Le temps de demain. Un collectif engagé autour du changement

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Le temps de demain. Un collectif engagé autour du changement
Titre : Le temps de demain. Un collectif engagé autour du changement climatique et de ses
impacts.
Auteur : Sandrine Petit*
* géographe, ingénieur de recherche, INRA, UR 718, LISTO, F-21000 Dijon
AgroSupDijon 26 bd Dr Petitjean - BP 87 999 21079 DIJON Cedex
Tél: 03.80.77.26.68 Fax: 03.80.77.25.74 Email : [email protected]
Résumé :
Cet article cherche à comprendre comment s’articulent, à une échelle locale, recherche,
expertise et décision autour du changement climatique et de son impact sur la réserve en eau
des sols. Il s’appuie sur un projet qui réunit des chercheurs de plusieurs disciplines et des
représentants de divers secteurs d’activités (agriculture, viticulture, forêt, etc.). Les
chercheurs, au départ sollicités pour une expertise, se sont engagés dans un dispositif de
recherche interdisciplinaire pour élaborer un « méta-modèle » reliant trois composantes : le
climat, le sol et l’eau. Dans ce processus de production de connaissances, interviennent des
professionnels qui apportent leurs savoirs et infléchissent les protocoles des scientifiques.
C’est ensuite à eux de se saisir des résultats produits. Ce passage à l’action ne va pas de soi.
Nous montrons ici que la mise en réseau des acteurs, même réussie, ne débouche pas
d’emblée sur une gestion de l’aléa climatique et de la ressource en eau en bien commun.
1. Introduction : un nouveau collectif autour du changement climatique et de ses
impacts régionaux
La conférence de Copenhague de décembre 2009 a propulsé sur le devant de l’actualité le
changement climatique. Après trois semaines de négociations, la presse constate la réserve
des hommes politiques les plus influents. Malgré le consensus scientifique, la communauté
politique peine à passer à l’action et à la décision. En France, au printemps 2010, une
polémique sur le changement climatique enfle : pour B. Latour (2010), des positions
politiques se confondent avec les arguments scientifiques. D’ailleurs ceux-ci s’entrechoquent
et au sein du Groupe Intergouvernemental d’Etude du Climat (GIEC) les scientifiques ont des
débats contradictoires. Sur ce sujet complexe, le citoyen profane se forge difficilement son
propre avis, il finit par douter de la science en même temps qu’il attend d’elle des éléments
précis.
Le présent article cherche à comprendre comment, autour du changement climatique,
s’articulent recherche, expertise et décision à une échelle locale. Si le GIEC apparaît
aujourd’hui comme un dispositif « idéal-type » d’interface entre les sphères scientifiques et
décisionnelles d’échelle internationale (Dahan et Guillemot, 2008), l’agencement de décisions
et d’expertises au niveau local fait figure de domaine pionnier. Nous nous intéressons à un
collectif pluriel qui s’interroge sur une déclinaison régionale du changement climatique et
l’une de ses conséquences : l'impact sur la réserve en eau des sols. Désagréger des simulations
mondiales à des échelles locales et régionales, celles des territoires, constitue un double défi.
D’abord scientifique, l’enjeu est de décliner à une échelle locale, ici celle d’une région
administrative -la Bourgogne-, des projections climatiques générées par des modèles de
circulation générale d’échelle planétaire. Aller vers une plus grande précision géographique
constitue un front de recherche pour les climatologues qui pourront produire des données pour
d’autres disciplines et, à une échelle spatiale pertinente, pour des utilisateurs finaux. En effet,
1
le second défi associé à cette échelle locale est d’évaluer plus précisément les impacts du
changement climatique et, pour les décideurs, d’imaginer des adaptations à ces changements.
Le collectif, prêt à relever ces deux défis, est constitué par l’Agence régionale pour
l’environnement et le développement soutenable de Bourgogne, nommée Alterre. Son objectif
est de créer un observatoire sur le climat, à caractère partenarial, c'est-à-dire associant des
acteurs divers, représentants de collectivités ou de secteurs d’activités et des scientifiques. Le
Centre de Recherches de Climatologie est sollicité pour sa compétence sur la modélisation
climatique régionale qu'il réalise à partir du modèle numérique ‘Weather Research and
Forecasting Model’(WRF)1. Des pédologues et des hydrologues sont également intéressés
pour développer leurs travaux dans une perspective de changement climatique. Un projet
commun nommé « L’adaptation au changement climatique à partir du cas de la réserve en eau
à l’échelle des pédopaysages de Bourgogne » prend corps sous la houlette de Alterre (AlterreBourgogne, 2009).
Le présent article analyse cette expérience qui est à la fois une démarche de recherche et un
processus d’interaction entre des chercheurs et des acteurs utilisateurs des simulations
produites. Les recherches sur le climat du futur émanent principalement de climatologues, de
physiciens, d’écologues et la dimension sociale n’est guère abordée. Peu de travaux
examinent la communauté scientifique qui étudie le changement climatique (Yearley, 2009), à
l’exception de travaux sur le GIEC (Dahan et Guillemot, 2008). Nous nous intéressons ici à la
manière dont le changement climatique suscite des dispositifs locaux qui reconfigurent les
activités de production de connaissances et recomposent les modes d’association entre
« scientifiques » et « professionnels ». Nous avons appréhendé le collectif étudié, d’une part
en prenant appui sur les acquis de l’anthropologie des sciences et des techniques qui nous
permettent de décrire les pratiques de la recherche (Callon, Lascoumes et Barthe, 2001), dans
une situation à la frontière avec l’expertise. D’autre part, nous avons eu recours à la sociologie
pragmatique (Boltanski et Thévenot, 1991) pour identifier la constitution de biens dans ce
collectif hybride de chercheurs et d’acteurs.
Après avoir détaillé notre méthodologie, nous montrerons, dans la partie 3, comment les
chercheurs, au départ sollicités par Alterre sur le mode de l’expertise, conçoivent finalement
un dispositif de recherche interdisciplinaire permettant la constitution d’un méta-modèle. Ce
dispositif n’est pas une recherche de laboratoire coupée du monde (Callon, Lascoumes et
Barthe, 2001) mais un lieu d’échanges réguliers avec les « clients » de l’étude. Les cartes
issues du « méta-modèle » sont ensuite communiquées et nous discuterons, dans la partie 4,
de leur utilisation actuelle et des limites rencontrées par les acteurs pour se saisir de ces
simulations. Le passage de l’évaluation de l’aléa climatique et de la ressource en eau à
l’identification de la vulnérabilité des activités humaines n’est pas un simple gué à traverser.
D’une part, la prise de décision face au changement climatique semble difficile, d’autre part,
si la mise en relation de multiples acteurs permet l’instauration d’un débat pluriel, elle ne
garantit cependant pas la constitution du climat et de la ressource en eau comme biens
collectifs.
2. Méthodologie : l’observation participante d’un dispositif de recherche action.
Le projet suivi se déroule de décembre 2008 à janvier 2010. Il est animé par une chargée de
mission d’Alterre. Il réunit cinq chercheurs, deux climatologues du centre de recherches de
1
Modèle développé aux Etats-Unis (http://www.wrf-model.org/index.php)
2
climatologie CNRS/Université de Bourgogne, deux pédologues de l’établissement
d’enseignement supérieur agronomique, AgroSupDijon, un hydrologue du laboratoire
Biogéosciences de l’Université de Bourgogne. Une stagiaire de Master 2 en hydrologie
travaille à la constitution du modèle. Sont associés au projet des représentants de divers
secteurs d’activités : Chambres d’agriculture, Centre régional de la propriété forestière
(CRPF), Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB), Direction régionale de
l’environnement (DIREN), Météo France, Direction départementale de l’équipement et de
l’agriculture, Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, Centre de promotion
et d’initiation à l’Environnement et Electricité de France (EDF). Tous occupent des postes
techniques et les représentants politiques ne participent pas directement au dispositif. Les
intéressements aux résultats sont divers : les financeurs de la recherche trouvent là une
information à l’échelle régionale, les gestionnaires -la forêt, la viticulture- des éléments leur
permettant d’anticiper les risques. Pour d’autres acteurs, l’intérêt est plus indirect. Par
exemple, pour EDF, il ne s’agit pas de prévoir crues et étiages pour lesquelles d’autres
modèles existent, mais de s’intéresser à la fatigue des réseaux d’infrastructures électriques due
aux sollicitations mécaniques par rétraction - dilatation du sol selon l’état hydrique. Enfin, en
tant que chercheur en sciences sociales, je suis sollicitée par Alterre pour apporter un point de
vue réflexif sur ce nouveau dispositif et, surtout, aider à l’appropriation des résultats par les
professionnels. Issue du suivi de réunions, l’analyse faite est restituée le 13 janvier 2010. Elle
sert ensuite à l’animatrice du dispositif pour clarifier le processus de travail, en rendre compte
et ainsi contribuer à sa méthodologie.
Le travail des chercheurs comporte quatre étapes. La première revient à simuler le climat pour
une année représentative du climat d’aujourd’hui et pour une année représentative du climat
du futur. La seconde étape consiste, pour les pédologues, à calculer la réserve utile2 à partir
d’une base régionale de données sur les sols. Puis, comme troisième étape, vient la
combinaison de ces deux familles d’information en utilisant un modèle hydrique simplifié.
Celui-ci permet de simuler la dynamique de remplissage et d’assèchement de la réserve utile
des sols selon les saisons des années-types. Enfin, en dernière étape, des bilans hydriques et
hydrologiques de quelques bassins versants sont calculés. Toutes les données sont spatialisées
et gérées dans un système d’information géographique (Arc GIS) (Lamy et al., 2009).
Engagée dans une observation participante, j’ai pu consigner à la fois les interactions entre
chercheurs de disciplines différentes et les échanges entre les chercheurs et les professionnels
au cours de sept réunions de deux heures environ chacune. Quatre rencontres (07/05/2009 ;
11/09/2009 ; 07/10/2009 ; 20/11/2009) rassemblent des chercheurs auxquels sont associés les
acteurs les plus intéressés, la Chambre d’agriculture de la Nièvre, le BIVB, le CRPF, la
DIREN. Ce groupe de composition fixe constitue la principale « scène » (Geertz, 1986)
d’interaction. Les trois autres réunions (19/12/2008 ; 30/06/2009 ; 20/10/2009) sont des
comités de pilotage convoquant un collectif large, à périmètre variable, d’acteurs intéressés,
constituant une seconde « scène ». Existe également une « arrière scène », où des échanges
ont lieu entre les chercheurs parfois en présence de l’animatrice d’Alterre, et qui n’a pas fait
l’objet d’observations spécifiques. Les comptes rendus de réunion, notamment les relevés
d’entretiens portant sur les usages de l’étude, réalisés auprès des acteurs par la chargée de
mission d’Alterre, et les rapports produits ont complété le matériau recueilli lors des réunions.
Dans ce dispositif de recherche-action, nous avons analysé les modes de coordination des
parties prenantes dans le travail interdisciplinaire et la capacité des professionnels à se saisir
des connaissances produites.
2
La réserve utile est « un volume d’eau que le sol est susceptible d’absorber et qui est utilisable par tous les
végétaux ; il est exprimé en millimètres d’eau »
3
3. De l’expertise à la recherche interdisciplinaire : la construction d’un « méta-modèle »
Quand l’agence Alterre convoque le groupe des cinq chercheurs, il s’agit alors de réaliser une
expertise. L’observatoire partenarial mis en place vise à capitaliser des connaissances, à
réaliser des études et à s’en servir pour sensibiliser, voire faciliter des stratégies d’adaptation.
Le projet s’apparente à une « commande » de résultats : une prévision des aléas climatiques et
l’évaluation de la ressource en eau, selon une répartition régionale. Mais les chercheurs
s’engagent au-delà.
La mobilisation des chercheurs de trois disciplines
Si l’étude du climat fut une science de l’observation et de l’intuition (« a guessing science »),
elle est devenue aujourd’hui une discipline complexe, très instrumentée et de plus en plus
internationalisée (Harper, 2008). Les climatologues travaillent aujourd’hui à partir de modèles
dont la sophistication demande d’importants moyens de calculs. La simulation du climat leur
permet d’engager un travail avec d’autres disciplines sur les effets du climat sur le sol, l’eau
ou la végétation. C’est le cas des chercheurs mobilisés par Alterre qui se connaissent mais
n’ont jamais été impliqués auparavant dans un projet associant les dimensions climatique,
pédologique et hydrologique. Les formes d’ « intéressement » des chercheurs sont diverses
(Callon, 1986). Pour les climatologues, le projet est l’occasion de « faire tourner un modèle
sur lequel [ils] ont investi » En effet, le Centre de Recherches de Climatologie utilise un
modèle climatique régional qui lui permet de décliner, à une maille fine pour cette application
(neuf kilomètres), le climat simulé par les modèles de circulation générale (WRF) dont la
résolution horizontale est de quelques centaines de kilomètres. Pour les pédologues, la
sollicitation d’Alterre est l’occasion d’utiliser, pour en montrer une utilisation concrète, une
base de données des sols (Inventaire, Gestion et conservation des sols –IGCS) dont l’échelle
est régionale, fruit de dix ans de travail et d’un investissement important des collectivités
locales et des chambres d’agriculture. Enfin, pour le chercheur hydrologue, c’est l’opportunité
d’utiliser les données fournies par les collègues climatologues et pédologues pour mettre au
point des modèles hydrique puis hydrologique prévisionnels, et de répondre à des
sollicitations de professionnels.
L’originalité du projet tient à l’association de trois disciplines et de trois modèles. Leur
emboîtement permet de fournir des données simulées concernant la réserve en eau des sols et
les bilans hydriques. Cependant, la combinaison des trois modèles n’est pas une simple
addition. Elle constitue un véritable travail interdisciplinaire qui revêt trois facettes : un travail
entre les chercheurs sur les concepts, une validation interne des données du méta-modèle et
des avancées dans les spécialités respectives des chercheurs.
Un travail sur les concepts
Le contenu de la recherche va être charpenté autour de quelques concepts clés. Ces concepts
donnent lieu à de longues explicitations car certains d’entre eux comme l’« année-type » sont
propres à l’une des trois disciplines et les autres doivent se l’approprier. Au contraire, des
notions telles que la « réserve utile », « l’évapotranspiration » sont partagées par deux ou trois
disciplines et leur usage dans les modèles doit être harmonisé. Enfin, le risque, la vulnérabilité
sont, eux, des concepts qui naviguent entre recherche et société.
La première étape du projet est de disposer de simulations du climat représentatives des
périodes actuelle et future. Ces simulations partent du choix de deux « années-types », celle
d’aujourd’hui et celle de demain. Un premier concept, propre aux climatologues, qui nécessite
4
une précision de sens pour les autres collègues. Par « années-types », les climatologues
entendent des années représentatives du climat d’aujourd’hui et de celui du futur, c'est-à-dire
pour la seconde moitié du XXIe siècle. Pour déterminer ces « années-types », ils ont réalisé
un travail statistique, à l’échelle de la Bourgogne, sur les séries quotidiennes de températures
et de précipitations (1961-2007) relevées par Météo France. Quant à l’évapotranspiration, elle
traverse les trois modèles et cela demande d’ajuster les formules de calcul. A ces concepts
sont associées des échelles de temps et d’espace et le travail interdisciplinaire consiste
également en une mise en cohérence de ces échelles entre les différentes disciplines. Aux
notions très spécialisées, s’ajoutent celles, plus largement manipulées, qui circulent entre les
sphères de la recherche et les mondes professionnels. Aborder le risque et sa gestion amène à
recourir à des notions telles que l’aléa, la sensibilité, la vulnérabilité. Si l’aléa est du ressort du
travail des chercheurs, le risque et la vulnérabilité appartiennent aux acteurs
socioprofessionnels et aux politiques. La vulnérabilité des sociétés ou des secteurs d’activités
est différentielle et le risque d’autant plus grand que l’aléa et la vulnérabilité le sont.
Les chercheurs prennent des décisions sur les contours des concepts (celui de sensibilité sera
défini à la restitution de janvier 2010) et le groupe tranche aussi sur la non-prise en compte du
ruissellement, ou encore sur le pas de temps (jour, décade, mois). Ainsi, se révèle la place des
décisions dans les contenus des savoirs (Stengers, 1998). Les données ne sont jamais
« données » (Callon, Lascoumes et Barthe, 2001) mais bien obtenues par construction.
Contenu même de l’activité scientifique (Latour, 1995), les concepts vont permettre de relier à
l’action les recherches menées dans chaque compartiment disciplinaire.
Des processus de validation interne des données
Le travail scientifique est loin d’être un parcours linéaire, monotone, épargné par les
événements, les bonnes et les mauvaises surprises. L’observation réalisée montre que la
recherche est faite de résultats inattendus qui viennent perturber le dispositif prévu et
nécessitent donc des validations par le collectif.
Nous avons retenu un événement qui nous a paru le plus notoire. Les climatologues qui ont
« calé » le modèle régional du climat sont surpris par l’importance des précipitations simulées
de juin à septembre pour l’« année-type du futur » : « le modèle est bon sauf de juin à
septembre 2003 » déclare l’un d’eux. Surestimées, les pluies risquent de fausser l’estimation
du taux de remplissage de la réserve utile des sols. Un ajustement s’impose. Différentes
possibilités sont envisagées : revenir à des données observées, procéder à de nouvelles
simulations selon une approche probabiliste, appliquer un coefficient correctif moyen. Le
groupe opte pour la troisième solution. Ainsi, le travail interdisciplinaire suppose pour les
chercheurs d’accepter de dévoiler leur façon de produire des connaissances. Les
climatologues ont, en ce sens, occupé la place la plus délicate. Fournissant les données
d’entrée, ils étaient les plus soumis au regard de leurs collègues utilisateurs de leurs données.
Cette posture singulière leur a occasionné de nombreuses explicitations, du démarrage de la
recherche jusqu’au dernier comité de pilotage. Une telle mise au jour de la pratique de sa
recherche est rare mais indispensable dans le travail entre disciplines. Ainsi, existent des
processus de validation des données par les collègues des autres disciplines qui vont les
utiliser comme données d’entrée dans leur « compartiment » du méta-modèle. Celui-ci prend
corps par ces validations internes et il a vocation à perdurer au-delà du collectif constitué et
du projet qui relie ses membres. Rendre pérenne l’articulation interdisciplinaire réalisée
suppose l’activation d’un savoir déterminant, une forme d’ingénierie tenant à l’utilisation de
modèles combinés, qui permet de gérer des flux de données et de les faire circuler du
compartiment ‘climat’, au compartiment ‘sol’ et, enfin, au compartiment ‘bassin versant’. Ce
5
travail est assuré par une stagiaire encadrée par le chercheur hydrologue puis par un ingénieur
en géomatique devant assurer à l’avenir la maintenance de l’outil.
Des avancées dans la discipline
Ces situations d’expertise, parfois déconsidérées car n’apportant pas de résultats publiables,
permettent aux chercheurs de nourrir leur propre spécialité. Les climatologues découvrent que
leur modèle très robuste en termes de simulation des températures s’avère moins fiable en
matière de précipitations, tout particulièrement en conditions très chaudes (été 2003), ce qui
les interroge sur au moins deux plans. Les défaillances de simulations des précipitations
proviendraient des schémas de microphysiques et de cumulus sélectionnés dans le modèle. Ils
amplifieraient les pluies dites « convectives » qui arrivent pendant la période chaude et
estivale. Les climatologues envisagent alors de modifier le choix des paramètres de
microphysique de l’atmosphère introduits dans leur modèle. Les résultats obtenus les
interpellent sur un second plan : une corrélation inverse entre l'altitude et les différences des
températures moyennes calculées sur la période avril-août semble se dégager. Ce résultat leur
fait penser à des travaux publiés par des collègues de l’université de Metz (Drogue et al.,
2005). Pour les pédologues, cette recherche est l’occasion d’affiner le paramétrage et les
résultats issus de la base de données des sols. Ainsi, les propriétés physiques du sol et le rôle
de l’enracinement requièrent des investigations complémentaires ; « on manque de recul » dit
l’une des pédologues. Pour le chercheur hydrologue, « on est plus dans l’applicatif ».
L’implication dans ce dispositif de recherche partenarial favorise l’accès aux données de
terrain des professionnels ; les données observées détenues par la DIREN concernant les
bassins versants vont lui permettre une validation du modèle hydrologique. Enfin, les résultats
obtenus ont donné lieu à des communications scientifiques, témoignant d’un travail de
recherche engagé dans un processus classique de validation des résultats par des pairs (Lamy
et al., 2009).
Ce travail d’articulation interdisciplinaire inscrit dans le « méta-modèle » est un résultat
original pour les chercheurs eux-mêmes, l’un d’eux déclarait « maintenant, on va pouvoir
jouer ensemble », un autre « la chaîne produite est extrêmement originale ». En ce sens, le
modèle est un « objet intermédiaire » (Vinck, 1999) sur lequel s’arriment et s’articulent
plusieurs disciplines (Billaud, 2003). Le projet fait communiquer des chercheurs et leurs
disciplines, comme autant de « mondes » différents et d’objets composites. Les tensions qui
existent dans l’agencement des concepts et les décisions qui s’en suivent forment une
situation de « compromis » (Boltanski et Thévenot, 1991). Des « liens » se sont tissés et
l’outil produit (le modèle pour les chercheurs et les cartes sorties du modèle pour les
utilisateurs) scelle l’accord. Il constitue le « liant » du groupe (Latour, 1995), à la fois une
composante « non-humaine » et un « bien » qui ancre le compromis. Pour faire tenir ce
collectif et relier ses composantes hétéroclites, le rôle joué par la chargée de mission à Alterre
est déterminant. Elle planifie les réunions et orchestre les échanges des chercheurs entre deux
réunions. Elle anticipe le transfert de compétences acquises par la stagiaire pour faire tourner
le modèle. Elle occupe un rôle de médiation entre les chercheurs et entre les chercheurs et les
acteurs. Enfin, elle se charge de la mise en forme des éléments de la recherche, et ainsi les
stabilise, en éditant un numéro spécial du magazine de l’agence ‘Repères’, dédié au sujet
(Alterre-Bourgogne, 2009). Dans tout le déroulement du processus, elle assure toutes les
« mises en lien » du projet.
4. Le cheminement vers l’action et la constitution de bien commun
6
Dans le collectif constitué, certains acteurs jouent un rôle particulier : très intéressés par
l’utilisation des résultats, ils participent aux réunions du groupe de chercheurs, la « première
scène ». Sur la « seconde scène » des comités de pilotage, les participants se familiarisent
avec le climat de demain et les risques qu’il comporte. Interpellés par les résultats, ils
cherchent à préciser les conséquences de l’assèchement des sols sur leur activité, sans que
pour autant le partage de la ressource en eau ou la responsabilité collective quant aux
évolutions du climat soit abordé. Plusieurs interprétations peuvent être avancées quant au
passage à l’action.
Un dialogue entre savoirs profanes, techniques et scientifiques tronqué
Les savoirs profanes sur le climat sont riches et variés ; les dictons dessinent une météorologie
populaire utile aux sociétés agricoles (Katz et al. 2002). Pourtant, le sens commun est
particulièrement éprouvé par le dérèglement climatique. Les agriculteurs ou d’autres
observateurs qui le repèrent échouent à dégager des tendances claires de l’évolution des
températures ou des précipitations. Lors de la conférence de Copenhague de décembre 2009,
dans la France paralysée par de forts épisodes neigeux et de froid, les titres des journaux
déniaient le réchauffement du climat. La perception immédiate et locale de la météorologie ne
permet pas de dire ce que sera le climat de demain dépendant de flux planétaires. De l’autre
côté, les savoirs développés par les chercheurs sont complexes. Incorporés dans des métamodèles, leur accès par les non-spécialistes est difficile et partiel, les chercheurs et experts ne
maîtrisant eux-mêmes parfaitement qu’un des compartiments du modèle. Le concept
d’« année-type », que les participants aux comités de pilotage ne saisissaient pas, vient
illustrer la difficulté pour les profanes à s’approprier des données issues de modèles
complexes. L’année 1991 est choisie statistiquement comme une année représentative du
climat actuel tandis que l’année 2003, en raison du caractère inédit de sa saison chaude,
apparaît comme une année avant-gardiste à l'échelle de l'Europe de l'ouest, qui pourrait
devenir banale au cours de la seconde moitié du XXIème siècle (Schär et al., 2004). Cet
oxymore temporel a nécessité des éclaircissements répétés pour les chercheurs nonclimatologues et les professionnels.
Tout en étant des utilisateurs potentiels des résultats, certains acteurs contribuent à la
construction du méta-modèle : ils ont une identité hybride (Petit et al., 2008). L’ingénieur de
la Chambre d’agriculture manie la base de données sols et, en « arrière-scène », caractérise en
collaboration avec les deux chercheurs pédologues la taille des réserves utiles des sols.
L’ingénieur de la DIREN, spécialisé dans la question des eaux, ayant une expérience ancienne
sur la Bourgogne, détient une expertise de terrain précise et datée qu’il fait valoir. Il se
rappelle les années de sécheresse ou de fortes précipitations et leurs effets sur les bassins
versants. Il intervient également dans les choix méthodologiques. Il note les décalages entre
les simulations du modèle et les données observées, des zones géographiques où le modèle
péche « on sous-estime la capacité de stockage du Morvan et le remplissage des grandes
réserves utiles ». Il oriente la sélection des bassins versants retenus pour la simulation de
comportement hydrique. Dans un comité de pilotage, intervient l’ingénieur de Météo France
qui critique le protocole établi par les scientifiques et propose de prendre en considération
deux réservoirs, l’un superficiel et l’autre profond, plutôt qu’un réservoir unique (réunion du
30/06/09).
Ainsi les savoirs mobilisés sont distribués entre les chercheurs et les professionnels de terrain,
levant la distinction classique entre savoirs profanes et savoirs savants, créant ainsi un espace
de controverse technico-scientifique. Toutefois l’asymétrie entre eux demeure au profit des
chercheurs dont la discipline est de plus en plus instrumentée, les professionnels ne pouvant
juger finement des résultats que sur une des facettes du modèle (le climat, le sol ou l’eau).
7
L’action génère de nouveaux besoins en connaissance
Lors du dernier comité de pilotage, les cartes présentées sont reconnues comme utiles, la
répartition des ressources en eau dans le climat de demain est en ce sens validée par les gens
de terrain. Elles constituent un premier niveau d’appropriation des impacts du changement
climatique, préalable à l’organisation de la décision publique (Chevassus-au-Louis, 2007). En
matérialisant les aléas de dessèchement des sols, elles font exister le risque et Alterre cherche
à le faire connaître à un panel élargi d’acteurs des secteurs public et privé.
Pour le cercle rapproché d’utilisateurs, la Chambre d’agriculture de la Nièvre, le BIVB, le
CRPF, la DIREN et plus récemment la DDEA, ayant assisté aux réunions des comités de
pilotage et à la plupart des réunions du collectif de recherche, les interprétations des résultats
s’avèrent plus poussées et les pistes de leur utilisation plus concrètes. Pour l’ingénieur de la
DIREN, dans une perspective de gestion des risques liés aux ressources en eau, le modèle lui
donne des « biscuits pour aller en réunion ». Pour le CRPF et la chambre d’agriculture, les
interrogations concernent le choix des plantes cultivées. Quelles variétés en agriculture seront
adaptées au climat de demain ? Quelle sera la répartition des essences forestières, sachant que
certaines espèces pourraient disparaître de la Bourgogne et remonter vers le nord ? Quelles
espèces replanter ou favoriser ? Une interrogation commune porte sur le développement de
nouvelles maladies de la vigne, des cultures ou des arbres. En agriculture, cela pose la
question de l’irrigation des cultures. En viticulture, l’avancement des stades phénologiques
devrait rendre la vigne plus sensible aux gels et « les écarts actuels entre les vignobles de
l’Yonne, de la Côte d’Or et du Mâconnais devraient se réduire. On devrait arriver à une
homogénéité de maturation »3. Les gestionnaires de la forêt et de la vigne sont les plus
prompts à se saisir des résultats, peut-être leur habitude de gestion à long terme les prépare à
prendre des décisions d’anticipation. Pour autant, les résultats produits doivent être repris et
affinés pour permettre d’imaginer des adaptations.
Le climat : un bien commun pas comme les autres
Le projet a créé une mise en réseau de chercheurs et de différents univers professionnels. Les
acteurs intéressés ont pu alors situer, dans une problématique régionale, leur préoccupation
départementale, de territoire viticole ou forestier. Envisagés par secteur d’activités, les modes
d’adaptation ne font pas émerger une problématique de gestion d’un « bien commun » c'est-àdire ayant une visée d’intérêt général (Botlanski et Thévenot, 1991) autour du climat de
demain et de ses impacts. Rarement les débats ont abordé les vulnérabilités inter-sectorielles
et territoriales. Lors de deux réunions (30/06/2009 et 11/09/2009), ont été évoqués l’extension
de l’urbanisation, causant un ruissellement accru et des crues fortes, et les projets
d’aménagement du territoire. Ces mentions ont été périphériques aux débats des réunions qui
ont traité principalement d’un contenu scientifique et technique. « La vulnérabilité, on n’en a
pas trop parlé » dira un des climatologues lors de la restitution de mon analyse. Ainsi, dans la
seconde scène, les comités de pilotage scellent leur accord sur le mode de « l’arrangement »
Boltanski et Thévenot, 1991). Cet accord n’engage pas le collectif au-delà de sa participation
au groupe et chacun des membres interprète les connaissances produites par rapport à son
champ d’activités. Trois grands registres d’interprétation peuvent être avancés pour
comprendre en quoi la mise en réseau d’acteurs et de chercheurs ne suffit pas à l’émergence
d’une gestion en bien commun. Les deux premiers relèvent des spécificités du changement
climatique par rapport à d’autres objets environnementaux. Le troisième rend compte des
particularités locales du dispositif étudié.
3
Compte rendu d’entretien d’Alterre auprès du BIVB
8
Le premier registre d’interprétation tient à la nature des savoirs échangés, leur asymétrie et
leur incomplétude. Ainsi le débat sur le changement climatique et ses effets crée une
asymétrie en faveur des scientifiques et des experts les plus pointus d’un domaine. De leur
ressort, la controverse se déploie dans la sphère scientifique. Au sein du GIEC, « les
scientifiques s’opposent au nom de leurs convictions de spécialistes » (Dahan et Guillemot,
2008). Pour les profanes ou les techniciens d’un secteur d’activités, s’y introduire est malaisé.
Davantage utilisateurs des données issues du méta-modèle, ils ne peuvent aisément intervenir
sur leur mode de production. Dans le projet, les chercheurs ont relevé le défi de rendre plus
locales les simulations du changement climatique. Pourtant, le savoir délivré par les
chercheurs peut paraître « imparfait » (Yearley, 2009) puisque imaginer des formes
d’adaptation appelle des connaissances encore différentes du changement climatique et de ses
impacts. « Pour les préoccupations de gestionnaires, on n’est pas prêt », dit un des
chercheurs à la fin du projet. Cela nécessite un nouveau travail de recherche et un nouveau
cycle d’interaction entre les chercheurs et les professionnels de la forêt.
Le deuxième registre d’interprétation tient à deux caractéristiques du risque climatique : les
incertitudes restent fortes sur les effets locaux et les adaptations locales sont dépendantes
d’une dynamique planétaire. Bien que le savoir produit renferme une part d’incertitude, les
décideurs doivent prendre des mesures d’adaptation qui ne peuvent découler que d’un
processus de décision complexe où plusieurs scénarios, suspendus à des changements se
produisant ailleurs, doivent être explorés. Ainsi, dans ce cas du changement climatique, les
individus se trouvent relier à un « autrui absent » (Giddens, 1994). Ceux qui subissent les
conséquences du changement climatique ne sont pas forcément ceux qui y contribuent le plus.
C’est sur le mode de l’injustice que les sociétés se trouvent inter-reliées et la construction
d’un monde commun (Callon, Lascoumes et Barthe, 2001) devient alors plus difficile. Autour
du changement climatique, « objet échevelé » (Latour, 1999), les incertitudes scientifiques et
la ramification quasiment infinie des relations qui se nouent, à notre insu, rendent plus
complexes les adaptations locales et tendent à ajourner les décisions.
Le troisième registre d’interprétation tient aux particularités du dispositif local étudié. Celui-ci
est précurseur : bien que d’autres dynamiques locales existent, tel le plan climat territorial4,
les connaissances régionalisées demeurent rares tout comme les collectifs aptes à s’en saisir
pour imaginer des adaptations. A travers ce projet, Alterre poursuit un objectif double :
sensibiliser des professionnels aux effets du changement climatique sur la ressource en eau et
créer des collectifs capables de s’emparer de la question. Comme investi d’une fonction de
« lanceur d’alerte » (Callon et al., 2001), le comité de pilotage, plus technique que politique,
se familiarise avec le risque climatique. L’un des principaux résultats de l’expérience est
d’avoir créé des relations de travail entre les chercheurs et entre les chercheurs et certains
professionnels. A la suite de ce projet, le CRPF propose aux chercheurs de répondre à un
appel d’offre dédié à la forêt. L’objectif de ce nouveau projet est de mieux cerner l’impact du
climat sur les réserves en eau des sols forestiers en considérant des compartiments de sols
profonds liés à l’altération de la roche qui avaient été exclus dans le précédent protocole. Le
collectif se reconfigure autour des chercheurs et du CRPF, adjoignant un nouveau membre, le
Bureau de Recherches Géologiques et Minières, compétent sur les horizons profonds du sol.
En restituant mon analyse au collectif, il est apparu que les chercheurs voulaient, en
s’impliquant dans ce projet, maintenir ou établir de nouvelles relations avec des acteurs
professionnels. Le chercheur hydrologue souhaitait répondre à des questions sur les
évolutions hydrologiques formulées par ses partenaires de terrain, ce que le projet lui a
4
Le Plan Climat- Energie Territorial intervient davantage sur l’atténuation c'est-à-dire la réduction des émissions
de gaz à effet de serre.
9
permis ; les chercheurs climatologues imaginaient nouer des relations avec des partenaires
différents de leurs interlocuteurs classiques, ce qui n’a pas été le cas.
5. Conclusion
Cette expérience montre qu’au niveau local les controverses socio-techniques sur le climat
n’en sont qu’à leurs prémices. Il faut pour les alimenter constituer de nouveaux collectifs et
produire des connaissances qui ne sont pas déjà là. Ces deux caractéristiques expliquent que la
mise en réseau d’acteurs scientifiques et socio-techniques ne s’est pas accompagnée d’une
bataille d’idées et d’intérêts (Callon, Lascoumes et Barthe, 2001) et l’espace de débat
scientifique et technique qui s’est constitué n’a pas engendré de déplacements de positions et
de recompositions d’identités dans le groupe.
La vertu de l’expérience décrite est d’avoir initié une première mise en réseau de chercheurs
et de chercheurs et d’acteurs socio-économiques. Les chercheurs se sont engagés dans une
expertise qui s’est révélée être un vrai travail interdisciplinaire aux figures de « compromis ».
En effet, il a supposé pour chaque discipline de dévoiler ses mécanismes de travail, ses choix
et ses biais, puis d’accepter que les données produites soient utilisées par d’autres. La
proximité entre les chercheurs, la confiance et la transparence quand il s’agissait de discuter
des signataires de publications sont des facteurs explicatifs d’une collaboration réussie.
L’écriture du rapport final du projet ne marque pas une fin. Les habitudes de travail qui se
sont créées entre des personnes du collectif permettent de concevoir d’autres projets avec un
groupe différent et dans de nouveaux cadres. Si le dispositif a permis de produire des données
nouvelles sur le climat de demain et ses impacts sur la ressource en eau des sols de
Bourgogne, leur élaboration par le biais de modèles ne permet pas aux profanes de discuter de
leur couplage sophistiqué. Du côté des acteurs, dépasser « l’arrangement » trouvé dans ce
collectif pour se saisir de la question de manière inter-sectorielle ne va pas de soi car
décidément le climat n’est pas un objet environnemental comme les autres. Outre les
incertitudes scientifiques sur les effets localisés du changement climatique, les modes
d’adaptation que l’on peut imaginer dépendent de facteurs d’échelle planétaire. Pour ces
participants, le risque est devenu plus palpable. S’interroger sur sa propre vulnérabilité
actuelle et future est probablement un premier pas vers une approche de risque partagé et, en
même temps, controversé.
Références
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10
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11
Ont participé aux recherches du projet exposé : Philippe Amiotte-Suchet1, Thierry
Castel2,4, Pierre Curmi3, Yves Richard4, Hélène Toussaint5, Marjorie Ubertosi3, Arnaud
Vautier6
1
Biogéosciences UMR CNRS 5561, 6 bd Gabriel - 21000 DIJON
Département 2A2E, AgroSup Dijon, 21000 Dijon
3
UMR 5594 ARTeHIS, AgroSupDijon, 26 Bd. Docteur PetitJean - 21000 Dijon
4
Centre de Recherches de Climatologie, UMR 5210 CNRS/Univ. Bourgogne, 6 Bd. Gabriel 21000 Dijon
5
Alterre Bourgogne, 9 Boulevard Rembrandt - 21000 Dijon
6
Chambre d’agriculture de la Nièvre, 58 000 Nevers.
2
Remerciements : Je tiens à remercier Eric Doidy, sociologue, INRA-LISTO, pour ses
conseils avisés sur l’argument de cet article.
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