Un argent malléable et singulier
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Un argent malléable et singulier
Un argent malléable et singulier Escarlata Circus fait une mini tournée à Barcelona qui coïncide avec ses 25 ans d’histoire. Il est vrai que c’est une compagnie au baAement lent d’un coureur de fond. Le FesDval Grec de Ramon Simó leur a donné la place qui leur a presque été refusée jusqu’à maintenant même s’ils sont un des groupe-‐oncles de nombreuses formaDons d’aujourd’hui. Ils répondent à la formule du cirque contemporain dans laquelle l’acrobaDe et le gag se greffent d’une absorbante dramaturgie. L’espace même est inspiré par des univers honnêtes et authenDques. Escarlata Circus fête ses noces d’argent avec la profession. Ce métal devient malléable avec le volume de Jordi Aspa. Rien n’y résiste et Bet Miralta donne le ton. En réalité, on dirait qu’Escarlata est un vaisseau qui aAerrit chaque fois sur une planète différente. Et ils laissent dans leurs valises tout ce qu’ils ont appris lors de leurs voyages précédents. Ils arrivent à le faire tenir dans peu de place. Il faut juste voir leur minimaliste exposiDon sur leur histoire dans le couloir de l’Espai Lliure. Ils ne sont pas nostalgiques, ils préfèrent tomber amoureux d’autres horizons. LlenDes i marabú (spectacle jusqu’à aujourd’hui) est la fin d’une étape. C’est tellement la fin qu’ils ont recyclé les rideaux et l’atrezzo de spectacles précédents pour construire un très peDt chapiteau dans lequel les personnages vous aArapent par leur transparence et surprennent lorsqu’ils font des numéros de cirque: le fouet, le lancement de haches et l’équilibre sur chaîne molle. On dirait un moment farfelu mais c’est la base principale du cirque : le moment du plus difficile encore. Dans Devoris Causa qui va aussi arriver (du 25 au 28), le chapiteau capture l’odeur d’un wok dramaturgique. Pendant qu’Aspa et Miralta jouent à manipuler une marionneAe faite de légumes, ils cuisinent. Un jeu sanguinaire final va transformer le public en une sorte de cannibale sans cœur. Jeu et poésie avec un humour entre gore et tendre. Finalement, Pugilatus. Ils délaissent tout exercice de cirque. Les deux personnages finissent par prendre un air de clown farfelu avec quelques gnons sonores et une c o m p é D D o n d e c l a q u e s . D e nouveau, leurs personnages sont des tendres : Aspa est une sorte de boxeur et Piero Steiner son entraineur, qu’il aime et qui lui apprend. Un travail de recherche qui donne forme à une dramaturgie ouverte avec des moments merveilleux et d’autres amusants parce qu’ingénus. Ça vaut le coup de s’asseoir et de trouver son cœur d’enfant. Mais sans abandonner la pensée complexe de l’adulte pour pouvoir comprendre que le jeu pathéDque a un point obscur de réalisme accablant. Lorsqu’ils ont présenté ce spectacle à Barcelona (la première s’est faite à Temporada Alta), ils ont mis des bémols en criDquant le fait que Barcelona leur est un endroit plus étranger qu’Amsterdam, par exemple. (…) Si aujourd’hui encore les arDstes voyagent hors des fronDères pour compléter leur formaDon et préparer leur démarrage professionnel, Aspa et Miralta l’ont déjà fait il y a quelques décennies. Ingénus, ils sont revenus à Catalunya. Ils ont réussi à faire baAre un cœur en pierre. Leur cirque surpasse les éDqueAes et il se marie avec les émoDons. Escarlata Circus fait une mini tournée à Barcelona qui coïncide avec ses 25 ans Jordi Bordes. El Punt Avui. Barcelona. 21/07/ 12