utilisant Ses puissantes énergies pour travailler à
élever, de par le monde, le sens de la maternité. Par les
Anges, Ses messagers, Elle est présente à chaque
naissance humaine – sans être vue et sans que cela soit
connu, c'est vrai – mais si les hommes voulaient ouvrir
leurs yeux, Elle se révèlerait. Elle adresse ce message à la
Fraternité des hommes :
"Au Nom de Celui que j'ai porté il y a bien
longtemps, je viens à votre aide. J'ai pris toutes
les formes dans mon cœur, afin qu'une partie
d'elles-mêmes s'y tienne et que je puisse, par-là,
les aider lorsque le moment vient où elles ont
besoin d'être secourues. Élever la condition des
femmes de notre race, jusqu'à ce qu'elles soient
toutes considérées comme des Reines, et que,
pour de telles Reines, chaque homme soit devenu
un Roi, afin que chacun puisse honorer l'autre et
voir sa Royauté. Que chaque foyer, si petit soitil, devienne une cour, chaque fils un chevalier et
chaque enfant un page. Que tous se traitent les
uns les autres avec chevalerie, honorant en
chacun leur lignée et leur naissance royales. Car
il y a, en chaque homme, un sang royal ; tous sont
enfants du Roi."
Il nous reste maintenant à considérer comment nous pouvons nous
rendre dignes du privilège de La servir, Elle qui s'offre à nous. Et également,
à parler des aspects symboliques de la Mère du Monde.
LE TRAVAIL, DE NOS JOURS
Il nous faut maintenant, nous tourner vers l'histoire moderne et
considérer le travail de la Mère du Monde, de nos jours, et l'occasion qu'Elle
nous a récemment offerte d'y prendre une certaine part. Il y a maintenant
quelques années qu'Elle a parlé à certains d'entre nous, à ce propos. En fait,
je crois que ce fut à moi qu'échut l'honneur de présenter ce sujet à l'attention
d'un groupe choisi de nos frères à la suite d'une audience que la Mère du
Monde eut la grâce de m'accorder.
Dans Sa responsabilité de gardienne de la féminité, Elle travaille en
contact particulièrement étroit avec les agents des Lipikas, les Seigneurs du
Karma, qui ont le devoir de trouver des naissances convenables à la vaste
armée des Égos attendant de venir en incarnation. Ceci cause souvent des
difficultés considérables, demandant les ajustements les plus délicats pour
concilier des demandes opposées, car naturellement le karma opère dans
plusieurs directions. Si le karma de l'Égo qui s'incarne est d'avoir tel et tel
parents, qui lui donneront (ou éloigneront de lui) les occasions qu'il aura
méritées, il existe aussi le karma de ces parents d'avoir tel ou tel enfant qui
puisse évidemment affecter très sérieusement leurs vies, et leur apporter
beaucoup de joie ou beaucoup de peine.
En ce point particulier de l'Histoire, le Manou 5 de notre Cinquième
Race-Racine est au travail pour développer les prémices d'une nouvelle
sous-race, la Sixième, qui possèdera de nombreuses caractéristiques
nouvelles, considérablement en avance sur ceux dont fait montre l'homme
moyen de nos jours.
Comment travaille-t-il à amener à l'existence cette nouvelle sous-race ?
Souvenez-vous que la chose n'a rien de miraculeux. La nouvelle sousrace n'est pas créée par un effort unique : elle doit se développer lentement
par degrés, à partir de ce qui existe déjà. Je suppose que si le Manou décidait
de le faire, Il pourrait choisir un certain nombre de personnes et leur dire :
"Vous constituerez la nouvelle Sous-Race", et il pourrait produire certains
changements dans leurs corps et leurs cerveaux, pour que cela soit possible.
Mais la Nature ne travaille pas de cette façon. Et quand nous disons : "La
5
D'après les renseignements fournis par Mgr Leadbeater et ses collaborateurs, il est un grand Être qui
est le fondateur et le progéniteur de chacune des races humaines et qui prend le nom de Manou de
cette race. Il s'incarne maintes fois dans la race confiée à ses soins, pour lui donner les caractéristiques
physiques et morales exigées par le plan de Dieu pour l'évolution de l'humanité. (NDT)
Nature ne travaille pas de cette façon" nous voulons dire : "Ce n'est pas ainsi
qu'agit la Volonté du Logos". Tout changement est graduel, et nous pouvons
voir pourquoi il en est ainsi. Nous sommes, chacun d'entre nous, des entités
vivantes, et à cause de cela, nous ne pouvons changer d'une façon
fondamentale que très lentement. Vous pouvez prendre ce qu'on appelle la
matière inanimée – naturellement, elle n'est pas réellement inanimée ! –
vous pouvez prendre du métal, le fondre et le couler dans un moule assez
rapidement, mais si vous êtes un jardinier et si vous voulez donner une
certaine forme à une plante ou un arbre, vous ne pouvez pas les prendre et
changer leur forme d'un seul coup, comme vous l'avez fait avec le métal. Si
vous le faisiez, vous détruiriez probablement l'arbre. Il vous faut le
persuader graduellement de se développer dans telle ou telle direction. Il en
est de même avec tous les organismes vivants, mais certains sont plus
éveillés que d'autres. Il en est certainement de même pour nous. Nous avons
en nous-mêmes les possibilités de développement pour toutes les
caractéristiques nécessaires à cette nouvelle sous-race. Je ne doute pas que
chacun d'entre nous les possède, du moins je l'espère. Il en est de même avec
nos enfants. Ils ont en eux les capacités nécessaires, mais elles ont besoin
d'être développées, et le développement doit être graduel, si nous voulons
préserver l'unité et la santé de l'être vivant. C'est pourquoi la méthode du
Manou et de Ses lieutenants (car il y a des milliers et des milliers d'Anges
et d'hommes travaillant sous Sa direction) est celle du développement
graduel.
Parfois vous nous entendez parler d'enfants ou de jeunes gens pleins de
promesses. Qu'entendons-nous par-là ? C'est qu'actuellement, il existe des
enfants qui, déjà, montrent quelques-unes des caractéristiques de cette
nouvelle sous-race. Non pas toutes : ce serait une chose extrêmement rare
que de trouver un enfant montrant toutes les caractéristiques de la nouvelle
sous-race. Si un tel enfant existait, il se développerait jusqu'au degré
d'Adepte ou au moins d'Arhat. Mais de semblables manifestations sont,
jusqu'à maintenant, très rares. Il se pourrait que vous trouviez, dans votre
entourage, un enfant ayant vingt-cinq pour cent des caractéristiques de la
nouvelle sous-race. Même dans ce cas, vous avez beaucoup de chance, car
c'est très inhabituel à ce degré, et il est bon – bien plus, c'est un devoir
solennel – de donner à ces enfants toute possibilité de se développer dans la
bonne direction.
Ainsi, il se trouve que Notre Dame, la Mère du Monde, est actuellement
très préoccupée par le problème de prévoir des incarnations convenables
pour les Égos développés, et ce n'est rien moins qu'une tâche aisée. Des
milliers d'Égos avancés sont prêts à s'incarner et anxieux de le faire afin
d'apporter une aide au travail de l'Instructeur du Monde 6, mais la difficulté
consistant à trouver des corps convenables est très grande. Par exemple,
nous avons le cas de ceux qui sont morts au cours de la grande guerre, qui
ont abandonné leur vie sur le champ de bataille pour défendre la vérité et la
justice. La guerre a été, certes, une terrible chose de la part des agresseurs,
ce fut peut-être le plus grand crime de l'histoire du monde ; mais puisqu'il
fallait qu'elle eût lieu, Ceux qui dirigent l'évolution, l'utilisèrent pour opérer
le tri de leurs matériaux, pour séparer le grain de la paille. Tous les hommes
les plus nobles de cette génération y prirent part d'une façon ou d'une autre ;
ce fut une épreuve formidable qui leur fut appliquée. Ils s'élevèrent à la
hauteur des circonstances, ils passèrent l'épreuve, ils saisirent l'occasion.
C'est pourquoi ils méritèrent un karma merveilleusement bon, c'est pourquoi
ils se gagnèrent une somme de progrès qu'ils n'auraient pu obtenir dans une
douzaine d'incarnations. Ils gagnèrent la faveur de s'incarner dans la sixième
sous-race.
Ils appartenaient à toutes les catégories, à tous les niveaux ; certains
artistes et raffinés, d'autres rudes et grossiers ; mais tous avaient cette grande
qualité en commun, ils étaient prêts à faire le sacrifice suprême, prêts à
risquer leur vie pour un idéal. Le changement consistant à pénétrer dans la
nouvelle sous-race ne pourra soudainement les polir tous. Cela ne peut
changer leurs caractéristiques principales. Ce furent des héros, mais qui ne
sont pas devenus nécessairement des saints, ni des hommes hautement
raffinés ou cultivés. Mais la sixième sous-race ne sera pas entièrement
composée d'Adeptes, comme certaines personnes semblent le supposer !
Nous ne pouvons pas tous être prêtres, médecins ou artistes : il faudra,
comme actuellement, des charpentiers, des forgerons, des cultivateurs. Cette
nouvelle race contiendra des hommes de toutes les classes, exactement
comme en contient la sous-race actuelle d'où nous tirons notre évolution.
Alors, comme maintenant, nous nous trouverons à des niveaux variés
d'avancement ; mais j'espère et je crois que nous aurons certaines grandes
qualités en commun que, seulement, très peu de gens ont eu dans la
cinquième sous-race : nous serons beaucoup plus libéraux, avec moins de
6
Le Christ. (NDT)
préjugés, plus libres en pensée et en action, plus fraternels et compatissants.
Le Rdt. W. Chignell a bien exprimé cela :
"Voyez quels triomphes sont devant nous
Alors que passent les ans et les âges !
L'erreur bannie par la vraie connaissance
La froideur par le souffle de l'amour.
Jusqu'à ce que le soleil et la terre, enfin,
Appartiennent à des hommes d'une plus noble facture,
À l'intelligence et au cœur plus larges,
Tendres et virils, pleins de révérence et de courage."
Il y aura donc, éventuellement, place pour tous, mais, ici et maintenant,
des corps convenables sont nécessaires à cette vaste phalange, et autant qu'il
est possible parmi des gens à l'esprit nouveau et épris de progrès. Où les
trouver en nombre suffisant ? Les "simples soldats" sont graduellement,
quoi que lentement, pourvus. Les "officiers" constituent un sérieux
problème. À cause de l'ostentation d'une folle prodigalité, une malheureuse
coutume est en train de se développer dans le monde occidental, que les
hommes et les femmes n'ont pas les moyens de se marier, que les familles
nombreuses coutent trop cher pour être pratiquement possibles. Ne
comprenant pas quelle merveilleuse opportunité la féminité leur offre, les
femmes désirent être libres des contraintes du mariage, afin de pouvoir
singer la vie et l'activité des hommes, au lieu de tirer avantage de leurs
propres privilèges. Une telle ligne de pensée et d'action est manifestement
désastreuse pour l'avenir de la race, car elle signifie que beaucoup, parmi les
meilleurs parents possibles, ne prennent pas part à sa perpétuation, mais
laisse celle-ci entièrement entre les mains des Égos les moins désirables et
les moins développés. Du point de vue occulte, la gloire la plus grande d'une
femme n'est pas de devenir un dirigeant de la société, ni de prendre de hauts
degrés universitaires, et de vivre platement dans un dédaigneux isolement,
mais de procurer des véhicules à des Égos qui sont sur le point de venir
s'incarner, et de présider sur un foyer dans lequel ses enfants puissent
convenablement être formés, dans le bonheur à vivre leur vie et à accomplir
le travail qui leur a été dévolu dans le monde. Et ces fonctions qui leur
appartiennent sont considérées comme quelque chose qu'il faut cacher et
mettre de côté, ou quelque chose dont on aurait honte. C'est pourtant la très
grande gloire d'une incarnation féminine, la grande opportunité que les
hommes ne peuvent pas avoir et qu'ont les femmes. Ce sont les femmes qui
accomplissent ce grand travail d'aider le monde pour que la race continue,
et elles le font au prix de souffrances dont nous, hommes, ne pouvons avoir
l'idée.
C'est justement parce qu'il en est ainsi – à cause du grand travail
accompli et des terribles souffrances qu'il impose – qu'il existe ce
département spécial du gouvernement intérieur du monde ; et le devoir de
ceux qui en ont la charge est de s'occuper de chaque femme au temps de ses
souffrances et de lui donner toute l'aide et la force que son karma le permet.
La Mère du Monde a, à sa disposition, une vaste phalange d'Êtres
Angéliques, et à la naissance de chaque enfant, l'un de ceux-ci est toujours
présent comme Son représentant. C'est pourquoi nous pouvons vraiment
dire que, dans ce représentant et à travers lui, la Mère du Monde Elle-même
est présente au chevet de toute femme qui souffre. Son Ministère s'étend à
toutes, de la même façon ; Elle n'établit pas de distinction entre riche et
pauvre, entre la sainte et la pécheresse, entre celle qui est mariée et celle qui
ne l'est pas ; Elle est véritablement l'incarnation de la pitié et de la
compassion divines, et il Lui suffit qu'un enfant doive venir au monde,
qu'une mère ait besoin du service pour qu'Elle s'empresse de le dispenser
avec Joie.
Ce que la Mère du Monde souhaite, c'est d'achever de spiritualiser l'idée
de la maternité et celle du mariage, et ceux d'entre nous qui désirent La servir
doivent s'efforcer de faire usage, dans cette direction, de toute l'influence
dont ils peuvent disposer. Certains d'entre nous, peut-être, peuvent faire des
conférences, d'autres écrire des articles. Elle n'est absolument pas satisfaite,
en général, de l'état d'esprit du public en Europe à ce sujet. Elle dit que la
maternité n'est pas réellement comprise par la plupart des gens dans les pays
occidentaux, elle n'est pas considérée comme elle devrait l'être, comme un
merveilleux privilège, mais bien plutôt regardée comme presque
dégradante. Sa sympathie va pleinement à ces femmes qui, vraiment et à
juste titre, se rebellent contre l'idée d'être les esclaves de la convoitise des
hommes, mais dit que néanmoins l'opinion générale à ce sujet n'est pas du
tout ce qu'elle devrait être. Elle affirme que les gens se marient pour toutes
sortes de raisons fausses et matérielles : souvent à cause de la convoitise et
du désir, quelquefois pour des raisons d'intérêts telles que de réunir deux
propriétés voisines, parfois pour obtenir titre et situation, et d'autres fois,
surtout pour des questions d'argent. Elle maintient que la seule raison
véritable de se marier, c'est lorsqu'un amour vrai et spirituel d'une grande
intensité existe entre les deux parties, parce que c'est seulement dans ces
conditions qu'elles peuvent fournir des véhicules convenables à des Égos
hautement développés. Les idées des Indous, sur ce point, sont généralement
bien meilleures ; mais, même chez eux, elles ne sont pas mises entièrement
en pratique.
Actuellement, Elle considère comme étant d'une importance vitale
d'essayer de convertir le monde occidental à un point de vue plus spirituel,
parce que c'est principalement de parents de la Cinquième sous-race que
doivent naitre les enfants de la sixième. Dans bien des directions il semble
qu'un nouvel âge s'ouvre devant nous, qu'il existe des signes de l'aube d'un
jour nouveau. Cet âge, ce jour, devraient être l'âge, le jour de la femme, car
– comme l'un de nos Maitres l'a souligné il y a longtemps – ce n'est pas
lorsque la femme aura pris sa véritable place dans le monde, qu'elle pourra
porter des corps pouvant convenir au Bouddha ou au Christ. Dans une note
qui se trouve à la fin des Paradoxes de la Haute Science, d'Éliphas Lévi,
nous trouvons :
"Les auteurs de The Perfect Way (La Voie Parfaite) ont
raison ; la femme ne doit pas être considérée seulement
comme un apanage de l'homme, car elle n'a pas été créée
pour son avantage et son plaisir, pas plus que lui, pour les
siens propres. Mais on doit réaliser que les deux ont un
pouvoir égal, quoique les individualités soient
dissemblables."
Jusqu'à l'âge de sept ans, le squelette des filles ne diffère pas de celui
des garçons et les spécialistes des os auraient du mal à les différencier. La
mission de la femme est de devenir mère de futurs occultistes… de ceux qui
naitront sans péché. La rédemption et le salut du monde dépendent de
l'élévation de la femme. Et tant que les femmes n'auront pas rompu les liens
de leur esclavage sexuel, auquel elles ont toujours été assujetties, le monde
ne saura pas ce qu'elles sont réellement et quelle place leur revient dans
l'économie de la nature. L'Inde antique, l'Inde des Rishis, a jeté la première
la sonde dans cet océan de Vérité ; mais l'Inde d'après le Mahabarata, malgré
toute la profondeur de son enseignement, l'a négligé et oublié.
La lumière qui lui viendra, et qui viendra pour le monde dans sa totalité
– lorsque le monde appréciera et découvrira les vérités sous-jacentes à ce
vaste problème du sexe – sera comme "la lumière qui n'a encore jamais brillé
sur la mer ou le continent"… Cette lumière conduira jusqu'à la hauteur de
l'intuition spirituelle. Alors, le monde aura une race de Bouddhas ou de
Christs, car le monde aura découvert que les individus ont, en propre, le
pouvoir de procréer des enfants semblables à des Bouddhas – ou des
démons. Quand apparaitra cette connaissance, toutes les religions
dogmatiques et avec elles, les démons, mourront. E.O. 7.
En relation avec ces idées, Notre Dame, la Mère du Monde, attache la
plus grande importance à l'éducation des enfants. De même, Elle soutient
que, dans son ensemble, l'attitude de la Civilisation Occidentale vis-à-vis du
problème de la maternité et de la situation de la femme mariée est une
erreur ; Elle nous avertit, aussi, que nous avons complètement manqué notre
but dans nos maladroites tentatives d'éduquer la génération de l'avenir. Le
mot latin "educere" signifie "conduire" et aussi "faire sortir", et l'objet
premier de toute éducation devrait être de développer les capacités latentes
de l'enfant… découvrir ce qu'il peut faire bien, et ensuite l'aider à apprendre
comment le faire. Mais nous ne faisons que commencer à comprendre cela,
et pendant des siècles, la méthode de ceux auxquels nous avons confié
l'éducation des jeunes a été de réprimer toute individualité et de les forcer
tous à entrer dans le même moule, à remplir leur cerveau d'une grande masse
de faits inassimilés et de peu d'utilité, au lieu de leur expliquer le but réel de
la vie et de leur montrer la meilleure façon de l'atteindre. Nous sommes mis
dans ce monde, afin de pouvoir apprendre à y vivre nos vies avec profit pour
nous et au bénéfice des hommes nos frères ; et cependant, c'est à peine si
nos maitres d'école font le moindre effort pour instruire nos enfants de la
manière dont cela peut être réalisé. La façon dont chaque homme utilise son
actuelle incarnation, affectera son progrès futur à travers les âges, favorisera
ou contrariera sa croissance, en tant qu'âme. Et cependant, combien faible
est le secours apporté à l'enfant sur ce point, le plus important de tous, par
ceux qui entreprennent de l'y préparer.
Laissant, pour le moment, les admirables méthodes adoptées dans les
"Jardins d'Enfants" et les systèmes "Montessori" pour le développement des
très jeunes enfants, il est à peine exagéré de dire que le seul entrainement
existant actuellement, pour ceux qui sont un peu plus âgés, et qui sont dans
la bonne direction, est celui qui est donné aux Éclaireurs, garçons et filles,
et dans la Table Ronde. La devise de ce dernier mouvement : "Vis pur, Dis
vrai, Rajuste l'injuste, et Suis le Roi, Embrasse tout ce qui est le plus
important dans la Vie"… et la promesse de l'Éclaireur "d'accomplir Son
Devoir pour Dieu et le Roi, et d'aider les Autres à tout moment", n'est rien
d'autre qu'une présentation différente de la même idée, qui est un peu plus
7
E.O. signifie Éminent Occultiste, pseudonyme donné par M. Sinnett au Maitre KH.
développée dans la Loi Scoute, qui lui enjoint "d'avoir de l'Honneur, d'être
Loyal, courtois, économe, propre en pensée, en parole et en action, et d'être
l'ami de tous : des animaux comme des Hommes ".
C'est là, la véritable éducation… l'éducation qui rend la vie digne d'être
vécue ; si un garçon bénéficie de cet entrainement, il est de peu d'importance
qu'il passe des examens ou qu'il conquière des grades universitaires.
L'examen est un des plus grands maux de la vie moderne. Dans bien des cas
et bien des pays, un garçon est empêché de postuler à un poste dans un
service gouvernemental ou dans toute autre situation d'importance… non
pas, notez-le, parce qu'il n'a pas montré d'aptitude pour le travail qu'il aurait
à faire dans cette situation, mais parce qu'il n'aura pas réussi à passer un
examen terriblement difficile sur de nombreux sujets n'ayant pas la moindre
relation avec la vie pratique. Se préparer à cet examen représente souvent
des années de vie antinaturelle et malsaine, de surmenage intellectuel, de
manque de sommeil et d'exercice convenable, de vie confinée en chambre,
de travail fatigant à une lumière artificielle insuffisante… de tout ce qui est
le moins désirable pour la croissance d'un corps physique.
L'Un de nos Maitres disait, en nous donnant de minutieuses directives
pour l'éducation d'une personne jeune qui avait été confiée à nos soins :
"Cinq heures par jour, réparties avec soin, avec de
fréquents intervalles de repos, est le maximum de ce qui
pourrait être consacré au travail intellectuel par un garçon
ou une fille en pleine croissance ; ce qui ne peut être appris
dans ce laps de temps devrait demeurer inappris."
La Mère du Monde, parlant récemment sur ce sujet de l'éducation,
disait :
"Je n'ai pas d'objection contre le fait d'apprendre dans les
livres. Il est bon de le faire dans une certaine mesure, cela
est même nécessaire pour réussir dans son travail ; mais je
m'élève contre le fait d'imposer une contrainte et un
esclavage incessants sur une jeune vie qui devrait être
bienheureuse. Le mal qui est ainsi fait, dépasse en
importance le possible bénéfice hypothétique résultant du
remplissage du cerveau par des faits supposés."
Chaque année, ces examens deviennent de plus en plus difficiles,
détruisant l'âme, de plus en plus. Il sera bientôt nécessaire à des parents
sensibles et prévoyants d'intervenir avec détermination contre ce désastreux
système et de dire : "Vous pouvez reprendre vos degrés universitaires, nous
ne les désirons pas : le prix exigé est trop élevé et le résultat trop maigre".
Toutefois, ce ne pourra se faire que si le gouvernement se relâche de ses
inutiles exigences, ou lorsque des employeurs de bon sens s'uniront en grand
nombre et seront d'accord pour accepter des collaborateurs faisant montre
de capacité, d'empressement et d'aptitude dans leur travail, sans se référer
aux étiquettes qui peuvent leur être attachées.
La Mère du Monde insiste fortement pour qu'une vie spirituelle sur cette
génération : l'amour, le mariage, la Maternité et les relations entre les sexes,
d'une façon générale, soit inculquée avec tact et délicatesse, mais tout à fait
clairement, aux enfants, afin qu'ils puissent apprendre les faits de la vie qu'il
leur est nécessaire de connaitre du point de vue le plus élevé.
Si alors nous désirons nous joindre à la cohorte glorieuse de ceux qui
travaillent pour la Mère du Monde, plusieurs lignes d'activité s'ouvrent
devant nous. Par des conférences, par nos écrits ou en usant de notre
influence privée parmi nos amis, nous devons essayer de faire de notre
mieux pour promouvoir et exposer la grande idée de la spiritualisation de
l'amour et du mariage, de placer devant tous, jeunes et vieux, les idéaux les
plus élevés sur ce point, les pressant de ne rien accepter qui leur soit
inférieur. Ou bien, nous pouvons essayer d'apporter notre aide à instruire les
femmes de l'hygiène de l'enfantement, et de la nécessité de sa préparation,
aussi bien physique que spirituelle ; ou encore, de veiller à ce que des
femmes pauvres puissent avoir des conditions convenables d'existence dans
les moments qui précèdent et qui suivent l'accouchement. Ou encore, nous
pouvons nous dévouer sur l'une des lignes de travail en relation avec le
développement d'une éducation correcte des enfants d'âges divers. Nous
devrions avoir présente à l'esprit la grande fonction de la Mère du Monde
comme "Consolatrix Afflictorum", la Consolatrice des Affligés, de sorte que
tout secours que nous pouvons apporter à notre prochain en détresse puisse
être accordé en Son Nom, afin d'attirer sur celui qui souffre, l'influence de
Sa bonté et de Sa bénédiction.
Maintenant, pour finir, tournons-nous vers un bref examen du
symbolisme qui, au cours des âges, a été associé à la connaissance et au culte
de la Mère du Monde ; car la tentative de mêler ce symbolisme aux faits qui
ont été déjà décrits, a causé beaucoup de la confusion qui a entouré l'idée
centrale, et a souvent paru la rendre incroyable.
LA MATIÈRE VIERGE
Dieu, dans l'Absolu, est éternellement Un. Mais Dieu, dans la
manifestation, est double : vie et substance, esprit et matière, ou comme la
science le dirait, force et matière. Lorsque le Christ, seul né du Père, jaillit
de Son sein, et jette un regard sur ce qui demeure, Il voit en quelque sorte
comme un voile jeté par-dessus… un voile auquel les philosophes de l'Inde
Antique ont donné le nom de "Mulaprakriti", la racine de la matière ; non la
matière telle que nous la connaissons, mais l'essence potentielle de la
matière ; non l'espace, mais ce qui est "à l'intérieur" de l'espace ; ce dont tout
procède, l'élément de la Divinité qui contient et dont l'espace est une
manifestation.
Mais ce voile de matière 8 est également Dieu ; c'est tout autant une
partie de Dieu que l'Esprit qui agit sur lui. L'esprit de Dieu se mouvait sur la
face des eaux de l'espace ; mais les eaux de l'espace sont divines dans leur
constitution, aussi bien que l'Esprit qui se meut au-dessus d'elles, parce que,
partout, il n'est rien d'autre que Dieu. C'est la Substance originelle, sousjacente, dont toutes choses sont faites. C'est, dans la philosophie antique, la
"Grande Profondeur" – et par là, parce qu'elle entoure et contient tout – c'est
la Sagesse céleste qui encercle et embrasse tout. C'est pour cela que les
philosophes, en parlant d'elle, se sont toujours servis du pronom féminin ;
ils parlent de cette "Grande Profondeur", comme "d'Elle". Elle est ainsi
l'âme, macrocosmique et microcosmique, car ce qui est vrai en haut, l'est
aussi en bas.
Ces idées sont quelque peu complexes et étrangères à notre pensée
moderne, mais si nous voulons comprendre une religion Orientale, nous
devons nous donner la peine de saisir cette façon Orientale de voir les
choses. Et alors, nous réalisons comment il se fait qu'Elle, l'autre aspect de
la Divinité, est mentionnée comme étant la Mère, la Fille et l'Épouse de
Dieu. Fille : parce qu'Elle est venue du même Père Éternel ; Épouse : parce
que, par l'opération du Saint-Esprit sur la matière vierge, se produit la
8
Dans d'autres écrits, comme la dernière édition anglaise de La Science des Sacrements, un autre
point de vue est indiqué par Mgr Leadbeater, à savoir que le "voile de matière", la suprême matière,
est créé par l'énergie du jaillissement du Verbe Créateur. Dès lors, Ce qui était, avant la manifestation
du voile, est Mulaprakriti, la Substance Vierge et Mère, l'Épouse du Père, la Mère du Verbe et la
Coopératrice du Saint-Esprit, le véritable État Statique de la Divinité. On pourrait alors repenser
toutes ces pages, en fonction de ces ultimes enseignements de Mgr Leadbeater. (NDT)
naissance du Christ 9 dans le monde ; Mère : parce que, par la matière
seulement est possible cette évolution qui fait naitre l'Esprit du Christ dans
l'homme.
Au-dessus et au-delà de la Trinité Solaire à laquelle nous pensons
habituellement, il y a la Première Trinité de toutes, formée lorsque se
produisit – de ce qui nous parait n'être rien – la Première Manifestation. Car,
dans cette Première et plus élevée de toutes les Trinités – Dieu le Père est
l'Absolu… ce que nous pourrions, en toute révérence, appeler le Mode
Statique de la Divinité. De Lui, jaillit le Christ véritablement le Second
Aspect de la Divinité, et cependant la Première Manifestation, car "nul ne
voit" Dieu le Père. Alors, par l'interaction de la Divinité dans son aspect
suivant – celui du Saint-Esprit qui représente le Mode Dynamique de la
Divinité (la Volonté en action) – de cette essence, de cette racine de toute
matière, viennent tous les mondes et toutes les manifestations ultérieures,
aux niveaux inférieurs quels qu'ils soient, comprenant même la Sainte
Trinité de notre propre système solaire.
L'Aspect Maternel de la Divinité se manifeste ainsi comme l'æther de
l'espace, non pas l'éther qui transmettrait jusqu'à nos yeux les vibrations de
la lumière, car c'est quelque chose de physique, mais l'æther de l'espace, que,
dans la Chimie Occulte, nous appelons "koïlon", et sans lequel il ne pourrait
y avoir aucune évolution… et qui, cependant, est vierge et n'est pas affecté
par l'évolution qui, toute entière, s'y déroule. 10
Dans ce koïlon, ou æther le plus fin, le Christ, l'énergie du Logos ou
Verbe de Dieu, souffle le souffle de vie, et en l'insufflant, Il produit ces
"bulles" desquelles tout ce que nous appelons "matière" est construit (parce
que la matière n'est pas le koïlon, mais l'absence de koïlon) ; et ainsi,
lorsqu'il reprend ce Souffle puissant, les bulles cessent d'exister. L'æther est
absolument inchangé ; il est, après la naissance de la matière en lui – vierge –
comme il était avant, inchangé par tout ce qui s'y est passé ; et à cause de
cela, Notre Dame de Lumière est saluée du nom de Vierge, bien qu'elle soit
Mère de Tout.
9
Le mot "Christ" signifie "oint", c'est à dire consacré. Ce terme a une signification humaine, d'autant
plus qu'il désigne un homme parfait, Notre Seigneur. Ici, son emploi peut créer une confusion, surtout
lorsqu'on parle de la Trinité qui est au-delà des manifestations solaires. Il vaudrait mieux dire : Dieu
le Fils, ou Le Verbe. (NDT)
10
L'édition française de La Chimie Occulte, par A. Besant et Mgr Leadbeater, est épuisée.
Elle est, ainsi, l'essence de la grande mer de matière qui est symbolisée
par Aphrodite, la Reine de la Mer, et par Marie, l'Étoile de la Mer, tandis
que sur les tableaux Elle est toujours vêtue du bleu de la mer et du ciel. Parce
que nous n'évoluons que par notre passage à travers la matière, Elle est aussi,
pour nous, Isis l'Initiatrice, la Vierge Mère de qui le Christ, en nous, est né,
le corps causal, le véhicule de l'âme de l'homme, la Mère de Dieu en qui le
divin Esprit se développe en nous, car le symbole de la matrice est le même
que celui de la Coupe du Saint Graal. Elle est représentée comme Ève
descendant dans la matière et la génération, comme Marie-Madeleine,
lorsqu'elle est unie à la matière d'une façon contraire à la nature, et
lorsqu'elle s'élève, libérée de la matière, de nouveau comme Marie la Reine
des cieux, que son Assomption a fait entrer dans la vie éternelle.
Tant que nous sommes dans les stades inférieurs de notre évolution, et
sujets à la domination de la matière, Elle est pour nous, véritablement, la
Mater Dolorosa, la Mère de tristesse ou la Mère des afflictions, parce que
toutes nos tristesses et nos difficultés nous viennent par notre contact avec
la matière ; mais dès que nous avons conquis la matière, dès que pour nous,
le triangle 11 ne peut plus être obscurci par le carré 12, Elle est alors pour nous,
Notre Dame des Victoires, la gloire de l'Église triomphante, la Femme vêtue
de soleil ayant la lune sous Ses pieds et une couronne de douze étoiles autour
de la tête.
Si nous considérons tout cela en suivant la ligne du symbolisme, la
doctrine selon laquelle la racine de la matière se retire dans l'Absolu, de sorte
que Dieu puisse être tout en tout, est représentée par l'Assomption de la
Bienheureuse Vierge Marie. Les grandes fêtes de l'Église Chrétienne ont
toutes pour intention de montrer à ses membres, une phase après l'autre, ce
qui se produit dans l'œuvre du Grand Architecte de l'Univers, dans
l'évolution du cosmos aussi bien que dans le développement de l'homme.
En étudiant ces mystères, nous ne devons jamais oublier la règle des
philosophes du passé : "ce qui est en haut est comme ce qui est en bas", de
sorte que tout ce que nous voyons prendre place dans cette puissante
évolution mondiale, se trouvera répété, à son niveau bien plus bas, dans la
croissance de l'homme ; et réciproquement, si nous pouvons étudier les
méthodes du développement du Dieu dans l'homme ici-bas, nous trouvons
cette étude d'un secours inappréciable, nous aidant à comprendre mieux ce
11
La Nature Spirituelle, (NDT)
12
Le quaternaire inférieur. (NDT)
développement infiniment plus glorieux qu'est la volonté de Dieu pour
l'univers tout entier. Et, nous instruisant ainsi, nous ne devons pas manquer
de mettre la leçon en pratique. Comme un poète l'a écrit :
"Je dois devenir comme la Reine Marie
Et dois donner naissance à un Dieu,
Si je veux vivre à jamais
Dans la béatitude céleste."
Notez également, pour une compréhension meilleure du symbolisme,
que le Christ en tant qu'Esprit, étant divin dans sa nature, s'élève en vertu de
Sa propre puissance et Sa propre volonté, de même que c'est par Sa propre
volonté qu'il s'élança, au commencement, du sein du Père ; mais Marie,
l'âme, est assumée, attirée par la volonté de Celui qui est à la fois Son Père
et Son Fils ; car, disait Saint Paul, le premier Adam a été créé une âme
vivante, mais le dernier Adam, le Christ, est Lui-Même un Esprit qui vivifie,
qui donne la vie. Ainsi, en suivant Adam, qui représente le mental, tous
meurent, mais en Christ, tous revivent.
L'ASPECT FÉMININ DE LA DIVINITÉ
Il nous faut également réaliser que notre conception la plus élevée de la
Divinité combine ce qu'il y a de meilleur dans les caractéristiques des deux
sexes. Dieu, contenant toutes choses en Lui, ne peut être décrit comme
exclusivement masculin ou féminin. Il ne peut qu'avoir de nombreux
aspects, et dans la religion chrétienne, il y a eu une forte tendance à oublier
ce fait extrêmement important d'une manifestation multiple. Dans la
perfection de la Divinité, tout ce qui est le plus beau, tout ce qui est le plus
glorieux dans le caractère humain, est manifesté.
Dans ce caractère, nous avons des qualités de différentes sortes,
auxquelles, dans notre esprit, nous rattachons principalement ce qui, dans
l'homme, est masculin et plus positif, et d'autres, que notre pensée rattache
plus généralement au côté féminin. Par exemple : l'énergie, la sagesse,
l'orientation scientifique, et ce pouvoir destructeur qui, dans la religion
Indoue, est symbolisé par Shiva… tout ce que nous considérons
habituellement comme masculin. Mais l'amour, la beauté, la gentillesse,
l'harmonie, la tendresse, nous les considérons comme plus spécialement
féminines.
Cependant, toutes ces caractéristiques sont considérées par nous comme
faisant également partie de la Divinité, et il est naturel que les hommes aient
séparé ces deux aspects du Dieu et aient pensé à Lui comme au "Père-Mère".
Dans toutes les grandes religions de ce monde, jusque tout récemment, ces
deux aspects se sont montrés. C'est ainsi que ceux qui suivaient ces
religions, reconnaissaient non seulement des dieux, mais aussi des déesses.
En Inde, nous avons Parvati, Lakshmi, Uma, Sarasvati ; en Grèce, nous
eûmes Héra, Aphrodite, Déméter, Pallas, Athéna ; en Égypte, Isis et
Nephtis ; en Chine, Kwan-Yin ; à Rome, Junon, Vénus, Minerve, Cérès,
Diane, Bellone. Tandis que dans d'autres religions, nous trouvons Astarte
ou Astaroth, la Reine des Cieux. Des représentations d'Isis avec l'enfant
Horus dans ses bras, sont exactement semblables à celles de la Bienheureuse
Vierge Marie portant l'enfant Jésus ; on dit même que d'anciennes statues
égyptiennes sont encore en usage dans plusieurs églises Chrétiennes, de nos
jours. Les Chrétiens ignorants accusent de polythéisme les membres des
anciennes Religions… d'adorer plusieurs dieux. C'est tout simplement une
méconnaissance de ce que ce polythéisme signifie. Tous les gens instruits
ont toujours su qu'il n'y avait qu'un seul Dieu ; mais ils ont toujours su, aussi,
que ce Dieu Unique Se manifeste de diverses façons, et à tous égards autant
et aussi complètement, à travers une forme féminine qu'à travers une forme
masculine, à travers ce qu'on appelle l'aspect négatif de la vie, qu'à travers
son aspect positif.
Nous qui avons été élevés dans les idées chrétiennes, trouvons parfois
un peu difficile de nous rendre à l'évidence que nous avons rétréci et rabaissé
les enseignements du Christ à un point tel que dans bien des cas, ce que nous
soutenons actuellement n'est que le travestissement de Son enseignement
originel. Nous avons été élevés à la mesure de notre religion, pas d'une
manière philosophique. Nous n'avons jamais appris à apprécier la valeur des
religions ou des mythologies comparées. Ceux qui ont beaucoup étudié ces
choses, trouvent qu'elles projettent un flot de lumière sur bien des points qui,
autrement, sont incompréhensibles. Nous voyons que si tout est Dieu, et s'il
n'est rien d'autre que Dieu, alors la matière est Dieu aussi bien que l'esprit ;
et il y a, dans la Divinité, un aspect féminin et passif, comme un aspect
masculin, et cependant qui n'est double en aucune façon.
Tout ce qui est, est Dieu ; mais nous pouvons Le voir à travers des verres
diversement colorés et de bien des points de vue différents. Nous pouvons
Le voir comme le puissant Esprit animant toutes choses ; mais ces choses
qui sont animées, ces formes, ne sont moins rien que Dieu, car il n'est rien
d'autre que Dieu. Et ainsi, nous voyons ce que nous pouvons appeler le côté
féminin de la Divinité ; et de même que le côté masculin de la Divinité a de
nombreuses manifestations, le côté féminin a aussi de nombreux aspects.
C'est ainsi qu'aux jours de jadis, il y avait de nombreux dieux et déesses,
chacun représentant un aspect, et les dieux avaient leurs prêtres, et les
déesses leurs prêtresses, qui avaient, dans la religion, une part aussi
importante que les prêtres.
Mais dans les dernières grandes religions : le Christianisme et l'Islam
(venant toutes deux du Judaïsme qui ignorait le côté féminin), l'Instructeur
du Monde n'a pas choisi d'insister sur cette division, et c'est pourquoi, dans
le Christianisme et l'Islam, nous n'avons seulement que des prêtres, c'est
pourquoi les forces qui se déversent au cours des services de l'Église – bien
qu'elles incluent toutes les qualités – sont cependant arrangées et dirigées
pour s'écouler seulement à travers un corps masculin… du moins jusqu'à
présent.
Dans l'ancienne Égypte, ces forces étaient divisées, parce que telle fut
la volonté de l'Instructeur du Monde lorsqu'il fonda la religion Égyptienne,
certaines de ces formes s'épanchant à travers la manifestation d'Osiris, et les
autres à travers celle d'Isis. C'est pourquoi les premières étaient administrées
par des prêtres d'Amon-Râ, le Dieu Soleil, et les autres par les prêtresses
d'Isis. Et Isis était aussi profondément honorée et considérée comme aussi
élevée, à tous points de vue, que l'aspect masculin. Elle était la grande
Divinité bienfaisante, la Mère dont l'influence et l'amour pénétraient tous les
cieux et la terre.
Il est temps que ceux qui sont Chrétiens apprennent à comprendre le
symbolisme de leur propre Église, apprennent à voir combien il possède
d'aspects différents, de sorte que toute idée qui nous est présentée, évoque
une foule de pensées élevées et utiles, et non une seule. On a déjà fait
allusion à cette autre suite de symboles dans laquelle les différents stades,
dans la vie terrestre du Christ, représentent les quatre grandes Initiations, et
Son Ascension représentant la cinquième. 13
Dans cette ligne d'interprétation, également, s'insère l'histoire de Marie
Notre Dame, car Sa Nativité y représente la première apparition de la
matière en relation avec l'Égo à son individualisation, tandis que Son
Annonciation représente ce qu'on appelle communément la conversion, ce
qui dirige l'homme dans la bonne direction, et fait de la naissance du Christ
en lui un résultat nécessaire, lorsque la longue période de la gestation prend
fin. De la même façon, l'Assomption signifie l'élévation finale et complète
de l'Égo ou Âme se retirant dans la Monade.
Si nous considérons l'autre aspect de la symbologie qui se réfère à la
descente du Christ 14 dans la matière, à Sa naissance, la Nativité de Notre
Dame est la formation de "Mulaprakriti", par le jaillissement de la Seconde
Personne, comme nous l'avons déjà mentionné, tandis que l'Annonciation
est la première descente du Saint-Esprit dans la matière. Le Saint-Esprit
descend et adombre les océans de matière vierge, "maria" ; l'Esprit de Dieu
se mouvait sur la face de l'abime, et ainsi l'Annonciation est cette première
descente que, dans une autre phraséologie, nous appelons la "Première
13
Selon les informations données dans ses ouvrages par Mgr Leadbeater, la 1re Initiation ou Nouvelle
Naissance est l'accession au "Royaume des Cieux". Chaque Initiation est l'ouverture à l'activité de
l'âme d'un nouveau monde supérieur, champ d'expérience à conquérir et à maitriser, avant d'atteindre
la suivante. (NDT) Notre Dame, la Mère du Monde, ne correspond pas exactement à chacune de ces
représentations, ou plutôt, peut-être, Elle en inclut plusieurs, élevées, sur un plan supérieur de la
pensée. L'approximation qui, dans l'antiquité, est la plus voisine de la conception que nous avons
d'Elle, est probablement la figure de Kwan-Yin, la Mère de Pitié et de Connaissance, telle qu'on la
connait dans le Bouddhisme du Nord, en Chine et au Tibet.
14
Le Christ Cosmique ou Verbe (NDT)
Vague de Vie", qui amène les éléments chimiques à l'existence. Mais c'est
seulement après une longue période de gestation, que la matière est préparée
pour la "Seconde Vague de Vie" qui vient de la Seconde Personne de la
Trinité, et alors le Christ est né dans la matière (comme à Noël). Plus tard
encore, vient la "Troisième Vague de Vie", quand chaque homme reçoit
individuellement en lui-même l'étincelle divine de la Monade, et qu'alors
l'Âme ou Égo dans l'homme, prend naissance. Mais c'est un stade bien plus
éloigné.
Dans les anciennes Fois religieuses, comme nous l'avons dit, il y avait
plusieurs représentations de l'Aspect Féminin. Pour les Romains, Vénus le
représentait comme amour, Minerve comme sagesse, comme notre mère la
terre, Bellona comme celle qui défend.
Notre Dame est essentiellement Marie, la Mère, le modèle de l'amour,
de la dévotion et de la pitié ; la Sagesse céleste, certes, mais surtout la
"Consolatrix Afflictorum", celle qui console et réconforte, qui aide tous
ceux qui sont dans les difficultés, la peine, le besoin, la maladie ou toute
autre adversité.
Car Elle est, non seulement un canal à travers lequel l'amour et la
dévotion parviennent jusqu'au Christ, Son Fils et Son Roi, mais Elle est, en
retour, un canal pour le déversement, en réponse, de l'amour du Christ.
Ainsi, aussi bien du point de vue du symbolisme que de celui des faits,
le Chrétien a de bonnes raisons de conserver les fêtes de Notre Dame Bénie,
et de se réjouir de la sagesse et de l'amour qui nous ont été dispensées par
cette voie d'approche, et d'en être pleins de gratitude envers le Christ qui
nous les donna, et envers Notre Dame par qui toutes ces choses nous sont
données.
Nous pouvons donc nous joindre au chœur de louanges qui s'élève dans
le Monde entier, et répéter les paroles de l'Ange Gabriel :
"Je Te salue, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec
Toi ; sois bénie entre toutes les femmes !"
Ave Maria ! Toi dont le nom Mérite toute notre adoration ! Puissionsnous trouver Ton sanctuaire ; Car Ton Fils, notre Chef, a fait vœu de
couronner tous les hommes au front fier D'amour et de joie semblable aux
Tiens !
FIN DU LIVRE