CR du trail du Ventoux - Club Athlétisme Jeunesse
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CR du trail du Ventoux - Club Athlétisme Jeunesse
COMPTE RENDU BY SEBASTIEN HAMEL Le présent travail et les opinions exprimées dans ce compte rendu n’engagent que l’auteur et ne reflètent pas nécessairement l'opinion des personnes citées et/ou des membres qui composent le groupe des Cagoulés. Tous les Cagoulés attendent cette date avec impatience. Ce dimanche 24 mars 2013, nous sommes tous fin prêts à parcourir le département du Vaucluse (84000), lors du trail ère du Ventoux 2013, 1 épreuve du challenge National Trail Running Cup Salomon / Endurance Mag 2013, l’édition 2012 s’étend achevée par le trail des Templiers et ses 72 kms, un certain dimanche 28 octobre 2012… Nous y sommes, il est 8h30, le départ va être donné, 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2… Stop ! Stop ! Stop ! Revenons un peu en arrière avant de lâcher les fauves en plein nature. Rangeons nos lames. Des questions méritent des réponses. Qui sont ces Cagoulés ?! Comment peut-on les reconnaitre ?! Que font-ils ici ?! Sont-ils des nouveaux Super-Héros Marvel ? Quelle est cette course ?! ... Je vais tenter d’y répondre et de vous éclairer sur ces furieux avant de débuter le récit de ce nouveau périple. Les CAGOULES : Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine... Neuf rebelles, issus d’horizons très différents, du traileur chevronné, baroudeur des galaxies aux cimes glaciales, à l’amoureux de l’asphalte, ogre assoiffé de bitume, décidèrent de s’associer pour créer l’Ordre des Cagoulés, unis autour d’une passion commune - la course à pied en pleine nature - au cœur de leur système solaire, la planète Club Athlétisme Jeunesse et de leur Maître Jean-Louis. Cet Ordre ne se substitue pas au club auquel ils sont profondément et avant tout attachés. Il le complète, l’enrichit, le galvanise. Cette armée de mercenaires ne lutte que dans des systèmes solaires éloignés et hostiles à toutes formes de vie. Les membres des Cagoulés sont à la fois les gardiens de leur valeur et les représentants de leurs couleurs. D’ailleurs, afin de galvaniser les troupes, un maillot de « croisés » fut élaboré, croix orange sur fond bleu ciel. Ces couleurs ont été choisies afin d’être vues et admirées sur chaque champs de bataille. Leur code d’honneur : NE PAS SUBIR. Leur identité, protégée par un numéro et un patronyme. Leurs valeurs, leur seul valeur, l’amitié qui les unie. Inutile de les chercher, c’est eux qui vous trouverons. BIG BEN LE FOURBE FLASH MAN L’ANGLISH LE MARCASSIN BIP BIP LE CASTOR DU SUD LOUP ARGENTE LE COYOTE Remarque : Sur des sentiers battus, vous pouvez être amenés à rencontrer des maillots presque similaires. A la différence près, vous l’aurez remarqué, que ces maillots, au nombre de cinq, ne possèdent pas de numéro attitré, n’ont pas le fameux blason des Cagoulés sur l’épaule droite et ont comme patronyme dans le haut du dos soit « Nath, Sandrine, Hetof & Jecel, Maitre Fourbe ou Nico ». En fait, il s’agit de contrefaçons donc méfiés vous … :o) Au programme du TRAIL DU VENTOUX 2013 : 1200 coureurs 46 kms de ballade, avec 2850 mètres de dénivelé positif, dans le Vaucluse, au cœur du massif du Mont Ventoux, célébré tous les ans par le passage de la Grande Boucle du Tour de France, soit l’équivalent de 84 kms sur chemin plat, d’après l’estimateur de performances réputé Softrun.fr, ou l’équivalent de deux marathon sur route d’affilés... Départ à 8h30. Profil, parcours & altitude (En bleu, les ravitaillements) (En rouge, les barrières horaires) Samedi 23 mars : Le calme avant la tempête Depuis plusieurs semaines déjà, j’ai pris en charge toute l’intendance des Cagoulés, et de leur pièces rapportées pour certains, comprenant le rappel des troupes pour la réservation des billets, le jour J, afin que tout le monde trouve sa place dans le même TGV, l’organisation du co-voiturage pour se rendre à Paris, la réservation des véhicules de location à Avignon à prix imbattables, ainsi que les aléas du séjour, ce qui m’a valu le surnom de « Super Intendant ». Le but était de les délester de cette pression supplémentaire qui aurait pu être une excuse de plus qui aurait fait qu’ils ne seraient pas, encore, arrivés à me suivre sur une course :o). La prochaine fois, il y aura peut-être une revue de paquetage au pied du drapeau tricolore ! Par conséquent, tout était minuté. Et tout s’est bien déroulé. Enfin, presque tout… Dans l’ambiance des « jolies colonies de vacances, merci papa, merci maman », les pronostics des bookmakers faisaient rage durant le voyage, propulsé vers notre destin à plus de 300 km/h vers Avignon, à savoir quel sera l’ordre d’arrivée des Cagoulés à la fin de cette course. Les votes fut mis dans une urne, appelée accessoirement David, le dépouillement ayant lieu dimanche soir. Nous attendons que David (l’urne officielle) fasse les comptes. Arrivés en gare d’Avignon, nous prîmes la direction de la bourgade de Bédoin, lieu de villégiature pour notre équipe de choc et surtout point de départ et d’arrivée de notre course. Sans le demander, nous étions quasiment tous réunis dans la même aile de notre hôtel, l’hôtel Les Florans. Certains jouissaient même d’une chambre parentale comme Guillaume et moi qui avions une entrée privée dans la chambre de la famille Feutry. Heureusement pour nous, ils n’ont pas eu l’idée « saugrenue » de concevoir leur quatrième fille ce soir-là! D’autant qu’un généreux mécène distribuait à qui le voulait des condoms sous les portes. Mais qui ça pouvait-il bien être ?! Enfin, je vous laisse imaginer l’ambiance qui régnait dans cette aile ! Mais après ce long voyage et les valises posées, il était pour nous tous temps d’aller prendre l’air. D’abord, dès la sortie de notre hôtel, dans les stands des revendeurs en tout genre. Ensuite, au cœur du village de Bédoin, dans un troquet pour le verre de l’amitié. Comme l’an passé, les conditions météorologiques n’étaient pas des meilleures, et la neige et le verglas, encore présents autour du célèbre col des Tempêtes, n’ont pas été favorables à un passage au sommet du Mont Ventoux, certaines portions étant impraticables et dangereuses pour les coureurs. De ce fait, les organisateurs ont changé leurs plans, basculant les parcours sur l’itinéraire de substitution. Le 46 kms avec 2850 mètres de dénivelé + devenait un 43 kms avec 2300 mètres de dénivelé + mais le 26 kms, avec 1200 mètres de dénivelé +, demeurait inchangé. L’heure de la Pasta Party 19h30, nos organismes commençaient à crier famine. Nous arrivâmes suffisamment tôt pour occuper une table entière soit 16 coureurs du C.A.J., accompagnés de Laurent et Isabelle, des amis forts sympathiques à la famille Boudry. Bien sûr, nous avions prévu de manger des pâtes. Bien sûr, nous avions prévu de boire un p’tit verre de vin pour trinquer. Bien sûr, nous avions prévu de rire ensemble. Ce que nous n’avions pas prévu, c’est que Nicolas & Alain avaient enfilé leur maillot imitation Cagoulés… :o), et en plus, nous snobant et ne s’installant pas à notre tablée. Un affront de trop ! Nous nous levâmes tous, tel un seul homme, direction nos chambres respectives, pour se costumer en Super Cagoulés pour certains, en Super Imitation pour d’autres. :o) En revenant dans la salle de restauration, désormais bondée de coureurs se goinfrant de sucres lents, nous nous dirigeâmes vers notre table en formant, sans concertation au préalable, une longue et magnifique trainée d’étoiles de 12 ou 13 personnes affublées des mêmes couleurs éclatantes, orange et bleue, telles les Teams les plus prestigieuses. J’étais positionné en avant dernière position, pour une fois… :o), durant ce véritable show imprévu où j’ai pu constater que les gens autour de nous étaient hallucinés de nous voir ainsi, certains essayer de lire nos surnoms dans notre dos, quelques applaudissements se furent entendre et, en tous cas, nous ne laissâmes personne indifférent. Incontestablement l’image que je retiendrai de ce week-end. Incontestablement la Team Cagoulés venait de naitre. Incontestablement j’étais fier de la grâce que nous dégagions. Incontestablement nous étions heureux de partager ce moment. Désormais, la planète des Teams ne pouvait plus ignorer notre existence. Dimanche 24 mars : Jour de course, jour de pluie La veille, nous n’avions pas décidé de comment nous allions nous habiller, enfin nous protéger de cette pluie qui ne nous lâchera plus jusqu’à la fin de la course. Manches longues avec k-way, manches courtes avec des manchons, combinaison de plongée… valait mieux se coucher, la nuit porte conseil. Mais là, nous y sommes, il est 5h45 du matin. Comme à mon habitude avant chaque grande épreuve, je mange des pâtes, ces dernières « empreintées » la veille lors de la Pasta Party à l’aide de mon tupperware. Encore désolé David, mais moi, les spaghettis je les coupe pour les manger. Pour ne pas réveiller Guillaume, qui fait semblant de dormir au passage car trahi par des bruits bizarres venant de sous sa couette… :o), je m’éclipse, en calbute, dans les toilettes pour manger. Il est 5h50. Un vrai délice. Que du bonheur !!! Ensuite, il faut décider de comment nous allons nous vêtir pour affronter cette montagne. Privé de son sommet, nous sommes récompensés par ce temps exécrable… Pas cool du tout. Pour moi, ce sera manches courtes et manchons car je n’ai pas de k-way fin, uniquement épais en Gore Tex, avec un sac poubelle sur le dos pour me protéger de la pluie, du moins durant le départ et les quelques kilomètres qui suivent. Guillaume en fera autant, tel un padawan obéissant, tu me dois un sac poubelle au passage :o). C’est un bon k-way, pas cher, léger et jetable, dans une poubelle je précise. Je suis toujours effaré de voir pendant une course, en pleine nature, quelques papiers ou des tubes de gel au sol. Insupportable et dégeulasse. Putain, nous n’avons qu’une planète. :o( Rien dans une préparation chez moi n’est laissé au hasard ou à l’oubli, je commence à avoir un peu d’expérience toute de même. La seule chose que je ne prévois pas, c’est imprévu… Comment prévoir que mon camelback fuirait ce jour-là, une heure avant le départ ! Un signe d’une possible mauvaise journée. Je ne sais pas mais ce que je sais, c’est que la solidarité s’est mise en branle dans la minute où j’ai tiré le signal d’alarme. Avec quelques pansements, la fuite sera colmatée, du moins pour la durée de ce trail. Et puis, c’est l’heure de la photo souvenir, genre carte postale, sous un porche pour se protéger de la pluie… Allez, fini de papoter, de tergiverser, allons sur la ligne de départ pour se placer. C’est l’heure de sortir l’artillerie lourde. C’est l’heure du mur de photos souvenirs avant les murs de cette montagne. Nous y sommes vraiment là, tous avec nos camelbacks soigneusement sanglés (matériel obligatoire : 1,5 L d’eau, une couverture de survie, une bande adhésive, un coupe-vent, un peu de produit dopant, enfin je veux dire un peu de nourriture, un portable et un sifflet). Six rouleaux de papier toilette en plus pour le camelback de Guillaume :o). Mais où est William au fait ?! Ah oui, comme à son habitude, il se trouve une place dans le SAS des élites. Ne l’embêtez pas les « tapettes » des Teams Salomon ou Endurance Mag ! C’est un Cagoulé, Loup Argenté a tendance à mordre jusqu’au sang. Le départ va être donné, 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1 … GO Il est 8h30, c’est parti pour 5 à 8 heures de course à pied, en pleine nature, en pleine montage. Nous ne sommes pas très bien placés dans le peloton. Philippe, Guillaume & moi décidons de partir « groupir » pour au moins le début de la course. Deux ou trois kilomètres de bitumes sur une chaussée étroite, gorgée d’eau et déjà garnie de boue. Je sens la présence d’un 3ième Cagoulés à mes côtés. Franck. Que fait-il là ? Je suis surpris d’autant que le rythme est déjà élevé. En fait, il fait tout simplement comme nous, il se place. Il avance ses pions. L’avenir lui rendra raison. Nous sommes donc 4 à éviter les flaques, enfin les mares, les trous sur les côtés, il est déjà périlleux de doubler sans prendre de risque pour ses chevilles. Nous entamons les premiers singles à travers les Ocres, un paysage étrange fait de roches rouges et de sable. On se croirait dans le Grand Canyon aux Etats Unis (bien que je n'y ai jamais mis les pieds). Nous passons en trottinant les uns derrière les autres tandis que les bouchons semblent se former à l'arrière. Nous, nous les évitons de justesse. Franck relâche la pression et ralenti un peu. Philippe nous fausse compagnie mais reste à portée de tire de Guillaume et moi. Nous faisons course commune pour le moment avec quelques moments cocasses. Je me souviens d’une petite montée de dix/vingt mètres, large mais envahie d’une boue collante et glissante. Impossible de passer au milieu, seuls les rebords permettent de la franchir à la condition même que vous acceptiez de vous hisser en attrapant ses petits arbustes, chacun son tour, qui ornent le Mont Ventoux et dont les épines vous empalent littéralement les mains, même à travers vos gants. A vous de choisir, être empalé ou resté en bas. Dans un autre bourbier, je coince mon pied droit dans une glaise argileuse qui me déchausse brutalement. C’est la première fois que ça m’arrive en course. Encore un mauvais signe ! Je remets ma chaussure, à la va-vite, sans prendre le soin de repositionner correctement ma talonnette d’une part et d’autre part, en sautillant sur le pied gauche pour perdre le moins de temps possible sur Guigui. Bordel ! Que d’énergie déjà gaspillée… Après 4 kilomètres de course commence THE ascension du Mont Ventoux. Presque 20 kilomètres et 1600 mètres de dénivelé + à digérer d’un coup. Guillaume et moi commençons à ressentir le traditionnel et vicieux « effet cocotte-minute », très étroitement lié à notre sac poubelle qu’il faut se débarrasser, d’autant que ça monte sur un long chemin, pierreux mais pas technique. Ensuite, nous atteignons « rapidement » une crête. Sans ces cumulus, la vue serait magnifique. Nous voyons Philippe doubler William. Quelques minutes plus tard, c’est à nous de le doubler à la manière - je lui pince la fesse gauche et Guillaume lui pince la fesse droite, l’équilibre parfait - (c’est la version tout public…). Les montées se suivent et se ressemblent toutes. Nous coupons deux ou trois fois une route. Les bénévoles sont là pour nous aiguiller, nous aider, ainsi que les légionnaires de l’armée française (enfin, sauf pour un coureur, appelons le Philippe F. au hasard…). Sinon, tout va bien. Mais Guillaume avance plus vite que moi dans les montées. Je suis toujours en train de rattraper mon retard. Il rejoint Philippe et se mettent à courir ensemble. Je les rattrape à mon tour sur la pointe des pieds. Pour l’anecdote, Philippe demande où je suis passé, Guillaume lui dit que je suis plus loin derrière. En fait, à trois mètres derrière eux exactement… Mais j’ai du mal à les suivre aujourd’hui. Je lève le pied pour éviter l’asphyxie. La course est longue. D’autant que je commence à avoir une gêne dans mon mollet gauche. Le même qui a claqué deux fois pendant ma période de préparation à cette course et qui m’a écarté, par conséquent, de la piste pendant une vingtaine de jours. Indéniablement, je manque de fond. ième kilomètre. Je m’arrête et prends mon temps, ce qui n’est pas mon J’arrive au premier ravitaillement, autour du 14 habitude, j’ai besoin de reprendre de l’oxygène. J’en profite pour remplir mon camelback, par précaution car au départ, il fuyait, et manger du chocolat et des pâtes de fruit. Il faut repartir tout de même. Après ce ravitaillement, nous voilà devant le premier vrai mur de la journée. Nous devons monter à la verticale à travers une forêt où même les arbres ont du mal à rester debout. Les quadriceps des cuisses montent en température à vitesse grand V. Les mollets sont en fusion. De nombreux coureurs ont les mains sur les cuisses. Ça me rappelle le massif du Mont Blanc. Sauf que là, mon mollet gauche commence à me lancer, des douleurs telles des petits coups de poignard, genre petit Opinel pour l’instant. Je commence à gamberger sévère. Que faire si mon mollet gauche claque à nouveau. En 10 mètres, tout peut s’arrêter ! J’ai déjà connu pareille mésaventure avec abandon au 7ième des 15 kilomètres d’Orgerus, il y a 3 ans, sauf que c’était le mollet droit. Ce n’est pas un bon souvenir. Pour le moment, je peux encore courir, pour le moment… J’arrive enfin en haut, à la bifurcation 46 kms (en fait, 43 kms) / 26 kms. Je m’arrête pour attendre du monde. Que faire ! Attendre William qui nous a fait croire qu’il ferait lui aussi la petite boucle ! J’attends du réconfort ! Je n’en trouve pas ! Je suis là, planté à cette fichue bifurcation, pendant au moins 3 minutes, une éternité pendant une course, une souffrance presque, avec ce panneau 46 kms qui me fait face, qui me nargue. Moment de solitude. La douleur psychologique est en train de supplanter la douleur physique. Je me souviens de ce coureur qui arrive à la bifurcation, qui hésite, hésite encore, et finalement décide de faire la grande boucle. Il n’imagine pas à quel point il a remué le couteau dans la plaie… Mieux vaut terminer la petite boucle que d’abandonner dans la grande, avec le risque d’hypothéquer tout ma première partie de saison. Des frissons me parcourent le corps, le froid commence à faire son œuvre, m’affaiblit. Le manque de sommeil me fait cruellement défaut aussi. Je remonte mes manchons, détrempés comme tout ce que j’ai sur moi, tel un guerrier qui ne rendra pas les armes sans lutter, tourne les talons et file dans le petit parcours. Il me reste 11 kilomètres à faire dans cet état. Retour à l’hôtel Le retour commence par ce que je déteste. Des plateaux de roches, rendus très glissants par la pluie qui ne cesse de tomber, où la chute est interdite sous peine de blessures ou d’entailles sérieuses sur le corps, alors même que les articulations sont déjà mises à mal par ce relief tant hostile. Serge est d’ailleurs tombé et c’est ouvert la main, plusieurs points de suture et opération quelques jours plus tard :o(. Par la suite, j’entame une longue descente qui me ramènera vers Bédoin dans des sentiers débordants de roches concassées, de racines qui n’attendent qu’à vous faire des croche-pattes, les articulations déjà mises à mal dans ses montées vertigineuses sont à nouveau maltraitées. Putain, tout me saoule aujourd’hui. Je cours sans l’envie, à reculons, fatigué, avec des remords de ne avoir tenté le grand parcours (les regrets d’avoir tenté le 46 km auraient-ils été plus ou moins pénible que si j’avais abandonné … question à jamais sans réponse). J’avais un rang à tenir… Je franchis tous les obstacles jusqu’à l’arrivée. Je me souviendrai, comme tout le monde, de ces passages dans ces grottes à ciel ouvert qui sentaient « bon » la biquette - fallait être costaud pour s’arrêter-là -, ces longs moments à courir seul sur ce flanc de montagne, en pensant que les autres sont encore en train de gravir ce mont, hâte d’en finir avec cette course et ce mollet qui me lance à chaque saut. Je me souviens également de ce passage dans une vigne, vers la fin, qui ne présentait aucun intérêt pour moi, à part ramener 5 kilos de boue sur chaque jambe en souvenir. Je retiens aussi ce petit tunnel au bout de cette vigne, d’une vingtaine de mètres, je suppose digne vestige d’une vieille guerre mais casse reins pour des coureurs épuisés. Et encore, je ne parle pas d’Aurélien qui a dû pester en arrivant à ce passage-là, avec sûrement déjà des branches et des feuilles coincées entre les dents. Un vrai parcours du combattant pour notre tour de contrôle. Je me souviens de cette jeune fille me dépassant dans la dernière descente et que j’ai récupéré finalement, à deux kilomètres de l’arrivée, avec un claquage à la cuisse gauche. Bienvenue dans l’ambulance Mademoiselle. Ça y est, je reconnais enfin, je suis à moins d’un kilomètre de l’arrivée. Dernier virage, il reste 200 mètres, c’est à ce moment-là qu’un jeune, avec un tee-shirt orange, me passe devant et veut me taper au sprint (ou me faire une « Sandrinette » si vous voulez). Mal lui en a pris, surtout que cette arrivée a un gout très amer pour moi, sonne comme une trahison à mon esprit de combattant. Mais ma rage a décuplé mes forces pendant ce sprint, ma seule victoire sur cette course, maigre compensation pour moi. Je n’avais pas les armes qu’il faut aujourd’hui pour lutter pour le podium, et de plus est, j’étais affaibli. Il faut savoir laisser sa place au plus méritant que soi. C’est un prérequis dans la pratique du sport. Mon retour ne sera que meilleur. Arrivé en 3h 11min 41 s 130ième sur 519 classés Je passe par le ravitaillement de fin course, puis direction l’hôtel situé à 30 mètres de l’arrivée pour une douche bien chaude. Je n’ai pas le cœur à pavaner, je ne vois aucun visage qui m’est familier autour de moi et j’ai froid. La journée continue pour moi, il n’y a plus d’eau chaude quand je prends ma douche à l’hôtel. Putain, tout me saoule aujourd’hui. Je m’habille, suspends mes vêtements détrempés, vide mon camelback, un texto à Mme Hamel pour lui dire que tout va bien, que je suis le premier arrivé … du petit parcours. Sans tarder, je file ensuite attendre mes frères d’arme sur la ligne d’arrivée sous le chapiteau où se trouve la caméra qui filme et permet la retransmission du trail en direct sur le site du Mont Ventoux. Je vais rester planter là, debout, presque au garde à vous, pendant au moins 2 heures, voire 3 heures, à attendre, attendre, attendre… l’appareil photo dans une main, près à dégainer. Nouveau grand moment de solitude. ième Jusqu’à ce que j’aperçoive Guillaume… enfin, un des miens. Avec un temps de 5h 46min 12s et une 120 place sur 512 classés. Bravo Guillaume, tu commences à acquérir tes lettres de noblesses. Tu as été le plus fort aujourd’hui. Je loupe Nathalie. Elle met 6h 3min 56s pour faire ce trail ce qui lui permet de truster la 3 la catégorie femme vétéran 1. Chapeau Nathalie. ième marche du podium dans Franck arrive ensuite en 6h 12min 56s. Chapeau Franck. Continue comme ça, tu progresses fort. Continue à mettre la pression sur ton ami David (et dans ton verre). Et enfin, tous les cagoulés rentrent au bercail au fur et à mesure que le temps s’écoule. Résultats du trail du Mont Ventoux (512 classés / remporté par Patrick Bringer en 03:55:20) 120 172 198 228 235 280 281 282 325 434 496 498 499 05:46:12 06:03:56 06:12:56 06:21:17 06:23:32 06:40:18 06:40:28 06:40:32 06:51:54 07:39:09 08:24:48 08:26:40 08:26:45 COSSE FEUTRY LEPINAY FEUTRY GUIGNARD BARIS BOUDRY GLUZA TADIOTTO GEORGES LADIRE DEBAR DEBAR Guillaume Nathalie Franck Philippe William Sandrine Stephane Aurelien David Philippe Valerie Isabelle Laurent M F M M M F M M M M F F M Senior Vétéran 1 Vétéran 1 Vétéran 1 Vétéran 2 Senior Vétéran 1 Senior Vétéran 1 Vétéran 1 Vétéran 1 Vétéran 1 Vétéran 1 Résultats du « petit » trail du Mont Ventoux (519 classés / remporté par Arnaud Bonin en 02:09:30) 130 03:11:41 HAMEL Sébastien M Senior 319 03:52:44 CLERC Nicolas M Senior 336 03:58:16 FAIVRE Anne F Senior 323 03:54:15 ADAM Christophe M Senior 349 04:01:10 PELOSSE Alain M Vétéran 1 Me concernant, je pense que tout a été dit. Je rajouterais qu’il ne faut jamais oublier, ce qui nous réunit aujourd’hui, c’est le plaisir de courir ensemble, c’est le plaisir de partager, c’est le bonheur de se retrouver, c’est le souci de s’entraider, c’est l’envie de se dépasser collectivement, et à plus d’un titre, c’est le désir de recommencer. Mais pour que ce compte rendu ne soit pas unilatéral, il est temps de laisser la parole aux autres Cagoulés qui souhaitaient s’exprimer. Pour cela, certains ont écrit quelques mots que je vous retranscris à l’exception près que j’y ai ajouté l’animal qui, pour moi, les caractérise le mieux (je parle des vrais Cagoulés). Pour certains, c’était facile, pour d’autres moins. GUILLAUME, le tigre de Sibérie. Rareté. Mon fidèle camarade de jeu que je ne quitte plus, qui ne me quitte plus, qui me ressemble tant. « Le grand jour Après un petit voyage, c'est avec excitation que nous arrivons à la gare d’Avignon. Voiture de location prise nous filons vers Bédoin! Plus la route avance plus le Ventoux nous parait immense dans sa brume...Une fois arrivé nous partons à la recherche d' un troquet pour prendre le pot de l'amitié (une mousse pour tout le monde ou presque!!!) Puis pasta party. Nous rejoignons notre chambre nuptiale avec ma dulcinée "sebastinette ", et préparons nos affaires pour la course au milieu des rigolades. 5h58 du matin Seb sur les chiottes en train de manger ses pattes froides volées la veille à la pasta party (vous auriez dû le voir avec son petit tupperware à la main). 8h15 sortie de la chambre premier stress pour notre Seb avec sa poche d' eau persée, heureusement il avait tout prévu un pansement pour réparer et nous pouvons enfin partir. Arrivés sur la ligne de départ tout le monde était là sauf un petit filou devant William (il voulait être sur la vidéo du trail). Trois deux un go DÉPART! Seb Philippe Franck et moi doublons sur la droite les gens dans la boue, arrive la première montée c'est parti pour 1700 mètres de dénivelé d' une traite avec des pourcentages très élevés, nous avançons pour enfin voir une silhouette celle de Will parti un peu vite, la meute fond sur notre loup argenté. La première partie de course est sympa sur la crête avec une belle vue sur la vallée. Philippe passe devant; nous restons a quelques mètres de lui (nous préférons temporiser car la course va être longue et pour ma part c'est une grande première) puis revenons petit à petit sur Lui. (mais c'est compliqué de doubler) nous faisons un petit bout ensemble et Philippe décide de partir sans rien dire...je reste avec mon Seb, mais je m’aperçois que le fourbe à la forme! la guerre est déclarée...je continue je perds ma sporteine je reviens sur mes pas je vois Seb qui est dans sa course je reviens sur lui puis je prends mon rythme je reviens également sur Philippe je reste a 3 mètres de lui quand soudain j’ai une opportunité pour doubler à mon tour le fourbe je continue ma route sans me retourner. Une deuxième partie de parcours très technique avec toujours de la boue de la pluie, la neige fondue sur le haut, de la glace sur les Rochers... un vrai bonheur... je suis accompagné d' un petit groupe dont une fille du team Salomon quand soudain je me tord la cheville heureusement ma cheville reviens mais je serre les dents je ralentis et là je me dis un seul moment d' inattention et c'est la cata donc je me concentre sur la course en pensant à ma femme et mes enfants je repense aux dessins de mes filles avec pleins de petits mots d' amour pour leur papa rien que pour ça je vais aller jusque au bout pour ne pas les décevoir. J’arrive à 10 km de l'arrivée, je me retrouve seul dans la descente avec ma cheville qui me fait de plus en plus mal; je ralentis me fais doubler mais je préfère arriver entier et ne pas prendre de risques. J'arrive sur la troisième partie de parcours très sympa en passant sous des grottes magnifiques et une bonne odeur de biquettes ( a priori les bouquetins s'y abritaient) Dernière descente avec un groupe que je rattrape et dépasse pour faire la descente à mon rythme. J’attaque la dernière montée sereinement car je sais qu'il me reste que 4,5 kms, je ne pense plus à ma cheville, j accélère le rythme et arrive sur la route avec un gars nous terminons presque ensemble. Et là qui je vois à ma grande surprise "mon seb" qui a finalement coupé pour le 26km. Pour ma part j’étais vraiment heureux de bouclé mon premier 43 kms en 5h46 et surtout d’avoir terminé à la première position!!!!!! Je voulais également vous dire que je me suis vraiment régalé avec vous. Nous avons bien rigolé j’espère qu’il y aura d’autres sorties de ce genre! Il fait bon de vivre ensemble une telle aventure humaine. Gros bisous à tous ». MOI, le tigre du Bengale. Son œil. D’où notre ressemblance…