Une nuit à Dubaï
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Une nuit à Dubaï
BELLA FRANCES Une nuit à Dubaï Une nuit au bout du monde BELLA FRANCES Une nuit au bout du monde Collection : Azur Cet ouvrage a été publié en langue anglaise sous le titre : THE SCANDAL BEHIND THE WEDDING Traduction française de CHRISTINE MOTTI HARLEQUIN® est une marque déposée par le Groupe Harlequin Azur® est une marque déposée par Harlequin Si vous achetez ce livre privé de tout ou partie de sa couverture, nous vous signalons qu’il est en vente irrégulière. Il est considéré comme « invendu » et l’éditeur comme l’auteur n’ont reçu aucun paiement pour ce livre « détérioré ». Toute représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. © 2015, Bella Frances. © 2016, traduction française : Harlequin. Tous droits réservés, y compris le droit de reproduction de tout ou partie de l’ouvrage, sous quelque forme que ce soit. Ce livre est publié avec l’autorisation de HARLEQUIN BOOKS S.A. Cette œuvre est une œuvre de fiction. Les noms propres, les personnages, les lieux, les intrigues, sont soit le fruit de l’imagination de l’auteur, soit utilisés dans le cadre d’une œuvre de fiction. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, des entreprises, des événements ou des lieux, serait une pure coïncidence. HARLEQUIN, ainsi que H et le logo en forme de losange, appartiennent à Harlequin Enterprises Limited ou à ses filiales, et sont utilisés par d’autres sous licence. Le visuel de couverture est reproduit avec l’autorisation de : HARLEQUIN BOOKS S.A. Tous droits réservés. HARLEQUIN 83-85, boulevard Vincent-Auriol, 75646 PARIS CEDEX 13 Service Lectrices — Tél. : 01 45 82 47 47 www.harlequin.fr ISBN 978-2-2802-8388-5 — ISSN 0993-4448 1. Le cœur battant à tout rompre, Georgia Blue confia les clés de sa berline au voiturier du Al-Jafar, l’un des hôtels les plus prisés de Dubaï. Heureusement, dans sa robe Alaïa achetée d’occasion à Londres, elle se savait assez élégante pour ne pas déparer dans ce cadre idyllique. Prenant une profonde inspiration, elle pénétra dans le hall de l’hôtel et se fondit dans la foule des clients, pour la plupart de riches Européens. Elle dépassa l’imposante fontaine centrale et se dirigea vers les ascenseurs en tentant de chasser les douloureux souvenirs qui lui revenaient à la mémoire. La dernière fois qu’elle était venue dans ce lieu, c’était au bras de Nick, son ex-fiancé, qui l’avait convaincue de le suivre à Dubaï pour y célébrer leur mariage. De ce projet, il ne restait rien, excepté une grande amertume. Ce soir, elle avait longuement hésité avant de suivre le conseil de Kirsty, sa colocataire. La jeune femme savait à quel point Georgia souffrait de la trahison de Nick. Elle lui avait parlé d’une soirée spéciale, réservée aux célibataires, organisée au Al-Jafar. Qu’avait‑elle à perdre, après tout ? lui avait dit son amie. Que risquait‑elle ? Il était grand temps pour elle de tourner la page et de reprendre en main sa destinée. En appuyant sur le bouton d’appel de l’ascenseur, elle aperçut le reflet de son visage sur la paroi chromée de la cabine. Elle s’était maquillée à la hâte et ses yeux bordés 7 de noir lui donnaient l’air grave. Affligée, elle détourna le regard. Peut‑être ferait‑elle mieux de renoncer à cette soirée, de rentrer chez elle et de regarder la télévision. Alors qu’elle s’apprêtait à tourner les talons, une haute silhouette masculine apparut derrière elle. Impressionnée par l’élégance de l’inconnu et aussi par la beauté sculpturale de ses traits, elle renonça à son projet et se réfugia au fond de la cabine dont les portes venaient de s’ouvrir. L’homme se posta près d’elle, suivi par un groupe de jeunes gens. Tous semblaient de joyeuse humeur et passablement éméchés. — Quel étage, mademoiselle ? demanda l’inconnu à ses côtés. Impressionnée par le ton grave de sa voix, Georgia leva les yeux vers lui et se sentit frissonner. Seigneur, cet homme était beau comme un dieu ! Il avait de larges épaules, une mâchoire carrée et des yeux d’un bleu minéral, bordés de longs cils aussi noirs que ses cheveux. Comme elle ne répondait pas, l’inconnu reprit : — Quel étage ? Tout comme Nick, cet homme semblait appartenir à la race des puissants. Son monde se situait probablement à des années-lumière du sien. Il respirait l’opulence et la confiance en soi. — Mademoiselle ? demanda-t‑il de nouveau en haussant un sourcil d’un air interrogateur. — Pardon… euh… cinquante-neuvième étage, finit‑elle par bredouiller sous le regard goguenard des étrangers qui l’entouraient. Les portes se refermèrent et la cabine entreprit sa longue ascension. Les yeux baissés sur ses souliers, Georgia décida de prendre son mal en patience. Elle se sentait mal à l’aise au milieu de tous ces hommes. Quand la cabine s’arrêta pour permettre à un couple de personnes âgées de monter à leur tour, Georgia eut l’impression de suffoquer. Parmi les jeunes gens bruyants qui se trouvaient là, il en était 8 un qui lui faisait face et la dévisageait avec insistance. Tournant la tête de côté, Georgia s’efforça de l’ignorer. — Alors, ma jolie, quel est votre programme ? lui susurra-t‑il en se penchant vers elle. Réprimant l’envie de lui répondre vertement, comme elle le faisait parfois aux clients du pub londonien où elle avait grandi et que tenait encore aujourd’hui Babs, sa sœur, elle serra les lèvres. Même si la solitude lui pesait, elle n’avait aucun désir de sympathiser avec cet inconnu qui lui paraissait aussi immature que ses acolytes. Tous, sauf l’homme qui se tenait immobile à ses côtés et dont la présence l’électrisait sans qu’elle en comprenne la raison. Soudain, sans pouvoir s’en empêcher, elle tourna la tête vers lui, et rougit quand leurs regards se croisèrent. Georgia avait côtoyé des centaines d’hommes dans le pub de Babs ou encore sur les terrains de football où elle entraînait de jeunes enfants, mais aucun ne l’avait autant impressionnée que cet inconnu. Il paraissait doté de pouvoirs surnaturels, comme celui de lire en elle. Pas de doute, il représentait un véritable danger. Si elle devait de nouveau nouer une relation avec un homme, il n’appartiendrait pas à la race des séducteurs. Ce serait un homme tranquille, tendre, qui saurait panser ses blessures. Un homme qui n’aurait pas pour but d’ajouter une nouvelle proie à son tableau de chasse. La cabine marqua un nouvel arrêt, le temps de laisser descendre quelques personnes, puis reprit son ascension. Lorsque enfin elle atteignit le cinquante-neuvième étage, les jeunes gens se bousculèrent pour sortir. — Allez, les gars, dépêchons-nous, la fête nous attend, dit l’un d’entre eux. J’ai hâte de poser mes mains sur de jolies fesses ! — Tommy, surveille tes manières, intervint le voisin de Georgia. Nous avons une dame avec nous. Tous les regards convergèrent vers lui et le silence se 9 fit. Visiblement, son ton autoritaire avait fait son effet. Georgia se sentit frissonner. Fébrile, elle sortit de la cabine, qui donnait sur un couloir brillamment éclairé par des appliques en cristal fichées dans les murs. Un panneau doré proposait deux choix : cinq suites sur la gauche et cinq suites sur la droite. Sans réfléchir, Georgia opta pour la gauche et s’éloigna à la hâte. Le couloir lui parut interminable. Lorsque enfin elle aperçut une plaque indiquant la « Jumeirah Suite », elle poussa un soupir de soulagement. Elle ne s’était pas trompée de direction. Redressant les épaules, elle frappa à la porte, qui s’ouvrit aussitôt sur une salle immense, bondée. Affichant un sourire timide, elle remercia le portier qui l’avait invitée à entrer et pénétra dans la pièce d’une démarche assurée. Autour d’elle, les hommes et les femmes portaient tous des tenues de soirée. Deux escaliers de marbre desservaient un grand salon en contrebas, meublé de splendides canapés en cuir blanc que rehaussaient des coussins cousus de fils d’or. Sur les côtés, des mezzanines offraient d’autres espaces de détente. Une immense baie vitrée donnait sur le golfe Persique, baigné d’une clarté irréelle, un mélange subtil de bleu et d’orangé. Le coucher du soleil dans cette région du monde constituait un spectacle fabuleux, aussi Georgia décida-t‑elle de le contempler un instant, avant de reporter son attention sur les gens autour d’elle. Soudain, une pensée étrange l’effleura. Qui étaient toutes ces personnes ? Comment se faisait‑il que la plupart formaient des couples, alors qu’il s’agissait d’une soirée destinée à des célibataires ? Avisant une splendide jeune femme brune qui venait dans sa direction, Georgia l’interpella : — Excusez-moi… je ne suis pas sûre d’être au bon endroit. On m’a dit que l’hôtel organisait une soirée pour célibataires… La jeune femme embrassa sa silhouette d’un regard 10 torve, puis, sans répondre, se rendit au bar. Georgia esquissa une grimace de dégoût en la voyant se lover contre un personnage corpulent qui ressemblait à un homme d’affaires. Sans vergogne, ce dernier plaqua une main sur ses reins et l’attira encore plus près. De l’autre, il caressa un de ses seins. Affolée, Georgia regarda les couples autour d’elle et comprit sa méprise. Les femmes n’étaient pas des célibataires comme elle. Elles vendaient leurs charmes aux riches Européens désœuvrés de Dubaï. Se sentant soudain comme une naufragée sur le pont d’un bateau à la dérive, au milieu de requins prêts à la dévorer, elle tourna les talons. Elle avait commis une erreur regrettable. Une fois de retour au complexe qui abritait son appartement, elle s’installerait sur son canapé devant la télévision et enverrait un texto à Kirsty pour lui reprocher son manque de discernement. Et dès demain, elle partirait à la recherche d’autres entreprises susceptibles de lui confier des enfants à entraîner. Il lui restait encore quelques soirées de libres, alors mieux valait les occuper utilement afin de réunir une partie de la somme dont Babs avait besoin. Toutefois, elle savait qu’elle ne parviendrait jamais à trouver les soixante mille dollars nécessaires pour solder les dettes de sa sœur. Même ici, à Dubaï, où l’argent coulait à flots. Au moment où elle allait fuir cet endroit détestable, la porte de la suite s’ouvrit sur le groupe de jeunes gens qu’elle avait rencontrés dans l’ascenseur. L’homme qui l’avait tant impressionnée les exhorta au calme et la petite bande obéit. De toute évidence, il était leur mentor. Tous pénétrèrent dans la suite, un large sourire aux lèvres, comme s’ils s’apprêtaient à participer à un festin. Pétrifiée, Georgia n’avait d’yeux que pour leur chef qui, se sentant observé, tourna brusquement la tête dans sa direction. Puis, après un instant d’hésitation, il marcha 11 droit vers elle. Lorsque ses lèvres esquissèrent un sourire, Georgia faillit s’évanouir. Il était vraiment époustouflant. Dire qu’elle avait trouvé Nick séduisant autrefois ! Cet homme le surpassait à tous points de vue. Lorsqu’il la rejoignit, elle leva la tête vers lui. Sa haute stature avait un côté rassurant, de même que son regard franc et direct. — Ravi de vous rencontrer… de nouveau, lui dit‑il en lui prenant délicatement la main. Georgia le regarda la porter à ses lèvres et déposer un doux baiser sur ses doigts. Mille frissons la parcoururent. Sans relâcher sa main, l’homme pencha la tête sur le côté et lui adressa le sourire le plus sexy qu’elle ait jamais vu. Un sourire sensuel, plein de promesses… terrifiant. — Quel est votre nom ? — Georgia, répondit‑elle dans un souffle. — Georgia… très joli prénom. Je suis Danny Ryan. Le bleu de ses yeux, si intense, avait la couleur du péché et donnait envie de s’y noyer. — Ravie de faire votre connaissance, dit‑elle d’une voix mal assurée. Elle lui serra la main, puisqu’il tenait encore la sienne, puis retira vivement cette dernière. Elle pressentait le pire des dangers auprès de cet homme. Il était beaucoup trop attirant, trop séduisant. — Désolée, Danny, mais je dois m’en aller. Je me suis trompée de fête, je crois. — C’est bien dommage, car j’espérais avoir l’opportunité de vous offrir toutes mes excuses pour le comportement de mes collaborateurs, tout à l’heure dans l’ascenseur. Quand ils boivent un peu plus que de raison, ils ne savent plus se tenir, mais ce ne sont pas de mauvais bougres. Je les ai réprimandés, l’un après l’autre, avant de venir ici. J’espère qu’ils ne vous ont pas trop offensée. — Merci, mais vous n’êtes pas responsable de leur comportement. Inutile de vous excuser. 12 Elle embrassa la salle du regard, puis reporta son attention sur Danny. Même — ou plutôt, surtout — au bras de l’homme le plus séduisant de la planète, elle ne se sentait pas à sa place dans cette soirée. — Désolée… mais je dois m’en aller, répéta-t‑elle avec une assurance qu’elle était loin d’éprouver. Danny fronça les sourcils, comme s’il était contrarié qu’elle s’éclipse sans son autorisation. Il était probablement le genre d’homme à être peu habitué à ce qu’on lui fausse compagnie. Mais Georgia ne se sentait pas en mesure de supporter l’ambiance de cette soirée. Et même si elle souffrait de la solitude, elle ne devait pas succomber au charme d’un homme comme Danny. Soudain, le jeune importun qui l’avait un peu ennuyée dans l’ascenseur se matérialisa à leurs côtés, suivi de près par ses acolytes. Danny le toisa sans aménité. — Que veux-tu, Tommy ? Le jeune homme se tassa sur lui-même et prit un air contrit en se tournant vers Georgia. — Je suis désolé pour ce que j’ai dit… et fait dans l’ascenseur. — Ce n’est pas grave, répondit Georgia tout en regardant autour d’elle. Alors qu’elle cherchait une issue, une volée de jeunes femmes aguichantes, outrageusement maquillées, vinrent se joindre à leur groupe. Il y en avait pour tous les goûts : des blondes, des brunes, des Latines au teint mat ou des Nordiques à la peau nacrée. Happé par deux splendides créatures, Tommy les prit par la taille et tourna les talons, bien décidé à profiter de l’aubaine. Ses amis suivirent le mouvement. Georgia leva les yeux vers Danny puis les détourna très vite. Seigneur ! Il devait penser qu’elle était aussi facile que ces jeunes femmes. Pire, il devait lui aussi rechercher la compagnie de l’une d’entre elles. Il était impossible qu’un homme comme lui soit célibataire et cherche l’âme 13 sœur. Georgia se sentit vaciller, comme prise au milieu de sables mouvants. Il fallait vraiment qu’elle se sauve. — Je dois partir, dit‑elle très vite en reculant de quelques pas. — Attendez ! intervint Danny en lui prenant la main. Pourquoi ne pas rester encore un peu ? — Non, désolée… Je ne suis pas à ma place ici. Ce n’est pas le genre de fête que j’apprécie. Sans lui lâcher la main, Danny jeta un coup d’œil autour de lui. Avec une moue désapprobatrice, il déclara : — Je comprends ce que vous ressentez. Ce n’est pas non plus ce à quoi je m’attendais. Reportant son attention sur Georgia, il demanda : — Et si nous cherchions un endroit un peu plus… civilisé ? Georgia voulut fuir son regard intense, sans toutefois y parvenir. Il y avait quelque chose de fascinant dans le bleu si pur de ses yeux, sans la moindre nuance de gris ou de vert. Elle pourrait se perdre dans ces yeux-là… sans aucun retour en arrière possible. Chassant l’envoûtement qui la menaçait, elle s’efforça de se remémorer le but qu’elle poursuivait : gagner le plus d’argent possible pour aider Babs à solder une partie de ses dettes. Ensuite, elle prendrait l’avion et rentrerait définitivement en Angleterre. — Merci, mais je préfère partir. Je ne suis pas d’humeur festive. Danny parcourut la salle du regard jusqu’à ce qu’il repère ses compagnons. Il les observa un petit moment, la mine sévère, puis détourna les yeux d’un air dégoûté. Tous avaient trouvé une partenaire qui se laissait embrasser et caresser à loisir. — Attendez-moi une minute, lui dit‑il. Il faut que je prévienne mes collaborateurs. Ils ne se rendent pas compte du piège dans lequel ils sont en train de tomber. Ensuite, je vous emmènerai ailleurs, dans un endroit plus décent. 14 Sans lui donner le loisir de répondre, il se dirigea vers deux de ses compagnons. Tandis qu’il les prenait à partie, sans doute pour leur faire la leçon, Georgia observa la foule autour d’elle. Elle commençait à avoir la nausée. Jamais elle n’avait fréquenté d’endroit de ce genre ni rencontré des escort girls professionnelles. Elle ne les jugeait pas, mais se sentait à mille lieues de leur univers. Danny s’adressa à chacun de ses collaborateurs à tour de rôle, les interrompant dans leurs élans passionnés. Certains semblaient rechigner à entendre raison, d’autres ouvraient de grands yeux effarés. Le cœur au bord des lèvres, Georgia serra son sac contre elle et tourna les talons. Il était hors de question qu’elle reste une minute de plus dans cet endroit ! Soudain, elle entendit des cris, puis la foule devant elle se clairsema. Des policiers venaient de faire irruption dans la suite. Seigneur, que se passait‑il ? Voilà qu’elle se retrouvait au beau milieu d’une descente de police ! Danny se matérialisa soudain à ses côtés. — Pourquoi la police intervient‑elle ? lui demanda-t‑elle, affolée. — Je ne vois qu’une seule raison à cela et je pense que nous ferions mieux de nous éclipser. D’un geste ferme, il lui agrippa le bras et prit la direction des escaliers. Perchée sur ses hauts talons, Georgia peinait à le suivre. — Je pourrais me tromper, reprit Danny, mais j’ai bien peur que cette soirée ait été organisée de manière illégale. D’où cette descente de police. — Quoi ? Que voulez-vous dire ? Je me doutais bien qu’il se passait quelque chose d’étrange ici. On m’avait dit qu’il s’agissait d’une soirée pour célibataires… Je suis institutrice. Je risque mon poste ! — Vous n’êtes pas la seule… Ils atteignirent le bas des marches et gagnèrent une immense terrasse circulaire abritant une piscine nichée 15 au milieu d’une végétation luxuriante. Des couples sur des chaises longues s’étreignaient sans vergogne. Visiblement, personne ici ne s’était encore rendu compte que la police avait investi la place. Georgia détourna les yeux. Une vague de panique l’étreignit à l’idée d’être arrêtée par la police dans ce lieu de débauche. Elle avait des devoirs envers sa sœur aînée, qui avait tout sacrifié pour l’élever, lui offrir un foyer confortable et qui continuait à travailler comme une forcenée pour subvenir à leurs besoins. — Danny, vous ne comprenez pas ! cria-t‑elle. Je risque gros si on m’arrête ! — Je vais empêcher cela. Suivez-moi… Je sais où nous allons pouvoir nous réfugier en attendant que toute cette agitation cesse. Ils franchirent une porte vitrée et s’engagèrent dans un long couloir désert capitonné de velours pourpre. Comme Georgia peinait à le suivre, Danny passa un bras autour de ses épaules pour l’aider à progresser plus vite. Plus ils s’éloignaient, plus les bruits de la fête leur parvenaient de manière étouffée. — Et… vos compagnons ? demanda Georgia. — Je leur ai dit quoi faire et quoi dire en cas de besoin… S’ils s’en souviennent, tout ira bien pour eux. Et pour vous aussi, je vous le promets. Un peu rassérénée, Georgia pressa le pas. Elle espérait que Danny disait vrai et que rien de grave ne lui arriverait. A son arrivée à Dubaï, elle avait été prévenue. Il ne fallait absolument pas connaître de déboires avec la police. Elle travaillait pour une école internationale réputée qui ne tolérait aucun écart de conduite de la part de son personnel. Mais qui la croirait innocente si on l’arrêtait ? Avec sa robe sexy et son maquillage outrancier, on la prendrait pour l’une de ces filles à la réputation douteuse. Une fois qu’elle aurait donné son adresse et celle de son employeur, 16 elle serait expulsée sans autre forme de procès — ou pire encore, incarcérée. Après un dédale de couloirs et de marches, Danny et elle se retrouvèrent sur une nouvelle terrasse, mais à un étage inférieur. Ils la traversèrent puis s’arrêtèrent devant une lourde porte ornée de nacre. Danny l’ouvrit à l’aide d’une clé qu’il sortit de sa poche. La porte donnait sur un ascenseur privé. Un peu craintive, Georgia s’immobilisa. — Je… êtes-vous sûr que ce soit sans danger ? Danny lui prit la main et la serra dans un geste de réconfort. — Faites-moi confiance. Tout ira bien. Je connais assez de monde ici pour nous sortir d’embarras. Là où je vous emmène, nous serons tranquilles. Comme Georgia semblait indécise, il se pencha vers elle. — D’accord ? — D’accord, dit‑elle en pénétrant dans la cabine. A quoi bon lutter ? Elle n’avait pas d’autre choix que de suivre Danny. La cabine entama son ascension. Apparemment, ils se rendaient tout en haut de l’immeuble. Les portes s’ouvrirent sur une immense suite, merveilleusement décorée. La pièce principale donnait sur une terrasse en contrebas éclairée par des lampadaires en cuivre. Sur les côtés, Georgia aperçut d’autres pièces, plus petites, mais tout aussi luxueuses. L’une d’entre elles abritait un piano à queue. Sur les murs, elle reconnut des toiles de maîtres. L’ensemble du décor témoignait d’un goût exquis. — Cet endroit vous convient‑il ? demanda Danny en l’entraînant vers le salon. Nous y serons au calme, rassurez-vous. Danny se comportait en maître des lieux, comme si cet endroit lui appartenait. Se pouvait‑il qu’il habite cette suite ? Impressionnée par le luxe qui l’entourait, Georgia se 17 sentait affreusement mal à l’aise. La situation échappait à son contrôle. Elle ne s’était jamais attiré d’ennuis dans sa vie, ni à l’école ni à l’université. Elle savait distinguer le bien du mal. Et la seule erreur qu’elle ait jamais commise avait été de croire en Nick, en son amour, et d’avoir accepté de le suivre à Dubaï. Conscient du trouble qui l’habitait, Danny s’approcha d’elle et posa les mains sur ses épaules pour l’obliger à le regarder. — Georgia… tout va bien ? Elle lui adressa un regard éperdu. — Je ne peux pas avoir d’ennuis… Je ne peux pas me le permettre. Je dois garder mon travail. C’est tout ce que j’ai. Danny hocha la tête d’un air sérieux et, contre toute attente, Georgia en éprouva un immense réconfort. Elle n’avait aucune raison de faire confiance à cet homme, mais son instinct lui disait qu’elle était davantage à l’abri dans cette suite de rêve qu’au milieu de toutes les personnes interpellées par la police. Et ce n’était pas simplement dû au grand calme affiché par Danny. Ses mains sur ses épaules lui donnaient des frissons délicieux et elle n’avait aucune envie de fuir ce contact. Au bout d’un moment qui lui parut interminable, Danny finit par secouer la tête, comme pour chasser une pensée inopportune et dit : — Asseyez-vous sur un canapé pendant que je passe quelques appels. Avant de la lâcher, Danny se pencha vers elle, la dévisagea longuement puis se redressa comme à contrecœur. Ses doigts effleurèrent ses lèvres, puis il se détourna. Quand il se fut éloigné, Georgia ressentit comme un grand vide. Le charme était rompu. Elle prit place sur un canapé et se laissa aller contre les coussins moelleux. Sur le guéridon à sa droite, une lampe exhalait un parfum délicieux. De l’autre côté, sur 18 une commode, trônait un grand vase rempli d’orchidées de toutes les couleurs. Et en face d’elle, l’immense baie vitrée offrait une vue splendide sur le golfe. Son téléphone à l’oreille, Danny se dirigea à l’autre bout de la suite. — Sarwar ? C’est Danny. Ecoute, j’ai besoin que tu me rendes un service… 19 BELLA FRANCES Une nuit à Dubaï Dubaï, une fête qui dérape, une descente de police…Et un séduisant inconnu qui la sauve in extremis. Georgia pensait avoir échappé au pire, jusqu’au moment où elle découvre des photos du brûlant baiser qu’elle a échangé avec son beau sauveur. Prise au coeur d’une tempête médiatique, Georgia risque de perdre son emploi d’institutrice… A moins de se laisser tenter par la solution que lui propose Danny Ryan : l’épouser. Un mariage de façade, le temps que le scandale passe, ensuite chacun reprendra le cours de sa vie. Georgia n’aurait jamais imaginé commettre une telle folie, mais la voilà sur le point de lier son destin à celui de cet homme qu’elle ne connaît pas, mais qui la trouble plus qu’elle ne le voudrait… Au bout du monde, une seule nuit de passion peut bouleverser toute une vie… 1er janvier 2016 www.harlequin.fr -:HSMCSA=W]X]]Z: 2016.01.42.5378.6 ROMAN INÉDIT - 4,30