Le Temps Carrières 2 septembre 2011

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Le Temps Carrières 2 septembre 2011
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Vendredi 2 septembre 2011 – No 602 U Supplément du journal Le Temps – Paraît chaque vendredi, ne peut être vendu séparément
Environnement
Les PME peuvent
désormais s’offrir
un écobilan
Page 3
Observatoire
Egalité des salaires
Retraites Populaires a obtenu
lundi le label equal-salary, qui
certifie qu’elle pratique une
politique salariale équitable à
l’égard des femmes. Sept entreprises romandes, dont les SIG et
Corum, possèdent désormais le
label développé notamment par
l’Observatoire universitaire de
l’emploi à Genève.
(www.equalsalary.org)
Des agences de recrutement
accusées de leurrer les candidats
> De fausses
annonces seraient
publiées
INTERNET:
• L’actualité du marché de l’emploi
en continu
• Posez vos questions à nos
chroniqueurs
www.letemps.ch/carrieres
Le graphique
Offres d’emploi sur Internet
Indice des annonces de recrutement en ligne
(janvier 2001 = 100)
«Le recrutement est devenu un
monde de requins. Il n’est pas courant dans notre métier de fraterniser avec les concurrents, mais il est
urgent de protéger notre profession.» Hanka Cerna Collé, directrice de Profil Emploi, une agence
de recrutement pour les cadres à
Genève, s’est alliée à trois autres
cabinets de placement* pour créer
une association: l’APRF. Son objectif? Défendre la qualité et la réputation de leur métier face aux
«cow-boys» du recrutement,
comme elle les surnomme.
«Des chasseurs de têtes piochent des CV sur les réseaux
sociaux comme LinkedIn, Viadeo
ou Xing, et les envoient aux entreprises, sans avoir pris la peine de
rencontrer, ou même de prévenir
le candidat!» dénonce la directrice
de l’association qui rassemble
bientôt une dizaine de cabinets.
«Notre label certifie notamment
que les membres procèdent à un
entretien détaillé avant de présenter un candidat. Il s’agit de leur vie
économique et de leur carrière!»
s’emporte la spécialiste, dans le
métier depuis plus de 25 ans.
«Des conseillers
de Michael Page
font croire qu’ils ont
un contact direct
avec l’entreprise, alors
qu’il n’en est rien.»
L’agence dément
220
216
180
160
140
120
juillet 2011
SOURCE: MONSTER INDICE SUISSE
Le marché des offres d’emploi
en ligne a connu cet été sa
première baisse, de 2%, depuis
le marasme d’octobre 2009. Le
Monster Indice Suisse, calculé
par la Haute Ecole spécialisée
de la Suisse du Nord-Ouest et
l’Université de Zurich, s’est
établi à 216 points en juillet, en
baisse de 4 points par rapport
à avril. Le recrutement sur
Internet a fléchi pour les postes
de direction des ressources
humaines, de formation,
de management et
d’encadrement, ainsi que de
conseil aux entreprises. (LT)
Plusieurs responsables des ressources humaines, sondés par Le
Temps, confirment les dérives dénoncées par la nouvelle association. Régulièrement, ils reçoivent
des CV sans rapport d’entretien,
sans prise de références, sans que
les compétences, comme les langues, aient été testées. Et les agences ne se sont pas renseignées sur
le poste, se plaignent-ils.
Qui sont ces cabinets accusés
de brader la qualité? La directrice
de Profil Emploi refuse de nommer les moutons noirs, mais
estime que certaines agences
d’outre-Manche sont les pires du
genre.
La responsable des ressources
humaines de la banque Reyl & Cie,
Mayola Decosterd, abonde dans
ce sens: «Cela me stupéfie! Des cabinets londoniens, sans licence en
Suisse, font des copier-coller des
annonces que nous publions et recrutent des candidats, sans les
rencontrer et sans nous avoir appelés au préalable pour obtenir
des détails sur le poste.»
«Les candidats sont
accueillis par des
conseillers mal formés,
qui ne connaissent pas
les niveaux de salaire,
les CCT, etc.»
DESSIN ORIGINAL DE SIMON TSCHOPP
Le patronat s’oppose à ce que la
Suisse ratifie la convention de
l’Organisation internationale
du travail (OIT) sur la protection
de la maternité. Le droit helvétique remplit quasi intégralement les exigences de ce texte.
Seule une lacune devrait être
comblée concernant les pauses
d’allaitement. L’Union patronale
suisse qualifie le texte de «trop
détaillé et trop rigide» et rejette
le projet de modification de loi
qui introduit le principe de
rémunération des pauses d’allaitement. Ce point «doit être
réglé au niveau des entreprises
concernées ou dans le cadre des
conventions collectives», estime-t-elle. La ratification de la
convention (n° 183), mise en
consultation jusqu’à fin août, a
été demandée par la conseillère
aux Etats Liliane Maury
Pasquier (PS/GE). (ATS)
janvier 2007
Le directeur commercial du
groupe PGN, dont plusieurs agences sont incriminées, réfute les critiques. «Nos conseillers ont jusqu’à 20 demi-journées de
formation par année et nous
avons un formateur interne qui
les suit.» Où recrute-t-il ses employés? «Nous n’avons pas de
profil type, il peut s’agir d’universitaires comme de commerciaux.
Ils ne viennent pas forcément du
monde des RH. Je suis attaché à la
personnalité, aux qualités humaines.»
> Chasseur de têtes
Plusieurs cabinets
genevois s’unissent
pour dénoncer
les dérives du métier
Sandrine Hochstrasser
Allaitement au travail
200
www.letemps.ch/carrieres
Plus grave, certains ne respecteraient pas leur devoir de confidentialité. Un banquier l’a appris à ses
dépens, alors qu’il avait postulé
pour une fonction au Brésil par
l’intermédiaire d’une agence anglaise présente à Genève. Quelques mois plus tard, il tente de se
présenter à un autre employeur
de la cité. Mais se fait rabrouer car
la banque a déjà reçu son CV. Il
apprend ainsi que le cabinet a distribué son dossier à d’autres entreprises, sans l’avertir.
«Dans un petit monde comme
Genève, où les gens sont très bavards, ce genre de pratique est très
risqué, car les candidats sont souvent encore en poste», regrette
Caroline Miller, directrice de
Head to Head. Et Hanka Cerna
Collé d’ajouter: le patron du candidat peut figurer sur ces listes de
distribution et recevoir son CV,
«c’est consternant!».
Les chasseurs de têtes étrangers
n’ont pas l’apanage de ces pratiques. Parmi les 381 agences (de
placement et de location de services) enregistrées à Genève et les
373 dans le canton de Vaud, plusieurs souffrent d’une mauvaise
réputation au sein du monde des
ressources humaines.
La responsable d’une société
d’outplacement (qui soutient les
employés en transition de carrière) s’emporte contre l’agence
internationale Michael Page:
«Nous avons plusieurs exemples
où leurs conseillers publient des
annonces alors qu’ils n’ont pas les
mandats. Ils font croire au candidat qu’ils ont un contact direct
avec l’entreprise, alors qu’il n’en
est rien. Au final, les dossiers ne
sont pas arrivés aux mains des
DRH, qui ne voulaient pas traiter
avec Michael Page, et les candidats
sont restés pantois.»
Lucas Diederen, chef de la communication pour Michael Page
Suisse, se dit très étonné: «Cela ne
devrait pas se passer dans notre
entreprise. Nous avons des standards de qualité très élevés. Nous
travaillons effectivement sur
mandat (en exclusivité) ou au succès (en compétition avec d’autres
agences), mais toujours à la demande du client.» Quant aux critiques sur la qualité du service, «si
elles étaient fondées, nous ne fêterions pas nos dix ans en Suisse»,
réfute-t-il. «Nous rencontrons
toujours nos candidats. Si nous ne
pouvons le faire, c’est pour des raisons logistiques.»
D’autres cabinets de la place
sont pointés du doigt. Une ex-employée d’une agence spécialisée
dans les banques confirme que des
annonces fictives sont publiées
pour constituer un portefeuille de
candidats: «Quand une agence arrive sur le marché, c’est rare qu’elle
ait des mandats, alors elle crée des
postes pour recevoir des CV.»
Elle raconte également la pression que subissent les conseillers:
«Nous n’avions que vingt minutes
par entretien. Il fallait être le plus
rapide possible. Nous avions des
objectifs quantitatifs. Si on en-
voyait moins de dix dossiers par
semaine, on se faisait enguirlander.»
Les rémunérations sont adaptées à ces objectifs. Comme le témoigne une Française, qui a décroché un poste de chargée de
recrutement à Genève pour
45 000 francs fixe par année (soit
3750 francs par mois alors que le
salaire médian s’élève à 5823 en
Suisse), et 30% variable, en fonction
du nombre de candidats placés.
«Le turnover parmi les conseillers est très important. Et les
clients le remarquent!» soupire
une DRH. Le fondateur du site
www.travailler-en-suisse.ch – qui
conseille les immigrés – regrette
pour sa part le manque de professionnalisme de certaines agences,
suite aux nombreux témoignages
qu’il a accumulés: «Les candidats
sont accueillis par des conseillers
mal formés, qui ne connaissent
pas les niveaux de salaire, les CCT
en vigueur, etc.», rapporte David
Talerman.
Pour choisir les agences adéquates, candidats et clients se doivent d’être vigilants. «Les grandes
entreprises sont bien renseignées
et ont des liens avec de bons cabinets. Le problème, ce sont les petites sociétés qui ne sont pas au courant et qui ne regardent que les
prix», estime Caroline Miller.
Pour un poste sans responsabilités, le placement coûte en
moyenne 15% du salaire annuel,
aux dires de recruteurs. Mais pour
un poste de cadre, un chasseur de
têtes demande 25 à 30% du salaire
annuel contractuel, précise la directrice de Head to Head.
La DRH d’une PME estime pour
sa part que toute société est prête
à mettre le prix pour un recrutement de qualité. «Sinon, on le fait
soi-même. Je n’ai pas besoin d’un
pourvoyeur de CV. Je préfère que
l’agence me dise quand elle n’a pas
trouvé le profil parfait. Dans le milieu des RH, on se connaît et on
sait quel cabinet est recommandable.» Ce qui n’est pas le cas pour
les chômeurs en quête d’un emploi.
* Les quatre agences qui ont fondé
l’Association des professionnels du
recrutement fixe de Suisse romande
(APRF) sont Alec Allan, Careerplus,
Selectus et Profil Emploi
La loi ne freine pas l’appétit des cabinets étrangers
La Suisse est devenue un terrain
de jeu pour les chasseurs de têtes
du monde entier, les informations
concernant les postes et les chercheurs d’emploi circulant librement sur Internet.
De plus en plus de directeurs des
ressources humaines se font
démarcher par des sociétés étrangères, note Jocelyne Tauxe, présidente d’honneur de HR Genève.
L’association professionnelle a
prévenu ses membres en 2010
que ce genre d’offre est totalement illégal.
La législation est formelle: «Les
placeurs ou bailleurs de services
sis à l’étranger ne sont pas autorisés à pratiquer le placement en ou
vers la Suisse, puisqu’ils ne sont
pas inscrits au Registre du commerce et ne sont pas au bénéfice
d’une autorisation*».
Selon Jean-Olivier Maeder, de
l’Office cantonal de l’emploi à
Genève, leur présence s’est intensifiée cette dernière année. Il
reçoit désormais deux plaintes
par mois, en moyenne, dénonçant
des chasseurs de têtes étrangers.
«On les signale systématiquement au Seco. Le Secrétariat
d’Etat à l’économie se charge
alors de prendre contact avec le
cabinet étranger pour l’informer
de la législation suisse et l’inviter à
se régulariser.»
Les agences récalcitrantes peuvent être poursuivies et amendées
à hauteur de 100 000 francs. Les
clients helvétiques qui acceptent
leurs services également, jusqu’à
40 000 francs. «Mais aucune
agence, ni aucun client n’a été
sanctionné pour l’instant. Nous
préférons les informer d’abord, les
sensibiliser», note Jean-Olivier
Maeder.
Pour placer leurs candidats en
Suisse, sans être enregistrés
auprès des autorités, les cabinets
étrangers peuvent passer par
l’intermédiaire d’une agence
helvétique. «Je n’arrête pas de
recevoir des demandes de chasseurs de têtes de Zagreb, d’Afrique du Nord, etc., qui me proposent des partenariats», s’exaspère
Hanka Cerna Collé, la directrice
de Profil Emploi. S. H.
* Le nom des agences autorisées à
pratiquer en Suisse est accessible
en ligne à l’adresse: www.avgseco.admin.ch/WebVerzeichnis/
ServletWebVerzeichnis