Spéciale Anglo-Arabes - La grande semaine de Pompadour
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Spéciale Anglo-Arabes - La grande semaine de Pompadour
20 septembre 2013 Spéciale Anglo-Arabes L’édition 2013 de la Grande Semaine de Pompadour est très internationale. Que ce soit du côté des cavaliers ou des éleveurs, l’évènement est une référence pour les jeunes chevaux et les Anglo-Arabes. Côté AngloArabes ce sont les sardes et les polonais qui s’intéressent vivement au Championnat de France de la race. Championnat Anglo-Arabe Un bon cru Les polonais ne sont pas venus pour rien. C’est Boguslow Dabrowski pour son cheval Epona (voir 2e photo page 4) par Juniperus et Werbel qui remporte le championnat des pouliches de 2 ans AA avec la note de 8,27 au général et surtout un 9,05 au modèle. Une seconde femelle obtient une moyenne générale supérieure à 8 avec des notes plus homogènes : Babylou Martrettes par Veloce de Favi et Carmina du Grasset qui appartient à Jennifer Gasc. Photo à droite. Troisième Brasilia Bay par Quack et Gazelle du Clos avec la note de 7,80 (8,60 au modèle). Cette pouliche appartient à Isabelle Bay. Côté mâles de 2ans AA, c’est un sarde qui s’illustre. Il est quasiment ex-aequo (8,58 contre 8,56) avec un polonais. 1er Socu Deo (photo ci-dessous à gauche) par King Size et Zeosola appartenant à Anotnio Monte. Second, Aport par Frazes et Awelana. Il appartient à M. Dabrowski. (Voir 1ère photo page 4). En troisième position avec une moyenne de 8,36, Quazam par Quack et Ambre des Graves qui appartient à Fabienne Minetti. (Photo ci-dessous à droite) Histoire Jacques Chambas, 35 ans de maison et des histoires plein la tête En fin d’année, trois agents du Haras national de Pompadour prendront leur retraite. Parmi eux, Jacques Chambas. Entré aux Haras nationaux sur un coup de tête voici 35 ans, il a été tour à tour cavalier, étalonnier, maréchal,… Petit retour sur un pan complet de l’histoire équestre de Pompadour. Jacques a évidemment vécu les vingt éditions de la Grande Semaine. Il en garde beaucoup de souvenirs, pas toujours très agréables comme en 2006 où Pompadour avait connu le déluge. « J’avais passé ma journée à tirer des vans » se souvient-il. « Pour moi la Grande Semaine est synonyme de choses positives, toujours à dépanner Pierre, Paul, Jacques, à remettre un fer, etc. » dit-il avec un grand sourire. Menuisier-ébéniste de profession, Jacques est arrivé à Pompadour en 1978, poussé par sa passion du cheval. « Je n’y connaissais rien » avoue-t-il. «A l’époque, il y avait un concours administratif pour entrer aux Haras, avec que de la théorie, et je suis sorti 3e. J’ai eu un entretien avec M. Pechdo et M. Lavergne, qui étaient directeur et sous-directeur, et j’ai joué franc-jeu en leur disant que j’adorais les chevaux mais que je n’y connaissais rien. » Qu’à cela ne tienne, Jacques se retrouve affecté à l’entraînement dans une écurie près du château, où il débourre avec ses collègues 30 à 40 chevaux par an. « Les premières fois, ça a été un peu difficile. Ma première fois en selle, c’était avec Dominique Ouvrard, Robert Michelet au fouet et Merovée, un cheval gris (un AA par Fayriland II, *AA*, ndlr) qui faisait office de cheval d’école. Il n’aurait pas dû bouger mais ce jour-là il le fit. Dominique Ouvrard m’avait dit ‘Jacques, tu te penches à l’intérieur un peu en biais et ça devrait le faire.’ Quand la séance fut finie, il m’a demandé si j’étais déjà monté à cheval. Je lui répondis que non ! Il ne voulait pas me croire ! ». 8 jours plus tard, Jacques se retrouve sur l’hippodrome en selle sur Le Cocardier… ensuite muté aux étalons, puis devient maréchal-ferrant pendant 5 ans. « Nous étions trois maréchaux et nous avions 450 chevaux à l’entretien sur les sites de Chignac, Chamberret, La Rivière, etc., dont 120 étalons. La plupart était ferrés. En parallèle, je partais en monte 4 mois de mi-mars à mi-juillet dans mon pays, en Creuse. » Jacques gérait la station de Feltin, où il logeait et entretenait les écuries tout en assurant les tournées en camion dans un rayon de 30km. C’était un peu le système du facteur, mais au lieu de lettres, nous distribuions des étalons !». Un étalon a particulièrement marqué sa carrière : Oulben d’Emeric (AA), un fils de Jalienny (AA). « Il était très très difficile. Je l’avais eu pour sa première saison de L’apprentissage dure deux ans. Jacques est monte, et je l’ai proposé à la réforme. Il Oulben, l’Anglo apprivoisé m’avait cassé des barreaux, ça ne se passait pas bien. M. Maurel, directeur de l’époque, m’a incité à continuer, ‘tu as le feeling, ça va passer’ me disait-il. Quand je l’ai récupéré, il était au refus à l’obstacle. J’ai accepté d’essayer une année de plus mais je ne le sentais pas. Et finalement, grâce à lui, j’ai concouru en saut d’obstacles en France et à l’étranger, et nous avons vécu de vrais bons moments. » Profondément attaché aux Haras nationaux, aux hommes et aux chevaux qu’il a rencontré durant sa carrière, Jacques profite pleinement de cette dernière Grande Semaine avec l’enthousiasme qui l’a toujours guidé. Cycle Classique 5 ans Prix Cavalassur Thomas Carlile poursuit son chemin et se met en bonne position pour un doublé dans les 5 ans avec Upsilon (AACR) - photo cicontre - et Ditodina S (KWPN). Nicolas Touzaint place Ultrasong (SF) en 3e position dans le championnat. Côté Critérium International, Thomas reste en tête avec ses deux chevaux suivi d’Alexis Bonnard (photo de droite) qui monte Hermann du Loing (HAN). Du côté des autres nations c’est l’Italie en meilleure position grâce au cheval Dilottie monté par Antonio Rusticoni. Championnat des 7 ans Prix Sothys La catégorie reine a pris possession du rectangle de dressage hier après-midi. 39 couples ont déroulé leur reprise et c’est Bart L (KWPN) qui domine ce premier test. Le Champion des 6 ans 2012, Saturne Champeix*TC (AA), pointe pour le moment à une très bonne 4e place. L’occasion de faire le point avec son cavalier Francis Clément. d« J’aurais pu avoir un pour-cent ou deux de plus, et aller chercher Sirroco du Gers (actuel 2e, ndlr). J’ai commis deux trois petites fautes d’inattention, un manque de concentration, des trucs qu’on fait à la maison en lisant le journal. Là, nous sommes en concours, et je n’ai pas été assez précis. Des petites fautes de rien du tout, mais quand on arrive dans les 72%, ce sont les détails qui font la différence. J’ai la note que je mérite. Maintenant, il faut encore être double zéro. » Revenant de sa reconnaissance du cross, Francis Clément semble confiant. « ça ne sera pas un concours de dressage, c’est bien ! Le temps va être difficile à faire. Et il reste encore le saut d’obstacles. Il ne faudra pas prendre trop de temps sur le cross. Même si tu ne rentres pas tout à fait à l’heure, certains chevaux auront du mal à récupérer pour le CSO. Il faut gérer tout ça, c’est un championnat. Par rapport aux 6 ans, c’est surtout le temps et la vitesse, 550m/min, et une ou deux combinaisons, mais je ne pense pas que ce soit plus dur pour les chevaux. C’est surtout d’allier ces difficultés à la plus grande vitesse, c’est ça qui va faire la différence. » Au classement provisoire à l’issue du dressage : 1- Bart L (KWPN) / Mathieu Lemoine / 38.45 pts – 2- Sirocco du Gers (AA) / Thomas Carlile / 40.00 pts – 3- SRS Orlando (ISH) / Thomas Carlile / 42.59 pts 4- Saturne Champeix*TC (AA) / Francis Clément / 42.76 pts – 5- Sultan de la Motte (CS) / Arnaud Boiteau / 44.83 pts. Francis Clément suit les conseils de Jean-Luc Force Championnat de France Anglo-arabe La Pologne, l’autre pays de l’Anglo-arabe Chaque année, le Championnat de France de la race Anglo-arabe donne l’occasion d’inviter des éleveurs venus de nations membres de la Confédération Internationale Anglo-arabe (CIA). Si les Sardes sont fidèles à Pompadour depuis déjà une demie douzaine d’années, les Polonais participent pour la première fois avec leurs chevaux aux finales Anglo-arabes. L’occasion de découvrir comment fonctionne la filière en Pologne. Elle gère à elle seule l’ensemble de l’identification des huit stud-books membres de l’Association des Eleveurs de Chevaux et Poneys de Pologne. Agnieszka Brokowska Szymanska pilote les éleveurs présents et leur sert d’interprète – dans un français presque parfait - afin qu’ils puissent présenter leurs chevaux dans les mêmes conditions que leurs homologues français. Les 2 ans ont semblé un peu impressionnés par l’environnement du test à l’obstacle. « Nous avons mis en place le saut en liberté seulement cette année à l’occasion du Championnat de Pologne des Anglo-arabes» explique-t-elle. « Auparavant, les chevaux étaient uniquement présentés en main. Cette année, les chevaux étaient très bien préparés.» Ce constat positif va sans doute inciter l’association à renouveler ce mode opératoire, d’autant que les éleveurs montrent un vrai intérêt pour comparer leur production à celle des meilleurs français. L’Anglo Polonais Si en France le stud-book Anglo-Arabe existe officiellement depuis des décennies et a toujours conservé son indépendance, en Pologne, il n’en est rien. « C’est un peu compliqué » avoue Agnieszka Szymanska. « Les races sont en général rattachées à des régions. Les Anglo-arabes font partie du stud-book Malopolska (du nom de la région du sud-est de la Pologne et dont la capitale est Cracovie, ndlr). Au sein de ce stud-book, certains chevaux répondent aux critères du stud-book Anglo-arabe et sont inscrits dans une section spéciale. » Au total, le Malopolska rassemble 1200 juments reproductrices dont environ 300 Anglo-arabes. « L’an dernier, nous avons enregistré un peu plus de 200 naissances Anglo-arabes ». Ce chiffre est à mettre en regard du millier de naissances en race pure comptabilisées en France. Aux côtés de ce stud-book Malopolska, l’association regroupe également le Wielkopolska (nordouest de la Pologne, autour de Poznan) aux origines Trakhener, le Silésian (sud-ouest du pays, autour de Varsovie), un cheval demi-sang plus grand destiné à l’attelage ; le Konik, descendant du Tarpan, petit cheval primitif, « idéal pour les enfants » ; le poney polonais ; le Trakhener ; les poneys Shetland; et les chevaux trotteur. « Les stud-books du Pur-Sang Anglais et du Pur-Sang Arabe sont gérés par le Jockey Club » ajoute-t-elle. « Je sais que ce n’est pas normal au niveau européen que plusieurs stud-books soient gérés par une même association, et cela reste difficile d’organiser tous les aspects de l’élevage ». Pour les soutenir, les éleveurs reçoivent évidemment l’aide du Ministère de l’Agriculture. Des éleveurs volontaires Les chevaux présentés dans le Championnat de France n’ont pas été choisis à l’issue du championnat de Pologne. «M.Dabrowski qui présente trois chevaux ici à Pompadour, est aussi président de l’association du Malopolska. Il a organisé une réunion avec les éleveurs et ils ont décidé ensemble quels Publication : SHF Réalisation, photos, rédaction : Pixizone produits suivent une carrière en concours complet, mais ce choix dépend beaucoup des propriétaires. « Ils analysent les origines, leur potentiel, leurs moyens, mais l’essentiel des chevaux court en complet. Je crois que c’est la meilleure destination pour les Angloarabes. » Des Journées Anglo-arabes très internationales ! chevaux participeraient. Ce sont finalement les meilleurs en race Malopolska qui ont été retenus, tous sauf les yearlings puisqu’il n’y a pas cette catégorie ici. » A voir les regards intrigués et intéressés lors de leur passage dans le rond d’Avrincourt, les chevaux polonais semblent répondre effectivement aux caractéristiques du beau et bon Angloarabe. « L’an dernier, nous sommes venus à pieds avec les éleveurs. Nous avons observé et nous voici ! ». Pas de différences Pour Agnieszka Szymanska, il n’y a aucune différence entre l’Anglo-arabe français et l’Anglo-arabe polonais, si ce n’est les origines qui restent inconnues pour le commun des éleveurs français. « Nous avons beaucoup d’origines Malopolska, et il subsiste quelques distinctions. Mais nous avons également de vrais Anglo-arabes ! » La plupart des chevaux L’Anglo-arabe, bien que né dans le sud-ouest de la France en 1833 (et même sans doute un peu avant), a essaimé au fil des décennies un peu partout en Europe. La création du studbook international Anglo-arabe confirme cette dimension européenne, et incite de plus en plus d’éleveurs étrangers à participer aux finales de Pompadour. Pour accompagner la tenue de ces journées internationales, l’ANAA organise une table-ronde avec comme invité d’honneur le Trakehner. Ce soir vendredi 20 septembre à 19h, sous la tente restauration du village de la Grande Semaine, éleveurs, cavaliers, passionnés et spécialistes de l’Angloarabe sont invités à assister et participer à la traditionnelle tableronde. En effet, l’ANAA a invité cette année d’éminents représentants des stud-books Trakehner allemand et français. Après un rappel sur l’histoire des deux races en guise d’introduction, quatre sujets seront abordés : les objectifs et les évolutions de chaque race ; la périodicité de l’apport de sang Arabe et Pur-Sang Anglais ; les croisements Trakehners / Anglo-arabes en France et en Allemagne ; et le rôle des Angloarabes et des Trakehners dans l’amélioration génétique des races. Pour en parler, l’ANAA a fait appel à des spécialistes. Suzanne Barthod, la présidente de l’Association Française de la race Trakehner interviendra aux côtés du Docteur Dirk Längle (responsable du studbook Trakehner français), Paul Hans Werner (représentant du Trakehner Verband et VicePrésident du stud-book Trakehner allemand) et Peter Heinen (membre du bureau du Trakehner Verband et propriétaire du Haras d’Issum). Face à eux pour débattre, le public retrouvera Jean-Marie Bernachot (président de l’ANAA), Xavier Guibert (correspondant à l’international pour l’IFCE), Hélène Hermann (responsable commission sport et élevage de l’ANAA), Pierre de la Serve (responsable commission du stud-book Anglo-arabe), François Maillot (responsable commission course de l’ANAA) et Yves Chauvin (pdt de la SHF). Cette conférence-débat sera suivie de la soirée des cavaliers et des éleveurs dès 20h. L’obstacle 2013 de l’école maternelle de Pompadour décoré par les Petite, Moyenne et Grande sections.